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Les défis du droit international de l'environnement

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par Brice Severin PONGUI
Université de Limoges - Master 2 2006
  

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SECTION 2 : DEGAGER DE NOUVEAUX MOYENS FINANCIERS

Nous avons dit tantôt que pour assurer effectivement la mise en oeuvre du droit international de l'environnement, il fallait nécessairement d'énormes moyens financiers. Or, les moyens mobilisés actuellement semblent ne pas permettre d'atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale (Sous-section 1).D'où la nécessité pour le droit international de l'environnement d'en dégager de nouveaux (Sous-section 2)

SOUS-SECTION 1 : Les moyens financiers actuels

Paragraphe 1 : les moyens financiers de portée mondiale

A-le Fonds pour l'environnement mondial

A titre de rappel, le Fonds pour l'environnement mondial a été crée en 1991.Les quatre domaines d'intervention du Fonds pour l'environnement mondial sont : la diversité biologique, le changement climatique, les eaux internationales,et la protection de la couche d'ozone(* 65).En 1992, le FEM a été choisi pour être le mécanisme financier de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. L'article 21 de la Convention prévoit que le FEM « fonctionne sous l'autorité et l'orientation, et est responsable devant la conférence des parties de la Convention ».Les projets du Fonds pour l'environnement mondial sont par ailleurs exécutés par la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

La Banque mondiale quant à elle a un rôle prédominant en tant qu'administrateur de la caisse du FEM (*66).Le FEM en tant qu'instrument de financement d'une convention négociée dans le cadre des Nations Unies devrait suivre le mode de décision de cette institution avec une répartition égalitaire des voix, selon le principe classique 1 pays = 1 voix. Or, ce n'est pas encore le cas aujourd'hui. La répartition du pouvoir suit au contraire celle en vigueur à la Banque mondiale. Les voix sont attribuées proportionnellement à la contribution financière (*67).Ainsi, le Fonds mondial pour l'environnement est assimilée, notamment par les Organisations non gouvernementales, à une institution de Bretton Woods (*68).

Par conséquent, la Banque mondiale s'approprie ainsi progressivement la gestion du FEM pour la mise en oeuvre des Accords multilatéraux sur l'environnement, à l'instar de la convention sur la diversité biologique, le Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone, le Protocole de Kyoto à la Convention sur les changements climatiques (*69).

(65)- Pour de amples détails, consulter le site Internet : www.gefweb.org

(66)- Article 8 de l'Instrument pour la restructuration du Fonds pour l'environnement mondial.

(67)- Article 25 de l'Instrument pour la restructuration du Fonds pour l'environnement mondial

(68)- Korinna Horta, Marcus Colchester, The World Bank and world's forest: a lost decade, 2000.

(69)- Ce fonds représente 9%

L'expérience du Fonds pour l'environnement mondial et nous le verrons aussi pour le Fonds prototype carbone confirment cependant certaines inquiétudes des ONG. L'ambition de la Banque mondiale reste d'accroître toujours plus la quantité d'argent qu'elle gère et de rester la référence incontournable pour toute intervention dans les pays en développement au détriment de l'environnement. Il résulte d'une stratégie des pays développés de prendre de court la création par la CNUCED (*70) d'un mécanisme de financement qui serait contrôlé par les pays en voie de développement.

Depuis sa création le Fonds pour l'environnement mondial a participé à plus de 700 projets dans 150 pays en développement pour un montant de 3 milliards de dollars. La procédure d'instruction et de préparation des projets en vigueur à la Banque mondiale s'applique aux projets du Fonds pour l'environnement mondial. Des experts travaillant pour le FEM ont indiqué avoir ressenti une pression pour préparer les projets rapidement et en présenter plus pour le financement, ce qui conduirait à en bâcler la préparation (*71).L'efficacité du FEM n'a pas fait l'objet d'études systématiques. Le manque de crédits pour l'évaluation des projets dans les budgets du FEM a conduit à des autoévaluations par les opérateurs des projets. En Afrique par exemple plusieurs projets du FEM se sont soldés par des échecs. Au Cameroun, le FEM a mis fin au financement de la réserve de la biodiversité de Campo Ma `an près de la localité de Kribi suite à l'octroi par le gouvernement camerounais d'une concession forestière à une filiale du groupe français Bolloré en plein coeur de la zone protégée.Au Congo Brazzaville , le projet de gestion et de conservation des aires protégées (PROGECAP GEF /Congo) a également été arrêté lorsqu'un permis d'exploitation forestière a été accordé sur une zone de 25000ha dans les limites du parc.

Catalysant des sommes importantes pour répondre aux défis posés par l'environnement mondial, la Banque mondiale n'a pourtant pas réussi à faire rentrer les objectifs du FEM dans ses pratiques générales. Entre 1995 et 1999, le groupe de la banque mondiale a investi 5,95 millions de dollars dans les énergies fossiles, soit 100 fois plus que ce qui est alloué aux énergies renouvelables et mille fois plus que les décaissements du Fonds pour la lutte contre l'effet de serre. Le FEM a décaissé 327,1 millions de dollars pour lutter contre le changement climatique (*72). Nombre de projets de la Banque mondiale ont également été financés sans accorder une attention particulière aux projets du FEM. Ainsi, Elf avait reçu un prêt important de la Société financière internationale (SFI) pour la plate- forme pétrolière de N'kossa au large de la réserve de Conkouati au Congo Brazzaville malgré une conclusion négative de l'étude d'impact.

(70)- Il s'agit de la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le développement, inaugurée en 1972 à Stockholm en Suède.

(71)-Voir l'article d'Hellène Ballande, Avocate en droit international, Coordonnatrice de la campagne pour les institutions financières, Les Amis de la Terre : La Banque mondiale et le développement durable

(72)-Source: GEF projects allocations and disbursements, meeting of the 3rd replenishment of GEF Trust; voir aussi: Phasing Out Public Financing For Fossil Fuel and Mining Projects, Friends of the Earth International Position Paper, September 25, 2000.

La motivation des Pays industrialisés s'est également quelque peu émoussée vis-à-vis du Fonds pour l'environnement mondial. Ainsi, jusqu'à la fin de l'année dernière, les Etats-Unis n'avaient payé que 2,5% d e la contribution annoncée au FEM. Afin de faire pression sur les Etats-Unis, l'Allemagne et la France avaient suspendu leurs versements. Le droit international de l'environnement futur doit donc tenir compte de cette réalité et changer la donne afin que le Fonds pour l'environnement mondial servent les véritables objectifs pour lesquels il a été institué. En octobre 2002, des représentants de 173 pays, appartenant à des organisations internationales et non gouvernementales, se sont réunis à Beijing en chine. Au cours de cette Seconde Assemblée du Fonds pour l'environnement mondial, ils ont passé en revue les politiques fondamentales du fonds. Malgré quelques progrès réalisés dans la recherche de solutions, les problèmes environnementaux demeurent.

Par ailleurs, le soutien de la Banque mondiale aux multinationales pétrolières, en particulier Exxon pour l'oléoduc Tchad-Cameroun (*73) et Chevron pour un gazoduc Nigeria Ghana, sont des exemples patents de cette contradiction. La participation de la Banque mondiale à la mise en oeuvre de la Convention de lutte contre l'effet de serre soulève donc un grave problème de conflit d'intérêts puisqu'elle finance amplement le développement des énergies fossiles que les mécanismes du Protocole de Kyoto tentent de combattre.

B- Le Fonds Prototype Carbone

La Banque mondiale, dont la raison d'exister est de gérer des capitaux, a anticipé la mise sur le marché des droits à polluer prévus par les mécanismes de développement propre du Protocole de Kyoto (*74). En effet, afin d'aider les pays industrialisés à atteindre leurs objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et pour soutenir financièrement le développement durable, ceux-ci sont autorisés au terme de la Convention à échanger des crédits d'émission. Une liste préétablie d'activités ou de projets se traduisant par la réduction d'émissions certifiées donne droit à des crédits qui pourront être revendus soit à des gouvernements, soit des entreprises polluantes dans le cadre d'une bourse. La Convention prévoit qu'une instance tierce détermine les activités ouvrant droit à des permis d'émission et en contrôler la réalisation .Le pays industrialiser peut ainsi acheter le droit de dépasser les quotas d'émissions fixés par le Protocole. Le Conseil d'administration de la Banque mondiale n'a pas résisté à l'opportunité de gagner environ 100 millions de dollars par an (*75).

(73)- Voir Agir ici, Amis de la Terre, « Banque mondiale : Pomp'Afrique des compagnies pétrolières », 1997.

(74)- L'article 12.2 du Protocole de Kyoto à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

(75)- L'agence internationale de l'énergie a évalué le chiffre d'affaire annuel du marché des permis d'émission à environ 40 milliards de dollars in Le Monde, supplément économie ,21 mars 2000)

La Banque mondiale a ainsi lancé, en avril 1999, le Fonds Prototype Carbone. Une fois de plus, la Banque mondiale, dont la présence est remarquée dans les négociations sur le changement climatique, cherche à s'engager dans la brèche qui permettrait, selon de nombreux observateurs, de réduire les exigences posées par un accord multilatéral sur l'environnement sur les multinationales les plus polluantes. Ce type d'activité est de plus en totale cohérence avec ses efforts de privatisation des ressources en «  faisant de l'air, une valeur universelle, une valeur marchande » (*76).

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery