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Fonctionnement économique de l'union européenne

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par Mathar ndao salimata Diop Paula Comes
ENSAE - Ingénieur statisticien économiste 2002
  

Disponible en mode multipage

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Mémoire d'économie descriptive

Comment fonctionne l'Union Européenne ?

Edition 2007

Présenté

par

DIOP Salimata

COMES-AHEDO Paula

NDAO Mathar

Sous la direction de: Marie-Cécile Misak

Remerciements

Nous tenons à remercier Monsieur Papa Seckou Sonko Secrétaire Général de l'Université Gaston Berger de Saint louis, sa famille, sans oublier le docteur Dramani de l'ANSD, nos frères et soeurs au Sénégal, en Espagne et aux Etats Unis.....

Nos remerciements vont aussi à Moussa Sonko depuis Nantes.

A tous ce beau monde Merci

I.- Les politiques conjoncturelles : les moyens d'action à court terme

A.- Politique budgétaire premier moyen d'exercer une action sur l'économie

1.- Le mécanisme économique

2 - Les autorités budgétaires forment un ensemble qui par leur

mission et leur moyen essentiel qu'est le pacte de stabilité et de croissance.

a) Eurogroupe et le conseil Ecofin

b) Les limites du Pacte de stabilité et croissance c) les limites du PSC

B-La politique monétaire européenne : un moyen de gérer les flux financiers, Gérée Par une institution précise qui administre particulièrement un ensemble de pays de la zone euro

1.-Definition et le mécanisme économique

2.- La BCE : autorité en charge de la politique monétaire aux mandats précis 3.- La zone Euro : Un cas particulier

a) Théorie de la zone monétaire optimale

b) Zone euro en particulier

C- La coordination des politiques économiques

1.- La utilité de la coordination. Au sein de l'UE

2.- La pratique de la coordination:

II - Les politiques structurelles : des instruments aux effets de long terme

A.- Définition

a) Rassembler les marchés nationaux en un marché unique demande des objectifs et des moyens particuliers

b) l'utilité de l'intégration des marchés financiers en UEM

c) Les réformes des marchés du travail dans les pays de l'union Européenne sont un exemple d'intégration communautaire

d) Recherche et capital humain

B- A l'échelle communautaire, un outil particulier : l'agenda de Lisbonne, portée et limites

a) Définition de l'agenda de Lisbonne

b) Les limites de la stratégie de Lisbonne Conclusion

Bibliographic.

L 'histoire de la mise en commun de ressources

Les conflits qui ont eu lieu pendant la première moitié du XXe siècle ont causé de lourdes pertes humaines. Cette tragédie mené les dirigeants de la nécessité d'une paix durable et pour atteindre un tel objectif une union économique et politique pouvait être un moyen efficace. Ainsi, en 1951 apparaît la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) qui était composée de six pays, mettant en commun leurs ressources de charbon et d'acier au moyen d'une institution indépendante et supranationale. Après la CECA, en 1957, ils ont décidé d'intégrer d'autres secteurs de leurs économies. Les traités de Rome ont institué la Communauté Européenne de l'Énergie Atomique (CEEA ou Euratom) et la Communauté Économique Européenne (CEE) dont les États membres se sont employés à abolir les barrières commerciales.

En 1967, les institutions des trois communautés européennes ont fusionné en créant une Commission unique, un Conseil de ministres unique et le Parlement européen.

Le traité de Maastricht (1992) donne naissance à l'Union Européenne (UE). Il a fallu un certain temps aux États membres pour aboutir à un "marché commun". A la fin de l'année 1992, le marché unique a été officiellement achevé.

En 1992, l'UE a décidé de mettre en place une Union Économique et Monétaire (UEM) comportant l'introduction d'une monnaie européenne unique gérée par une Banque Centrale Européenne. Dès lors, le 1 er janvier 2002 l'euro est devenu réalité pour certains pays de l'UE.

Depuis, la communauté a connu d'autres évolutions par le Traité de Maastricht (1992), l'Union Économique et Monétaire (UEM, 1999), le Traité d'Amsterdam (1997), le programme de Lisbonne (2000) et le Traité de Nice (2002).

Les défis d'une organisation politique

Plus qu'une confédération d'États, moins qu'un État fédéral, l'Union européenne est à ce titre une construction politique originale. Les États consentent des délégations de souveraineté au profit d'institutions communes. D'abord, les pères fondateurs de l'UE n'ont pas défini ab intro les attributions économiques de la Communauté et celles des États.

Dans les premiers temps, l'Europe ne visait pas la croissance économique. L`ambition était plutôt l'intégration, perçue comme moyen d'intégration politique.

La politique économique a connu une évolution lente qui a abouti à une répartition des compétences précise : au stade actuel, coexistent des responsabilités communautaires (pour la monnaie), des responsabilités nationales (pour le niveau de dépenses ou de recettes).

Dans un tel contexte, on peut se demander : comment l'Union Européenne met-elle en commun ses ressources et gère-t-elle les moyens de les administrer ? En quoi cela peut-il être différent de certaines autres organisations d'Etats, comme les Etats-Unis ?

Avec l'entrée au premier janvier dernier de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l'Union Européenne, ces questions sont objet de débats actuels au sein de l'Union.

Pour y répondre, nous allons dans le cadre de ce mémoire, présenter les fondements économiques du fonctionnement de l'Union Européenne et sa viabilité. Afin de gérer les développements de prix, de chômage, de commerce extérieur ou de croissance, les politiques à l'oeuvre doivent être différenciées. C'est pourquoi nous en aborderons dans une première partie la politique conjoncturelle. Cette politique économique se décline en deux outils fondamentaux : la politique budgétaire et la politique monétaire. Qu'en est-il, dès lors, de la combinaison et coordination des deux politiques ? Et nous terminerons par la politique structurelle, en définissant en particulier les acteurs, la portée et les limites.

Le mémoire présente à la fois les enjeux théoriques et pratiques liés à l'application de telles politiques.

I. Les politiques conjoncturelles : des moyens d'action à
court terme

« Les politiques économiques consistent dans la manipulation délibérée d'un certain nombre de moyens mis en oeuvre pour atteindre certaines fins. » Jan Tinbergen.

Elles constituent un moyen pour l'Etat d'infléchir la conjoncture en ce qui concerne l'évolution de la production et du niveau du taux d'intérêt. Toute politique économique conjoncturelle se caractérise par un ensemble interdépendant d'objectifs, d'instruments, et d'outils de contrôle, articulé autour d'une politique budgétaire et d'une politique monétaire. La politique budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l'un des principaux leviers de la politique économique de l'État. Elle consiste à utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. A noter que cette dernière tient à être indépendant de la première. Mais une coordination des deux politiques permet de synthétiser les Grandes Orientations de la politique économique de l'Union.

A. La politique budgétaire premier moyen d'exercer une action sur l'économie

La politique budgétaire fixe l'ampleur des dépenses gouvernementales. Nous expliquons son mécanisme économique en nous appuyant sur le modèle IS de John Hicks avant d'aborder les institutions qui assurent son bon fonctionnement.

1- Mécanisme économique

Tout d'abord définissons les différents acteurs qui entrent dans la définition du modèle IS.

La courbe IS représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt (i) et de revenus (Y) qui assurent l'équilibre sur le marché des biens et des services. Sur ce marché, le niveau général des prix étant donné, l'offre (Y) correspond au revenu, qui se partage entre la consommation (C) et l'épargne (S). Y = C ~ S

- La demande globale (D) se décompose en consommation (C) et investissement (I), (D=C~I), et l'équilibre entre l'offre et la demande dépend donc de l'équilibre entre l'investissement et l'épargne (I=S implique Y=D).

- L'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt (car la hausse des taux d'intérêt, en augmentant le coût de financement pour les entreprises, réduit le montant des investissements rentables). L'épargne est une fonction croissante du revenu.

Ainsi, la courbe IS représente les couples de valeur (Y, i) compatibles avec la réalisation de l'équilibre sur le marché des biens et des services (I=S) ; la pente de IS et négative : si i diminue, I augmente, alors S doit augmenter aussi (I=S) ; cela présuppose que Y augmente également, donc i et Y varient en sens inverse (cette pente est d'autant plus forte que l'investissement est moins sensible aux variations du taux d'intérêt).

La courbe IS est décroissante ce qui signifie que quand le taux d'intérêt augmente, l'investissement diminue, réduisant la demande et le revenu (via le mécanisme du multiplicateur keynésien).

La relation entre le taux d'intérêt et le niveau d'activité est simple: la plupart des investissements sont financés par l'emprunt sur le marché du crédit. Le volume des investissements dépend du taux d'intérêt, indicateur du coût des emprunts. Une modification du taux d'intérêt, dans l'un ou l'autre sens, va donc engendrer une variation de l'investissement désiré et, toutes choses égales par ailleurs, de la production d'équilibre. La relation entre le taux d'intérêt nominal et la production d'équilibre constitue la courbe IS. Lorsque le taux d'intérêt nominale diminue, le taux d'intérêt réel anticipé diminue d'autant: l'investissement augmente ainsi que la production d'équilibre. On a donc une relation décroissante entre taux d'intérêt nominal et production. Cette relation constitue la courbe IS qu'on peut aussi définir comme suit: la courbe IS comprend l'ensemble des combinaisons du taux d'intérêt nominal et de la production qui assurent l'équilibre sur le marché des biens et services ou sur le marché des fonds prêtables.

La pente de la courbe IS dépend essentiellement de deux valeurs : la sensibilité de l'investissement désiré au taux d'intérêt et du multiplicateur de la dépense ou, ce qui est équivalent, de la propension à consommer. En utilisant ce qui vient d'être exposé, on obtient en définitive une relation entre taux d'intérêt et production, via les mécanismes entre épargne, investissement, consommation et dépenses gouvernementales.

Considérons une variation du taux d'intérêt. Plus l'investissement réagit au taux d'intérêt, plus la variation de l'investissement sera grande. Plus le multiplicateur est élevé, plus l'effet sur la production est grand. Avec une sensibilité de l'investissement et un multiplicateur élevé, la courbe IS est très élastique, c'est-à-dire très plate. A l'opposé, si l'investissement ne réagit pas du tout au taux d'intérêt, la courbe IS sera verticale.

Les effets de la politique budgétaire

Au total, agir sur les dépenses gouvernementales aura un effet sur l'activité, toutes choses restant égales par ailleurs. Plus précisément: si les dépenses gouvernementales augmentent, cela aurait un effet encourageant sur l'activité. A l'inverse, une réduction aura un effet plutôt contraire à un développement de l'activité.

2 - Les autorités budgétaires forment un ensemble qui par leur mission et leur moyen essentiel qu'est le pacte de stabilité et de croissance.

a) L'Eurogroupe et le Conseil Ecofin

* Eurogroupe : Dirigé par Jean Claude Juncker et regroupant les 13 membres de l'union européenne, l'Eurogroupe a essentiellement pour mission de faciliter la concertation des Etats Membres participant à la zone euro :

· en matière de conjoncture

· dans les relations entre le Conseil et la BCE

· en vue de préparer les positions communes de la Zone euro sur la scène extérieure (OCDE, FMI)

· dans la coordination des politiques budgétaires

Ces missions ont été élargies depuis la présidence française (Conseil européen de Nice) :

· à la concertation en matière d'emploi

· et aux questions structurelles

Rappelons que l'Eurogroupe n'est pas une instance de décision.

Le président de l'Eurogroupe a des missions particulières. Il peut assister, sans droit de vote, aux réunions du Conseil des gouverneurs de la BCE. Mais surtout, il représente les ministres des Finances de la zone Euro auprès d'organismes internationaux comme le G7, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.

* Ecofin : Le Conseil "Affaires économiques et financières", tout comme le Conseil "Agriculture" et le Conseil "Affaires générales", est l'une des plus anciennes formations du Conseil de l'Union européenne. Il est communément appelé Conseil "ECOFIN" ou simplement "ECOFIN" et est composé des ministres de l'économie et des finances des États membres, ainsi que des ministres compétents en matière de budget lorsque des questions budgétaires sont à l'ordre du jour. Ce Conseil se réunit une fois par mois.

Le Conseil "ECOFIN" couvre de nombreux aspects de la politique de l'Union européenne, tels que la coordination de la politique économique, la surveillance économique, le contrôle de la politique budgétaire et des finances publiques des États membres, l'euro (questions juridiques, pratiques et internationales), les marchés financiers ainsi que les mouvements de capitaux et les relations économiques avec les pays tiers. Il statue principalement à la majorité qualifiée, dans le cadre de la procédure de consultation ou de codécision avec le Parlement européen, sauf pour ce qui est des questions fiscales, qui requièrent l'unanimité.

Chaque année, le Conseil "ECOFIN" prépare et arrête, conjointement avec le Parlement européen, le budget de l'Union européenne, qui avoisine les 100 milliards d'euros.

L'Eurogroupe, composé des États membres dont l'unité monétaire est l'euro, se réunit généralement la veille des sessions du Conseil "ECOFIN" et traite des questions liées à l'Union économique et monétaire (UEM). Il s'agit d'un organe informel, qui n'est pas une formation du Conseil.

b) Le Pacte de Stabilité et de croissance

Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) est l'instrument dont les pays de la zone euro se sont dotés afin de coordonner leurs politiques budgétaires nationales et d'éviter l'apparition de déficits budgétaires excessifs. Il impose aux États de la zone euro d'avoir à terme des budgets proches de l'équilibre ou excédentaires. Le PSC a été adopté au Conseil européen d'Amsterdam en juin 1997. Il prolonge l'effort de réduction des déficits publics engagé en vue de l'adhésion à l'Union économique et monétaire (UEM). Cependant, à l'inverse de la politique monétaire, la politique budgétaire demeure une compétence nationale.

Le PSC comporte deux types de dispositions :

.la surveillance multilatérale, disposition préventive : Les États de la zone euro présentent leurs objectifs budgétaires à moyen terme dans un programme de stabilité actualisé chaque année. Un système d'alerte rapide permet au Conseil Ecofin, réunissant les ministres de l'Économie et des Finances de l'Union, d'adresser une recommandation à un État en cas de dérapage budgétaire.

· la procédure des déficits excessifs, disposition dissuasive. Elle est enclenchée dès qu'un État dépasse le critère de déficit public fixé à 3 % du PIB, sauf circonstances exceptionnelles. Le Conseil Ecofin adresse alors des recommandations pour que l'État mette fin à cette situation. Si tel n'est pas le cas, le Conseil peut prendre des sanctions : dépôt auprès de la BCE qui peut devenir une amende (de 0,2 à 0,5 % PIB de l'État en question) si le déficit excessif n'est pas comblé.

À ce jour, trois pays ont fait l'objet de cette procédure et sans encourir de sanction : l'Allemagne, le Portugal et la France. En fait, le PSC a pour but de stimuler une convergence des politiques budgétaires et fiscales. Mais aussi il a également contribué durablement à la baisse de l'inflation et des taux d'intérêt.

c) Les limites du PSC

Une réforme du Pacte de stabilité et de croissance a eu lieu

En novembre 2003, la France et l'Allemagne se trouvaient durablement au-dessus de la barre des 3% du PIB. La Commission voulait soumettre les deux États à la procédure des déficits excessifs et leur imposer ses exigences pour améliorer la situation en 2004 et 2005. Faute de quoi, des sanctions financières leur seraient infligées. Mais ses recommandations, équivalant donc à une mise sous tutelle, ne purent recueillir une majorité au Conseil Ecofin. Celui-ci adopta, le 25 novembre 2003, des recommandations inspirées de celles de la Commission, mais avec des objectifs d'assainissement budgétaires pour 2004 moins rigoureux, et surtout hors du cadre de la procédure concernant les déficits excessifs. À l'application automatique des articles du Pacte de stabilité se substituait donc une lecture plus politique du Pacte.

Saisie par la Commission, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), dans un arrêt du 13 juillet 2004, a annulé la décision du Conseil des ministres de suspendre à l'encontre de l'Allemagne et de la France la procédure pour déficits excessifs. Si elle reconnaît que l'absence de majorité au Conseil ne permettait pas l'adoption des recommandations de la Commission, et si elle reconnaît que " le Conseil dispose d'un pouvoir d'appréciation " dans la mise en oeuvre du Pacte, celui-ci ne pouvait pas pour autant " modifier [les recommandations] sans une nouvelle impulsion de la Commission, qui dispose d'un droit d'initiative dans le cadre de la procédure pour déficit excessif ". Dès lors, la décision du Conseil a été annulée, il a dû en voter une autre sur la base d'une recommandation de la Commission.

Cependant, un certain consensus a prévalu et depuis 2005 le Pacte de stabilité et de croissance est réformé afin de mieux l'adapter aux cycles économiques, la Commission ellemême ayant présenté des propositions en ce sens en janvier 2004. Actuellement, cinq pays(l'Allemagne, la France, le Portugal, La Grèce et l'Italie) sur 13 connaissent un déficit public supérieur à la limite des 3%. Les exigences du PSC 3% de déficit public et 60% de la dette publique étant très rigoureuses, celles-ci se sont vues réformées en Mars 2005 afin de prendre en compte les effets de la conjoncture. Ainsi, non seulement le PSC vise à la construction d'une politique budgétaire européenne par l'uniformisation des politiques nationales et fixe des règles restrictives mais permettra aux Etats en difficulté de disposer de plus de temps pour corriger leur déficit excessif sous certaines conditions.

La politique budgétaire poursuit certains objectifs qui sont également ceux de la politique monétaire. Celle-ci peut y parvenir par d'autres moyens.

B. La politique monétaire européenne : un moyen de gérer les flux financiers, gérée par une institution précise, qui administre particulièrement un ensemble de pays membres : la zone euro

1- Définition et le mécanisme économique

La politique monétaire a pour objectif d'assurer la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la stabilité interne, mesurée par le niveau général des prix, que la stabilité externe, mesurée par le taux de change de la monnaie de l'union en devises étrangères.

La hausse des prix ayant pour origine une augmentation de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, la politique monétaire vise à maîtriser, contrôler, la quantité de liquidité disponible dans une économie.

Nous allons expliquer la nature de cette politique en nous inspirant du modèle LM de John Hicks. Tout d'abord rappelons ce modèle.

La courbe LM représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt (r) et de revenu (Y) qui assurent l'équilibre sur le marché monétaire. Sur ce marché, l'offre M est déterminée par la politique de la Banque centrale. La demande, L (pour liquidité), se partage en une demande d'encaisses de transaction (L1) et de spéculation (L2).

La demande d'encaisse de transaction est une fonction croissante du niveau du revenu (plus on est riche, plus on dépense et plus on a besoin de moyens de paiement).

La demande d'encaisse de spéculation L2 s'explique ainsi : les spéculateurs conservent leurs encaisses monétaires lorsque les cours des titres financiers sont élevés, car ils anticipent alors une baisse. Ils les utilisent au contraire pour acheter des titres quand les cours sont bas, espérant réaliser une plus-value. L2 est une fonction décroissante du taux d'intérêt car le cours des titres varie en sens inverse du taux d'intérêt, L2 = L2 (i). La condition d'équilibre est donc donnée par M = L1 (Y) + L2 (i).

La courbe LM représente les couples de valeur (Y, r) compatibles avec cet équilibre. Sa pente est positive dans la << phase normale >. La partie horizontale de la courbe correspond à la << trappe à liquidité > (le taux d'intérêt est tellement faible que la monnaie est thésaurisée) et la partie verticale à la << phase classique > (il n'y a plus de thésaurisation, toute la monnaie est placée).

Construction

Le taux d'intérêt est fixé sur les marchés financiers, eux-mêmes étroitement liés au marché monétaire : c'est le prix de la monnaie. L'équilibre sur le marché monétaire est réalisé lorsque la demande de monnaie des agents est égale à l'offre de monnaie de la banque centrale. On considère habituellement que la demande de monnaie est une fonction croissante de la production (indicateur du volume des transactions) et décroissante du taux d'intérêt (coût d'opportunité de la monnaie).

Nous avons ici deux variables endogènes (r et Y) pour une seule égalité. Il y a donc a priori plusieurs combinaisons du taux d'intérêt et de la production qui satisfont

l'équation d'équilibre sur le marché de la monnaie.

Graphiquement, l'offre de la monnaie est représentée par une droite verticale, car elle ne dépend pas du taux d'intérêt. Pour la demande, fixons d'abord le Y réel au niveau Y1. La demande de monnaie ne dépend plus que du taux d'intérêt et se représente par une fonction décroissante. Il y a un seul niveau du taux d'intérêt qui équilibre le marché monétaire. Ceci nous donne une première combinaison du taux d'intérêt et du Y qui assure l'équilibre monétaire. Supposons maintenant que le Y augmente . Ceci a pour effet d'augmenter la demande de monnaie pour tout niveau du taux d'intérêt : la fonction de demande de monnaie se déplace vers le haut. De nouveau, il y a un seul taux d'intérêt qui assure l'équilibre monétaire. On a donc une seconde combinaison d'équilibre. En répétant l'opération, on obtient une infinité de combinaisons d'équilibre qui forment la courbe LM.

La courbe LM est une courbe croissante. En effet, si l'offre de monnaie est maintenue constante par la banque centrale, une augmentation du Y augmente la demande de monnaie et provoque une situation de demande excédentaire sur le marché de la monnaie. Pour restaurer l'équilibre, il faut diminuer la demande de monnaie par un autre canal, en augmentant le taux d'intérêt.

lie quoi dépend la pente de la courbe LM ?

Elle dépend principalement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d'intérêt et au Y réel. La pente de la courbe LM sera d'autant plus forte qu'une petite variation de Y nécessite une forte élévation de r. C'est le cas si la demande de monnaie réagit fortement au Y et peu au taux d'intérêt. En particulier, avec une demande de monnaie qui ne dépend pas du taux d'intérêt, la courbe LM serait verticale.

Réponse aux chocs

Les chocs peuvent d'être d'origine diverse. Si ils sont des chocs de demande monétaire, la courbe LM se déplace vers la droite et vers la gauche. Le contrôle de la masse monétaire implique que le niveau d'activité varie entre deux valeurs . Si en revanche les autorités contrôlent les taux d'intérêt, elles ajustent l'offre de monnaie aux variations de la demande et neutralisent ainsi les variations de LM par des ajustements d'offre : le niveau d'activité ne varie pas. En présence de chocs monétaires, le contrôle des taux d'intérêt est préférable.

Les effets d'une politique monétaire

Supposons que la banque centrale augmente la masse monétaire via le taux d'intérêt. Pour maintenir l'équilibre sur le marché de la monnaie, il faut que la demande de monnaie augmente d'autant. Ceci peut se faire soit en augmentant le Y réel pour un taux d'intérêt inchangé, soit en diminuant le taux d'intérêt pour un Y réel inchangé. Globalement, il y a donc déplacement de la courbe LM vers la droite. Dans le cas d'une politique monétaire restrictive, la courbe LM se déplace vers la gauche, par un effet contraire au développement de l'activité. Toutefois cette politique monétaire est aussi inefficace. La justification de cette proposition repose sur l'argument selon lequel toute variation de la quantité de monnaie est rationnellement anticipée et n'entraîne aucun effet réel sur l'emploi et la production (M. Friedman). Il faut donc se limiter à contrôler la croissance de la masse monétaire. Ce qui nécessite l'existence d'une institution comme la BCE .

2- La Banque Centrale Européenne : autorité en charge de la politique monétaire aux mandats précis

La Banque centrale européenne (BCE) est une institution chargée de mettre en oeuvre la politique monétaire européenne. A Francfort, elle est dirigée par le Directoire qui comprend un Président ( Jean-Claude Trichet), un Vice-président (Lucas Papademos), et quatre membres, tous nommés pour huit ans non renouvelables.

Cette institution est parfois confondue avec le SEBC (Système européen de banques centrales). Qui se compose de la BCE et des banques centrales nationales de pays de l'Union européenne. Elle réalise sa fonction en coordination avec les Banques Centrales des pays membres de la zone Euro. La BCE est l'institution principale du SEBC.

Au-delà de la fixation des taux d'intérêt et de la gestion des crédits, la BCE est particulièrement en charge d'émettre la monnaie, et d'administrer les réserves de change.

L'indépendance de la BCE de l'Eurosystème est une manière de garantir qu'aucune influence injustifiée économiquement des pouvoirs politiques n'interfère avec la gestion de la politique monétaire dans la zone Euro. Le concept d'indépendance de la BCE comprend :

· Indépendance fonctionnelle :

La BCE est fournie est de tous les instruments nécessaires pour réussir son objectif la stabilité des prix, indépendamment des pouvoirs politiques.

· Indépendance Institutionnelle. Cette indépendance institutionnelle est exprimée dans l'article 108 du Traité.

Les membres du SEBC « ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou
organes communautaires, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme.
Les institutions et organes communautaires ainsi que les gouvernements des États membres
s 'engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes
de décision de la BCE ou des ban ques centrales nationales dans l 'accomplissement de leurs
missions ».

· Indépendance des Membres.

Les membres du Conseil général et du Directoire sont nommés pour de longues périodes (variables suivant les pays en ce qui concerne les gouverneurs de banques centrales nationales) et irrévocables. Les mandats des membres du Directoire ne sont même pas renouvelables. Ceci exclut les pressions.

Les membres de la BCE ne seront pas exclus pour une raison qui ne soit pas dans les Statut de l'organisation.

· Indépendance Financière.

La BCE et les banques nationales doivent être capables de se fournir les fonds nécessaires pour leur bon fonctionnement. La BCE a un budget indépendant des autres institutions européennes

·L 'objectif de la BCE : une inflation inférieure à 2%.

L'objectif principal de la BCE, défini par le Traité de Maastricht, est le maintien de la stabilité des prix (taux d'inflation fixe inférieur à 2%) dans toute la zone ; ce qui constitue une caractéristique déterminante pour la politique monétaire. Ainsi, les gouvernements (les 13) ont l'obligation de respecter cette marge d'inflation pour la stabilité économique de la zone Euro. Par ailleurs, les études portant sur le comportement des banques centrales mettent en évidence ces dernières, même lorsqu'elles ont reçu mandat exclusif de préserver la stabilité des prix, s'intéressent de près à la croissance, jouent un rôle dans la stabilisation de l'économie. Elles peuvent faire un arbitrage implicite entre croissance et inflation.

La politique monétaire en Union Européenne a des effets sur toutes les économies appartenant à l'Union mais est particulièrement celle des pays qui partagent la même monnaie, les pays de l'Union économique et monétaire.

3- La zone Euro : un cas particulier

a)- Théorie de la zone monétaire optimale

Le concept de zone monétaire optimale a été développé dans le cadre du débat sur les mérites relatifs des régimes de changes fixes et de changes flexibles. L'idée de base de la théorie de zone monétaire optimale est que le choix entre change fixe et flexible ne doit pas se faire indépendamment des caractéristiques économiques des pays concernés. Le souci principal de cette théorie est de répondre à la question suivante : pour quels types de pays et dans quelles conditions un système de change est-il plus efficace que l'autre ?

Une zone monétaire est un espace géographique caractérisé par un régime de change fixe pour ses échanges internes et un régime de change flexible pour ses échanges avec l'extérieur. A l'intérieur de la zone, les paiements peuvent s'effectuer soit dans une monnaie unique, soit dans plusieurs monnaies dont les valeurs d'échange sont fixées, alors que les taux de change fluctuent avec les monnaies tierces. Le caractère optimal de la zone monétaire se définit en fonction de l'objectif macroéconomique de maintien de l'équilibre interne, soit le point optimal de combinaison inflation-chômage, et de l'équilibre externe, à savoir l'équilibre des paiements entre les régions de la zone et l'extérieur.

Les premiers travaux sur les zones monétaires optimales ont cherché à établir des caractéristiques d'une économie qui pourraient rendre inutiles ou sans effet les variations de taux de change par rapport aux autres monnaies. Il s'agit essentiellement des travaux de Mundell (1961), Mc Kinnon (1963) et Kenen (1969) qui, à côté d'autres économistes tels Ingram et Fleming, constituent l'approche dite « traditionnelle » de la théorie des zones monétaires optimales. La théorie a par la suite connu un renouveau dans les années 70 avec les travaux de Corden (1962), Ishiyama (1975) et Tower-Willet (1976), qui ont essayé de tracer les frontières d'une ZMO sur la base d'une analyse coûts- bénéfices de l'intégration monétaire.

La théorie de zone monétaire optimale a apporté une contribution décisive aux débats précédant la création de l'Union Economique et Monétaire et se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Mundell, premier à avoir invoqué la notion de zone monétaire optimale, stipule déjà en 1973 : << Les pays européens pourraient instaurer une autorité monétaire européenne ou banque centrale. C'est une solution possible, peut-être que c'est une solution utopique: mais c'est très une idée très compliquée en termes politiques, presque utopique >>. 1Deux questions se posent alors. Est-ce que l'UEM constitue véritablement une zone monétaire optimale comme le sousentend Mundell? Et, si non, est-ce que les conditions nécessaires à l'existence d'une telle zone sont endogènes à l'UEM, autrement dit, est-ce que l'UEM peut devenir une ZMO?

Selon un certain nombre d'auteurs, comme Jean Claude Trichet les critères économiques d'optimalité de zones monétaires ne sont néanmoins pas les seuls facteurs d'explication de l'existence de zones monétaires. Ils considèrent la volonté politique comme constituant la plus importante et peut-être unique condition pour l'adoption d'une monnaie unique. L'analyse de l'importance des facteurs politiques pour l'établissement de l'UEM confirme cette théorie. En effet, les intérêts des deux pays ayant décisivement influencé le processus d'intégration monétaire européenne, notamment la France et l'Allemagne, reflètent des considérations majoritairement politiques à l'égard de l'UEM. En outre, les facteurs politiques ne constituent non seulement un facteur d'explication de l'existence d'une zone monétaire mais prennent davantage d'importance après l'établissement de cette dernière. Par ailleurs, les aspects politiques constituent le seul facteur de durabilité d'une zone monétaire.

b) La zone euro en pratique :

La Zone euro est actuellement composée de 13 pays :

la Belgique, l'Allemagne, la Grèce, l'Espagne, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche, la Slovénie(nouvellement entrée) , le Portugal et la Finlande.

Selon Jean Claude Trichet dans l'article intitulé << Zones monétaires optimales et mises en oeuvre des politiques économiques >>, plusieurs limites se posent.

En premier lieu, se pose la question des canaux de transmission de la politique monétaire au sein de l'UEM. Déjà difficiles à identifier au sein d'une économie, ils paraissent devoir être hétérogènes si on les compare d'un pays à l'autre au niveau de la zone euro. Compte tenu des structures d'endettement différentes des agents privés (consommateurs, investisseurs) et aussi de l'architecture des systèmes bancaires et financiers nationaux, il est très probable que les décisions prises de manière unifiée dans la zone aient des effets distincts dans les différents pays membres, ce qui se traduira à court terme par une dispersion des évolutions conjoncturelles de l'activité économique et de l'inflation. Comment la BCE doit-elle intégrer cette hétérogénéité dans l'élaboration de sa politique ? Sans doute en tenant compte dans son processus de décision des informations économiques nationales et non pas uniquement des données économiques agrégées au niveau de la zone euro. De plus, sur le moyen terme, le basculement dans l'UEM a eu des répercussions sur le comportement des citoyens européens en matière de dépense, de fixation des prix ou de détention de liquidité, et, de fait, les Banques centrales membres de l'Eurosystème ne peuvent pas entièrement s'appuyer sur leur connaissance des économies nationales et des relations

1 The European Countries could agree on a common piece of paper (...), they could then set up a European monetary authority or central bank. (...) This is a possible solution, perhaps it is even an ideal solution: But it is politically very complicated, almost utopian.»

macroéconomiques qui y prévalaient pour déterminer une stratégie monétaire « optimale » pourles pays de la zone euro. Une zone d'incertitude prévaut donc sur ce plan, qui doit être prise en compte par l'autorité monétaire européenne. A plus long terme, la question de l'élargissement pourrait exacerber ce problème, d'autant plus que la viabilité de la zone euro dépendra, entre autres, de sa capacité à intégrer de nouveaux membres aux structures économiques hétérogènes.

C - La coordination des politiques économiques.

1.- Utilité de la coordination au sein de l' Union Européenne

L 'équiibre sur les deux marchés et ses conséquences - la portée du modèle *. L 'équilibre global

Si on superpose les graphiques IS et LM, on déduit que la politique budgétaire peut avoir des effets d'accélération de la demande complémentaires à ceux de la politique monétaire. Le besoin de coordination entre les politiques budgétaires résulte de ce que celles-ci affectent les variables communes : croissance, inflation, chômage, par des moyens différents. La combinaison, ou policy mix, est également utile pour être en phase avec le cycle économique.

*Quelle portée

Y

D'après le modèle IS-LM, il ressort que pour faire leurs choix budgétaires, les États doivent anticiper l'action de la Banque centrale européenne, et pour décider si elle peut prendre en

charge le soutien de l'activité, celle-ci doit être capable d'évaluer l'orientation, tant des politiques économiques nationales que de l'effet résultant concernant le policy mix global.

La circulation de l'information et la transparence de méthodes et des objectifs de politique économique, aussi bien budgétaires que monétaires apparaît optimale pour une efficacité du policy mix. Quatre cas peuvent se présenter : deux politiques restrictives, deux politiques expansionnistes, une politique restrictive alors que l'autre est expansionniste.

Les pays de l'Union Européenne, en tant que groupe de pays aux caractéristiques macroéconomiques stables, ont les effets d'une telle coordination mais celle-ci joue à plein là où les pays ont la même monnaie : dans la zone euro. Comme toute Union monétaire théorique, l'ensemble de la zone euro peut gagner à une coordination entre politiques budgétaires et politique monétaire : éviter les chocs externes de prix des matières premières ou de fortes évolutions de change.

A politique monétaire donnée, la combinaison des politiques budgétaires nationales déterminera théoriquement l'orientation agrégée de la politique budgétaire qui en résultera pour la zone euro et donc l'impact de cette dernière sur le taux de change de l'euro et la balance des paiements de la zone. En pratique, l'organisation des politiques économiques dans la zone euro avec le Pacte de stabilité et les programmes pluriannuels de stabilité, forment aujourd'hui un ensemble d'outils pour permettre une telle coordination.

En plus, on doit considérer l'interaction entre les politiques conjoncturelles et les politiques structurelles.

2.- La pratique de la coordination.

Selon le Traité de Maastricht, la coordination des politiques économiques est un des objectifs des pays membres de l'Union Européenne (citer le Traité pour justifier cette idée).

La coordination a certaines limites qui viennent pour l'essentiel de la nature, des moyens et des objectifs des autorités qui prennent les décisions de politiques économiques.

· Certains pays ont des pressions inflationnistes alors que d'autre n'ont pas de raison pour considérer l'inflation comme un problème. Parfois l'inflation peut être importée et avoir des conséquences négatives sur les pays voisins via les flux commerciaux.

· La bonne santé économique risque d'éliminer les incitations à coopérer et à coordonner les politiques économiques pour deux raisons :

o Cet effort apparaîtra d'autant moins pressant que la situation paraît bonne, la reprise effaçant en quelque sorte les problèmes macroéconomiques.

o La tentation de « nationaliser la croissance », .

Le contexte actuel de croissance en zone euro, assez favorable (citer la croissance en zone euro selon Eurostat en 2006) tend à affaiblir l'effort de discipline commune dans certains pays.

· Les politiques nationales, prises indépendamment, peuvent entraver la situation commune. Par exemple, l'Allemagne a augmenté son taux normal de TVA en janvier pour assainir sa situation budgétaire mais compte tenu de son poids important dans la zone euro en termes de commerce extérieur, l'activité de ses principaux partenaires commerciaux risque de s'en trouver affaiblie, via un recul de la consommation intérieure allemande.

· La Banque centrale, agissant en toute indépendance, peut prendre des décisions dont les effets sont nuisibles à ceux des politiques budgétaires.

· Des situations individuelles peuvent pâtir de la situation collective : par exemple, le Portugal aujourd'hui a une croissance faible et la politique monétaire actuelle de la BCE contribue à ne pas améliorer la situation parce que les autorités portugaises ne peuvent agir avec le levier monétaire.

· Les décisions budgétaires ont un rythme annuel, via les lois de finances, alors que la Banque centrale européenne a un rythme mensuel. Les effets de la coordination ne peuvent donc par nature être synchronisés.

· L'hétérogénéité des performances nationales peut elle-même conduire à une incertitude sur l'orientation globale du policy mix. Par exemple, lorsque le décalage cyclique ne concerne qu'un petit nombre de pays, et de petits pays de surcroît, on peut penser que la situation se corrige elle-même. Par ailleurs, la BCE a reçu la responsabilité de veiller à la stabilité des prix en moyenne, comme si la zone euro formait déjà un marché complètement intégré, mais rien ne dit quel est le degré admissible de dispersion de taux d'inflation, ni qui est responsable d'assurer que cette dispersion reste à l'intérieur des limites fixées.

Une coordination des politiques économiques selon le modèle théorique IS LM supposerait que, idéalement, la politique budgétaire soit commune. Or, en pratique il en existe actuellement autant que d'Etats-membres (13), ce qui rend le processus de coordination avec une unique banque centrale laborieux, et d'autant plus difficile que les politiques budgétaires ne sont pas coordonnées selon les mêmes calendriers. De plus, si la politique monétaire a effectivement été déléguée à la BCE, aucune politique n'a à ce stade été mise sur pied en vue de la création d'un budget commun. Au contraire, il a été explicitement décidé de ne pas accroître la taille du budget communautaire.

L'Eurogroupe, groupe des Ministres des finances de la zone euro, permet que se tiennent entre les responsables de politique budgétairee de la zone euro des discussions qui n'auraient pas eu lieu autrement. Mais il peut être handicapé par son statut informel qui ne permet pas de prise de décision.

Par ailleurs, la manière de mener les politiques ne fait pas consensus : certains défendent la thèse selon laquelle la qualité des institutions et des règles communes suffisent à produire une bonne politique économique. Mais si l'on est d'un avis contraire en privilégiant les ajustements à la rigidité des règles, la question de la coordination est nécessairement posée.

L'approche actuelle sur la coordination qualifiée de prudentielle présente cependant au moins quatre défauts, identifiés par Pierre JACQUET:

· Elle ignore la question du policy mix global de la zone, car elle se fonde sur une vision selon laquelle les interactions stratégiques entre les différents acteurs de la politique économique peuvent être tenues pour secondaires. Elle suppose que le bon dosage de politiques économiques sera obtenu si chacun des acteurs vise dans son domaine l'objectif qui lui est assigné.

· Elle n'envisage l'interaction entre la politique monétaire et politiques structurelles qu'à sens unique (il faut de bonnes politiques structurelles pour que la politique monétaire puisse opérer efficacement).

· Elle suppose qu'il existe en tout temps et pour tout pays, une bonne politique économique et qui retient des normes budgétaires (3%, 60%, solde <<poche de l'équilibre ou en excédent>>), sans les fonder sur des principes et des objectifs explicites de politiques économiques.

· Enfin, cette approche reposait essentiellement sur des règles qui restaient invariantes en fonction de la conjoncture, même si elles pouvaient être temporairement assouplies en cas de récession ; elle a été ensuite affinée, mais sans que les principes sous-jacents aient été suffisamment clarifiés.

Il y a des exemples qui peuvent montrer les limites du Pacte de stabilité. En premier lieu, la fixation de conditions aux limites sur les déficits observés n'évite pas les erreurs de politique budgétaire en situation de haute conjoncture.

Dans le souci d'une coordination qui pallierait en partie aux limites identifiées, une communication sans préjudice de l'indépendance d'action de la BCE pourrait éventuellement envisagée entre les deux pôles du policy mix.

Les pays de l 'Union Européenne ne sont pas dans la même situation économique : il existe des inégalités entre eux. Si les politiques conjoncturelles font des ajustements de court terme, quels outils sont nécessaires pour former les conditions d 'une stabilité à long terme de l'ensemble des pays de l'Union ?

II. Les politiques structurelles : des instruments aux effets de long terme

A- Définition

Il existe des « régulations spontanées » qui fonctionnent et continueront de fonctionner face aux effets d'agglomération (pouvez-vous définir en quelques mots ces effets ?). En effet les régions qui bénéficient de telles dynamiques subissent une hausse de leurs coûts (en raison de facteurs réels tels que la pression foncière, la saturation des infrastructures de transport...), ce qui renforce l 'attractivité relative des autres régions. Cependant si ces autres régions ne peuvent pas développer rapidement leur offre, leur fenêtre d 'opportunité peut se refermer. Un cercle vicieux de dévitalisation peut alors s 'engager.

Les politiques structurelles peuvent faciliter cette « régulation spontanée ». Par des transferts entre pays et entre la communauté et les Etats-membres, elles contribuent à ce que les situations économiques des Etats-membres convergent, dans le but d'une meilleure intégration. Ces processus se font sur plusieurs plans. Nous allons les développer en nous appuyant sur l 'article de Guido Tabellini et Charles Wyplosz.

a) Rassembler les marchés nationaux en un marché unique demande des objectifs et des moyens particuliers

Les barrières en matière de commerce des biens et services ont été presque complètement éliminées à l'intérieur de l'Europe. Le marché a atteint la plupart de ses objectifs. Il reste à veiller à ce que de nouvelles barrières et distorsions ne soient pas introduites. Les problèmes étant spécifiques à chaque domaine. Nous nous proposons d'étudier deux exemples particuliers : les aides d'Etat et les marchés financiers.

o les aides d'Etat et la politique industrielle

Si l'on se réfère à la définition de la Commission, les aides d'Etat représentent une proportion relativement faible, et en baisse, du PIB de l'Union européenne. Plus de la moitié va aux secteurs de l'agriculture, de la pêche, et du transport. La Commission a le mandat de contrôler les aides d'Etat et chaque Etat membre doit notifier par avance à la Commission de tout projet visant à octroyer de nouvelles aides. En pratique la Commission s'oppose très rarement aux aides d'Etat. Durant la période 2000-2002, pour l'Union européenne dans son ensemble, seuls 7% des cas ont conduit à une décision négative de la part de la commission.

o La politique industrielle est-elle nécessaire ?

L'existence de défaillances de marché reste le principal argument en faveur des aides d'Etat. En effet les partisans de la politique industrielle active prennent le prétexte des externalités positives d'une entreprise. Ils se disent que comme le marché n'internalise pas les externalités positives donc une intervention publique est parfaitement justifié. Par ailleurs, même s'il n'y a aucune externalité économique il se peut que l'entreprise subventionnée fournisse un service public socialement utile ou est tenue de le faire.

o La politique industrielle doit-elle être centralisée ?

La question de savoir si les politiques industrielles doivent être centralisées, lorsqu'elles sont justifiées, reste controversée. Les subventions nationales à la production peuvent biaiser l'allocation des ressources à l'intérieur de l'Union et entraîner des coûts pour les concurrents basés dans les autres pays membres. En outre, les responsables politiques nationaux prennent en compte uniquement les externalités locales et négligent la possibilité que des externalités positives similaires puissent exister dans d'autres Etats membres. Chaque gouvernement est incité à défende ses << champions nationaux >> en oubliant que ces << champions >> pourraient peut-être plus forts et générer des externalités positives plus fortes, dans d'autres Etats membres. La possibilité d'une prise en otage du processus politique par des intérêts privés fournit un argument fort en faveur de la centralisation des décisions au niveau de l'Union européenne. Un décideur au niveau européen internaliserait aussi bien les gains et les pertes et ne s'engagerait donc pas dans ce genre de redistribution.

Actuellement, la Commission a essentiellement un pouvoir de veto elle ne peut pas formuler ni mettre en place une politique industrielle européenne. Il n'y a pas de décideur au niveau européen en charge d'identifier les priorités européennes, d'évaluer les externalités économiques dans une perspective européenne, et de prendre des initiatives.

b) L'utilité de l'intégration des marchés financiers en UEM

Jean-Claude Trichet insiste dans son article sur l'importance de l'intégration structurelle des marchés financiers dans un souci, in fine, d'une meilleure comparaison entre pays.

· Les lignes d'actions

La réduction du retard technologique de l'Europe exige donc une intégration plus poussée des marchés financiers nationaux, une évolution vers le financement des entreprises par des marchés, un actionnariat plus diffus et plus de contestabilité.

· Quel rôle pour la centralisation

Ces défis concernent les Etats-membres, et l'Union Européenne ne peut que jouer un rôle très secondaire. Pour les pays qui ne parviennent à développer les institutions adéquates, les emprunteurs n'ont pas d'accès direct aux marchés financiers européens, de sorte que les effets de cette absence de réforme ne dépassent pas le cadre national. En ce sens, la décentralisation renforce les incitations à réformer. En outre, les réformes spécifiques requises varient d'un pays à l'autre car chaque membre a ses particularités et son propre système de gouvernement d'entreprise.

Néanmoins, il reste un rôle pour une intervention européenne centralisée. L'adoption de standards communs permettra d'augmenter la contestabilité des entreprises au-delà des frontières nationales. Les domaines suivants sont concernés :

- établir des principes communs et exigeants pour la publication d'informations, ceci afin d'éviter une course vers le bas et de simplifier une situation quelque peu confuse ;

- établir des règles de base communes pour les fusions acquisitions, de manière à s'assurer que les décisions finales en matière de transfert de contrôle sont entre les mains des actionnaires et non de la direction ;

- faciliter le vote des actionnaires, en particulier au-delà des frontières ;

- décourager les pyramides de contrôle excessivement complexes, ce qui semble d'ailleurs être l'approche actuelle de la Commission et de la Cour européenne de Justice.

Toutes ces initiatives centralisées peuvent prendre en compte l'hétérogénéité des systèmes de gouvernement d'entreprise à l'intérieur de l'Europe.

c) Les réformes des marchés du travail dans les pays de l'Union européenne sont un exemple d'intégration communautaire

Les négociations en matière de travail varient considérablement d'un pays à un autre. Plusieurs aspects sont importants : la façon dont les négociations sont conduites, leur objet, et le degré d'intervention de l'Etat. Les gouvernements font face à une pression intense pour servir l'intérêt public, même en supposant qu'ils ne sont pas capturés par les groupes de pression organisés qui influencent le marché du travail.

Cette sensibilité politique suggère également que la solution ne peut qu'être nationale. Elle doit reposer une bonne compréhension de l'intérêt collectif et pende en compte les intérêts

privés de ceux qui vont à souffrir des réformes. Le niveau de gouvernement européen n'a pas la légitimité politique requise pour agir dans ces domaines. Ceci n'écarte pas la possibilité de coordonner les politiques au niveau européen mais suggère que toute tentative de coordination devrait être << légère >> et principalement destinée à intégrer dans le débat public national les expériences réussies dans d'autres pays.

Lignes d'actions

Sur le fond l'objectif doit être de rendre les marchés du travail plus réactifs aux changements. Ceci signifie que la protection de l'emploi doit être ajustée pour encourager les entreprises et les employés à se tourner vers des activités à forte valeur ajoutée au lieu de tenter, en général vainement, de maintenir une production obsolète. Ceci implique aussi de réintégrer dans le marché du travailles les travailleurs peu qualifiés. La solution ne peut être que de combiner programmes de recyclage- politiques du marché du travail actives- et un meilleur alignement des salaires sur la productivité. Finalement, l'employabilité doit être mise en valeur, ce qui demande le travail plus attractif, notamment en évitant que les allocations de chômage ne conduisent les travailleurs à ne pas accepter de travail. En vue de la diversité des situations de départ, chaque pays doit se concentrer sur un ensemble de mesures.

Quel est le rôle de la centralisation ?

L'importance de l'hétérogénéité et des informations asymétriques signifie qu'il ne saurait y avoir de centralisation européenne des réformes des marchés du travail. Cependant, la plupart des gouvernements font face à des difficultés considérables pour conduire les réformes nécessaires- ce qui est parfois même impossible- car la pression exercée par tous les groupes d'intérêts concernés est très forte. La question est de savoir si une implication du niveau européen de gouvernement peut aider à relever ce défi en surmontant les obstacles politiques à la réforme du marché du travail. Trois approches sont possibles :

- un renforcement de la concurrence sur le marché des biens réduirait les rentes qui sont l'objet du marchandage entre les entreprises et les travailleurs ;

- en identifiant l'emploi comme un but commun, l'Union Européenne pourrait exercer

des pressions sur les gouvernements faisant face à des résistances intimidantes ;

- en matière de marché du travail comme dans bien d'autres domaines, une importante source de résistance est l'incertitude quant aux conséquences des réformes. Fernandez et Rodrick (1991) ont montré que la combinaison d'une perception très claire des coûts à court terme et de doutes quant aux bénéfices à long terme peut être fatale aux réformes. Dans la mesure où un certain nombre de pays européens ont réformé leurs marchés du travail avec succès, et que ces résultats deviennent de plus en plus évidents, il serait très utile de disséminer cette information à travers l'Union dans son ensemble.

L'analyse précédente considère que implicitement que le gouvernement au niveau de l'Union européenne est plus bienveillant que le niveau national, du moins dans les pays qui font peu de progrès. Cette hypothèse est plausible, mais il n'y a aucune garantie que ce soit le cas. Dans le domaine des marchés du travail, les discutions en cours, regroupées sous le titre de l'Europe social, semblent suggérer que le gouvernement au niveau de l'Union européenne pourrait être capturé par les mêmes intérêts privés qui parviennent à bloquer les réformes au niveau national. Les appels en faveur d'une harmonisation des minima sociaux, présentés comme le seul moyen d'éviter un << dumping social >> , constituent une tentative de collusion

entre des gouvernements déjà capturés et qui tentent ainsi d'étendre les inefficacités de leurs marchés du travail aux autres pays.

d) Recherche et capital humain

Politiques actuelles

Jusqu'à présent l'action de l'Union européenne se concentre sur trois fronts. Premièrement, des mesures ont été prises afin de réduire le morcellement de la recherche publique et des systèmes universitaires à travers l'Europe. La tendance est à l'adoption de standards d'éducation communs, à l'encouragement à la mobilité des étudiants et des chercheurs, à la coordination des politiques nationales de recherche, et à la mise en place d'un système européen de brevets.

Deuxièmement, une petite fraction du budget européen est dépensée directement pour le soutien à la recherche. L'allocation de ces ressources est guidée par deux objectifs. D'une part, l'Union européenne soutient des réseaux européens de recherche et de la collaboration entre les instituts de recherche nationaux. D'autre part, elle a adopté une approche du haut vers le bas. La Commission a identifié des domaines de recherche prioritaires et évalue ensuite les projets de recherche qui lui sont soumis une fonction de ces priorités- dans le domaine des sciences sociales.

Troisièmement, la recherche et l'innovation ont été placées au centre de la MOC. La Commission européenne explique que cette méthode est destinée à encourager les Etats membres à développer progressivement leurs propres politiques en tenant compte des besoins européens. Dans la pratique, cette approche s'articule autour des étapes suivantes :

- l'Union définit des lignes directrices communes et un calendrier pour atteindre des

objectifs spécifiques (ainsi les dépenses de recherche et développement pour l'Union

européenne dans son ensemble doivent augmenter pour passer du niveau actuel de 1.9%

du PIB à 3% d` ici 2010 et les deux tiers de cet accroissement doivent être financés par le

secteur privé) ;

- l'Union établit des indicateurs quantitatifs et de référence afin de comparer les meilleures performances et la performance de chaque Etat membre ;

- les Etats membres transposent les lignes directrices européennes dans les politiques nationales ;

- l'Union contrôle et évalue périodiquement les politiques et la performance des Etats membres à la lumière des indicateurs mentionnés.

Le rôle du niveau européen de gouvernement

C'est aux Etats membres qu'il revient de créer unilatéralement de nouvelles institutions de recherche en dehors de leurs systèmes universitaires nationaux. Ils y sont naturellement incités, car il est dans l'intérêt de chaque pays d'accueillir une université ou un centre de recherche de premier plan.

Le plus grand risque est que chaque pays tente d'avoir, par exemple le meilleur département de biochimie du monde. La création de centres de recherche exige un investissement fixe très coûteux, ce qui signifie qu'avec l'émergence de quelques gagnants, les sommes consacrées aux perdants auront été gaspillées. La coordination au niveau européen peut donc réduire les coûts. Une telle initiative doit se consacrer à trois objectifs :

- exploiter les externalités positives et les synergies à l'intérieur de l'Europe ;

- pour ce qui concerne la recherche et la formation avancée, la concurrence pour les ressources publiques doit se dérouler au niveau européen car la dimension nationale est insuffisante, même pour les plus grands pays ;

- une initiative couronnée de succès dans un pays devrait inciter les autres à suivre l'exemple.

B. A l'échelle communautaire , un outil particulier : l'agenda de Lisbonne, portée et limites

1) définition de l'agenda de Lisbonne

La stratégie de Lisbonne reflète l'ambition de l'Union Européenne de << devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale >>. La stratégie adopte plutôt l'approche de << benchmarking >>. Elle invoque également une pression de chaque pays par rapport à 102 critères d'évaluation qui couvrent trois domaines : situations économiques, emploi, innovation et recherche, réforme économique, cohésion sociale et environnement. Pour chaque point de référence la stratégie définit pour l'Europe dans son ensemble une valeur cible qui doit être atteinte d'ici 2010.

Chaque année le Conseil européen du printemps est principalement consacré à l'étude d'un rapport de la Commission présentant les performances de chaque pays par rapport aux critères d'évaluation. Cette discussion est précédée par les travaux du comité de politique économique. Les commentaires de la Commission suivent de prés la procédure basée sur les critères d'évaluation et ne s'abstiennent pas de nommer les bons et les mauvais pays. Invariablement, le Conseil européen émet un communiqué en se félicitant des progrès accomplis et reconnaissent que des efforts restent à faire pour atteindre les objectifs de la stratégie de Lisbonne.

La procédure d'évaluation se penche aussi sur les entraves à la concurrence qui subsistent encore. Au lieu de laisser la Commission Européenne faire face aux états récalcitrants, et à l'occasion les poursuivre devant la cour européenne de justice pour non respect des accords sur la concurrence, la stratégie de Lisbonne déplace ces conflits au niveau intergouvernemental dans l'espoir qu'une pression collective des pairs soit plus subtile et politiquement plus difficile à résister que les demandes formelles de << Bruxelles >>.

La mise en oeuvre de l'objectif stratégique sera facilitée par le recours à une nouvelle méthode ouverte de coordination (MOC) permettant de diffuser les meilleures pratiques et d'as surer une plus grande convergence au regard des principaux objectifs de l'UE. La MOC2 est conçue pour renforcer la détermination des gouvernements à réformer. Elle est destinée à faire jouer la pression des pairs au sein du conseil des ministres de manière à renforcer les incitations à réformer.

2 Conçue pour aider les États membres à développer progressivement leurs propres politiques, cette méthode consiste à :

- définir des lignes directrices pour l'Union, assorties de calendriers spécifiques pour réaliser les objectifs à court, moyen et long terme fixés par les États membres ;

2) Les limites de la stratégie de Lisbonne

Si on évalue le stratégie de manière générale à mi-parcours depuis son adoption en 2000, force est de constater que l'Europe ne sera pas « l'économie de la connaissance la plus dynamique dans le monde d'ici 2010 ». Il est vrai que même si l'objectif de la stratégie est trop ambitieux et que plusieurs de ses aspects étaient voués à l'échec dès le départ, certains de ses aspects peuvent être utiles.

Les objectifs quantitatifs annoncés ont touj ours été voués à l'échec parce qu'ils ne prennent pas en compte les différences initiales et la capacité de chaque pays à les atteindre.

Plus important encore, les objectifs de Lisbonne sont définis en terme de résultats et non pas de mesures en prendre. On sait comment augmenter le taux d'emploi, mais comment atteindre une valeur cible particulière. Ex post il est impossible de déterminer si l'incapacité à atteindre Une certaine valeur cible est due à un effort insuffisant ou à des effets décevants.

Les 102 critères d'évaluation impliquent un fatras de mesures à mettre en oeuvre, dont certains sont importants pour atteindre l'objectif annoncé, et d'autres du tout. Sachant parfaitement que tout ne peut pas être accompli les gouvernements peuvent alors choisir librement de mettre en oeuvres certaines mesures, de préférence les plus banales, et ignorer les autres, souvent les plus importantes. Cet aspect génère des incitations perverses. Les peuvent montrer à bon compte qu'ils ont agi comme promis, et pourtant rien de substantiel n'est accompli.

- établir, le cas échéant, des indicateurs quantitatifs et qualitatifs et des critères d'évaluation par rapport aux meilleures performances mondiales, qui soient adaptés aux besoins des différents États membres et des divers secteurs, de manière à pouvoir comparer les meilleures pratiques ;

- traduire ces lignes directrices européennes en politiques nationales et régionales en fixant des objectifs spécifiques et en adoptant des mesures qui tiennent compte des diversités

nationales et régionales ;

- procéder périodiquement à un suivi, une évaluation et un examen par les pairs, ce qui

permettra à chacun d'en tirer des enseignement.

Conclusion

En termes conjoncturels, les politiques budgétaires et monétaires constituent les deux instruments essentiels de l'Etat pour le contrôle de la politique économique. De l'étude détaillée de ces instruments, ressort une relation très complexe qu'ils entretiennent. L'atteinte de certains objectifs visés par l'Union nécessite l'indépendance des autorités budgétaires et monétaire les unes des autres et une coordination établie sur certaines bases et certaines limitent s'impose. Cette coordination peut être plus favorable à la croissance en fonction du cycle économique. Elle doit aussi veiller à la convergence des conditions économiques de l'ensemble des Etats membres.

L'Union budgétaire s'est accompagnée d'un très important renforcement de la gouvernance favorisé par le Pacte de Stabilité et de croissance.

S'agissant de l'Union monétaire de manière plus générale, elle apporte des avantages pour l'ensemble de la zone Euro bien que l répartition de ces bénéfices dépende de la manière dont les différents pays et leurs agents s'adapteront à la nouvelle situation.

En termes structurels l'hétérogénéité et le dynamisme de toute une union incitent ses forces vives à mettre en oeuvre une politique sur le long terme. Ceci nécessite des efforts d'amélioration des politiques économiques des différents pays.

Une meilleure communication entre la BCE (Banque Centrale Européenne) et les gouvernements (treize(13) au total avec l'entrée le 1er janvier 2007 de la Slovénie) pourrait être un moyen efficace de coordination des politiques budgétaires et des politiques monétaires. Toutefois cette coordination entre ces deux politiques implique celle des treize (13) politiques budgétaire tout en résolvant le problème de calendriers qui se pose.

Union c'est une mise en commun de ressources dont les Etats profitent des avantages. Toutefois il existe des inconvénients : Impossibilité de réaliser les politiques monétaires au niveau national. Aucun Etat de manière individuelle ne peut changer les taux de change pour répondre aux crises économiques temporaires ni modifier de manière unilatérale des taux d'intérêt nationaux. Un effet sur la croissance a favorisé la hausse de la TVA en Allemagne. Il reste à savoir si cette hausse n'aura pas d'impacts sur les autres Etats membres.

Pour mieux profiter des avantages, pourquoi ne pas envisager une union budgétaire plus étroite afin de converger vers un modèle fédéral ? L'adoption commune et formelle de politiques budgétaires des 13 ne permettrait-elle pas à la BCE de jouer le même rôle que l'actuelle Federal Reserve américaine ? Cette politique ouvrirait certainement la voie à un Etat fédéral européen sans mesurer les avantages politiques qu'elle présente.

Le modèle budgétaire et monétaire européen est un modèle qui peut être exportable vers des Union comme l'Union Africaine qui échouent dans la mise sur pied de leur architecture économique.

Bibliographie.

Livres :

· ARTUS, Partick et al. << Réformer le Pacte de stabilité et de croissance » Conseil d'Analyse Économique, La Documentation française. Paris, 2004 - ISBN : 2-11- 0058 18-8

· ARTUS, Patrick et WYPLOSZ, Charles. << La Banque Centrale Européenne >> Conseil d'Analyse Économique, La Documentation française. Paris, 2002 - ISBN : 2-11- 005254-6

· JACQUET, Pierre, PISANI-FERRY, Jean et al. << Questions européennes >> Conseil d'Analyse Économique, La Documentation française. Paris, 2000 - ISBN : 2-11- 004632-5

· TABELLINI, Guido et WYPLOSZ, Charles. << Réformes structurelles et coordination en Europe >> Conseil d'Analyse Économique, La Documentation française. Paris, 2004 - ISBN : 2-11-005816-1

· Cours Histoire de la pensée économique ENSAE 2006 - 2007

Internet :

· Banque Centrale Européenne. Site Officiel. www.ecb.eu

· Union Européenne. Site officiel. www.europa.eu

· www.cae.gouv.fr/rapports






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