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Culture, économie et société: Approche socio-anthropologique du rapport à l'argent chez les Ivoiriens (cas de la population de YAHSEI dans la commune de Yopougon)

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par Abo Jean-Franck KOUADIO
Université de Cocody - Maitrise 2005
  

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    CULTURE, ECONOMIE ET SOCIETE : APPROCHE

    SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DU RAPPORT

    A L'ARGENT CHEZ LES IVOIRIENS 

    (Cas de la population de YAHOSEI dans la commune de Yopougon)

    MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE

    ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Union-Discipline-Travail

    ANNEE ACADEMIQUE

    2005 - 2006

    UFR SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE

    ..............................

    INSTITUT D'ETHNO-SOCIOLOGIE

    ...........................

    DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

    CULTURE, ECONOMIE ET SOCIETE :

    APPROCHE SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE

    DU RAPPORT A L'ARGENT

    CHEZ LES IVOIRIENS

    (Cas de la population de YAHOSEI

    dans la commune de Yopougon)

    PRESENTE PAR : SOUS LA DIRECTIONDE :

    KOUADIO Abo Jean - Franck Pr DEDY Séri Faustin

    Licencié ès sciences sociales Maître de recherche

    SOMMAIRE

    SOMMAIRE ..............................................................................II
    DEDICACE................................................................... .........III
    REMERCIEMENTS .....................................................................IV

    Liste des sigle...........................................................................V
    PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS THEORIQUES ET
    METHODOLOGIQUES ................................................................1
    I Problématique ..........................................................................2
    III Revue documentaire ...................................................................8
    III Objectifs de l'étude .................................................................16
    IV Hypothèse ...........................................................................17
    V Approche conceptuelle ......................................................................18
    VI/ Question de méthode ................................................................24
    DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DU CHAMP DE L'ETUDE ......31
    1/ Présentation de la commune de Yopougon .................................32
    Il Présentation du quartier Yahoséi ...............................................35
    TROISIEME PARTIE ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES.... ....37
    I La représentation de l'argent ......................................................38
    II- Mode d'acquisition de l'argent ................................................40
    III- Utilité fonctionnelle de l'argent ...................................................43

    V- Argent et relation sociale .......................................................46
    V/ Politique éducative pour une meilleure utilisation de l'argent ........48
    CONCLUSION ........................................................................51
    BIBLIOGRAPHIE ....................................................................53
    TABLES DES MATIERES .......................................................56
    ANNEXES.................................................................................60

    DEDICACE

    Je dédie ce mémoire de fin de cycle à mon père KOUADIO Abo Théodore et à ma mère madame OMOA N'Guessan Rufine dont le soutien moral et matériel m'a toujours exhorté dans la voie du devoir et de l'engagement responsable, à mes frères HABOT Koffi et KOUADIO Omoa à mes soeurs ABO Ahoux et KOUADIO Amlan qui m'ont toujours entouré d'une affection réconfortable.

    REMERCIEMENTS

    Toute oeuvre aussi minime soit-elle est souvent l'aboutissement d'efforts conjugués. C'est le cas de ce travail qui a vu le jour grâce à la collaboration de plusieurs personnes qui nous ont apporté leur soutien tant moral, financier que matériel. Avant d'en exposer les résultats, nous tenons à les remercier très sincèrement. Il s'agit de :

    Notre directeur de recherche, le professeur DEDY Séri Faustin pour son dévouement et le temps qu'il nous a consacré tout au long de ce travail. Ses conseils ne se sont jamais démentis aux différents stades de la recherche.

    Monsieur KOUADIO Clément qui nous a encadré au cours de l'élaboration de ce travail.

    Monsieur KOUADIO Abo Théodore et sont épouse pour leur soutien financier et moral

    Messieurs KANGA Kouakou Auguste, ZAN Bi Antoine et NAHI Prégnon Claude qui m'ont donné de leurs temps et mis à ma disposition leur matériel pour la saisi et l'impression de ce présent travail,

    Nos condisciples pour leur concours incommensurable, en particulier Adja Brou Louis qui a entièrement lu ce travail

    Nous ne saurions oublier nos enquêtés qui ont bien voulu s'entretenir avec nous pour la réalisation de cet ouvrage et toutes les personnes qui ont de façon directe ou indirecte contribuer à la conception de ce travail.

    LISTE DES SIGLES EMPLOYES

    CCF : centre culturel français

    COOPEC : coopérative d'épargne et de crédit

    IES : Institut d'ethno-sociologie

    IFEF : Institut de formation et d'éducation féminine

    IRD : Institut de recherche et de développement

    MST : maladie sexuellement transmissible

    ONG : Organisation non gouvernementale

    PME : Petite et moyenne entreprise

    SICOGI : Société Ivoirienne de construction et de gestion de l'immobilier

    SIDECI : société immobilière de la Côte d'Ivoire

    PREMIERE PARTIE

    CONSIDERATIONS D'ORDRE THEORIQUES

    ET METHODOLOGIQUES

    I- PROBLEMATIQUE

    « J'ai vécu sans argent ; j'ai vécu avec argent et j'ai une confession à faire : il est toujours préférable de vivre avec argent que sans ; l'argent est utile  il ne faut pas en être esclave c'est tout. Je ne suis pas contre l'argent ; il faut l'utiliser. C'est une bonne invention utilitaire, cela aide. C'est extrêmement utile. Mais utilisez le, ne soyez pas utilisés par lui. L'argent ne devrait pas être votre maître, vous devriez en être le maître, c'est tout... »1(*). Telle est l'attitude d'Osho à propos de l'argent. A la lumière de cette pensée d'Osho qui révèle d'ailleurs son attitude envers l'argent, deux réflexions s'imposent à nous :

    Premièrement, il n'y a pas de doute de l'utilité de l'argent tant il permet de se nourrir, de se loger, de s'occuper des enfants, des vieux, de se distraire et pourquoi pas de créer des oeuvres d'art. C'est ce que Bernard PERRET a appelé «  l'économie de rez-de-chaussée »2(*).

    Deuxièmement, l'argent du fait qu'il apparaît d'après PERRET comme la seule médiation possible dans un nombre toujours croissant de situations comporte de redoutables effets pervers.

    En effet, en devenant la mesure de toute chose il réduit la diversité et la richesse des formes d'échange (engagements politiques, associatif...) ou des critères de valorisation sociale, culturelle, éthique et il nous rend myope sur notre bien-être collectif. Il oblige les grandes entreprises à renoncer à leurs responsabilités « institutionnelles » (sociales ou nationales) pour se plier à la logique des marchés financiers. En faisant reculer « la citoyenneté sociale », il menace la nation elle-même. En un mot, l'argent devient le moteur de tout échange et toute valeur. Partant donc de ce constat qui révèle bien évidemment qu'aucun échange n'est possible sans argent, il est important de savoir comment les échanges se faisaient dans nos sociétés ivoiriennes traditionnelles avant la monétarisation.

    Dans nos sociétés, l'univers économique traditionnel se caractérisait par l'existence sur le plan de la motivation de paliers d'orientations précis, sur le plan de la substance de niveaux d'activités différenciées, sur le plan de la forme d'une organisation de la production. Cette technique d'échange consistait chez certains peuples à exprimer les prix en tête de bétail donnant à celle-ci la signification d'une monnaie de compte avant la lettre. L'existence de cette monnaie de compte est sous-jacente à la notion d'échange alors que ces échanges se faisaient sous la forme primitive du troc.

    Le comportement de l'agent économique traditionnel était d'une manière schématique traduit par la nécessité de satisfaire trois types de besoins à finalité distante que sont : l'économique, le social, le domestique. Le système économique traditionnel permettait à la société de satisfaire ses besoins alimentaires quotidiens puis des exigences de l'organisation sociale en matière matrimoniale notamment. Ainsi, comment l'homme riche, le volume de richesse, la nature et la fonction de la richesse étaient-ils représentés dans nos sociétés traditionnelles ?

    Chez les Gouro par exemple, chaque lignage conserve le souvenir d'un ou plusieurs Ancêtres qui se distinguèrent par l'importance de leur patrimoine. On les appelle les « migone » en forêt, « fua » en savane.  Le migone dit-on à Suéfla (village gouro) avait des boeufs, des moutons, des chèvres, des esclaves, des vahudago, des ivoires, des bro. Ailleurs, ils possédaient aussi des fusils, des objets rehaussés d'or ou d'autres variétés de pagnes. Si un homme est riche dit-on à Dogbafla, il devait avoir beaucoup de boeufs dans le village et tous savaient qu'il était riche. Mais à Zraluho, on dit qu'un fua était un homme qui avait beaucoup de Kola. Le migone ou le fua jouait un rôle politique éminent dans la collectivité villageoise.

    Selon les traditionalistes Gouro, la richesse est un accomplissement social car seuls les vieux disent-ils sont migone et quand on est migone, c'est pour la vie. Ils opposent cet aspect de la richesse aux formes modernes du profit puisque celui qui est riche aujourd'hui peut être pauvre demain. La richesse se décompose en biens d'origine domestique (pagnes et ivoires), biens à la fois domestique (gros bétails et esclaves) et biens importés (fer ou forme de bro ou sompè, fusils de traite). La proportion de ces biens variait d'un cas à un autre. Elle variait aussi entre les fua du Nord et le migone du Sud.

    En effet, l'économie prit une autre dimension après l'avènement de la colonisation de par l'introduction des cultures commerciales telles que le café, le cacao, l'hévéa. Cette nouvelle forme d'économie qui donna naissance à la monnaie, instrument d'échange et de réserve qui désormais reproduira les rapports de la société. Ces échanges passaient de la formule du troc à celle du commerce. Cette notion d'échange aura pour caractéristique l'utilisation de l `argent avec la recherche du profit.

    « L'accroissement général des revenus et la capacité des ménages ivoiriens conjugués à la forte poussée démographique que connaît la Côte d'Ivoire a entraîné des changements importants dans la structure de la population et dans son comportement social. »3(*).Celle-ci est perceptible à travers la désintégration massive de la famille. L'autorité parentale s'effrite au fur et à mesure que les valeurs liées à l'argent l'emportent sur celles de l'ethos traditionnel. En clair, on assiste à la déstructuration de la famille si l'on considère que c'est au foyer dès le plus jeune âge que commencent à se forger les valeurs d'un individu, personne ne pourrait donc expliquer la trop grande absence des parents dans l'éducation de leurs enfants. Trop occupés à gagner de quoi faire vivre leur famille ou trop absorbés par la poursuite de leurs objectifs personnels, l'éducation des enfants est laissée pour compte.

    Parfois, le ménage se trouve menacé par cette course effrénée à l'argent ; faute de communication, la moitié des mariages s'achèvent par un divorce. La famille qui était le meilleur cadre de socialisation des enfants se trouve aujourd'hui disloquée, obligeant les enfants à errer dans les rues, à s'adonner à la drogue, l'alcool parce que le monde capitaliste dans lequel nous vivons oblige des femmes à se retrouver sur le marché du travail, des hommes à passer des journées entières à la recherche de l'argent.

    L'argent devenu empereur suprême du monde nouveau qui au nom du progrès nous réduit tous, Américains, Européens, Africains en esclaves. ils ne peuvent plus gérer librement leur temps et leurs besoins, esclaves de ces biens convoités qui nous écrasent par leurs exigences et créent des rivalités, l'extorsion, la concupiscence, la corruption, détournement à une échelle jamais atteinte.

    Bon nombre de concitoyens de par leur position (statut social) soutirent de l'argent aux autres. C'est ainsi que les policiers et gendarmes se permettent de racketter les conducteurs de véhicules ; les magistrats vendent leur verdict en faveur de celui qui paye le plus. Les douaniers empochent ce qu'ils encaissent sur les marchandises. Les journalistes vendent leurs articles ou font du chantage auprès des hommes connus et qui ont des choses à se reprocher. Les enseignants vendent les notes.

    C'est dans ce même sens que Tidiane DIAKITE a affirmé « la corruption constitue la plaie la plus criante de l'administration. Elle apparaît comme une pratique institutionnalisée ancrée dans les moeurs et les consciences ; il est impossible de traiter la moindre affaire sans «graisser la patte» »4(*). Quant à ceux qui ne s'adonnent pas à ce genre de pratique ils préfèrent consulter des marabouts qui leurs prescrivent des sacrifices les plus ahurissants c'est-à-dire des sacrifices humains.

    Pratiquement chaque jour, la presse fait mention d'hommes et de femmes grugés par des multiplicateurs de billets de banque. C'est ainsi que beaucoup d'ivoiriens s'appauvrissent plus de jour en jour pour avoir voulu être riches dans l'immédiat, pour avoir cru à des sortilèges. Même le monde religieux n'échappe pas à ce pouvoir séducteur de l'argent. Aujourd'hui, l'église est le meilleur investissement qui puisse exister. Pour cela, des centaines d'individus s'érigent en hommes d'église sous des prétextes fallacieux pour tout simplement s'enrichir de la quête de leur alter ego assoiffé de vérité.

    On assiste donc à des quêtes interminables derrière des paroles dites de façon indirecte pour obliger à se dépouiller soi-même. La course à l'argent et au gain emmène certains religieux à se faire payer leurs prestations, faire acheter des cierges, des sacramentaux à des prix élevés y compris les places assises aux fidèles.

    Le couple Argent-Marché étend sa domination dans le domaine sanitaire. Des professionnels de santé se montrent très intéressés par l'argent que par la santé de leurs patients. De ce fait, l'on assiste à la vente parallèle des médicaments au sein des centres de santé. Les médecins vendent généralement des médicaments obtenus gratuitement des O.N.G, de l'Etat. Ils vont jusqu'à détourner et orienter les malades vers des structures privées les obligeant presque à aller faire leurs examens dans une structure de santé privée avec laquelle ces agents passent des accords à titre personnel en échange d'une commission.

    Tous ces constats parlent d'eux-mêmes. Et l'idée qui en ressort est de voir le pouvoir qu'exerce l'argent sur l'esprit humain. Aujourd'hui, l'argent n'est pas un pur instrument d'échanges, un signe de circulation de biens. Il se convertit en un instrument de puissance qui reproduit les rapports de la société dans ces divisions politiques, économiques sociales et culturelles. En effet, l'argent permet à certains de se rendre maître des goûts et des penchants pour pouvoir les diriger et les déterminer dans le sens de leurs propres fins.

    Aussi, l'on ne pourrait ignorer la survenue des événements qui se sont produits dans la nuit du 18 au 19 septembre 2006 en Côte d'Ivoire précisément dans le District d'Abidjan et ses alentours. Des déchets toxiques ont été déversés le long des côtes lagunaires, dans les différentes décharges provoquant ainsi des problèmes de santé chez les populations voire des décès déclarés. Ces incidents criminels ont été possibles parce que certains ivoiriens ont prêté le flan en acceptant de l'argent au prix des vies humaines, alors qu'ils savaient les dangers que cela représentaient et les problèmes graves auxquels les populations seraient exposées. A cause de l'argent les institutions ivoiriennes ne comptent plus, les hommes encore moins. Pour certains, une chose compte : l'argent, toujours l'argent, rien que l'argent ; les vies humaines ils s'enfichent. Les montages financiers fictifs, les détournements de fonds, les fausses factures, les surfacturations, les faux en écriture comptable, les fausses déclarations ne suffisent plus à amasser facilement de l'argent. Il faut maintenant tuer, tuer et toujours tuer parfois en nombre tant que ça rapporte.

    Il est vrai que tout ce que Dieu a créé pour accompagner l'homme doit servir à s'épanouir, à se nourrir, à se défendre, en un mot à vivre. En effet, l'argent dont on se sert pour se nourrir, s'habiller peut contrairement à son usage être source de tueries, d'agressions, de conflits. De même que la plante qui soigne tue, le feu qui cuit nos repas brûle et tue, et l'eau qui étanche notre soif devient source de noyade, il en est de même pour l'argent qui peut à la fois nous faire vivre ou nous tuer. Tout dépend du maniement qu'en fait l'utilisateur.

    Au regard de tout ce qui précède sur le tableau socio-économique de la société ivoirienne et qui montre l'intérêt de plus en plus grandissant que les ivoiriens accordent à l'argent, des interrogations méritent d'être posées ou soulevées. Comment les Ivoiriens se représentent-ils l'argent ? En d'autres termes, quelle représentation se font-ils de l'argent ? En un mot, qu'est- ce que l'argent pour eux ?

    La représentation qu'ils se font de l'argent déterminera les différents comportements à adopter pour en acquérir. Partant de là, quels sont donc les comportements que développent les ivoiriens pour acquérir de l'argent ? Autrement dit, quels sont les stratégies ou les modes d'acquisition d'argent chez les ivoiriens ?

    Quelles sont les fins auxquelles cette matière acquise est-elle destinée ou est utilisée ?

    Enfin, l'utilisation de l'argent n'est pas sans conséquence sur les rapports sociaux : rapports familiaux, inter ou intra générationnels inter-relationnels intercommunautaires ?

    Cela nous emmène à l'interrogation suivante : quelles sont les conséquences de l'utilisation de l'argent ?

    II- REVUE DOCUMENTAIRE

    L'examen de la revue littéraire révèle que la documentation existante porte sur l'organisation sociale et économique de nos sociétés ivoiriennes, sur la rationalité économique et les nouveaux types de comportements sociaux, et enfin sur le mode de fonctionnement de l'économie dans les sociétés.

    1- L'organisation sociale et économique de nos sociétés ivoiriennes

    Alfred SCHWARTZ (1970)5(*) montre que l'organisation de la société traditionnelle se caractérisait par l'existence de paliers d'orientation précis, par des niveaux d'activités différenciés c'est-à-dire une organisation hautement rationnelle de la production. Son écrit parle également de l'organisation sociale de ladite société et les changements intervenus. La finalité économique de cette société était orientée par le truchement de l'échange vers l'acquisition de biens rares et complémentaires. Cette activité d'échanges reposait essentiellement sur le troc.

    Aussi Alfred SCHWARTZ avait pour objectif de saisir l'impact de l'introduction de la culture commerciale sur l'agriculture de subsistance et cerner les problèmes qui en ont découlés. Selon lui, le comportement de l'agent économique était motivé par la nécessité de satisfaire trois (03) types de besoins; à savoir : domestique, social, économique.

    L'organisation traditionnelle de la production se caractérisait par trois principes : la spécialisation clanique, la division sociale du travail et l'existence d'un système de contrôle. Cette économie était produite par des groupes domestiques (famille conjugale mono ou polygynique) qui représentaient l'élément de travail permanent de l'unité de production, par des sociétés d'entraide. Cependant selon toujours l'auteur, l'introduction de l'agriculture commerciale viendra perturber les fondements de cet univers économique traditionnel. Car le passage de l'économie de besoin à une économie de profit a fait de la monnaie un instrument d'échange et de réserve par excellence. La diffusion de l'économie monétaire a en fait rompu un certain nombre d'équilibres : éclatement des cadres sociaux traditionnels, dispersion géographique de la production, dégradation du schéma d'autorité. En tout, la substitution de la monnaie aux biens rares anciens a opéré un véritable renversement dans la hiérarchie traditionnelle des rapports de production, et l'individualisation des cellules de productions.

    Mais l'auteur ne révèle pas les déterminants socio-culturels qui, influencent cette dynamique. Or ces facteurs sont importants pour ce qui concerne la compréhension et l'explication des conséquences sociales de l'usage de l'argent. Aussi la circonscription du champ de l'étude et les caractéristiques socio-économiques du peuple guéré ne sont pas pertinente pour percevoir le rapport à l'argent, car chaque groupe ethnique à ses caractéristiques intrinsèque qui la déterminent quant à son mode de production économique. Ce qui à pour conséquence de donner une vision partielle du rapport à l'argent chez les ivoiriens.

    Claude MEILLASSOUX6(*) (1964) montre que dans la société Gouro, la polarisation des rapports de production autour de l'aîné, le droit éminent et discrétionnaire qu'exerce celui-ci sur le produit du travail en est la condition sociale. Pour les Gouro l'homme riche est influent. La nature de cette richesse se résumait à des objets comme l'or, l'ivoire ou les pagnes ; c'est-à-dire ceux qui n'entraient pas dans le processus de la production et qui n'étaient pas non plus des biens de consommation. La richesse traditionnelle Gouro s'appuie sur le système de l'économie communautaire et procède de la hiérarchie sociale. La possession de biens détermine le statut de celui qui les détient ; par conséquent préserve et perpétue la structure de la société par la sanction des rapports matrimoniaux.

    Aussi l'auteur reconnaît-il que la généralisation des échanges, la commercialisation des produits a désagrégé l'organisation communautaire Gouro.

    Cet ouvrage évoque les caractéristiques de l'homme riche et le statut qu'il acquiert au sein de sa société d'appartenance. Toutefois l'auteur ne décrit pas les mécanismes de constructions de la représentation de la richesse.

    2- La rationalité économique et les nouveaux types de comportements sociaux

    Max WEBER7(*) (1971) situe les fondements de l'activité économique. Il décrit cette activité comme étant rationnelle, orientée en finalité et planifiée. Selon lui, les échanges dans le domaine économique sont de deux sortes : ils sont soit traditionnels, soit rationnels. Lorsqu'ils sont conditionnés par la tradition ces échanges se déroulent selon des règles conventionnelles et déterminés par des considérations rationnelles (gains, profits, satisfaction maximale, calcul).

    Cet ouvrage constitue un support pour toute analyse et étude relative à la compréhension de l'économie, les comportements des agents économiques. Mieux, il établit une corrélation entre les différents types de systèmes économiques et les sociétés correspondantes. Cet ouvrage offre aux lecteurs et professionnels des sciences sociales des concepts et notions clés usitées pour des analyses socio-économiques.

    Maurice GODELIER8(*) (1971) souligne que la nécessité de l'apparition et de la disparition des systèmes socio-économiques dans l'histoire est une nécessité qui soit entièrement intérieure aux structures concrètes de la vie sociale. Pour lui, la rationalité économique englobe les mots tels que efficacité, rentabilité, productivité, prévision. Cette rationalité entraîne des comportements rationnels chez les individus.

    Pour lui, un comportement rationnel chez un agent économique c'est lorsque celui-ci poursuit des fins cohérentes avec elles-mêmes et emploie des moyens appropriés aux fins poursuivies. Dans le comportement rationnel la fin et les moyens de l'action quantifiés. La rationalité économique se réalise par l'entremise des moyens pour ses fins.

    Il met l'accent sur la rationalité qui guide les modes d'acquisition des biens. En parlant de rationalité, il soulève l'aspect concernant la représentation, la motivation, le sens que les agents économiques sont font dans leurs stratégies d'acquisition de l'argent. Ce faisant, l'auteur, isole l'individu de la société tout en ignorant les impacts du milieu social et de la culture quant aux modes et moyens mise en place pour se procurer de l'argent.

    Le Ministère du Plan de la République de Côte d'Ivoire9(*) révèle que l'apparition de la monnaie dans le vécu des ivoiriens a introduit des nouvelles manières d'expression et de maintien des valeurs des communautés sociales. Les modes des relations sociales, l'organisation de la parenté, le mode des rapports sociaux entre l'homme et la femme sont affectés. L'organisation sociale, culturelle et économique repose désormais sur la valeur « Argent ». Aussi, l'introduction de l'économie de marché a-t-elle provoquée des changements dans le comportement économique des paysans et par extension des Ivoiriens. De leur confession, il ressort que « L'argent est devenu leur Dieu. » De part ce fait, la commercialisation des produits de la terre est un facteur d'acquisition. L'existence sociale des Ivoiriens est devenue dépendante de l'argent.

    YAO Gnabeli Roch10(*) (1992), montre que la monnaie a instauré une marginalisation progressive de l'individu par rapport aux membres du groupe. Son étude révèle que l'opinion publique considère l'argent comme un facteur de déstabilisation socio-économique et culturelle. Les valeurs telle que la solidarité sont absorbées.

    Aussi les formes traditionnelles d'organisation et de sociabilité ne peuvent-elles maintenir ses structures sous la poussée de l'usage actuel de la monnaie comme finalité. Le pouvoir de l'argent donne à son possesseur un statut social dominant. Les stratégies développées lors des événements (mariages, décès) attestent les discriminations sociales, les hiérarchies des pouvoirs et celles des fortunes. Par ailleurs, l'usage de la monnaie dans la société ivoirienne comme l'évoque l'auteur n'est pas seulement appréhender en terme déstructuration de la dite société. Mais s'inscrit aussi dans la redynamisation économique, sociale et culturelle amorcé par le processus de monétarisation. Aussi cet ouvrage constitue-t-il un atout pour la présente étude.

    Cependant il ne fait pas cas des raisons explicatives qui suscitent le changement de comportement au point de leur faire adopter un mode vie nouveau, des attitudes nouvelles, dans l'acquisition et l'utilisation de l'argent.

    3- Le mode de fonctionnement de l'économique dans les sociétés

    Tidiane DIAKITE11(*) (1996) aborde la corruption avec beaucoup de rigueur. Il décrit cette pratique comme constituant la plaie la plus criante de l'administration et apparaît comme institutionnalisée, ancrée dans les moeurs et les consciences. Celle-ci s'observe à tous les niveaux d'activités. Ce qui a pour conséquence immédiate d'empêcher voire ne pas favoriser le développement de l'Afrique en général et particulièrement la Côte d'Ivoire. Il est rejoint dans sa thèse par Mamadou L. DIALLO12(*) souligne qu'il y a une sorte de nivellement social voulu et activement recherché. La quête de vouloir faire fortune entraîne le manque de transparence dans le traitement des affaires. De même, le fait de ne pas rejeter la réussite qui découle de l'arbitraire pousse les individus à adopter différentes stratégies pourvues qu'elles procurent la richesse, l'abondance financière. Ces pratiques sont adoptées parce qu'elles ne modifient pas les rapports au sein des groupes et conduisent enfin de compte à la redistribution des ressources ainsi obtenues.

    Ces deux auteurs à travers leur ouvrage respectif traitent de la corruption comme un mode d'acquisition de l'argent auquel les ivoiriens ont recourt ; tout en ignorant les stratégies légales pour s'en a procuré. Toutefois, il n'offre pas de proposition quant à l'élimination du phénomène et n'interviennent pas sur les autres aspects de notre étude tels que : la représentation que les ivoiriens se font de l'argent, de l'utilité fonctionnelle de l'argent en terme de conséquences sociales et économiques

    Bernard PERRET13(*) (1999) dessine les contours de la nouvelle civilisation de l'argent. Il constate que celui-ci ne cesse de conquérir de nouveaux territoires et devient la mesure de tout échange et de toute valeur. Il révèle que la monétarisation plus ou moins imposée de l'existence quotidienne a pour conséquence d'accroître la marginalisation et la dépendance économique des couches les plus défavorisées et La société élimine le non monétaire. PERRET B. examine aussi les défis nouveaux de la financiarisation. Il montre en outre que tout se monnaie de plus en plus rapidement et cyniquement. La culture marchande gagne du terrain. De même, il fait une analyse de l'enchâssement de l'économique dans le social et s'inquiète de la disjonction entre l'économique et le social. Pour lui l'accession aux biens rares passe pour l'individu avant toute implication dans la vie de la cité qui devient par certains aspects abstraits. Il met en évidence le glissement de l'économie de marché vers la société de marché. Ce glissement découle de la commodification des rapports sociaux. Tout s'inscrit dans un rapport marchand et commercial. Ainsi l'auteur identifie-t-il cinq enjeux majeurs à savoir le couplage entre la régulation sociale du monde du travail et la distribution, le développement d'inégalités non monétaires, le découplage entre la notion d'assurance et celle de solidarité, la dévalorisation des médiations sociales, le recours à une stratégie fondée sur le seul travail. En somme, l'ouvrage montre que la dénaturalisation de l'argent a modifié les conduites sociales. Autrement dit, la monétarisation phagocyte le politique, le social et fait progressivement de chacun de nous un vulgaire centre de profits.

    Jean RIVOIRE14(*) (1985) montre le but de l'institution de la monnaie dans le monde. Ainsi afin de réguler les échanges entre les Etats et les individus eux-mêmes, la monnaie fut son apparition au sein de différents pays sous plusieurs formes. De dépréciation en dévaluation, elle fut son évolution et une base de stabilisation rigide lui est trouvée. En somme il est à noter que l'auteur a focalisé ses analyses sur les raisons de l'institution de la monnaie et de son rôle au sein des différentes populations, ignorant ainsi son mode d'acquisition et sa représentation sous différents aspects dans les sociétés.

    Bini De BORDJO YAO15(*) (1995) s'atèle à apporter un élément de changement dans la vie sociale et économique de tout lecteur c'est -à- dire révolter pacifiquement et apporter un plus à ce qui est déjà. Ainsi prône-t-il le travail pour un salaire afin de satisfaire ses besoins et ajouter quelque chose de positif à l'humanité. Il exhorte à chercher à devenir son propre patron à partir d'un projet ficelé et beaucoup d'abnégations. Il faut donc travailler pour l'acquérir et par la suite faire du bien par notre fortune. L'ouvrage offre des témoignages de célèbres hommes milliardaires et qui pourtant avaient une vie vide de sens, et qui étaient malheureux. L'argent sert à aider les autres et non à nager dans des dépenses futiles dit l'auteur. Enfin selon lui, vouloir faire fortune n'est pas mauvaise en soi ; mais il faut travailler honnêtement sans faire de tort autour de soi, avoir beaucoup de courage pour surmonter les épreuves parce qu'il en aura toujours, surtout utiliser son argent pour tendre une main secourable lorsque le besoin s'en fait sentir.

    Contrairement à Bini DE BORDJO YAO qui prône le travail pour une plus grande humanisation de l'homme, JACQUES ATTALI16(*) met en évidence la thèse de l'exploitation et de la déshumanisation de l'homme au travail. Il articule cette histoire (de la propriété) autour de trois ordres : l'ordre cannibale ou religieux ayant pour bien essentiel la femme, l'ordre impérial avec pour bien fertile la terre et l'ordre marchand avec pour bien vital l'argent.

    Pour la compréhension du fondement du rapport à la richesse (accumulation de biens) dans la dynamique des sociétés traditionnelles européennes, africaines et particulièrement celle des ivoiriens, l'ouvrage de JACQUES ATTALI est d'un apport considérable. Les idées de l'auteur entre dans la droite ligne de notre étude.

    Mais le temps et l'espace n'étant plus les même, nous nous attèlerons dans notre étude à analyser les fondements de la dynamique (économique et sociale) de la société ivoirienne.

    En définitive, ces ouvrages ont certes traité des questions de culture, d'économie, et de société en tant que structures sociales et analyser les interrelations entre ces différents concepts dans d'autres sociétés. Cependant il manque des études qui ont trait à l'analyse de la dynamique des institutions sociales traditionnelles, à l'apparition et au développement d'attitudes et d'habitudes nouvelles, relative à la représentation de l'argent, à son mode d'acquisition et à ses conséquences sociales en terme d'usage en Côte d'Ivoire. C'est à cette insuffisance que nous voulons palier en analysant ce thème.

    III- OBJECTIFS DE L'ETUDE

    1. Objectif général

    La présente étude vise à mettre en évidence les représentations que les Ivoiriens se font de l'argent.

    2. Objectifs spécifiques

    · Montrer l'importance et la représentation que se font les Ivoiriens de l'argent

    · Identifier et décrire les moyens auxquels ils ont recours pour acquérir ce bien.

    · Mettre en évidence l'utilité fonctionnelle de l'argent en terme de construction et de déconstruction sociale.

    · Mettre en avant une politique éducative pour en utilisant les voies et moyens normaux pour l'acquisition de celui-ci.

    V - HYPOTHESES

    Dans la recherche de leur mieux-être, les ivoiriens se font une représentation de l'argent en fonction des facteurs socio-culturel, socio économique et socio politique.

    · Sous l'angle socio-culturel, l'individu qui vie au sein d'un groupe social s'imprègne des valeurs de son environnement qui constituent pour lui un repère dans sa recherche de l'argent et son usage.

    · Sous le rapport socio-économique, la sécheresse économique que vivent la plupart des ménages est renforcée par la guerre et par une faible progression de l'emploi qui crée des rapports à l'argent et des comportements quant à la manière de l'acquérir.

    · Au niveau politique, le relâchement de l'état dans le processus d'éducation, de la formation et de l'insertion socio-professionnelle a amené les individus à utiliser les voies et moyens illicites pour acquérir l'argent.

    Avant de procéder à la vérification des hypothèses, il est nécessaire de s'atteler à la classification des concepts qui sont important à la compréhension de notre étude. Ce sont les concepts : Culture, économie approche socio-anthropologique et argent.

    VI- APPROCHE CONCEPTUELLE

    1- Culture

    La culture selon Edwards TYLOR se définit comme  « un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes, ainsi que toutes les autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une société. »17(*) Elle est selon Jean GOLFIN  « la manière de concevoir la vie, de l'organiser et la vie caractérise une société donnée, et lui confère son visage original. La culture est pour chacun des membres d'une société une dotation reçue à la naissance qui l'informe de ses profondeurs et qui ne peut jamais être complètement reniée. »18(*)  Il est nécessaire de préciser que la culture n'est pas statique et qu'elle peut par conséquent ajouter, modifier ou éliminer des éléments. Elle est un résultat de la vie sociale, donc propre à toute société.

    Une autre explication importante est que la culture résulte de l'activité sociale. Ce qui signifie qu'il n'y a pas de culture individuelle ; elle est toujours et uniquement collective. Elle apparaît donc un résultat particulier et unique de chaque société à s'adapter à son environnement à travers sa propre histoire. Pour Guy ROCHER, la culture est « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises ou partagées par une pluralité de personnes, servent d'une manière à la fois objective et symbolique, à se situer ces personnes en une collectivité distincte »19(*). De cette définition, on peut dire que la culture est l'ensemble des connaissances acquises par un individu, l'ensemble des activités soumises à des normes socialement et historiquement différenciées et des modèles de comportements transmissibles par l'éducation propre à un groupe social. Ainsi doivent être pris en compte tout ce qui peut être ainsi comme un élément organisant ou régulant la vie sociale, tous les modèles qui structurent la vie collective, l'équipement mental et organisationnel d'une société.

    2- L'économie

    L'économie est « la science qui permet de déterminer comment sont produits les biens et services, comment ils s'échangent et comment ils sont consommés »20(*). En d'autres termes, c'est l'ensemble des faits relatifs à la production, à la circulation, à la répartition et à la consommation des richesses dans une société. Selon Karl MARX, « l'économie est l'utilisation (ou la science de l'utilisation) de moyens rares pour des fins multiples »21(*). Cette définition met l'accent sur l'allocation des ressources en vue de la consommation. Le fait économique principal est cependant la production des moyens d'existence par le travail. Viennent ensuite la distribution, l'échange des biens et enfin la consommation.

    Ainsi pour Karl MARX la structure de la vie économique détermine la vie sociale dans divers secteurs. Elle préexiste à l'action de l'individu qui se trouve par-là (en tant qu'homo oeconomicus) considérablement conditionné. De par cette définition, il transparaît la distinction de différentes formes d'économie. On parle d'économie dite traditionnelle, économie capitaliste, économie socialiste, économie marchande ou monétaire.

    En effet dans l'activité économique traditionnelle, le système de production est dominé par le don et le contre-don. On dénombrait comme activités de production la cueillette, le ramassage, la pêche, le chasse. Le groupe ne produisait que pour lui-même ; l'organisation de cette activité économique se structurait autour des clans : unités de production. L'économie traditionnelle est définie par un manque (l'absence) des formes d'échange marchand et monétaires.

    Quant à l'économie de marché ou monétaire, on parle d'activité rationnelle dont les finalités selon Max WEBER sont l'efficacité, la rentabilité, le calcul, la gestion, l'organisation du travail. En d'autres termes la rationalité économique moderne ou marchande fait de l'argent «le maître des échanges `' où la fin et les moyens de l'action sont quantifiés en terme de monnaie, de capital.

    En Côte d'Ivoire, on est passé par différentes étapes dans l'histoire de son économie : du capitalisme d'Etat où les entreprises étaient sous la gestion principale étatique dont l'action sociale soutendait les activités à un capitalisme privatisé. Les firmes détentrices du capital majeur définissent désormais les politiques d'orientations économiques dont les articulations sont le maximum de gain, l'optimalisation de la productivité, de choix économique. Ce système capitaliste de production suppose selon l'expression de Karl MARX « une économie marchande où les biens s'achètent et se vendent (d'où il convient de distinguer valeur d'usage et valeur d'échange d'une marchandise) (...) où l'argent peut y devenir capital (...) le capital, c'est l'argent qui«des petits» »22(*)

    Nous retiendrons dans le cadre de notre étude que l'économie est l'ensemble des faits relatifs à la production, à la distribution et à consommation des richesses. Elle concerne aussi bien les stratégies mise en place pour acquérir les biens (capital), que les échanges et l'utilisation qu'on en fait (achat, vente, thésaurisation).

    3- Approche socio-anthropologique

    L'approche socio-anthropologique est une étude empirique multidimensionnelle des groupes sociaux concernés et de leurs interactions, dans une perspective diachronique et combinant l'analyse de leurs pratiques à celles de leurs représentations. Il s'agit de prendre en compte dans ces groupes leurs dynamiques de reproduction (transformation sociale), leurs comportements et les significations qu'ils accordent à ces comportements.

    Notre pensée se donne pour tâche majeure d'investir par les lumières de la raison  l'impensé qui la commande et la contrôle. En somme, la dimension socio-anthropologique permet au chercheur d'oeuvrer dans son cadre en considérant d'une part tout ce qui concerne l'homme dans son environnement social, ses faits, ses représentations, ses manières d'agir et le sens qu'il accorde à sa vision des choses, à sa vision des êtres, du monde et de l'histoire, et d'autre part pour lui-même la capacité de se remettre en question et de se reconsidérer, de relire, de réfléchir son engagement pour sa transformation.

    Ainsi dans le cadre de notre étude faire l'analyse socio-anthropologique du rapport à l'argent chez les ivoiriens, suppose étudier la recherche des valeurs et du sens que ces populations se font dans leur relations avec la monnaie, comportements qui en découlent, leurs significations et les mutations qui apparaissent dans cette relation entre la culture, l'économie et la société. En clair, il s'agit d'élucider leur remise en question, leur reconsidération, leur relecture et réflexion qui naissent de l'usage, des stratégies d'acquisition et de manipulation de l'argent dans la société ivoirienne d'une part et les manières de conservation et d'accumulation d'autre part.

    4- Argent

    L'argent est un instrument ou un moyen de transaction lié à un système monétaire qui valorise les échanges financiers et monétaires. De par ce fait, l'échange c'est toute offre fondée sur un contrat librement consenti, d'utilités effectives, continues ou futures répondant à une offre de prestations analogues, quelle qu'elle soit. Cette offre peut être conditionnée par la tradition c'est-à-dire se dérouler selon des règles conventionnelles, soit déterminée par des considérations rationnelles. Aussi cette conception de la monnaie est renforcée par KNAPP qui voit en la monnaie « un instrument de paiement chartal faisant office de moyens d'échanges »23(*). Est chartal, tous les types de monnaies estampillées et fractionnées métalliques et non métalliques dont la valeur relève d'une disposition légale ou d'une convention.

    « Historiquement selon l'écrit des premiers économistes, on entendait par monnaie les métaux précieux et les pièces fabriqués avec ces métaux. On utilisait aussi les billets pour acheter ou vendre, emprunter et prêter ; mais ces billets, manuscrits ou imprimés, n'étaient généralement que des promesses de paiement, en or ou en argent soit immédiatement et au porteur, soit à une date spécifiée. Par la suite à la monnaie métallique, s'ajoute une quantité beaucoup plus grande de papier-monnaie que représente le chèque »24(*).

    Cette évolution est notable chez certains peuples comme les Mandé de Côte d'Ivoire où l'argent est de plus en plus amené à remplacer les vaches dans les situations où les réseaux personnels et les relations d'affaires sont devenues plus importantes que les rapports de parenté ou communautaire. De même, chez les Indiens Yucuna de l'Amazonie colombienne où le marché et l'argent restent en marge d'un système traditionnel, les effets de l'argent dans ce domaine sont loin d'être négligeables.

    Pour notre étude, l'argent est un instrument d'échange et de réserve par excellence. Il permet d'acquérir les bien et services et peut être aussi thésaurisé. L'argent peut être sous deux formes : la forme fudiciaire (billet de banque et pièces métalliques auxquels on donne des valeurs conventionnelles) et la forme scripturale (chèques, monnaie électronique).

    5- Représentations sociales 

    Représenter vient du latin repraesentare, rendre présent. Le dictionnaire Larousse précise qu'en philosophie, « la représentation est ce par quoi un objet est présent à l'esprit » et qu'en psychologie « c'est une perception, une image mentale dont le contenu se rapporte à un objet, à une situation, à une scène du monde dans lequel vit le sujet ».

    La représentation sociale est « l'action de rendre sensible quelque chose au moyen d'une figure, d'un symbole, d'un signe ». Pour FISCHER G.N (1987, p.118) « la représentation sociale est un processus d'élaboration perceptive et mentale de la réalité qui transforme les objets sociaux

    (personnes, contextes, situations) en catégories symboliques (valeurs, croyances, idéologies) et leur confère un statut cognitif permettant d'appréhender les aspects de la vie ordinaire par un recadrage de nos propres conduites à l'intérieur des interactions sociales ».

    Afin de mieux cerner ce concept de représentations sociales, nous allons préciser ses caractéristiques et ses fonctions en donnant quelques unes de ses dimensions.

    .La dimension symbolique : Les apports récents de l'histoire, de la sociologie de l'anthropologie reconnaissent et explicitent la fonction de la représentation dans la constitution des ordres et des rapports sociaux, l'orientation des comportements collectifs et la transformation du monde social. Par exemple G. DUBY à propos de l'imaginaire du féodalisme parle de la représentation comme « membrure », « structure latente », « image simple » de l'organisation sociale assurant le passage vers différents systèmes symboliques.

    La représentation sociale a deux faces : l'une figurative, l'autre symbolique. Dans la figure, le sujet symbolise l'objet qu'il interprète en lui donnant un sens. C'est  le sens qui est la qualité la plus évidente des représentations sociales.

    .La dimension cognitive : Les représentations sociales permettent aux individus d'intégrer des données nouvelles à leurs cadres de pensée. Ces connaissances ou ces idées neuves sont diffusées plus particulièrement par certaines catégories sociales.

    .La dimension identitaire et culturelle : Les représentations ont aussi pour fonction de situer les individus et les groupes dans le champ social. Elles permettent l'élaboration d'une identité sociale et personnelle gratifiante, c'est-à-dire compatible avec des systèmes de normes et des valeurs socialement et historiquement déterminées. La dimension interprétative et constructive de la réalité : Elle est une manière de penser et d'interpréter le monde et la vie quotidienne.

    Les valeurs et le contexte dans lesquels elle s'élabore a une incidence sur la construction de la réalité ; il existe toujours une part de création individuelle ou collective dans les représentations. C'est pourquoi, elle n'est pas figée à jamais.

    VI- QUESTIONS DE METHODES

    1-    Champ d'étude

    Le champ d'étude de cette recherche est Abidjan. Il a été analysé selon deux axes ; le champ géographique et le champ social. Il s'agit ici de préciser et de justifier le choix de la zone d'enquête et de présenter les caractéristiques du champ concerné par cette étude.

    a. Le champ géographique

    Nos investigations ont été conduites dans la ville d'Abidjan. Le choix de cette ville est lié au fait qu'elle est la première ville du pays qui concentre beaucoup d'industries et infrastructures. Des dix communes que compte la ville d'Abidjan, notre choix s'est porté sur celle de Yopougon. Ce choix repose sur un constat : elle est le plus grande commune d'Abidjan avec une superficie d'environ 150 Km2.

    b. Le champ social

    Il s'agit ici de présenter la population qui permettra d'appréhender le sujet ou le phénomène à étudier. Plus précisément il est question de « sélectionner les catégories de personnes que l'on veut interroger et à quel titre ; déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des réponses aux questions que l'on pose »25(*)

    Notre population cible est l'ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus.

    2-    Méthodes d'analyses

    La méthode est une démarche de l'esprit. C'est l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre des vérités qu'elles poursuivent car elle sert à organiser des données de base qui sont propres à l'explication sociologique. Comme l'affirme GRAWITZ (M.) « toute recherche ou application de caractère scientifique en sciences sociales en général, doit comporter l'utilisation de procédés opératoires (...) adaptés à tout genre de problème et de phénomène en cause »26(*).

    Il s'agit de procédures logiques inhérentes à toute démarche scientifique. Partant de ce fait, et pour mieux rendre intelligible notre travail, nous avons choisi la méthode dialectique.

    a. Méthode dialectique

    La méthode dialectique se définit comme l'art d'amener à la vérité par des raisons démonstratives qui partent de thèses opposées. La notion de contradiction est l'élément essentiel de la dialectique. Ainsi pour GRAWITZ (M.) cette méthode est-elle « la méthode la plus riche, la plus complète et semble t-il la plus achevée des méthodes et conduisant à l'explication en sociologie »27(*).

    Autrement dit, c'est une méthode qui part de l'idée de la présence de contradiction dans la réalité elle-même ; elle cherche les contradictions dans la réalité elle-même, les incohérences des faits, des choses, les oppositions et les ambivalences que contient souvent le sens de la réalité. En un mot, la méthode dialectique essaie à la différence des autres méthodes de construire le lien entre les éléments contradictoires et unir par la même occasion ce qui paraît séparé, éparpillé, disséminé.

    De façon précise, cette méthode va nous permettre d'analyser les rapports entre les ivoiriens par rapport à leurs opinions et attitudes dans l'acquisition et l'utilisation de l'argent, et aussi établir un lien entre la culture, l'économie, la société et la représentation de l'argent.

    Elle va nous permettre de mettre en évidence les rapports nouveaux d'échange (l'usage de la monnaie en lieu et place du troc) dans la société ivoirienne ; et la dynamique qu'opère le passage de l'économie de plantation à l'économie marchande sur la culture, l'économie et la société.

    3-    Techniques de collectes de données

    Les techniques sont des outils mis à la disposition de la recherche. Au cours de notre enquête, nous avons utilisé plusieurs techniques, allant des différentes lectures de documents au travail de terrain qui nous ont permis d'appréhender notre objet d'étude. Ainsi successivement, avons-nous eu recours à la documentation, la pré enquête, l'entretien, l'échantillonnage, le dépouillement.

    a. La documentation

    La documentation constitue la première étape de notre recherche. Elle nous a permis non seulement d'améliorer notre savoir mais aussi de connaître l'état d'avancement de la science à propos de la culture, de la société, de l'économie. La lecture d'ouvrages méthodologiques nous ont permis d'approfondir nos connaissances sur les paradigmes, les méthodes d'analyses et ainsi choisir les plus appropriées à notre thème.

    Les documents relatifs à l'économie, à la culture, à l'argent et aussi à la société nous a aidés à la rédaction de la revue documentaire. La consultation des documents s'est d'abord faite dans les bibliothèques de l'IES, de l'IRD, au service culturel de l'Ambassade des USA en Côte d'Ivoire, au CCF. Nous y avons pris connaissances avec plusieurs publications, des mémoires et aussi celle que nous avons effectuée par le moyen de nouvelles technologies de l'information, en occurrence Internet.

    b. La pré-enquête

    La pré-enquête est une étape préalable à toute recherche. Elle consiste à prendre contacte avec le milieu où va se dérouler l'étude, ce qui pourrait faciliter l'enquête.

    Nous avons soumis le guide d'entretien aux individus du quartier Yahoseï afin de mesurer leurs réactions face aux différentes questions. La pré-enquête qui a duré trois jours a été une expérience qui nous a permis de voir si les questions répondaient à la problématique ; de réajuster le guide d'entretien, de revoir la problématique et les hypothèses de travail. Elle nous a aussi permis d'évaluer les conditions d'administration de l'entretien (moment et durée).

    c. L'entretien

    Selon GRAWITZ (M) l'entretien est d'un point de vue technique un procédé d'investigation scientifique qui utilise un processus de communication verbale dans le but de collecter des informations en relation avec les objectifs qu'on s'est fixé. Nous pouvons par ailleurs préciser qu'il y a trois types d'entretien : l'entretien libre, l'entretien semi directif et l'entretien directif. Pour notre travail, nous avons opté pour l'entretien semi directif ; ce type d'entretien est un outil de précaution qui nous a permis d'appréhender après discussion la population cible.

    Notre guide d'entretien sera donc un procédé méthodologique qui nous permettra de recueillir des informations concernant la représentation socio-anthropologique du rapport à l'argent chez les ivoiriens. Il est composé de questions ouvertes qui s'articulent autour de six rubriques fondamentales.

    1. Identification des enquêtés

    2. Attitudes et opinions des ivoiriens face à l'argent

    3. Modes d'acquisition de l'argent

    4. Argent éthique et esthétique / travail et salariat

    5. Argent et relations sociales

    6. politique éducative pour une meilleure utilisation de l'argent

    Cet entretien est adressé à la population du quartier Yahoséi de la commune de Yopougon. Il lui est administré en tant que population cible.

    d. L'échantillonnage

    Déterminer un échantillon, c'est établir méthodiquement une population en miniature ou réduite qui est censé contenir toutes les caractéristiques de la population globale. Il existe deux types d'échantillonnage : les échantillons non probabilistes et les échantillons probabilistes.

    En ce qui nous concerne nous optons pour les échantillons probabilistes car ils impliquent un véritable tirage au hasard c'est-à-dire qu'il donne à chaque élément de la population une chance égale d'être interrogé. Pour y arriver nous avons eu recours à la technique aléatoire étant donné le caractère hétérogène de notre population cible (différents groupes ethniques et socio-professionnelle) et le large éventail que nous donne les consultations de leurs age [15ans ; 65ans[

    En définitif nous avons 175 enquêtés dont 65 de sexe féminin et 110 de sexe masculin.

    e. L'enquête

    L'enquête peut être définit comme une interrogation particulière porté sur une situation comprenant des individus, et dans un but de généralisation. Pour Hélène Chauchat, l'enquête par le rôle qu'elle joue dans le domaine de l'information, est devenu, en plus d'un outil de recherche, un phénomène sociologique. Les journaux et la télévision l'utilisent.

    f .Le dépouillement des données de l'enquête

    Dépouiller, c'est séparé, ordonner et classer les données de l'enquête. Le dépouillement est l'étape de la recherche au cours de laquelle l'on fait l'inventaire des résultats de l'enquête afin de répertorier les différentes informations. A cet effet, le dépouillement manuel nous à paru nécessaire et utile.

    4-    Difficultés rencontrées

    Les difficultés auxquelles nous avons été confrontées dans ce travail, se situe principalement à trois niveaux : Au niveau théorique, niveau académique et au niveau pratique.

    a. Au niveau théorique

    Concernant la préparation d'enquête nombreux étaient les écrits qui ne mentionnaient pas les rapports argent - culture, argent - économie, argent - société. Par conséquent, il à été particulièrement difficile de déceler ceux en rapport avec notre terme d'étude, raison pour laquelle nous n'avons pas eu accès à des fichiers fiables sur le rapport à l'argent chez les ivoiriens.

    b. Au niveau académique

    Notre travail a été momentanément arrêté d'une part par la fermeture de la bibliothèque de l'IES pour des raisons de congé puis pour des revendications corporatistes et d'autre part par la grève des enseignants qui a démotivé la majeure partie des étudiants. Par ailleurs, la suspension des cours en maîtrise de sociologie de développement économique et sociale (option des étudiant impétrants) a constitué un handicap quant à une analyse encore plus pertinente de notre terme de recherche.

    c. Au niveau pratique

    L'intervention sur le terrain n'a pas été de tout repos. Les enquêtés affichaient le plus souvent une attitude de méfiance du fait de la situation socio-politique de la côte d'ivoire. Certains répondaient avec désinvolture ; d'autres opposaient un refus catégorique ou nous faisait faire d'interminable va et viens en raison de leur indisponibilité. Cependant, c'est grâce à un planning de travail méthodique et rigoureux que nous avons pu recueillir des données et surmonter ces difficultés. Pour finir, nous aimerions attirer l'attention du lecteur en faisant appel à son indulgence si ce mémoire ne répond pas entièrement à ses attentes.

    DEUXIEME PARTIE :

    PRESENTATION DU CHAMP D'ETUDE

    Nous avons procédé au recueil de nos données à Yahoséi, quartier de la commune de Yopougon. Il convient donc de présenter cette commune dans son ensemble avant d'en arriver au terrain d'étude spécifique.

    I Présentation de la commune de Yopougon

    L'histoire nous raconte que Yopougon était un village ébrié situé aux environs de l'actuelle usine UNIWAX et les espaces avoisinants. Cette collectivité territoriale dotée de personnalité morale et financière qu'est aujourd'hui la commune de Yopougon a été créée par la loi n° 78-07 du 09 Janvier 1978 portant création des communes de plein exercice en Côte d'Ivoire et organisée par la loi n° 80-1180 du 17 Octobre 1980, modifiée par la loi n° 85-578 du 29 Juillet 1985 n° 95-608 ainsi que 95-611 du 03 Août 1995.

    1 Situation géographique

    a. Aspects physiques

    La commune de Yopougon s'étend sur une superficie de 14 800 ha et couvre le Nord-Ouest de la ville d'Abidjan. Elle est la plus vaste des communes d'Abidjan.

    La commune est limitée au Nord par les communes d'Abobo et d'Anyama, au Sud par le port d'Abidjan et l'Océan Atlantique, à l'Est par la commune d'Attécoubé et à l'Ouest par la commune de Songon.

    Elle se décompose en 40 quartiers dont 12 villages de type traditionnel (au plan socioculturel) et une multitude de quartiers précaires.

    b. Aspects démographiques

    La commune de Yopougon est la deuxième commune la plus peuplée de l'agglomération d'Abidjan.

    Selon le dernier recensement de 1998, la commune comptait une population totale de 688 235 habitants, soit 341 823 hommes et 346 412 femmes. Elle avoisine aujourd'hui 1 million d'habitants dont 56.1% de jeunes de moins de 20 ans.

    La commune est aussi marquée par une diversité relativement forte d'ethnies ivoiriennes et de communautés étrangères.

    Appelée « cité dortoir », Yopougon est en majorité composée d'habitations groupées construites par les sociétés immobilières parapubliques et privées ainsi que par les grandes entreprises de la place, d'immeubles collectifs, de cours communes, des villages et leurs extensions.

    Les quartiers précaires sont en grand nombre sont disséminés dans la commune, entre autres Yahoséi, Doukouré, Mon mari m'a laissé.

    2- Situation socio-économique

    La commune de Yopougon présente un caractère diversifié dans son aspect social. Quand à sa situation économique, elle est dominée par le commerce.

    a. Situation sociale

    On peut retenir que 78.7% des habitants ont un niveau équivalent au moins à celui du primaire.

    On y trouve des chrétiens en majorité (54.1%) et des musulmans (21.2%).

    La commune dispose de plusieurs centres de santé publics et parapublics et d'un centre hospitalier universitaire.

    La commune offre à sa population plusieurs établissements publics et privés. A ces établissements, s'ajoutent des institutions spécialisées telles l'Ecole des Sourds, l'Institut des Aveugles, l'Institut de Formation et d'Education Féminine (IFEF) et trois centres sociaux qui ont pour objet l'assistance des populations vulnérables, désoeuvrées, en détresse, etc.

    Il faut noter aussi que quelques ONG de la commune s'occupent de la formation professionnelle des enfants en difficulté et de leur réinsertion socio-économique.

    La commune de Yopougon compte au niveau institutionnel :

    - 01 escadron, 02 brigades de gendarmerie et un groupement de sapeurs pompiers militaires.

    - 03 commissariats (16, 17, et 19ème Arrondissement), et un district de police.

    b. Situation économique

    La commune de Yopougon jouit de la présence d'une importante zone industrielle (entre Andokoi et Gesco) et d'une zone artisanale située dans le secteur de Niangon.

    Le commerce connaît un essor remarquable avec plus de 15 marchés disséminés dans la commune.

    A côté de ces grands espaces de commerce, l'on note la présence d'un nombre important de maquis dont la célèbre « rue princesse ». Cette rue composée d'une trentaine de maquis et bars attire chaque soir des milliers de personnes venant de divers horizons.

    II- Présentation du quartier de Yahoséi

    1. Situation géographique

    a. Aspects physiques

    Le quartier Yahoséi est situé en limite de deux quartiers d'habitat individuel et d'habitat sur cour : SIDECI (société immobilière de Côte d'Ivoire) et SICOGI (Société Ivoirienne de Construction et de Gestion Immobilière).

    Il est en quasi-totalité entouré d'espaces résiduels et se trouve aux abords d'un canal primaire d'assainissement.

    Yahoséi s'étend sur une superficie de 13ha et est implanté en totalité dans les emprises réservées à la voie primaire dite « axe médian de Yopougon ».

    b. Aspects démographiques

    L'appellation « Sicobois Yahoséi » est révélatrice de ce qu'il est constitué en majorité de baraques et de seulement 5%·de bâtiments en dur.

    Yahoséi est composé de 3400 ménages en 1990. L'évolution de la population est de plus de 150% ; 90% des chefs de ménages travaillent à Yopougon.

    On y retrouve plusieurs ethnies de Côte d'Ivoire et un grand nombre d'immigrés. Il s'agit d'une population indigente provenant de la crise économique des années 80, de l'exode rural et aujourd'hui des déplacés de la guerre que vit la Côte d'Ivoire. La population est en majorité composée de femmes seules (célibataires, veuves ou abandonnés) et d'enfants et adolescents dont beaucoup sont livrés à eux-mêmes. Elle compte aussi un fort taux d'analphabètes et de déscolarisés.

    2. Situation socio-économique et culturelle

    a. Situation sociale

    On rencontre à Yahoséi une population vivant dans des courées de 10 à 12 maisons abritant chacune une famille (c'est-à-dire une seule pièce) avec une cuisine commune, le coin latrines douches fait en général défaut. Aucune cour n'a de service individuel d'eau potable, de branchement électrique légal, de service d'évacuation des eaux usées et des ordures.

    Cette situation crée la promiscuité avec les risques d'épidémies, MST, SIDA et entraîne des relations de voisinage conflictuelles et violentes. Elle engendre de même le désoeuvrement des femmes, des jeunes et des enfants conduisant à la délinquance précoce et livrant une partie de cette population à une prostitution de survie.

    Cependant, à Yahoséi, la population est organisée et structurée. Chaque groupe ethnique a à sa tête un chef.

    b. Situation économique

    Au plan économique, il est doté d'un marché, d'un centre de santé publique et de plusieurs officines privées. On y remarque aussi la présence de plusieurs tradi-praticiens et guérisseurs.

    Il est aussi doté d'une école maternelle. A ses abords se trouve également le centre polyvalent St Jean Eudes qui abrite les locaux de l'ONG « mouvement du nid », lequel mouvement a pour objectif la lutte contre la prostitution

    TROISIEME PARTIE

    ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES RECUEILLIES

    I- LA REPRESENTATION DE L'ARGENT

    La représentation que les ivoiriens se font de l'argent change plus ou moins selon les variables groupe ethnique, age et situation matrimoniale, niveau d'instruction, cadre de vie et religion.

    Concernant les groupes ethniques, les individus interrogés, malgré leurs différentes appartenances ont fait savoir que l'argent est un moyen qui sert dans tous les domaines notamment dans le domaine culturel.

    Au regard de ces données, l'argent pour les différents groupes ethniques de Côte d'Ivoire est un moyen incontournable. Chacun en a une représentation. Ainsi, les Akan par exemple perçoivent-ils l'argent comme un substitut de l'or qui est une richesse pour la famille. Il permet d'affirmer la noblesse et la puissance de celle-ci. Pour tout les autres groupes, les Akan y compris l'argent est un moyen qui permet d'acquérir des biens et services (mains d'oeuvre pour la production agricole ; terres) et d'affirmer la puissance de certaines familles.

    Cependant au sein de chaque groupe ethnique donné ; chaque individu a une représentation de l'argent qui tend à changer avec l'age, la situation matrimoniale,le niveau d'instruction,le cadre de vie et la religion.

    Ainsi, chez les moins age et les célibataires [15 - 25 ans [ et les célibataires, avoir de l'argent signifie être financièrement autonome. En revanche chez les mariés, les concubins et les plus âgés, avoir de l'argent c'est bien vivre, c'est subvenir à ses besoins et ceux de sa famille.

    La représentation que se font les ivoiriens de l'argent dépend aussi de leur niveau d'instruction. En effet, quand ils sont instruits, ils perçoivent l'argent dans son sens premier c'est-à-dire à dire un moyen pour subvenir à leurs besoins, pour se protéger de la pauvreté. C'est aussi pour eux un moyen d'échange des biens et services et de réserve du pouvoir d'achat. Les moins instruit quant à eux le considère comme une fin, le but à atteindre dans la vie car l'argent leur permettrait d'avoir le pouvoir, leur ouvrirait toutes les portes.

    Le cadre de vie dans lequel évolue l'ivoirien influence grandement sa conception de l'argent. Quand l'ivoirien habite un quartier précaire ou d'habitat se type évolutif, l'argent pour lui est une nécessité pour sa survie, il en à recours principalement pour satisfaire ses besoins primaires. Quant à celui qui vit dans un quartier résidentiel, il perçoit l'argent comme un moyen.

    Les différentes religions selon points de vue de nos enquêtés, se représentent l'argent comme un simple moyen nécessaire pour satisfaire les besoins primaires et aider son prochain. C'est à cela que doit servir l'argent pour les pratiquant des différentes religions chrétiens et musulman). En effet, pour les différentes religions, l'argent est un moyen qui doit servir à couvrir les besoins primaires, l'on ne doit pas en faire une priorité au point de faire de lui un dieu. L'homme ne doit pas servir à la fois Dieu et l'argent car il haïra le premier et aimera le second où il s'attachera au premier et s'éloignera du second.

    Bien que la majeur partie de la population sache se qu'est l'argent, elle ne sait pas comment et à quelle époque l'argent est apparut dans nos société et ce en dépit du niveau d'instruction. Certains estiment que c'est un fait qui n'est pas important car, ça n'enlève rien ou n'apporte rien à leur vie et ce qui est primordial c'est sont acquisition. Et pourtant, le savoir est un fait culturel qui donnerait plus de précision aux ivoiriens sur les pratiques économiques et culturelles de leurs ancêtres.

    Sous ce rapport, nous pouvons dire que pour une frange de la société, l'argent est une fin, c'est le but à atteindre, c'est ce pourquoi l'on va à l'école, travail, se bat. Toutes les activités humaines y convergent, car le bien être est conditionné par le pouvoir d'achat. L'argent procure une protection, il permet de payer la nourriture, les vêtements et le logement. Il protège aussi des tourments de la pauvreté. Sans argent, l'homme ne peut pas vivre à l'aise dans notre société où il est évalué par sa jouissance financière. Aujourd'hui tout s'achète dans notre société, même les valeurs cardinales comme le respect. Quand tu as de l'argent tu deviens influent, aucune décision ne peut être prise sans le consentement de celui qui est riche. L'argent est donc une nécessité qui nous permet de satisfaire tous les besoins, de se vêtir, se soigner et d'avoir le mieux être au monde.

    II- MODES D'ACQUISITION DE L'ARGENT

    Face à la faible proportion de travail et l'augmentation du taux de chômage, les ivoiriens ont développé plusieurs modes d'acquisition de l'argent :

    1- Identification des modes d'acquisition de l'argent

    Pour acquérir de l'argent, les ivoiriens usent de plusieurs stratégies que nous pouvons classer en deux groupes : les modes d'acquisitions légaux et les modes d'acquisitions illégaux :

    a. Modes d'acquisitions légaux

    Ce sont les stratégies d'acquisitions de l'argent conforme à la loi, aux normes sociales et morale. Ce sont le travail, l'héritage, le don ou legs. Cependant, les deux dernier modes cités peuvent être sources de problèmes, surtout l'héritage qui engendre des divisions au sein des familles. Ici, le concept de travail englobe les activités telles que le commerce, l'agriculture, l'artisanat, les services. En somme, les activités des secteurs primaire, secondaire et tertiaire.

    b. Les modes d'acquisitions illégaux

    Ce sont les modes ou matières d'acquisition de l'argent punis par la loi et banni par la société. Ils s'opposent à la morale et sont contraire aux différentes conception religieuses ; on peut citer la prostitution, le vol, le meurtre, l'escroquerie, la corruption, la guerre, les jeux de hasard,les détournements de deniers publics, le blanchiment d'argent,les trafics de biens et personnes.

    2- Description des moyens pour acquérir l'argent

    Un grand nombre des populations enquêtées travail dans l'informel. Le mode d'acquisition de l'argent que ces derniers utilisent le plus est le travail. Il est selon eux le mode le plus noble pour avoir de l'argent.

    Partant de ce constat, nous pouvons dire que pour les ivoiriens pour se faire de l'argent investissent dans tous les secteurs d'activité et plus particulièrement dans l'informel qui occupe une bonne partie de la population. Notons que la crise socio-politique avec sont cortège de problèmes d'emploi (chômage, fermeture des entreprises etc.) a contraint les ivoiriens à mettre en place des activités génératrices de revenu telles que les tenanciers de maquis, gérants de cabine cellulaire, vigiles ; aussi, certains exercent t-ils des activités dite subalternes autrefois réservées aux non nationaux (burkinabé, malien, guinéen etc.). Ces activités sont : boutiquier, gardiens, manoeuvre, cuisiniers, boys, fossoyeurs, jardiniers, charbonniers, cordonniers. Aujourd'hui, l'ivoirien veut faire tout ce qui lui permet de se procurer de l'argent chaque jour en vue de se prendre en charge. L'esprit d'entreprise est de plus en plus de mise et le travail salarial c'est-à-dire la bureaucratie est de moins en moins sollicitée.

    Par ailleurs, l'héritage et le don qui sont aussi des sources de gain légales qui viennent après le travail. Mais, pour nos enquêtés ces derniers modes cités sont des modes d'acquisitions non fiables sur lesquels il ne faut pas compter car ils sont sources de problèmes au niveau des familles et des relations sociales. En effet, il existe toujours des dissensions ou palabres entre les parents, l'épouse et les enfants quant au partage ou à la distribution de l'héritage d'un parent décédé. La loi coutumière semble le plus souvent s'opposer à la loi moderne qui donne plus de chance aux ayants droits légaux c'est-à-dire ceux qui selon la loi moderne doivent bénéficier de l'héritage.

    Au regard de la rareté de ce que possède l'individu, pour les population ivoiriennes toute tendance confondue (fonctionnaires, ouvriers, sans emploi), le désire du gain pousse à faire usage des modes d'acquisitions frauduleuses, illégales et illégitimes. En effet, les ivoiriens, en dépit de leurs appartenances et du regard que porte leur religion sur l'argent (pour les différentes religions, l'argent est une nécessité, les choses matérielles ne doivent pas entraver la relation avec Dieu.) utilisent des moyens punis par la loi pour se faire de l'argent. Pourtant, bon nombre de nos enquêté pensent qu'un bien mal acquis ne profite jamais et concours au malheur.

    Les ivoiriens, malgré les conséquences qu'ils peuvent encourir pensent que tous les moyens seraient bons pour se faire de l'argent car la guerre a affaibli et déstructuré l'ordre normal des choses. Certains ont perdu leur emploi, d'autre ont vu leur salaire réduit et on été vidé de leur maison. Aussi, avec le phénomène des maisons de placement d'argent bons nombres d'ivoiriens ont été grugés car ceux-ci espéraient gagner 100% à 200% d'intérêt du capital investi. Ceci a créé un malaise social.

    Sous cet angle, le désire du gain facile, l'enrichissement rapide et les stratégies d'acquisitions de l'argent au regard de la rareté de ce que possède l'ivoirien a conduit à un malaise social où l'argent concours à la division des familles, rend immorale et pousse à commettre des actes que la loi punis, l'homme est près à tout pour se faire de l'argent en sacrifiant même son prochain. L'ivoirien dans sa quête perpétuelle et effrénée de l'argent n'observe plus aucune valeur morale. Certes, la plupart de ceux qui courent après la richesse n'en meurent pas. Mais dans leur course effrénée, il risque de passer à coté de leur vie car ils ont pour seul but la course à l'argent au détriment des rapports sociaux.

    III- UTILITE FONCTIONNELLE DE L'ARGENT

    Une fois l'argent acquis, l'homme doit en faire usage. C'est de cet usage que nous parlerons à travers quatre aspects :

    1- Argent - esthétique

    Le rapport à l'argent chez les ivoiriens est influencé par la beauté depuis son acquisition jusqu'à son utilisation. La beauté chez l'ivoirien est mise en exergue par l'argent car il sert à acheter des produits et tout autres article contribuant à la beauté. C'est la raison pour laquelle l'ivoiriens dit souvent en voyant certaines personnes qui connaissent une ascension économique et sociale « l'eau lave, mais l'argent rend propre ». Cette expression vient nous montrer combien de fois l'argent occupe une place importante dans le processus de le beauté. La beauté est liée à l'argent car il faut entretenir le corps et ceci engendre des dépenses qui nécessitent des sorties d'argent. Les ivoiriens particulièrement ceux de sexe féminin investissent en moyenne entre dix et quinze milles francs par mois pour leur entretien corporel.

    2- Argent - cellule familiale

    La dialectique entre la famille et les systèmes sociaux fait qu'elle est indéniablement liée à l'économie. La cellule familiale est l'un des lieux où l'argent est utilisé. En effet, l'argent utilisé sert à subvenir aux besoins de la famille. C'est à dire loger, nourrir, vêtir soigner, scolariser les enfants et les autres membres de la famille. Même les enfants qui travaillent et qui habitent la maison familiale utilisent aussi leurs revenus pour ces besoins. Dans les familles des personnes que nous avons interrogées certains membres, la scolarité des plus jeunes est en partie soutenue par les enfants aînés qui sont en Europe ou qui occupent des postes de responsabilité dans les entreprises qui les emploient. Notons que, le revenu familial est en général, englouti par les charges scolaires, alimentaires et sanitaires.

    3- Argent - culture

    L'argent est beaucoup utilisé dans le domaine de la culture particulièrement pour les cérémonies traditionnelles et modernes comme, le mariage, les baptêmes, les funérailles, les fêtes de génération, les fêtes d'igname.

    Les funérailles dans certaines cultures ivoiriennes ont une dimension économique et sociale, psychologique et esthétique. La notion de dépense ici est saisi en termes monétaires et renvoie aux achats (de cercueil, couronne mortuaire etc.), aux services de conservation du corps, diffusion du communiqué par voie de presse. Bien que ce soit parfois un fait culturel, les ivoiriens trouvent inutile le fait qu'on dépense beaucoup d'argent pour les funérailles.

    Concernant les mariages, la dote ou compensation matrimoniale est l'une des fins à laquelle est utilisé l'argent. En effet, les ivoirien avant toute vie de couple doivent payer la dote à la famille de leur conjointe. La dote à aujourd'hui un caractère inflationniste lié à la monétarisation de la vie sociale. Les mouton, les barre de sel, la cola sont remplacés par les billets de banques que le prétendant doit débourser et ce malgré la suppression de la dote par la loi moderne de 1964.

    Les baptêmes sont des occasions d'exhibitions et de dépense énormes. L'argent est utilisé pour l'achat des vêtements que l'on met les jours de la cérémonie, pour la réception des invités et les dons. L'on dépense énormément dans la nourriture, les boissons et l'habillement.

    L'argent est aussi utilisé au niveau des loisirs, on a pu constaté que dans le milieu scolaire et extra scolaire, les jeunes toutes tendances confondues (élèves, étudiants, travailleurs, chômeur) utilisent l'argent pour des activités socio-culturelles et pour les retrouvailles dans les maquis. C'est par exemple le cas des bals de fin d'années, les kermès, les anniversaires. Dans le monde des artistes chanteurs, le concept du « travaillement » qui consiste à dépenser énormément pour montrer son pouvoir, qu'on est riche est copié par la population qui dilapide son argent dans les maquis en les imitant. L'activité socio-culturelle englobe une bonne partie de l'argent gagné par les ivoiriens et fait donc parti des fins auxquelles ils utilisent l'argent.

    Sous ce rapport, les ivoiriens utilisent plus ou moins sainement l'argent et que l'argent opère une dynamique dans sont utilisation.

    4- Argent - épargne

    La majorité de la population sur laquelle nous avons enquêtée, n'épargne pas dans les institutions bancaires. Pour éviter de payer des taxes qui diminueraient leur revenu au cours des opérations bancaires. De plus, il estime que le taux d'intérêt de ces institutions est insignifiant et leur revenu peu élevé c'est pourquoi les enquêtés disent ne pas épargner.

    A travers les données recueillies, nous constatons qu'ils ont recours à l'épargne à travers les tontines, la thésaurisation. En général, l'épargne se fait en fonction des réalités sociales que vivent les individus, de leur emploi et de leur niveau d'instruction. Les fonctionnaires et quelques ouvriers se font virer leur salaire dans les micro finances (coopec).

    Les commerçants et les autres s'adonnent aux tontines qui sont pour eux des moyens d'épargne plus fiable que les banques. De plus, certains commerçants bien qu'ils participent aux tontines ont des comptes d'épargne dans les institutions de micro-finance, seulement pour pouvoir bénéficier des facilités de crédits qu offrent ces institutions.

    IV- ARGENT ET RELATIONS SOCIALES

    L'approche socio-anthropologique du rapport à l'argent chez les ivoiriens se perçoit à travers leurs relations sociales.

    1- Au niveau de la société

    Au regard du point de vue de nos enquêtés, les relations sociales sont plus importantes que l'argent et elles sont la base de toute chose. Pour eux, le plus fort n'est pas celui qui à le plus d'argent car il à toujours besoin des autres. Partant de ce fait, l'argent ne détermine ni la force ni l'intelligence. Il participe au bonheur vue qu'il permet de satisfaire les besoins et donc procure le bien être aux populations. Malgré ce point de vu, nous constatons à travers les propos que dans certains domaines, l'argent surpasse les relations sociales, au point d'entraîner la prostitution, l'escroquerie, la corruption, ces maux dont souffrent la société sont dus à l'amour de l'argent, à l'impunité, à la cherté de la vie, et à la pauvreté grandissante d'une masse importante de la population. Ces stratégies d'acquisition qui foulent au pied les relations sociales peuvent être source d'ennui car elles sont condamnées par la loi.

    Bien que ce soit pour certains peuples un fait culturel, les ivoiriens dans leur ensemble sont opposés aux grosses dépenses que l'on fait pour les funérailles. Ce sont des dépenses qu'ils trouvent inutiles et estiment que c'est du `'tape à l'oeil''. Surtout les pagnes de funérailles conçut en mémoire de défunt sont des dépenses dont on peut se passer.

    Cela nous amène à constater que face à l'argent, les funérailles ont perdu leurs valeurs culturelles. La mort devient pour certain source d'acquisition d'argent et pour d'autre source de gaspillage d'argent.

    Les ivoiriens mettent l'argent au devant de leurs relations au point de légitimer la corruption.

    2- Au niveau de la famille

    L'argent influence la vie de la famille, les différents statuts assignés sont maintenus intactes. Cependant le rôle de certains membres de la famille modifie leurs statuts. En effet, certains parents qui ne travaillent plus sont pris en charge par leurs enfants qui ont des revenus. Ce changement de rôle du fils au père fait acquérir un autre statut aux enfants qui prennent le contrôle de la famille. Dans ces conditions, on assiste parfois à des scènes de jalousie, de dédain, de rivalité envers celui qui a de l'argent et s'occupe plus des parents.

    L'argent meut aussi les relations des couples et conditionne l'amour car l'on ne peut pas vivre d'amour et d'eau fraîche. Il s'avère donc indispensable pour solidifier l'amour et la cellule familiale. Pour une meilleure harmonie du foyer, il est indispensable pour chaque membre du couple de dire à son conjoint le montant de son revenu. En plus cela doit être fait car les l'époux sont unis pour le meilleurs et le pire. Faut de cela nous assistons très souvent à des désunions qui ont pour point de départ le rapport des couples à l'argent. Par ailleurs, du fait de la cherté de la vie nous assistons à l'accroissement de l'individualisme qui fait que les aînés s'occupent de moins en moins de leurs cadets.

    3- Au niveau de la religion

    Nous assistons à la création de multiples lieux de culte dans les quartiers des communes. Cela est généralement dû à la recherche de l'argent, du bien être d'une part des fidèles qui sont motivés essentiellement par la peur de la sorcellerie, la recherche de la guérison, du bonheur de la réussite individuelle et sociale sont près à se dépouiller de ce qu'ils ont, pour le bien-être et d'autre part des pasteurs pour qui les lieux de culte sont des moyens de gagne pain que des faits spirituels. C'est ce qui pousse les ivoirien à voir les leaders religieux comme des hommes d'affaires car ils sont trop axés sur l'argent les bien matériels.

    Les religions, surtout les nouvelles qui pullulent dans les quartiers aujourd'hui sont des sortes d'entreprises qui n'hésitent pas à obliger les fidèles à se dépouiller de leurs biens.

    Dans les différentes religions, l'argent est un moyen, une nécessité et doit être utilisé de manière à ne pas être plus important que l'homme. Pourtant, les choses matérielles prennent le pas sur la relation avec Dieu. Aussi, bon nombre d'ivoiriens ne croient plus à ce que font ces leaders religieux qu'ils considèrent comme des chefs d'entreprise ou des escrocs.

    L'argent à une forte influence sur nos relations sociales au point de changer nos manières de penser, d'agir et nos conceptions de certains aspects de la culture. Nous notons aussi à travers les relations sociales que l'argent pour les ivoiriens à des qualités et des défauts.

    L'argent à des qualités en ce sens qu'il permet de satisfaire les besoins, favorise le bien-être, donne le pouvoir et le bonheur,il permet aussi d'aider les parents et les amis qui en ont besoin. Au niveau des défauts l'argent rend immorale celui qui en possède trop au point de ne faire que ce qui lui passe par la tête sans écouter l'avis des autres, l'argent pousse à commettre des actes répréhensibles. Il conduit à la guerre et donc à la mort. Cependant, les qualités et les défauts de l'argent agissent sur l'individu selon son éducation et le milieu social dans lequel il vit.

    V- POLITIQUE EDUCATIVE POUR UNE MEILLEURE UTILISATION

    DE L'ARGENT


    En vue d'une utilisation meilleur de l'argent, des dispositions et des actions doivent être prises à tous les niveaux de la société aussi bien par les autorités politique, administratives que par les populations. Il serait en notre sens important pour chaque ivoirien de tenir compte de ces quelques suggestions. Il faut donc :

    1- L'action de l'Etat

    L'état, dans le but de permettre aux population d'obtenir et d'utiliser l'argent de la meilleur façon doit organiser des campagnes de sensibilisation pour montrer à chacun le bien fondé de l'épargne dans le processus de développement du pays et aussi de l'épargnant.

    Il doit aussi permettre aux professionnels de l'investissement d'aider l'ivoirien à fructifier son argent en investissant dans les activités génératrices de revenu. L'état doit par le biais de l'éducation, introduire dans le programme scolaire la gestion de l'argent et des biens (salaire, bénéfice du commerce, héritage).

    L'amélioration du niveau de vie des populations et des salariés par une augmentation du salaire et du SMIG (salaire minimum interprofessionnel et garanti) leur permettra d'user seulement des stratégies légales pour acquérir de l'argent.

    L'appareil judiciaire de notre pays doit appliquer strictement les lois en vigueur pour punir tout ivoirien qui utiliserai des stratégies illégales pour se faire de l'argent car l'impunité est l'une des raisons qui favorise l'usage des stratégies illégale dans la cours à l'argent.

    Une brigade de contrôle et de suivi dans la gestion des fonds publics et établissements financiers de l'Etat doit être mis sur pied pour une meilleur utilisation des ressources disponible
    Des conseillers en matières de gestion des revenus doivent être mis à la disposition des ivoiriens en vue de l'amélioration du cadre et du niveau de vie de la population.

    Enfin, avec la réconciliation et le retour des investisseurs bon nombre d'ivoiriens doivent avoir de l'argent honnêtement par les emplois qu'ils trouveront avec les aides qu'octroie l'Etat pour les projets de création des PME.

    2- l'action de la population

    Les ivoiriens doivent songer à inculquer à l'enfant au sein de la

    famille une politique de à l'utilisation de l'argent. En d'autres termes, ils doivent apprendre à l'enfant ce qu'est l'argent, comment l'acquérir et l'utiliser. Les chefs de familles doivent donner modérément l'argent de poche nécessaire aux enfants afin que ceux-ci aient le libre choix d'acheter l'objet ou le bien dont ils ont besoin ; cela leur apprendra à gérer et à utiliser le plus sainement leur argent sous le regard des parents. Ces derniers qui doivent aussi insister sur la gestion de cette argent et savoir à quelles fins I'enfant l'utilise.

    Dans le couple, les conjoints doivent planifier les dépenses au sein de la famille, afin d'éviter celles qui son inutiles.
    Enfin, l'ivoirien doit acquérir des réflexes économiques recherchant les bonnes affaires et en établissant des budgets dans le but de la planification de leurs dépenses. Il doit en outre, doit remplir le vide provoqué par la restructuration de son rapport à l'argent tout en n'oubliant pas que son objectif en planifiant son train de vie n'est pas de posséder moins, mais de s'occuper de choses plus importantes. En d'autres termes, les relations sociales doivent être privilégiées par rapport à l'argent. L'argent doit être un moyen pour l'homme et non une fin. Cela permettra de considérer l'argent comme un instrument d'échange et de réserve du pouvoir d'achat.


    CONCLUSION

    cette étude avait pour but de mettre en évidence les représentations que les ivoiriens se font de l'argent, les stratégies qu'ils utilisent pour l'acquérir, les fins auxquelles cet argent est utilisé et les effets qu'il engendre en terme de structuration et de construction des rapports sociaux.

    Pour le faire, nous nous sommes rendus à Yopougon - Yahosei afin de mieux nous imprégner des réalités du terrain et de recueillir le maximum d'informations auprès des habitants de cette localité.

    Nous avons découvert au regard de nos enquêtes que l'argent est un moyen d'échange et de réserve du pouvoir d'achat. L'argent est devenu aujourd'hui pour l'ivoirien une nécessité incontournable et indéniable.

    Cependant, les stratégies et les modes d'acquisition ont varié avec le temps et la sécheresse économique accentuée par la guerre. L'ivoirien aujourd'hui n'hésite pas à faire usage des moyens illégaux et frauduleux pour se remplir les poches. Il bafoue les normes religieuses, morales et sociales même au prix de la vie de son prochain. Le culte et la recherche effréné de l'argent ont fait disparaître les valeurs telles que la solidarité, l'hospitalité, l'amour du prochain qui caractérisaient l'ivoirien et ont fait place à une société ou règne de plus en plus l'individualisme exacerbé, la corruption, le blanchiment d'argent et la prostitution.

    Au regard de tout ce qui précède, il ressort que l'argent a pervertis les moeurs et déstructuré les rapports socio-économique des ivoiriens. Face à un tel constat, il convient de reconstituer la société ivoirienne en faisant ressortir les conséquences négatives de cette situation sur le pays et ensuite organiser les campagnes de sensibilisation pour un développement durable qui prendrait l'homme en compte. Ceci permettrait de reconsidérer l'argent comme un moyen et non une fin pour l'homme.

    Enfin, d'un point de vue moral, il faut enseigner la vertu, le partage et appuyer l'action des religions dans les programmes scolaires afin de montrer comment les maux qu'engendrent la course à l'argent (corruption, prostitution, individualisme, guerre etc.) dévalorise l'homme et lui font perdre sa dignité.

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    V- MEMOIRES ET THESES

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    TABLES DES MATIERES


    SOMMAIRE ..............................................................................II
    DEDICACE................................................................... .........III
    REMERCIEMENTS .....................................................................IV

    Liste des sigle...........................................................................V
    PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS THEORIQUES ET
    METHODOLOGIQUES ................................................................1
    I Problématique ..........................................................................2
    III Revue documentaire ...................................................................8

    1- l'organisation de nos sociétés ivoirienne............................................9

    2- Rationalité économique et nouveaux types de comportements sociaux.......10

    3- Le mode de fonctionnement de l'économique dans les société...............13
    III Objectifs de l'étude ................................................................16
    l- Objectif général ....................................................................16
    2-Objectif spécifique ....................................................................16
    IV Hypothèse ..........................................................................17
    V Approche conceptuelle ......................................................................18

    1-La culture...............................................................................18

    2- L'économie.............................................................................19

    3- Approche socio-anthropologique....................................................20

    4- Argent..................................................................................21

    5- Représentation sociale............................................................22
    VI/ Question de méthode ................................................................24
    I Champ d'étude ........................................................................24
    a- Champ géographique ..........................................................24
    b- Champ social......... .............................................................25
    2- Méthode d'analyse .................................................................25
    a- Méthode dialectique .............................................................25
    3- Technique de collecte des données ..........................................26
    a- Documentation ....................................................................26
    b- Pré-enquete .......................................................................27
    c- Entretien....... ....................................................................27
    d- échantillonnage .........................................................................28

    e- Enquête......................................................................................29

    f- Dépouillement des données de l'enquête...........................................29
    4 Difficultés rencontrées ................................................................29

    a- au niveau théorique...................................................................29

    b- au niveau académique................................................................30

    c- au niveau pratique.....................................................................30


    DEUXIEME PARTIE: PRESENTATION DU CHAMP DE L'ETUDE ......31
    1/ Présentation de la commune de Yopougon .................................32
    1 -Situation géographique ...........................................................32
    a- Aspect physique ....................................................................32
    b- Aspect démographique ...........................................................32
    2-Situation socio-économique ......................................................33
    a Situation sociale ..................................................................33
    b- Situation économique ............................................................34
    Il Présentation du quartier Yahoséi ...............................................35
    - Situation géographique .............................................................35
    a Aspect physique .....................................................................35
    b- Aspect démographique ...........................................................35
    2- Situation socio-économique et culturelle................................. ...36
    a- Situation sociale ....................................................................36
    b- Situation économique .............................................................36
    TROISIEME PARTIE ANALYSE DES DONNEES RECUEILLIES.... ....37
    I La représentation de l'argent ......................................................38
    11/ Mode d'acquisition de l'argent ................................................40
    1- Identification des modes d'acquisition de l'argent ........................40
    a- Les modes d'acquisition légaux ................................................40
    b- Les modes d'acquisition illégaux ...............................................40
    2- Description des moyens pour acquérir l'argent........................... ..41
    III Utilité fonctionnelle de l'argent ..................................................43
    1- Argent - esthétique ................................................................43
    2- Argent - cellule familiale .........................................................43
    3- Argent - culture ........................................................................44

    4- Argent - épargne..................................................................45
    V- Argent et relation sociale .......................................................46
    1- Au niveau de la société ...........................................................46
    2- Au niveau de la famille ...........................................................47
    3- Au niveau de la religion ..........................................................48
    V/ Politique éducative pour une meilleure utilisation de l'argent ........48
    1- L'action de l'Etat ......................................................................49

    2- L'action de la population ..........................................................50
    CONCLUSION ........................................................................51
    BIBLIOGRAPHIE ....................................................................53
    TABLES DES MATIERES .......................................................56
    ANNEXES ................................................................................60

    GUIDE D'ENTRETIEN

    RUBRIQUE I : INDENTIFICATION

    Q1 sexe

    Q2 Age

    Q3 quel est votre nationalité ?

    Q4 A quel groupe ethnique ?

    Q5 quelle est votre appartenance religieuse ?

    Q6 Quel est votre niveau d'instruction ?

    Q7Quel est votre statut matrimonial ?

    Q8 Combien d'enfant avez-vous ?

    Q9 A quelle catégorie professionnelle appartenez vous ?

    RUBRIQUE II : ATTITUDES ET OPINIONS DES IVOIRIENS FACE A

    L'ARGENT

    Q10 Qu'est ce que l'argent pour vous ?

    Q11 Selon vous, que signifie « avoir de l'argent » ?

    Q12 pensez-vous que vous avez suffisamment d'argent ?

    Q13 savez-vous ce qu'est l'argent ?

    Q14Avez-vous connaissance de l'apparition de l'argent dans votre société ?

    RUBRIQUE III : MODES D'ACQUISITION DE L'ARGENT

    Q15 Quels sont selon-vous les différents modes d'acquisition de l'argent ?

    Q16 Existe-t-il des modes d'acquisitions condamnables ?

    Q17 Un bien mal acquis profite t-il ?

    RUBRIQUE IV : ARGENT - ESTHETIQUE ET ETHIQUE

    - TRAVAIL ET SALARIAT

    ESTHETIQUE ET ETHIQUE

    Q19 L'argent peut-il contribuer à la beauté ?

    Q20 la beauté est-elle source de richesse ?

    Q21 Qu'est ce que l'esthétique ?

    Q22 A combien peut-on évaluer votre entretien corporel ?

    Q23 Peut-on faire fi de la dignité dans la recherche de l'argent ?

    Q24 Peut-on faire fi de la morale dans la recherche de la beauté ?

    Q25 Avec l'argent, l'homme n'a-t-il pas tendance à défier Dieu ?

    TRAVAIL

    Q26 Exercer vous une activité ?

    Q27Quel est votre statu dans votre entreprise ?

    Q28 Quelle est votre ancienneté à ce poste ?

    Q29 Avez-vous connu des mutations liées à votre emploi ? Pourquoi ?

    Q30 Quels sentiments avez-vous à l'égard de votre emploi ? Pourquoi ?

    SALARIAT

    Q31 Etes-vous régulièrement payé ?

    Q32Quel est le mode de payement de votre salaire ?

    Q33 Votre salaire vous permet-il de couvrir vos dépenses élémentaires ?

    RUBRIQUE V : ARGENT ET RELATIONS SOCIALES

    Q34 Est-ce que le plus fort est celui qui à plus d'argent ?

    Q35 L'argent fait-il le bonheur ?

    Q36Quelle place occupez vous dans votre famille ? Pourquoi ?

    Q37En fonction de votre situation, quel est le regard des autres sur vous ?

    Q38 Quelles sont les qualités de l'argent ?

    Q39Citez quelques défaut de l'argent ?

    Q40 De l'argent et des relations sociales qu'est ce qui est le plus important dans la vie de tous les jours ?

    Q41 On entend très souvent dire que l'argent rend irrespectueux, orgueilleux, qu'en pensez vous ?

    Q42 On dit souvent qu'on ne peut pas vivre d'amour et d'eau fraîche pensez-vous que l'argent conditionne l'amour ?

    Q43 l'instabilité conjugale est elle selon vous la résultante d'une absence de moyen financier ?

    Q44 Si une femme gagne de l'argent doit elle en dire le montant à son mari ?

    Q45 Est-ce qu'aujourd'hui les aînés s'occupent des cadets plus ou moins qu'autrefois ?

    Q46 Pourquoi est ce qu'il y a des « pot de vin » ?

    Q47 Pensez vous que l'argent est source d'ennuis ?

    Q48 Pensez vous que la création de multiple lieux de culte est elle un fait spirituel ou un moyen de gagne pain ?

    Q49 que pensez vous des leaders religieux ? Pourquoi ?

    Q50 Est-il important que le chef ait de l'argent ?

    Q51 Que pensez vous des grosse dépenses que l'on fait pour les funérailles ?

    Q52 Pensez vous qu'un homme soit capable de provoquer la mort de son prochain pour de l'argent ?

    Q53 Quelle différence faites vous entre « une personne décédée » et « une personne morte » ?

    Q54 Que pensez vous du concept « pagne de funérailles » ?

    Q55 Pensez vous que la mort est source de gaspillage d'argent ou plutôt d'acquisition d'argent ?

    RUBRIQUE VI : L'INFLUENCE DE CERTAINES VARIABLE SUR

    L'USAGE DE L'ARGENT

    Q56 En tant que homme généralement quel est votre première réaction lorsque vous recevez de l'argent ?

    Q57 Dans votre religion quel est la conception de l'argent ?

    Q58 Votre religion privilégie t-elle l'argent à l'homme ?

    Q59 Ne pensez-vous pas que la religion est une sorte d'entreprise ?

    Q60 Pensez vous que les analphabètes savent mieux épargner que les instruits ?

    Q61 selon vous quel groupe ethnique utilise sainement l'argent ?

    RUBRIQUE VII : UNE POLITIQUE EDUCATIVE POUR UNE

    UTILISATION SAINE DE L'ARGENT

    Q62 Selon quelles sont les stratégies que l'on doit mettre en place pour une meilleur utilisation de l'argent ?

    Q63 Pensez vous qu'au sein de la famille l'on doit inculquer à l'enfant une culture quant à l'utilisation de l'argent ?

    Q64 Selon vous quelles actions doivent être mener par l'état dans le but d'une utilisation meilleur de l'argent ?

    Q65 Selon vous que doit on faire pur que l'argent soit un simple moyen et non une fin ?

    * 1 OSHO, Les pensées d'OSHO sur des thèmes, édition Almasta, Genève, 2005

    * 2 Bernard Perret, Les nouvelles frontières de l'argent, édition du seuil, 1999

    * 3 BOURGOIN Henry, GUILHAUME Philippe, Côte d'Ivoire : économie et société, édition stock, 1979.

    * 4 DIAKITE Tidiane, "servir ou se servir" in l'Afrique malade d'elle-même, édition Karthala, 1996.

    * 5 SCHWARTZ (A), Economie villageoise Guéré d'hier à aujourd'hui volume III, Office de la Recherche d'outre Mer, petit Bassam, 1970

    * 6 MEILLASSOUX (C), Anthropologie économique des Gouro de Côte d'Ivoire :de l'économie de subsistance à l'agriculture commerciale, Mouton,1964

    * 7 WEBER (M), Economie et société tome I, Plon, Paris 1971

    * 8 GODELIER (M), Rationalité et irrationalité en économie, Tome I et II, Maspéro,Paris, 1971

    * 9 Ministère du plan de la république de Côte d'Ivoire, Opinions et attitudes des paysans Ivoiriens face au développement, Tome III

    * 10 ROCH (Y.G), Logique culturelle et logique économiques: L'impacte de la solidarité et des funérailles sur l'entreprise moderne en Côte d'Ivoire. Etude de cas, Mémoire de DEA, Abidjan, IES, 1992

    * 11 DIAKITE (T) « Servir ou se servir » in l'Afrique malade d'elle-même, Karthala, 1996

    * 12 DIALLO (M), Les africains sauverons t-il l'afrique?

    * 13 PERRET (B), Les nouvelles frontières de l'argent, Seuil, 1999

    * 14 RIVOIRE (J), L'histoire de la monnaie, PUF, Paris 1995

    * 15 YAO (D.B), L'homme face à l'argent, Edipress Abidjan, 1995

    * 16 ATTALI (J), Au proper et au figure: une histoire de propriété

    * 17 TYLOR Edwards, Primitive culture, New York, Harper and Row, 1958.

    * 18 GOLFIN Jean, Les 50 mots clés de la sociologie, édition private, Toulouse 1972.

    * 19 GUY Rocher, Introduction générale à la sociologie, Tome I : L'action sociale.

    * 20 BAZUREAU (F), ECHAUDEMAISON (C.D) et al, « l'économie française : mécanisme et société », Initiation économique et sociale, édition Nathan

    * 21 KARL Max, le capital critique de l'économie politique, édition lacharte, Paris 1872

    * 22 Idem

    * 23 KNAPP, saarliche théorie des Geldes

    * 24 Georges Soul, Septembre 1995

    * 25 BLANCHET (A), GOTMAN (A), L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Nathan Paris, 1997

    * 26 GRAWITZ (M), méthode des sciences sociales, Dalloz, Paris 1992

    * 27 Idem






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld