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Récit lovecraftien et cinéma - de la transposition à l'enrichissement du mythe

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par Fabien Legeron
Université Paris est - Master 1 2007
  

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UNIVERSITE DE MARNE LA VALLEE

FABIEN LEGERON MASTER 1 RECHERCHE

SOUS LA DIRECTION DE SYLVIE THOUARD ET MARTIN LALIBERTE

RECIT LOVECRAFTIEN ET CINEMA

DE LA TRANSPOSITION A L'ENRICHISSEMENT DU MYTHE

SOMMAIRE

2.. Sommaire

3.. Résultat et prologue : Introduction et argument

7.. Antécédent et abomination : Le récit lovecraftien - une définition

7 - Récit et fiction

9 - Fantastique et fantasy

13 - Les enjeux du récit lovecraftien au cinéma

15 - Défis et séductions du lovecraftien au cinéma

15 - Aux frontières de l'image : de l'indicible à l'immontrable ?

17 - L'abstraction scientifique : une multiplication des hors-champ

20 - Le récit lovecraftien souffre t'il d'un manque de "générosité" ?

21 - L'écriture "néo-impressionniste" : un point d'entrée pour le cinéaste 24 - La richesse du matériau

29.. Recherche et évocation : Etudes de cas - 1 - de la fascination à l'immersion 31 - Adaptations littérales et partis pris extrémistes

31 - The call of Cthulhu et Dream quest for unknown Kadath 36 - Stuart Gordon ou l'apport de l'excès

36 - Re-Animator

40 - From beyond, un film à la lisière de deux méthodes 46 - Vers une maturité de l'apport mythologique

46 - Dagon

55 - Dreams in the witchhouse, une confirmation?

62.. Métamorphose et démence : études de cas - 2 - un apport nouveau du cinéma au lovecraftien 62 - John Carpenter et la Trilogie de l'Apocalypse

63 - Montrer l'indicible :The thing

69 - Apprivoiser une menace hors du temps : Prince of darkness 73 - Lovecraft (presque) sans Lovecraft : In the mouth of madness

81 - Du lovecraftien au-delà de ses univers de référence : Alien de Ridley Scott

87 - Au-delà des films lovecraftiens : Une mythologie en expansion

89.. Cauchemar et cataclysme: En guise de conclusion

"Car il y a trop de choses étranges et imprévisibles dans le grand infini, et celui qui est à la recherche des rêves doit éviter d'éveiller ou de rencontrer ceux qu 'il ne faut pas" 1

"Le studio est très nerveux à propos du budget et de l'absence de fin heureuse, mais il est impossible de faire autrement dans l'univers de Lovecraft. (...) Les Montagnes hallucinées est un roman très difficile à adapter, mais sijamais nous y arrivons, ce sera un film captivant à voir. Ce sera un événement." 2

RESULTAT ET PROLOGUE : INTRODUCTION ET ARGUMENT

Mû par son admiration pour, pêle-mêle, Lord Dunsany 3, Edgar Poe, Arthur Machen4, et par une nostalgie envers des temps littéraires plus gothiques et enchantés que son début de vingtième siècle exécré, Howard Phillips Lovecraft, en cela secondé par ses amis, ses correspondants et ses admirateurs, réinventa le récit fantastique en posant une mythologie extrêmement complexe, cohérente et pourtant ductile5 pour l'auteur qui compte y apporter sa contribution ; transcendante et difficile phiosophiquement parlant et pourtant limpide en termes narratifs, nourrie par une imagerie riche, des implications intellectuelles inédites et vastes, et une diégèse sans cesse reconduite et amendée de récit en récit.

Ces univers, qu'on qualifiera de "lovecraftiens" pour plus de célérité, séduisent nombre de cinéastes pour des raisons esthétiques et thématiques évidentes. C'est là que les choses se gâtent : En effet, comment transcrire, avec les moyens somme toute limités du cinématographe6, la grande richesse thématique et conceptuelle d'une oeuvre qui interpelle encore tant aujourd'hui ?

C'est ce problème créatif que nous nous proposons d'expliciter et d'explorer ici, nous employant, en filigrane, à trancher quant à son insolubilité. Pour ce faire, nous évoquerons d'abord

1 Lovecraft, Howard Philips, The strange high house in the mist, 1926, L'étrange maison haute dans la brume, in LOVECRAFT tome 1, collection Bouquins, ed. Robert Laffont, sous la direction de Francis Lacassin

2 «The studio is very nervous about the cost and it not having a love story or a happy ending, but it's impossible to do either in the Lovecraft universe.(... )''Mountains of Madness'' is a very difficult novel to adapt, but if we ever make it, it will be a great movie to see. It will be an event. >> Guillermo del Toro, à propos de son projet d'adaptation des Montagnes Hallucinées, sur le site timeout.com, http://www.timeout.com/film/news/1548/ , dernière consultation en Septembre 2007.

3De son vrai nom Edward Plunkett, il est considéré comme l'un des plus grands précurseurs de la fantasy moderne, notamment le sword and sorcery, et le passage vers des mondes imaginaires cohérents et précis. Il pose aussi l'idée d'un panthéon de déités, idée que Lovecraft reprendra à son compte.

4 Ecrivain gallois de la fin du XIXème, passionné d'occultisme, il distille des ambiances à la fois merveilleuses et fantastiques où un mysticisme très marqué s'accole au matérialisme moderne. On ne saurait à ce titre trop conseiller son chef-d'oeuvre de 1894, Le grand dieu Pan, édité notamment par Librio pour la version française.

5 Qualité d'une matière qui peut s'étirer ou changer de forme tout en gardant sa cohésion. Se dit notamment des polymères.

6 « D'où le problème du récit cinématographique. Comment peut-il être aussi agile qu'un roman ou une nouvelle si le monde lui colle ainsi aux pieds ? >> Albert Laffay, Logique du cinéma, p.62, Masson et Compagnie 1964

le matériau littéraire de base, pour ensuite nous intéresser à un certain nombre de tentatives frontales de se confronter au problème dans le domaine cinématographique, et plus largement audiovisuel, puisque l'on ne rechignera pas à un détour du côté de la vidéo ou du jeu vidéo. Ces évocations nous mèneront à des considérations d'ordre technique, narratologique et thématique.

Il y a deux ans, l'auteur de ces lignes s'est piqué de passer de l'autre côté du miroir, et d'enfin assumer pleinement son admiration de l'oeuvre d'Howard Philips Lovecraft en s'y attelant via des récits cinématographiques participant de son univers particulier, vaste et foisonnant. La première tentative, un moyen métrage du nom de Parallaxe et convoquant Grands Anciens et sauts spatiotemporels, s'avère un échec artistique, du fait de son budget endémique, mais surtout d'une attitude de fan-boy, parti tête baissée et la fleur au fusil sans vraiment réfléchir aux tenants et aux aboutissants de la dialectique lovecraftienne en tant que telle. En effet, loin d'être démonté par cette première expérience, c'est carrément à un projet plus ambitieux qu'incite ce semi-échec : une adaptation en deux longs métrages de La quête onirique de Kadath l'inconnue, récit d'aventures oniriques considéré par beaucoup comme le chef-d'oeuvre du créateur de la Morte Rêveuse Cthulhu1. C'est alors dès l'écriture que les problèmes se posent : par exemple, à la fin de Dreamquest for unknown Kadath, Randolph Carter, qui vient de sauter de l'oiseau shantak, tombe en hurlant dans une obscurité totale, où il sent des formes vivantes, matérielles et semi-matérielles, se presser contre lui. Cette chute dure plusieurs cycles d'éternités, alors que le Grand Ancien protéiforme Nyarlathotep ricane on ne sait où et que Nodens, divinité primordiale, mugit à n'en plus finir. Comment traduire une telle scène avec de l'image, du son et un découpage en plans ? Les problèmes qui se posent ici sont à la fois de l'ordre du design, de la narration, de la temporalité, et du concept.

De là le constat, plus important sans doute avec la mythologie lovecraftienne qu'avec d'autres ne soulevant pas les intimidantes notions d'indicible, d'innommable, d'immontrable ou de spectacles suffisant à rendre fous leurs témoins, qu'il convient de cerner les notions conceptuelles, ainsi que techniques, qui sont l'apanage du lovecraftien dans le domaine littéraire, mais aussi cinématographique.

Ainsi l'on se propose de traiter de ces caractéristiques de base du matériau littéraire lovecraftien, afin de dresser une cartographie des difficultés et opportunités thématiques qui attendent le cinéaste.

1 Lovecraft, Howard Philips The dream-quest for unknown Kaddath, La quête onirique de Kadath l'inconnue, , in Démons et merveilles, 10/18, 1973

Cette typologie énoncée, l'on se penchera sur des exercices d'adaptation directe de récits lovecraftiens, afin de discerner les moyens mis en oeuvre pour apprivoiser les idiosyncrasies a priori déroutantes de la mythologie instiguée par Lovecraft. Nous nous pencherons à ce titre sur les démarches de fanboys telles que Call of Cthulhu de Andrew Leman, ou Dreamquest for Unknown Kaddath de Edward Martin III, puis sur les quatre opuscules de Stuart Gordon (Re-Animator1, From Beyond2, Dagon3, et Dreams in the Witchhouse4).

Ce cheminement nous mènera naturellement à considérer les récits originaux créés pour le médium cinéma, et qui entrent dans les canons de la mythologie sans se rattacher nécessairement à un récit préexistant, dans le but de voir ce que de telles démarches apportent en termes de construction mythologique. C'est la trilogie de l'apocalypse de John Carpenter (The Thing5, Prince of Darkness6, In the Mouth of Madness7) et Alien8 de Ridley Scott qui nous intéresseront plus particulièrement.

L'on fera également un détour par la sémiologie pour différencier les grilles de compréhension sollicitées respectivement par la littérature et le cinéma, avant de chercher des pistes de solutions pour la transcription de l'indicible et de la forme d'empathie propre au récit lovecraftien. L'on s'interrogera enfin sur la faculté d'enrichissement du mythe par des oeuvres audiovisuelles.

Entendons-nous bien : Par le terme de "récit lovecraftien", l'on désignera ici l'ensemble des récits constitutifs de l'univers instigué par Howard Philips Lovecraft, sans nous limiter aux seuls écrits de l'auteur. Ainsi l'on invoquera tant Lovecraft que Clark Ashton Smith, August Derleth, Stephen King ou Ramsey Campbell, l'ultime critère étant le rattachement des écrits avec la mythologie lovecraftienne globale. Il en ira de même, d'ailleurs, pour les tentatives cinématographiques autour du lovecraftien, et l'on ne se limitera pas aux seules adaptations directes d'histoires du mythe : Les trois films de John Carpenter, par exemple, pour n'être point des adaptations directes, n'en sont pas moins, nous le verrons, éminemment lovecraftiens dans leur déroulement, leurs thèmes et leurs références.

1 Empire pictures, 1985

2 Empire pictures, 1986

3 Fantastic Factory, 2001

4 First international production, 2006

5 Universal pictures, 1982

6 Alive films, 1987

7 New line cinema, 1994

8 20th century Fox, 1979

Cet opuscule ne prétend pas non plus à une quelconque exhaustivité dans les oeuvres évoquées, tant audiovisuelles que littéraires. Ainsi il se limite volontairement au récit, évacuant par là même les documentaires, biographies ou analyses ayant pu être faites au fil du temps. Le propos de ces lignes est une exploration strictement diégétique1. De plus, Lovecraft et ses coreligionnaires s'étant vus maintes fois adapter, citer, voire carrément piller dans des oeuvres qui se faisant passer pour originales, ou au contraire ayant vu leurs noms accolés à des films n'ayant rien à voir avec les mythes ici soutenus, l'exhaustivité serait un but illusoire2. Ajoutons à cela la vitalité des "geeks"3, notamment sur Internet, et l'on comprendra que pour illustrer notre étude et notre réflexion, l'on aura préalablement sélectionné des exemples jugés les plus signifiants. Enfin, l'on s'interrogera principalement sur une adaptabilité transmédia de l'écrit à l'audiovisuel, et plus largement sur la validité d'une construction mythologique à cheval sur ces deux supports. On exclura donc également les adaptations et transcriptions dans la bande dessinée, la peinture, etc.. 4

1 L'on saura bien entendu se référer si on l'estime utile à des documentaires, commentaires ou biographies, dans la mesure ou ceux-ci seront éclairants quant au propos sur la démarche du conteur. Que le lecteur n'en attende toutefois pas plus que des citations ou des évocations.

2 On ne saurait trop conseiller le site Unfilmable.com, qui dresse une impressionnante liste (Dernière consultation Septembre 2007).

3 Se dit d'un fan à la limite du compulsif, formant des communautés actives autour de l'objet, ou des objets, de son admiration. Voir p.27.

4 Encore une fois l'on saura se souvenir de ces arts dans le cas d'un rapport direct avec l'audiovisuel, par exemple dans celui de Hans Ruedi Giger sur Alien.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984