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L'annonce de la maladie d'Alzheimer aux aidants naturels : les facteurs influençant leur vécu


par Caroline Chapelier
Université Toulouse Le Mirail - Master Géronto-Psychologie 2008
  

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3.2.3 Types de réactions des aidants à l'annonce du diagnostic

L'annonce peut être vécue sur le mode d'une catastrophe, d'un effondrement émotionnel. L'entourage va alors se faire un devoir de soutenir le patient en étant fort.

Pouillon montre que les sujets peuvent pleurer, avoir des paroles conjuratoires (« c'est pas possible »), exprimer le besoin de sortir du bureau, ou émettre un flot de questions angoissées pour tenter de (re)prendre le contrôle de la situation. [35]

Des angoisses peuvent alors émerger chez la famille. Il peut s'agir d'angoisses narcissiques : l'entourage éprouve la crainte que la pathologie soit héréditaire et pose alors au praticien la question de la transmission (qui témoigne de la manière dont ils perçoivent le lien à travers la filiation). Le cas particulier du conjoint met en évidence que le vieillissement de l'autre sert de modèle à la représentation du vieillissement propre : il existe une dimension narcissique du deuil de l'autre du passé. Des angoisses de type objectales peuvent également survenir. L'expression d'inquiétudes proches des dimensions concrètes de la réalité peuvent permettre de contenir les angoisse en leur donnant un espace psychique et une représentation ainsi qu'en citant des réponses opératoires ou des actions pour s'approprier ce qui arrive.

L'aidant peut recevoir un « choc » lors de l'annonce car celle-ci peut être trop soumise à une approche médico-technique, à un discours objectivant, excluant le sujet de sa singularité. L'aidant cherche alors dans une démarche de réassurance, à trouver une cause à la déchéance, soit en projetant sur le malade l'origine de la démence (mode de vie) ou sur des événements (deuil par exemple). Cette rationalisation montre le désir de l'aidant de réintroduire du maîtrisable dans une situation qui lui échappe complètement. L'annonce est ressentie dans ce cas par l'aidant comme un véritable choc traumatique. Un trauma qui est une blessure narcissique importante où se trouve bouleversé le jeu des identifications, des images incorporées idéalisées pendant l'enfance.

Nous pouvons observer un mouvement de régression de l'appareil psychique familial vers des positions psychiques indifférenciées, traduit par un refus plus ou moins actif du diagnostic. Cette régression aura pour but de garder le sujet au sein de la famille, de le mettre à l'abri de certains des membres. Le problème de cette dédifférenciation (symbiose), selon Talpin (1999), est qu'elle fait émerger chez les non-déments la menace d'une contamination de la démence. Ce fantasme peut conduire à des mouvements contradictoires de sur et désinvestissements. [39]

Le déni du diagnostic est considéré par Pouillon comme le refus de la maladie (l'entourage va dire « c'est la vieillesse »). Une agressivité et/ou une agitation motrice peuvent alors apparaître lors de la consultation et l'entourage peut demander des explications exhaustives ou même menacer le praticien d'aller chercher un deuxième avis. [35]

La démence semblerait survenir pour la famille sans qu'elle ne s'y attende. Certaines familles refuseraient alors dans ces conditions « volontairement » ou non  de se préparer à cette déchéance annoncée, il s'agirait d'une forme de déni.

L'acquiescement passif  est une autre réaction possible qui se traduit par le blocage des affects, une sorte d'état de sidération du sujet. Pouillon montre que cet acquiescement est rarement dépassé. Il peut traduire différents affects : un soulagement, un effondrement intérieur, Un refus d'admettre la réalité, une incompréhension...Le diagnostic qui constitue une blessure narcissique pour le groupe familial s'accompagne de honte, la famille se replie sur elle même. [35]

Certains sujets, face à l'annonce d'une maladie grave, vont chercher à réorganiser la vie du patient et la leur, montrer une volonté de lutte contre les effets de la pathologie et élaborer de nouveaux projets. Des changements positifs se mettent alors en place.

Selon le Dr. Ponticaccia (CHU de Montpellier, 2004), un stress chronique et intense peut être observé chez les aidants à tous les stades, et ceci dès l'annonce du diagnostic. Cette anxiété est très fréquente (jusqu'à 96% de sujets atteints selon les études) et semble liée à deux facteurs : la multiplication des tâches après l'annonce et la dégradation progressive du patient. Une anxiété généralisée peut être vécue par certains aidants déclenchée lors de l'annonce mais qui s'observe au sein de toutes les étapes après ce moment difficile. Selon les critères du DSM IV, l'anxiété appartient aux troubles anxieux. Cette notion s'accompagne de soucis excessifs qui surviennent la plupart du temps durant au moins 6 mois, concernant un certain nombre d'événement ou d'activités. [44]

L'anxiété généralisée se caractérise par des préoccupations difficiles à contrôler et d'au moins trois symptômes parmi l'agitation, la fatigabilité, un trouble de la concentration, une irritabilité, une tension musculaire et des troubles du sommeil. L'anxiété altère la vie sociale, familiale et professionnelle de la personne, et ceci de manière significative. Le terme « anxiété » est relativement flou dans la littérature psychologique. La plupart du temps, l'anxiété est perçue par l'individu et son entourage comme un trait de personnalité. On évoque alors dans ce cas une caractéristique figée, alors que le trouble anxieux correspond à une tendance mouvante.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand