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L'Appropriation de l'internet par la presse béninoise

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par Abdel Kader Babatoundé KPADONOU
Université d'Abomey-Calavi - Technicien Supérieur en Archivistique 2002
  

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C- Acteurs de la presse

En premier lieu, viennent les journalistes. Sans eux, il n'est pas possible de parler de la presse dans une société. Leurs principales activités se résument à la recherche, à la collecte, au traitement et à la diffusion des informations. Le journaliste est donc un «récepteur et un diffuseur d'informations »16(*). Il doit observer dans ses fonctions un certain nombre de règles pour éviter des dérapages éventuels au niveau du public. C'est ce qui justifie dans chaque Etat l'existence de lois qui régissent les activités des organes de presse.

Ensuite, suivent les associations de journalistes qui favorisent une union dynamique face aux obstacles qu'ils peuvent rencontrer dans leurs fonctions et organisent des rencontres d'échanges destinées à améliorer leurs prestations.

Si les organes de presse à travers les hommes de médias doivent, comme nous l'avions précisé un peu plus haut, se conformer à une réglementation déterminée, il faut bien des structures qui puissent la faire respecter. C'est l'importance de l'existence des institutions de contrôle et de régulation au sein de la presse.

Par ailleurs, un organe de presse ne peut exister sans un public, car les informations diffusées ne sont destinées qu'à un public réel ou potentiel. Pour qu'un organe de presse existe, il faut également des lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Le public constitue donc un acteur de la presse.

La presse joue donc un rôle non négligeable dans un pays. Elle informe le public sur des faits, l'éduque et participe à son épanouissement. La presse béninoise remplit-elle ces fonctions ? Pour répondre à cette interrogation, nous apprécierons sa situation à l'heure actuelle.

PARAGRAPHE 2 : LA PRESSE BENINOISE

Avant qu'elle ne soit à son stade actuel, la presse béninoise a dû traverser plusieurs étapes marquantes qui méritent d'être rappelées. Nous présenterons donc les différents changements qu'elle a subis depuis son origine. Ce rappel permettra d'aborder la question de sa situation en 2002.

A- Bref aperçu historique

Le Bénin a connu sur le plan politique, outre les royautés qui existaient déjà au XVème siècle la période coloniale, la période d'instabilité politique qui a succédé aux indépendances et la période révolutionnaire qui a pris fin avec la Conférence des forces vives de la nation. Cet événement est à l'origine de l'ère démocratique qui prévaut actuellement dans le pays. L'historique de la presse béninoise arpentera donc les différentes étapes de son histoire politique depuis la période coloniale.

1- Les origines de la presse béninoise: d'une presse au service du colonisateur à une presse engagée

A partir de 1894, le Dahomey devient une colonie française. Partout sur ce petit territoire allant de l'Atlantique au large du fleuve Niger, seuls les intérêts français étaient légitimes. Noirs et blancs devaient donc se consacrer au maintien de ces intérêts coloniaux. La presse avait alors pour seul leitmotiv le soutien de l'action coloniale et n'était pour ce faire qu'aux mains des colons. Ainsi, L'Echo du Dahomey17(*) 1er journal à paraître au Dahomey à partir du 23 juillet 1905 fut « créé et géré par un commerçant français du nom de Crescent »18(*) et Le Bénin qui a suivi ses pas à partir de 1907.

A l'époque, les activités de presse étaient régies par la loi française de 1881 qui interdisait à l'intelligentsia africaine de créer ses propres organes de presse. Ce n'est qu'à la faveur de la première guerre mondiale qu'ont été assouplis les rapports entre les blancs et les autochtones dahoméens que ces derniers pourront mettre en place des organes de presse entièrement gérés par eux. Cette autorisation a été effective grâce à la nationalité française que quelques dahoméens ont obtenue « pour avoir combattu aux côtés des troupes françaises pendant la guerre »19(*). Bien entendu, ces nouveaux journaux, qui ont fait leur apparition à partir de 1920 dans les grandes villes comme Cotonou, Porto-Novo, Ouidah et Abomey avaient la dent dure envers les autorités coloniales locales. Au nombre de ceux-ci, on peut citer Le Guide du Dahomey, La Voix du Dahomey, Le Phare du Dahomey, La Presse Portonovienne, Le Courrier du Golfe du Bénin, L'Echo des Cercles et L'Etoile du Dahomey. Les libertés politiques accordées à ses colonies par la France à la fin de la seconde guerre mondiale feront augmenter le nombre d'organes de presse jusqu'en 1960. Selon Marie-Soleil FRERE, la colonie du Dahomey enregistra de 1946 à 1960 la création d'une cinquantaine d'organes de presse écrite20(*). Dans cette masse de journaux ayant accompagné la colonie dans sa marche vers l'indépendance, mentionnons tout au moins France Dahomey qui était un organe de presse écrite gouvernementale, La Croix du Dahomey publié par le clergé catholique et Radio Cotonou qui existait depuis le 07 mars 1953.

La presse dahoméenne était à la veille de l'indépendance très diversifiée du point de vue de l'option éditoriale. Cohabitaient la presse syndicale, la presse partisane, la presse religieuse, des journaux très acerbes et ceux qui soutenaient l'action coloniale. Cette situation pourra-t-elle survivre avec le départ de l'homme blanc ?

2- Des lendemains instables d'indépendance au régime révolutionnaire : une presse béninoise muselée

Contrairement à ce à quoi l'on pouvait s'attendre, les nouveaux dirigeants imposèrent une situation qui mettait en cause l'épanouissement de la presse : plus de journaux privés. L'organe de presse écrite gouvernementale de la période coloniale, France Dahomey, sera remplacé à partir de 1960 par L'Aube Nouvelle, hebdomadaire qui deviendra, le 1er août 1967, quotidien sous le nom de Daho-Express.

De 1960 à 1972, le Dahomey connut une instabilité politique caractérisée par « des coups d'Etat à répétition »21(*). Le dernier coup d'Etat c'est-à-dire celui du 26 octobre 1972 marqua la fin de l'imbroglio politique dans lequel le pays était plongé depuis l'indépendance. Il instaura un régime révolutionnaire qui ne sera pas aussi complaisant avec la presse. Les organes de presse changeront de dénomination à l'image de l'Etat devenu Bénin et ceci pour marquer le passage à une nouvelle ère politique. Le quotidien gouvernemental Daho Express devient en 1975 Ehuzu, Radio Cotonou devenue en 1958 Radio Dahomey sera désignée par La Voix de la Révolution et l'Agence Dahoméenne de Presse (ADP) qui fonctionnait depuis 1960 devient l'Agence Bénin Presse (ABP). Le quotidien national, la radio nationale et la radio locale d'Etat de Parakou, qui émettait depuis le 23 mars 1983, étaient tous contrôlés par les barons de la révolution et de ce fait remplissaient pleinement leur rôle de griot du régime marxiste-léniniste. Ils ne pouvaient diffuser ou publier que ce qui était autorisé par les dirigeants. L'Etat concentrant entre ses mains les moyens de circulation de l'information, il se développait, en dehors de La Croix, un journal catholique paru depuis la période coloniale, une presse clandestine. On pourrait en citer La Flamme du Parti Communiste, Combat des scolaires et étudiants, Les lances intrépides du comité préparatoire de la réunification de la jeunesse et La Voix des Travailleurs du Bénin de la Centrale des syndicats des travailleurs du Bénin.22(*)

3- Le Bénin du renouveau démocratique et le pluralisme médiatique

Dans la seconde moitié de la décennie 1980, le régime marxiste-léniniste sera confronté aux pressions tant intérieures qu'extérieures. Les autorités politiques étaient contraintes de procéder à un relâchement de leurs méthodes trop coercitives. C'est ainsi qu'ils autorisèrent deux journaux de presse privée à paraître. Il s'agit de La Gazette du Golfe, hebdomadaire qui parut le 1er mars 1988, de Tam-tam express, bimensuel qui parut le 19 juin 1988 et de La Récade, mensuel culturel paru pour la première fois en juin 1989. Ce sont ces organes de presse rejoints par L'Opinion le 15 février 1990 qui se chargeront d'informer les populations sur les activités de la conférence nationale des forces vives qui a eu lieu à Cotonou du 19 au 28 février 1990.

Pendant la période de transition qui succéda à cette conférence, d'autres organes de presse virent le jour dont Le Forum de la semaine, L'Observateur, Le Soleil, 24 heures, Le Canard du Golfe, Le Satirique, Le Quotidien, Libération, L'Indépendant, Je sais tout, La Voix du Bénin, L'Union, L'Eveil. Le quotidien gouvernemental Ehuzu devint le 1er mai 1990 La Nation et La Voix de la Révolution redevint Radio Cotonou. Survécurent la radio locale d'Etat de Parakou, la télévision nationale et le journal catholique La Croix. Tous ces organes de presse publique ou privée devant couvrir les premières élections présidentielles de l'ère démocratique, l'instauration d'une instance de contrôle des médias pendant le scrutin se faisait nécessaire. Ainsi a été créé le 21 janvier 1991 le Conseil National de l'Audiovisuel et de la Communication qui n'était qu'une instance provisoire.

La constitution du 11 décembre 1990 ayant prévu parmi les institutions inhérentes à la démocratie la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication (HAAC) à travers ses articles 8, 24, 56, 142 et 146, cette dernière ne sera mise sur pied qu'après la promulgation de la loi organique n°92-021 du 21 août 1992. Elle servira désormais d'instance de régulation et de contrôle des médias.

Le 20 août 1997, il sera voté par l'Assemblée Nationale la loi n°97-010 portant libéralisation de l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communication audiovisuelle. Cette loi a constitué l'origine de l'explosion de la presse audiovisuelle au Bénin. Ainsi, plusieurs organes de la presse audiovisuelle privée ont commencé à voir le jour.

En 1997, il a été institué l'Aide de l'Etat à la presse privée et le 06 octobre 1998, il a été procédé à la création de l'Observatoire de la Déontologie et de l'Ethique dans les Médias (ODEM) qui est un organe d'autorégulation constitué entièrement d'hommes de médias. Il a été installé le 03 mai 1999 et le code de déontologie de la presse béninoise qui servira de "bréviaire" aux « journalistes et techniciens de la communication »23(*) sera adopté par cette institution le 24 septembre de la même année.

Alors qu'elle ne servait que les intérêts de la métropole au départ et était devenue très critique après la première guerre mondiale, la presse béninoise est, aujourd'hui, libre et autonome après avoir été de 1960 à 1990 confinée dans les mains des dirigeants politico administratifs.

Comment se présente la presse béninoise à l'heure actuelle ? En d'autres termes, combien d'organes de presse compte-t-elle ? Quelles sont les structures de contrôle ? Combien d'associations peut-on y rencontrer ?

* 16 - Philippe BACHMAN. Communiquer avec la presse écrite et audiovisuelle. Paris : CFPJ, 1996. P.27.

* 17 - Dans ce document, les dénominations des organes de presse sont mentionnées en caractères italiques.

* 18 - OBSERVATOIRE DE LA DEONTOLOGIE ET DE L'ETHIQUE DANS LES MEDIAS. Etude sur l'état des médias au Bénin : 1988-2000. Cotonou : Fondation Friedrich Elbert. 2001. P.20.

* 19 - Marie-Soleil FRERE. Presse et démocratie en Afrique francophone : les mots et les maux de la démocratie au Bénin et au Niger. Paris : Karthala, 2000. P.27.

* 20 - Ibid.

* 21 - Alexis AZONWAKIN. « Historique politique du Dahomey au Bénin d'aujourd'hui : les hauts et les bas d'un Nation en quête de son identité ». Fraternité. N°162, juill. 2000. P.4.

* 22 - Nous citons ici Marie-Soleil FRERE, P.54.

* 23 - Préambule du Code de déontologie de la presse béninoise fourni par l'Agenda de la Presse et de la Communication 2002.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand