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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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II.2.6. La méthodologie interculturelle de Rittau

Dans le cadre d'une thèse de doctorat soutenue en sciences de langage à l'Université de Strasbourg 2, Rittau (2001) explore les multiples manifestations de la diversité culturelle et analyse leur impact sur l'acquisition d'une compétence interculturelle par l'apprenant. Ce faisant, elle axe son étude sur les contenus de l'approche culturelle de l'enseignement universitaire, privilégiant à cet effet dix-sept rubriques appartenant au socioculturel à savoir le repas, le vin et la bière, l'aménagement intérieur, les rues, l'emballage, la publicité, la voiture, la télévision, le journal, le livre, la peinture, la musique, le symbole, la région, le paysage, l'Europe, l'eau.

A partir d'une méthodologie interculturelle et donc sémiologique à angles de vue multiples, les différentes rubriques sont analysées de trois points de vue : littéraire par l'intermédiaire de courts extraits, visuel (représentation photographique) et actuel à base de publications récentes et articles pris dans les médias. Toutes les présentations sont réalisées en double face allemande et française. Rittau a appliqué son étude au champ franco-allemand et a ainsi le mérite de l'avoir menée sur les trois plans fondamentaux que sont le littéraire, le visuel et l'actualité. C'est sûrement sur la base de tels travaux que Marmoz a fait le point de la recherche interculturelle.

II.2.7. La recherche interculturelle d'après Marmoz

Dans l'ouvrage L'interculturel en questions. L'autre, la culture et l'éducation, dont il coordonne la publication avec Derrij, ouvrage qu'ils conçoivent à la fois comme étant une suite au Colloque de l'AFIRSE (Rabat 1997) qui portait sur le thème « Education : Identité, altération et relations interculturelles » et une introduction à celui de Natal (2001) dont le thème était « Hétérogénéité, culture et éducation », Marmoz (2001: 41) livre sa pensée dans un article intitulé «La recherche interculturelle : exploitation, pédagogie ou coopération ?».

Dans un premier temps, l'ouvrage met en exergue l'importance de la puissance des uns et des autres et la complexité des relations culturelles qu'on ne saurait réduire à la langue de communication ou aux réalités pédagogiques en faisant fi de leur dimension politique. Puis, il définit les grandes lignes de la recherche interculturelle dont les champs de prédilection sont clairs : les cultures et leurs frontières, leurs lignes d'évolution, l'importation/exportation de biens marchands, les idées et pratiques de traduction, la reconnaissance, les rencontres entre porteurs de codes culturels, ...

Au regard de la synthèse des études menées dans le cadre du Conseil de l'Europe en vue de définir une citoyenneté européenne et des résultats des travaux menés dans le cadre de la coopération interuniversitaire France-Portugal et France-Brésil au niveau des programmes d'échanges, Marmoz conclut que l'interculturel est un marché, ceci à cause des principes régulateurs de son fonctionnement. Il cite à propos Abdallah-Pretceille (1996 :26) qui dit que « l'interculturel, c'est la circulation, le partage, l'enrichissement par les différences » , c'est-à-dire un cadre d'échange caractérisé par des rapports de force et de domination. Cette idée, Ladmirail et Lipiansky la renforcent quand ils disent que ce marché, « volontariste dans un monde inégalitaire », régulé par le respect et le droit à la différence, « définit moins un champ comparatif [...] qu'un champ interactif, où l'on s'interroge sur les relations qui s'instaurent entre groupes culturellement identifiés » (1989 :10), un lieu naturel d'échanges où le commerce, mieux la communication entre partenaires est évidente. Et Camilleri et Vinsonneau de conclure que « l'interculturel désigne alors une attitude générale : veiller à ce que la différence culturelle, partout où elle se rencontre, ouvre à la communication au lieu de se convertir en barrière » (1996 :78)

Ensuite, Marmoz (2001) établit dès lors que pour que la communication, l'échange, l'interaction, la compréhension comme fins du langage et du partage interculturel soient réels et opérationnels, ils doivent se définir par trois pistes qui constituent simultanément les lignes forces de l'interrogation de la quête ou de la recherche interculturelle à savoir la pédagogie, l'exploitation et la co-opération.

La pédagogie dans le cadre de la recherche interculturelle est faite du désir de se former et de celui de former l'autre, désir conçu comme un a priori pédagogique en dehors de toute neutralisation ou péjoration évidentes de la différence. En effet, il s'agit d'une rationalisation de l'hétérogénéité culturelle qui, dans un contexte de pluralisme culturel, favorise la formation et l'assimilation des minorités à la culture dominante (Furter, 1983). Seulement, les contradictions, les déchirements et autres réactions qui caractérisent une société dont l'hétéroculture est une situation de dualisme culturel fondé sur deux sources antagonistes que sont les cultures autochtone ou allochtone sont à déplorer. Face à cette situation et à l'échec, des mécanismes intégrateurs en vue d'assimiler la nouveauté comme la tentative de « nationalisation culturelle » (Poirier, 1978) sont développés. Bien à propos, l'africanisation des anthroponymes et des toponymes est citée en exemple. Cette nationalisation pourrait aussi expliquer pour une part le français langue africaine dont une justification toute aussi culturelle ou interculturelle est l'impossibilité pour le français de permettre une traduction fidèle de certaines réalités africaines.

Pour ce qui est de l'exploitation de l'autre en situation d'hétéroculture ou de métissage culturel, elle relève du fait que l'interculturel étant un marché, les partenaires sont à tout moment en situation de négociation et de transaction. Par conséquent, la connaissance de l'autre et l'altérité deviennent des prétextes pour obtenir de lui ce qu'on n'a pas et de valoriser ce qu'on a et qu'il n'a pas. Une telle négociation, aussi complexe qu'elle soit, ne peut fonctionner à merveille que si certains préalables sont remplis. Et Abdallah-Pretceille et Porcher (1996 :26) de préciser que

 la capacité de négociation suppose que l'on considère l'Autre comme un partenaire, c'est-à-dire comme un égal, un prestataire de services. La transaction est devenue la conduite quotidienne ordinaire, qui va de soi.

Malheureusement, l'égalité n'étant que pure fiction, la culture dominante prendra toujours le pas sur la culture dominée, ce qui crée évidemment une situation d'exploitation. Car, comme le dit si bien Demorgon,

l'idéalisme de la différence enrichissante n'est que l'envers du réalisme de la différence qui me distingue avantageusement de l'autre. L'envers en apparence seulement. En effet, dans le premier cas, la différence propre à l'autre m'intéresse, mais c'est pour me l'ajouter et me revaloriser grâce à cet acquis. Dans le second cas, la différence qui m'est propre me valorise contre l'autre dans la mesure où elle est quelque chose qui lui manque. Ainsi, en fait, dans les deux cas, je suis gagnant, c'est toujours ma supériorité qui s'affirme (1989 :82).

Enfin, la co-opération dans le domaine interculturel signifie que les cultures sont considérées sur le même pied d'égalité. Par conséquent, co-opération devient construction ensemble, travail en partenariat dans de projets communs où les identités propres des peuples sont respectées et sauvegardées, même si les transformations et les mutations sont inévitables. Tels sont les grands axes de la pensée de Marmoz qui s'intéresse à la recherche interculturelle en général, sans insistance particulière sur les pratiques didactiques en salle de classe. Seuls les grands projets de coopération et d'échange interuniversitaires entre pays ont retenu son attention. Pourtant, en guise de conclusion à l'ouvrage collectif qui contient sa pensée qui est ci-dessus résumée (Marmoz et Derrij, 2001), Mialaret propose une démarche pédagogique de l'interculturel.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore