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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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V.1.2. Interprétation des résultats de l'hypothèse de recherche n°01

La lecture interprétative de résultats obtenus au niveau de la première hypothèse ainsi que sa confirmation sont assez éloquentes. La concordance entre les croissances (courbes ascendantes) en effectif de la compétence interculturelle et de la compétence en didactique théorique se justifierait d'emblée par les exigences des besoins langagiers (Richterich, 1985 :104). Ces besoins, parce qu'ils sont à la base de tout échange linguistique et de toute communication pourraient s'expliquer par les rapports que l'homme entretient avec la langue et partant avec la culture, et donc par la socialisation à travers laquelle il faut lire ou percevoir l'influence de l'un des deux facteurs que sont l'hérédité et le milieu.

La concordance ci-dessus évoquée, en justifiant « la nécessité de replacer l'apprentissage individuel dans le contexte culturel global qui le renforce » (Grawitz, 2001 : 220), s'établit en définitive sur les exigences des théories situationnelles au premier rang desquelles la théorie behavioriste. En accord donc avec les besoins langagiers identifiés pour une approche didactique systémique et contrairement aux théories substantialistes qui

 cherchent à connaître, expliquer , prévoir les conduites d'un individu dans chaque situation par rapport à sa personnalité tout entière[...] personnalité [...] composée d'éléments soumis à une organisation,

les théories situationnelles stipulent (Allport, 1968) que « la personnalité est l'organisation dynamique dans l'individu , des systèmes psychologiques qui déterminent ses adaptations propres vis-à-vis du milieu » (Grawitz, 2001 :219).

Ainsi, la confirmation de l'hypothèse n°01 conforte les pédagogues et didacticiens dans l'adoption de l'approche systémique dans leurs enseignements, car contrairement aux approches langagière centrée sur les contenus, méthodologique centrée sur les méthodes d'enseignement et l'enseignant, psychologique centrée sur les processus d'apprentissage et l'apprenant, sociopolitique centrée sur les institutions, l'approche systémique est centrée sur les systèmes d'enseignement/apprentissage et sur les interactions de leurs composantes (Ritchterich, 1985 :12). Une telle conclusion permet de mieux apprécier l'effet que la compétence interculturelle peut avoir ou a sur les résultats de l'action didactique.

V.1.3. Compétence interculturelle et efficacité en didactique pratique

L'hypothèse de recherche N°02 est la suivante : Plus un enseignant est compétent sur le plan interculturel, plus il est efficace sur le plan de la didactique pratique en classe de langue.

L'hypothèse alternative N°02 est la suivante : Il existe une relation significative entre la compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en didactique pratique.

L'hypothèse nulle N°02 est la suivante : Il n'existe pas de relation significative entre la compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en didactique pratique.

La visualisation de ce rapport est faite dans le tableau de synthèse ci-dessous.

Tableau N°15 : Relation entre la compétence interculturelle de l'enseignant et son efficacité en didactique pratique

Efficacité en didactique pratique

Compétence interculturelle

1. Efficacité insuffisante

2. Efficacité moyenne

3. Grande Efficacité

Total

1. Compétence insuffisante

38

76.0

07

14.0

05

10.0

50

100.0

2. Compétence moyenne

12

21.8

25

45.5

18

32.7

55

100.0

3. Grande compétence

07

11.7

18

30.0

35

58.3

60

100.0

Total

57

34.5

50

30.3

58

35.2

165

100.0

Sur les 50 sujets de l'échantillon qui ont une compétence interculturelle insuffisante, 05 seulement, soit 10.0 % font preuve d'une grande efficacité didactique, 07, soit 14.0 % en font preuve d'une efficacité moyenne et le reste des 38 sujets soit 76.0 % en font preuve d'une efficacité insuffisante.

Pour ce qui est des 55 sujets qui ont une compétence interculturelle moyenne, les élèves de 12 soit 21.8 % ont de mauvais résultats, les élèves de 25 soit 45.5 % ont des résultats moyens alors que ceux de 18, soit 32.7 % en ont de bons résultats. L'effectif des enseignants qui ont des élèves aux résultats moyens correspond presque à la moyenne de l'ensemble des sujets de cette catégorie.

Enfin, sur les 60 sujets qui ont une grande compétence interculturelle, 07 sujets seulement, soit 11.7 % font montre d'une efficacité didactique ou méthodologique insuffisante, 18, soit 30.0 % font preuve d'une efficacité moyenne tandis que 35, soit 58.3 % font preuve d'une grande efficacité. Ainsi, plus la compétence interculturelle est importante chez un enseignant, plus les résultats de ses élèves croissent aussi. Mais pour être sûr que cette relation ne relève pas du simple fait du hasard, il faut la soumettre au test statistique du khi-carré.

Les données relatives au khi-carré de Pearson affichées par le programme statistique dans le tableau n°15 sont les suivantes :

X² calculé : 63. 35991

Ddl : 4

Seuil de signification : 0. 00000

X² lu : 15. 15

Au regard de ces résultats, on peut tirer les conclusions suivantes :

X² calculé étant supérieur à X² lu, l'hypothèse nulle est rejetée et l'hypothèse alternative retenue, ce qui implique la confirmation de l'hypothèse de recherche n°02 avec une marge d'erreur presque insignifiante. Ainsi, plus un enseignant est compétent sur plan interculturel, plus il l'est aussi sur le plan de la didactique pratique, c'est-à-dire en ce qui concerne la transmission des connaissances en classe de langue.

V.1.4. Interprétation des résultats de l'hypothèse de recherche n°02

Au regard des données compulsées par le programme statistique, toutes les trois catégories qui constituent la distribution des sujets par rapport à leur compétence interculturelle font preuve des trois degrés d'efficacité didactique définis dès le départ. Mais il faut néanmoins remarquer au terme des analyses que le sens des courbes, essentiellement descendante en ce qui concerne l'efficacité didactique des sujets qui ont une compétence interculturelle insuffisante et essentiellement ascendante pour ceux qui ont une grande compétence interculturelle, confirme encore mieux l'hypothèse de recherche n°02.

Cette confirmation est révélatrice d'un contexte d'enseignement/apprentissage où la culture malgré sa diversité est unique et commune, d'un contexte où les interlocuteurs se comprennent, d'un contexte où les utilisateurs de la langue, « à leur façon, interrogent et façonnent le monde au travers d'une exploration du langage dans toutes ses dimensions et ses capacités » (Lucas et Beniamino, 2005 :50). La langue, objet d'apprentissage et outil d'enseignement, devient le moyen par lequel les hommes et les peuples se réconcilient avec eux-mêmes (Diop, 2005 : 93). Ancrée dans les terroirs, la langue devient « le miroir des réalités » (Wersey, 2005 : 81) et les mots qui en sont les éléments constitutifs « cristallisent un ensemble de réalités, culturelles et/ou idéologiques. Ces mots reflètent, en effet, les croyances et les convictions d'une communauté linguistique » (Uwiringiyimana, 2005 :99). La confirmation de l'hypothèse de recherche N°02 retrace les chemins ardus de l'encrage situationnel de l'usage de la langue et partant des activités d'enseignement/apprentissage.

En définitive, la confirmation des hypothèses de recherche n°01 et n°02 entraîne celle de l'hypothèse générale de l'étude autrement justifiée par ce que Marmoz appelle à bon escient en recherche interculturelle « un a priori pédagogique, un désir de former et d'orienter, en s'en donnant les moyens, dès qu'existe la mise en relation, et l'envie d'action sur l'autre » (2001 :55). Ainsi, la compétence interculturelle de l'enseignant a un effet significatif sur l'efficacité de son action didactique. Telle est la conclusion tirée en dernier ressort, conclusion qui devrait sûrement avoir de multiples implications.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery