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Compétence interculturelle et efficacité de l'action didactique en classe de langue

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par Albert Etienne Temkeng
Chaire UNESCO pour l'Afrique centrale en Sciences de l'éducation, Université Mariem Ngouabi, ENS de Yaoundé - DEA des Sciences de l'éducation 1987
  

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CHAPITRE II : LE CADRE THEORIQUE DU SUJET

Toute étude a un socle sur lequel elle repose, un socle qui constitue la base théorique de toute la démarche scientifique mise en place. Il s'agit d'une base théorique qui permet de situer le problème étudié au coeur du développement de la pensée scientifique pour en fonder le cheminement exploratoire. Pour ce qui est de la présente étude, elle prend racine dans les problématiques que suscite la didactique des langues en général et en particulier celle du français en Afrique francophone subsaharienne aujourd'hui. Pour mieux en saisir la portée, il faut procéder par la définition des concepts clés qui le libellent, ce qui permet de cibler les travaux devant faire partie de la revue de la littérature. Cette dernière aide à dégager l'originalité de l'étude et à formuler les hypothèses de recherche conséquentes.

II.1. LA DEFINITION DES CONCEPTS

Les concepts clés de l'étude sont d'emblée les deux paramètres que le libellé du sujet voudrait relier. Il s'agit de compétence culturelle et efficacité de l'action didactique, concepts qui doivent être définis par rapport à celui de langue française.

II.1.1. Le concept de compétence interculturelle

Pour définir ce concept, il faut au préalable expliquer les termes qui le composent à savoir culture et compétence. Au besoin, on devra même définir la compétence culturelle pour mieux cerner la compétence interculturelle.

a). La culture et le culturel

Le Dictionnaire actuel de l'éducation (1988) définit la culture comme  un ensemble de manières de voir, de sentir, de percevoir, de penser, de s'exprimer, de réagir, des modes de vie, des croyances, un ensemble de connaissances, de réalisations, d'us et de coutumes, de traditions, d'institutions, de normes, de valeurs, de moeurs, de loisirs et d'aspirations. C'est dire que, puisqu'elle englobe toutes les activités de la vie humaine, la culture peut être perçue comme la manière par laquelle nous vivons et résolvons les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Au total et surtout sur le plan anthropologique, la culture est l'ensemble des traits distinctifs caractérisant le mode de vie d'un groupe humain organisé, d'un peuple ou d'une société.

Ainsi, la culture est un ensemble de connaissances qui permettent de développer le sens critique, le goût et le jugement. Ces paramètres sont eux-mêmes caractérisés par trois éléments clés (Claes, 2003) que sont le temps, l'espace et le contexte de communication et sont essentiellement liés à des groupes sociaux précis.

Ces approches de définition rejoignent celle de Rocher (1969 : 88) pour qui la culture est

un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte .

C'est la raison pour laquelle Taylor (1871 :1) en disait déjà que

la culture [...] est cet ensemble complexe qui inclut la connaissance,la croyance, l'art, la morale, le droit, la coutume et toutes autres capacités et habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société.

Parce que anthropologique, la conception de Taylor est plus englobante que le sens restreint ou restrictif qu'Oliviéri (1996 :9) et Morin (1969 :5) donnent à la culture. Si le premier parle de « culture cultivée ou majuscule », les seconds parlent de culture « normative-aristocratisante ». Pour eux, il s'agit précisément d'un savoir élitiste réduit aux beaux arts et à la littérature. La définition de Taylor déborde par ailleurs la conception élargie qui confond la culture à la civilisation en tant que ensemble de caractéristiques sociologiques, politiques, historiques et autres communes aux vastes sociétés les plus évoluées. En définitive, parce qu'elle prend en compte les éléments des conceptions restreinte et élargie, c'est-à-dire tout ce qui permet à l'individu de s'intégrer et de vivre en communauté, l'approche de Taylor (Oliviéri, 1996 : 9) est

 une conception  globalisante, voire  holistique, qui intègre aux données précédentes les modes de vie et de pensée, les comportements langagiers, les rites sociaux (les manières de table au même titre que le rapport aux médias) .[...] Dans cette optique, le champ culturel embrasse pratiquement tout ce qui fait de l'individu un être social.

Ainsi, la culture se ramène à un ensemble d'aspects d'une civilisation, à un ensemble de « règles de vie ayant acquis un caractère collectif donc social » , à un ensemble de formes acquises de comportements formant « un dénominateur commun » (Rocher, 1969 : 89)   entre les membres d'une société. Elle se constitue des manières de penser, de sentir et d'agir observables à travers des modèles de comportement, des valeurs et des symboles et qui intègrent les connaissances, les pensées, les sentiments, les attitudes réelles, les manières d'être, de s'habiller,... propres à une communauté humaine. Par conséquent, la culture, en tant que donnée sociale et patrimoine commun,

s'adresse (...) à toute activité humaine, qu'elle soit cognitive, affective ou conative ( c'est-à-dire qui concerne l'agir au sens strict ) ou même sensori-motrice. Cette expression souligne que la culture est action, qu'elle est d'abord et avant tout vécue par des personnes (Rocher, 1969 :89).

En définitive, l'adjectif culturel concerne toutes les activités qui particularisent les peuples. Tel que précisé dans le Dictionnaire Larousse (2000), il concerne  l'ensemble des usages, des coutumes, des manifestations artistiques religieuses et intellectuelles qui distinguent un groupe, une société.

Au regard de tous les sens ici donnés, le culturel tel que appréhendé dans ce travail est largement anthropologique parce qu'il va qualifier prioritairement le linguistique, le sémiolinguistique, le littéraire, bref le comportement langagier impliquant bien sûr des us et coutumes, des modes de vie. Il va également concerner les cultures cultivées pour ce qui est des connaissances méthodologiques ou didactiques. Et comme le comportement langagier renvoie également à des phénomènes appartenant à plusieurs langues et donc à plusieurs cultures, ce culturel traduit un vécu culturel intermédiaire, l'interculturel.

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