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Les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul

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par El Hadji Ibrahima THIAM
Université Cheikh Anta DIOP (UCAD) Dakar - Maîtrise 2004
  

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INTRODUCTION GENERALE

La zone périphérique de la R.S.F.G constitue un milieu particulier dans la C.R de Gandon. C'est une zone de l'estuaire du Sénégal qui est constituée d'une plaine intégrant des systèmes dunaires jaunes et rouges. Elle fait partie des Niayes tant du point de vue du relief, du climat et de l'hydrographie. C'est une zone deltaïque avec des cuvettes à eaux saumâtres surplombées par des dunes.

La C.R de Gandon ceinture la ville de Saint-Louis sauf dans sa partie ouest. Elle est située dans le Département de Saint-Louis et compte quatre (4) zones : Rao, la plus grande, Ndiaw Doune, Toubé et Gandon. La C.R est composée de quatre vingt un (81) villages avec une population de quarante six milles (46.000) habitants sur une superficie de cinq cent soixante (560) kilomètres carrés. Gandon fait partie de ce grand écosystème qui couvre toute la Grande Côte Sénégalaise de Saint-Louis à Dakar. C'est la zone des Niayes, qui fait cent quatre vingt cinq (185) kilomètres de long et large d'environ trente cinq (35) kilomètres. Les Niayes couvrent une partie des régions de Saint-Louis, Louga, Thiès et Dakar.

Du point de vue climatique, les Niayes appartiennent au domaine sub-canarien. On note une baisse nette, dans cette zone, des précipitations ; celles-ci diminuent du sud au nord. Les Niayes dans leur presque totalité, du point de vue géographique, font partie du bassin sédimentaire, du Secondaire et du Tertiaire. Cette zone est sableuse et fortement accidentée du fait de l'existence de systèmes dunaires orientés NE-SW. C'est une plaine constituée de dunes (les dunes littorales vives, les dunes littorales semi fixées et les dunes rouges fixées) et de couloirs inter dunaires ou Niayes inondables, au moins, une partie de l'année.

Sur le plan des sols, nous avons la présence des sols minéraux bruts, des dunes vives ; des sols peu évolués d'apport éolien, des sols hydro morphes à pseudo gley et des sols salés.

La végétation est de type arbustif et herbacé. Elle est dominée par des espèces relictuelles issues des régions soudaniennes et sub-guinéennes, surtout dans les dépressions inter dunaires. Dans cette végétation, nous pouvons particulariser la bande de filao plantée tout au long des Niayes pour la fixation des dunes. Cependant cette végétation a subi une dégradation avancée qui a conduit à la disparition de nombreuses espèces. On trouve également, une mangrove dégradée entre Diama et Gandiole. La R.S.F.G renferme les dernières reliques de cette mangrove.

La faune est dominée par les oiseaux et on compte des centaines espèces concentrées au niveau de la R.S.F.G et du Parc National des Oiseaux de Djoudj. Il y a aussi également d'autres espèces comme les singes, les serpents, les varans, les singes...

Sur le plan de la population, la zone périphérique de la R.S.F.G est constituée de deux (2) ethnies : les wolof, majoritaires et les peulh. Les activités économiques pratiquées sont nombreuses et elles sont dominées par le maraîchage, l'agriculture sous pluie et la pêche. Néanmoins d'autres activités y sont exercées notamment l'élevage, le commerce et l'extraction de carrières. La zone est quasiment dépourvue d'équipements (sanitaire, scolaire, de stockage...) et les aménagements sont rares. Elle est aussi marquée par un enclavement dû au mauvais état des pistes existantes et à l'absence même de pistes par endroit.

Malgré sa richesse faunique et l'importance de ses eaux de surface, la zone renferme beaucoup de contraintes. Celles-ci sont dues à plusieurs facteurs notamment l'érection de la réserve, les effets du barrage de Diama, la sécheresse ainsi que l'absence d'équipements et d'aménagements pour appuyer les activités économiques des populations. La R.S.F.G a aussi plusieurs contraintes dites administratives et techniques. C'est pour tenter d'éradiquer ces contraintes que le Gouvernement du Sénégal a initié le P.G.I.E.S, avec l'aide de ses partenaires (P.N.U.D, F.E.M) pour venir appuyer les populations de cette partie de la C.R de Gandon. Il faut cependant préciser que les objectifs premiers de ce projet sont la lutte contre la dégradation des écosystèmes et mettre fin aux problèmes entre gestionnaires des aires protégées et les populations riveraines. C'est parce que les populations sont considérées comme des partenaires qu'une partie du programme prévu leur est réservée. Un plan d'actions composé de plusieurs activités a été mis en oeuvre. Il tourne autour de la formation des populations, leur financement et initiation à de nouvelles A.G.R, l'équipement et l'aménagement de la zone. Ce sont les populations qui doivent mener les activités ; pour cela différentes O.C.B ont été répertoriées dans la zone. C'est à travers ces O.C.B que le P.G.I.E.S va appuyer les populations dans le but de lever leurs contraintes.

Pour bien mener notre réflexion sur ce sujet intitulé « Les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul » nous allons étudier les potentialités ainsi que les contraintes de la zone. Il est également question de présenter et d'analyser les différentes activités du P.G.I.E.S, de montrer les différentes O.C.B existantes et de déterminer si les populations sont capables de gérer les activités prévues.

En Afrique les aires protégées couvrent 7% du continent. Le décompte établit par le P.N.U.E (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) et le C.M.S.C (Centre Mondial de Surveillance et de la Conservation de la Nature) fait état de 1 254 A.P dont 198 zones marines, 50 réserves de biosphère, 80 zones humides d'importance internationale et 34 sites du patrimoine mondial.

Au niveau de l'Afrique Occidentale, les zones protégées sont au nombre de 126 sur une superficie de 29,38 millions ha ; soit 4,85% du territoire.

Le Sénégal compte plusieurs A.P qui sont regroupées en parcs nationaux, en réserves de faune, en réserves de biosphère, en forêts classées, en réserves et en sites du Patrimoine Mondial. Il y a six (6) parcs nationaux : le Parc National de Niokolo koba (P.N.N.K 913 000 ha), le Parc National de Basse Casamance (P.N.L.B 2 000 ha), le Parc National du Delta du Saloum (P.N.D.S 76 000 ha), le Parc National des Oiseaux de Djoudj (P.N.O.D 16 000 ha), le Parc National de la Langue de Barbarie (P.N.L.B 2 000 ha) et le Parc National des Iles Madeleines (P.N.I.M 45 ha). Les réserves naturelles sont celles de la Réserve de Biosphère du Delta du Saloum (R.B.D.S), la Réserve de Biosphère de Samba Dia (R.B.S.D 763 ha), la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul (R.S.F.G 720 ha), la Réserve Spéciale de Faune du Ndiaël (R.S.F.N), la Réserve Ornithologique de Kalissaye (R.O K 16 ha), la Réserve Naturelle de Popenguine (R.N.P 1 009 ha), la Réserve de Faune du Ferlo Nord (R.F.F.N 600 000 ha), la Réserve de Faune du Ferlo Sud (R.F.F.S), la Réserve Naturelle de Palmarin (R.N.P 10 483 ha), la Réserve Naturelle de Somone

(R.N.S 700 ha) et la Réserve Naturelle de Bamboung (R N B 6 800 ha).

Parmi les A.P beaucoup sont inscrites dans des sites internationaux que sont les sites Ramsar (R S.F.G, P.N.O.D, P.N.D.S et la R.S F.N), les sites du Patrimoine Mondial (P.N.N.K et le P.N.O.D) et les sites naturels protégés et inscrits sur les réseaux spéciaux (P.N.O.D pour le réseau Danone et le P.N.D.S pour le réseau R.E.D.B I.O.S).

En plus de ces parcs nationaux et réserves, il existe un nombre important de forêts classées qui constituent, en quelque sorte, des réserves secondaires de biosphère.

Malgré l'importance de ces A.P, le Sénégal n'a pas encore atteint la norme internationale préconisée par le sommet mondiale de l'environnement tenu à Rio de Janeiro en 1992. C'est seulement un peu plus de 8% du territoire, soit 1 613 790 ha, qui est sous protection alors que ce sommet conseillait 12%.

C'est pourquoi le Gouvernement du Sénégal, avec l'appui des partenaires internationaux, à travers les projets, a lancé une vaste campagne pour augmenter ces zones protégées. Ceci se traduit par la création de nombreuses Réserves Nationales Communautaires (R.N.C). On peut citer entre autre les R.N.C de Missira, de Mame Saliko, de Gandon. D'autres sont en cours de création comme celle de Kayar et de Jinak Bara.

Au Sénégal les terroirs qui entourent les A.P semblent poser l'un des problèmes les plus épineux de la conversation : la population estime qu'elle a sont mot à dire sur ce qui s'y passe mais, souvent les gestionnaires voient ces zones comme des annexes des réserves naturelles qu'il faut protéger.

Au début les politiques de conversation étaient, souvent, fondées sur des mesures de protection qui ignoraient les besoins des populations locales, en leur restreignant les activités et l'installation dans les A.P. Ces zones étaient alors des forteresses de conservation et étaient à l'origine de beaucoup de tensions, entre gestionnaires de ces aires et les populations riveraines. Car ces dernières ne pouvaient comprendre, ni accepter le fait qu'on prenne leurs terres et leur en interdit l'accès. C'est sur les terroirs de ces populations que sont érigées les A.P et les tensions entre gardes et ces dernières étaient quasi quotidiennes.

Maintenant la stratégie de protection, de ces zones, a évolué et les communautés riveraines sont considérées comme des partenaires. Les programmes de conservation communautaire visent à atteindre leurs objectifs en permettant aux populations de participer aux décisions de gestion des terres, et de les donner des possibilités d'accéder aux ressources de la faune et de la flore de sorte qu'elles puissent tirer profit de la conversation.

Au niveau de la R.S.F.G la chasse, la pêche et l'agriculture sont interdites ainsi que toutes autres activités pouvant nuire à l'environnement à l'exception de celles autorisées par le Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature à des fins scientifiques ou pour la défense préventive contre les maladies des populations humaines ou animales. Ici la coopération, entre gestionnaires de la réserve et les populations riveraines, est plus accentuée. Ce sont en fait des jeunes issus des villages périphériques qui se sont portés volontaires pour assurer le nettoyage de certains aménagements, la surveillance et le suivi des colonies de nidification des oiseaux. Ces volontaires sont, en effet, des éco gardes et sont organisés en groupement d'intérêt économique (G.I.E) au niveau de la réserve.

La R.S.F.G est localisée au sud de Saint-Louis. Du point de vue spéficité, la réserve constitue le premier centre d'élevage de faune sauvage et la première parcelle test mise en défens de la végétation et de la faune sahélienne au Sénégal. C'est également un site de séjour pour des milliers d'oiseaux et sert de lieu d'élevage, d'acclimatation et de reproduction pour des espèces en voie de disparition (les oryx et les gazelles dama mhor). La R.S.F.G a beaucoup de potentialités en terme de ressources naturelles. Ses terres sont très fertiles parce que non utilisées pour les besoins de l'agriculture depuis longtemps, l'eau est abondante et l'extraction de sel y est possible. Elle est très fertile pour une zone qui se situe dans la partie Nord sahélienne. C'est une zone humide qui est inscrite au site Ramsar.

Cette réserve de faune a été créée par le décret numéro 83.550 du 30 mai 1983. Elle est située à sept (7) kilomètres au sud de la commune de Saint-Louis sur une surface de 720 hectares. La réserve est constituée d'une cuvette de huit (8) kilomètres de long et large de huit cent (800) mètres, et des dunes du Gandiolais et du Toubé. Le site se trouve sur la route qui mène à Gandiole et il est entièrement clôturé. La R.S F.G est, par la convention de Ramsar de 1971, un site d'importance internationale en ce sens qu'elle reçoit des milliers d'oiseaux. Elle accueille l'une des plus grandes concentrations d'avocette au monde. D'autres espèces y sont répertoriées comme la barge à queue noire (Limosa limosa), le pluvier argenté (Pluvalis squatarola), la spatule d'Europe (Platelea leucocordia)...En plus des oiseaux il y a des phacochères, des singes rouges (patas) et des tortues (Sulcata geochelone).

Trois objectifs lui étaient assignés lors de sa création : maintenir le fonctionnement de la cuvette de Gueumbeul pour son importance ornithologique ; reconstituer la végétation sahélienne par la mise en défens ; créer un centre d'étude et de restauration de la faune sahélienne menacée de disparition. C'est ainsi qu'un groupe de gazelles (dama mhor), offert par l'Espagne a été introduit dans la réserve. Ce dernier s'est multiplié et une partie de la population a été amenée dans la Réserve du Ferlo Nord pour repeupler la zone. Des oryx, offerts par le Gouvernement Israélien, y ont été amenés.

Toutefois, il faut souligner que la réserve est en état de dégradation avancée suite à la combinaison de plusieurs facteurs tels que les effets liés à l'aménagement du barrage de Diama, la sécheresse, la salinisation, la baisse de la nappe phréatique et l'ensablement de la cuvette.

Cependant nous ne faisons pas une étude proprement dite de la réserve mais des terroirs villageois environnements. D'où l'intitulé de notre sujet «les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale Faune de Gueumbeul ».

Ces terroirs périphériques de la Réserve de Guembeul, situés dans la C.R de Gandon, sont en effet confrontés à plusieurs contraintes. Celles-ci sont liées à la proximité de la réserve, les conséquences de l'aménagement du barrage de Diama, la sécheresse, l'absence d'équipements et d'aménagements. La réserve est érigée sur les terroirs des villages de Ndiakher, Gueumbeug, Dieule Mbame et Diama Thiaguel. Jadis, avant la mise en défens de la zone, c'est au niveau du site actuel la réserve que les populations tiraient l'essentiel de leurs revenus à travers des activités comme la pêche, l'extraction du sel, le maraîchage, la culture de l'arachide et le ramassage du bois de chauffe...

Dès lors il s'agit, pour ces populations, de trouver de nouvelles aires pour promouvoir leurs activités économiques et également de nouvelles activités génératrices de revenus. Le Gouvernement du Sénégal a crée le P.G.I.E.S pour la préservation, avec les populations, des écosystèmes et de promouvoir une gestion rationnelle des ressources des A.P. Il appuiera en même temps les populations à gérer leurs contraintes à travers un plan d'actions. En effet c'est un programme qui vise à encourager la gestion intégrée, c'est-à-dire une gestion avec les populations riveraines, des écosystèmes et de la biodiversité au plan communautaire.

Pour se faire une zone tampon entre la R.S.F.G et les T.V a été délimitée, de commun accord avec les populations, pour servir de R.N.C. Elle ne constitue pas une aire protégée puisque des activités y sont pratiquées à l'exception de l'agriculture qui ne participe pas à la préservation de la biodiversité.

Désormais, dans cette partie de la C.R de Gandon, trois (3) unités spatiales sont liées les unes aux autres : l'aire protégée c'est-à-dire la R.S.F.G, la R.N.C et les terroirs villageois (T.V).

Il s'agit, au niveau de la R.S.F.G, d'initier un modèle de cogestion entre gestionnaires de la réserve et les populations riveraines, qui sera une première au Sahel, et qui aboutira et à des mécanismes de partage équitable des avantages que va procurer la conservation.

Dans la R.N.C il y sera crée des plans d'aménagement et de cogestion participative, avec les populations pour une utilisation durable des ressources et un règlement des conflits entre pasteurs et agriculteurs. Ainsi, le reboisement d'espèces à buts multiples, la création de pépinière, l'aménagement de marais salants, la restauration de la mangrove sont entre autres des aménagements prévus.

Dans les terroirs villageois, zone de notre étude, les systèmes de production seront intensifiés à travers des activités comme l'embouche bovine et ovine, l'initiation d'activités d'aviculture, la mise en place de mutuelle de crédit... Il est également prévu le désenclavement des villages avec la réfection des pistes existantes, l'équipement du Conseil Rural, l'adduction en eau des villages...

C'est un programme qui vise à apporter aux populations des ressources, de sorte qu'elles puissent compenser les désavantages causés par les contraintes citées plus haut. Il s'agit aussi de les initier dans de nouveaux secteurs d'activités pour augmenter leurs revenus.

Dans le but de bien mener notre réflexion sur « les terroirs périphériques de la Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul », que nous posons les hypothèses de recherche suivantes :

- Cette partie des Niayes, périphérique à la R.S.F.G offre beaucoup de potentialités mais est aussi confrontée à plusieurs problèmes.

- L'intervention du P.G.I.E.S, à travers des activités intégrant les populations, a pour but de préserver l'écosystème et d'appuyer les populations à résoudre leurs contraintes.

Les objectifs visés sont :

- L'identification des différentes ressources de la réserve et de sa périphérie, tant du point de vue naturelle, humaine et infrastructurelle; ainsi que la détermination des différentes contraintes qui empêchent les populations de développer normalement leurs activités économiques.

- La présentation et l'analyse des actions du P.G.I.E.S par rapport aux contraintes posées dans la R.S.F.G et les T.V, pour enfin montrer les O.C.B existantes et la capacité des populations à gérer les activités.

Première Partie :

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984