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La difficile percée d'une modèle alternatif dans les rapports Nord-Sud: Le cas de Songha

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par Sophie Lavigne
Université du Québec à Montréal - Maîtrise 2005
  

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2.4 Le multipartisme et les programmes d'ajustement structurel de 1990 à aujourd'hui.

Après la faillite économique et politique du régime militaro-marxiste en 1989, suivie par une année de grève de toute la fonction publique, donc de la plus grande partie de la population, le gouvernement béninois devait trouver une solution à l'impasse. L'urgence des besoins de financement va l'amener à solliciter la Banque Mondiale, mais pour recevoir les fonds du Programme d'Ajustement structurel (PAS), il doit répondre aux critères de démocratie et de bonne gouvernance. De plus, les Béninois de l'étranger font des pressions pour une reconstruction complète du pays au plan politique, par le biais d'une Conférence nationale souveraine. Mathieu Kérékou avait accepté de laisser tomber son régime socialiste, mais ce n'était plus suffisant; la population voulait un changement radical dans le pays. C'est donc à la suite des pressions intérieures et extérieures que la Conférence des Forces vives de la Nation eut lieu. On y adopta un système démocratique et un Premier ministre fut élu pour la période de transition. C'est dans cette transition, en 1990, que la privatisation des compagnies d'État a débuté. La Conférence des Forces vives de la Nation donnait un nouvel essor au Bénin : le système d'économie planifiée devenait une économie de marché avec la mise en place d'une démocratie libérale. Cette conférence fut un point tournant, non seulement pour le Bénin mais aussi pour toute la région ouest africaine car, pour la première fois, un pays changeait de régime parce que la population civile le réclamait, et cela, sans effusion de sang et sans coup d'État militaire.

L'option néolibérale que les Béninois vont prendre, à la suite de la Conférence des Forces vives, posera de nombreuses questions face à la réussite de ce choix :

Cette option a-t-elle aidé à résoudre les problèmes auxquels le pays était confronté ? En d'autres termes, quels sont, les objectifs visés par les PAS et les moyens mis en oeuvre pour leur réalisation ? Quels sont les principaux résultats acquis depuis 1990 et à quels prix ? Dans quelle mesure les objectifs, stratégies et résultats concourent-ils, ne serait-ce que de manière relative, à l'émergence et /ou à la consolidation d'une autonomie du Bénin notamment au plan économique et politique (Houedete, 2000, p.52)?

Cette suite de questions est le coeur du problème.

Ainsi, l'option néolibérale et les programmes d'ajustement structurel ont-ils vraiment aidé le Bénin à se sortir de ce mauvais pas ? Le programme d'ajustement structurel dans sa phase III (1996-1999) voulait accroître le taux du produit intérieur brut (PIB) de 6% par an tout en maintenant l'inflation à un taux inférieur à 3% par an. De plus, le plan ci haut, s'inscrivait dans la lutte contre la pauvreté, le renforcement de la politique d'emploi et l'intensification de la lutte pour l'environnement.

Le discours de la Banque mondiale favorise la privatisation des institutions publiques afin de dynamiser l'économie locale, mais la conséquence est un alourdissement de la pression fiscale sur les populations. De plus, cette privatisation de l'État aura comme effet la diminution de la masse salariale. Donc, pressions fiscales et diminution de la masse salariale pour rembourser les dettes contractées auprès des institutions de Bretton Woods. Le mémorandum sur les politiques économiques et financières de 1996-1997 va comme suit :

En 1997, avec une baise prévue des recettes fiscales et non fiscales du secteur cotonnier, en raison de la hausse du prix au producteur et des coûts de revient de la filière, le gouvernement renforcera le dispositif fiscal afin d'atteindre un montant de recettes de 178 milliards (14,7 % du PIB). À cette fin, le gouvernement mettra à l'étude... le renforcement de la fiscalité sur le ciment, modulera la taxe spécifique sur les hydrocarbures... ce qui pourrait impliquer une légère augmentation des prix à la pompe... à la hausse des tarifs de l'eau et de l'électricité, à la généralisation des péages à l'ensemble du réseau routier bitume (Houedete, 2000, p.8-9).4(*)

De plus, le processus de privatisation au Bénin n'avait pas pris en compte que les notions de management et l'esprit marketing n'étaient pas ancrés dans les mentalités des fonctionnaires ce qui a aggravé le rendement des entreprises et l'a rendu déficitaire. Le seul moyen pour sortir le pays de l'impasse économique était donc de combiner une politique de minimisation des coûts et la rigueur en gestion pour éviter les gaspillages et les fraudes.

Le néolibéralisme aura aussi une influence sur la flambée des prix, le chômage et l'assujettissement du pays à la dette extérieure. Les PAS demandaient le démantèlement du système de contrôle des prix pour que les importateurs et commerçants soient libres de fixer les prix ; c'est la libre concurrence. Avec cette nouvelle donnée, dès 1996 au lendemain des élections, les prix avaient augmenté de 4 % (Houedete, 2000). La politique fiscale a contribué à la hausse des prix en introduisant une taxe à taux unique autant sur les produits courants que sur les produits de luxe. De plus, les impôts aux grandes entreprises ont été diminués et ceux des petites entreprises augmentés pour favoriser l'implantation des multinationales.

Pour ce qui est de l'emploi il est classé dans le document cadre des PAS sous la rubrique lutte contre la pauvreté. Le plan d'action de ce document cadre comporte plusieurs volets : le haussement de la main d'oeuvre des travaux publics, l'encouragement des initiatives de développement local par l'intermédiaire des O.N.G. ou des organismes compétents, le renforcement de la dimension sociale de tous les projets d'investissement et la préparation d'une stratégie nationale pour l'emploi. Houedete critique cette clause :

Mais quels emplois promouvoir avec les prescriptions du FMI ? le recrutement de deux personnes pour trois départs à la retraite dans la fonction publique ; la transformation des contrats de pré-insertion d'un an renouvelable en des contrats de cinq ans ; les discours sur l'auto-emploi et sur les micros-réalisation comme si un pays s'était jamais développé avec la petite production (Houedete, 2000, p.63).

En ce qui concerne l'assujettissement économique du pays, on peut dire que ce qui est promulgué par le PAS c'est l'ajustement des structures commerciales du pays afin qu'une culture puisse être exportée ; dans le cas du Bénin ce fut le coton qui devait rapporter des devises afin de rapidement payer la dette.

Dans le document-cadre de 1996-1999 on peut voir les orientations prises de concertation avec le FMI, la Banque Mondiale et l'État. Le gouvernement veut favoriser la diversification de la production agricole afin de réduire la dépendance de l'économie à l'égard du coton. La stratégie du gouvernement prend appui sur le renforcement des services de vulgarisation et l'amélioration de l'infrastructure routière et populaire et, la stimulation à la création de petites entreprises exportatrices, à travers l'élaboration d'études de marché et analyses approfondies des filières d'exportation (Houedete, 2000, p.64).

Cette stratégie de diversification ne vise pas à assurer l'autosuffisance alimentaire, mais plutôt l'élargissement des possibilités d'exportation toujours dans le but de payer la dette extérieure. De plus, la Caisse française de Développement exerce ses pressions sur le pouvoir en place pour préserver ses intérêts néo-coloniaux. Le PAS soutient l'ancienne politique coloniale qui commande le démantèlement du système de contrôle des prix et la non-maîtrise de l'appareil économique ce qui produit l'inflation qui se situe à plus de 64 % en 1996.

John Igue ajoute que la période coloniale a laissé des traces indélébiles dans les structures actuelles des États du Sud en les fragilisant et en désorganisant la société civile. Les précarités dont souffrent les pays tels que le Bénin, sont selon Igue :

Au niveau de l'État, l'approbation insuffisante, sous des régimes politiques par ailleurs très divers, des exigences actuelles de démocratisation de la société, d'instauration d'un État de droit et de bonnes gouvernances ; au niveau de la société civile, une diversité d'acteurs dont les intérêts divergents compliquent la mission que devrait accomplir toute société civile (Igue, 2000, p. 144).

Société civile et État sont confrontés à l'instabilité socio-politique de différents ordres : les contraintes géographiques, la mauvaise circulation de l'information à l'intérieur du pays même et les pressions coloniales. Il faut donc une recomposition des espaces politiques et géostratégiques comme l'avance Igue pour que les sociétés civiles puissent émerger et que l'État puisse compter sur des acteurs dynamiques.

* 4 Tiré du « Document-Cadre de politique économique pour 1996-1997 » qui est une version actualisée, suite à l'alternance intervenue en avril 1996, du document du même titre pour la période 1995-1997 adopté en avril par le gouvernement Soglo qui se trouve au Ministère du plan, Cotonou, Bénin.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote