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Dynamique des Associations paysannes en Haïti et le Développement local (cas de l'Arrondissement de Belle-Anse)

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par Antony JEAN-BAPTISTE
Université Catholique de Louvain & Faculté des sciences Agronomiques de Gembloux - Master Complémentaire en Développement, environnement et Sociétés 2008
  

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INTRODUCTION GÉNÉRALE

À l'heure actuelle où beaucoup d'efforts sont effectués par les pays développés quant à l'application du processus de développement local, les pays du sud comme Haïti sont invités à « emboîter le pas » à la réussite dudit processus obligatoire pour leur développement.

Ce travail de mémoire, portant sur les associations paysannes et le développement local en Haïti rentre dans le cadre de la préparation du diplôme de master complémentaire en développement, environnement et sociétés. C'est un thème qui fait l'objet de nombreux débats en Haïti depuis environ deux décennies tant par l'acteur public que par le privé.

À travers tout le pays, beaucoup d'associations communautaires paysannes tentent d'apporter leur support à la population rurale qui connaît parfois des situations alarmantes. Souvent, le pouvoir exécutif témoigne de son désir d'initier de façon adéquate le processus de développement local via la décentralisation des collectivités territoriales. Depuis la constitution haïtienne de 1987, une loi et plusieurs décrets ou projets-loi sont arrivés pour renforcer le processus de décentralisation.

Ainsi, la réalisation de cette étude trouve sa justification suite à la réalisation des expériences professionnelles pendant l'exécution du projet « Appui aux éleveurs de poulets créoles à Bois d'Ormes ». Ce projet de développement a été financé par l'État haïtien dans la Section Communale de Bois d'Ormes en 2007 et 2008. Cette activité professionnelle que j'ai conduite m'a permis de travailler avec plus d'une cinquantaine d'associations paysannes bénéficiaires du projet ; la plupart de ces associations de développement sont affiliées à une fédération de Section Communale, l'une des structures qui forment la Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB)1.

Toujours en 2007, j'ai réalisé une étude pour le Ministère de l'Agriculture des Ressources et du Développement Rural sur le diagnostic technique et économique de la production et la transformation du lait de vaches dans la 3ème section communale de Thiotte. Cette étude rentrait dans le cadre de la réalisation du Service civique sanctionnant mon diplôme d'Ingénieur-Agronome.

Pendant la réalisation de ces deux années d'expériences professionnelles, il était très important pour moi d'appréhender le fort dynamisme pratiqué par la population locale via les associations collectives pour le développement de leur communauté.

1 C'est une structure de regroupements d'associations paysannes de toute cette région administrative d'Haïti

Eût égard à toutes ces considérations, il s'avère utile de présenter le modèle de construction territoriale pratiqué par les associations paysannes de deux sections communales de l'Arrondissement de Belle-Anse. Il s'agit de la 3ème Section Communale Thiotte et de la 2ème Section Communale Bois d'Ormes respectivement de la commune de Thiotte et d'Ansesà-Pitres.

Le contenu du travail est divisé en deux grandes parties :

· La première partie comprend la problématique, les objectifs fixés et la méthodologie adoptée, d'une part et d'autre part, le cadre théorique et conceptuel basé sur les concepts de développement local et de la participation populaire.

· La deuxième partie tient compte d'abord, de l'état actuel du processus de la décentralisation présenté à partir des textes de lois haïtiennes et des travaux de recherche réalisés dans ce domaine. Ensuite, de la présentation des résultats obtenus à partir des données de rapport, d'observations et d'enquêtes de terrain sur la situation de développement de la zone d'étude.

L'application du processus de décentralisation révèle particulièrement des compétences de l'État, alors que la réussite du développement local nécessite à la fois les intérêts de l'acteur public et de l'acteur privé. À travers cette partie de l'étude, il est question d'insister sur le mode de transfert du pouvoir de l'État aux communautés locales pour la réussite du processus de développement local.

Cette étude se limite à l'utilisation des données qualitatives préalablement collectées avant la formulation de la question de départ. Il s'agit d'une étude exploratoire qui ouvre des pistes pour d'autres études approfondies dans ce domaine.

PREMIÈRE PARTIE :

PROBLÉMATIQUE, CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE CHAPITRE I- PROBLÉMATIQUE

Malgré l'élaboration et la mise en place des plans et des stratégies pour le développement d'Haïti, les conditions de vie socio-économiques de la population sont encore très défavorables. Cette situation de crise persiste depuis plusieurs décennies.

Dans un cadre général, les divers projets identifiés et exécutés n'ont pas toujours donné les résultats attendus. Le pays est considéré comme étant le plus pauvre de la Caraïbe et de l'Amérique Latine en considérant plusieurs indicateurs de base. Selon le PNUD (2008), Haïti fait partie des pays à revenus faibles avec un PIB/ habitant avoisinant $ 1 663 US. A propos de l'Indice de Développement Humain, il est classé 146 sur 177 pays avec un IDH moyen équivalent à 0.529 (PNUD, 2008). Pour une population d'environ 9.9 millions d'habitants2 en 2009, 78% vit en dessous du seuil de pauvreté de $ 2 US par jour et en moyenne 53% vit en situation de pauvreté extrême (PNUD, 2008).

En fait, des problèmes de toutes sortes rongent le pays : entre autres, l'insécurité alimentaire et le manque de productions vivrières bien que l'agriculture soit l'activité principale, pratiquée par 93% de la population en milieu rural. Le milieu rural est occupé par 59.2% de la population totale du pays (IHSI, 2003)3. Il est donc important de se poser la question par rapport à la mauvaise gestion politique de l'État haïtien, mais aussi de l'inefficacité du mode de gestion et de coordination des actions de principaux partenaires techniques et financiers.

A la fin des années 80, bon nombre d'Associations ou Groupements locaux sont apparus pour apporter leur contribution au développement de leur communauté respective. Ce mouvement de création notamment d'associations paysannes en Haïti a émergé après la chute du dernier régime dictatorial de Jean-Claude DUVALIER en 1986. Ces structures ont connu un accroissement sans précédent à travers tout le pays, avec parfois des visions et des modes de fonctionnement différents. Elles sont surtout appuyées par les ONG d'aide au

2 République d'Haïti, Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI). [En ligne]. [Consulté le 29 mai 2009]. Disponible sur World Wide Web: http://www.ihsi.ht/produit_demo_soc.htm.

3 En 2003, Haïti comptait environ 8.4 millions d'habitants. I HSI/Recensement Général de la Population et de l'Habitat.

développement qui, ont commencé à s'installer, elles aussi en Haïti quasiment à la même période.

Ce travail de mémoire envisage d'étudier les actions menées par les associations paysannes dans deux Sections Communales de l'Arrondissement de Belle-Anse d'Haïti (Département du Sud-est). Actuellement, la majorité des associations paysannes dans cette région administrative d'Haïti se regroupent autour d'une même structure centrale nommée la « Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) ». Existée depuis en 2005, elle provient de la fusion de trois autres organisations communautaires régionales dont la Coordination des Paysans de l'Arrondissement de Belle- Anse (COPAB), la Fédération des Organisations des Planteurs de l'Arrondissement de Belle- Anse (FOPLAB), et la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCA B).

La COPAB4 a été créée en 1989 par l'union de plusieurs groupements paysans qui existaient dans « la région » avec comme objectif de répondre à certains besoins de la population locale. Depuis son existence, l'organisation a réalisé quelques projets socioenvironnementaux avec la participation d'associations paysannes de base présentes dans la zone. En 1998, pour avoir plus de transparence au niveau local et en vue d'agrandir leur coopération nationale et internationale, la COPAB et ses partenaires de base se sont fusionnées pour créer deux structures plus grandes : la FOPLAB et la COOPCAB. Ces deux dernières ont bénéficié de l'appui technique et financier de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM, une ONG internationale) et de la Coordination Régionale des Organisations du Sud-est (CROSE, une ONG nationale).

L'étude va tenter de répondre à la question suivante: comment les associations paysannes de l'Arrondissement de Belle-Anse contribuent-elles au développement des Sections Communales de 3ème Thiotte et 2ème Bois d'Ormes ?

1.1- OBJECTIFS, HYPOTHÈSE ET INTÉRÊT DE L'ÉTUDE

Objectif principal

L'objectif principal fixé dans le cadre de cette étude est de discuter et d'appréhender les dynamiques générales mises en place par les associations paysannes de l'Arrondissement de Belle-Anse pour le développement de leur communauté.

4 La première organisation régionale qui a favorisé la création de la CODAB

Objectifs spécifiques

Spécifiquement, le travail consiste à :

1. Réaliser une brève historique du développement de la 3ème Section Communale Thiotte et de la 2ème Section Communale Bois d'Ormes ;

2. Identifier, présenter et analyser la stratégie de mises en oeuvre des actions de développement par les acteurs locaux au profit de leur communauté ;

3. Présenter le niveau de participation de la population aux initiatives de développement des organisations communautaires dans la zone.

Hypothèse

Au regard des perceptions sur la situation de développement dans les Sections Communales de 3ème Thiotte et de 2ème Bois d'ormes et à partir d'une consultation de la littérature, la question centrale de l'étude a fait l'objet d'une hypothèse qui est formulée de la manière suivante : les stratégies d'intervention mises en place et pratiquées par les associations communautaires pour l'exécution de leurs activités favorisent le développement local dans ces unités territoriales haïtiennes.

Intérêt de l'étude

Dans le contexte de pauvreté existant en Haïti, la problématique du développement ne devrait pas être abordée sans considérer les spécificités locales. Sa plus grande difficulté tient au fait que sa compréhension requiert une certaine originalité qui n'est pas toujours à la portée des décideurs. En matière de développement, aucun individu ne peut prétendre, à lui seul, posséder la méthode ou la stratégie adéquate. Les associations paysannes au niveau de l'Arrondissement de Belle-Anse d'Haïti semblent s'unir autour du développement de leur communauté. Cette forme de regroupement et de dynamiques associatives paysannes à une telle échelle en Haïti ne paraît exister que dans cette zone. C'est pourquoi, il est utile d'identifier et de révéler les stratégies mises en place par les associations communautaires de cette zone pour l'exécution de leurs activités sous la direction de la Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB).

1.2- DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE ADOPTÉE 1.2.1- Présentation de la zone d'étude

Cette étude se réalise dans le Département du Sud-est d'Haïti, l'un des plus petits avec une superficie de 2 753 km2 soit 7.7 % de la superficie totale d'Haïti. La population totale est estimée à 484 675 habitants (IHSI, 2003). Le Département du Sud-est est divisé en 3 Arrondissements : Jacmel (Chef lieu), Bainet et Belle-Anse. La ville de Jacmel est réputée pour ses attractions touristiques et par ses nombreux sites naturels. Ses anciennes maisons de l'époque coloniale sont classées comme du patrimoine national et depuis le 21 septembre 2004, son centre historique était soumis à la liste indicative de l'UNESCO5.

L'Arrondissement de Belle-Anse est limité au Nord-est par la Forêt-des-Pins6, au sud par la mer des Caraïbes, à l'Est par la République Dominicaine et à l'Ouest par la Commune de Marigot. Sa superficie est de 765,33 km2. Cet Arrondissement comprend 4 Communes: Belle-Anse (chef lieu), Grand-Gosier, Thiotte et Anses-à-Pitres, 12 Sections Communales et 245 localités7. Selon les résultats du 4ème Recensement Général de la Population et de l'Habitat, cette région administrative du pays possède une population de 107.446 habitants dont 51.74 % de femmes ; environ 86 % de cette population vit en milieu rural (IHSI, 2003).

Les Communes de Thiotte et d'Anse-à-Pitres qui sont concernées par cette étude comprennent respectivement 23.041 habitants et 21 .8846 habitants (IHSI, 2003) ; se divisent en 4 Sections Communales : 3ème Section Communale Thiotte et 2ème Section Communale Pot-de-Chambre ; 1ère Section Communale Boucan Guillaume et 2ème Section Communale Bois d'Ormes. La 3ème Section Communale Thiotte est subdivisée en 21 localités et celle de 2ème Bois d'Ormes en 17 localités. Leur délimitation est faite à partir de la Figure 1.

5 UNESCO (2006). Patrimoine mondial : Centre historique de Jacmel. [En ligne]. [Paris] : UNESCO. [Consulté le 10 juin 2009]. Disponible sur World Wide Web: « http://whc.unesco.org/fr/l istes indicatives/1 947/».

6 La Forêt-des-Pins représente l'une des réserves forestières de Pinus occidentalis les plus importantes d'Haïti et même des Caraïbes

7 Les Sections Communales haïtiennes sont subdivisées en plusieurs localités

Figure 1 : Carte de délimitation de la zone d'étude

Source : Centre National de l'Information Géo-Spatiale d'Haïti (CNGIS)8, mars 2009

Spécifiquement, ces deux Sections Communales se caractérisent par des conditions éco-cli matiques différentes par rapport à l'ensemble du pays. Les précipitations annuelles sont d'environ 1900 millimètres et l'altitude varie entre 700 à 1500 mètres. Elles jouissent d'un climat de type tropical et la température moyenne annuelle se situe autour de 23, 5 °C. Ces conditions déterminent un terroir à fortes potentialités productives du café. Cette « région » est classée par le Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural comme une zone stratégique pour la caféiculture (INESA, 2001 : 28). Le café constitue l'une des principales cultures de rente en Haïti, avec la mangue et le cacao. A l'instar des autres zones caféières du pays, les plantations sont reparties au niveau des vallons, des plateaux et près des habitations. Elles forment un agro-écosystème boisé, souvent associés à des espèces pérennes et productives comme le sucrin (Inga vera), l'avocatier (Persea

8 Le Centre National de l'Information Géo spatiale, (CNIGS), est une agence publique du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe. Le CNIGS est le plus important fournisseur en matière de technologie et de services de Systèmes d'Information Géographique (SIG) en Haïti, elle sert de dépositaire de toutes les données géo spatiales du pays

americana), les Citrus, la banane (Musa sp.), les tubercules (Colocasia antiquorum, Dioscorea alata) (C.A. Belliard, 2006). La variété de café cultivée est de type Arabica9. Il est cultivé sur des petites superficies variant de 1-3 ha et son rendement est estimé à 500 kg/ha (F. Pierre, 2005). Selon une étude réalisée par INESA (2001), 77% des producteurs de café dans la « région » de Belle-Anse sont propriétaires de leur terrain contre 5.4% qui cultivent des terres en métayage et le reste est sous l'affermage de terres appartenant à l'Etat.

Les activités extra-agricoles sont dominées par le commerce, notamment à travers la frontière haitiano-dominicaine. Le type de frontière existant dans la zone est semi-ouvert et des échanges se font deux fois par semaine (lundi et vendredi) entre les deux peuples partageant une même île. Il s'agit d'un marché binational qui attire des habitants des quatre coins de l'Arrondissement de Belle-Anse. Les échanges sont dominés par des produits vivriers, des fruits de mer, des produits d'élevage du côté des Dominicains ; des cultures maraîchères10 et des fruits11 du côté des Haïtiens. Pour assurer leur survie, les habitants s'adonnent souvent à la commercialisation des produits forestiers (planches et charbon)12.

Le secteur financier privé est très faiblement représenté et marque sa présence uniquement en milieu urbain via des caisses populaires et des banques d'épargne et de crédit. Certains bureaux des services déconcentrés de l'État existent uniquement en centre urbain. Sur un effectif de 18 Ministères fonctionnels actuellement en Haïti, 6 sont présents au niveau de ces deux Communes : le Ministère de l'Agriculture (seulement à Thiotte), le Ministère de l'Économie et des Finances, le Ministère de la Santé Publique et de la Population, le Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, le Ministère de la Justice et de la Population et enfin le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales. Ce dernier est représenté par le bureau des Conseils Municipaux au niveau des villes et celui des Conseils d'Administration des Sections Communales (CASEC) dans les Sections communales.

Belle-Anse est l'une des régions administratives de la République d'Haïti où les infrastructures routières sont en piteux état. Les communes de Thiotte et d'Anses-à-Pitres sont toutes les deux très éloignées de Jacmel où sont concentrés, malheureusement les services au niveau départemental. Par rapport à la capitale Port-au-Prince, elles sont situées à une plus

9 Coffea arabica est son nom scientifique

10Elles représentent la culture des choux, de la pomme de terre et de l'oignon

11 L'avocat et les agrumes sont les principaux fruits échangés

12 République d'Haïti, Ministère de l'Environnement et al. (2004). Rapport des communautés sinistrés de l'Arrondissement de Belle-Anse et proposition de mesures d'adaptation. Port-au-Prince, Haïti

proche distance même si la situation routière est tout aussi difficile. Une présentation synthétique des sites spécifiques de l'étude est faite au Tableau 1.

Tableau 1 : Présentation des sites spécifiques de l'étude

3ème Section Thiotte 2ème Section Bois d'Ormes

Localisation Commune de Thiotte Commune des Anse-à-Pitres

Superficie 57.71 km2

Caractéristiques Température moyenne /an: 22oC Température moyenne/an : 25°C

physiques Pluviométrie moyenne/an: 1800 mm Pluviométrie moyenne/an : 2000 mm

Population 8000 habitants en 2003 8600 habitants en 2003

Activités dominantes Agriculture, élevage et petit commerce Agriculture, élevage et petit commerce

Distances régionales 72.3 km de Jacmel 84.7 km de Jacmel et

et 59.9 km de Port-au-Prince 81.7 km de Port-au-Prince

Potentialités agricoles Caféiculture et cultures maraîchères Caféiculture

Sources : FAES (2005). Rapports Plan de Développement de Section Communale, et enquête de l'auteur (2008).

1.2.2- Démarche utilisée

Cette étude vise l'identification et la valorisation des dynamiques de développement local mises en place par des associations communautaires paysannes pour produire du changement un niveau de leur communauté. Les informations utilisées pour sa réalisation, proviennent singulièrement de deux sources différentes : de la littérature grise à partir de 21 documents et par le bais des enquêtes de terrain réalisées avec des acteurs locaux avant de venir en Belgique pour les études.

Les types de documents utilisés sont :

· 2 rapports préparés par l'État haïtien via le Fonds d'Assistance Économique et Social (FAES) en 2005 sur le Plan de Développement de Section Communale ;

· 1 rapport d'étude réalisé par la Direction Départementale régionale du Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural en 2007 sur des activités de développement de la paysannerie locale ;

· 5 documents officiels publiés par l'État central pour la réussite de la décentralisation et le développement local (Constitution Haïtienne de 1987, 2 textes de loi, 1 décret-loi et 1 projet-loi).

· 4 rapports traités par des acteurs privés entre 2001 et 2007 sur le processus de décentralisation et du développement local ;

· 7 articles publiés sur internet par des acteurs privés entre 2005 et 2009 sur le processus de décentralisation et du développement local (3 articles d'un journal quotidien, 4 rapports d'analyses) ;

· 2 rapports préparés par des acteurs privés entre 2001 et 2005 sur des activités de développement dans la zone ;

La collecte des données par les enquêtes a été réalisée au mois d'Août 2008 sur un échantillon de 149 acteurs représentatifs des deux Sections Communales choisies. Le but n'a pas été d'effectuer un échantillonnage statistiquement représentatif mais plutôt de toucher dans la mesure du possible toutes les localités couvertes par les activités des associations paysannes. Pour les deux sections communales réunies, les différentes catégories d'acteurs qui ont été interviewés sont :

1. 18 personnes membres de la société civile : 4 représentants d'églises, 1 responsable de centre de santé, 5 directeurs d'écoles publiques et privés, 3 représentants d'associations professionnelles, 2 notables, 3 représentants d'ONG ;

2. 16 représentants de l'État central décentralisé : deux maires communaux, 6 membres du Conseil d'Administration des Sections Communales (CASEC), 6 membres de l'Assemblée des Sections Communales (ASEC), 2 responsables du bureau régional du Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural ;

3. 3 membres du comité exécutif de la Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODA B) ;

4. 10 membres du comité exécutif des deux fédérations des Sections Communales mises en place par la CODAB ;

5. 100 bénéficiaires directs des activités de la CODAB dans les deux Sections Communales. Ils ont été choisit de manière aléatoire et ils sont membres de 3 catégories d'organisations affiliées à la CODA B : 50 % du mouvement paysan, 35 % de celui des femmes et 15 % du mouvement des jeunes. Ce groupe de bénéficiaires incluent à la fois des caféiculteurs de la 2ème Section Communale Bois d'Ormes et des éleveurs de la 3ème Section Communale Thiotte ou leurs activités sont traitées ultérieurement à partir de 2 études de cas.

6. 1 responsable de la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle- Anse (COOPCAB), une filière économique de la CODAB localisée dans la 2ème Section Communale de Bois d'Ormes ;

7. 1 responsable de la Laiterie de la Forêt-des-Pins localisée dans la 3ème Section Communale de Thiotte, une autre filière économique des associations communautaires paysannes et de la CODAB.

Les bénéficiaires rencontrés sont tous membres d'associations communautaires paysannes qui travaillent de manière conjointe avec la Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB). Ils proviennent de toutes les localités (21 localités à la 3ème Section Communale de Thiotte et 17 localités à celle de 2ème Bois d'Ormes) qui forment séparément les Sections Communales comme l'indique la Figure 1.

Pour la présentation du cadre théorique de l'étude, d'abord des documents traitant de certaines théories du concept de développement local et de la participation des acteurs dans des projets et programmes de développement ont été consultés. Ensuite, la problématique pour la réussite de la décentralisation et du développement local en Haïti ; enfin la présentation des résultats de 4 autres études réalisées, entre autres, sur l'implication des acteurs au développement local en Haïti. Le choix des informations présentées dans ce cadre théorique est lié aux objectifs définis dans le cadre de la recherche. Ces informations ont servi de repère pour la présentation et l'analyse des données disponibles et pour la vérification de l'hypothèse de départ.

1.2.2.1- Réalisation des entretiens

Les informations ont été obtenues à partir d'une série d'entretiens documentaires et exploratoires. Il consistait à définir certaines notions qui font l'objet du thème de la recherche et de la consultation des documents nécessaires. D'autres notions ont été aussi choisies sur la base des connaissances du milieu d'étude. Ces séries d'entretiens ont été effectuées avant la définition de la question de recherche adoptée.

Les différentes catégories d'acteurs citées plus haut ont été questionnées à partir d'un focus-groupe et de manière séparée pour chaque Section Communale. Les entretiens avec les bénéficiaires directs d'activités des associations paysannes et de la CODA B ont été réalisés en deux séries de 25 personnes par Section Communale.

Les informations recherchées ont eu un lien avec les aspects qui suivent : le développement général de la zone, la présentation de la CODAB et ses structures d'existence, les rapports entre les associations communautaires de base et la CODAB, la présentation de la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse, enfin la présentation de la Laiterie de la Forêt-des-Pins. D'une manière générale, l'aspect historique de développement a été considéré avec tous les acteurs rencontrés.

Les membres de la société civile et les représentants de l'État central ont été questionnés sur le développement général des Sections Communales en tenant compte de leur niveau de participation, des contraintes et des atouts disponibles à la réussite du développement... Les différents thèmes abordés sont:

+ Date de début de la mobilisation pour le développement de la zone

+ Différents acteurs impliqués dans ce mouvement de mobilisation

+ Les initiateurs (les pionniers) de ce mouvement de mobilisation

+ Raisons de la mobilisation pour le développement (politique, économique, socioculturel, environnemental, etc.)

+ Difficultés rencontrées au cours de la mobilisation pour le développement

+ Secteurs opposés à la réussite du mouvement de mobilisation pour le développement + Moyens et atouts disposés par les initiateurs du mouvement

+ Les influences d'autres secteurs sur le processus de développement

+ Les Régimes politiques opposés dans le passé à la réussite du mouvement de sensibilisation pour le développement de la zone

+ Appuis bénéficiés par les initiateurs du mouvement de la part d'autres secteurs (Société civile, état, ONG, etc.)

+ Moyens utilisés pour sortir des handicaps présentés a la réussite du mouvement (démarches, tentatives...).

+ Supports d'autres secteurs pour sortir des handicaps

+ Evaluation de la participation des différents acteurs au développement de la zone

actuellement par rapport au temps passé (Population, société civile, l'Etat)

+ Niveau d'implication de la population à la réussite du processus de développement + Principales contraintes et atouts pour réussir le développement de la zone

+ Niveau d'implication des élus locaux aux activités de développement

+ Supports fournis par l'État central aux élus locaux

+ Principales difficultés rencontrées par les élus locaux

v Moyens à la portée des élus locaux pour participer au développement de leur communauté

v Rapports entre les ONG et les élus locaux

v Avis personnel sur capacité des communautés locales (Organisations) pour réaliser le développement dans la zone

v Perspectives d'avenir pour le développement

Les débats avec les trois membres du comité exécutif de la CODAB ont été déroulés autour de la présentation générale de l'organisation, son fonctionnement et ses stratégies d'intervention. Les différents thèmes abordés sont :

v Création de l'organisation (historique...)

v Fonctionnement général de l'organisation

v Missions, intérêts et objectifs

v Nombre de membres et conditions pour devenir membres de la CODA B

v Comités de fonctionnement (comment, qui, pourquoi, mandat,...)

v Bénéficiaires des activités de la CODA B (caractéristiques, critères...)

v Structure et stratégies mises en place

v Ressources de l'organisation

v Activités (secteurs, choix, exécution, participation)

v Identification des activités et critères de priorisation d'une zone

v Partenaires techniques et financiers

v Structures décentralisées (création, pourquoi, relations, niveaux d'influences, ...)

v Perspectives pour l'organisation

Les thèmes débattus avec les comités exécutifs des deux fédérations de Sections Communales sont :

v Création de la fédération (historique...)

v Pourquoi l'existence de la fédération

v Mise en place du comité exécutif (qui et comment)

v Affiliation à la CODAB (conditions)

v Affiliation d'une organisation paysanne à la fédération (conditions)

v Liens entre la fédération et ses membres

v Liens entre la fédération et la CODAB

v Liens entre la fédération et les autres fédérations de la commune

v Liens entre la fédération et la coordination communale

v Types d'organisation membres de la fédération

v Identification des activités dans la zone (qui et comment)

v Participation de la fédération aux prises de décision de la CODAB

v Bénéficiaires des activités de la fédération

v Quantité d'organisations attachée à la fédération

v Faiblesses et points forts pour le fonctionnement de la fédération

v Conditions d'affiliation à la CODAB

v Évaluation des stratégies d'intervention de la CODAB

Les bénéficiaires directs des activités de la CODAB ont été questionnés sur leur niveau de participation et de la satisfaction de leurs besoins sur les thèmes suivant :

v Affiliation à une organisation paysanne

v Liens entre l'organisation membre et la fédération

v Liens entre l'organisation membre et la CODAB

v Critères de choix des bénéficiaires par l'organisation communautaire

v Types d'activités réalisées par la CODAB

v Identification des activités (qui, comment) et exécution des activités

v Participation aux activités prises dans la zone

v Évaluation du mode d'intervention de la CODAB

v Conditions d'affiliation à une organisation ou à la CODAB

v Bénéficiaires des activités des organisations paysannes (critères de choix, qui et comment)

v Activités réalisées par les organisations paysannes (types, avantages...)

v Jugement sur les stratégies d'intervention des organisations

Les entretiens avec l'un des responsables de la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB) ont été déroulés sur la présentation générale de la coopérative, son fonctionnement... sur les thèmes suivant:

v Historique de la création

v Fonctionnement général et pourquoi l'existence de la COOPCAB

v Ses objectifs, ses stratégies, ses intérêts et difficultés rencontrées

v Types d'activités et bénéficiaires

v Liens entre la COOPCAB et la CODAB et avantages fournis

v Importance de la CODAB

v Nombres de planteurs membres et variations de ce nombre à travers le temps

v Rapports entre chaque planteur et COOPCAB

v Rapports entre les organisations paysannes de la zone et la COOPCAB

v Organisation du réseau de collecte de café

v Commercialisation du café (marché, formes, volume, difficultés rencontrées et stratégies)

v Présentation du secteur caféiculture avant la COOPCAB

Avec présence de la COOPCAB, changements et/ou avantages pour les producteurs

v Partenaires techniques et financiers de la COOPCAB (local, régional, national et international)

v Récolte du café, quelle période et durée de la période ?

v Activités de la COOPCAB pendant la période de non-récolte du café

v Perspectives d'avenir

Enfin, les débats avec l'un des responsables de la Laiterie de la Forêt- des-Pins se sont déroulés autour de sa présentation générale et des stratégies de fonctionnement sur les thèmes suivant:

v Historique de présentation de la laiterie

v Principaux partenaires

v Membres de laiterie et avantages fournis aux éleveurs

v Transformation (produits, marchés)

v Rôles et contributions de la CODAB pour la mise en place de la laiterie

v Supports fournis actuellement par la CODAB à la laiterie

v Bénéfices/avantages tirés par la CODA B de la laiterie

v Rapports actuels entre les responsables de la laiterie et la CODA B

v Prise de décision au niveau de la laiterie et niveaux d'influence de la CODAB

v Principales contraintes

A la fin de chaque séance d'entretiens, des débats généraux ont été ouverts autour des points débattus ensembles et des recommandations générales ont été formulées par les acteurs.

Enfin, les données obtenues ont été dépouillées et traitées pour faire ressortir la tendance générale. En raison des communications fréquentes établies depuis la Belgique avec les acteurs de terrain, les informations obtenues ont été ajustées durant le séjour.

1.2.3- Délimitation de l'étude

Dans le temps, cette étude se limite à la présentation de l'histoire de développement de la zone étudiée à partir de l'année 1986 en tenant compte des acteurs impliqués aux actions de développement local. Cette année de référence coïncide à la période d'émergence et de participation des organisations communautaires haïtiennes aux activités de développement local, d'une part et d'autre part, elle correspond à l'initiation du processus de décentralisation par l'État central au profit des Collectivités Territoriales avec l'arrivée de la nouvelle constitution. Ensuite, bien que l'année 1989 réfère le début du processus d'unification des organisations communautaires de base dans la zone et malgré l'existence de la Coordination des Organisations pour le Développement de l'Arrondissement de Belle-Anse (CODAB) en 2005 ; son choix d'études se justifie en raison de la destitution des structures préexistantes, de la connaissance d'un vrai réseau de coordinations et de participation d'acteurs et de la facilité de trouver les informations nécessaires par rapport au thème étudié. Toutefois, la Coopérative des Planteurs de Café de l'Arrondissement de Belle-Anse (COOPCAB) existant depuis plus d'une dizaine d'années et représente une structure importante de regroupement des producteurs de café de la zone est prise en considération. Enfin, l'année 2005 coïncide aussi au commencement de l'intégration des Collectivités locales au processus de développement de leur communauté respective de la part de l'État central.

Dans l'espace, bien que les activités de la CODAB s'étendent dans toutes les douze Sections Communales de l'arrondissement de Belle-Anse, l'étude se réalise au niveau de la 3ème Section Communale Thiotte et 2ème Section Communale de Bois d'Ormes. Le choix de ces zones se porte sur leur niveau d'accessibilité en fonction du temps disponible avant de venir en Belgique pour les études, sur leur potentialité pour la caféiculture, une ressource rare en Haïti ; enfin par rapport à la possibilité de faire des observations personnelles au niveau de ces unités territoriales pendant la réalisation des expériences professionnelles. L'enquête s'est réalisée de manière non-exhaustive sur un faible échantillon pour l'obtention des données uniquement qualitatives.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci