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La problématique de la rénovation des sciences sociales africaines;lecture et reprise de la théorie searlienne de la construction de la réalité sociale

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par Barnabé Milala Lungala Katshiela
Université de Kinshasa et université catholique de Louvain - Thèse de doctorat 2009
  

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3.6. Utilité de l'Arrière - plan dans la théorie de connaissance ? Parer au relativisme

Nous passons maintenant à un autre registre de réflexion de la théorie de la société à la théorie de connaissance au moyen de son concept reconstruitif central de l'Arrière-plan. A l'absence de l'Arrière-plan « le thème de la `construction sociale` devient (...) une machine infernale (...) à tout déconstruire qui génère scepticisme, antiréalisme, relativisme et réductionnisme ».521(*)  

Ainsi « si tout est « construit », alors la démarche critique privilégiée va consister à « déconstruire ».522(*) John Searle récuse l'approche de la construction de la réalité sociale qui ne tient pas compte de la « réalité première » au moyen du concept de l'Arrière-plan en appui à son réalisme. C'est ainsi également que la déconstruction devient dans le cadre de la doxa postmoderniste une « méthode », pouvant s'appliquer à n'importe quel « texte », et comme tout y est ramené à un texte ou à un discours, son champ d'action est illimité ».523(*)

L'Arrière-plan est source de capacité comme le langage. Quelle est la capacité dont disposent les agents : « La première caractéristique qu'il nous faut noter dans notre discussion sur la capacité qu'ont les agents conscients de créer des faits sociaux est l'assignation de fonctions à des objets et à d'autres phénomènes ».524(*) En digne héritier de Austin, il met aussi en évidence l'effet « performatif » du langage et la (capacité d'agir » intrinsèque des énoncés qui doivent être considérés  non plus comme les représentants de « signifiés » objectifs, mais comme des moyens conventionnels d'obtenir dans le discours certains effets déterminés.

Les conséquences du constructivisme sans Arrière- plan sont effroyables pour Searle ; en ce moment «  la vérité est toujours en mutation, influencée par l'histoire, transformée au contact humain, soumise aux circonstances et au timing des événements. Les théories ne représentent plus des vérités immuables, mais bien des modèles dynamiques qui guident l'expérience et la compréhension des expériences. La relativité de la connaissance est mise en valeur par la notion de vérités multiples et changeantes ».525(*)

Ici le constructivisme rejoint l'opposition théorique de la vérité multiple contre la vérité unique. Ainsi « les constructivistes tolèrent les contradictions internes, et l'ambiguïté ne les gêne pas. Elles (les théories constructivistes) apprennent à côtoyer le conflit, car ceux-ci ne remettent plus en question leur intégrité personnelle. (...) Elles évitent de compartimenter, car elles veulent atténuer la coupure entre la raison et l'émotion, entre la maison et le travail, entre la moi et l'autre. (...) Pour les constructivistes, la création du savoir est un acte d'intensité et d'investissement de soi. Pour elles, toute connaissance est construite, et en tant que personne qui connaît, elles font partie intégrante de l'objet à connaître ».526(*)

Le défi fondamental du relativisme demeure : « où trouverons-nous alors un point archimédien qui serait au-delà de la culture d'une communauté politique et qui nous permettrait de justifier le dépassement de conceptions locales ? »527(*) Si tout change et que rien ne demeure,le débat de la relativité des connaissances et du relativisme culturel conduit alors à ce qu'on appelle aujourd'hui aux Etats -Unis d'Amérique la  « guerre des sciences ». La guerre des sciences est bien différente de la guerre des cultures, elle « tourne autour de la question de savoir dans quelle mesure les résultats scientifiques doivent être considérés comme des constructions sociales plutôt que comme correspondant à une réalité indépendante de la pensée et de la société. Cette construction sociale peut être celle d'une civilisation (la science occidentale) ou celle d'une communauté de chercheurs. La controverse (...) est liée au développement (...) des sciences, qui vise à appliquer aux milieux scientifiques la même démarche qu'à l'égard de n'importe quel milieu social et à rendre compte de ce que les chercheurs font et de ce qu'ils disent à partir de (leurs) cadres d'analyse (...) Plutôt qu'à partir des catégories d'objectivité et de vérité interne au milieu étudié. »528(*) Autrement dit la question consiste à savoir si les variétés des contextes ne sont pas ancrées dans une même réalité.

Les conséquences du constructivisme sans arrière-plan ,c'est que les « références théoriques, ces courants et ces champs d'étude conduisent à considérer les questions symboliques et culturelles comme pertinentes par elles-mêmes plutôt que de les rapporter systématiquement à autre chose, dans la mesure où la « construction sociale de la réalité »des discours, des idéologies qui s'expriment dans les actions et interactions, des rituels, des dispositifs, des procédures, produisant des phénomènes de racisme, de stigmatisation, d'assujettissement ».529(*)

Pour Jean Pierre Cometi, en Amérique « l'attitude des pragmatistes a été largement inspirée par un anti- fondationnalisme et un anti-essentialisme qui s'est peu à peu imposé en philosophie, même si les comportements ne font pas toujours apparaître une unanimité à cet égard. »530(*) Pour Karl-Otto Apel, poursuit Cometi, renoncer au souci de `fondement ultime', « comme Wittgenstein, Rorty, voire Habermas, reviendrait selon lui à abandonner toute décision à l'arbitraire, et donc à épouser un relativisme ».531(*) Et : « On peut aussi avoir, affirme Jean Pierre Cometti, des raisons de penser que l'inutilité des fondements (...) ne concerne pas seulement le langage ou la connaissance. Nos convictions morales ou politiques, quel que soit le prix que nous leur donnons, quelle que soit l'honneur qu'elles nous inspirent, n'ont probablement rien à y gagner ni à y perdre ; si l'importance ce que nous sommes amenés à donner à quelque idée de ce genre y joue un rôle, ce ne peut être que comme pièce du jeu ».532(*)

A propos Jürgen Habermas a abandonné la conviction selon laquelle la « fondation des sciences sociales devait être menée sur une théorie du langage.533(*) La théorie de l'activité communicationnelle, « a rompu avec le primat de l'épistémologie et considère les présuppositions de l'activité inter- compréhensive, indépendamment des présuppositions transcendantales de la connaissance. Ce passage de la théorie de la connaissance à celle de la communication m'a permis, affirme Habermas, de donner des réponses substantielles à des questions qui, du point de vue métathéorique, ne pouvaient être élucidées qu'en tant que questions et selon leurs présuppositions : la question de la fondation normative d'une théorie critique de la société ».534(*) Habermas n'est pas non plus clair sur la question.

Comment la question de fondement des sciences sociales se présente-t-elle du point de vue de John Searle ? Il faut dire à ce sujet ce que Damile Gambarara et alii soulignent le fait que « John Searle et Noam Chomsky ont mené une discussion approfondie à ce propos. »535(*) Searle part du « relativisme de Wittgenstein (qui) n'est que d'apparence puisque la pluri- fonctionnalité du langage fonctionne comme le principe unificateur reliant dans le concret toutes les formes de vie ».536(*) Il avance comme Apel la possibilité d'une ressemblance de famille des Formes de vie. Searle utilise la théorie du langage pour l'entreprise de fondation.

* 521 Ibidem.

* 522 Yves BONNY, Sociologie du temps présent ; modernité avancée ou postmodernité ?, Armand Colin, Paris, 2004, p.83.

* 523 Ibidem.

* 524 Ibidem, p.35.

* 525 Jeannine M. OUELLETTE, Les femmes en milieu universitaire, liberté d'apprendre autrement, Presses de l'Université d'Ottawa, Ottawa, 1999, p.90.

* 526 Ibidem.

* 527 Lukas SOSOE , Chantal Des LAURIERS , EMONGO LOMOMBA , Janie PELABAY, Diversité humaine, démocratie , multiculturalité et citoyenneté, Presses de l'Université Laval, Sainte-Foy, Québec, L'Harmattan, Paris, 2002,p.46.

* 528Yves BONNY, Sociologie du temps présent, p.82.

* 529 Ibidem, p.127.

* 530 Jean Pierre COMETI, Le philosophe et la poule de Kircher : quelques contemporains, Edition de l'Eclat, Paris, 1997, p.156.

* 531 Ibidem, p.156.

* 532 Ibidem, p.156.

* 533 Jean De MUNCK, L'institution sociale de l'esprit, Puf, 1995, p.4.

* 534 Jürgen HABERMAS, Logique des sciences sociales et autres essais, p.5.

* 535Damile GAMBARARA, Anna bella D'ATRI, Idélogia, filosofia e linguistica : atti del convergno internazionale di Studi : Rende(SC) ,Bulzoni,1982,p. 79.

* 536 Ibidem.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon