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Les problèmes de la paix dans la corne de l'afrique

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par Sagefils Katumba N'senga
Université de Lubumbashi - Licence 2008
  

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UNIVERSITE DE LUBUMBASHI

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES POLITIQUES

ET ADMINISTRATIVES

Département des Relations Internationales

Année Académique 2007-2008

Les problèmes de la paix dans la corne de l'Afrique

Par katumba n'senga Sagefils

Mémoire présenté et défendu

en vue de l'obtention de grade de

Licencié en Relations Internationales

Dirigé par :

Professeur NSABUA TSHIABUKOLE José

EPIGRAPHE

«  S'il pourra rester quelque chose de moi dans ce monde, ce sera bien plus la trace du travail que j'ai écrit plutôt que le souvenir de ce que j'aurais fait. »

Alexis de Tocqueville

« Il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans vaillance »

Thucydide

DEDICACE

A toi Eternel mon Dieu, le Dieu de toute grâce et source intarissable du souffle de ma vie. Tu as su me protéger durant tout ce parcours académique.

A mon père Augustin TSHIBANGU NTAMBWA, fontaine de mon inspiration et à ma mère Béa-Christine MWAMBA NZAMBI, germe de cette vie scientifique, pour tous ces sacrifices, ô combien louables ;

A mes frères et soeurs Séraphin NKONGOLO, Eugénie META, Mimie MBOMBO, micheline LUSAMBA, Nadine NGALULA, Richard MBUYAMBA, Godefroid BEBUL, Dieudonné TSHIBANGU, Ruffin NGOYI, Carole MULANGA, Steve KALOMBO, Caleb MBUYI, Ruth KABANGA, Dorcas KALUBI. Que ce travail soit pour vous signe d'un amour fraternel que vous avez eu en mon égard ;

A mes neveux et nièces Lumière BEA, Light TSHIBANGU, Macla, Beni et Live NTABALA, Nathan TSHIBANGU ;

A mes grands-parents MBOMBO WA NDAMBA, MPWEKELA, LUSAMBA MWA KALOMBO ;

A mes oncles et tantes Raphaël KALOMBO, Pius Mozart TSHIBANGU Jules NGOYI, Agnès MULANGA, Thérèse BAMONA, Rachel KANJINGA ;

A mes cousins et cousines Marcel MUTANDA, Jean-Joli BEBUL,Vicky MPWEKELA, Tyty KALOMBO, Bobette KALOMBO, Zénon KALOMBO, Falonne KALOMBO, Aimée WETU, Jeff KAZABA, Tina MBOMBO, Madeleine MESU, Marlène MUSAU, Paul MUTOMBO, Sylvie MWIKA, Pauline NGANDU, Tantine KANJINGA ;

A mes beaux-frères et belles-soeurs Jean-Marie MASSAMBA, Rolling KAMBOYA, Symphorien, Rebecca YEMB.

A vous tous qui, de près ou de loin, avez contribué à la rédaction de ce travail.

AVANT-PROPOS

Arrivé aux termes de ce deuxième cycle de nos études universitaires, qu'il nous soit donc permis de réitérer notre gratitude aux personnes qui d'une manière ou d'une autre, ont participé à l'élaboration de ce travail.

Notre profonde gratitude s'adresse au Professeur Docteur NSABUA TSHIABUKOLE, qui nous a fait l'honneur de diriger ce travail, en dépit de ces multiples responsabilités.

Nous remercions ensuite les Professeurs Pierres MASHALA, MWAYILA TSHIYEMBE, NGOIE NDOMBE, KADONY NGUWAY KPALAINGU, Félicien MULAMBA, Jean MBAYO, WENU Becker, les chefs des travaux Jean Bosco ESAMBU, Papy BANGBELU, les assistants Chrispin KATAMB, Emmanuel KAYEMBE et mes compagnons Popaul FALA MAYU MULEEL, Médiat KABANGE, Nanou MULAJ A SULU, Jacques MBEMBELE, Jowell KINKINKA et Franklin BUANA.

Pour avoir passé ensemble les moments douloureux et ceux de joie pendant notre vie scientifique, nous pensons aux amis Teddy TSHALA, Patricia, Patrick MULUMBA, Philippe MBAZ, Tina MPOYI, Jules BUSHIRI, Adolphe MUSULWA, Oscar KALONJI, Daniel LUKUSA, Marie BUASA, Sylvie KANDEY, Clarisse MBUYI, Honorine TSHIBITSHABU, Paulin LUKONGO, Sandra KIBIKIABO, Doll's MUYAYA, Darryl KOBA, Gédéon MUNAMIRE, Alex BITUMWE, Tony ALIMASI, Clarisse PUNGU, Diane LUBABA, Idi AMISI, Gabriel KENGE, Larry NASSOR, Victor WEMBO, Edouard AKILIMALI, John KAZADI, Augustin NTAMBWE, Véridien MUBATAMBAI SHEBA.

Nos remerciements les plus sincères s'adressent à Gloria Dei KALUMBA, aux familles KALONJI, SANGWA SHAMWANGE, aux pasteurs et à tous les choristes de la chorale « CHORECO » de l'Eglise Méthodiste Unies pour leur soutien moral, spirituel et encouragement.

Nous remercions cordialement tous ceux dont par inadvertance, leurs noms ne sont pas repris dans ces pages.

Sagefils KATUMBA N'SENGA

INTRODUCTION GENERALE

I. ETAT DE LA QUESTION

L'analyse que nous allons faire concerne une étude des différents problèmes ayant marqués la Corne de l'Afrique, cette région stratégique de l'Afrique, allant des causes des conflits, en passant par leur évolution pour acheminer enfin, vers une lecture explicative des problèmes de la paix dans la Corne de l'Afrique.

Cette pointe avancée du continent Africain dans l'océan Indien, au Sud de la péninsule arabique, regroupe du Nord au Sud quatre pays dont l'Ethiopie, l'Érythrée, la Somalie et le Djibouti. A ce quatre pays, on ajoute d'une manière générale quatre autres qui sont : le Soudan, le Kenya, la Tanzanie le et Yémen.

En effet, la Corne de l'Afrique a connu depuis 1989 des bouleversements radicaux. En Juin 1989, une junte islamiste prenait le pouvoir à Khartoum. Deux ans plus tard, les régimes somaliens puis éthiopiens étaient renversés. Djibouti voyait l'autoritarisme de son gouvernement contesté, les armes à la main. Enfin, après deux années d'indifférence, les Etats-Unis pilotaient en Décembre 1992 l'opération « Restore Hope » dans le Sud de la Somalie, affinant après la guerre du golfe, un nouveau mode d'intervention1(*).

Notre travail s'ajoute aux nombreux travaux qui traitent différents aspects des conflits armés en Afrique, plus précisément dans la Corne de l'Afrique :

Dans leur ouvrage intitulé : «Les chemins de la guerre et de la paix : Somalie, la normalisation malgré tout2(*) », Roland MARCHAL et Christine MESSIANT nous parlent de la stratification complexe des histoires des groupes combattants, de la libération au chaos et enfin, ils terminent sur quelques causes de l'échec international. Ici, il a différencié les acteurs lorsqu'il considère combien l'intervention internationale aura confondu clans, factions, combattants et Seigneurs de guerre.

WEMBA KIMBWAKA Michel, dans son mémoire ayant pour titre : « Les rôles des forces armées dans les interventions humanitaires des Nations Unies3(*) », il pose la problématique de savoir quels étaient le rôle et la place des forces armées dans le maintien de la paix en Somalie, lesquelles étaient inclues dans une dimension humanitaire, pour répondre en guise d'hypothèse, que dans les interventions humanitaires, les forces armées de l'ONU auraient eu pour fonction de protéger les secours humanitaires.

MULOKO WA MUSUMAKA, dans son travail : « La problématique de la restauration de l'Etat Somalien4(*) », pose deux problématiques à savoir si la restauration de l'Etat Somalien et l'action de l'ONU en Somalie avaient-elles eu lieu à la demande de ce pays (Somalie). IL répond que la restauration de l'Etat est un attribut du pouvoir aux actuels nations en Afrique, et l'intervention Onusienne n'étaient pas à la demande de la Somalie, il n'y avait pas d'autorité centrale.

Quant à NKITABUNGI NDAYE Zacharie, dans son mémoire : « L'Union Africaine et la résolution du conflit Erythrée-Ethiopie5(*) », veut savoir quelles sont les mesures prises par l'union africaine pour résoudre le conflit qui oppose l'Erythrée à l'Éthiopie. L'hypothèse est que l'Union Africaine recommande aux belligérants de cesser les hostilités et de se mettre autour d'une table de négociation.

Enfin, KABONGO KUMWIMBA Paguy, dans son mémoire : « Le rôle de l'ONU dans la gestion du conflit Erythréo-Ethiopien6(*) », pose la problématique suivante : quel est le rôle da l'ONU dans la gestion du conflit Erythréo-Ethiopien ? L'hypothèse à cette question est que l'action de l'ONU avait favorisé aux antagonistes d'avoir un Accord. Les deux pays s'engagent à permettre la libre circulation dans la zone libre de 25 Km, et c'est la force internationale Onusienne dénommée MINUEE qui observera le retrait des troupes et restera sur place jusqu'à la démarcation précise d'une frontière par les experts de l'ONU.

Plusieurs auteurs ont traité bien avant nous des conflits dans la Corne de l'Afrique. Ici, nous avons présenté les travaux les plus significatifs au rapprochement de notre étude. Nous avons évoqué ce qui séparait ces études de la nôtre afin d'en établir l'originalité pour éviter de tomber dans le plagiat et les redites.

IL est cependant important de retenir que l'originalité de notre étude réside dans le fait que nous nous efforçons d'examiner les problèmes de la paix dans la Corne de l'Afrique, à travers ses zones de tensions.

II. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE

A. Problématique

La problématique est, selon Quivy et Luc van Compen, l' « ensemble des questions ou interrogations majeurs que se pose un chercheur à propos d'une recherche scientifique »7(*).

Les conflits qui se déroulent dans la Corne de l'Afrique constituent assurément le défi majeur à relever en ce début de millénaire. Ceux-ci ne pouvant se résoudre par la force, il convient d'indiquer aux Etats d'autres voies.

A la lumière de cette pensée, nous nous sommes posé la question suivante :

Quelles sont les stratégies de gestion et résolution des conflits dans la Corne de l'Afrique ?

B. Hypothèse

L'hypothèse de la recherche est définie par Rongère comme : « la proposition de réponses aux questions que l'on se pose à propos de l'objet de la recherche, formulée en des termes tels que l'observation et l'analyse puissent donner une réponse »8(*).

A la suite de Madeleine Grawitz, elle est « la proposition de réponse à la question posée. Elle tend à formuler une relation entre des faits significatifs »9(*).

Même plus ou moins précise, elle aide à sélectionner les faits observés. Ceux-ci rassemblés, elle permet de les interpréter, de leur donner une signification qui, vérifiée, constituera un élément possible de début de théorie.

Ainsi définie conformément à notre champ d'investigation, nous répondons en guise d'hypothèse que dans le souci de restaurer la paix, la communauté internationale a appliqué tous les moyens et stratégies pouvant amener une paix durable dans la Corne de l'Afrique.

IL y a eu des négociations diplomatiques, des bons offices et des médiations.

Ceux-ci n'ayant débouché à aucun résultat palpable, il y a eu recours aux organismes et Accords bilatéraux et multilatéraux régionaux.

III. CHOIX ET INTERET DU SUJET

A. Choix

Le choix d'un sujet n'étant pas un fait du hasard, ce sujet a attiré notre désir scientifique à analyser les crises et les conflits que connaît la Corne de l'Afrique, et de ce fait, ouvrir les horizons pour les futurs chercheurs qui se lanceront dans les investigations ayant trait à l'étude de la Corne de l'Afrique.

B. Intérêt

Sur le plan personnel, ce sujet est une découverte des situations conflictuelles que connaît la quasi-totalité de pays de la Corne de l'Afrique, leurs causes et conséquences, ainsi que l'attitude de la Communauté Internationale face à ces crises.

Sur le plan scientifique, en tant qu'étudiants en Relations Internationales, analyste des enjeux diplomatiques et des faits internationaux, la Corne de l'Afrique nous est parue intéressante de part sa position stratégique à l'Est du continent, une géopolitique nous permettant de confronter la réalité aux théories acquises.

Sur le plan sociétal, l'intérêt de ce sujet n'en dit pas moins aussi. Composée de plus d'une dizaine d'ethnies ayant, chacune, une position particulière, nous cherchons à comprendre l'influence que pourrait avoir une ethnie dans le déroulement des événements marquant la naissance, l'apogée ainsi que l'effondrement d'une nation.

IV. DELIMITATION DU SUJET

Toute analyse requiert des contours précis pour une harmonie nous permettant d'éviter les égarements inutiles, pouvant ainsi nous éloigner de la réalité de notre sujet. Ainsi, notre délimitation concerne deux dimensions : temporelle et spatiale.

A. Dans le temps

Toute délimitation temporelle ayant toujours deux bornes, l'une inférieure, et l'autre supérieure, la période sur laquelle nous nous pencherons de façon plus explicite, recouvre les efforts de la Communauté internationale pour mettre un terme aux conflits dans la Corne de l'Afrique.

Elle s'ouvre en 1992 par la résolution 733 de l'ONU qui appelle au cessez-le-feu et pose, en vertu du chapitre VII de la charte de l'ONU, un embargo sur l'envoi d'armes à destination de la Corne de l'Afrique, de la Somalie en particulier.

Elle se termine en 2007 avec l`autorisation du Conseil de Sécurité le 20 Février, à l'Union Africaine d'établir une mission en Somalie (AMISOM).

B. Dans l'espace

Notre délimitation spatiale est la Corne de l'Afrique parce que celle-ci nous permettra d'éviter les égarements pouvant nous détourner du cadre de notre sujet d'étude.

V. METHODE DU TRAVAIL

Toute recherche ou application de caractère scientifique en Sciences Sociales comme dans les sciences en générale, doit comporter l'utilisation des procédés opératoires rigoureux, bien définis, transmissibles, susceptibles d'être appliqué à nouveau dans les mêmes conditions, adaptés au genre des problèmes et des phénomènes en cause. Ce sont des méthodes et techniques.

A. Méthode de travail

Etymologiquement, méthode signifie « cheminement », « chemin », « poursuite », « voie ». On y trouve donc l'idée d'un cheminement pour arriver à certains résultats10(*).

Une méthode est essentiellement une démarche intellectuelle qui vise, d'un côté à établir rigoureusement un objet des science, et de l'autre, à amener le raisonnement portant sur cet objet de la manière la plus rigoureuse possible11(*).

En ce qui nous concerne, et concernant la nature de l'objet et du cadre de notre travail, nous avons opté pour la méthode historique.

La méthode historique est axées sur l'histoire qui, sans être explicative par elle-même, rend possible l'explication dans la mesure où d'une part, en replaçant les institutions dans le milieu social où elles ont pris naissance, parmi leurs conditions concomitantes, elle nous offre le tableau de leurs conditions d'existence ; et d'autre part, elle permet la comparaison12(*).

La méthode historique s'efforce de reconstituer les événements jusqu'au fait générateur ou fait initial.

B. Technique

Les techniques sont des instruments, procédés opératoire pour récolter les données sur le terrain. Elles sont l'ensemble de moyens et de procédés qui permettent à un chercheur de rassembler les informations originales ou de seconde main sur un sujet donné.

Ce sont des instruments pour arriver à un résultat escompté en Sciences Sociales.

ILs sont donc les outils mis à la disposition de la recherche et organisés par la méthode, dans ce but13(*).

Nous avons utilisé la technique documentaire qui nous a permis d'étudier, d'analyser les documents écrits pour arriver à déterminer, avec exactitude, les faits ayant concouru aux événements qui se déroulent dans la Corne de l'Afrique.

VI. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL

Hormis l'introduction et la conclusion générale, notre travail est subdivisé en deux parties :

La première traitera des considérations théoriques générales. Cette partie est constituée de deux chapitres :

Le premier chapitre sera consacré à la présentation des Etats de la Corne de l'Afrique, le deuxième tablera sur les notions de paix, de conflit et de sécurité.

La deuxième partie qui est le cadre pratique, aura à son tour deux chapitres :

Dans le troisième chapitre, nous analyserons les conflits dans la Corne de l'Afrique, et le quatrième sera consacré à la restauration de la paix dans la Corne de l'Afrique.

Enfin, une conclusion générale va clôturer notre travail.

PREMIERE PARTIE

CONSIDERATION THEORIQUE GENERALES

la Corne de l'Afrique est l'ensemble géopolitique de l'Afrique comprenant la Somalie (formée de la Somalia et du Somalilland dont l'indépendance n'est pas reconnue par la Communauté Internationale), Djibouti, l'Ethiopie au Sud de la ligne de fracture joignant le lac Turkana (Kenya) au golfe de Tadjourah (Djibouti) et l'Erythrée.

La Corne de l'Afrique couvre les régions parcourues par les nomades Somalis ou habitées par les Afars et les Oromos.

Le terme « Corne de l'Afrique » a été formulé au début du XXème siècle pour évoquer l'ensemble de problèmes géopolitiques résultant de l'expansion des Somalis dans cette région. La forme rappelle celle de la corne du rhinocéros qui a autrefois fait l'objet d'un important commerce en direction du Yémen (étui du poignard)14(*).

Cette première partie sera consacrée à la présentation des Etats de la Corne de l'Afrique, des notions de paix, de conflit et de sécurité.

Chapitre Premier :

LES ETATS DE LA CORNE DE L'AFRIQUE

Dans ce chapitre, il sera question de présenter les Etats de la Corne de l'Afrique à savoir : l'Ethiopie, l'Erythrée, la Somalie et le Djibouti.

Section Première : L'ÉTHIOPIE

Dans cette section, nous présenterons la géographie, l'histoire et la situation économico-politique de l'Ethiopie.

I.1.1 Géographie physique et humaine de l'Ethiopie

L'Ethiopie est l'un des pays de l'Afrique orientale, limitée au Nord par la Mer Rouge et l'Erythrée, à l'Est par la Somalie, au Sud par le Kenya et à l'Ouest par le Soudan15(*).

C'est l'ancienne Abyssinie, située sur la Mer Rouge. L'Ethiopie a une superficie de 1.222.000 Km2. sa densité s'élève à 77,3 millions d'habitants. Sa capitale est Addis-Abeba est la langue est l'Amharique.

Le massif montagneux qui couvre une grande partie du pays est prolongé au Sud-est par un plateau, tandis qu'au Nord-Est, la plaine de Danakil s'ouvre par la Mer Rouge. Le climat dominant en Ethiopie est généralement humide sur les montagnes. La température très élevée dans la vallée diminue avec l'altitude. Mais le reste du pays est sec et la plaine de Don-Okil est une des régions les plus chaudes du monde.

La population variée est composée d'Abyssins qui constituent les peuples Chrétiens coptes, des Gallas (musulmans) et des noirs généralement animistes.

Les grands troupeaux nomades des ovins et des chameaux parcourent les régions sèches tandis que dans les montagnes, les cultures s'étayent en fonction de la température. Au dessous de 1.800m, la forêt cède parfois la place à des plantations de coton et du tabac. La zone la plus riche se situe de 1.800m à 2.500m, c'est là que vit la majeure partie de la population, on y pratique des cultures de millet, de maïs, de fruit, de légume et du café qui est le principal article d'exportation.

I.1.2. L'histoire de l'Ethiopie

Historiquement, c'est au début de l'ère chrétienne que fut créé un royaume d'Ethiopie, avec Axoum comme capitale. IL fut évangélisé au IVème siècle par l'Eglise égyptienne, qu'il suivit dans l'hérésie monophysite.

Au Moyen Age, l'Ethiopie, terre chrétienne dans le Monde Arabe, était connue sous le nom de royaume du prêtre Jean. Les attaques nombreuses au XVIè siècle, furent repoussées avec l'aide portugaise16(*).

L'Ethiopie moderne date de Théodore II (1855 et 1868). Ménélik qui avait signé avec l'Italie le Traité d'Ucciali en 1889, repoussa ensuite les prétentions italiennes au protectorat et vainquit les Italiens à Adoua en 1896. Mais ceux-ci reprirent leur offensive en 1935.

L'Ethiopie, en 1936, constitua avec l'Erythrée et la Somalie, l'Afrique Orientale Italienne. Elle fut libérée par les Anglais en 1941 et adhéra à l'ONU en 1945. Elle a joué un rôle très important dans l'organisation de l'Afrique contemporaine sous le règne de l'empereur HAILE SELASSIE Ier en 1930.

L'Erythrée fut réintégrée à l'Ethiopie qui accéda ainsi à la mer Rouge en 1962. Cette situation engendra les mouvements séparatistes qui aboutiront plus tard à la sécession de l'Erythrée.

En 1963, après la création de l'OUA, Addis-Abeba, capitale éthiopienne, devint le siège de la nouvelle organisation. 250.000 personnes périrent, des réfugiés envahissaient les villes, l'inflation et la corruption se donnaient libre cours et les autorités étaient pratiquement réduites à l'impuissance.

IL est à noter que l'Éthiopie est le seul pays africain à avoir échapper à la direction coloniale effective, à l'exception de l'occupation temporaire par l'Italie de 1935 à 194117(*).

Ce pays fut dirigé pendant longtemps par un empereur qui avait des allures dictatoriales : il s'agissait de l'empereur Hailé Mariam SELASSIE. Ce dernier fut déposé en 1974. En 1977, un mouvement de libération radicale, le « DERG » créé par le Colonel Mengistu, plonge le pays dans la révolution et surtout le conduit à rejeter l'aide des Etats-Unis et se tourner vers l'Union Soviétique. L'Éthiopie est le seul pays qui ait adopté la voie marxiste. Ce pays vaste et peuplé occupe une position stratégique dans la Corne de l'Afrique.

Après le régime de Ménélik II qui développa le noyau chrétien de langue Amharique et asservit un grand nombre de ses voisins, vint Hailé Selassié couronné empereur, qui inaugura l'ère moderne. IL dut se réfugier en Angleterre quand l'Italie envahit l'Ethiopie en 1936. Pendant la seconde Guerre Mondiale, les britanniques et les alliés du Commonwealth, aidés par les patriotes éthiopiens, reconquirent l'Ethiopie, l'Erythrée et la somalie. Les anciennes colonies italiennes furent finalement démembrées et l'Ethiopie reçut l'Érythrée en partage.

En principe, les deux pays devaient constituer une fédération centralisée, dominée par le gouvernement éthiopien qui vit le jour. En dépit d'une tentative avortée de putsch en 1960, et d'une révolution larvée en Erythrée au début de la même décennie, l'Ethiopie ne se départit pas de sa politique ultraconservatrice, par l'élite Amharicophone.

I.1.3. La situation économico-politique de l'Ethiopie

A. Situation économique

Signalons avant-tout que toutes situations politique et économique, qu'elles soient croissantes ou décroissantes, restent toujours dépendantes. Ainsi remarque-t-on que tout pays qui connaît un développement politique accuse aussi un développement économique, ceci entraînant également un changement positif sur les autres structures de ce pays notamment les structures politique, sociale, mentale et éducationnelle.

Cependant, il est difficile d'observer un développement économique dans un pays en crise politique, ou de parler d'une stabilité politique dans un pays dont le tissus économique est délabré, car, comme le confirmait Karl Marx, les phénomènes politiques sont les délivrés des phénomènes économiques18(*).

L'Ethiopie n'était pas un pays économiquement enclavé car il avait l'accès à la Mer Rouge et utilisait la façade maritime. IL avait le privilège sur le grand port d'Assab où transitaient 75% de ces produits commerciaux avant d'arriver à la Mer Rouge. Mais à l'arrivée de la conquête italienne sur l'ensemble de l'Afrique orientale, l'Ethiopie qui n'échappa pas à des ambitions séparatistes de Mussolini se vit perdre non seulement son pouvoir sur l'Erythrée, mais aussi son pouvoir d'accès facile à la Mer Rouge. C'est le début de la paralysie économique19(*).

Ainsi, l'Ethiopie a un PNB de 11,14 milliards de dollars, et le PNB par habitant s'élève à 156 dollars. Son PIB est de 6 milliards d dollars, tandis que son PIB par habitant s'élève à 84 dollars.

B. La situation politique

La politique coloniale a laissé le grand préjudice à l'économie qu'à la politique Ethiopienne. La guerre actuelle qu'on appelle conflit Erythréo-Ethiopien, est une conséquence grave de cette politique sur l'économie et la politique de l'Ethiopie, qui est actuellement enclavée et utilise le port de Djibouti pour contourner cet enclavement.

Le premier ministre Ethiopien Mêlez ZENAWI, intellectuel et ancien étudiant en médecine de l'université d'Addis-Abeba, est un cousin éloigné du président érythréen Issaias AFEWORKI. Mais à cause des séquelles de la politique séparatiste italienne, les deux frères sont appelés à s'opposer politiquement, économiquement et militairement20(*).

A partir de la révolution en 1977, l'Ethiopie rejeta l'aide et l'appui des Etats-unis et de tourner vers l'Union Soviétique. Dès lors, il devenait un pays à la politique socialiste. Mais à partir de 1990, lors de l'effondrement de l'URSS et du vent de la démocratie, le pays se vit aussi contraint de s'imposer dans ce processus. C'est la politique qui aboutira à l'indépendance de l'Erythrée en 199321(*).

Le fonctionnement des institutions Ethiopiennes est codifié par le texte constitutionnel ratifié en Décembre 1994, entré en vigueur le 22 Août 1995.

L'Ethiopie a un régime parlementaire qui repose sur deux assemblées (bicaméralisme) qui représente le pouvoir législatif.

Ainsi, passons à la présentation de l'Erythrée dans la section ci-dessous.

Section Deuxième : L'ERYTHREE

IL sera question de ressortir la géographie, l'histoire et la situation économico-politique de l'Erythrée.

I.2.1. Géographie physique et humaine

L'Erythrée est un Etat de la Corne de l'Afrique limité à l'Ouest et au Nord par le Soudan, au Sud par l'Ethiopie et Djibouti et à l'Est par la Mer Rouge22(*).

L' Erythrée a une superficie de 124.300 Km2, sa population est estimée à 4.300.000 habitants (estimation 2001), et a pour capitale Asmara.

Bordant la mer Rouge, l' Erythrée est constituée d'une étroite plaine côtière faiblement arrosée par les pluie en hiver et d'un plateau d'origine volcanique s'élevant à près de 2.600 m. le rebord du plateau est occupé, entre 400 et 1.200 m, par une forêt d'arbre à feuille caduque, grâce à des pluies modérées toute l'année.

Les langues officielles sont les Tigrinya et l'Arabe. Les principales autres langues pratiquées sont le Tigré, l'Afar, l'Issa et le Bilin.

La population Erythréenne se repartit entre musulmans, chrétiens et animistes. La plaine côtière est parcourue par des nomades musulmans : les Sahos et les Afars. Le plateau est peuplé des chrétiens Tigrés et Tigrinya. Dans la zone frontalière avec le Soudan, on rencontre des populations nomades musulmanes qui ont fait la guerre (500.000 déplacés).

I.2.2. L'histoire de l' Erythrée

A. L'histoire ancienne

L' Erythrée appartenait autrefois, à l'empire d'Axoum puis à l'Ethiopie dont elle était l'indispensable débouché vers la mer Rouge.

En 1885, les Italiens occupèrent la région qui leur servit de base pour l'invasion de l'Ethiopie en 1896 puis à 1936. Après la libération de l'Ethiopie par les forces alliées en 1941, l' Erythrée fut placée sous contrôle britannique23(*).

B. L'histoire contemporaine

En 1950, sur la réclamation de Hailé Sellassié, l'Erythrée fut fédérée à l'Ethiopie. En 1962, elle lui fut entièrement intégrée. Aussitôt, le FLE (Front de Libération de l' Erythrée) déclencha la lutte armée24(*).

Dans les années 1980, le mouvement se divisa en FLE et FLPE (Front de Libération du peuple érythréen) d'obédience musulmane.

Allié aux autres mouvements indépendantistes Ethiopiens, le FLPE prit le contrôle d'Addis-Abeba après la chute de Mengistu en 1991. Le referendum de 1993 confirma à 99,8% l'indépendance de l Erythrée, prononcée le 24 Mai 1993. Issaias AFEWORKI, ancien leader de FLPE devint le Président de la République. En Mai 1998, la guerre reprit avec l'Ethiopie25(*).

I.2.3. La situation économico-politique

A. La situation économique

L' Erythrée est appelée pays asphyxié, du fait de sa position géographique. Elle doit dépendre en grande partie de l'Ethiopie pour son économie.

A ce propos, l'observation de BAPUWA MWAMBA peut nous servir à mieux comprendre les raisons de cette subordination économique.

En effet l'observateur affirme que l' Erythrée qui n'exporte que du sel marin pour toutes ses richesses nationales, dépend presque totalement de l'Ethiopie pour tous ses produits vivriers. De cette situation résulte une flambée de prix incontrôlable et l'inflation atteignant 100%.

Voulant assumer leur émancipation économique, totale face à l'Ethiopie, les Erythréens se sont empressés de créer leur propre monnaie, le NAFKA avec la dépendance au système de BIRR, qui est la monnaie éthiopienne. Malheureusement, ils l'ont fait sans en mesure les conséquences qui ont abouti à la perturbation de tout le commerce avec l'Ethiopie après le refus de cette dernière d'admettre la parité de sa monnaie avec le NAFKA26(*).

Ainsi, l' Erythrée a un PNB de 0,97 milliards de dollars et le PNB par habitant est de 220 dollars. Son PIB est de 0,66 milliards de dollars et son PIB par habitant s'élève à 150 dollars.

B. La situation politique

L'aspect économique de l'Erythrée n'entraîne pas seulement l'asphyxie de ce pays sur le plan économique, mais il fait aussi que les hommes politiques de ces pays comptent sur l'appui extérieur pour défendre leur souveraineté.

L'actuel Président érythréen Issias Afeworki, bénéficie de l'aide chinoise pour opposer résistance militaire en Ethiopie et contenir le mécontentement de sa population. C'est un brillant militaire et stratège Erythréen formé en Chine27(*).

Toute la politique actuelle de l'Erythrée dépend en grande partie de son histoire caractérisée par la révolution qui date de très longtemps. A l'époque de fédération de l'Ethiopie, l' Erythrée qui en faisait partie, appliquait également la politique Ethiopienne. Mais après son détachement de l'empire Ethiopien, l' Erythrée devient politiquement comme économiquement, tributaire de puissances protectrices.

L' Erythrée a un régime présidentiel à parti unique où le président est à la fois chef de l'Etat et chef du gouvernement28(*).

Passons à la section suivante pour présenter la Somalie et le Djibouti.

Section Troisième : LA SOMALIE ET LE DJIBOUTI

Comme dans les sections précédentes, nous présenterons, dans cette section, la géographie, l'histoire et la situation économico-politique de la Somalie et de djibouti.

I.3.1. LA SOMALIE

1. Géographie physique et humaine

La Somalie est l'Etat de la Corne de l'Afrique limité au Nord par le golfe d'Aden, au Nord-Ouest par Djibouti, à l'Ouest par le Kenya, à l'est par l'océan Indien29(*).

Elle a une superficie de 635.000 Km2, une population qui s'estime à 8.700.000 habitants, ainsi qu'une capitale appelée MOGADISCIO.

A l'exception des montagnes à la côte Nord, la Somalie est un vaste plateau semi-aride se tournant vers la mer. La côte bordée des récifs se déroule vers 2.800 Km le long du golfe d'Aden au Nord, et de l'océan Indien à l'Est. Le Sud a une pluviométrie moyenne de 600 mm par année, le reste du pays est semi-aride (2.500 à 400 mm de pluie).la végétation persistante se trouve en bordure des fleuves Djouba et Chébéli. Le reste du pays est recouvert d'une steppe arborée d'acacias.

La langue officielle est le Somalie (langue afro-asiatique du groupe couchitique) qui comprend plusieurs dialectes. Les Somaliens sont des musulmans sunnites (98,8%). La population est essentiellement composée des Somalis (98,36%). La guerre et la famine ont provoqué l'exode de nombreux Somaliens, soit 250.000 au Kenya30(*).

2. L'histoire de la Somalie

La Somalie a autrefois été un carrefour des peuples de culture et haut lieu de commerce, reliant l'Afrique subsaharienne et l'Asie. Cette situation privilégiée explique l'intense métissage des peuples qui l'habitent aujourd'hui.

La Somalie fut confrontée aux expansionnismes successifs de ses voisins : de l'empire arabe tout d'abord, de l'Ethiopie ensuite, de l'empire Ottomans, du Sultanat de Zanzibar et de l'Egypte, du 17ème au 19ème siècle31(*).

En 1893, le Somalilland britannique fut détaché de la compagnie des Indes orientales et, à partir de 1905, directement administré par la Grande-Bretagne. L'Italie confia l'exploitation de la Somalia à une compagnie à Charte, la société Rubatino, puis en reprit l'administration directe en 1897.

En 1940, l'Italie attaqua la Somalilland et perdit la totalité de ses colonies d'Afrique subsaharienne en 1941. Les deux Somalies furent coiffées par une administration militaire britannique. En 1949, l'ONU plaça la Somalie sous tutelle italienne pour une période de dix ans. La Somalie britannique reçut une administration civile. Dès les années 1940, le nationalisme somalien prit son essor sous l'égide de la SYL (Somali Youth League). Les deux Somalies accédèrent à l'indépendance le 26 Juin 1960 et se réunifièrent le 29 Juillet pour ne plus former qu'un seul pays.

3. La situation économico-politique de la Somalie

A. La situation économique

La somalie est un Etat asphyxié à cause de l'embargo sur ses exportations de bétail, du blocage du fonds de la diaspora et de l'aide internationale qui est suspendue.

La guerre civile a bloqué le développement économique du pays. Sa principale zone d'activité reste l'agriculture. Les mines de sel représentent également une ressource complémentaire non négligeable32(*).

Du point de vue des échanges extérieurs, les exportations remportent 119 millions de dollars, et des importations sont supérieures, soit 285 millions de dollars.

Ainsi, la Somalie a un PNB de 1,12 milliards de dollars et la PNB par habitant est 136 dollars. Le PIB vaut 830 millions de dollars et le PIB par habitant vaut 88 dollars.

B. La situation politique

De 1960 à 1969, et sous la Présidence d'Aden Abdullah Osmar Daar, la somalie tente d'instaurer un gouvernement démocratique mais des luttes claniques entre le Nord et le Sud du pays, les relations tendues avec les pays limitrophes, font de ces années une période instable33(*).

En 1969, à la suite d'un coup d'Etat, Mohamed Syad BARRE prend la tête du conseil révolutionnaire suprême. La guerre de l'Ogaden (1978-1979) contribue à affaiblir le pouvoir de Barré et favorise l'installation d'une famine endémique dont le paroxysme est atteint en 1984, car à cette époque, les citoyens des pays industrialisés sont invités à faire des dons :on parle de donner « du riz pour les Somaliens ». Pour continuer à gouverner, Barré est amené à durcir son régime. Les émeutes de 1990 le contraignent à l'abandon34(*).

En 1991, le Nord du pays déclare son indépendance et prend le nom de SOMALILLAND, où les Issak, un des cinq grands clans sont majoritaires. Syad Barré est finalement destitué le 26 janvier 1991. Ali MAHDI Muhammad lui succède jusqu'en Novembre 1991, sans jamais réussir à s'imposer politiquement et militairement sur l'ensemble du territoire.

Déchirée par des luttes entre divers clans, la Somalie a sombré dans l'anarchie en 1991. Auparavant, au terme de la constitution de 1979, elle était une république présidentielle à parti unique.

En absence d'un gouvernement établi, la constitution de 1979 n'est pas appliquée.

I.3.2. LE DJIBOUTI

1. La géographie physique et humaine

La République de Djibouti est un Etat de la Corne de l'Afrique limité au Nord-Ouest par l'Erythrée, à l'Ouest et au Sud-est par la Somalie, à l'est par la mer Rouge et le golfe d'Aden35(*).

Le Djibouti a une superficie de 23.200 Km2, la population s'estime à 630.000 habitants et sa capitale est le DJIBOUTI36(*).

Le Djibouti est un territoire désertique au relief tourmenté offrant à l'Ouest, une chaîne culminant à 1.703 m, la dépression du lac Assal ( -155m), le plateau de Weima et la vallée de l'Arta-Dikhil. A la charnière des grands rifts, Djibouti garde le détroit de Bab El-Mandeb entre la mer Rouge et le golfe d'Aden.

Djibouti a un climat aride avec une saison chaude de Mai à Septembre (35°c) et une saison fraîche d'Octobre à Avril (25°c). La végétation se compose d'arbustes et de buissons d'épineux.

Les langues officielles sont le français et l'Arabe. Las langues usuelles sont l'Afar et l'Issa (Somali). La population est majoritairement composée des musulmans Sunnites (96%).

Le groupe Somali se repartit entre les Issa et les Gallaboussi. Les Afars parlent une langue couchitique. On compte une minorité arabe.

2. L'histoire de Djibouti

Djibouti constitua une enclave de peuples (les Afars et les Issa) dans une région dominée par les Ethiopien, les Egyptiens, les Arabes et les Turcs Ottomans. Des 1839, des explorateurs français parcourent la région. En 1862, ils signèrent des traités de protectorat avec des chefs locaux et en 1888, Djibouti fut fondé. En 1898, le territoire devint une colonie française sous le nom de côte française des Somalis. En s'appuyant tantôt sur les Afars, tantôt sur les Issa, la colonisation a attisé des rivalités entre les deux peuples. En 1946, la colonie devint Territoire d'Outre Mer (TOM). Au referendum constitutionnel de 1958, le maintien du statut de TOM prôné par Hassan GOULED l'emporta.

En mars 1967, les électeurs se prononcèrent par referendum pour le maintien de Djibouti au sein de la France et le territoire prit le nom de Territoire Français des Afars et des Issa. Le 08 Mai 1977, lors d'un nouveau referendum, ils optèrent en faveur de l'indépendance à 98,8%.

Le 27 Juin 1977, le nouvel Etat accède à l'indépendance sous le nom de République de Djibouti. Entre un Président Issa, Hassan GOULED, et un premier ministre Afar, Ahmed DINI, l'équilibre entre les ethnies était précaire, mais la volonté du Président de le maintenir permis au pays d'être stable.

En 1992, le Président Gouled mit fin au régime de parti unique instauré en 1981. Des élections pluralistes, en 1992(législatives), et en 1993 (présidentielles), confirmèrent le pouvoir en place, mais cristallisèrent l'opposition des Afars. En Mai 1999, le dauphin désigné du Président Gouled, Ismaël Omar Guelleh, a été élu à la tête de l'Etat. Allié de l'Ethiopie, le nouveau Président s'efforce de faire transiter par Djibouti, le commerce extérieur de son voisin37(*).

3. La situation économico-politique de Djibouti

A. La situation économique

L'économie djiboutienne est largement dépendante de son secteur tertiaire (82% du PIB), l'Etat est le principal employeur dans le pays38(*).

Le pays est pauvre en industrie et surtout en agriculture, ce qui contribue à un fort taux de chômage. Djibouti s'approvisionne en biens, auprès de ces voisins Ethiopiens, Somaliens et Yéménites ; et dans une moindre mesure, de la France. Le pays connaît cependant, ce dernier temps, un changement de conjoncture économique dû à des facteurs exogènes dont la venue des soldats américains qui participent à la création d'emplois, mais également à l'arrivée des nouvelles Banques.

Ainsi, le Djibouti a un PNB de 0,6 milliards de dollars et un PNB par habitant de 756 dollars. Le PIB est de 0,81 milliards de dollars avec un PIB par habitant de 1.020 dollars.

B. La situation politique.

Djibouti est une République depuis son indépendance acquise à la France en 1977, elle organise ses premières élections législatives et présidentielles en 1981.

Il suit le principe de séparation des pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire39(*).

CONCLUSION PARTIELLE

A titre conclusif, nous disons que ce chapitre intéressé à la présentation des Etats de la Corne de l'Afrique a permis de cerner le contour de cette région en ce qui concerne, notamment la géographie physique et humaine, l'histoire, ainsi que la situation économico-politique des Etats qui font partie de cette région dont l'Ethiopie, l'Erythrée, la Somalie et le Djibouti.

En effet, l'Ethiopie, l'Erythrée,la Somalie et le Djibouti sont, parmi les plus pauvres du monde, victimes des guerres ethniques ou religieuses, alimentées par les marchands d'armes et de la mort.

L'actualité conflictuelle dans cette région est non seulement conditionnée par son histoire et sa composition ethnique, mais aussi par sa position stratégique à l'Est du continent africain.

Chapitre Deuxième :

LES NOTIONS DE PAIX, DE CONFLIT ET DE SECURITE

Les problèmes de la paix, le conflit et la sécurité hantent l'humanité depuis l'origine des temps. Au 20ème siècle, experts, diplomates, stratèges et hommes politique, ont imaginé et expérimenté plusieurs techniques pour établir durablement la sécurité entre les peuples et les nations40(*).

Les conflits armés en Afrique, apportent des souffrances immenses à la population, détruisent tous les efforts économiques et exposent, de ce fait, tout le continent à un cataclysme humanitaire suite aux déplacés des guerres.

C'est ainsi que dans les signes qui suivent, nous allons dégager les notions de paix, de conflit et de sécurité.

Section Première : LA NOTION DE PAIX

Dans cette section, il sera question de définir la paix, de parler de la paix au plan individuel et au plan collectif, et enfin, du maintien de la paix.

II.1.1. Définition du concept

La paix peut se définir comme « une situation dans laquelle les conflits se jouent sans recours direct aux armes. Cette paix se réduit à l'absence de guerre, elle résulte soit du triomphe du droit sur la force, soit de l'équilibre entre les forces en présence ; soit encore de la domination sans partage, exercée par une force sur toutes les autres41(*).

Le dictionnaire Larousse définit à son tour la paix comme étant « l'état d'un pays qui n'est pas en guerre, cessation des hostilités ; état de concorde, d'accord entre les membres d'un groupe42(*).

Pour Boutros Boutros GHALI, la paix a pour fondement, le développement, l'action humanitaire et le droit de l'Homme43(*).

Quant à nous, la paix peut être perçue comme étant la stabilité sur le plan politique et sécuritaire entre les Etats d'une même région ; l'absence de guerre, d'affrontement entre les forces militaires ou les Etats d'un même continent.

II.1.2. La paix au plan individuel et au plan collectif

Au plan individuel, un Etat d'esprit personnel, exempte de colère, de crainte, et plus généralement des sentiments négatifs. Elle est donc souhaitée pour soi-même et éventuellement pour les autres, au point de devenir une salutation (la paix soit sur toi, Salam Alei Kum en Arabe, Shalom en hébreu) ou but de la vie44(*).

Au plan collectif, la paix désigne également l'absence de violence ou de guerre entre groupes humains. En ce sens, la paix entre les nations est l'objectif des nombreux hommes et organisations comme la défunte SDN ou l'actuelle ONU.

Dans cette conception, certaines idéologies comme le nazisme, reprouve la paix qui amollit les hommes, et au contraire, exaltent la guerre. Un bon contre-exemple en est le village de la paix, «De Neve Shalom-Wahat as Salam » qui oeuvre pour la paix entre Israéliens et Palestiniens45(*).

L'articulation entre la paix et son opposé (guerre, violence, conflit, colère...) est une des clés des nombreuses doctrines, religieuses ou politiques, clé fondamentale bien que non explicite.

Dans la YI KING, l'un des cinq livres classiques chinois, constituant essentiellement un manuel de divination, l'hexagramme opposé à celui de la paix est celui de la stagnation. Symboliquement, cela signifie que la paix n'est pas un absolu, mais une recherche permanente. Et que le conflit n'est pas l'opposé de la paix. Il convient dans une démarche de la paix, de transformer le conflit, non pas de le supprimer. Les démarches non-violentes incarnent cette démarche et transformation pacifique du conflit.

II.1.3. Le maintien de la paix et la naissance des idées sur la paix

A. Le maintien de la paix

Une mission de maintien de la paix est une action militaire ou de police entreprise par l'ONU, par un ou plusieurs pays en réponse à une crise régionale dont ils ne sont pas les protagonistes. Lorsque cette mission est entreprise directement par l'ONU, celle-ci demande à ses pays membres une participation en troupe (casques bleus et/ou observateurs)46(*).

Le chapitre VII de la charte des Nations Unies relatif à l' « action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression », stipule que c'est au Conseil de Sécurité des Nations Unies (CSNU) de décider s'il y a lieu de créer une opération de maintien de la paix (OMP).

L'ONU peut également confier une telle mission à une Organisation Internationale (OTAN, UE, UA...) ou à un pays dirigeant une force multinationale, qu'elle mandate alors par une résolution prise en Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Stricto sensu, le maintien de la paix est une mission de prévention d'un conflit. La force déployée a, en général, pour objectif :

- Observer un cessez-le-feu et les mouvements des troupes ;

- Engager des opérations de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de rapatriement ;

- Appuyer les opérations humanitaires ;

- Soutenir un processus de paix ;

- Donner une assistance dans le domaine de droit de l'homme ;

- Assurer l'ordre public.

Elle n'a en général pas de vocation offensive et ne doit pas ouvrir le feu autrement qu'en cas de légitime défense. Ces missions ne suffisent généralement pas à instaurer une paix solide.

Une opération sous mandat peut recevoir une mission plus intrusive, on parle alors de rétablissement de la paix (PEACE MAKING) ou d'imposition de la paix (PEACE ENFORCEMENT)47(*).

B. La naissance des idées sur la paix

Les idées sur la paix qui ont conduit à la Société Des Nations en 1919, puis à l'ONU en 1945, sont nées dans un climat difficile et n'ont jamais proposé d'analyse théorique sérieuse48(*).

Les propositions pour organiser la Société Internationale de manière à éviter la guerre se sont développées du 15ème au 18ème siècle. Le fameux « Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe », de l'Abbé de Saint Pierre, date de 1713, et le « Projet philosophique de paix perpétuelle » de Kant est de 1795. Mais ils n'ont pas été suivis au 19ème siècle par des recherches ou des oeuvres de quelque valeur.

Alors que Clausewitz écrit, entre 1820 et 1830 des thèses brillantes sur la guerre, sur la manière de la conduire et d'en faire un élément fondamental de la politique, rien n'est produit sur les techniques qui pourraient permettre d'établir la paix. Les rêves de paix ne séduisent au surplus pas les foules. IL n'y a que très peu d'esprit qui osent penser que les guerres, pourtant de plus en plus destructrices et meurtrières, pourraient, dans certains cas, être évitées. La politique est faite par les hommes, et la guerre permet de manifester sa virilité.

Ainsi, passons à la section suivante pour examiner la notion de conflit qui est l'opposé de la paix.

Section Deuxième : LA NOTION DE CONFLIT

Le conflit est une composante de la nature humaine et de la vie des sociétés. Il habite l'individualité de part en part, agite constamment les collectivités humaines et s'affirme même comme moteur de l'histoire et du devenir. Le conflit ballote en permanence les sociétés humaines et hypothèque sans cesse la dynamique de l'intersubjectivité ; attise la violence inter-individuelle, l'affrontement inter-ethnique et la guerre inter-Etatique.

Dans cette section nous tenterons de définir le concept « conflit », de dégager sa typologie et comment procède-t-on au règlement des conflits.

II.2.1. Définition du concept

Une analyse approfondie de la notion de conflit fait voir que celui-ci n'est pas univoque. IL prend plusieurs sens selon les points de vue adoptés.

De ce fait, le conflit peut se définir suivant plusieurs approches. Ainsi, il peut se définir comme une relation antagonique entre deux ou plusieurs unités d'action dont l'une au moins tend à dominer le champ social de leur rapport49(*).

Le dictionnaire Hachette définit le mot conflit comme étant un choc, un combat, une lutte, un antagonisme50(*).

K. Boulding le définit comme «une situation de concurrence dans laquelle les parties sont conscientes de l'incompatibilité de positions futures potentielle et dans laquelle chaque partie désire occuper une position qui est incompatible avec les désir de l'autre51(*).

Julien Freud définit quant à lui le terme conflit comme étant : « un affrontement ou heurt intentionnel entre deux êtres ou groupes de même espèce qui manifestent, les uns envers les autres, une intention hostile ; en général à propos d'un droit, et que pour maintenir, affirmer ou rétablir le droit, essaient de briser le résistance de l'autre éventuellement par le recours à la violence, laquelle peut, le cas échéant, tendre à l'anéantissement physique de l'autre »52(*).

Le conflit peut également se définir comme un désaccord, une opposition, une contradiction entre deux ou plusieurs acteurs des relations internationales. IL permet parfois de résoudre le dualisme divergent, c'est-à-dire du point de vue des Relations Internationales

Cornu définit le conflit comme « toute opposition de vue entre les Etats, d'une ampleur telle que la recherche de sa solution puisse déboucher sur l'emploi de force »53(*).

Pour Zartman, un conflit est considéré comme « un litige que sous-tend les heurts entre les intéressés. IL s'agit en clair, d'une opposition d'intérêt entre les acteurs des Relations Internationales, laquelle opposition s'exprime sous forme de guerre »54(*).

Deux conceptions permettent d'appréhender le conflit. IL s'agit de la conception objective, et de la conception subjective.

Dans la conception objective, le conflit peut être défini comme une situation de compétition dans laquelle les parties sont conscientes de l'incompatibilité des positions dans laquelle chaque partie veut occuper une place qui est incompatible avec celle de l'autre partie ;

Dans la conception subjective, le conflit est attribué à une perception erronée d'une situation subjective. C'est une situation d'incompatibilité ou d'intérêt complémentaire qui vient d'en être perçue en termes de situation d'incompatibilité. Dans ce cas, le conflit est subjectivement subjectif. IL y a incompatibilité des positions lorsque la réalisation simultanée de deux intérêts est matériellement impossible55(*).

Dans le cadre de notre travail, nous retiendrons que le concept « conflit » se définit par la combinaison de ces trois termes à savoir : l'intérêt, la solution et la guerre, c'est-à-dire, il y a conflit lorsqu'on assiste à une opposition d'intérêts, et que la solution aux litiges passe par les armes ou la guerre.

Nous dégagerons les typologies et les causes de conflit dans le paragraphe suivant.

II.2.2.Typologie et cause de conflit

Les nouveautés des conflits contemporains tient à l'autonomie des acteurs collectifs par rapport au système Etatique, et à leur hétérogénéité, à la plus grande importance accordée au statut et aux valeurs plutôt qu'aux possessions matérielles, et que superposant à tout cela, à l'influence accrue du transnationalisme.

La combinaison de tous ces éléments, introduit sur la Scène Internationale une forme de rationalité belligène à laquelle les stratèges de la Guerre Froide n'étaient pas préparés56(*).

Les conflits qui concernent l'éclatement et le déroulement du processus d'affrontement des intérêts, nous les appelons des « conflits exploités ». Ceux qui concernent les subversions et les structures de l'affrontement avant que celui-ci éclate, nous les qualifions des « conflits latents »57(*).

A. Type des conflits

En relations internationales, il existe plusieurs types des conflits tenant à l'espace, à l'intérêt poursuivi et au domaine ou la forme.

1. Du point de vue forme

a. Le conflit armé

Le conflit armé international s'appréhende comme l'hypothèse d'une guerre déclarée, ou tout autre conflit armé surgissant entre deux ou plusieurs parties contractantes, même si l'état de guerre n'est pas reconnu par l'une d'entre elle et même si toute les parties contestent l'état de guerre58(*).

b. Conflit non armé

Dans ce cadre, nous faisons recours à Jean Barrea, qui définit le conflit non armé comme une situation de compétition dans laquelle chaque partie veut occuper l'autre partie59(*).

Cette définition permet ainsi de comprendre le conflit couramment appelé « lutte d'intérêt » qui eut à opposer les USA à l'URSS dès la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'à la chute de l'empire soviétique par la Perestroïka.

Cette lutte d'intérêt opposant les soviétiques aux américains ne fut jamais sanglante entre eux directement, mais plutôt, a emprunté des formes diverses, telles que la guerre de poulet, la guerre informatique, la guerre industrielle, etc.

2. Du point de vue domaine

De ce point de vue, nous avons une multitude des conflits selon les domaines dans lesquelles s'effectuent des Relations Internationales. D'où cette énumération non exhaustive :

a. Conflit économique

IL ne se constate que dans le cadre des rapports internationaux liés à l'exercice de l'activité économique.

b. Conflit politique

Ce conflit se caractérise par une lutte dans le domaine de la direction et la gestion d'un Etat, plus particulièrement au sein des institutions du pouvoir, perturbant ainsi la bonne marche de la chose publique. Mais ceci peut se constater entre deux ou plusieurs formes : conflits idéologiques, conflit frontalier, conflit de sécurité, etc.

Le premier type de conflit d'intérêt politique en Afrique allait de paire avec la problématique de la colonisation. Il y eut tout d'abord, la lutte pour le pouvoir qui succéda ou accompagna la problématique de la décolonisation.

Après la lutte pour l'indépendance, il y eut différents conflits relatifs aux territoires et aux frontières, et à la stabilisation de l'indépendance chèrement acquise. Mais la majeure partie des conflits politiques sont issus de l'insatisfaction par rapport aux institutions politiques et à l'Etat. Il s'agit ici de la perte de légitimité suite à la corruption ou à une politique déficiente et au passage à une participation à la décision politique.

A la base de presque tous les conflits, on retrouve la discrimination politique et le stress éprouvés par les groupes défavorisés. Cette discrimination peut être liée à un accès insuffisant à des positions de pouvoirs politiques au niveau national ou régional ; au recrutement au sein de l'appareil policier ou militaire, à l'administration, au droit de veto, au droit de s'organiser librement et au droit pour tous à la protection juridique60(*).

D'autre part, on ne peut davantage parler du conflit lorsque les éléments du système sont en tension les uns avec les autres en raison de la différentiation des statuts et des rôles à l'intérieur de tout système complexe. Le conflit n'apparaît que si le thème de pouvoir est introduit.

c. Conflit juridique

Dans la plupart de temps, celui-ci se constate dans le domaine de droit international public par des conflits des lois, des juridictions, des compétences61(*).

Dans le même ordre d'idées, il est plus question d'une opposition née dans le cadre d'une application de deux lois, soit de la prise en compte d'une affaire par deux juridictions, soit reconnu à deux ou plusieurs juridictions de se saisir d'un litige.

3. Du point de vue de l'intérêt poursuivi

Nous avons deux types de conflits, dans cette optique, à savoir : le conflit d'intérêt de puissance et le conflit d'intérêt humanitaire.

a. Le conflit d'intérêt de puissance

Lorsque le conflit est généré, il ne poursuit que la suprématie d'une partie au détriment de l'autre ou des autres parties nonobstant les forces en présence. Cette suprématie peut être d'ordre économique, idéologique, politique et d'ordre militaire.

Ce type de visée est d'ailleurs équivalent de l'impérialisme qui se définit comme étant la politique d'un pays visant à réduire d'autres Etats sous sa dépendance politique ou économique62(*).

b. Le conflit d'intérêt humanitaire

A ce niveau, on parle d'ailleurs du droit d'ingérence humanitaire pour la simple raison que l'action de l'Etat interventionniste se réalise dans le seul but de sauvegarder et de protéger la vie et l'intégrité physique des nationaux d'un autre Etat.

Dans cet ordre d'idées, il naît un conflit lorsque l'Etat actif agit sans ordre ou accord de l'Etat passif, car l'Etat actif agit en violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Etat passif. D'où, l'origine du conflit63(*).

4. Du point de vue de l'espace

De ce point de vue, nous avons des conflits locaux et régionaux ; mondiaux ou mieux des conflits internes ou encore nationaux, et des conflits internationaux.

A ce niveau, il est question de l'espace au sein duquel se réalise le conflit nonobstant toute autre considération de forme d'intérêt ou de domaine.

Ainsi, dans le cadre des conflits internes, nous avons le conflit rwandais, ougandais, etc. alors qu'au niveau international, nous pouvons prendre comme exemple le conflit Irak-USA, Libye-Tchad, etc.

Mais l'exemple le plus marquant des conflits internationaux se trouve être la Guerre Froide qui, dans un passé récent opposait les USA contre l'URSS, sur le plan idéologique.

a. Le conflit interne

IL est une opposition violente, matérielle ou encore morale que se réalise au sein des institutions du pouvoir, soit entre divers groupes de personnes ressortissants d'un même pays, dans le but d'acquérir et de conserver le pouvoir.

Les conflits internes ont la particularité de se réaliser dans les limites territoriales d'un Etat et les différents protagonistes possèdent la même nationalité. L'objectif principal d'un conflit interne est la conquête, la prise et la conservation du pouvoir. Les conflits internes sont dans la plupart des temps qualifiés des « Guerre Civile », de « Soulèvement », de « Guerre de libération », etc.

b. Le conflit international

IL est toute opposition violente, matérielle et morale qui naît dans le cadre des rapports interétatiques quel qu'en soit le domaine. Il a la particularité de transgresser le principe du respect de l'intangibilité des frontières nationales des Etats64(*).

Les conflits internationaux peuvent prendre diverses dimensions et diverses appellations qui sont : agression, invasion, guerre, etc. toutefois ils peuvent aussi être non belliqueux.

L'agression, sur le plan étymologique, dérive du verbe latin « Agridi » signifiant « Marcher » ou plus exactement du verbe « Ogridi » qui veut dire « Marcher vers », le participe passé est « Agressum » d'où découle le substantif « Agressio »traduit en français par « Agression ».

Dans la pratique, le terme « agression » est retenu comme l'action d'aller vers quelqu'un pour lui faire du mal, c'est l'action de déclencher un conflit d'une façon brutale et soudaine. L'exemple type, c'est l'acte d'agression Ougando-Burundo-Rwandaise.

La meilleure définition du conflit est l'effort fait par la résolution 3314(XXIX) de Décembre 1979 de l'Assemblée Générale de l'ONU qui stipule que « l'agression est l'emploi de la force armée par un Etat contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un autre Etat ou de toute autre manière incompatible avec la Charte de Nations Unies65(*).

Edem KODJO, nous rappelle que cette assertion reste d'une étonnante actualité. La guerre dans son acceptation la plus large, est perçue en tant que relation permanente entre peuple et nations luttant, par Etats interposés pour leur survie, et selon la formule de Clausewitz : « la continuation de la politique avec l'appoint d'autres moyens »66(*).

B. Les causes de conflits

Pour bien appréhender les causes des conflits armés dans la Corne de l'Afrique, nous avons fait appel à Kenneth WALTZ. Cette façon d'aborder les causes de conflits nous aidera à dégager une approche susceptible de comprendre les causes de conflits armés dans la Corne de l'Afrique.

Kenneth a fourni le point de départ le plus utile pour l'analyse des conflits. Dans son livre : Man, the State and war, il, met en évidence trois « images » ou séries d'explications différentes de l'éclatement des conflits. La première image situe les causes principales du conflit à l'intérieur de l'Homme lui-même. La seconde concentre son attention sur la nature de chaque Etat, et, pour la troisième, la cause de la guerre ne se trouve ni dans l'homme, ni dans l'Etat, mais dans la nature même du système des Etats-Nations67(*).

1. L'explication qui relève de la première image, repose sur l'idée que les causes de la guerre sont à rechercher dans la nature et le comportement de l'homme.

Ainsi, SPINOZA, expliquait la violence par les imperfections de l'homme. Celles-ci entraînant que la passion remplace la raison. IL soutien que, dans leur propre intérêt, les hommes devraient coopérer, mais qu'au lieu de le faire, ils s'engagent dans la querelle meurtrière. Et John Milton considère la guerre comme inévitable parce que les hommes sont irrémédiablement mauvais.

Le point de vue de Bertrand RUSELLE entre dans la même catégorie, car il rejette de la faute sur les insuffisances des dirigeants.

2. Les analyses des conflits internationaux qui relèvent de la seconde image sont fondées sur l'idée que la guerre dépend du type de gouvernement ou du caractère de la société, d'un pays.

3. Pour une étude fructueuse des causes de la guerre, il faut donc tourner vers la troisième image, celle qui se situe au niveau du système international. L'idée essentielle de la troisième image est la cause profonde de la guerre qui est liée à la situation même dans laquelle se trouve le système international et que Waltz et bien d'autres ont défini comme un état d'anarchie internationale. C'est-à-dire que les Etats vivent dans un milieu international qui ne dispose d'aucun moyen efficace de résoudre pacifiquement les conflits du fait de l'absence de l'autorité suprême reconnue ou d'un sens communautaire.

Dans le paragraphe suivant, nous passerons en revue les moyens ou voies pacifiques pour résoudre les conflits qui surgissent.

II.3.2. Règlement des conflits

Les conflits internationaux ne pouvant se résoudre par la force, il convient d'indiquer aux Etats d'autres moyens, d'autres voies. Comme celles-ci excluent l'usage de la force, elles portent l'épithète de « pacifiques ».

La pratique internationale indique les moyens suivants : les négociations diplomatiques, les bons offices, la médiation, l'enquête, la conciliation, l'arbitrage, le règlement judiciaire. L'article 33 de la Charte de l'ONU prévoit, en outre, le recours aux Organisations ou Accords régionaux68(*).

1. Négociation

C'est le mode de règlement le plus courant et le plus élémentaire. IL consiste, selon le dictionnaire de la terminologie du droit international, en « un examen en commun par les représentants qualifiés de deux ou plusieurs Etats, au moyen de pourparlers oraux ou de communications écrites d'un différend à régler »69(*).

Ici, les différends se règlent par des contacts et ententes directs.

2. Les Bons offices

On entend par bons offices : l '« action d'un Etat tiers qui, spontanément ou sur demande, cherche par des moyens diplomatiques, à reprocher deux Etats entre lesquels existe un différend ou a éclaté un conflit, et à les amener à entamer ou à reprendre des négociations ; ou à recourir à quelque autres méthodes de règlement pacifique en vue de mettre fin à ce différend ou à ce conflit »70(*).

L'Etat tiers, par son action, se limite à ramener les parties autant que faire se peut, à reprendre les négociations.

3. La Médiation

Selon le dictionnaire de la terminologie du droit international, la médiation est l' « action d'un ou de plusieurs Etats tiers, d'un organe international, exceptionnellement d'une personne privée qui, à la demande ou au consentement des Etats en cause, cherche, par voie de persuasion, d'abord à rapprocher des Etats entre lesquels existe un différend ou a éclaté un conflit, à les ramener à entreprendre ou à reprendre des négociations en suggérant une base d'entente ou des solutions propres à concilier les intérêts opposés, sans chercher à imposer telle ou telle solution »71(*).

Le médiateur joue un rôle plus actif que dans le cas des bons offices. Il suit l'évolution des négociations jusqu'au règlement du conflit.

4. L'Enquête

C'est la procédure par laquelle les parties au litige désignent des personnalités généralement indépendantes en vue d'établir la matérialité des faits. Le rôle des enquêteurs se limite en principe, à consigner objectivement les faits dans un rapport. Cette procédure présente l'avantage de répondre au souci de dépolitiser les conflits

L'enquête peut aussi être décidé par un tribunal international ou tout autre organe international72(*).

5. La Conciliation

La conciliation est un mode de règlement par lequel une commission constituée des personnes nommées par les parties soit à titre permanent, soit à l'occasion et à raison d'un différend, procède à un examen impartial de ce dernier et s'efforce de définir les termes d'un arrangement susceptible d'être accepté par elles ou de prêter aux parties en vue de règlement, tout concours qui lui aurait été demandé.

Les propositions de la commission ne viennent obligatoires qu'après acceptation par les parties.

6. L'Arbitrage

C'est un mode de règlement pacifique des différends par lequel les parties soumettent leurs différends à une ou plusieurs personnes en vue de son règlement définitif. A moins que les parties n'en décident autrement, l'arbitrage se clos par une sentence ayant un caractère obligatoire, dite sentence arbitrale.

La pratique arbitrale enregistre trois différentes formes d'arbitrage :

Ø Un arbitre unique : nommé de commun accord par les parties ;

Ø Une commission mixte : cette forme d'arbitrage comprend généralement un nombre égal des membres désignés par les parties parmi leurs ressortissants respectifs. Pour les départager, les parties peuvent leur adjoindre un surarbitre, ressortissant d'un Etat tiers ;

Ø Un tribunal arbitral mixte : il s'agit d'une dénomination adopté pour designer les tribunaux institués par le Traités de paix de 1919 et de 192073(*).

7. Le Règlement Judiciaire

C'est le recours à l'organe juridictionnel permanent, en l'occurrence la C.I.J.

8. Recours aux organismes ou Accords régionaux

Il s'agit d'une voie de règlement pacifique des différends consistant à recourir aux organisations régionales (OEA, UA, Ligue Arabe) par les Etats membres d'une telle organisation. C'est ainsi que, beaucoup de conflits frontaliers en Afrique ont été soumis à l'OUA74(*).

Omniprésent et multiforme, le conflit menace l'homme et la société à la fois, du dedans et du dehors. C'est surtout sous la forme de la violence qu'il se manifeste, prospère et se répand ; violence qui se vend dangereusement bien sur notre planète, déstabilise le monde et surtout le tiers-monde ; endeuille cruellement l'Afrique et traumatise particulièrement en ce moment nos différentes régions75(*).

Après avoir jeté un regard minutieux sur la notion de conflit, il convient d'aborder la troisième section qui traitera de la notion de sécurité.

Section Troisième : LA NOTION DE SECURITE

Contrairement à la relation de puissance, relation de guerre, la relation de sécurité est une relation de puissance négative. Car, alors que la politique de puissance s'entretient par l'hypothèse toujours permanente de la guerre par laquelle s'obtient la paix, la politique de sécurité, elle, s'efforce de rendre la guerre improbable. C'est la politique de l'ordre international qui poursuit des objectifs du milieu plutôt que ceux égoïstes de conquête ou d'expansion.

Dans cette section, nous définirons la sécurité, nous parlerons, ensuite, des stratégies majeures de la sécurité internationale et enfin, des théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective.

II.3.1. Définition du concept

Le dictionnaire Larousse définit la sécurité comme « une confiance, tranquillité d'esprit résultant de la pensée qu'il y a pas de péril à redouter »76(*).

La sécurité peut socialement signifier « l'ensemble des législations qui ont pour objet de garantir les individus ou les familles contre certains risques sociaux » d'où l'expression « sécurité sociale ».

La sécurité est par sa nature, aussi bien que par son caractère, la condition essentielle de l'autonomie des pays, de leurs actions indépendantes sur le plan international, de leur existence en tant que sujets autonomes des Relations Internationales77(*).

Pour notre part, la notion de sécurité étant le projet de la naissance de la discipline des Relations Internationales, celle- ci s'explique par la renonciation à la guerre comme instrument de la politique nationale, le désarmement ainsi que la paix par le droit international et l'influence modératrice des opinions publiques.

Ainsi, la notion de sécurité s'agira d'une opposition à tout agression et à tout auteur de rupture de la paix, quel qu'il soit.

II.3.2. Les stratégies majeures de la sécurité internationale

Les théories de sécurité internationales procèdent ainsi des politiques susceptibles d'annihiler les causes d'insécurité ou de la guerre. Ces causes d'insécurité sont constituées par des menaces à la sécurité de l'Etat. Celles-ci peuvent être 78(*):

1. Nature diplomatique soit l'hostilité (H) qui résulte de la contradiction d'intérêt ;

2. Nature militaire, soit la force (F) par détention des moyens de guerre (armements) ;

3. Nature conjoncturelle, soit l'occasion (O) de mettre en oeuvre sa force. Cette conjoncture favorable se déduit du rapport de forces.

Ce faisant, la sécurité s'obtient par la combinaison de l'hostilité (H), avec la force (F) et avec l'occasion (O) : H x F x O. Cette combinaison donne lieu à trois stratégies majeures de sécurité, notamment : la stratégie de sécurité par accommodement, la stratégie de sécurité par le désarmement et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire.

La sécurité dans chaque stratégie s'obtient par une action contre l'un des éléments constitutifs de la combinaison. En d'autres termes, puisque la combinaison HXFXO donne lieu à une politique de puissance, la politique de sécurité se construit par la suppression d'un des éléments de l'équation. Concrètement, la stratégie de sécurité par accommodement annule (supprime) l'élément (hostilité) ;

Tandis que la stratégie de sécurité par le désarmement annule l'élément (force), et la stratégie de sécurité par la dissuasion nucléaire, annule l'élément (occasion)79(*).

L'élément commun à toutes ces stratégies reste le principe de la dissuasion. Celui-ci consiste à rendre rationnel l'emploi de la force. C'est à ce titre, du reste, que la dissuasion nucléaire est aujourd'hui la stratégie la plus en vue parce qu'elle vise seulement à empêcher qu'il soit fait usage d'une capacité de violence dont l'existence même n'est pas mise en cause. IL s'en suit un équilibre des forces humoristiquement appelé « équilibre de la terreur » et celui-ci en rendant irrationnel l'emploi de la force au regard du rapport coût-efficacité, stabilise les Relation Internationales.

De ce trois stratégies de sécurité, deux sont maximales : la stratégie par accommodement et la stratégie par désarmement. La stratégie par accommodement privilégie la négociation. Ici, c'est la décision conjointe qui est l'outil de la sécurité. Le désarmement aussi ne peut être qu'un résultat de la négociation. IL faut dire que ces deux stratégies de sécurité sont marginales et rares. Car, vouloir dissocier la poudre de l'étincelle, soit dissocier l'hostilité de la force peut sembler n'être qu'une vue de l'esprit. Mais en tant qu'aspiration, ces stratégies maximales auraient un avantage diplomatique.

Il reste donc une stratégie minimale de sécurité essentielle de la réclamation de sécurité réaliste. De composantes essentiellement militaires, la politique minimale de sécurité vise à neutraliser la force de l'adversaire en lui privant de l'occasion de mettre en oeuvre sa force. La sécurité dans ce cas résulte à la fois du caractère rationnel de l'adversaire et du rapport des forces, parce que, c'est ce rapport de force qui crée la dissuasion.

Les stratégies de sécurité des Etats oscillent ainsi entre la dissuasion (fréquente mais non optimale) et l'accommodement (optimal mais rare). Ceci veut dire que si les Etats ne voient pas la possibilité de changer l'intention d'un agresseur potentiel et n'ont pas l'intention de capituler devant cette agression, ils sont réduits à chercher de prévenir celle-ci. Ce qui signifie s'engager dans une politique connue sous le nom de dissuasion.

La sécurité par la dissuasion est celle qui prend son parti de la conjoncture opérée entre l'hostilité et la force. En effet, placé devant un fait accompli, l'adversaire n'a plus qu'à jouer sa sécurité sur O en ôtant l'occasion à l'ennemi de recourir rationnellement à ses forces : S=080(*).

La dissuasion nucléaire a pour fonction d'effrayer l'adversaire et de le faire hésiter ou douter de son propre calcul en confirmant de mettre en exécution l'intention de combattre. Les intentions de combattre ne changent pas, ni les moyens de passer à l'action encore moins le conflit sous-jacent entre les adversaires. En agissant de la sorte, la préoccupation des Etats dans leurs politiques étrangère ou dans leurs stratégies de paix est de consolider et de stabiliser la paix. La consolidation de la paix requiert de l'accommodement au sens le plus large du terme ; la préservation de la paix quant à elle, s'obtient par la dissuasion.

Les fondements psychologiques et matériels de la sécurité par dissuasion, sont donc, respectivement, la rationalité de l'adversaire et l'existence d'un rapport de force propre à dissuader.

Le paragraphe suivant fera l'objet des théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective.

II.3.3. Les théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective

IL existe plusieurs théories de la sécurité internationale, mais dans le cadre de notre étude, nous avons opté pour ces deux théories.

1. La sécurité par la défense

La notion complexe d'équilibre de forces implique le concept élémentaire de force nationale. Tandis que la violence est une épreuve de force (mise en oeuvre des moyens de contrainte), les moyens en eux-mêmes sont les divers éléments d'une force nationale. La sécurité par la défense consiste à doter une nation d'une posture d'invulnérabilité. Elle concerne essentiellement la protection par la force nationale. Les éléments matériels de la force nationale sont :81(*)

Ø La position stratégique ;

Ø Les ressources nationales ;

Ø Le potentiel militaire ;

Ø La qualité de la diplomatie ;

Ø La qualité du gouvernement ;

Ø Le moral de la population.

D'où la formule FP= (MC+E+M) x (D+V). Cette équation se lit ainsi : la force perçue à la somme des facteurs matériels que sont la masse critique (Territoire, population) additionnée des facteurs économiques (E) et de la puissance militaire (M) ; et à la somme des facteurs immatériels que sont la diplomatie cohérente (D) et la volonté de mettre en oeuvre (V), ces deux sommes étant en relation sous mode du produit. La notion du produit vise à souligner la dépendance des facteurs intangibles : une diplomatie de valeur nulle aurait pour effet d'annuler la totalité, c'est-à-dire la force nationale elle-même, en des valeurs positives attribuées aux éléments matériels.

2. La sécurité collective

La notion de sécurité collective, indépendamment de toutes les controverses que peut susciter son organisation concrète, est fort simple : il s'agit d'opposer à tout agresseur ou à tout auteur de rupture de la paix, quel qu'il soit, une réaction collective, une force plus puissante que la sienne, née de la solidarité du reste de la communauté internationale. Si donc dans le cas d'une alliance particulière, l'union fait la force semble mettre en bref, l'esprit de la sécurité collective, aucun Etat membre n'est cependant à priori exclu de cette union, autrement dit, la coalition ne se fait pas ici contre un Etat donné, aucun adversaire n'est désigné d'avance soit directement par sa participation à une action ennemie82(*).

Tout système de sécurité doit prévoir les moyens adéquats pour arriver à la suppression des causes d'insécurité (Cause de guerre, cas de guerre, menace de guerre, etc.) et à la garantie collective contre la guerre. C'est donc l'engagement pris par la collectivité des Etats de se liguer contre un quelconque Etat agresseur, en même temps que les actes accomplis pour remplir cette obligation, si besoin est, c'est l'existence d'une garantie internationale, celle-ci intervenant en cas d'agression comme moyen répressif, mais joue également comme moyen préventif, car son existence est cette certitude de punition pour l'agresseur éventuel. Pour ces deux raisons, elle est créatrice de sécurité83(*).

La sécurité collective renferme deux idées essentielles : d'abord que l'usage de la guerre, le recours à la force dans les rapports internationaux, est déclaré comme hors la loi ou connaît tout au moins des fortes limitations, ensuite que tout Etat qui violerait cette interdiction se verrait opposer la riposte du reste de la Communauté Internationale organisée pour le contraindre à la bonne conduite.

La sécurité collective conserve le système des Etats indépendants et se maintient dans le cadre de la sécurité par dissuasion (HXFXO) où la force est tenue en respect par la force elle-même. La séparation d'avec la doctrine concurrente de l'équilibre de force ne s'oppose pas à ce niveau là ; elle intervient au plan type de rapport des forces mis en place afin de dissuader.

La sécurité collective fonde la paix internationale sur une structure de déséquilibre des forces qui favorise tout agresseur potentiel quel qu'il soit.

La problématique spécifique de la sécurité collective, c'est pour asseoir la paix sur la sécurité maximale (Que confère la supériorité des forces) et en étendre le bénéfice (Comme dans l'équilibre des forces) à tous les Etats ; c'est-à-dire, additionner l'efficacité de la dissuasion par la supériorité des forces. Elle est la seule structure de sécurité par dissuasion qui, par la supériorité écrasante des forces due à la mobilisation de la collectivité internationale tout entière, confère une sécurité maximale à tous les Etats84(*).

IL est revident que la sécurité, qu'elle soit nationale ou régionale, est un phénomène global. Elle implique la mobilisation des forces productives (Capacité de progrès et de survie), des forces culturelles (Capacité de cohésion), des forces militaires (Capacité d'action), en vue de réaliser des projets vitaux d'intérêt commun à une ou à plusieurs nations, tant dans leurs relations internes (Soutien politique) que dans celles avec l'extérieur (soutien diplomatique)85(*).

CONCLUSION PARTIELLE

De tout ce qui précède, le deuxième chapitre de cette première partie nous a permis d'analyser les notions de paix, de conflit et de sécurité internationales, et cela pour bien asseoir nos idées afin de donner une explication judicieuse nous permettant de bien comprendre le troisième chapitre qui se réclame l'analyse des conflits dans la Corne de l'Afrique.

DEUXIEME PARTIE

LE CADRE PRATIQUE

Durant la décennie 1990-2000, les multiples conflits qui se sont développés en Afrique subsaharienne ont été marqués par une évolution contrastée. Celle-ci pourrait se résumer à la divergence de plus en plus forte entre trois types de conflits :

§ La guerre d'Etats classique sous forme d'affrontements lourds entre armées régulières, qui peut faire place à une paix sous contrôle international (Erythrée-Ethiopie) ;

§ Le conflit interne impliquant des rebellions multiples appuyés de l'extérieur, mais sans intervention militaire directe d'un ancien colonisateur, et qui s'enlisent durablement (RDC, ex-Zaïre) ou au contraire, se terminent par une victoire brutale et décisive (Angola) ;

§ Ainsi que la guerre civile où, à rebours, l'ancien colonisateur intervient directement et à laquelle se substitue une paix au niveau national, sans apaiser toutefois la tension régionale environnante (Sierra Léone).

C'est ainsi que cette seconde partie de notre travail portera sur l'analyse des conflits dans la Corne de l'Afrique.

Chapitre Troisième :

LES CONFLITS DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE

Parmi les conflits qui rythment l'évolution de l'Afrique à intervalle plus ou moins régulier, les guerres constituent assurément le défi majeur à relever en ce début de millénaire. Nombreux sont en effet, les conflits qui déchirent le continent. Les fondements de ces guerres restent à des degrés variables, les mêmes un peu partout : une mainmise totale sur la pouvoir politico-économique par des groupes ethniques. Les conséquences majeures en seront la violence comme mode d'alternance politique et l'effondrement des Etats.

Dans le présent chapitre, il sera question de l'examen minutieux du conflit Erythréo-Ethiopien, du conflit Somalien, de leurs causes ainsi que de leurs conséquences dans la Corne de l'Afrique.

Section Première : LE CONFLIT ERYTHREO-ETHIOPIEN

Nous allons, dans cette section, voir les causes lointaines, immédiates et les conséquences du conflit Erythréo-Ethiopien.

III.1.1. Les causes lointaines

Les causes lointaines sont à chercher dans la profondeur de l'histoire de ces deux pays, elles se sont profilées à l'horizon de l'histoire de ces deux pays depuis le temps anciens.

Les belligérants de la Corne de l'Afrique sont très souvent présentés à juste titre, comme des frères d'armes devenus ennemis. C'est que les deux dirigeants actuels ont écrit ensemble une partie de l'histoire de leurs pays avant de se brouiller et de se vouer une haine profonde86(*).

C'est d'abord le passé Ethiopien, seul pays d'Afrique à n'avoir jamais subi la colonisation, excepté une courte occupation par l'Italie à partir de 1935, avant d'être libérée par la Grande-Bretagne en 1941. Cet empire exerçait une véritable fascination sur l'occident à cause de ses origines légendaires qui remonteraient au fils de la Reine de Saba et du roi Salomon. En outre il était considéré comme un « Bastion » de la chrétienté au milieu des peuples animistes ou musulmans ; donc, un Etat « Civilisé » aux yeux des Européens du 19e Siècle.

L'histoire de l'Erythrée, de son côté, s'est longtemps confondue avec celle de l'Ethiopie. Jusqu'à la fin du 19e Siècle, rien ne permettait de séparer les deux pays, tant au plan géographique qu'humain. Ce passé nous apprend que l'Erythrée, ancienne dépendance du royaume copte d'Axoum jusqu'à sa destruction, était intégré à l'empire Ethiopien. Annexée par l'Italie fasciste en 1935, qui souhaitait en faire sa vitrine de l'Outre-Mer, elle resta sous occupation jusqu'à ce que l'Italie perde ses colonies africaines en 194587(*).

Objet des convoitises entre puissances, l'Erythrée se retrouvent fédérée à l'Ethiopie avec un statut d'entité autonome, conformément à la résolution 390 de Décembre 1950 de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Cette décision ambiguë des Nations Unies octroyait aux érythréens un statut singulier de « peuple reconnu titulaire de droit mais non sujet de droit ». Dans le même temps, elle ne reconnaissait pas l'indépendance, ni d'ailleurs l'annexion du pays, se contentant de poser le principe d'une « étroite association politique et économique avec l'Ethiopie, qui assure aux habitants de l'Erythrée le respect et la sauvegarde de leurs institutions, de leurs traditions, de leurs religions ou de leurs langues88(*).

Enfin, la résolution 390 de l'Assemblée Générale mentionnait expressément les notions de constitution, d'administration, d'Assemblée érythréenne, autant d'attribut d'une souveraineté mais uniquement conçues pour renforcer l'autonomie. Ce statut, savamment élaboré, ne survivra pas à la volonté Ethiopienne qui n'hésita pas à le remettre en cause.

Rien ne semblait donc s'opposer à l'annexion de l'Erythrée devenue en 1962, la quatorzième province éthiopienne. Les germes d'une future crise étaient posés avec les débuts d'une guérilla, prélude à une guerre de libération, en ce début des années 1960, ou nombre de pays africains accédaient à la souveraineté.

Conjuguant leurs efforts avec ceux des membres du Front de Libération du Tigré (FPLT), les érythréens contribuèrent à la chute du régime de Mengistu Hailé Mariam en 1991. Dans la foulée, le Premier Ministre Ethiopien Melez Zenawi organisa un referendum d'autodétermination, qui abouti à l'indépendance de l'Erythrée, le 24 Mai 1993.

Dans son principe même, le referendum semblait aller à l'encontre d'un fondement majeur de la charte de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) : celui de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Cette consultation pouvait faire craindre l'émergence d'une jurisprudence tirée du cas érythréen, ouvrant la voie à d'éventuelles tentatives de remise en cause des frontières, dans un continent marqué par une multitude d'ethnies éparpillées au gré des conquêtes coloniales. L'Erythrée devenait ainsi le 52ème Etat d'Afrique avec comme Président Issaias AFEWORKI, ancien chef de guerre charismatique et ambitieux pour son pays89(*).

Le paragraphe suivant traitera des causes immédiates du conflit Erythréo-Ethiopien.

III.1.2. Les causes immédiates

L'Erythrée a accédé à la souveraineté internationale en 1993. Elle doit s'assumer politiquement sur la scène internationale et dans le concert des nations. En Juin 1993, lors de son indépendance, les rapports sont fraternels et amicaux entre elle et l'Ethiopie. Cependant, cette indépendance a laissé des sérieux clivages occultés par la culture commune, les amitiés des décennies de combats et les moules idéologique.

L'indépendance de l'Erythree était rapidement suivie de la conclusion avec l'Ethiopie, en Juillet 1993, d'un Accord d'amitié et de coopération, d'un Accord de défense et de protocole établissant une garantie de libre accès de l'Ethiopie au port d'Assab et de Massawa90(*).

Pour les dirigeants d'Asmara, le rêve était d'édifier un Etat sur le modèle de Singapour « version africaine », basé sur un libéralisme et des gros investissements pour favoriser l'exportation.

Sans mettre un terme aux relations de bon voisinage avec l'Ethiopie, l'Erythrée n'en continuait pas moins de cultiver une volonté d'émancipation de plus en plus affichée. C'est dans ce cadre que s'inscrivait la décision d'Asmara de changer de devise en Novembre 1997, le Nafka succédant au Birr jusqu'ici monnaie commune avec l'Ethiopie. Le nouveau nom choisi pour la nouvelle monnaie ne semblait pas innocent, car il symbolisait à la fois ce haut lieu de la résistance érythréenne jamais tombé entre les mains des troupes de Mengistu, mais aussi l'opposition aux Amhara

Face à la remise en cause du projet de libre-échange entre les deux pays, et surtout la perte de la suprématie monétaire, l'Ethiopie répliqua en décidant que désormais toutes les transactions bilatérales s'effectueraient en dollars américains. Ce à quoi Asmara répondait encore une fois en imposant des taxes de passage supplémentaires, irritant l'Ethiopie déjà privée de débouché maritimes depuis l'indépendance de l'Erythrée.

Cette dernière situation sera mise à profit par Djibouti dont le port a doublé son importance dans la mesure où, selon les estimations, de 20% du commerce maritime Ethiopien qui transitaient par ce port, on est passé à 100% après l'éclatement du conflit.

Une autre conséquence de cette tension économico-financière, fut l'instauration d'une « frontière » entre l'Ethiopie et la région du Tigré au Nord de l'Ethiopie, la plus riche du pays et dans laquelle populations et marchandises circulaient librement91(*).

La flambée des prix et la tension dans cette zone habitée par les mêmes ethnies ramèneront au premier plan le différend entre leaders animés par des aspirations fondamentalement contradictoires.

D'un coté Melez Zenawi qui rêvait d'une grande Ethiopie s'étendant des confins de la mer Rouge aux rives de l'océan Indien reprenant ainsi l'aspiration inachevée de Ménélik, Hailé Sellassié et Mengistu. De l'autre, Issaias Afeworki, semble-t-il, nourrissait la même ambition pour l'Erythrée. Se fondant sur une carte qui datait de 1937, il édifia son voisin Ethiopien en occupant une partie de son territoire au Nord, remettant ainsi en cause la frontière coloniale.

Or, cette dernière est l'une des plus anciennes d'Afrique datant des Accords d'Addis-Abeba (1896), confirmés par les traités signés entre l'Ethiopie, l'Italie et la Grande-Bretagne en 1900, 1902 et 1908 et enfin par la Société des Nations. Plus tard, après la seconde Guerre Mondiale et dès le mandat britannique sur l'Erythrée, les Nations Unies allaient rétablir l'Ethiopie dans ces frontières internationalement reconnues, celles de 1896. Vouloir les modifier, serait un acte autodestructeur pour l'Erythrée puisque le jeune Etat tire sa légitimité du principe d'intangibilité des frontières coloniales92(*).

Pour autant subsistaient toujours des « zones contestées », théâtres d'escarmouches régulières entre les forces de deux pays, et la création d'un comité chargé d'aplanir les tensions ne donnera pas des résultats probants, se contentant de maintenir un certain statu quo. Celui-ci prévaudra jusqu'à l'incident dit de Badmé, dans la zone portant le nom d'une plaine traversée par la frontière et d'ailleurs là aussi théâtre jadis d'affrontement en 1976 et 1981 entre le FLE et le FPLT.

Cette zone que les tigréens considéraient comme leur, mais jusqu'ici provisoirement laissée de coté car figée par l'OUA et l'ONU comme tracé « colonial » des frontières, refait surface. C'est donc de ce lieu que débuta le conflit à l'initiative de l'Erythrée le 6 Mai 1998, et dura deux ans.

Les causes lointaines et immédiates du conflit Erythréo-Ethiopien étant dégagées, il est ainsi opportun de traiter les, conséquences y afférentes.

III.1.3. Les conséquences du conflit Erythréo-Ethiopien

En Mars 2000, on estimait que plus de 370.000 érythréens et environ 350.000 éthiopiens avaient été touchés par la guerre. La situation humanitaire dans certaines parties de l'Éthiopie a été exacerbée par la grave sécheresse qui a provoqué une crise alimentaire majeure touchant près de 8 millions de personnes. Les agences humanitaires des Nations Unies ont préparé pour les deux pays, des programmes visant à mobiliser des ressources internationales pour des interventions d'urgence dans divers secteurs.

Le 31 Mars 2000, le Secrétaire Général, Koffi Annan, a annoncé, le 7 Avril, la création d'une équipe spéciale chargée d'organiser l'intervention des Nations Unies face aux besoins alimentaires d'urgence et à long terme dans la Corne de l'Afrique. L'équipe spéciale pour l'action des Nations Unies en faveur de la sécurité alimentaire à long terme, du développement agricole et des questions connexes dans la Corne de l'Afrique était présidée par FAO. Les cinq domaines prioritaires étaient l'eau, les soins médicaux de base, l'aide alimentaire, la sécurité et l'aide technique dans le domaine des transports, ainsi que l'infrastructure nécessaire à la distribution de l'aide93(*).

Au plan économique, la situation de conflit a rendu difficile le retour à la réalité. La guerre qui les oppose ne permet pas aux investisseurs étrangers d'y accourir, l'industrialisation est à ses balbutiements ; d'énormes efforts telle la restauration du chemin de fer, aboutissent à peut de résultats.

L'Erythrée dépend totalement de l'Ethiopie pour ses produits vivriers, d'où la flambée des prix et l'inflation qui atteignit 100%. Quant à l'Ethiopie, elle est enclavée et asphyxiée aussi longtemps que l'Erythrée constitue une ouverture économique par le fait de l'accessibilité à la mer.

Ce conflit a fait qu'il y ait baisse de la cours de la monnaie du 7,91 pour 1$ U.S à 7,08 comme parité. La chute était due surtout aux cours du café sur le marché mondial des exportations Ethiopienne. L'absence de la paix en Ethiopie comme en Erythrée, a empêché cependant certains investissements et aides venant de l'étranger.

Depuis son indépendance, l'Erythrée était la partie la plus industrialisée du territoire. Elle représentait près de 40% de la production industrielle totale de l'Ethiopie : cuirs, boissons, textiles et peaux, alimentation et chimie. Mais l'outil industriel a vieilli et tourne en-dessous de ces capacités. L'industrie ne représentant que 18% du PIB, ne se limite aujourd'hui qu'à des petites entreprises de transformation94(*).

L'Ethiopie, lors de ces campagnes militaires, s'est attaqué à la centrale électrique de Massawa, un de deux principaux ports sur la mer Rouge qui devait alimenter prochainement 70% de l'Erythrée, et qui a coûté 120 millions de dollars. Les causes et conséquences du conflit Erythréo-Ethiopien étant relevées, la section suivante va nous éclairer à son tour, sur le conflit somalien.

Section Deuxième : LE CONFLIT SOMALIEN

Dans la présente section, il est question de l'examen des causes du conflit somalien, de l'intervention Ethiopienne ainsi que des conséquences du conflit.

III.2.1. Les causes du conflit Somalien

La vie des groupes humains subit l'influence des climats, du relief et de l'hydrographie qui déterminent le caractère de la végétation et de l'état de ressources minérales. Elle dépend des facilités de circulation plus grande par voie maritime que par voie terrestre. Elle est donc étroitement affectée par le milieu physique qui constitue, entre ces groupes humains, un facteur important de différentiation95(*).

Pour cela, l'histoire des sociétés humaines , qu'il s'agisse des sociétés primitives ou des conditions géographique, doit tenir compte des influence du milieu physique qui sont presque toujours sensibles dans le comportement des peuples, dans les contacts commerciaux ou politique et dans les puissances respectives des Etats.

Pour bien aborder ce paragraphe, nous tacherons de la diviser en deux. Ainsi, nous parlerons des causes socio-politiques et des causes socio-économiques.

1. Les causes socio-politiques

La Somalie était un Etat qui pouvait se vanter d'une situation quasi-privilégiée en Afrique : elle avait une unité ethnique, une unité de culture, une seule langue, une seule religion (l'Islam). Malgré tout cela, la Somalie a sombrée dans une interminable guerre civile96(*).

Les Somalis sont un unique peuple, mais divisé en clans, en sous-clans qui n'avaient jamais formé un Etat unitaire. L'Etat est arrivé avec la colonisation. Les institutions d'Etat ont une origine étrangère à leur culture traditionnelle. Suite à la colonisation, européenne (France, Grande-Bretagne et Italie) ; et à celle africaine (Ethiopie), à la fin de 1880, le peuple Somali s'est trouvé reparti en cinq réalités politiques diverses : la Somalie Italienne, le Somalilland Britannique, la côte française des Somalis, l'Ethiopie et le Kenya.

En 1960, au moment de l'indépendance, la Somalie Italienne et le Somalilland britannique s'unirent pour former la « République de Somalie ». Jusqu'au moment de la colonisation, il n'y avait jamais eu d'Etat Somali unitaire.

La période de la première République (1960-1969) vit la naissance de très nombreux partis, presque tous, à base clanique : l'Etat était vu comme un objet dont il fallait prendre possession pour en repartir les biens aux niveaux familiale et clanique.

Suite au coup d'Etat de Mohamed Siyad Barré en 1969, s'est accentué entre les Somalis le désir de former un unique Etat, la « Grande Somalie » qui, en plus de deux parties déjà unies en 1960, aurait dû inclure aussi les zones du Kenya, de l'Ethiopie et de Djibouti habitée par les Somalis. Ce qui amena des guerres et des conflits, surtout avec l'Ethiopie97(*).

Cette période socialiste de 1960 à 1991, après les quelques gestes positifs du début (introduction de la langue Somali écrite, campagne d'alphabétisation, promotion de la femme, etc.) se termina en guerre civile, parce que le dictateur, pour continuer à régner, s'appuya de plus en plus sur certains clans et en particulier le sien, en semant ainsi d'abondante divisions là où auparavant, il y avait seulement, pour une grande part, des différences claniques. Le modèle d'Etat et des gouvernants qu'ils avaient eus, incita de plus en plus les factions claniques à rechercher le pouvoir, non pas au service du bien commun de tout un peuple, mais pour servir son clan et les clans alliés, comme l'avait fait en partie Siyad Barré.

Entre 1988 et 1991, dans la République Démocratique de Somalie, une rébellion contre le régime socialiste de Siyad se fait jour. Cette rébellion réussit à chasser le dictateur, mais conduisit en même temps à une destruction de l'Etat Somali et à une guerre civile entre les différentes factions, toutes à base clanique.

Après dix sept ans de guerre civile, et après quatorze conférences des paix, il n'existe pas toujours d'Etat Somali, il n y a ni ordre, ni sécurité dans ce qui était auparavant la République Démocratique de la Somalie. Avec l'écroulement de l'Etat, les factions claniques les plus fortes se sont partagés dans la violence, ce qui subsistait de l'Etat : armes, constructions, ports, aéroports, zones agricoles, ponts, écoles, hôpitaux, etc.

Les Somalis sont, par tradition, un peuple de pasteurs nomades, en recherche perpétuelle des puits et des pâturages. Leur histoire est pleine de conflits inter claniques pour la possession des maigres ressources qu'offre une terre en grande partie désertique ou semi désertique, avec seulement deux zones agricoles le long des fleuves Djouba et Chébéli.

Ayant traité des causes du conflit Somalien, il importe maintenant de parler de l'intervention éthiopienne dans ce conflit, et cela dans la perspective d'élucider des éléments qui nous permettront d'aborder les lignes qui suivront

III.2.2. L'intervention éthiopienne

Depuis la chute du dictateur Siyad Barré et son gouvernement, un certain nombre de groupes islamistes ont fait apparition en Somalie et se sont rassemblés en formant l'Union des Tribunaux islamiques.

L'Islam auquel appartient la totalité de la population Somali, n'a pas réussi à vaincre la logique des clans et des factions.

Cela se produit parce qu'à coté d'un islamisme traditionnel relativement tolérant, des groupes fondamentalistes terroristes se sont infiltrés. Ceux-ci, s'ils souhaitaient rétablir l'unité de la Somalie sous l'égide de la Charia, de fait, se sont mis à agir contre la liberté dont jouissaient déjà en partie les Somaliens et contre le respect des droits de l'homme auxquels aspiraient de plus en plus les jeunes générations, surtout celles des villes98(*).

Formée d'anciens chefs militaires et de leurs factions, l'union des tribunaux islamiques s'oppose au gouvernement Somalien. Le régime actuel s'est vu divisé en raison des querelles internes et des désaccords concernant notamment la présence des forces de maintien de la paix étrangères sur le sol Somalien.

Craignant une contagion de l'islam fondamentaliste dans la Corne de l'Afrique, et redoutant l'arrivé d'un Etat islamiste radical à ses frontières, l'armée Ethiopienne a procédé à sa première offensive contre les milices islamistes en Décembre 2006, mettant en fuite les tribunaux islamiques. L'Ethiopie prend ainsi le contrôle de la majeure partie du pays et le gouvernement de transition se déclare le gouvernement « De facto » du pays99(*).

Avant que l'Ethiopie n'intervienne en Somalie, l'Union Européenne avait tenté une médiation afin de prolonger et légitimer le contrôle sur le pays, de l'union des tribunaux islamiques. Quand l'action fut engagée, Louis MICHEL, médiateur de l'Union Européenne a condamné l'Ethiopie et a appelé à une cessation immédiate des hostilités. L'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et la Ligue Arabe ont, elles aussi, appelé à un retrait des troupes Ethiopiennes.

Considérés par Washington comme la menace terroriste, le 08 janvier 2008, un AC-130 de l'armée Américaine est intervenu en Somalie pour Bombarder ce qu'il désigne comme un bastion de terrorisme affilié à Al-Qaida. Washington a reconnu officiellement cette première intervention sur le territoire Somalien depuis son départ de 1993. Celle-ci visait des combattants islamistes soupçonnés d'avoir participé aux attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en 1998.

Il faut noter que les islamistes bénéficient d'un certain soutien auprès de la population Somalienne, en raison de leur efficacité quand il s'agit du maintien de l'ordre. Il est difficile d'établir si les islamistes représentent une réelle menace terroriste. Selon l'ONG « International Crisis Group », une grande majorité des groupes islamistes sont « non-violents » et s'opposent à un fondamentalisme idéologique100(*).

Le troisième paragraphe traitera des conséquences du conflit Somalien.

III.2.3. Les conséquences du conflit en Somalie

La crise en Somalie a des conséquences néfastes sur divers plans dont notamment sur le plan économique, politique et social. Ainsi, il sera question dans ce paragraphe, de traiter des conséquences politiques, économiques et sociales de la crise en Somalie.

1. Les conséquences politiques

La vie politique ne peut être opérationnel que dans un climat de sécurité et de paix. Face à l'explosion de la crise en Somalie, la situation politique tourne à l'avantage des uns et au désavantage des autres.

En effet, la Somalie est dans les grands mouvements de la crise qui rend son économie dépendante. La crise impose un nouveau rythme de vie politique et physique, conséquences découlant immédiatement de cette vie. La plus grande conséquence économique que provoque cette crise sur le plan politique est la mauvaise gestion de l'administration publique. Pour sauvegarder leur vie, les dirigeants préfèrent voler les avoirs de l'Etat qu'ils auront à revendre plus tard afin de prévenir cette situation de crise101(*).

Par ailleurs, la population démunie cherche aussi les voies et moyens pour sortir du trou géant dans lequel elle est plongée. Elle résigne à se réfugier dans d'autres pays avoisinant où elle espère mieux vivre et prospérer. Le déplacement de la population vide le pays de la main d'oeuvre et de sa population. Le mouvement migratoire participe vivement à l'éclatement du pays. La population Somalienne quitte le pays vers d'autres terres où il fait beau vivre.

La communauté internationale a elle aussi contribué et contribue aux rivalités inter-Somaliennes. Les différents Etats colonisateurs ont souvent appuyé un clan contre l'autre, ont favorisé et récompensé les uns au désavantage des autres pour arriver à leurs propres fins.

Durant l'époque de la guerre froide, tantôt les peuples occidentaux, tantôt les pays du bloc communiste, ont favorisé le régime du Syiad Barré, en fermant les yeux sur les abus en terme de droits de l'homme commis par son régime.

Les Etats limitrophes de la Somalie, l'un plus, l'autre moins, contribuent à brouiller les cartes entre divers factions Somaliennes en soutenant tantôt l'une et tantôt l'autre faction, car ils sont convaincus qu'un peuple continuellement divisé et en lutte est préférable à un peuple uni102(*).

2. Les conséquences économiques

Les conséquences de la crise en somalie étant nombreuses, nous nous efforcerons de présenter quelques unes qui semblent être importantes.

En effet, la migration est l'une des conséquences majeure des conflits, nombreuses personnes ont dû quitter la Somalie vers d'autres pays pour chercher une voie stable. Le déplacement massif de la population a vidé la Somalie de sa main-d'oeuvre de production voir même de développement.

Suite au déplacement massif de la population vers l'extérieur, bon nombre des entreprises de production Somalienne ont dû fermer leurs portes et tomber en faillite. Se trouvant dans une difficulté de production, la Somalie a connu une régression sur le plan économique, régression qui ne lui permet pas de se situer et de participer à l'intégration économique de l'Afrique103(*).

Le trafic international d'arme et de drogue, et peut-être aussi de déchets toxiques, qui s'unit à un commerce sans barrières et sans scrupules, continue à favoriser la désunion entre les différents clans Somalis et leurs factions, qui restent prisonniers de leurs intérêts particuliers et vont ainsi contre le bien commun104(*).

Le conflit a causé d'énormes préjudices empêchant ainsi le développement de la Somalie.

3. Les conséquences sociales

Sur le plan social, le conflit a eu pour conséquence néfaste, la mort de la population Somalienne. A cause des conflits, la population Somalienne a vécue et continue à vivre dans une misère infernale. Le conflit est à l'origine d'une détérioration sensible des conditions sanitaires et de la santé humaine.

En effet, le conflit a vidé la Somalie de des hommes, enfant et femmes ; faisant depuis la chute du gouvernement du dictateur Syiad Barré en 1991, plus de 300.000 victimes105(*).

La famine est aussi l'une des conséquences du conflit en Somalie. De ce point de vue, deux aspects majeurs caractérisent la Somalie : le premier est relatif au déséquilibre de plus en plus grand entre la production alimentaire et l'accroissement de la population, déséquilibre du fait que la population n'a pas pu suivre l'accroissement démographique au cours de ces quelques vingt derniers années. Le deuxième aspect est la baisse considérable de la production alimentaire qui a souvent abouti à des très graves pénuries qui ont entraîné des souffrances extrêmes et même la mort d'une grande partie de la population Somalienne.

Les deux caractéristiques de la situation alimentaire en Somalie sont l'insuffisance alimentaire et l'insécurité. La mort et la détérioration de l'état de santé de la population, sont les conséquences sociales les plus cruels et les plus tristes de la crise alimentaire en Somalie106(*).

Ainsi terminée, ce deuxième paragraphe nous envoie à la troisième pour relever les conséquences de la crise dans l'ensemble de la Corne de l'Afrique.

Section Troisième : LES CONSEQUENCES DE LA CRISE DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE

Dans cette section, il sera question des conséquences humanitaires, du terrorisme et de la menace d'embrasement dans la Corne de l'Afrique.

III.3.1. Les conséquences humanitaires

La situation humanitaire s'est considérablement dégradée dans la Corne de l'Afrique, plus particulièrement dans les zones en conflit, appelées zones grises, territoire sans droit, où évoluent des bandes armées ; où des guerres ethniques et des guerres de frontières frappent les populations les plus fragiles. Dans ces zones, les pouvoirs empêchent leurs peuples de s'exprimer et de s'organiser librement107(*).

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le statut nutritionnel de la population va rapidement s'aggraver si les produits alimentaires continuent de n'être disponibles qu'en quantité limitée108(*).

Human Right Watch (HRW) a indiqué, dans une déclaration à l'adresse du comité des affaires étrangères de la chambre des députés américains, que le gouvernement était tout aussi responsable que les rebelles des atrocités commises dans cette région reculée.

Human Right Watch avait recensé divers cas de violence graves commises à l'encontre des civils, et notamment des exécutions sommaires perpétrées par les FNLO. L'armée Ethiopienne a elle aussi commit des atrocités et violé les règles élémentaires de la guerre de manière systématique.

Selon HRW, les civils de l'Ogaden sont volontairement pris pour cibles et les villages délibérément incendiés dans le cadre d'une campagne de sanction collective. Quant aux exécutions publiques, aux violences sexuelles, aux arrestations arbitraires et à la torture d'individus détenus par l'armée, elles sont monnaie courante, et obligent des centaines de milliers de personnes à fuir.

En Ethiopie, la situation humanitaire et les droits humains suscitent des préoccupations de plus en plus vives dans la région Somali, où 1,8 millions de personnes risquent d'être touchés pas la crise à moins que les mesures ne soient prisent rapidement pour y remédier, selon les Nations Unies.

La Corne de l'Afrique traverse une grave crise provoquée par une sécheresse qui menace quelques 1,5 millions d'enfants de moins de cinq ans, a déclaré l'UNICEF le 07 Février 2006.

A cause de la sécheresse, environ 8 millions des personnes ont besoin d'une aide d'urgence en Ethiopie, au Kenya, en Somalie et en Djibouti.

Le Sud de l'Ethiopie, le nord du Kenya, le centre et le Sud de la Somalie souffrent de cette sécheresse depuis plusieurs mois. IL ne pleut pratiquement plus, et cela entraîne la mort du bétail, la faillite des récoltes et la disparition des sources d'approvisionnement en eau.

La faillite de récoltes et la mort du bétail contribuent de manière significative à l'aggravation de la malnutrition chez les enfants. Ceux-ci affaiblis par la malnutrition risquent d'être infectés et la rougeole peut se propager rapidement au sein de la population109(*).

De concert avec les gouvernements, le Programme Alimentaire Mondiale et des ONGs partenaires dans les pays touchés, l'UNICEF soutient déjà des programmes d'alimentation en Somalie et en Ethiopie. Au cours des prochains mois, l'UNICEF prévoit de renforcer ses programmes d'alimentation thérapeutique, y compris à Djibouti, d'accélérer ses campagnes de vaccination et de distribution de vitamine A, d'offrir de l'eau et des services d'assainissement et de diminuer les risques de sévices et d'exploitation provoqués par la perte des revenus, le déplacement des populations et les vives disputes pour des ressources très limitées au-delà des frontières.

Les conséquences humanitaires étant dégagées, le deuxième paragraphe traitera du terrorisme, un risque majeur du conflit dans la Corne de l'Afrique.

III.3.2. Le terrorisme dans la Corne de l'Afrique

L'actualité est là pour nous rappeler qu'aucune région de la planète n'est à l'abri du terrorisme international et, les pays de la Corne de l'Afrique ne dérogent pas à la règle.

C'est d'ailleurs pour cette raison que les USA ont implanté une de leurs bases en Djibouti. De ce petit pays à la position hautement stratégique, partent discrètement des nombreuses missions de reconnaissance, mais également des opérations destinée à éliminer, purement et simplement, des terroristes présumés d'Al Qaida110(*).

C'est sur des telles accusations que se serait basée l'Ethiopie pour lancer une vaste opération armée sur le territoire de son voisin somalien. Cela faisait des mois que Washington accusait les Tribunaux Islamiques Somaliens, en passe de contrôler l'ensemble du territoire, d'être liés d'une manière ou d'une autre, à la nébuleuse terroriste.

Plusieurs semaines après l'intervention Ethiopienne, on cherche encore des présumés membres d'Al Qaida et les combattants étrangers venus en renfort. Depuis la reprise du contrôle de la quasi-totalité du territoire somalien par les forces loyaliste, fortement soutenues par l'armée Ethiopienne, on dénombre très peu d'incidents confirmant leur présence dans ce pays.

Seuls les américains ont indiqué avoir localisé des membres présumés de la nébuleuse terroriste, notamment dans la région de Ras Kamboni, dans le Sud de la Somalie, un secteur qui a fait l'objet de plusieurs frappes américaines, faisant des nombreuses victimes parmi les nomades et leurs troupeaux. Cependant, Washington a annoncé avoir éliminé des « terroristes présumés » et notamment Fazul Abdullah Mohamed et Abou Taha Al-Sudani. Tous deux seraient impliqués dans les attentats de 1998, contre les Ambassades Américaines au Kenya et en Tanzanie111(*).

De son coté, la Somalie focalise, elle aussi, l'attention d'un bon nombre de services de renseignement. Ces pays d'où auraient été organisés les attentats de 1998 contre les Ambassades américaines de Nairobi et de Dar Es-Salam, abritent différents mouvements islamistes proches d'Al Qaida. De plus, l'anarchie qui y prévôt depuis plus de seize ans tend à faire de la Corne, un sanctuaire pour terroristes de tout poil. L'insécurité y est telle que le tout nouveau gouvernement de transition ne peut même pas siéger dans la capitale, Mogadiscio, et que le Premier Ministre avait échappé le 06 Juin 2006, à un second attentat.

Encore plus inquiétant, le pas franchi le 05 Novembre 2007 par les pirates maritimes qui écument les côtes somaliennes. Si ceux-ci avait pris l'habitude de détourner les cargos ou autres navires de pêche y croisant, et de kidnapper leurs équipages contre rançons, n'oublions pas que bon nombre de ces chefs pirates sont considérés comme proches de Ben Laden. De plus, cet accroissement des actes terroristes survient au moment où apparaissent en Somalie et notamment à Mogadiscio et sa région, des Mouvements Islamiques appelés « les cours islamiques »112(*).

Dans ce contexte, on est en droit d'imaginer que cette attaque pourrait faire partie d'une nouvelle stratégie d'Al Qaida, ou tout du moins, de ses sympathisants qui auraient trouvé un nouveau moyen pour frapper les ressortissants occidentaux, Américains ou alliés des USA.

Le Bureau Maritime International (BMI) avait pourtant de quoi se réjouir. Durant les neufs premiers mois de l'année, les cas de piraterie maritime avaient sensiblement baissés puisque l'on avait enregistré qu'un total de 205 agressions, alors que durant la même période, en 2004, 251 attaques étaient déjà référencées. Si c'est effectivement le cas à l'échelle planétaire, les cotes somaliennes ont, pour leur part, vu le phénomène considérablement augmenter, pour devenir la région la moins sûre, détrônant les côtes indonésiennes jusqu'alors en tête.

Ces groupes de pirates seraient composés en majorité, d'anciens membres de la marine somalienne, accompagnés des pêcheurs reconvertis dans la piraterie maritime. Tous biens sûrs, obéissent à des chefs de guerre dont certains sont connus comme étant proches d'Al Qaida.

Lourdement armés (mitrailleuses lourdes et lance-roquettes), ils opèrent à partir des petites unités rapidement dans lesquelles ils sont rarement plus de quatre ou cinq. Très bien organisés, leurs actions seraient coordonnées par un navire amiral de plus grande taille.

IL est inquiétant de constater que ces pirates puissent agir impunément dans les eaux sensées être surveillés de très près par les marins occidentaux, principalement américaines, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme international. Devant l'importance des moyens déployés par Washington et ses alliés, que ce soit sur le plan maritime, aérien ou encore satellitaire, il parait pour le moins surprenant que ce(ou ces) fameux bateau (x) amiral(s) n'ai(en)t pu être localisé(s). Si tel était le cas, on a du mal à imaginer comment une telle force serait à même d'intercepter les présumés militants d'Al Qaida qui naviguent entre l'Afghanistan et la Somalie.

Le paragraphe suivant retiendra notre attention sur la menace d'embrasement de la Corne de l'Afrique.

III.3.3. La menace d'embrasement dans la Corne de l'Afrique

Le gouvernement somalien de transition, dirigé par Ali Mohamed Dedi, est de plus affaibli. Depuis juin 2006, les islamistes ne cessent d'étendre leur influence dans le pays, en guerre civile depuis dix-sept ans. ILs contrôlent environ un tiers de ses dix-huit régions, notamment Bananir qui englobe la capitale Mogadiscio. Incapable de maintenir l'ordre, les institutions politiques sont soutenues par le régime Ethiopien dont l'éventuelle ingérence risque d'embraser toute la Corne113(*).

IL y a trop de similitudes entre les interventions américaines en IraK, et Ethiopienne en Somalie. Le mode opératoire, la fulgurance et la victoire, les fondements idéologico-religieux, l'impuissance des organisations telle l'Union Africaine. Bref, tout, de la guerre que livre l'Ethiopie aux Tribunaux Islamiques somalien, rappelle, à quelques exceptions près, la triomphale entrée américaine dans Bagdad en 2003.

A quelques détails près, car dans cette Somalie sous la férule des seigneurs de guerre depuis plus de quinze ans, il ne s'agit pas de chasser un dictateur sanguinaire ou de dénicher les armes de destruction massive. Ici, la situation est rendue encore plus complexe par des considérations à la fois bilatérales, régionales et internationales114(*).

A travers la Somalie, c'est une guerre indirecte que l'Ethiopie fait à sa vieille ennemie, l'Erythrée qu'elle accuse du reste, de soutenir des tribunaux islamiques. Addis-abeba et Asmara se vouent une haine qui, de temps en temps, prend l'allure de bruit de bottes aux frontières. Depuis leur guerre de 1998 et 2000, les deux pays n'ont jamais fumé le calumet de la paix. Et la Somalie, maillon faible et ventre mou de la région, est utilisé pour se déstabiliser mutuellement. C'est à cette bataille à distance que l'on assiste actuellement, par la Somalie interposée.

Une Ethiopie « chrétienne » et une Somalie « musulmane », telle est la conclusion à laquelle certains sont parvenus. Exactement comme en Irak où, de la croisade lancée par Bush, a répliqué une coalition des forces à la fois patriotiques et confessionnelles. Tout devient compliqué dès lors qu'un groupe armé ou un pays est attaqué sur la base de sa croyance religieuse. Le cas irakien nous renseigne que même la plus puissante armée ne peut rien contre un peuple qui estime que l'on veut le coloniser en lui imposant certaines valeurs. Ce fut aussi le cas pour d'autres puissances, à travers le temps.

L'Ethiopie va-elle échapper au scénario irakien alors que toutes les conditions d'un tel syndrome sont réunies ?

Les miliciens des Tribunaux Islamiques disent en effet s'être repliés pour livrer une guerre d'usure contre l'armée Ethiopienne considérée à tort ou à raison comme armée d'occupation. ILs ont, en outre, appelé tous les commandements islamistes du monde à se rallier à leur lutte. L'implication des Etats-Unis est un motif suffisant pour les « Djihadistes » de tout acabit d'accourir en Somalie pour livrer bataille.

Le plus surprenant est donc le peu, voire l'absence de résistance de ces milices islamistes prétendument surarmées et surentraînées. D'autant que le dernier rapport de l'ONU relatif aux violations de l'embargo sur les ventes d'armes à la Somalie, publié début Novembre et largement repris par la presse internationale, insistait sur l'envoi aux islamistes d'armes toujours plus sophistiquées. Pas moins de sept Etats y sont accusés d'avoir fourni des armes à l'Union des Tribunaux Islamiques (Djibouti, Egypte, Erythrée, Iran, Libye, Syrie, Arabie Saoudite)115(*).

La Syrie et l'Iran auraient livré des armes aux islamistes somaliens pour les remercier d'avoir envoyé plusieurs centaines de leurs combattants au Sud Liban, pour aider le Hezbollah à repousser la dernière offensive israélienne. D'autre part, le rapport souligne la présence de deux ressortissants iraniens dans la région de Dhusamareeb. Téhéran aurait obtenu, en échange de la fourniture d'armes, l'autorisation de mener des opérations de prospection visant à vérifier la présence d'uranium dans le sous-sol.

L'internationalisation du conflit dans la Corne de l'Afrique, même si elle est encore contenue, est d'ores et déjà une réalité : l'Ethiopie est engagée, l'Erythrée aussi, si on en croit un rapport de l'ONU, les pays du golfe aident les Tribunaux Islamiques.

CONCLUSION PARTIELLE

Le troisième chapitre traitant des conflits dans la Corne de l'Afrique est subdivisé en trois sections qui, à leur tour, ont instruit notre compréhension sur le conflit Erythréo-Ethiopien, le conflit somalien et sur les conséquences de ces conflits dans cette région.

Les conflits, dans la Corne de l'Afrique, datent de très longtemps et trouvent leur racine dans la naissance même des Etats qui en font partie, Malgré que le contexte actuel est teinté d'ambiguïté qui ne cesse de harceler l'élite de la société contemporaine.

Au-delà des déclarations aux relents des islamistes, il y a lieu de craindre l'installation du conflit dans la durée. IL est à redouter que les pays ne s'enlisent dans un conflit et une instabilité accrus, ce qui serait désastreux pour la Corne de l'Afrique, et aurait des conséquences graves pour toute la région.

Chapitre Quatrième :

LA RESTAURATION DE LA PAIX DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE

Depuis quelques années, un certain nombre de conflits armés dans le tiers-monde, et notamment en Afrique, semble s'engager dans la voie de règlement caractérisés, malgré leur grande variété, moins par une victoire militaire que par un Accord politique entre les protagonistes, accord qui est plus souvent garanti par une médiation internationale relativement active.

Dans la perspective d'une normalisation intérieure, toutes ces négociations font implicitement mention de la nécessité de procéder à un désarmement et à une forte réduction des effectifs combattants de tous bords. Ces conditions sont souvent perçues par des nombreux observateurs comme des préliminaires purement techniques à la constitution d'un nouveau champ politique qui serait en quelque sorte « pacifique ».

De façon plus précise, le présent chapitre va mettre l'accent sur l'implication de la communauté internationale dans les conflits de la Corne de l'Afrique ; des Accords bilatéraux et multilatéraux régionaux signés en vue de la recomposition de l'appareil Etat ; et enfin, notre contribution consistera au dégagement des mérites et limites de la restauration de la paix ainsi que des perspectives.

Section Première : L'IMPLICATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

La présente section propose l'étude de l'implication de la communauté internationale dans le conflit Erythréo-Ethiopien et dans le conflit somalien.

IV.1.1. Dans le conflit Erythréo-Ethiopien

Nous allons, dans ce paragraphe, démonter l'apport de l'organisation des Nations Unies (ONU) ainsi que celui de l'OUA.

1. L'ONU dans le conflit Erythréo-Ethiopien

Des combats motivés par un différend frontalier, ont éclatés entre l'Erythrée et l'Ethiopie en Mai 1998. Le Secrétaire Général a pris immédiatement contact avec les dirigeants de deux parties, les conjurant de faire preuve de modérations et offrant son assistance pour résoudre pacifiquement le conflit. Koffi Anaan a demandé à l'Ambassadeur Mohamed Sahnoun (Algérie), son Envoyé spécial en Afrique, d'appuyer les efforts de médiation de l'OUA116(*).

Dans son rapport du mois de Juin 2000(s/2000/643) adressé au conseil de Sécurité, le Secrétaire Général a décrit L'accord de cessation des hostilités comme étant un premier pas crucial vers la restauration de la paix entre les deux pays. IL a fait part au Conseil de son intention de repartir un nombre approprié d'officiers de liaison dans chaque capitale puis de déployer un groupe d'observateurs militaires. Il a été envisagé que l'on déploierait progressivement dans chaque pays jusqu'à 100 observateurs militaires des Nations Unies au cours du mois de juillet et Août, en attendant la création d'une opération de maintien de la paix.

A. Etablissement d'une mission des Nations Unies (MINUEE)

Le 31 Juillet 2000, le conseil de sécurité décidera, par sa résolution 1312(2000), de créer la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) qui serait composée au maximum de 100 observateurs militaires et du personnel d'appui civil nécessaire, en prévision d'une opération de maintien de la paix qui devra être autorisée par le Conseil.

La mission serait chargée du mandat suivant :

a. Etablir et maintenir une liaison avec les parties ;

b. Se rendre au quartier général militaire de chaque partie et auprès d'autres unités, dans toutes les régions d'opération de la Mission, en fonction de ce qui sera jugé nécessaire par le Secrétaire Général ;

c. Mettre en place et faire fonctionner le mécanisme qui permettra de vérifier la cessation des hostilités ;

d. Préparer la création de la mission militaire de coordination prévue par l'Accord de cessation des hostilités ; et

e. Faciliter, au besoin, la planification d'une future opération de maintien de la paix117(*).

IL a été demandé au Secrétaire Général de continuer à planifier une opération de maintien de la paix et de recommencer de prendre les mesures administratives nécessaire pour la mettre en place, sous réserve de l'autorisation du conseil de sécurité.

Présentant le 09 Août 2000 son rapport au conseil de sécurité, le Secrétaire général a exposé des propositions concernant le mandat élargi de la MINUEE et a recommandé de mettre en place une force militaire de 4.200 hommes, dont 220 observateurs militaires, trois bataillons d'infanterie et les unités d'appuies voulues afin de superviser le respect du cessez-le-feu et le processus de délimitation et de démarcation de la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

La MINUEE serait formée de diverses composantes spécialisées dans le domaine politique, militaires, de l'information, du déminage et administratif ainsi que d'un mécanisme de coordination avec les activités menées par les organismes humanitaires. La mission serait dirigée par un représentant spécial du Secrétaire Général dont l'autorité s'étendrait sur les activités de la mission et de l'ensemble du système des Nations Unies dans la zone de sécurité temporaire et des régions adjacentes.

Le représentant spécial établirait des contacts étroits avec les dirigeants politiques et militaires des gouvernements éthiopien et érythréen, l'OUA et les équipes de pays de l'ONU dans les deux pays.

Le conseil a accueilli avec satisfaction le rapport du Secrétaire Général et autorisé le déploiement dans le cadre de la MINUEE d'un maximum de 4.200 hommes, dont 220 observateurs militaires, jusqu'au 15 Mars 2001.

2. L'OUA dans le conflit Erythréo-Ethiopien

En Juin 2000, après deux ans de combats motivés par un différend frontalier, l'Ethiopie et l'Erythrée ont signé l'Accord de cessation des hostilités au terme de pourparlers organisés sous les auspices de l'Algérie et de l'OUA, actuelle Union Africaine.

Au sommet de l'OUA tenu à Alger en Juillet 1999, les deux parties ont accepté les modalités d'application de l'Accord-cadre de l'OUA. Dans ce document, l'Erythrée s'engageait à redéployer ses forces à l'extérieur des territoires qu'elles avaient occupés après le 06 Mai 1998. L'Ethiopie de son coté s'engageait à redéployer ses forces en abandonnant les positions qu'elles avaient occupées après le 06 Février 1999 et qui n'étaient pas sous administration éthiopienne avant le 06 Mai 1998.

Apres des nouvelles consultations avec les parties concernées, Mr. Ahmed Ouyahia, Envoyé spécial du Président en service de l'OUA, l'Ambassadeur Mohamed Sahnoun et Mr. Antony LAKE, représentant des États-Unis, ont étudié et parachevé un document intitulé : « arrangement technique en vue de l'application de l'Accord-cadre de l'OUA et de ses modalités ». Ce document prévoyait la création d'une commission neutre pour déterminer exactement les zones à l'extérieur desquelles les deux parties devaient se redéployer. Les arrangements techniques stipulaient entre autre que les observateurs militaires vérifieraient le redéploiement. Le document demandait aussi la démilitarisation et la délimitation de toute la frontière commune entre les deux pays118(*).

L'Erythrée a annoncé qu'elle acceptait ce document. L'Ethiopie a émis certaines réserves et a demandé des clarifications, tout en réaffirmant sa volonté d'oeuvrer à, un règlement pacifique du conflit. Les efforts internationaux de médiation se sont poursuivis. La tension le long de la frontière restait très forte et on a craint que les hostilités ne reprennent et peut-être même ne s'étendent, décimant des nouvelles populations qui n'avaient pas jusqu'ici été touchées directement par le conflit.

Apres avoir parlé de l'implication de la communauté internationale dans le conflit Erythréo-Ethiopien, essayons, par le paragraphe suivant, de dégager celle de la communauté internationale dans les dix-sept ans du conflit Somalien.

IV.1.2. Dans le conflit Somalien

Comme dans le conflit Erythréo-Ethiopien, nous allons démontrer dans ce paragraphe, l'intervention de l'ONU, de l'UA, ainsi que de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

1. L'ONU dans le conflit Somalien

L'ONU est intervenue à la suite de l'opération « Restore Hope » entreprise par les Américains avec la participation d'autres pays comme le Canada, la France, le Pakistan en 1992. C'est l'opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM), qui sera remplacée par une autre opération du même genre , en 1993, appelée ONUSOM II119(*).

A. L'ONUSOM I

L'ONUSOM I a été créée le 24 avril 1992 par la résolution 751 du conseil de sécurité. Elle avait pour mandat :

a. De surveiller le respect du cessez-le-feu à Mogadiscio, capitale de la somalie ;

b. Assurer la protection du personnel, des installations et du matériel de l'ONU dans les ports et aéroports à Mogadiscio ; et

c. Escorter l'acheminement de l'aide humanitaire jusqu'aux centres de distribution de la capitale et de ses environs immédiats.

En Août 1992, le mandat et l'effectif d'ONUSOM ont été élargis de manière à lui permettre de protéger les convois humanitaires et les centres de distribution dans l'ensemble de la Somalie.

En Décembre 1992, après une nouvelle détérioration de la situation en Somalie, le Conseil de sécurité a autorisé les Etats membres de créer la force d'intervention unifiée (UNITAF) afin de garantir un environnement sûr pour l'acheminement de l'assistance humanitaire. La force a travaillé en coordination avec ONUSOM I pour assurer la sécurité des principales zones habitées et faire en sorte que l'aide humanitaire soit acheminée et distribuée120(*).

L'ONUSOM I avait pour Représentants spéciaux : Mohamed SAHNOUN (1992), Ismat KITTANI (1992-1993), Jonathan HOWE (1993) ; et les chefs des observateurs militaires : Général Ismiaz SHAHEEN. Elle avait, enfin, comme effectif : 4.469 membres du personnel, dont 50 observateurs militaires, 3.500 personnes chargées de la sécurité, 719 personnes chargées du soutien logistique et environ 200 membres du personnel civil international. Le coût de la Mission avait comme montant net de 42,9 millions de dollars.

B. L'ONUSOM II

L'ONUSOM II avait pour Mission de préparer les activités de la force d'intervention unifiée, force multinationale organisée et dirigée par les États-Unis qui, en Décembre 1992, avait été autorisée à employer « tous les moyens nécessaire » pour restaurer les conditions de sécurité pour les opérations de secours humanitaire en Somalie121(*).

Le mandat de l'ONUSOM II consistait à prendre les dispositions appropriées, y compris des mesures de coercition, pour instaurer dans toute la Somalie des conditions de sécurité pour les opérations de secours humanitaires.

A cette fin, ONUSOM s'est efforcée de terminer, grâce au désarmement et à la réconciliation, la tache commencée par la force d'intervention unifiée en vue du rétablissement de la paix, de la stabilité et de l'ordre public. Elle était chargée notamment de contrôler la cessation des hostilités, de prévenir la reprise de la violence, de saisir les armes de petit calibre non autorisées, d'assurer la sécurité dans les ports, aéroports et sur les voies de communication nécessaires pour l'acheminement de l'assistance humanitaire, de poursuivre le déminage et de faciliter le rapatriement des réfugiés en Somalie.

L'ONUSOM II a également été chargée d'aider le peuple Somalien à reconstruire l'économie et la vie sociale du pays, à remettre en état les structures institutionnelles, à assurer la réconciliation politique nationale, à reconstituer un Etat Somalien fondé sur un régime démocratique et à réorganiser l'économie et l'infrastructure du pays.

En Février 2004, après plusieurs incidents violents et agression contre des soldats des nations unies, le conseil de sécurité a révisé le mandat d'ONUSOM II pour exclure l'utilisation des méthodes de coercition. ONUSOM II s'est retirée au début du mois de Mars 1995.

L'ONUSOM avait son quartier général à Mogadiscio, son effectif : 28.000 militaires et policiers ; également prévus 2.800 civils (personnel international et un agent local). Le coût de la mission s'élevait à 1,6 milliards de dollars.

2. L'UA dans le conflit Somalien

Le Conseil de Sécurité, agissant en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a autorisé le 20 Février 2007 l'UA a établir, pour une période de six mois, une Mission en Somalie (AMISOM) dont le rôle consistera à permettre d'assurer la liberté de mouvement, les déplacement et la protection des participants au Congrès de réconciliation nationale prévue dans ce pays122(*).

Par sa résolution 1744(2007) adoptée à l'unanimité, le conseil a prié par ailleurs le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki-Moon, de dépêcher dès que possible une Mission d'évacuation technique.

Cette Mission sera chargée de faire rapport sur la situation politique et sur la possibilité d'une opération de la paix des Nations Unies consécutive au déploiement de la Mission de l'Union Africaine. L'AMISOM devra, dans le cadre de son mandat, aider à la mise en oeuvre du plan national de sécurité et de stabilisation, ainsi qu'au rétablissement et à la formation des forces de sécurité somaliennes. La Mission de l'Union Africaine devra aussi appuyer les efforts de désarmement et de stabilisation.

Dans sa résolution 1744(2007), le conseil de sécurité a par ailleurs salué le retrait des troupes éthiopienne et exhorté les Etats membres de l'union Africaine à apporter leur soutient à l'AMISOM afin de créer les conditions nécessaires au retrait des toutes les forces étrangères de Somalie.

3. L'Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD)

L'IGAD a été créée en 1986 avec un mandat restreint concernant les questions de sécheresse et de désertification. Depuis lors, ses missions se sont sensiblement élargies, s'orientant sur des questions de politique de sécurité régionale et la mise en en place d'un dispositif purement africain de maintien de la paix avec, notamment, le projet de création d'une brigade de l'Afrique orientale123(*).

L'IGAD comprend sept Etats membres dont Djibouti, Somalie, Erythrée, Soudan, Ethiopie, Ouganda et Kenya.

Une des motivations principales pour la revitalisation de l'IGAD était l'existence de plusieurs problèmes d'organisation et de structure qui nuisaient à la mise en place efficace de ces buts et principes. Les chefs d'Etats et des gouvernements se sont rencontrés lors du Sommet extraordinaire qui s'est déroulé le 18 Avril 1995 à Addis-Abeba, ont pris la résolution de revitaliser d'autorité ainsi que d'élargir la coopération régionale. Les chefs d'Etats et des gouvernements, lors du deuxième sommet extraordinaire qui s'est tenu le 21 Mars 1996 à Nairobi au Kenya, ont approuvé et adopté un Accord établissant l'autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD).

IGAD propose de développer la coopération régionale, augmenter la dépendance des Etats les uns envers les autres, et de promouvoir le principe de paix et de stabilité dans le pays afin de parvenir à la sécurité alimentaire, et à la gestion et au développement d'un environnement durable.

Les objectifs de l'IGAD sont d'atteindre un développement économique durable pour les Etats membres. Un effort particulier porte sur la coopération économique et l'intégration est la priorité à long terme, en vue de promouvoir une autosuffisance collective et un développement économique intégré. Les principes directifs de la stratégie de l'IGAD sont spécifiés dans l'Accord de sa création et prennent aussi en compte la charte des Nations Unies et l'acte constitutif de l'UA.

Apres les recommandations faites lors du sommet des chefs d'Etats et des gouvernements en avril 1996, le Conseil des ministres de l' IGAD a identifié trois objectifs prioritaires de coopération 124(*):

· La prévention, la gestion, le règlement de conflit et les questions humanitaires ;

· Le développement des infrastructures (transport et communication) ; et

· La sécurité alimentaire et la protection de l'environnement.

IGAD a été identifiée comme un des piliers de la Communauté Economique Africaine (AEC). Suivant les termes de cette dernière, IGAD a signé le protocole concernant les relations avec la AEC et les communautés économiques régionales le 25 Février 1998. IGAD a collaboré avec la COMESA et la communauté de l'Afrique de l'Est en vue de coordonner et d'harmoniser les projets pour éviter une duplication et ne pas contacter les mêmes donateurs avec les mêmes projets.

A. La Résolution de conflit en Somalie

En ce qui concerne la Somalie, l'IGAD et l'UA ont chargé la Premier Ministre de la République Fédérale et Démocratique de l'Ethiopie, Mr. Melez ZENAWI, de coordonner les dialogues pour la paix et le processus de médiation. Les Etats membres et partenaires de l'IGAD se sont réunis lors d'une conférence de deux jours qui a eu lieu à Rome les 19 et 20 janvier 1998. Les partisans se sont mis d'accord pour établir un comité en vue d'aider les efforts de paix et de réconciliation en ce qui concerne la crise en Somalie125(*).

Le sixième Sommet et la Réunion des Ministres de l' IGAD se sont ténus à Djibouti entre les 14 et 16 Mars 1998, la question principale étant la Somalie. Une déclaration exprimant le souci quant à la prolifération d'initiatives concernant la Somalie par l'intermédiaire de l'IGAD, a été adoptée et on a prié tous les partenaires concernés de canaliser l'aide à la Somalie.

Sous les auspices de l'IGAD, l'Ethiopie a organisé une conférence internationale d'une journée, en octobre 1998, sur la question de la Somalie. Lors de la conférence, il a été décidé de créer un comité de 15 membres pour mener un nouvel effort de paix et de réconciliation en somalie, sous le nom de « comité technique des Etats frontaliers avec la Somalie ». Ce comité était composé des délégués provenant de sept Etats membres de l'IGAD, de l' UA et de la ligue arabe.

Le comité a organisé une conférence pour la réconciliation nationale en Somalie. Cette conférence a été ouverte le 15 octobre 2002 à Eldoret au kenya. La déclaration sur la cessation des hostilités à partir du 27 Octobre, en présence de près de 800 délégués.

Cette déclaration acceptait, entre autre, la cessation des hostilités à partir du 27 octobre, et la création de structure de gouvernance fédérale pour la Somalie. En 2003, au mois d'octobre, lors du sommet des chefs d'Etats et des gouvernements, on a demandé à l'UA d'assister l'IGAD, pour reprendre les processus de réconciliation en Somalie.

B. La mission de soutien de la paix en somalie : IGASOM

Dans le cadre de son implication en Somalie, le conseil de paix et de sécurité de l' UA a avalisé, lors du sommet d'Abuja, du 24 au 31 Janvier 2005, la décision de confier à l' IGAD le soin d'organiser le déploiement d'une force de paix en Somalie, afin de soutenir les institutions fédérales de transition du pays et d'aider à la réinstallation du gouvernement à Mogadiscio, la capitale.

Le 07 Février 2005, le conseil de paix et de la sécurité de l'UA a autorisé effectivement l'IGAD à déployer une mission d'appui à la paix en Somalie, en attendant le déploiement d'une mission de l'UA. La Mission de soutien de la paix de l'IGAD en Somalie (IGASOM) est décidée par l'autorité en Avril 2005 et l'UA a autorisé sa première phase le 12 Mai 2005.

Même si l'IGAD ne compte que sept Etats, elle coordonne l'action de treize pays, dans le cadre de la Force Africaine.

L'implication de la communauté internationale étant dégagée, la section suivante nous propose d'examiner les accords bilatéraux et multilatéraux régionaux.

Section Deuxième : LES ACCORDS BILATERAUX ET MULTILATERAUX INTERNATIONAUX

La restauration de la paix s'articule aussi bien dans les accords bilatéraux que multilatéraux selon que les différends peuvent inclure deux ou plusieurs Etats. Dans cette section, il convient de ressortir ces Accords dans le conflit Erythréo-Ethiopien et le conflit Somalien.

IV.2.1. Dans le conflit Erythréo-Ethiopien

Dans le conflit Erythréo-Ethiopien, nous retiendrons deux Accords visant à rétablir la paix.

1. Accord de cessation des hostilités du 18 Juin 2000

Le 18 Juin 2000, un Accord de cessation des hostilités a été signé entre l'Ethiopie et l'Erythrée par le Ministre des affaires étrangère des deux pays, sous les auspices du Président de l'Algérie, Mr. Abdelaziz BOUTEFLIKA, en sa qualité du Président en exercice de l'OUA126(*).

Cet accord fut précédé des pourparlers du 30 Mai, organisés avec l'aide de l'Envoyé personnel du Président de l'Union Européenne, M. RINOSERRI, et du Représentant du Président des États-Unis, Mr. Antony LAKE.

2. L'ACCORD de paix d'Alger du 12 Décembre 2000

Les parties ayant poursuivi leurs négociations en vue de parvenir à un règlement définitif et global, les pourparlers, pour lesquels le Président Bouteflika (Algérie) a servi de faciliter, sont parvenus à la signature, le 12 Décembre à Alger d'un Accord de paix entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

Prenant la parole lors de la cérémonie, le Secrétaire Général a accueilli cet Accord avec satisfaction saluant une victoire pour la voie de la raison, le pouvoir de la diplomatie et la reconnaissance du fait qu'aucun de ces deux pays, ni même le continent dans son ensemble, ne peuvent se permettre une décennie, une année, un jour de conflit supplémentaire.

L'Accord de paix du 12 Décembre 2000 stipule le règlement du conflit à travers la délimitation et la démarcation de la frontière, conformément au principe de l'OUA sur l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation et sur la base des dispositions de l'Accord-cadre. Dans cette optique, l'Art.4 al.2 de l'Accord stipule que « les parties s'accordent sur le fait qu'une commission neutre de la frontière composée de cinq membres, sera établie avec mandat de délimiter et de démarquer la frontière en se fondant sur les traités coloniaux pertinents (1900, 1902 et 1908) et la Loi International applicable.

L'accord pose aussi (Art.4 al.7) que le cartographe des Nations Unies servira de « Secrétaire de la commission » auquel les parties fourniront leurs réclamations et preuves relevant du mandat de la commission (Art.4 al.8). Les autres points importants de l'Accord de paix portent sur les modalités d'investigation concernant l'origine du conflit(Art.3) ; la création d'une commission des réclamations pour perte, dommage ou préjudice d'un gouvernement contre l'autre, et des ressortissants (incluant à la fois des personnes privées ou morales), d'une partie ou des entités appartenant ou contrôlées par l'autre partie qui sont reliées au conflit et qui ont fait l'objet de l'Accord-cadre ; des modalités d'application et de l'Accord de cessation des hostilités127(*).

Apres avoir examiné les Accords dans le conflit Erythréo-Ethiopien, examinons aussi ceux du conflit Somalien.

IV.2.2. Dans le conflit Somalien

Le 29 Janvier 2004, les dirigeants des groupes somaliens ont signé un accord à Nairobi, au Kenya, pour faire entrer les discutions dans la phase finale et préparer la voie pour l'adoption d'une Charte fédérale transitionnelle. La charte donne un cadre légal pour une période de cinq ans pour la Somalie, et a été annoncée le 13 Mars lors de la réunion du Conseil des ministres de l' IGAD128(*).

Le 04 Septembre 2006, un accord provisoire a été trouvé en Somalie après trois jours de négociation à Khartoum (Soudan), sous l'égide de la Ligue Arabe. Les tribunaux islamiques de Somalie, qui contrôlent la capitale Mogadiscio et le Sud, et le gouvernement fédéral de transition ont signé un accord de paix provisoire en quatre points129(*).

Cet accord prévoit la formation d'une armée nationale et d'une force de police qui intégreraient des milices islamiques, le gouvernement de transition et les autres milices.

Les parties s'engagent également à ne pas soutenir les seigneurs de guerre, à ne pas se combattre, ni se réarmer. Elles ont également affirmé leur volonté de coexister pacifiquement avec les pays voisins et de demander aux Etats de la région de respecter l'intégrité territoriale de la Somalie.

Ce dernier point était le plus épineux. Le gouvernement de transition, soutenu par l'Union Africaine et l' IGAD, réclamait le déploiement d'une force de paix internationale en Somalie, un pays ravagé par quinze ans de guerre civile entre seigneurs de guerre.

Les islamistes s'étaient opposés au déploiement d'une telle force et semblent avoir obtenu gain de cause dans l'Accord provisoire. De même sont-ils satisfaits par l'avertissement donné aux Etats voisins. Cet accord avait ouvert la voie à la pacification de la Somali.

C'est ainsi que la troisième et dernière section pose les mérites, et limites de la restauration de la paix, ainsi que des perspectives.

Section Troisième : MERITES ET LIMITES DE LA RESTAURATION DE LA PAIX

Dans cette section, il convient de ressortir les mérites et limites de l'implication de la communauté internationale ; et ceux des accords conclus.

IV.3.1. Les mérites de la restauration de la paix

L'implication de la communauté internationale et les accords conclus en vue de restaurer la paix dans la Corne de l'Afrique, malgré les incertitudes, constituent sans aucun doute une avancée significative dans le processus visant à restaurer l'entente entre les ex-belligérants.

Ces progrès n'ont pu être réalisés que grâce au concours des Nations Unies apportant leur caution internationale. Avec la paix entretenue entre l'Ethiopie et l'Erythrée, l'ONU trouve ici l'occasion de redorer son blason et de célébrer la réussite d'une action de coopération avec une organisation régionale130(*).

L'arrivée, le déploiement des soldats de l'Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM) et la création de l' AMISOM ont contribué à réduire l'ampleur de la guerre ouverte entre les clans et de l'exode de réfugiés dans le Sud de la Somalie.

Pour l'Union Africaine, c'est l'aboutissement des nombreuses consultations politico-diplomatiques, pour convaincre les « frères ennemis » de s'asseoir autour d'une table et trouver une issue à leur aventure suicidaire. En obtenant les signatures d'Accords de paix mettant fin aux conflits, l'Organisation africaine a réussi une sorte de prouesse. En effet, cela faisait bien longtemps qu'elle déployait inlassablement des efforts pour éteindre les nombreux incendies sur le théâtre continental.

Pour les Nations Unies, le voeux du Secrétaire Général semblait en partie de voir à terme les conflits en Afrique se terminer, sinon de réduire en suscitant chez les africains comme chez les non africains la volonté d'agir lorsque l'action est de toute évidence nécessaire.

IL s'agissait pour les nations unies d'apporter leur caution aux efforts de paix et faciliter l'application des accords, de répondre aux souhaits des Etats en collaboration avec l'OUA, en mettant en oeuvre une opération de maintien de la paix.

Les mérites de la restauration de la paix étant examinés, examinons-en les limites, au paragraphe suivant.

IV.3.2. Les limites de la restauration de la paix

Six ans après la signature par l'Ethiopie et l'Erythrée de l'accord d'Alger, qui a mis fin au conflit frontalier sanglant qui les a opposé de 1998 à 2000, ces deux nations de la corne de l'Afrique restent bloquées dans une impasse apparemment sans issue. L'Ethiopie continue à faire obstruction à la mise en oeuvre de la décision de la commission frontalière indépendante, qui a attribué la ville de Badmé à l'Erythrée131(*).

De son côté, l'Erythrée considère la présence continue des troupes éthiopiennes sur un territoire qui lui a été attribué par ladite décision comme une violation de sa souveraineté, à laquelle la mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) collaborent involontairement.

A la fin de l'année 2005, frustré par la réticence de la communauté internationale à appliquer la pression suffisante sur l'Ethiopie pour que celle-ci accepte la décision de la commission frontalière, l'Erythrée a restreint les opérations des casques bleus de l'ONU le long de sa frontière avec l'Ethiopie et expulsé le personnel de la MINUEE appartenant à certains pays en violation d'une série des résolutions du Conseil de Sécurité de l'ONU.

Les deux parties ont gêné les efforts de la communauté Internationale pour résoudre ces litiges et les tensions restent fortes à la frontière.

En Mai 2006, les effectifs de la MINUEE ont été réduits suite à l'inaction des deux pays.

Malgré la bonne volonté réaffirmée par toutes les parties, la phase de bornage de la frontière s'éternise, en partie à cause des demandes répétées de l'Ethiopie. Cette dernière a encore exprimées regrets quant à la récente décision de la commission du tracé de la frontière entre les deux pays, de rejeter ses réclamations.

Au-delà des interrogations, des non-dits du conflit et de façon générale de l'avenir final de l'Accord d'Alger, il faut noter qu'il continue de tenir malgré les aléas. Ces derniers semblent néanmoins se multiplier et la guerre menace de reprendre entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Les indices en ce sens se multiplient.

La tension se cristallise toujours sur la localité de Badmé, bourgade charnière entre les deux pays que la commission d'arbitrage a attribué à Asmara et qu'Addis-Abeba refuse toujours d'abandonner.

Si la question de la délimitation a été dans l'ensemble bien menée, celle concernant la démarcation reste toujours bloquée par le refus éthiopien de renoncer à Badmé perçu comme un symbole national132(*).

Devant cette situation, l'ONU faute de prendre une sanction pour faire appliquer la décision sur la ville objet de convoitise, s'est borné à prolonger jusqu'au 15 Mars 2004, le mandat de la MINUEE par la résolution 1507 en date du 12 Septembre 2003.

Suite à cette résolution, l'ONU a nommé un nouveau Médiateur en la personne de l'ancien Ministre canadien des Affaires Etrangères, Mr. Lloyd AXWORTHY. Cette nomination, qui semblait s'inscrire dans la volonté de relancer le processus de négociation, est perçue différemment par les deux parties.

En effet, si Addis-Abeba accueille favorablement celle-ci, Asmara fait part de ses réticences, voyant dans cette décision, la volonté de réclamer un mécanisme de démarcation de la frontière. Les tensions sur le terrain sont encore accrues par les entraves à la liberté des manoeuvres de la MINUEE dans les régions soumises à autorisation de l'Erythrée, entraves vainement dénoncées par le Conseil de Sécurité.

L'Accord de paix d'Alger semblait être une victoire à inscrire au crédit de l'Afrique qui a su une fois n'est pas coutume, établir et maintenir la paix, fut-elle précaire, sur le continant, aidé en cela par l'ONU dont la compétence en matière de rétablissement de la paix, semblait remise en cause en Afrique. Les deux organisations avec toutes les réserves qui s'imposent trouvent un regain de crédibilité dans un domaine sensible de leur responsabilité.

Quant à la Somalie, on s'entend généralement à penser que les interventions de l'ONU se sont soldées par un échec, qu'elles se soient déroulées sous le commandement direct de l'ONU (ONUSOM I et II) ou sous celui des États-Unis opérant en conformité avec des résolutions de l'ONU (United Task Force-unitaf)133(*).

Hirsch et Oakley considèrent que la Somalie a constitué pour les opérations sous la responsabilité médiate de l'ONU, « un Pays-laboratoire pour l'application des nouvelles théories en matière de maintient de la paix »134(*).

A l'égard du recours à la force, l'action de l'ONU en somalie traverse le spectre entier des options disponibles à cette Organisation Internationale :

a. L'opération ONUSOM I a reposé, bien que de façon ambiguë, sur le chapitre VI de la Charte des Nation Unies qui concerne le règlement pacifique des conflits ;

b. L'UNITAF fut autorisé en vertu du chapitre VII de la charte, diversement interprété par les États-Unis (recours essentiellement défensif à la force armée) et les plus hautes instances de l'ONU (recours plus libre à la force) ;

c. L'opération ONUSOM II fut également fondée sur ce même chapitre VII, interprété cette fois de façon plus offensive quant au recours à la force armée.

L'ONUSOM I s'en remit pour l'essentiel aux moyens traditionnel de la diplomatie et fut critiquée par son impuissance.

L'UNITAF tenta de préserver un équilibre précaire entre le maintien et imposition de la paix ; son action fut marquée par un certain nombre des violations très sérieuses de droits de la personne, de la part en particulier des contingents Belge et Canadien.

L'ONUSOM II fut caractérisé par son usage intempérant de la force armée et il en résulta une guerre en règle entre les forces de l'ONU et les factions somaliennes.

L'un des principaux problèmes que pose la somme de ces opérations diverses, est celui de la possibilité de recourir de façon normalisée (régie par des règles explicites et contraignantes) à l'usage de la force dans une situation de conflit. Ce problème n'a pas été résolu lors des opérations en Somalie, qui ont dérivé d'une diplomatie plus tardive vers un affrontement indûment précipité.

Malgré son implication, par la médiation notamment dans les conflits en Somalie, les efforts de l'IGAD sont moins développés que ceux de la CEDEAO ou de la SADC par exemple en matière de mécanismes institutionnels de coopération pour la paix et la sécurité ou d'éventuelles interventions militaires. Son potentiel reste très négligeable.

Apres les mérites et les limites de la restauration de la paix dans la corne de l'Afrique, il convient, dans le paragraphe suivant, de dégager les perspectives.

IV.3.3. Les perspectives

Ce paragraphe est consacré à proposer une analyse et des perspectives sur des questions de paix relatives à la médiation des conflits et au maintien de la paix.

Les problèmes de la paix dans la Corne de l'Afrique étant africain, il ressort que la nature de l'insécurité dans cette partie de l'Afrique avec l'existence des acteurs infra-étatiques, on doit concevoir d'autres mécanismes permettant de contrôler cette réalité. C'est pourquoi les Nations Unies et toute la communauté Internationale devraient coopérer avec l'Union Africaine pour l'aider à la restauration de la paix dans la Corne de l'Afrique.

En effet, cette coopération devra aller dans le sens du renforcement de l'efficacité de l'Union Africaine dans les domaines politique, économique, militaire, technologique, etc.

C'est pour cette raison que nous proposons les perspectives relatives à la médiation des conflits et au maintien de la paix, dans le cadre de l'Union Africaine.

1. La médiation des conflits africains

L'Union Africaine, dans le cadre permanent de la prévention des conflits ou de la médiation des conflits, doit utiliser tous les moyens pacifiques imposant soit pour dissuader ou encore persuader les parties en cause pour soit décourager les velléités belliqueuses ou les abus du pouvoir au moyen d'une diplomatie coercitive.

Ces missions de médiation de conflits relèvent du Conseil de Paix et de Sécurité dont les résolutions doivent s'imposer aux Etats. Cette mission pourra se faire aussi par l'envoi des émissaires crédibles tels que les membres du Mécanisme Africain de Médiation par les Pairs (MAEP) composé des anciens chefs d'Etats Africains, dans le cadre de la diplomatie secrète (discrète) par le Président de l'UA, par le Président de la commission, par les chefs d'Etats au pouvoir ou d'autres personnalités africaines dont la renommée dépasse le frontières africaines.

2. Les missions militaires

L'Union Africaine dispose actuellement des plusieurs missions militaires à travers le continent africain par son souci, combien louable, d'instaurer une société pacifique entre ses membres.

Ces missions de maintien de paix sont souvent butées à des problèmes logistiques et de financement qui ont, loin sans faut, empêché les troupes de l'Union de contenir la violence car mal équipées et sous-financées.

En termes de perspectives, il s'avère impérieux que l'armée africaine fonctionne comme les casques bleus de l'ONU. Ses contingents, jusque-là d'origine Ougandaise, Rwandaise, Sud-africaine, Nigériane et Sénégalaise, doivent être renforcés par les troupes en provenance d'autres pays membres de l'Union.

Par une mission militaire bien organisée, il existe la trilogie économique des forces, unité et liberté d'action, déterminée par le moment propice où l'on applique la théorie du fort au faible.

En effet, tous les germes de la trilogie concourent au même but qui est la destruction des forces négatives ennemies. Les uns préconisent une action décisive sur le gros de forces adverses ; d'autres, l'usure consécutive à des destructions partielles répétées.

La loi du plus fort au faible veut que le plus fort gagne. Il faut donc pour l'armée commune africaine de frapper fort au faible, et le but de la manoeuvre stratégique pour le corps expéditionnaire africain sera de se retrouver le plus fort au moment et au point voulus, même si l'on dispose, dans l'ensemble, des forces inférieures.

La bonne application de ces principes et trilogie nécessite une prévision, une préparation et une exécution135(*) :

a) La Prévision

Fondée sur la connaissance des moyens de deux camps et des conditions diverses du conflit, conduit à l'élaboration des plans d'opération conçue à l'avance ;

b) La Préparation

Comprend les mesures de renforcement, de sûreté, de mobilisation, etc. et enfin, la concentration des forces de telle sorte qu'elles puissent être maniées en temps voulu conformément au plan ;

c) L'Exécution

Consiste d'abord dans le déploiement qui est la mise en place et la marche des forces vers la bataille, puis dans les diverses manoeuvres d'ensemble, pendant et après celle-ci.

Pour une meilleure exécution et une efficacité bien orientées, il faudra que les trois armées (terrestre, maritime, de l'air) coordonnent l'ensemble de leurs opérations. Et pour cela, elles doivent se compléter, se soutenir mutuellement soit directement, c'est-à-dire coordonnées de haut (Etat-major), soit indirectement au cours d'opérations.

CONCLUSION PARTIELLE

De tout ce qui précède, il convient de noter que l'implication de la Communauté Internationale dans les conflits qui se déroulent dans la corne de l'Afrique a sans doute produit une avancée significative dans le processus visant à restaurer l'entente entre les ex-belligérants.

Les accords bilatéraux et multilatéraux régionaux n'en reflètent pas moins.

Malgré toutes les démarches entreprises, les nations de la Corne restent bloquées dans une impasse apparemment sans issue. Sur le front de bataille, la Communauté Internationale est incapable ou réticente à ramener la paix et la stabilité, soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons logistiques.

CONCLUSION GENERALE

Tout au long de cette analyse, notre souci majeur a été consacré à l'examen des problèmes de la paix dans la corne de l'Afrique.

Dans notre étude qui a porté sur « Les problèmes de la paix dans la corne de l'Afrique », nous avons cherché de répondre à la question suivante : Quelles sont les stratégies de gestion et résolution des conflits dans la Corne de l'Afrique ?

Pour bien cerner l'analyse du sujet de notre recherche, nous avons divisé notre travail en quatre chapitres :

Dans le premier chapitre, nous avons tablé sur la présentation des Etats de la Corne de l'Afrique :

L'Éthiopie, l'Erythrée, la Somalie et le Djibouti sont, parmi les plus pauvres du monde, victimes des guerres ethniques ou religieuses alimentées par les marchands d'armes et de la mort. L'actualité conflictuelle dans cette région est non seulement conditionnée par son histoire et par sa composition ethnique, mais aussi par sa position stratégique à l'Est du continent africain.

Dans le deuxième chapitre, nous avons analysé les notions de paix, de conflit et de sécurité internationale, cela pour bien asseoir nos idées afin de donner une explication judicieuse nous permettant de comprendre le troisième chapitre.

Au troisième chapitre, nous avons mis en exergue les zones de conflit dans la Corne de l'Afrique. IL s'agit du conflit Erythréo-Ethiopien et du conflit Somalien, ainsi que les conséquences de ces crises.

Au-delà des déclarations aux relents islamistes, il y a lieu de craindre l'installation du conflit dans la durée. IL est à redouter que les pays ne s'enlisent dans un conflit et une instabilité accrus, ce qui serait désastreux pour la Corne de l'Afrique, et aurait des retombées sur toute la région.

Et dans le quatrième chapitre, nous avons abordé la restauration de la paix dans la Corne de l'Afrique en démontrant l'implication de la communauté internationale par les accords bilatéraux et multilatéraux régionaux.

Pour ce faire, notre hypothèse a été formulée de la manière suivante :

Dans le souci de restaurer la paix, la communauté internationale a appliqué tous les moyens et stratégies pouvant amener une paix durable dans la Corne de l'Afrique : il y a eu des négociations diplomatiques, des bons offices et des médiations.

Ceux-ci n'ayant débouché à aucun résultat palpable, il fallait s'en remettre pour l'essentiel, aux moyens traditionnels de la diplomatie. C'est pourquoi, il y a eu recours aux organismes et Accords bilatéraux et multilatéraux régionaux.

Malgré toutes les démarches entreprises, les nations de la Corne de l'Afrique demeurent dans une impasse sans issue. Sur le front de bataille, la Communauté internationale est incapable ou réticente à ramener la paix et la stabilité, soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons logistiques.

A tort ou à raison, l'Union Africaine doit adopter la position selon laquelle les problèmes africains doivent être résolus par les Africains eux-mêmes, non par les étrangers.

C'est pourquoi, dans le cadre permanent de la prévention et la médiation des conflits, l'Union Africaine doit utiliser tous les moyens pacifiques imposant soit pour dissuader ou encore persuader les parties en cause pour soit décourager les velléités belliqueuses ou les abus du pouvoir au moyen d'une diplomatie coercitive.

Suite à l'importance du sujet que nous avons tenté d'analyser, il peut être constaté des insuffisances dues à nos faiblesses matérielles et scientifiques. Nous souhaitons pour notre part que celles-ci puissent constituer des nouvelles bases pour que d'autres recherches plus élaborées parviennent à les exploiter en vue de réaliser ou de créer des théories plus solides en matière de la restauration de la paix en Afrique, et plus particulièrement dans la Corne de l'Afrique.

BIBLIOGRAPHIE

I.OUVRAGES

1. BA ABDOUL et Alii, L'organisation de l'Unité Africaine, éd. Silex, Paris, 1984.

2. BA ABOU YERO, Ethiopie-Erythrée : Apres la paix, à nouveau la guerre,

IDPD, Nice, 1998.

3. BENOIT et Alii, Conflit en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une

prévention (coll.), éd. GRIP, Belgique, 1997.

4. BERTRAND BADIE et MARIE, Le retour du monde : sociologie de la science

internationale, PFNSP, 2è éd., 1995.

5. BIYOYA MAKUTU, La théorie des relations internationales ; science politique

de l'international, science politique de l'international, éd.

IPRIS, Kinshasa, 2007.

6. CUVILLIER, A., Manuel de sociologie, éd. PUF, Paris, 1967, pp.228-229.

7. DANIEL COLARD, Les relations internationales de 1945 à nos jours,

éd. Armand colin, Paris,1997

8. DOUB LAV, Les relations internationales dans le monde aujourd'hui : Les

dernières des puissances, éd. STILL, Paris, 1981.

9. EMMANUEL FRANÇOIS., Parole de paix en temps de guerre,

éd. Privat, Toulouse, 2006.

10. FRIEDRICH CORNU, La guerre et ses théories, éd.PUF, Paris, 1970.

11. JEAN BARREA, Théorie des relations internationales, éd. Ciao, Bruxelles,

1980.

12. JEAN BARREA, Les théories des relations internationales, éd. La Neuve,

Louvain, 1997.

13. MADELEINE GRAWITZ, Méthodes des Sciences Sociales,

éd. Dalloz, Paris, 2000.

14. MAMPUYA KANUK'A, Désuétude du système de sécurité collective,

éd. PUZ, Kinshasa, 1986.

15. MAURICE BERTRAND, l'ONU, éd. La Découverte, 2004.

16. MOVA SAKANYI, Congo : Survie et grandeur, éd. Safari,

Kinshasa, 2001.

17. MULUMA MUNANGA, Le guide du chercheur en Sciences Sociales et

humaines, éd. SOGEDES, Kinshasa,

18. MWAYILA TSHIYEMBE et BUKASA, M., L'Afrique face à ses problèmes de

sécurité et de défense,

éd. Présence Afrique, Paris, 1989.

19. NOEL MAMERE, Corne de l'Afrique, éd. Les Verts, Paris, 2006.

20. PIERRE CELERIE, Géopolitique et géostratégie, éd. Que sais-je, Paris, 1961.

21. PIRETTE RONGERE, Méthodes des Sciences Sociales,

éd. Dalloz, Paris, 1971.

22. QUIVY, R. et LUC VAN COMPEN, Manuel de recherche en Sciences

Sociales, éd. Centurion, Paris, 1985.

23. RENOUVAIN, P. et DUROSELLE, J., Introduction à l'histoire des relations

Internationales, éd. Dalloz, Paris, 1991.

24. ROLAND MARCHAL (Coll.), Etat du monde 2000, éd. La Découverte,

Paris, 2000

25. ROLAND MARCHAL et CHRISTINE MESSIANT, Les chemins de la guerre et

de la paix : Somalie, la

normalisation malgré tout,

éd. Karthala, Paris,1997.

26. ZARTEMAN WILLIAM, La dimension des conflits en Afrique, éd. L'harmattan,

Paris, 1990

II. REVUES ET ARTICLES

1. ALAIN CHARRET, « Terrorisme dans la corne de l'Afrique : Une nouvelle

stratégie d'Al-Qaïda ? », in Le Pays, n°21, du Décembre

2007.

2. ANN TALBOT, « Les États-Unis soutiennent l'invasion de la somalie par

l'Ethiopie », in Diplomate Magazine du 29 Décembre 2006.

3. BAPUWA MWAMBA, « Frontière entre Ethiopie-Erythrée », in Jeune Afrique

Economique, 12au 18 Juin, 1998.

4. BAPUWA MWAMBA, « Ethiopie-Erythrée », in Jeune Afrique Economique,

Du13 au 16 Mai 1999.

5. BOUTROS BOUTROS GALLI, « Relever les nouveaux défis, Rapport Annuel

de l'ONU, New York, 1995.

6. JACQUES BRODEUR, « Maintient et imposition de la paix en somalie », in

Cultures et Conflits, n°29-30, du 04 Décembre 2004.

7. MARIE JOANNIDIS, « Corne de l'Afrique et terrorisme » in Le Reporteur,

du janvier 2007

8. JEAN LOUIS PENINOU, « Erythrée-ethiopie : Une guerre absurde », in Le

Monde Diplomatique, n°336 du juin 1998,

9. ROLAND MARCHAL, « Conflits et recomposition d'un ordre régional dans la

Corne de l'Afrique », in Etudes Internationales, Vol.22,

n°2, juin, 1991.

III. DOCUMENTS OFFICIELS, DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES

1. Rapport OCHA du 05 Octobre 2007.

2. Rapport de UNICEF du 07 Février 2007

3. Charte de l'organisation des Nation Unies, Art.33.

4. Dictionnaire universel Larousse, éd. Larousse, Paris, 1973.

5. Dictionnaire encyclopédique Larousse, éd. Larousse, 1979.

6. Dictionnaire universel Hachette, éd. Hachette, Paris, 2002.

7. Dictionnaire universel Hachette, éd. Larousse 2è éd., Paris, 1996-1997.

8. Dictionnaire de la terminologie du droit international

9. Encyclopaedia Universallis, Corpus 4, 1980.

10. Encyclopaedia Universallis, Corpus 4, 1977.

IV. WEBOGRAPHIE

1. http://fr.wikipedia.org/ERY

2. http://fr.wikipedia.org/SOM

3. http://fr.wikipedia.org/DJI

4. http://www.operationspaix.net/-ONUSOM-1-

5. http://www.operationspaix.net/-ONUSOM-2-

6. http://www.operationspaix.net/-AMISOM-2007-

7. http://www.iss.co.za/AF/regOrg/unity-to-union/pdfs/IGADPrfileFr.pdf

8. http://www.iss.co.za/AF/regOrg/unity-to-union/pdfs/IGADPrfileFr.pdf

9. http://www.igad.dj/index.html

10. http://www.imarabe.org/portail/main.php...year=2006.month=9

11. http://lenouvelles.org/10magazine/13chroTerro/014.html.

12. http://www.un.org/french/peace/cu_mission/unmee/body_unmee.html

13. http://www.icrc.org/web/free/sitefre0.nsf/iwplist165/97431

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE I

DEDICACE II

AVANT-PROPOS III

INTRODUCTION GENERALE 1

I. ETAT DE LA QUESTION 1

II. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESE 3

A. Problématique 3

B. Hypothèse 3

III. CHOIX ET INTERET DU SUJET 4

A. Choix 4

B. Intérêt 4

IV. DELIMITATION DU SUJET 5

A. Dans le temps 5

B. Dans l'espace 5

V. METHODE DU TRAVAIL 5

A. Méthode de travail 6

B. Technique 6

VI. PLAN SOMMAIRE DU TRAVAIL 7

PREMIERE PARTIE 8

CONSIDERATION THEORIQUE GENERALES 8

CHAPITRE PREMIER : 9

LES ETATS DE LA CORNE DE L'AFRIQUE 9

SECTION PREMIÈRE : L'ÉTHIOPIE 9

I.1.1 Géographie physique et humaine de l'Ethiopie 9

I.1.2. L'histoire de l'Ethiopie 10

I.1.3. La situation économico-politique de l'Ethiopie 11

SECTION DEUXIÈME : L'ERYTHREE 13

I.2.1. Géographie physique et humaine 13

I.2.2. L'histoire de l' Erythrée 14

A. L'histoire ancienne 14

B. L'histoire contemporaine 14

I.2.3. La situation économico-politique 14

SECTION TROISIÈME : LA SOMALIE ET LE DJIBOUTI 16

I.3.1. LA SOMALIE 16

I.3.2. LE DJIBOUTI 19

CONCLUSION PARTIELLE 21

CHAPITRE DEUXIEME : 22

LES NOTIONS DE PAIX, DE CONFLIT ET DE SECURITE 22

SECTION PREMIÈRE : LA NOTION DE PAIX 22

II.1.1. Définition du concept 22

II.1.2. La paix au plan individuel et au plan collectif 23

II.1.3. Le maintien de la paix et la naissance des idées sur la paix 24

SECTION DEUXIÈME : LA NOTION DE CONFLIT 25

II.2.1. Définition du concept 26

II.2.2.Typologie et cause de conflit 28

II.3.2. Règlement des conflits 34

SECTION TROISIÈME : LA NOTION DE SECURITE 37

II.3.1. Définition du concept 37

II.3.2. Les stratégies majeures de la sécurité internationale 38

II.3.3. Les théories de la sécurité par la défense et la sécurité collective 40

CONCLUSION PARTIELLE 43

DEUXIEME PARTIE 44

LE CADRE PRATIQUE 44

CHAPITRE TROISIEME : 45

LES CONFLITS DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE 45

SECTION PREMIÈRE : LE CONFLIT ERYTHREO-ETHIOPIEN 45

III.1.1. Les causes lointaines 45

III.1.2. Les causes immédiates 47

III.1.3. Les conséquences du conflit Erythréo-Ethiopien 50

SECTION DEUXIÈME : LE CONFLIT SOMALIEN 51

III.2.1. Les causes du conflit Somalien 51

III.2.2. L'intervention éthiopienne 53

III.2.3. Les conséquences du conflit en Somalie 55

SECTION TROISIÈME : LES CONSEQUENCES DE LA CRISE DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE.................................. 58

III.3.1. Les conséquences humanitaires 58

III.3.2. Le terrorisme dans la Corne de l'Afrique 60

III.3.3. La menace d'embrasement dans la Corne de l'Afrique 62

CONCLUSION PARTIELLE 64

CHAPITRE QUATRIEME : 65

LA RESTAURATION DE LA PAIX DANS LA CORNE DE L'AFRIQUE 65

SECTION PREMIÈRE : L'IMPLICATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE....................................... 65

IV.1.1. Dans le conflit Erythréo-Ethiopien 65

IV.1.2. Dans le conflit Somalien 68

SECTION DEUXIÈME : LES ACCORDS BILATERAUX ET MULTILATERAUX INTERNATIONAUX................................................ 74

IV.2.1. Dans le conflit Erythréo-Ethiopien 75

IV.2.2. Dans le conflit Somalien 76

SECTION TROISIEME : MERITES ET LIMITES DE LA RESTAURATION DE LA PAIX............................................................... 77

IV.3.1. Les mérites de la restauration de la paix 77

IV.3.2. Les limites de la restauration de la paix 78

IV.3.3. Les perspectives 82

CONCLUSION PARTIELLE 84

CONCLUSION GENERALE 85

BIBLIOGRAPHIE 87

TABLE DES MATIERES 91

* 1 MARCHAL, R., « Conflits et recomposition d'un ordre régional dans la Corne de l'Afrique », in Etudes

International, Vol.22, n°2, juin, 1991, p.7.

* 2 MARCHAL, R. et MESSIANT, Ch., Les chemins de la guerre et de la paix : Somalie, la normalisation malgré

tout, éd. Karthala, Paris, 1997.

* 3 WEMBA., K.M., Les rôles des forces armées dans les interventions humanitaires des Nations

Unies, Mémoire L2 R.I, FSSPA, UNILU, 1997.

* 4 MULOKO, W.M., La problématique de la restauration de l'Etat Somalien, Mémoire L2 R.I,

FSSPA, UNILU, 2005.

* 5 NKITABUNGI, N.Z., L'Union Africaine et la résolution du conflit Erythrée-Ethiopie, Mémoire

L2 R.I, FSSPA, UNILU, 2004.

* 6 KABONGO, K.P., Le rôle de l'ONU dans la gestion du conflit Erythréo-Ethiopien, Mémoire

L2 R.I, FSSPA, UNILU, 2005.

* 7 QUIVY, R. et COMPEN, L., Manuel de recherche en Sciences Sociales, éd. Centurion, Paris, 1985, p.256.

* 8 RONGERE, P., Méthodes des Sciences Sociales, éd. Dalloz, Paris, 1971, p.2.

* 9 GRAWITZ, M., Méthodes des Sciences Sociales, éd. Dalloz, Paris, 2000, p.398.

* 10 MULUMA, M., Le guide du chercheur en Sciences Sociales et humaines, éd. SOGEDES, Kinshasa,

2003, p.88

* 11 JAVEAU, L., Comprendre la sociologie, éd. Marabout, Verviers, 1978, p.68.

* 12 CUVILLIER, Manuel de sociologie, éd. PUF, Paris, 1967, pp.228-229.

* 13 GRAWITZ, M., Op. cit, p.353.

* 14 MARCHAL, R., (Coll.), Etat du monde 2000, éd. La Découverte, paris, 2000, p.445.

* 15Dictionnaire universel Larousse, éd. Larousse, Paris, 1973, p.1323.

* 16 Dictionnaire universel Larousse, Op.cit., p.1325.

* 17 CHRISTIAN, P., La politique africaine, éd. Economica, Paris, 1981, pp.226-227.

* 18 BERNANOU, A., cité par BAPUWA M., « Ethiopie-Erythrée », in Jeune Afrique Economique, 13 au 16 Mai

1999, p.20.

* 19 BAPUWA M., Op. cit., p.21.

* 20 BAPUWA M., « Frontière entre Ethiopie-Erythrée », in Jeune Afrique Economique, 12au 18 Juin, 1998, p.91.

* 21 BAPUWA M., Op. cit, p.91.

* 22 Dictionnaire universel Hachette, éd. Hachette, Paris, 2002, p.1366.

* 23 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit, p.1366.

* 24 Idem, p.1367

* 25 Moussa, F., « Indépendance de l'Erythrée », in Jeune Afrique, du 18 au 24 Décembre 1993, p.66.

* 26 BAPUWA, M., Op.cit., p.100.

* 27 Idem, p.101.

* 28 Encyclopédie Libre Wikipedia ; http://fr.wikipedia.org/ERY

* 29 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit, p.1434.

* 30 Ibidem.

* 31 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit, p.1435.

* 32 Encyclopédie Libre Wikipedia ; http://fr.wikipedia.org/SOM

* 33 Encyclopédie Libre Wikipedia ; http://fr.wikipedia.org/SOM

* 34 Ibidem.

* 35 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit., p.1360.

* 36 Ibidem.

* 37 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit., p.1360.

* 38 Encyclopédie Libre Wikipedia ; http://fr.wikipedia.org/DJI

* 39 Encyclopédie Libre Wikipedia ; http://fr.wikipedia.org/DJI

* 40 COLARD, D., Les Relations Internationales de 1945 à nos jours, éd. Armand colin, Paris, 1997, p.353.

* 41 LABANA L.A., Note des Cours de Pratique Professionnelle, FSSPA, UNILU, 1997-1998, inédit.

* 42 Dictionnaire encyclopédique Larousse, éd. Larousse, 1979, p.1033.

* 43 BOUTROS, B.G., « Relever les nouveaux défis, Rapport Annuel de l'ONU, New York, 1995, p.118.

* 44 FRANÇOIS, E., Parole de paix en temps de guerre, éd. Privat, Toulouse, 2006, p.332.

* 45 Ibidem.

* 46 Encyclopédie libre wikipedia ; http://fr.wikipedia.org

* 47 Encyclopédie libre wikipedia ; http://fr.wikipedia.org

* 48 BERTRAND, M., l'ONU, éd. La Découverte, 2004, pp.6-7.

* 49 Encyclopaedia Universallis, Corpus 4, 1980

* 50 Dictionnaire universel Hachette, éd. Larousse 2è éd., Paris, 1996-1997.

* 51 Encyclopaedia Universallis, Corpus 4, 1977, p.394.

* 52 FREUD, J., Sociologie des conflits, éd. PUF, Paris, 1983, p.63.

* 53 CORNU, G.F., La guerre et ses théories, éd.PUF, Paris, 1970, p.117.

* 54 ZARTEMAN, W., La dimension des conflits en Afrique, éd. L'harmattan, Paris, 1990, pp.16-17.

* 55 BURTON, J., Conflit and communication, éd. Book, London, 1969, p.5.

* 56 BERTRAND, B. et MARIE, Cl., Le retour du monde : Sociologie de la Science Internationale, PFNSP, 2è éd.,

1995, p.181

* 57 KAMBAYI, B., Les enjeux de la mondialisation pour l'Afrique, éd. Loyola, Lubumbashi, 1998, p. 159.

* 58 MOVA, S., Congo : survie et grandeur, éd. Safari, Kinshasa, 2001, p.464.

* 59 BARREA, J., Théorie des relations internationales, éd. Ciao, Bruxelles, 1980, p.323.

* 60 BENOIT, J. et Alii, Conflit en Afrique : Analyse des crises et pistes pour une prévention (coll.), éd. GRIP,

Bruxelles, 1997, pp.47-70.

* 61 KADONY, N., Cours de Droit International Public, FSSPA, UNILU, 2005-2006, inédit.

* 62 Dictionnaire universel Hachette, Op.cit., p.967.

* 63 Idem, p.968.

* 64 MOVA, S., Op.cit., p. 459.

* 65 DOUB LAV, les Relations Internationales dans le monde aujourd'hui : Les dernières des puissances,

éd. STIL, Paris, 1981, p.264.

* 66 MOVA, S., Op.cit., p.459.

* 67 ROBERT J.L., Théorie et politique internationales, éd. Tendances Actuelles, Paris, 1975, pp.112-117.

* 68 Charte de l'organisation des Nation Unies, Art.33.

* 69 Dictionnaire de la terminologie du droit international, p.409.

* 70 ROUSSEAU, Ch., Droit International Public, Tome V, éd. Sirey, Paris, p.253.

* 71 Dictionnaire de la terminologie du droit international, p.383.

* 72 LUNDA,B., Cours de vie internationale, UNILU, Lubumbashi, 1995-1996, p.158, inédit.

* 73 LUNDA, B., Op.cit., p.159.

* 74 BA ABDOUL et Alii, L'organisation de l'Unité Africaine, éd. Silex, Paris, 1984, p. 143

* 75 DECLOUX, S.J., Conflit et identité, éd. Loyola, Kinshasa, 1998, p.183.

* 76 Dictionnaire universel Larousse, Op.cit., p.935.

* 77 NINGIS, D., « La sécurité dans les conditions actuelles », in Revue de Politique Internationale, n°462-463,

1969, p.22.

* 78 BARREA, J., Les Théories des Relations Internationales, éd. la Neuve, Louvain, 1997, p.102.

* 79 BIYOYA, M., La Théorie des Relations Internationales ; Science politique de l'international,

éd. IPRIS,Kinshasa, 2007, p.132

* 80 BIYOYA, M., Op.cit., p.133.

* 81 BARREA, J., Op.cit., p.137.

* 82 MAMPUYA, K. T., Désuétude du système de sécurité collective, éd. PUZ, Kinshasa, 1986, p.6.

* 83 MAMPUYA, K.T., Op.cit., p.7.

* 84 BARREA, J., Op.cit., p. 192

* 85 TSHIYEMBE, M. et BUKASA, M., L'Afrique face à ses problèmes de sécurité et de défense,

éd. Présence Afrique, Paris, 1989, p.241.

* 86 PENINOU, J.L., « Erythrée-Ethiopie : Une guerre absurde »,in Le Monde Diplomatique, n°336 du juin 1998,

p.11.

* 87 PENINOU, J.L., Art.cit., pp.11-12

* 88 BA ABOU, Y., Ethiopie-Erythrée : Apres la paix, à nouveau la guerre, IDPD, Nice, 1998, p.4.

* 89 BA ABOU, Y., Op.cit., p.6.

* 90 PENINOU, J.L., Art.cit., p.12.

* 91 BAPUWA, M., Art.cit., p.15.

* 92 BAPUWA, M., Art.cit., pp.15-16.

* 93 BA ABOU, Y., Op.cit., p.44.

* 94 BA ABOU, Y., Op.cit., p.45.

* 95 RENOUVAIN, P. et DUROSELLE, J., Introduction à l'histoire des relations Internationales, éd. Dalloz, Paris,

1991, p.7

* 96 BRODEUR, J., « Maintient et imposition de la paix en somalie », in Cultures et Conflits, n°29-30, du 04

Décembre 2004, p.14.

* 97 Idem, Op.cit., pp.14-15.

* 98 BRODEUR, J., Op.cit., p.16.

* 99 http://wwwlesnouvelles.org/P10_magaine/16analyse02/16072_reperesconflit140402.html

* 100 Encyclopedie libre Wikipedia, Op.cit.

* 101 http://www.icrc.org/web/free/sitefre0.nsf/iwplist165/97431EAOA5980

* 102 BRODEUR, J., Op.cit., pp.29-30.

* 103 MUNKENI, L., Les enjeux de la mondialisation pour l'Afrique, éd. Loyola, Kinshasa, 1998, p.25.

* 104 BRODEUR, J., Op.cit., p.28.

* 105 Idem, p.24.

* 106 GAMZIM, M., « Nourrir le monde », in Alimentation et Nutrition, Vol.3, n°2, 1975, p.15.

* 107 MAMERE, N., Corne de l'Afrique, éd. Les Verts, Paris, 2006, p.7.

* 108 Rapport OCHA du 05 Octobre 2007.

* 109 Rapport de UNICEF du 07 Février 2007

* 110 CHARRET, A., « Terrorisme dans la corne de l'Afrique : Une nouvelle stratégie d'Al-Qaida ? », in

Le Pays, n°21, du Décembre 2007, p.42.

* 111 JOANNIDIS, M., « Corne de l'Afrique et terrorisme » in Le Reporteur, du janvier 2007

* 112 CHARRET, A., Art.cit., p.44.

* 113 TALBOT, A., « Les États-Unis soutiennent l'invasion de la somalie par l'Ethiopie », in Diplomate

Magazine du 29 Décembre 2006, p.22.

* 114 TALBOT, A., Art.cit., p.24.

* 115 http://lenouvelles.org/10magazine/13chroTerro/014.html.

* 116 Mission de l'ONU en Ethiopie et Erythrée (MINUEE) :

http://www.un.org/french/peace/cu_mission/unmee/body_unmee.html

* 117 Mission de l'ONU en Ethiopie et Erythrée (MINUEE) : Op.cit.

* 118 Mission de l'ONU en Ethiopie et Erythrée (MINUEE) : Op.cit.

* 119 http://www.operationspaix.net/-ONUSOM-1-

* 120 Idem.

* 121 http://www.operationspaix.net/-ONUSOM-2-

* 122 http://www.operationspaix.net/-AMISOM-2007-

* 123 http://www.iss.co.za/AF/regOrg/unity-to-union/pdfs/IGADPrfileFr.pdf

* 124 http://www.iss.co.za/AF/regOrg/unity-to-union/pdfs/IGADPrfileFr.pdf

* 125 http://www.igad.dj/index.html

* 126 Mission de l'ONU en Ethiopie et Erythrée (MINUEE) : Op.cit.

* 127 http://www.lesnouvelles.org/P10magazine/13Chro.html.

* 128 http://www.igad.dj/index.html

* 129 http://www.imarabe.org/portail/main.php...year=2006.month=9

* 130 BRODEUR, J., Art.cit., pp.44-46.

* 131 http://www.lesnouvelles.org : Ethiopie-Erythrée, une guerre absurde.

* 132 http://www.lesnouvelles.org :Op.cit.

* 133 BRODEUR, J., Art.cit., pp.50-51.

* 134 HIRSCH, J.L. et OAKLEY, R.B., cités par Brodeur, Art.cit., p.51.

* 135 CELERIE, P., Géopolitique et Géostratégie, éd. Que sais-je, Paris, 1961, pp.61-62.






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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984