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La lutte contre la pauvreté dans les sections communales de Jean Rabel: Conditions de développement rural

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par Jhon Réginald RODNEY
Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince - Licence 1999
  

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2.3 Les facteurs de la pauvreté rurale

La pauvreté rurale tient à divers facteurs: l'augmentation de la population rurale, la lente expansion de l'agriculture, la dégradation des terres cultivées, la détérioration des ressources naturelles, l'inégalité de la répartition des terres, le fractionnement des petites exploitations agricoles, les effets indirects de la modernisation et de la technicisation de l'agriculture, et l'urbanisation.

De plus, la situation des pauvres des régions rurales est encore aggravée par la rareté ou l'inexistence des services publics élémentaires: éducation, assistance médicale, approvisionnement en eau potable, voirie, électricité, etc.; à cela s'ajoute la carence ou le défaut de l'infrastructure physique rurale: routes et autres moyens de communication.

Parmi les facteurs qui ont contribué à empirer la situation de pauvreté et de misère de la population rurale, il convient également de mentionner la fréquence des désastres naturels. Parmi les exemples récents de désastres importants on peut citer les inondations, la sécheresse, les ouragans et les tremblements de terre.

Ce bref aperçu peut donner une idée de l'ampleur des dommages causés par les catastrophes naturelles qui ont non seulement détruit les cultures, le bétail et les logements, mais entraîné également des pertes de vies humaines, condamné à la faim et à l'exode des milliers de paysans et laissé des séquelles qui n'ont pas encore été effacées.

Tous ces facteurs aggravent le chômage et la pauvreté dans les campagnes et accélèrent les migrations, aussi bien vers d'autres pays que vers les villes, où beaucoup de migrants viennent grossir les rangs des chômeurs et des travailleurs sous-employés et, dans le meilleur des cas, trouvent certains types d'emplois dans le secteur non structuré.

Ces facteurs ainsi que d'autres que l'on examinera plus tard aggravent la pauvreté dans les campagnes.

2.4 Caractéristiques de la pauvreté rurale

La mauvaise santé, le manque d'éducation et la dénutrition sont des caractéristiques fondamentales communes aux couches pauvres des populations rurales dans tout le territoire national. Pourtant, même parmi les pauvres, il existe souvent des différences marquées dans les niveaux de nutrition, de santé et d'éducation. Pour cette raison, nous examinons ici les caractéristiques évidentes de la pauvreté. La terre étant la base de la production vivrière, du revenu et de l'emploi, et contribuant à donner accès aux services éducatifs et aux services de santé, le manque de terre et le régime foncier est lié à ces caractéristiques.

Alimentation et pauvreté

La nourriture étant biologiquement indispensable à la survie de l'homme, la ration alimentaire est un critère essentiel pour l'évaluation de la pauvreté. Toutefois, la dénutrition est plus qu'un simple problème de ressources vivrières. Les pauvres ne sont tous sous-alimentés, mais les sous-alimentés sont toujours pauvres. Dans un ménage disposant de ressources vivrières suffisantes, certains membres peuvent souffrir de la faim. L'état nutritionnel résulte d'un ensemble complexe de facteurs alimentaires et autres. Par conséquent, l'état nutritionnel est lié non seulement au revenu et aux ressources vivrières mais également à un grand nombre de facteurs sociaux et écologiques, tels que les possibilités d'accès aux soins de santé, au logement, à un approvisionnement en eau potable, à l'hygiène et au combustible. D'après certains constats, les femmes sont plus exposées à la dénutrition que les hommes. Les indicateurs les plus évidents de cette dénutrition chez les femmes adultes sont l'anémie et le poids peu élevé des nouveaux-nés.

La terre étant le principal facteur productif qui détermine la répartition du revenu et de ce fait l'accès à la nourriture dans les zones rurales, il s'ensuit logiquement que l'alimentation des paysans de ces zones est étroitement liée au statut foncier et à la dimension de l'exploitation. Cette assertion se trouve confirmée dans les enquêtes nutritionnelles qui montrent que la dénutrition est largement concentrée chez les paysans sans terre, les métayers, les très petits exploitants et les petits pêcheurs.

Les fluctuations saisonnières de la production alimentaire représentent un autre facteur de dénutrition, en particulier chez les paysans sans terre et les petits cultivateurs. Il a été clairement démontré que dans de nombreuses zones rurales, la faim s'intensifie au cours des mois précédent la nouvelle récolte, lorsque les réserves alimentaires sont maigres, les prix de la nourriture élevés, et que le travail agricole exige un apport énergétique plus élevé. Au cours de cette période, les adultes perdent jusqu'à un dixième de leur poids, les taux de mortalité infantile atteignent un maximum, et la maladie est répandue. Les familles pauvres et sans terre dont le chef est une femme, ou celles ayant de nombreux enfants à charge sont particulièrement vulnérables.

Dans certaines circonstances, il y a détérioration rapide de l'accès précaire des paysans pauvres à la nourriture, dont la conséquence désastreuse est la famine. Les pauvres sont particulièrement exposés à l'insécurité alimentaire et au risque de famine, car le peu de ressources dont ils disposent ne leur permet pas de faire face aux successions d'infortunes ou à une catastrophe exceptionnelle. De plus, la famine - forme extrême d'insécurité alimentaire - peut engendrer une pauvreté permanente.

L'insécurité alimentaire implique des carences réguliers ou des fluctuations temporaires dans l'approvisionnement des aliments de base nécessaires pour maintenir un niveau de consommation suffisant. La raison majeure en est généralement une chute de production due à des catastrophes naturelles ou d'origine humaine. Au niveau du ménage rural, qui est le principal objet de la présente étude, cette diminution de la production résulte de mauvaises récoltes et de pertes de cheptel, d'une hausse des prix des engrais et des pesticides, cultures commerciales, salaires et services, et d'une réduction des possibilités d'emploi. Il y a famine lorsque des déficits vivriers graves, dus à des défaillances de marché ou de production, aboutissent à une pénurie générale. Ainsi, les victimes étaient ceux qui disposaient de peu de ressources et occupaient des emplois mal rémunérés. Beaucoup de ces victimes, affaiblies par la dénutrition, meurent de maladies qui se propagent rapidement.

D'après certains constats, même lorsque l'approvisionnement alimentaire est suffisant, les ménages qui n'ont pas les ressources suffisantes pour acheter de la nourriture, peuvent mourir de faim.

La famine peut engendrer ou augmenter la pauvreté permanente, car ses victimes perdent leurs biens et leurs sources de revenus par suite de la décimation du cheptel, de la destruction des arbres et de l'infrastructure physique, de la vente forcée des avoirs en période de détresse, et des dettes. Il s'ensuit généralement une augmentation du nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté (à moins, toutefois, qu'il n'y ait un grand nombre de décès parmi les plus faibles).

La relation entre la pauvreté et la nutrition est claire. La dénutrition est répandue parmi les plus pauvres de la population rurale et constitue un indicateur évident de leur niveau de pauvreté. Mais, même parmi ces gens, il y a des différences marquées dans la ration calorique selon le groupe d'âge et le sexe, entre les ménages et au sein des familles. En général, la dénutrition se rencontre le plus souvent chez les travailleurs sans terre, les communautés de petits pêcheurs et les femmes. Une autre conclusion est que l'état nutritionnel est régi par le niveau général de développement économique. Lorsque des désastres naturels ou d'origine humaine engendrent soudain des pénuries alimentaires graves, les pauvres sont les premiers à en souffrir et les premiers à mourir de faim.

Santé et pauvreté

La mauvaise santé est une autre caractéristique de la pauvreté dans les zones rurales. Elle ôte aux individus une partie de leur énergie productive, réduit les revenus des familles et empêche les enfants de tirer pleinement parti des bienfaits de l'instruction.

De nombreux facteurs sont liés à l'état de santé, le principal d'entre eux étant la nutrition. Outre qu'elle fournit les matériaux de construction du corps humain, la nutrition détermine également l'aptitude de l'individu à se défendre contre la maladie. Les personnes souffrant de dénutrition sont donc les plus exposées à tomber malades ou mourir de maladie. On ne peut en trouver de preuves plus tragiques que le taux élevé de mortalité due à des maladies telles que tuberculose, pneumonie, méningite, hépatite et diarrhée parmi les victimes de récentes famines. La dénutrition chez les enfants est également associée à un taux de mortalité élevée provoquée par des maladies courantes chez les enfants.

La situation sanitaire dans les zones rurales témoigne que la majorité de la population rurale est loin d'avoir accès au bien être. Le manque d'hygiène est absolu, général. Les paysans n'ont, en général, pas accès au centre de santé à cause de leur faible niveau de revenu. En général, les centres de santé n'ont pas de personnel qualifié et d'équipement adéquat. Les paysans des sections rurales reculées doivent accomplir de longs trajets pour se faire soigner.

Education et pauvreté

Le manque d'instruction est étroitement lié à la pauvreté rurale. Les enfants issues des familles pauvres n'ont en général pas accès à l'école. Ce triste constat s'explique d'une part par le faible niveau économique des parents et, d'autre part, par la faible capacité d'accueil des écoles. Souvent, les coûts d'opportunité sont tels que l'école, même gratuite, est inabordable pour certaines familles. Les parents se heurtent au problème que pose l'achat des uniformes, des livres de classe et autres fournitures.

L'analphabétisme est quasiment général dans les campagnes. La grande majorité des chefs de ménages ne savent ni lire ni écrire. Ce qui aggrave leur situation et provoque un taux plus élevé de mortalité infantile et juvénile.

Cependant, les écoles des bourgs, et en particulier les écoles congréganistes, attirent les fils et filles des paysans un peu aisés. On y voit, chaque année, pour la rentrée, une affluence considérable, de pressantes sollicitations, de nombreuses demandes d'inscription qu'il faut rejeter faute de place.

Enfin, l'école rurale n'est souvent qu'une construction rudimentaire, dépourvue de tout matériel et incapable de faire face au besoin de la population.

Jusqu'ici nous avons étudié séparément chacune des caractéristiques de la pauvreté. Mais dans la vie des paysans pauvres l'état de nutrition, de santé et le degré d'instruction sont intimement liés.

Pour lutter contre la pauvreté, il faut donc nécessairement prendre en compte l'analyse des processus qui l'engendrent. De ce fait, pour mieux cerner les aspects particuliers de la pauvreté dans les sections communales de Jean Rabel, analysons d'abord les mécanismes qui en sont responsables plus directement.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand