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La lutte contre la pauvreté dans les sections communales de Jean Rabel: Conditions de développement rural

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par Jhon Réginald RODNEY
Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Port-au-Prince - Licence 1999
  

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1.2.1.3. Critères d'identification des pauvres

D'après le lexique d'économie « Dalloz, 7 édition 2002, p.499 » la notion de pauvreté est liée à la non satisfaction des « besoins ». Il est facile, en théorie, de dire que la pauvreté rurale est un fléau qu'il faut éliminer. Il n'est pas si simple d'identifier les pauvres ni d'évaluer le nombre véritable de pauvres qui existe. Ainsi, pour identifier les pauvres, trois approches sont généralement proposés : la méthode directe, la méthode basée sur le revenu et une combinaison de ces deux.

La méthode directe consiste à identifier tous ceux-là dont la consommation effective laisse insatisfaite quelques nécessités basiques. Ainsi, par exemple, les niveaux actuels de satisfaction en matière de calories sont tels que 48% des personnes n'atteignent pas le niveau minimal de la quantité nécessaire.

La méthode des revenus : l'utilisation du revenu monétaire à des fins d'identifier et de mesurer la pauvreté date de très longtemps. C'est aussi la méthode la plus couramment utilisée, tant et si bien qu'elle est devenue le cheval de bataille de ceux qui favorisent une approche économique et quantitative du problème. Elle consiste à calculer un revenu minimum nécessaire pour satisfaire les besoins primaires. Ce revenu une fois déterminé constituera le seuil de pauvreté. Seront alors considérés comme pauvres tous ceux-la dont le revenu est inférieur à ce niveau. En dépit des sous-estimations attachées à l'application de cette méthode, elle présente néanmoins l'avantage d'indiquer le nombre minimum de personnes qui n'ont pas la capacité de subvenir adéquatement à leurs besoins à partir du revenu disponible.

1.2.1.4. Seuils de pauvreté

Le seuil de pauvreté est l'instrument de mesure utilisé pour évaluer le bien-être et déterminer qui est pauvre et qui ne l'est pas. Les individus sont considérés comme pauvres lorsque leur niveau de vie tel qu'il a été mesuré (généralement en fonction du revenu ou de la consommation) est inférieur à un plancher acceptable. Le seuil de pauvreté est essentiellement défini comme la valeur du revenu ou de la consommation nécessaire pour assurer le niveau minimum d'alimentation et d'autres besoins. Ainsi, on distingue trois seuils de pauvreté : la pauvreté absolue, la pauvreté relative et une combinaison des deux.

La pauvreté absolue est un seuil de pauvreté fixé à partir d'un panier de biens de consommation nécessaires à la stricte reproduction des individus (ou des ménages). Elle définit un modèle de subsistance minimale en termes de nutrition, logement, santé, habillement et autres nécessités considérées comme basiques. Le revenu considéré comme nécessaire pour soutenir ce mode de vie minimal constitue le seuil de pauvreté absolue. A titre de guide, les pondérations des différents postes de consommation (IHSI) du pays par milieu donnent :

- pour l'Aire Métropolitaine : Alimentation, Boissons et Tabacs (32.8%), Habillement et Chaussures (5.8%), Logement (18.4%), Education (3.7%), Santé (3.2%), Transport (15.1%), Loisirs et Culture (1.3%).

- en milieu rural : Alimentation, Boissons et Tabacs (55.6%), Habillement et Chaussures (7.5%), Logement (14.2%), Education (2.7%), Santé (3.2%), Transport (2.4%), Loisirs et Culture (0.7%).

- en milieu urbain : Alimentation, Boissons et Tabacs (41.2%), Habillement et Chaussures (8.8%), Logement (17.6%), Education (3.7%), Santé (3.6%), Transport (3.4%), Loisirs et Culture (1.1%).

Pour l'ensemble du pays, en 2004, les pondérations des différents postes de consommation donnent :

- Alimentation, boissons et tabacs (49.42%) ; Habillement et tissus, chaussures (8.48%) ; Loyer du logement, énergie et eau (9.08%) ; Aménagement et entretien du logement (4.96%) ; Santé (3.21%) ; Transport (8.72%) ; Loisirs, spectacles, enseignement et culture (7.19%) ; Autres biens et services (8.94%).

En utilisant l'approche de la pauvreté absolue, le PNUD a pu déterminer en 2003 pour Haïti un pourcentage de 76% des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans le pays avec respectivement 82% en milieu rural et 55% en milieu urbain. En l'absence de possibilité matérielle de réévaluer ces statistiques aujourd'hui, ces données sont retenues comme de simples ordres de grandeur pour dimensionner l'envergure de toute solution à apporter aux problèmes de pauvreté.

Par ailleurs, selon les approches de la CEPAL, les indigents sont ceux-là dont le revenu ne permet pas de subvenir aux simples besoins nutritionnels. La détermination de ces types de besoin se fait à partir d'enquête réalisée auprès d'un échantillon de familles non pauvres en vue d'obtenir les aliments achetés avec la plus grande fréquence. Ensuite on élabore une liste des prix minimums pratiqués pour ces différents biens.

En fonction de l'actuel panier de produits retenus par l'IHSI et la BRH pour le calcul du coût de la vie, on peut sélectionner leur coût moyen en gourde par unité, en décembre 2004 : riz (livre : 18.03 gourdes), maïs moulu (livre : 11.99 gourdes), farine de blé (livre : 17.44 gourdes), pain (livre : 13.08 gourdes), viande de boeuf (livre : 44.84 gourdes), viande de cabri (livre : 59.10 gourdes), poulets (livre : 61.07 gourdes), poissons frais (livre : 67.33 gourdes), lait évaporé non sucré (boîte de 6 oz : 19.19 gourdes), huile (gallon : 190.10 gourdes), banane (livre : 6.64 gourdes), pois sec (livre : 19.27 gourdes), sucre (livre : 15.77 gourdes), cola (bouteille de 33 cl : 12.65 gourdes), savon de toilette (140 gr : 20.01 gourdes), savon de lessive (barre : 10.95 gourdes), charbon de bois (« gros sac » : 250.24 gourdes).

Face à la difficulté de chiffrer la quantité exacte requise pour ces produits selon les normes diététiques, une autre démarche a consisté à appliquer la proportion nationale des dépenses de consommation (84.3%) au revenu par tête pour ensuite déterminer la proportion des Haïtiens dont les revenus sont situés en dessous de cette valeur. En termes de revenus annuels par personne, le seuil d'indigence a été estimé à 2681 gourdes et le seuil de pauvreté à 5362 gourdes en 2004. Malgré les faiblesses d'une telle donnée, elle permet aux décideurs de disposer au moins d'un ordre de grandeur basé sur les statistiques officielles face à tout aspect d'un programme de lutte contre la pauvreté focalisée sur les besoins essentiels de la population cible.

La pauvreté relative tient compte de la distribution effective des niveaux de vie (découlant des revenus déclarés). Elle considère de manière explicite l'interdépendance existant entre le seuil de pauvreté et la distribution de revenu. L'application la plus simple et la plus connue de cette approche consiste à retenir comme seuil de pauvreté le niveau de revenu qui sépare les 20 ou 40% les plus pauvres du reste de la population. La faiblesse de ce critère est de faire apparaître un pourcentage constant et permanent de pauvres.

En utilisant les données de la distribution de revenus non agricoles de l'Enquête Budget-Consommation des Ménages (1999-2000 : EBCM/IHSI) il est permis de voir que les 20% et 40% des ménages les plus pauvres totalisent des revenus qui représentent respectivement 0.3% et 3% de l'ensemble du pays. Il est à noter qu'en 1999-2000, le revenu per capita en gourdes courantes fut d'une valeur de 8536,6.

Si l'on applique ce seuil à chacun des milieux de résidence, il apparaît que près de 40% des ménages du milieu rural sont pauvres contre respectivement 3.0% et 18.1% dans la capitale et dans les autres villes de province.

En fait, le milieu rural est doublement défavorisé : outre la forte incidence de la pauvreté relative observée, l'immense majorité des ménages pauvres résident en milieu rural (89.6%) contre respectivement 1.7% et 8.7% vivant dans l'Aire Métropolitaine et les autres villes.

Enfin, si l'on prend le seuil de pauvreté relative de l'ensemble du pays comme seuil unique, on note que le milieu rural est, une fois de plus, le lieu où l'on échappe le moins à la pauvreté.

La troisième approche, la mesure de base pour comptabiliser le nombre de pauvres, consiste à fixer un seuil en tant que pourcentage du revenu moyen de la population. En fonction de ce calcul, plus la distribution de revenu est équitable, moins nombreux sont les pauvres. L'indice de GINI obtenu à partir de ces mêmes données de l'EBCM/IHSI a révélé pour Haïti un coefficient de 0.63 pour tout le pays, ce qui correspond à une très forte concentration, donc à une grande inégalité des revenus.

La méthode du seuil de pauvreté est intéressante, car elle donne une image assez rapide et vivante du phénomène.

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