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La boad et la réduction de la pauvreté au bénin

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par Babatoundé Adéléké Eustache ALOGOU
Ecole Nationale d'Administration du TOGO - Inspecteur Central du Trésor 2009
  

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Paragraphe 2 : Etude de quelques projets réalisés : résultats d'enquêtes

Les financements de la BOAD influent différemment sur la pauvreté selon le domaine et la forme d'activité. En plus de l'impact de ses nombreuses actions sur la croissance économique et la diminution de la sévérité de la pauvreté, d'importantes interventions sont dirigées directement vers les couches les plus vulnérables. Ces interventions concernent, pour l'essentiel, les projets agricoles et hydro-pastoraux pour la création des centres de production et l'amélioration du niveau de vie des populations rurales. Des projets ont aussi trait à des domaines aussi variés que la lutte contre la désertification et I' érosion des sols. Il s'agira pour nous dans ce paragraphe d'évaluer les actions dans les domaines tels que :

? les infrastructures (modernes et de base) ;

? le développement rural ;

? les institutions financières et les entreprises de production ;

? les autres activités productives.

A l'interne, la BOAD a mis en place un système d'évaluation rétrospective de ses opérations. A chaque projet est associé également un rapport d'achèvement. Ces rapports expliquent le curriculum d'exécution du projet de même que les retombées ou résultats atteints.

Notre analyse s'appuie sur un questionnaire adressé aux populations bénéficiaires de ces projets ; leur avis compte en ce sens qu'ils sont les seuls à même de dire si oui ou non leur situation a changé (évolué), et dans quel sens. Les appréciations qu'ils ont eues par rapport à tel ou tel projet selon son champ d'action serviront dans la suite pour mesurer les impacts socio-économiques des financements de la BOAD sur la réduction de la pauvreté.

Au 31 Décembre 2007, les projets entièrement exécutés ou en passe de l'être sont au nombre de soixante (60) pour un concours global d'un montant de 94 milliards FCFA. On y retrouve dix-huit (18) pour le secteur privé c'est d'ailleurs selon cette subdivision que nous ferons le point de ces financements.

1. les opérations avec le secteur public

Elles peuvent être effectuées avec le secteur public marchand ou non marchand. Le secteur public non marchand est celui dont les activités concourent au bien-être de populations sans souci de profit par opposition aux entreprises publiques ou semi-publiques qui se comportent comme de véritables sociétés commerciales.

Les projets que nous présenterons ci-après nous permettront d'être édifiés sur l'apport de la BOAD pour le bien-être des populations.

? La route Savalou-Djougou

Savalou et Djougou sont deux villes du centre-ouest du Bénin ou la culture des noix d'anacarde et de l'igname est prépondérante. Cependant, la région n'arrivant, et ne pouvant, pas absorber la totalité de la production locale, il s'avère nécessaire de trouver des débouchés. Le tronçon reliant Savalou aux autres grandes villes (Dassa, Parakou, Cotonou) est bitumé. Celle qui va de Djougou à Savalou est praticable quatre mois sur douze. L'objectif du projet qui coïncide avec le voeu des populations est de permettre (i) une bonne circulation des biens et des personnes dans un but (ii) d'accroissement significatif des revenus des populations des régions desservies à travers (iii) la ventilation des récoltes.

L'évaluation de ce projet et la constatation de la réalisation ou non de ces objectifs s'appuient sur les enquêtes directes auprès des populations. En effet, ce projet permettra aux populations couvertes, en augmentant leurs revenus, d'atteindre l'objectif monétaire de réduction de la pauvreté tout en leur permettant d'accéder plus facilement aux services sociaux de base.

Au terme du questionnaire d'enquête que nous avons effectué, les changements significatifs observés renvoient aux résultats suivants :

? outre l'objectif n° 2 de la SRCP à savoir le développement des infrastructures, il répond au développement équilibré et durable des régions et localités (axe 5) ;

? les populations estiment dans leur immense majorité que la construction de cette route a réduit sensiblement leurs difficultés. En outre, elle leur a permis de (i) s'approvisionner facilement en produits alimentaires et non alimentaires ;(ii) de se rendre facilement dans les centres de santé en cas de besoin, les soucis liés aux conditions difficiles de circulation étant réglés ;(iii) d'écouler plus rapidement leurs produits ; (iv) de réduire les coûts des facteurs.

? La route Cotonou - Porto-Novo

Réalisée en 2000 pour un coût global de 11 milliards dont la moitié financée par la BOAD, ce projet a été conçu dans un but de simplification des difficultés inhérentes à la circulation sur cette route. Cotonou, capitale économique, et Porto-Novo, capitale politique et ville frontalière du Nigéria ne sont distantes que d'une trentaine de kilomètres qu'il fallait parcourir en quatre vingt dix minutes. La route construite depuis plus de trente ans est dégradée et ralentit, sinon réduit considérablement les possibilités d'échanges avec ce grand voisin. Il importe d'autant que les résidents du Sud-est n'ont accès que partiellement aux produits manufacturés venant par la mer.

La réalisation du projet permettra à terme :

? la fluidité, la sécurité et la célérité du trafic routier entre les deux villes ;

? le transport facile et l'approvisionnement régulier en produits de première nécessité ;

? la libre circulation, en l'occurrence, des populations de Porto-Novo, majoritairement musulmane, dotées d'aptitudes commerciales, de se trouver une place favorable à des activités commerciales florissantes ;

? beaucoup d'institutions de la République se trouvant à Porto-Novo, notamment l'Assemblée Nationale, il faut offrir aux députés des conditions favorables à un bon exercice de leur mandat ;

? la saturation démographique de la ville de Cotonou n'offre pas aux travailleurs la possibilité une fois installés à Porto-Novo de changer de résidence lorsqu'ils doivent être affectés à Cotonou dans le cadre des activités professionnelles.

Au terme de l'enquête, on peut récapituler ci-après les résultats :

? les usagers du tronçon sont satisfaits dans leur majorité de la route construite ;

? pour un grand nombre, cela a permis la réduction des frais de transport et la rapidité ;

? les taxis, minibus et bus ont connu un essor ;

? les commerçants se sont estimés heureux car ils arrivent à aller mener tranquillement et librement leurs activités qui, à Cotonou, qui, à Porto-Novo.

Outre ces aspects subjectifs, l'exécution des projets routiers crée des emplois. L'intensité de la main d'oeuvre engrangée permet à ces individus une fois le projet achevé de se reconvertir à partir des revenus obtenus dans d'autres activités (le taxi-moto, la gestion des cabines téléphoniques), ce qui n'aurait pas été possible s'ils n'avaient pas eu l'occasion d'être employés sur les chantiers.

? le projet d'aménagement de l'accès et de la traversée de Cotonou

Ce projet fiancé à concurrence de 40,7%, soit 1,9 milliards FCFA a eu pour impact direct :

? la réduction des temps de mouvement entre les diverses zones desservies ;

? le développement des quartiers ;

? la réduction du coût de maintenance des véhicules ;

? l'amélioration des conditions de santé et d'hygiène grâce aux ouvrages d'assainissement.

Certains quartiers de la ville donnaient en effet l'impression d'appartenir à un autre monde. La disparité d'urbanisation entre le centre-ville et la périphérie était perceptible. La mobilité humaine étant par hypothèse vecteur de développement, la fréquentation des centres de santé, des écoles a été facilitée. Ce projet s'inscrit dans le cadre général du plan de construction de routes et d'infrastructures sanitaires, axe 2 de la SCRP.

? Projet hydraulique pastorale et agricole

Il a concerné la partie septentrionale du Bénin. Pour un montant total de 4,800 milliards, il a été financé pour 84 % par la BOAD. Le projet ciblait une aire géographique de 220 ha dans le département de l'Alibori. Au terme de sa mise en oeuvre achevée en 2007, les constats suivants ont été faits :

? la sécurité alimentaire a été améliorée à concurrence de 75% contre 31 avant son exécution ;

? l'aménagement des périmètres irrigués a permis la disponibilité de l'eau pour la culture des céréales ;

? certaines populations ont d'ailleurs avoué que désormais cette sécurité alimentaire leur permet de se rendre sans complexe à l'hôpital en cas de malaise sans crainte de se faire « réprimander » pour ne pas avoir mangé ;

? ils ont eu les moyens de se construire des logements décents avec les fruits issus de la vente de leurs récoltes ou de leurs animaux désormais sauvés de la déshydratation dû à la sécheresse grâce à la disponibilité permanente de l'eau ;

? la production de riz a connu un boom passant de 4,5 tonnes /ha à 7 tonnes/ ha dans les grands périmètres rizicoles ;

? la pêche a également connu un essor grâce aux nombreux points d'eau crées.

? Développement rural Atacora, phase 2

Il s'agit ici de :

? renforcer les capacités et la sécurité alimentaire ;

? intégrer les migrants dans leurs communautés ;

? améliorer la productivité d'origine ;

? augmenter le rendement agricole en réhabilitant les petits périmètres irrigués, en favorisant une meilleure gestion de l'eau et à la traction animale.

Dans l'Atacora, Nord-ouest du Bénin, le projet a été lancé en 2004 et est à sa phase terminale. Sur le plan de l'impact socio-économique,

? plus de 370 ha sur les 450 ha envisagés ont été développés ;

? 64% des terres développées ont été allouées par le projet et exploitées ;

? les techniques d'irrigation des champs rizicoles selon les recommandations du WARDA ont été mises en oeuvre ;

? des organisations paysannes ont vu le jour et fonctionnent comme de véritables mutuelles associatives ;

? le rendement des sols a été significativement amélioré ;

? si le projet n'a pas permis le retour des exilés, il a tout de même permis le maintien surplace des populations qui se sont rendues compte que le bonheur n'est pas ailleurs ;

? il a changé les conditions de vie de 474 familles soit 3792 personnes.

? Extension du réseau électrique dans les régions périphériques de Parakou et Tchaourou

Logé dans le département du Borgou au Nord-Bénin, il a concerné les communes voisines de Parakou et Tchaourou et a consisté à étendre le réseau moyenne et basse tensions afin d'électrifier les centres secondaires des communes sus indiquées. Il s'est agi de construire les lignes du réseau pour un transport efficace et efficient du courant électrique. Ceci devra permettre d'améliorer les conditions de 30 000 individus en 2008, 42 000 en 2010 et 54 700 en 2014. Le coût total de ce projet est de 1,159 milliards FCFA dont la Banque a financé 80%, soit 992 millions FCFA.

Au terme de l'enquête réalisée, les populations se sentent satisfaites car plus proches désormais des habitants des autres villes environnantes. Le sentiment d'appartenance à une même communauté et à un même groupe social renforce les liens familiaux, sociaux et leur permet de mener des activités ensemble.

2. les opérations avec le secteur privé

En faveur de ce secteur, la BOAD a considérablement renforcé ses interventions ces dernières années. Cette ligne d'actions consiste, tel que clairement affirmé par les Etats membres de l'UEMOA, à diversifier les activités de production et faire du secteur privé une nouvelle source de création d'emplois. Par rapport au secteur privé, les interventions de la BOAD peuvent prendre l'une des formes ci-après :

? allocation des ressources à moyen et long termes pour le financement de projets nationaux et/ou régionaux ;

? concours indirects et assistance aux PME à travers l'assistance aux institutions financières nationales et aux agences de promotion des PME ;

? participation au capital des entreprises financières et non financières ;

? réalisation d'études de faisabilité ou conduites d'études.

Si la BOAD soutient le secteur privé, c'est parce qu'il est générateur d'emplois, particulièrement dans les régions urbaines. Faute de qualification, la majorité des jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi envahissent ce secteur qui constitue pour eux le chemin du salut. La Banque oriente son action sur les facteurs à même d'impulser le développement des PME en promouvant un secteur privé compétitif et un environnement juridique favorable et stable.

Nous analyserons brièvement quelques actions en faveur de la promotion et du financement de l'investissement productif.

? Implantation de l'usine d'égrenage de coton «LE LABEL COTON BENIN SA«

C'est une société à capitaux privés spécialisée dans l'égrenage du coton et la production des produits dérivés. Sur les 6 milliards du projet, la BOAD a apporté 2,5 milliards, soit 41% du coût global. La société installée à Cana à 120 km de Cotonou a développé une main d'oeuvre permanente de 20 employés et 346 ouvriers et manoeuvres en période de campagne agricole, sans oublier l'abondante main d'oeuvre mise en oeuvre lors de l'implantation de l'usine.

? Prise de participation au capital social de la BOA-BENIN

Contre un montant de 11 millions FCFA, la BOAD est devenu actionnaire de la BOA-BENIN à hauteur de 10,6% en 1995. Outre les dividendes espérés, cet apport permet à la BOAD d'avoir une vue sur les activités de cette banque et lui donne par l'occasion les moyens de mettre en oeuvre indirectement sa politique de distribution de crédit et de promotion de l'activité économique.

? Prise de participation au Fonds GARI

C'est une institution créée en 1994 ayant pour objectif d'aider les entreprises en offrant aux établissements d'octroi de crédits les garanties dont elles pourraient avoir besoin pour l'octroi aux entreprises des financements à moyen et long termes nécessaires à la réalisation des investissements productifs. Pour un montant de 1,496 milliards FCFA, la Banque a une part de 11,6% au fonds en concours avec l'Agence Française de Développement (AFD). A travers ce Fonds, les entreprises ont facilement accès au financement bancaire de leurs besoins en crédit.

? La Banque régionale de Solidarité (BRS)

Le Holding du Groupe BRS est une Société Anonyme avec Conseil d'Administration, créée le 10 mai 2004 à Lomé avec comme fondateurs quatre vingt sept (87) actionnaires, personnes physiques et morales.

Le noyau dur de l'actionnariat du Holding est composé d'actionnaires stratégiques et de référence dont le poids financier, la renommée, la crédibilité ou le secteur d'activité sont susceptibles de faciliter la réalisation de la mission et des objectifs confiés au Groupe. Il s'agit :

? des institutions de l'UEMOA à savoir : les Fonds d'Action Communautaire de l'UMOA (FAC-UMOA), la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ;

? des organismes ou établissements financiers nationaux impliqués dans la collecte de la petite épargne, la gestion de fonds affectés et la distribution de microcrédits ;

? des compagnies d'assurances, fonds de pension et de garantie ;

Le holding du groupe de la Banque régionale de solidarité (BRS), surnommée "la banque des pauvres" de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a pour objet de promouvoir l'emploi indépendant en faveur des populations traditionnellement exclues du système bancaire. Sa population-cible est principalement :

? les diplômés sans emplois de l'enseignement supérieur, général, technique ou professionnel, des écoles des arts et métiers ;

? les apprentis ayant achevé leur formation auprès d'un maître-artisan dûment inscrit sur le registre des artisans de son pays et reconnu par ses pairs ;

? les coopératives non financières d'ouvriers, d'agriculteurs ou d'artisans ;

? les opérateurs de micro-activités de production aspirant au développement ou à la modernisation de leur activité ;

? les Systèmes Financiers Décentralisés, pour leurs besoins de refinancement ou des lignes de crédit.

? Cette clientèle s'est estimée globalement satisfaite. En effet, les banques classiques octroient difficilement des crédits à des personnes ne présentant pas des garanties de remboursement traduites par des sûretés réelles. La BRS, de son côté, se penche plutôt du côté de ceux-ci car, sans une activité génératrice de revenus, ces garanties sont difficilement constituables.

Ces diverses appréciations rendent compte des « bienfaits » des actions de la BOAD sur la réduction de la pauvreté. Certes, la liste n'est pas exhaustive ; car les réalisations sont nombreuses. En revanche, ce tableau rose ne doit pas nous faire perdre de vue les écueils inhérents à toutes oeuvres humaines, ratés dont il sera question dans le chapitre suivant qui proposera également des pistes pour une meilleure efficacité de la BOAD en matière de réduction de la pauvreté.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry