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Ecotourisme et développement durable: cas de l'aire marine protégée de Keur Bamboung

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par Papa Ibrahima Kassé
Institut Supérieur de Management - licence en management 2009
  

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A/ L'ECOTOURISME A KEUR BAMBOUNG

Pour la mise création de L'Aire Marine Protégée de Keur Bamboung, les Fonds Français pour l'Environnement Mondial ont versé près de 900 000 euros sur cinq ans, soit un peu moins de 590 000 000 de francs Cfa .Durant la première année, l'Océanium prenait en charge les frais liés à leurs déplacements, le carburant des pirogues, leur ravitaillement, etc. Mais afin que le comité de gestion puisse être indépendant, l'Océanium a aidé les villageois à mettre sur pieds un campement écotouristique. L'objectif visé par la création de ce campement était de créer de nouveaux emplois, de valoriser les ressources locales et aussi de donner plus de possibilités financières aux autochtones dans la gestion du site.

L'aire marine protégée de Keur Bamboung est ainsi devenue la première AMP communautaire fonctionnelle d'Afrique de l'ouest, au-delà de la protection de l'environnement, il y avait une réelle volonté de mettre en place un mécanisme de développement durable. Les villageois, à travers l'activité touristique, ont pu bénéficier d'emplois stables avec des revenus constants. Les ressources artisanales et culturelles des autochtones peuvent plus facilement être valorisées et commercialisées car les touristes sur place sont une clientèle directe. C'est le cas pour le village de Sipo où il existe même un marché artisanal qui vend des produits locaux des tissus et des objets d'art. Certains artisans des 14 autres villages viennent même parfois pendant la journée dans ce marché car il est le plus proche du gîte écotouristique. D'autres commercialisent les noix d'acajou, un produit très prisé par les touristes et disponible en grande quantité, mais les anacardes proviennent des autres villages car la commercialisation des ressources aux alentours du campement est interdite. Il s'agit alors d'une activité de transformation puis de revente. Le pain de singe aussi est un produit qui s'écoule facilement est une partie de la production est même rachetée par le restaurant du campement qui va en faire un jus pour les touristes. Et tout ceci se fait sans surexploiter les ressources locales, afin que les générations futures puissent jouir de toutes ces ressources sans que le tourisme soit une source de problèmes, mais que ce soit une activité qui se développe dans le respect mutuel des individus et des civilisations.

De plus, dans un esprit de solidarité et de responsabilité, les touristes eux aussi cherchent à respecter tous les dispositifs de protection de la nature et cherchent à s'intégrer à ce milieu et à s'adapter, de sorte que tous les villages ont gardé leur identité culturelle, avec des cases, des fours traditionnels pour les pains, rares sont les villages qui sont totalement électrifiés, et là encore c'est grâce à des panneaux solaires. Tout ceci fait que Keur Bamboung a une réelle économie et il y a un échange constant entre les villages, certaines ressources ou produits sont transportés lorsqu'ils sont nécessaires quotidiennement mais indisponibles localement. Et là encore les villages environnants sont prioritaires, ce qui crée un dynamisme commercial et économique, et chaque partie y gagne. Contrairement à Saly ou d'autres sites touristiques, les populations bénéficient directement de l'activité touristique et sont même au coeur de ce dispositif car le campement est une propriété collective des 14 villages.

Le Comité de Gestion de l'Aire Marine Protégée communautaire est la structure qui est chargée de gérer les recettes du campement. Des prestataires ont eu à intervenir dans la construction du campement et sont tous des habitants des localités environnantes ou des artisans locaux : maçons, menuisiers, charpentiers, pailleurs, etc. Les bénéfices générés par l'activité du campement doivent permettre de couvrir les frais de fonctionnement de l'Aire Marine Protégée communautaire : salaires des surveillants, entretien du matériel, essence... et de soutenir la Communauté Rurale de Toubacouta dans ses attributions de développement local.

Le campement écotouristique de Bamboung a été construit sur les principes du tourisme durable. Il compte 8 cases, pouvant accueillir 28 touristes, bâties avec de la terre cuite et de la paille. Toutes les cases sont éclairées grâce à de l'électricité produites par des panneaux solaires tandis que l'eau provient d'un puits et est aussi acheminée vers les cases grâces à de l'énergie solaire. Et les déchets qui sont issus du fonctionnement du campement sont triés, certains sont réutilisés comme compost pour les plantes, et d'autres redonnés aux villageois qui vont les utiliser à d'autres fins. Ce campement n'utilise principalement que des énergies renouvelables ; le restaurant sur place aussi utilise majoritairement des produits qui sont cultivés par les villageois, plus particulièrement Sipoh. Ceci a l'avantage de fournir plusieurs emplois, seize emplois directs répartis comme suit :

- 2 (deux) employés pour le service et la plonge,

- 2 (deux) employés affectés à la cuisine,

- 2 (deux) guides écotouristiques,

- 2 (deux) employés pour l'entretien et la réparation des cases

- 1 (un) agent chargé de la sécurité

- 5 (cinq) employées pour le nettoyage des cases

- 1 (un) piroguier

- et 2 (deux) gérants

En période de forte fréquentation, le campement peut compter 6 emplois supplémentaires, mais juste pour une durée limitée. Et aussi il y a les autres emplois indirects comme la fourniture de denrées, et de bois.

A la création du campement, les salaires étaient de 1500 francs par individu et par jour, puis depuis 2006, les salaires varient entre 2000 et 3000 francs journalièrement par employé.

Pour les touristes, les tarifs sont de 17 000 francs en demi-pension, de 22 000 en pension complète et la moitié pour les enfants de moins de douze ans. Ce tarif comprend les frais de transfert de Soucouta à l'ile, et permet des activités telles que la découverte du sentier écologique, des promenades en canoë-kayaks, baignades, randonnées pédestres, collecte de coquillages avec les femmes. La visite de l'écomusée de Diorom boumak, la visite de l'Aire Marine Protégée et du mirador, promenade en pirogue pour visiter l'ile aux oiseaux et une initiation à l'ornithologie sont aussi des activités proposées aux touristes mais elles sont payantes.

Dans l'Aire Marine protégée, l'exploitation des ressources halieutiques est formellement interdite afin que les espèces puissent se reproduire et l'IRD a été en chargé du recensement et du suivi des espèces qui se reproduisaient ou passaient une partie de leur existence dans la zone protégée. Mais depuis quelques mois, un nouvel accord a été mis en place entre l'AMP Keur Bamboung et Biotop afin que celui-ci soit chargé du suivi des espèces végétales, et propose un plan de gestion et d'exploitation de certaines ressources.

Concernant la promotion du tourisme durable, les principales activités réalisées par l'Océanium sont :

v Economiser les ressources fossiles et maîtriser les ressources renouvelables,

v Limiter et maîtriser les déchets en favorisant l'utilisation de produits biodégradables, en pratiquant la récupération et la transformation des déchets, etc.,

v Privilégier les produits locaux (Brique en Terre Cuite par exemple),

v Sensibiliser les acteurs (visités et visiteurs) à la protection de l'environnement et au respect des biodiversités,

v Maîtriser le flux des visiteurs pour optimiser la qualité d'accueil,

v Développer des activités permettant des échanges culturels par l'information, la formation et la participation de tous les acteurs,

v Adapter les technologies de pointe aux savoirs faire traditionnels. Par exemple, le campement a été construit avec des Briques en Terre Cuite (BTC),

v Coupler l'économie touristique ainsi créée à l'économie locale pour en optimiser les retombées.

B/ Management de l'AMP et Redistribution des recettes

Pour que ce site puisse se développer dans les meilleures conditions et que cela puisse se pérenniser, l'Océanium a fait en sorte que les autochtones s'approprient cette réalisation. Cette localité compte en tout 52 villages et à la suite d'une concertation entre l'Océanium, les élus locaux et les populations locales, il avait été unanimement décidé que seuls 14 villages feraient partie du comité de gestion, il s'agissait de ceux où la pêche est l'activité principale.

Le projet de création de cette AMP remonte à bien avant 2001, année durant laquelle l'Océanium a commencé à sensibiliser les populations locales et cette aire protégée a été fonctionnelle un peu plus de 24 mois plus tard, mais le décret de création des aires marines protégées au Sénégal ne sera publié que le 30 Avril 2004. A la publication de ce décret, les aire marines protégées étaient sous la juridiction du ministère de l'environnement qui avait de ce fait affecté des agents des eaux et forêts qui étaient chargés, avec quelques villageois, de la surveillance du site. Il y avait aussi un conservateur pour l'AMP, mais depuis le mois de Mars 2009, un nouveau décret place toutes les AMPs du Sénégal sous la tutelle du ministère de la pêche. Depuis lors, tout le personnel qui était affecté sur place par le ministère de l'environnement avait été relevé, puis depuis peu ils ont été remplacés par des agents de la Marine Nationale et des agents de la Direction de la pêche et surveillance de la pêche.

Et ainsi, après le balisage de a zone à protéger, les habitants des 14 villages impliqués dans gestion du site ont mis en place un comité de gestion composé de 9 membres. Ce bureau a été mis en place dès la création de l'Aire Marine Protégée et il est chargé de la gestion, de la protection et de la supervision du site. Et il y a aussi un comité de surveillance qui a été mis en place aussi composé de 10 volontaires. Ces volontaires surveillent continuellement l'AMP à partir d'un mirador et disposent d'une pirogue pour des patrouilles et éventuellement intercepter des pêcheurs qui violeraient la mise en défens du site, ce qui peut être sanctionné par une peine d'emprisonnement.

Chaque trimestre une réunion est organisée par le comité de gestion afin de comptabiliser et de redistribuer les recettes obtenues, et aussi pour fixer un plan de gestion pour les 3 prochains mois. L'organigramme du bureau de ce comité s'établit comme suit :

PRESIDENT

IBRAHIMA DIAME

(SOUCOUTA)

Vice- PRESIDENT

SIDIYA DIOUF

(BOSSINKANG)

SECRETAIRE GENERAL

EL HADJ AMADOU NDAW

(SOUCOUTA)

TRESORIER GENERAL

DOUDOU DIAME

(MEDINA SANGAKE)

SECRETAIRE GENERAL

ADJOINT

SARATA SEÏDY

(DASSILAME SERERE)

TRESORIER-ADJOINT

DIATOU DOUMBOUYA

(SIPOH)

COMMISSAIRE AUX COMPTES

MAMADOU DEMBA

(BETINTI)

COMMISSAIRE AUX COMPTES

MARIAMA SARR

(SANGAKO)

COMMISSAIRE AUX COMPTES

BASSINE MANE

(MISSIRA)

Chacun des autres villages faisant impliqués dans la gestion de l'aire protégée et n'ayant pas de membre dans le bureau compte aussi un représentant dans le comité de gestion. Les autres personnes présentes à ces réunions trimestrielles sont : 

Ø Des agents de la direction de la pêche et surveillance de la pêche,

Ø Des agents de la direction des Parcs Nationaux,

Ø Des membres du conseil rural de Toubacouta,

Ø Le chef du C.E.R. (Centre d'Extension Rurale)

Ø Les usagers : ce sont de nouveaux membres du comité de gestion, il s'agit d'autochtones qui sont concernés par l'utilisation directe des ressources

Ø Le comité de surveillance

Ø Et les gérants du campement écotouristique

Avant la tenue de cette réunion, les gérants du campement sont chargés d'effectuer le versement mensuel des salaires de tous les employés du campement. Puis c'est durant cette réunion que la répartition des recettes provenant du campement se fait et elle est effectuée de la manière suivante : 1/3 des recettes va être donnée à la communauté rurale de Toubacouta, le second tiers sera utilisé pour les besoins de l'Aire Marine ; alors que le dernier tiers va être affecté au campement.

RECETTES ECOTOURISTIQUE

AIRE MARINE PROTEGEE

COLLECTIVITES LOCALES

CAMPEMENT ECOTOURISTIQUE KEUR BAMBOUNG

La partie reversée à l'aire marine protégée est destinée à assurer l'entretien des pirogues de patrouille, à l'achat de carburant pour le déplacement des surveillants, à leur nourriture et aux autres besoins liés à la surveillance de la zone protégée.

Le second tiers qui est destiné à la communauté rurale est destiné à être utilisé pour la construction des infrastructures locales comme par exemple des écoles, des centres de santé ...

La dernière partie des recettes sera réaffecté au campement et va servir de fonds de roulement, pour l'achat de denrées de consommation destinées au restaurant, et éventuellement pour effectuer des réparations, changer la paille des cases chaque 2 à 3 mois et de désherbants.

III/ PRESENTATION DE L'OCEANIUM ET DU PROJET « NAROU HEULEUK »

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway