WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Decomposition regionale du bien-ėtre social au cameroun pendant et apres les ajustements structurels: une application de la fonction de bien-ėtre social generalisee

( Télécharger le fichier original )
par Ferdinand Joel Martin MBENDA KOMBO
Université Yaoundé II SOA - DEA Economie mathématiques et économétrie 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3. 3. Critique de la Théorie du Bien-être Social

La critique de la théorie du bien-être social ici sera bâtie autour de deux questions. La première est relative à la possibilité de traiter du bien-être social de manière normative, en laissant hors champ les jugements politiques et moraux sur les finalités du développement social. La seconde a trait à la nature des biens (économiques ou autres) qui doivent être pris en compte pour évaluer le bien-être.

3. 3. 1. Les approches économiques et leurs limites

- La richesse au sens de la comptabilité nationale : une évaluation marchande

Le reproche fait à la comptabilité nationale est de ne pas fournir de mesure pertinente du bien-être social. L'un des problèmes auquel se heurte actuellement la Comptabilité nationale, et qui justifie certaines des critiques qui lui sont adressées, résulte du poids croissant d'activités économiques pour lesquelles cette convention marchande ne fournit pas de réponse claire. Le caractère peu satisfaisant de la mesure de la productivité des services

révèle la fragilité du partage volume-prix dès que la production n'est plus faite d'objets matériels standardisés. Que l'on soit mieux soigné, les professeurs plus compétents, les administrations plus efficaces, etc., constituent indéniablement des faits économiques que l'on devrait pouvoir mesurer. Or, la Comptabilité nationale ne le permet pas. La modification de la structure de la production en faveur des services et de l'immatériel rend de ce fait plus douteuse la signification du taux de croissance de l'économie. Il n'est cependant pas évident que la solution consiste à remettre en cause la philosophie actuelle des comptes nationaux pour essayer d'y faire entrer, par exemple, une mesure de l'utilité sociale des activités de service. Le gain d'informations risquerait d'être bien maigre comparé à l'inconvénient d'une perte de cohérence du système. Reste que cela n'interdit pas d'élaborer des indicateurs de bien-être économique au sens d'Osberg et Sharpe, partiellement fondés sur les données de la comptabilité nationale.

De fait, le procès du taux de croissance est d'abord celui de son utilisation, réelle ou supposée, comme mesure de l'évolution de la richesse et du bien-être social. Nul ne contestera qu'un accroissement général de la production, toutes choses restant égales par ailleurs, améliore le bien-être, mais cela ne signifie pas que l'on puisse se limiter à des fonctions de bien-être social dont les seuls arguments sont des biens pris en compte dans le calcul du PNB.

- Les théories du bien-être et du choix social conduisent à une impasse.

Cette autre critique vaut pour toutes les fonctions d'utilité, indépendamment de leur capacité à prendre en compte la question des inégalités. Dans sa version la plus sommaire (définissant l'utilité sociale comme la somme des utilités individuelles), l'utilitarisme ignore les problèmes de répartition et présente un biais évident en faveur des inégalités (dans la mesure où celles-ci peuvent être favorables à un accroissement global de la richesse). Cette première critique n'atteint pas l'ensemble de l'économie du bien-être, dans la mesure ou rien n'interdit d'utiliser des fonctions « de type Rawls » W= min (U1, ....Un) qui font dépendre le bien-être global de celui des plus démunis.

On s'attachera aussi à deux critiques plus fondamentales qui visent toute formulation faisant usage d'une fonction d'utilité. La première critique a été formulée depuis longtemps par les économistes eux mêmes et elle est au point de départ de la « nouvelle économie du bien-être »: d'un point de vue logique, rien n'autorise à supposer la comparabilité (ou la

commensurabilité) des utilités individuelles (postulat individualiste). Or, toute fonction d'utilité suppose qu'il existe une commune mesure des bonheurs individuels.

La seconde critique semble viser également la nouvelle économie du bien-être. Rappelons brièvement le principe de Kaldor-Hicks qui en constitue l'un des fleurons: un état de l'économie est jugé supérieur à un autre si, pour parvenir à cet état, les bénéficiaires du changement peuvent potentiellement dédommager les perdants et ainsi en arriver à une amélioration parétienne (qui permet d'améliorer le bien-être d'au moins une personne impliquée sans pour autant détériorer le bien-être des autres). Ce principe se résume en fait à postuler que l'on peut dissocier les problèmes de production et de redistribution ou, ce qui revient à peu près au même, que les diverses formes d'utilité sont monnayables.

L'exemple suivant montre quelles conclusions aberrantes peuvent être tirées d'une telle prémisse: en 1991, Laurence Summers, alors économiste en chef à la Banque Mondiale, recommandait que la Banque encourage le transfert des industries polluantes dans les pays en développement, en application directe du principe de Kaldor-Hicks. Si l'on admet que des gains économiques peuvent légitimement compenser les atteintes à la santé des populations, le raisonnement est difficilement attaquable: « la mesure des coûts de santé liés à la pollution dépend des pertes économiques dues à un accroissement de la morbidité et de la mortalité. De ce point de vue, un montant donné de pollution doit être fait là où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui sous-tends l'exportation des nuisances toxiques dans les pays à bas salaires est impeccable et que nous devons la prendre en compte »3. Supposer que l'on puisse compenser monétairement toute atteinte au bien-être revient à renforcer le pouvoir (discrétionnaire) de l'argent: c'est donc tout sauf un choix politiquement neutre.

Pour contourner l'obstacle de la non comparabilité des utilités individuelles, K. Arrow a tenté de remplacer les fonctions d'utilité par les préférences (ou plus généralement des relations d'ordre) auxquelles elles sont associées, replaçant en fait la théorie du bien-être dans le cadre plus large d'une théorie du choix social. Mais cette tentative débouche sur une impasse.

3 Cité par House, repris dans Bernard Perret L'évaluation des politiques publiques, collection Repères, La Découverte 2001).

Par ailleurs dans sa conférence Nobel4, Amartya Sen suggère que la seule issue pour l'économie du bien-être consiste à remettre en cause l'hypothèse de non comparabilité des utilités individuelles. Si les économistes veulent prétendre qu'une situation est meilleure qu'une autre, ils doivent s'autoriser certains jugements comparatifs sur le bien-être des individus.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand