DEDICACE
A mon père Joseph KAMBALE KABANGE et à ma
mère Thérèse KAVIRA MUVUNGA pour m'avoir aidé
à développer mes talents et à m'inscrire dans la famille
des intellectuels ;
A mes frères et soeurs, neveux et
nièces ;
A mes oncles et tantes, cousins et
belles-soeurs ;
A mes collègues et amis ;
A l'humble compagne de mes futurs jours (bons ou mauvais),
et à tous ceux qui m'ont fait de la peine car les contradictions
apportent une énergie nouvelle pour supporter le poids de la
vie.
Je dédie ce travail,
Paul VYASONGYA.
AVANT-PROPOS
Nombreuses sont les perspectives qui s'offrent au regard de
celui qui a atteint le sommet de la montagne. Les changements demeurent
cependant inévitables dans toutes les vies. Il nous est donc parfois
difficile d'y faire face, car l'inconnu peut être effrayant et même
des changements positifs peuvent être stressants. L'écoulement
constant de nos vies est surtout marqué par des variations et des
tournants des changements bien ou mal accueillis. C'est dans ce sens que
certaines personnes nous ont tenu la main pour nous faire sortir des
ténèbres vers la lumière et de certains vices vers des
vertus.
Notre première reconnaissance au Dieu Tout-Puissant,
être Transcendant, source de toute vie ;
A Son Excellence feu Monseigneur l'Archevêque Emmanuel
KATALIKO, fondateur de l'Université Catholique du Graben pour son oeuvre
grandiose, exprimons notre reconnaissance ;
Nos sentiments de profonde gratitude s'adressent
également à l'évêque du Diocèse de
Butembo-Beni et Grand Chancelier de l'Université Catholique du Graben,
Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech.
Par le seul fait que c'est dans l'évolution que toutes
les choses s'accomplissent nos sincères remerciements s'adressent
d'abord à notre Directeur ; le Professeur Ordinaire ISANGO IDI
WANZILA qui a accepté de superviser ce travail et de suivre son
déroulement scientifique. Qu'il veuille accepter nos sentiments de
gratitude.
Que les mêmes sentiments de remerciement atteignent tous
les professeurs de la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et
Administratives. Nous pensons spécialement à Monsieur
l'Abbé Recteur MUHOLONGU MALUMALU, aux professeurs Paul MATUMO, MUSUBAO
KIVETE, MAMBO MASINDA, VWAKYANAKAZI MUKOHYA, NYEMBA SOUGA Jacob, Gaspard
MUHEME, MULUMBATI NGASHA, etc.
Nous n'oublions pas les Chefs de Travaux KAMBALE MUNZOMBO,
EKILI TABU, MALIKIDOGO SHAKALI, TOENGAHO LOKUNDO, OTEMIKONGO MANDEFU, au
Docteur MALIKWISHA MENI et aux Assistants PERUSI MATAMBO, KAHINDO MUHESI,
Nissé MUGHENDI et Roger MWANAWAVENE pour l'encadrement de ce travail.
Nos sentiments de profonde gratitude s'adressent
également à tous nos éducateurs jusqu'à nos
jours : ils nous ont appris que ce qui est beau et vrai est toujours
difficile à obtenir et que les parcours de la vie n'est qu'un
pèlerinage allant de l'imperfection à la perfection, de la
médiocrité à l'excellence. Qu'à travers ces lignes,
mon grand-père KATEMBO KITSA FURAHA daigne trouver nos sincères
remerciements. Nous pensons également à la famille MASEMBE,
à la famille SINAMALI, à la famille ODETTE VYASONGYA, à la
famille WASUKUNDI, à la famille KATUNGU TSUGHUTSI, à la famille
Jean-Pierre MIREVO.
Nous nous faisons un agréable devoir et une indicible
joie d'adresser nos remerciements à la famille KIWEDE PERUZI pour les
bienfaits incalculables quotidiens et à la famille KAVOTA ALEXIS qui
nous prête main forte.
Nous profitons aussi de l'occasion pour manifester toute notre
reconnaissance à NATHALIE MAICHE, LUCA JOURDAN, BAZIL KARIM ABDUL,
Nicaise KIBEL BEL OKA, Jean-Remy et Marcelline MAKANA, Daniel KAMBERE, Gianni
NOVELLO, Nico LAKIS, qui ont combattu avec nous dans la terreur de la
guerre.
C'est aussi l'occasion d'adresser nos sentiments de
fraternité à NGURU et NDOVYA VYASONGYA, KITSA VYASONGYA, Elois et
Sylvie VYASONGYA, Alphonsine VYASONGYA, Marie-Stella VYASONGYA et Desanges
VYASONGYA.
De même que KAVIRA MUHESI Agnès, Alem's MUHESI,
FURAHA MUHESI, KAMBALE MUHESI, KAMBALE MUHONGYA, KAMBALE KAVOMBANO, KAMBALE
MUVOTYO, D'Alzon KABANGE, Patrick et Vivi SAMBO, Jimmy PERUZI, ORTENSE MUNDEKE,
MUGHOLE KITSA, BETHY KAMBALUME, KASWERA MASIKA Tantine, Nicole et DOUDOU
LEKATA, MAMISA NYAMWISI, SAFARI MASEMBE, Vital MASEMBE, SAFI MASEMBE et KASONGO
MASEMBE.
Nous n'oublions pas nos compagnons de lutte MBUSA MALAMBO,
EDDY MBOTE, Philémon SIVAYIRWANDEKE, Ghislaine VAHAVIRAKI, Cuypers
ATSHONGYA, MBINTULE MITONO, Pélot KYAKWA, Erasme MUTAMBAYIRO, Julien
BALENDO, KAMBALE KAKOMBI et sa femme KAVUGHO José.
A tous les amis et connaissances : Que ce travail soit
vraiment leur.
KAKULE VYASONGYA Paul.
SIGLES ET ABREVIATIONS
1. A.F.D.L. : Alliance des Forces Démocratiques
pour la Libération.
2. A.P.C. : Armée du Peuple Congolais
3. A.P.R. : Armée Patriotique Rwandaise
4. B.B.C. : British Broadcast Corporation
5. B.C.D. : Banque de Commerce et de
Développement
6. B.D.C.I. : Banque de Développement de
Commerce et d'Industrie.
7. B.I.C. : Banque Internationale de Crédit
8. F.A.C. : Forces Armées Congolaises
9. F.D.D. : Force de la Défense de la
Démocratie
10. F.M.I. : Fonds Monétaire International
11. F.P.R. : Front Patriotique Rwandaise
12. M.L.C. : Mouvement de Libération du Congo
13. M.O.N.U.C. : Mission des Nations Unies au Congo
14. M.P.R. : Mouvement Populaire de la
Révolution
15. O.N.U. : Organisation des Nations Unies
16. OFI.D.A. : Office des Douanes et d'Accises
17. P.I.B. : Produit Intérieur Brut
18. R.C.D. : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie
19. R.C.D./M.L. : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie/Mouvement de Libération
20. R.D.C. : République Démocratique du
Congo
21. SO.MI.G.L : Société Minière des
Grands Lacs
22. SO.N.EX. : Société Nationale
d'Exportation
23. U.C.G. : Université Catholique du Graben
24. U.D.I. : Union des Démocrates
Indépendants
25. U.D.P.S : Union des Démocrates pour le
Progrès Social.
26. U.FE.R.I. : Union des Fédéralistes
Républicains et Indépendants
INTRODUCTION GENERALE
1. ETAT DE LA QUESTION
Celui-ci consiste en un recensement des travaux
antérieurs en vue d'en dégager ou d'y découvrir des
nouvelles pistes. C'est dans cet esprit que le sujet que nous traitons a pu
être étudié par d'autres chercheurs. A titre illustratif,
le Rapport indépendant du PANEL, réalisé sous la direction
de Monsieur Mahmoud KASSEM, qui note que, bien que le conflit en
République Démocratique du Congo ait perdu son intensité,
le pillage des ressources naturelles s'est effectué à travers des
réseaux d'élites du Rwanda, de l'Ouganda, du Zimbabwe et du
Gouvernement de la République Démocratique du Congo((*)1). P. MATHIEU et J.C. WILLAME
sont d'avis que les enfants nés du métissage entre Tutsi et
congolais sont les acteurs dynamiques dans les conflits et guerres à
l'Est de la République Démocratique du Congo. Ceux-ci restent
limités dans le triangle Goma-Walikale-Ruttshuru((*)2). Au sujet de la guerre du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie (R.C.D. en sigle), E.
BOISSONNADE affirme qu'elle est plus économique que de formation d'une
nouvelle élite au Congo((*)3). Gaspard BAGALWA MUHEME, quant à lui, affirme
que toute guerre au Kivu, nonobstant ses multiples facettes, n'a rien
derrière elle que des intérêts et des visées
purement économiques((*)4). KABUYA LUMUNA S. stipule que la flambée des
guerres au Kivu serait due à une quête identitaire((*)5). Filip REYNTJENS affirme que
les problèmes identitaires au Nord-Kivu se base aux flux migratoires
Rwandais d'avant, pendant et après la période coloniale((*)6). Dans sa monographie, Roger
MWANAWAVENE a plutôt mis l'accent sur la circulation massive d'armes
légères et dont se servirait chaque ethnie ou clan pour son
autodéfense dans le Nord-Kivu((*)7) . Ce qui n'a pas manqué de jaillir dans
son mémoire où il a démontré la prise en charge de
la société civile dans cette contrée malgré cette
velléité belliqueuse, et ce, en vue de la bonne gouvernance dans
la région.
Il sied de signaler que cette dissertation n'est qu'une
continuation de nos recherches amorcées en graduat. Dans ce travail,
nous nous démarquons de ces résultats en précisant les
sites, les ressources pillés ainsi que les responsabilités des
Etats et factions rebelles dans le pillage des ressources au Congo-Kinshasa.
Cette spécificité de l'implication des acteurs n'avait pas
été bien traité dans notre travail
précédent. Car une monographie est plus explicative qu'un travail
de graduat qui n'est que descriptif.
2. PROBLÉMATIQUE ET
HYPOTHÈSES DU TRAVAIL
2.1. Problématique
La chute du mur de Berlin, la fin de la guerre froide, les
ajustements structurels et d'adoption de nouveaux modes de gestion ou bonne
gouvernance, les diverses pressions extérieures, la
libéralisation des régimes de l'Est, cela, aux années
quatre-vingt-dix, s'est concrétisée par des tenues de
conférences nationales. Celles-ci, dans les Etats africains qui les ont
organisées, ont accouché d'une souris. C'était suite au
difficile passage de la dictature à une bonne gouvernance. Les
mouvements socio-politiques qui s'ensuivirent n'ont pas su intégrer la
quasi-totalité des systèmes politiques africains.
La République Démocratique du Congo n'en est pas
épargnée. Celle-ci ne s'est pas encore relevée de ces
bouleversements jusqu'à nos jours. La crise institutionnelle et
constitutionnelle n'a cessé de remettre en question sa
souveraineté, hypothéquée par une classe politique
irresponsable (divisée), la médiocrité administrative, la
militarisation de la région, l'extraversion de son économie...
Dans cette perspective au cours de cinq dernières
années (1998-2003), la République Démocratique du Congo,
en général, et le Nord-Kivu, en particulier, cible de notre
investigation, ont été victimes d'une guerre
d'agression-rébellion. Etant donné la complexité des
acteurs ainsi que les mobiles socio-politiques et économiques, notre
préoccupation a consisté à essayer de découvrir les
causes et motivations qui seraient à la base de cette guerre.
Par ailleurs, il est également légitime
d'identifier les responsabilités des acteurs et leurs stratégies
mises en oeuvre dans le pillage des ressources du Nord-Kivu. Telle est la
problématique qui constitue l'ossature de notre mémoire. Force
nous est d'y suggérer quelques réponses anticipatives.
2.2. Hypothèses
Pour répondre aux interrogations esquissées dans
notre problématique, nous pourrions penser à la mauvaise
gouvernance du pays, à la question de nationalité à l'Est
du pays et à la convoitise que suscitent les ressources naturelles de la
République Démocratique du Congo. L'enjeu d'occupation n'est pas
non plus à exclure. C'est ainsi que chacun des acteurs a pris partie de
sa participation à cette guerre du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie selon ses visées. C'est la sacralisation du
morcellement du territoire congolais.
Cela fait que les acteurs sont de deux types : les
acteurs internes et les acteurs externes. En effet, parmi les acteurs externes
dans le réseau d'exploitation des ressources, nous pouvons identifier
les sociétés militaro-industrielles, les multinationales
minières et les mercenariats d'Etat Ougandais, Rwandais et Burundais.
Ceux-ci auraient joué un rôle important dans cette guerre au
Nord-Kivu, en mettant en place de véritables réseaux
d'élite qui alimentent des micro-conflits dans le pays afin d'exploiter
des minerais. Le diamant, le colombotantalite, les produits agricoles, les
taxes d'importation, les bois, même des recettes fiscales, des cheptels
bovins et caprins ont été les cibles de cette guerre.
Quant aux acteurs internes, ceux-ci, d'une part les
Rwandophones, veulent l'acquisition de la nationalité congolaise
massivement. D'autre part, les Congolais de souche justifient leurs
participations à cette guerre par la mégestion des régimes
précédents. Tout au long de cette dissertation, nous aurons
à infirmer ou confirmer ces hypothèses. Mais c'est pourquoi la
phase méthodologique s'impose en vue de l'opérationnalisation de
ces concepts.
3. MÉTHODES ET TECHNIQUE
3.1. Méthode
Le mot méthode revêt plusieurs sens. Pour R.
PINTO et M. GRAWITZ, la méthode est l'ensemble des opérations
intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit ; les démontre et les
vérifie((*)1). Elle
est également définie par le dictionnaire Petit Robert comme un
ensemble des démarches que suit l'esprit pour découvrir et
démontrer la vérité((*)2).
Pour vérifier nos hypothèses, la
complexité même du phénomène à traiter
(guerre du R.C.D.) et la contradiction qui existe entre ses acteurs
suggèrent de recourir à la méthode dialectique. Celle-ci
considère le monde comme un ensemble des réalités
changeantes et liées les unes aux autres.
C'est pourquoi, en vue d'atteindre l'objectif
sus-évoqué, nous nous sommes servi de la règle de la
totalisation dialectique qu'englobent toutes les autres règles de la
dialectique, à savoir : la loi de l'action réciproque, la
loi de la contradiction, la loi du changement de la quantité en
qualité((*)2). Dans
cette optique, nous définissons une « loi » comme
une relation, un rapport entre la cause et ses effets qui expliquent une ou
plusieurs phénomènes. Ces lois sont représentées
par des théories explicatives.
La loi de l'action réciproque ou de la
connexion universelle
Elle postule que les phénomènes sociaux,
politiques, comme les phénomènes naturels sont liés d'une
manière ou d'une autre les uns aux autres, qu'ils agissent les uns sur
les autres. Cette loi nous est utile dans ce travail car elle nous permettra de
saisir les actions qui s'observent dans le territoire rebelle du R.C.D. dans le
domaine économique, social et politique. Concrètement cette
rébellion arrête des mesures ou décisions sociales et la
société réagit négativement ou positivement,
publiquement ou dans la clandestinité. Cela l'oblige de prendre de
nouvelles dispositions illégales ou une attitude
d'indifférence.
C'est notamment la présence d'une force militaire
étrangère sur son territoire ou d'une nouvelle guerre qui
s'impose une année après celle de l'A.F.D.L. Pour cela, la
population congolaise avait qualifié cette guerre d'inutile et
inopportune.
La loi de la contradiction
Elle stipule que la lutte des contraires est la source
même du progrès et le moteur de l'histoire. Pour arriver à
cette lutte, génératrice du progrès, les contraires
doivent être mis ensemble, c'est-à-dire se poser en
éléments, en composantes d'une même totalité.
Dans cette dissertation, cette loi sera nécessaire pour
une remise en question des acteurs tant internes qu'externes suite aux
mutations politiques et discussions internes au sein du régime du R.C.D.
En fait, depuis le 02 août 1998, cette guerre conduite par l'Ouganda, le
Rwanda et le Burundi a présenté sur terrain plusieurs
contradictions. D'une part entre les alliés eux-mêmes (cas de la
guerre de Kisangani entre Rwandais et Ougandais) et d'autre part entre les
factions rebelles (scission du R.C.D. en deux factions RCD/ML-Kisangani et
RCD/Goma).
En principe, la question de la guerre d'agression sous l'image
du R.C.D. est une réalité contradictoire du moment que les
alliés se réfèrent à des situations contraires.
L'autorité de Kampala accuse Kigali d'entretenir ses ennemis sur le sol
congolais et vice-versa((*)1).
La loi du changement dialectique
Celle-ci stipule que la réalité sociale n'est
pas figée. Elle est plutôt en constante mutation. Ce mouvement
constant qui se traduit par l'évolution, le changement et le
développement des faits, se rapporte au bien à leur apparition
qu'à leur disparition dans le temps. Il n'y a pas de présent qui
ne soit pas lié au passé. D'où l'importance de
l'histoire((*)2).
Dans le cadre précis de cette étude, cette loi
nous aidera à expliquer en quoi l'avènement de la guerre
d'agression du R.C.D. dans la province du Nord-Kivu constitue un vieux
problème dont l'explication se trouve liée au contexte
historico-politique à l'Est du Congo-Kinshasa.
La loi du changement de la quantité en
qualité ou du développement qualitatif
Cette loi prône que le développement
apparaît comme le passage des changements quantitatifs, insignifiants et
latents à des changements qualitatifs qui, eux, sont radicaux et
apparents. Ce processus de changement doit être compris non comme une
simple répétition du chemin parcouru mais comme le passage
à l'état qualitatif, comme un développement qui va du
simple au complexe, de l'inférieur au supérieur((*)3).
Ce changement ne peut s'opérer que dans la mesure
où les pays alliés aux rebelles et les sociétés
multinationales d'exploitation minières doivent privilégier
l'exploitation légale plutôt que l'exploitation illégale
des matières premières du Congo-Kinshasa. C'est un Etat qui
développe la libre circulation des personnes et de leurs biens sans
tenir compte de la race, de la nationalité, du sexe et de la religion,
mais selon le respect de sa souveraineté.
3.2. Techniques
GRAWITZ M. entend par technique, des procédures
précises et transmissibles que l'on utilise en vue d'atteindre des
résultats déterminés((*)4). Etant donné que le choix des techniques est
souvent fonction de la méthode et du genre de problème à
étudier, les techniques documentaires nous ont été
indispensables dans l'assemblage des données relatives à notre
travail.
L'observation directe nous a permis de nous rendre compte des
conditions d'une guerre d'agression-rébellion et d'exploitation dans
lesquelles vivent les populations du Nord-Kivu. Notre présence dans
cette région depuis l'avènement de cette guerre suivie de nos
analyses quotidiennes nous pousse à bien cerner cette question depuis
1998.
La technique d'interview libre pallie les insuffisances de
l'observation directe pour éviter des préjugés. Elle nous
a facilité un échange libre avec certaines autorités
rebelles de la place, certains responsables de la société civile,
des commissaires et secrétaires généraux des factions
rebelles, des populations victimes de cette guerre. Nous n'avons pas mis de
côté des déplacés des guerres interfractionnelles et
ethniques, des acteurs de la force d'autodéfense populaire dite
Mayi-Mayi, etc.
Grâce à la documentation, nous sommes parvenu
à asseoir effectivement les deux techniques (d'observation directe et
d'interview libre). La technique documentaire nous a de prime abord mise en
contact avec les écrits sur cette guerre. Elle nous a aussi permis de
fouiller l'arsenal documentaire qui touche au problème du pillage
systématique des ressources congolaises ainsi que son impact sur la vie
socio-politique et économique des citoyens du Nord-Kivu. Il s'agissait
notamment d'ouvrages, de revues, de journaux, d'archives rebelles..., que nous
avons consulté et dont nous avons tiré certaines informations de
base.
4. Choix et intérêt du
sujet
Ce sujet contribuera à nous aider à mieux
comprendre les causes, les mobiles et acteurs impliqués dans le pillage
systématique des ressources de la R.D. du Congo en général
et du Nord-Kivu en particulier. Cette guerre nous interpelle en tant
qu'étudiant politologue chercheur dans un premier temps et d'autre part
en tant que victime d'une agression occupation injuste.
Ce travail intéresse aussi les acteurs politiques
régionaux. Ils pourront y puiser des informations utiles dont ils
peuvent se servir pour comprendre que dans la région des Grands Lacs
existent des idéologies expansionnistes d'exploitation, l'obstacle de la
pensée unique de développement régional et
transnational.
5. Délimitation du sujet
La problématique que pose la délimitation de
notre étude est la temporalité et la position
géostratégique que joue la province du Nord-Kivu dans la guerre
du R.C.D. D'abord sous l'influence des deux factions rebelles pro-rwandaise
(R.C.D./Goma) et pro-ougandaise (R.C.D./M.L.-Kisangani) suite aux dissensions
internes au sein du R.C.D. Originel. Ensuite, sous deux influences
administratives : le Nord-Kivu dont Goma est le chef-lieu et le
Nord-Kivu/bis avec Beni comme chef-lieu.
Dans ce travail, nous prendrons en considération la
délimitation de la province du Nord-Kivu dans sa configuration
originale. Cette prise en considération pourra nous permettre d'analyser
l'influence du Rwanda et de l'Ouganda dans cette province s'allongeant à
leurs frontières.
Dans le temps, nous avons choisi la période allant de
1998 à 2003. Ce choix n'est pas très pertinent parce que la
présence des troupes militaires rwandaises et ougandaises s'y est
toujours fait sentir. Mais il se justifie par le fait que c'est en 1998 que le
R.C.D. est devenu un des acteurs virulents dans le pays et au Nord-Kivu.
6. Difficultés
rencontrées
Pendant nos enquêtes, nous avons connu des entraves pour
réaliser ce labeur. Nous nous sommes buté à plusieurs
écueils, suite à l'importance de notre questionnement ayant trait
aux acteurs qui se sont impliqués dans le pillage des ressources.
Nombreux de nos enquêtés se sont réservés dans la
citation des noms des individus rebelles qui se sont sali les mains dans le
trésor rebelle. Cette réticence des agents enquêtés
nous a permis de procéder par des entretiens libres et visites
répétés comme approches et techniques apprises en sciences
sociales. Bref, il a fallu qu'on soit audacieux et déterminé
à venir au bout de ce travail. Ainsi, nous ne nourrissons pas de
prétention d'avoir réalisé un travail exhaustif.
Chapitre Premier :
CONSIDERATIONS GENERALES
I.1. CONCEPTS ET
THÉORIES
Clarifier un concept c'est définir les contours
dimensionnels ou les limites d'un mot, sa teneur et ses variations
spatio-temporelles possibles.
Dans ce cadre précis, nous allons examiner les concepts
« Guerre », « Agression »,
« Rébellion », et préciser ce que nous
entendons par « nationalité »,
« gouvernance » et « ressource ». Cela
étant dit, passons au premier concept de notre travail.
I.1.1. La Guerre
Du francique « werra » qui signifie
« à éliminer ». Le dictionnaire Robert
stipule que la guerre est une lutte armée entre groupes sociaux et
spécialement entre Etats. Elle est également un fléau, un
cataclysme, une calamité((*)1). De nombreuses définitions de la guerre ont
été proposées. L'une des classiques, QUINCY WRIGHT, de
l'Université de Chicago, qui définit la guerre comme un contact
violent entre entités distinctes mais similaires((*)2). Les Etats à l'instar
des lions ou des tigres peuvent ainsi entrer en contact violent. Cette
définition est insuffisante puisqu'elle ignore l'importance de l'aspect
politique de la guerre. Un stratège traditionnel comme CLAUSEWITZ dit
que « La guerre est la simple poursuite de la politique par d'autres
moyens. »((*)3).
En ce sens, la guerre représente une lutte armée entre ennemis
aux buts politiques inconciliables ou incompatibles et qui comporte toujours le
potentiel d'une ascension à l'extrême. C'est-à-dire un
engagement sans limite pour atteindre la victoire et la destruction de
l'adversaire. Elle présente alors l'ultime instrument de la politique.
Pour Gaston BOUTHOUL, la guerre est la lutte armée et sanglante entre
groupements organisés((*)4). La guerre, pour le classique, implique par
conséquent des actes de violence, menés et organisés par
des acteurs politiques et militaires, qu'ils soient gouvernementaux,
infra-nationaux ou supranationaux et qui se nourrissent des motivations
antagonistes.
En outre, la guerre est faite, on le sait, d'actes de violence
qui annihilent la vie, brisent la liberté, sèment la
désolation, apportent l'insécurité, se fixent comme
objectif la destruction. Lorsqu'elle ne comporte pas de destruction des vies
humaines ou matérielles, elle n'est qu'un conflit ou un échange
de menaces. Ainsi, la guerre peut prendre plusieurs formes et peut varier selon
les époques : la guerre civile, c'est celle qui est dominante
depuis les indépendances, elle se déroule entre les groupes ou
citoyens d'un même pays, qui cherchent à maintenir le pouvoir
politique. C'est le cas de la guerre du Rwanda qui était
rwando-rwandaise en 1994. Ensuite, il y a la guerre dite froide, c'est celle
qui présente le conflit Est-Ouest, elle apparaît dans la
perspective militaire, comme une course aux bases, aux alliés et au
prestige de puissance. Enfin, la guerre d'agression qui se déroule entre
Etats en violant l'intégrité des frontières et la
souveraineté étatique. Néanmoins, la
spécificité de la guerre d'agression-rébellion
présente en R.D.Congo nous invite de définir le concept
« rébellion ».
I.1.2. La rébellion
Le terme « rébellion » provient du
mot latin REBBELIS (re-bellum), il signifie : qui recommence la guerre,
qui se révolte.
La rébellion est l'acte de refuser d'obéir
à une autorité reconnue. Plus explicitement, c'est l'action de
résister avec violence à l'autorité, de se soulever contre
elle. Le rebelle se met en acte de désobéissance explicite soit
qu'il prenne la fuite pour échapper à la Juridiction. La
rébellion militaire est punie de peine plus grave que la
rébellion civile. Toutes les définitions du concept
« rébellion » s'accordent sur deux
éléments de base : la désobéissance et
l'opposition. Pour MULUMBATI NGASHA, la rébellion est entendue comme
l'acte par lequel une partie de la population se soulève contre
l'autorité des gouvernants légalement établis. Elle
constitue une des modalités selon lesquelles se fait le changement
politique((*)1). Cette
définition accentue la dimension selon laquelle on se trouve devant une
autorité de droit. Mais il faudra également considérer le
cas de l'autorité de fait qui subit par-là aussi ce choc de la
rébellion. Comme conséquence de ces deux dimensions, chercher
à s'emparer du pouvoir par la force suite à la dissension entre
autorités civiles et autorités militaires, avec comme
conséquence l'occupation d'une partie du territoire national. Cependant,
toute rébellion suppose une lutte des acteurs internes, la
présence des forces externes suppose une agression.
I.1.3. L'Agression
En parlant de l'agression, nous tournons le regard vers l'ONU
et en particulier sur sa résolution 3314 (XXX) du 14 décembre
1974 de l'Assemblée Générale. L'un des buts essentiels de
l'ONU est de maintenir la paix et la sécurité internationale et
de prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et
écarter les menaces à la paix et réprimer au besoin tout
acte d'agression ou autre rupture de la paix.
Ayant estimé que l'agression est la forme la plus grave
et dangereuse de l'emploi illicite de la force, qui renferme la menace possible
d'un conflit mondial avec toutes ses conséquences catastrophiques,
étant donné l'existence de tous les types d'armes de destruction
massive, il était nécessaire que soit définie une
agression ou du moins un acte d'agression en formulant des principes
fondamentaux qui serviront de guide pour déterminer en cas de conflit
(Cfr Préambules de cette résolution).
L'Assemblée Générale, dans cette
résolution, adopte la définition ci-après :
« L'agression est l'emploi de la force armée par un Etat
contre la souveraineté, l'intégrité territoriale ou
l'indépendance politique d'un autre Etat »((*)1)
Le terme « Etat » est employé sans
préjuger, la question de la reconnaissance ou le point de savoir si un
Etat est membre de l'ONU. Mais aussi il inclut, le cas échéant,
le concept de « groupe d'Etats ».
La constatation de l'agression est de la compétence du
Conseil de Sécurité (C.S.). L'emploi de la force armée, en
violation de la Charte de l'ONU par un Etat agissant le premier, constitue la
preuve suffisante à première vue d'agression. Mais aussi, comme
le Conseil de Sécurité apprécie ou constate les actes
d'agression certaines circonstances pertinentes s'il estime que les actes eu
égard à leurs conséquences ne sont pas d'une
gravité suffisante ((*)2). L'article 4 de cette résolution en
énumère certains actes bien qu'il y ait eu ou
non-déclaration de guerre, susceptibles d'être qualifiés
d'agression à moins qu'ils se soient taxés d'une gravité
moindre.
Dans ce cas d'espèce congolais, il y a eu
d'énormes tergiversations à qualifier la guerre qui s'y vit. Deux
thèses y étaient confrontées : celle interne
privilégiant la présence d'une agression et celle externe
(communauté internationale) mettant l'accent sur la rébellion. En
fait, cette guerre à l'Est du Congo est un véritable imbroglio
quant à ses acteurs et enjeux. Les acteurs externes visibles (le Rwanda,
l'Ouganda et le Burundi) en profitent sous l'alibi sécuritaire et donc
le droit de poursuite en vue de leur propre sécurité
consacrée également par la Charte de l'ONU. Et ils mettent
d'ailleurs à l'avant-plan le soutien à la rébellion
jugée à même de les sécuriser. La thèse
interne, quant à elle, soutient que le pays est victime d'une
agression-rébellion organisée par les voisins en vue d'exploiter
politiquement et économiquement la R.D.Congo.
Dans la mesure où la R.D.Congo attire toujours
l'attention et est l'objet d'ambition de la part de nombreuses diplomaties
étrangères, il est certes sans intérêts de se
pencher attentivement sur le rôle des acteurs. Néanmoins, à
côté des partenaires classiques que sont la Belgique, la France et
les Etats-Unis d'Amérique, il importe également de faire une
analyse consciencieuse du rôle des Etats africains voisins de la
R.D.Congo : le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Ces Etats sont la cible de
l'agression congolaise même si jusqu'à ce temps l'ONU
présente des ambiguïtés pour condamner et qualifier
ouvertement le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi d'agresseurs malgré la
résolution 1304. Par contre, la thèse soutenue est celle d'une
opportunité sécuritaire. Cet objectif sécuritaire ne
suffit pas à motiver les nombreuses interventions du Rwanda, de
l'Ouganda et du Burundi au Congo. Il y a donc d'avance d'autres soubassements
sociaux.
I.1.4. La Nationalité
Ce concept est défini par le dictionnaire Grand
Larousse comme étant le lien juridique et politique donnant à un
individu la qualité de citoyen d'un Etat((*)1). Elle peut être un groupement d'individus
ayant même origine, ou tout au moins une histoire et des traditions
communes : les natalités rendent toutes à s'organiser en
Etats. Etat, condition d'un peuple constitué en corps de nation ;
nation considérée dans sa vie propre et individuelle : la
nationalité rwandaise, un lien qui unit une personne physique ou morale,
ou une chose à l'Etat rwandais. La nationalité des personnes
physiques est attribuée unilatéralement et
discrétionnairement par chaque Etat, elle peut s'acquérir par la
filiation (Jus sanguinis), par la naissance sur le territoire (Jus
solis), par le mariage avec un national ou par adhésion
acceptée (naturalisation). Aussi certains individus peuvent
posséder la nationalité de plusieurs Etats.
I.1.5. La ressource
Pour le Petit Larousse grand format, le concept
« ressource » se définit comme étant
l'ensemble des potentialités qu'offre le milieu physique, notamment dans
le domaine énergétique, minier, forestier. C'est cette conception
de ressource naturelle qu'avait prise en considération le rapport du
PANEL de l'ONU sur le pillage des ressources naturelles en République
Démocratique du Congo. Cependant, nos analyses s'orientent vers les
visions du même dictionnaire qui précise que les ressources sont
les moyens d'existence d'une personne ou élément de richesse ou
encore de la puissance d'une nation. Cette définition tient compte de la
faune, la flore et les finances d'une nation ou d'un individu contrairement au
rapport de l'ONU qui n'avait pas insisté sur les finances publiques et
des biens de personnes pillés.
I.1.6. La gouvernance
Le concept de « Gouvernance » n'est pas
neuf. Depuis longtemps, il a sa place dans des discours politique et
universitaire, dans le sens où il se réfère à la
tâche consistant à veiller au bon fonctionnement des rouages d'un
gouvernement ou d'une entité semblable, par exemple une organisation.
Depuis que la Banque Mondiale (1989) a su désigner les raisons de la
crise qui déferle sur le continent et déceler une carence dans
les méthodes de gouvernement. Plus précisément, elle a mis
le doit sur des phénomènes tels que la personnalisation excessive
du pouvoir, le déni des droits fondamentaux de la personne, la
corruption généralisée et la prédominance de
gouvernement non élus et n'ayant de comptes à rendre à
quiconque. Dans cette perspective, on perçoit un appel implicite, sinon
explicite, à la libéralisation et à la
démocratisation. La croissance ne pourra se produire que si les
dirigeants politiques renoncent à leurs pratiques autoritaires.
La gouvernance, telle que nous la définissions ici, est
la gestion consciente et organisée des structures du régime, dans
le but de renforcer la légitimité de la sphère
publique((*)1). Dans cette
définition, le régime et la structure de la gouvernance sont
identiques. Pour GORAN HYDEN, la gouvernance est un concept relationnel, qui
met l'accent sur la nature des interactions entre l'Etat et les acteurs de la
société((*)2). Pour le dictionnaire Webster, le mot
« gouvernance » est synonyme de
« government », qu'il s'agit de l'art ou du processus du
gouvernement, (en particulier) de la direction et du pouvoir, revêtus
d'autorité. Cette définition se rapporte aux actions et aux
fonctions du pouvoir exécutif.
I.2. CADRE THÉORIQUE SUR LA
GUERRE
La guerre actuelle au Nord-Kivu que nous étudions
présente plusieurs ambiguïtés pour les analystes et surtout
par son caractère d'agression, occupation, rébellion. Nous sommes
toujours mal à l'aise lorsqu'il faut prendre position à ce
débat houleux.
Pour Kenneth WALTZ, le phénomène de la guerre
s'inscrit à trois dimensions ou « images »
soit : Individuelle, nationale et internationale.
I.2.1. Les causes individuelles
Elles se rapportent à la nature du comportement humain.
La guerre serait le produit de la condition humaine des désirs et
imperfections des individus, notamment des décideurs, qui ont
intérêt à promouvoir ou ne peuvent s'empêcher de
recours à la guerre. Dans cette catégorie de causes, on retrouve
deux explications principales :
- L'approche biologique et anthropologique estime que la
guerre prend racine dans la nature belliqueuse de l'homme, qui exprime ses
frustrations par l'agression et l'usage de la violence (théorie de
KONRAD LORENZ et Margaret MEAD). Avant d'être chasseur, l'homme
préhistorique était chassé et dominé par les
animaux sauvages. C'est ce souvenir refoulé qui expliquerait le besoin
de violence, alors que les humains se comporteraient parfois comme des animaux
(interprétation de SIGMUND FREUD). La guerre est ici comprise comme un
mode instinctif d'organisation et de survie de l'espèce humaine
(EHRENREICH)((*)1).
- Approche de prise de décision suggère que la
volonté d'entrer en guerre répond plutôt à des
intentions et suit un processus de calculs cognitifs fondé sur les
perceptions des décideurs. La psychologie des hommes d'Etat occupe une
place cruciale dans l'explication de la prise de décision, de même
que le phénomène d'illusion groupale.
I.2.2. Les causes nationales
Ces causes sont issues de déterminants sociaux et
politiques émanant des structures étatiques. Les causes des
guerres résulteraient ainsi de la nature et de l'évolution des
Etats. On peut classer ces causes en trois catégories :
- Les besoins politiques des Etats prédateurs et
expansionnistes qui, jugeant inadéquats ou injustes les arrangements
territoriaux qui les concernent, optent résolument pour l'offensive
armée. Ce sont alors des guerres de conquêtes, de redressement et
de domination qui obéissent à des visions idéologiques et
géopolitiques totalitaires et impériales. Les guerres de
diversion, désignant un bouc émissaire
« ennemi », c'est le cas des Interahamwe dans la guerre en
République Démocratique du Congo, afin de sauvegarder le
régime de Kigali sous Paul KAGAME. C'est l'explication de l'agression
pour des raisons sécuritaires selon le gouvernement rwandais.
- Les besoins économiques traduisent la volonté
pour un pays de s'extraire d'une situation de dépendance et de
raréfaction des ressources, au point que la guerre est jugée la
seule solution possible. L'école marxiste a été
jusqu'à prétendre que le capitalisme était source d'un
impérialisme guerrier en raison de sa soif insatiable de
conquérir de nouveaux marchés. D'où l'origine des guerres
hégémoniques. Un certain déterminisme économique
explique en ce sens la guerre comme étant liée à la
présence et à l'influence de complexe militaro-industrielles.
- Les besoins sociaux d'affirmation des groupes, de clans,
d'ethnies au pouvoir qui définissent et justifient leur domination par
l'affrontement constant entre eux et les groupes, clans ou ethnies adverses
(à l'intérieur ou à l'extérieur de l'Etat)
provoquent des guerres fratricides ou génocidaires. La guerre remplit
alors la fonction d'imposer, par la force, une cohésion nationale et
sociale qui satisfasse un groupe en particulier (la défense de
l'identité du groupe).
I.2.3. Les causes
internationales
Elles sont associées à la condition relativement
anarchique du système international et aux changements auxquels nous
faisons référence dans l'évolution de l'équilibre
des puissances. Les changements qui peuvent provoquer les guerres sont de deux
ordres, selon WALTZ((*)1) :
- La croissance inégale de la puissance entraîne
une asymétrie qui peut engendrer chez l'Etat qui est plus fort une
perception de supériorité telle qu'il se croit invincible pour
gagner ses guerres. Une autre version théorique postule la
possibilité que s'affrontent deux ou plusieurs aspirants à
l'hégémonie comme ce fut le cas de l'Anglophonie et la
Francophonie dans la région des Grands Lacs africains, depuis la guerre
froide jusqu'à nos temps. Il y a également le problème du
terrorisme international. La théorie de la paix est finalement
assurée lorsqu'une hégémonie triomphe, souvent
après une guerre et devient stable.
- La transition entre puissances, autrement dit la
modification dans la distribution des capacités qui constituent la
puissance des Etats, peut également être source de guerre. Une
transition menaçante pour l'une des parties qui, effrayée par
l'éventualité d'être surpassée, attaque son rival
avant qu'il ne devienne trop fort. Par peur d'être attaqué, un
Etat prend le devant en décidant d'une guerre préventive (la
présence du Rwanda en R.D.Congo est mieux illustratif). Dans de tels
contextes de transition, la course aux armements et le dispositif militaire
offensif prennent une importance capitale et peuvent stimuler les causes de
guerre.
Pour terminer, nous disons que la guerre est une
négation destructrice des rapports socio-économique et politique.
Elle est l'obstacle au développement, c'est une démarcation
à l'état de paix. Cette dernière est un devoir, non
seulement dans les relations des individus entre eux au sein des
collectivités et des nations, mais aussi dans les relations des Etats
entre eux. Ainsi dit, présentons notre champ d'étude du
Nord-Kivu.
I.3. PRÉSENTATION DU CHAMP
D'ÉTUDE
I.3.1. Cadre géographique du
Nord-Kivu
La province du Nord-Kivu est située au Nord-Est de la
République Démocratique du Congo, elle est frontalière au
Rwanda au Sud-Est et en Ouganda à l'Est. Dans sa configuration actuelle,
sa superficie est de 60.470 km², soit un territoire plus étendu que
le Rwanda (26.338 km²) ou le Togo (56.000 km²). La province du
Nord-Kivu est découpée en territoires ruraux (Beni, Lubero,
Rutshuru, Goma, Walikale et Masisi), seule la ville de Goma existait dans cette
province, mais depuis mars 2003, deux autres villes ont été
reconnues au Nord-Kivu, je cite : la ville de Butembo et celle de Beni. La
première est reconnue par décret n° 042/2003 du 28 mars 2003
portant création d'une ville en R.D.C.
C'est une région montagneuse, volcanique, agropastorale
et touristique, aux fortes densités sur les hautes terres (1000 - 2000
habitants par km²) notamment autour de Jomba, Masisi, Butembo, Masereka...
((*)1). 26 % de la
superficie du Nord-Kivu sont constitués de parcs et réserves
forestières et 11 % représentent des massifs montagneux incultes
et des lacs. Cette province est à cheval sur l'Equateur et
présente toutes les caractéristiques essentielles d'un climat
équatorial. Elle se situe entre les monts Mitumba, Virunga et Rwenzori
aux neiges éternelles. L'altitude varie entre 1000 et 5000 mètres
et connaît des températures oscillant entre 15 et
24°C((*)2). Sur le
plan culturel, son peuplement se rattache à la civilisation bantoue.
Son économie est dominée par les
activités spécifiquement agro-pastorales et commerciales en plus
des ressources minières très importantes (or, colombotantalite,
cassitérite...). Nous y identifions également des réserves
pétrolières dans la vallée de la Semliki dans le Graben et
du gaz méthane dans le lac Kivu. Elle est une région dont
l'intégration réelle au circuit économique national
contribuerait sensiblement au développement du pays. C'est donc une
région stratégique.
Enfin, du point de vue culturel, cette province comprend
quatre grandes aires culturelles traditionnelles : Nande, Hunde, Nyanga et
Hutu((*)3).
I.3.2. Le peuplement du
Nord-Kivu
Les divers groupes de populations en présence au
Nord-Kivu peuvent être distingués suivant plusieurs
critères : ethnique, historique ou linguistique. Les ethnies
importantes sont : les Hunde au Nord-Ouest du lac Kivu jusqu'au lac
Edouard, dans les régions plus basses vivent les Tembo, à l'Ouest
des Havu et les Yira ou Nande. Les Hutu de Rutshuru sont culturellement et
politiquement rattachés au Rwanda septentrional((*)1). Nous aurons à y
réfléchir dans le point suivant. Ce peuplement au Nord-Kivu
remonte à une ère plus reculée que l'avaient
signalé les auteurs du temps colonial et que ne l'ont repris les
écrivains en carence d'esprit de recherche approfondie, tous l'ayant
situé au XVI et XVIIe siècles. D'après A.
MOELLE, les grandes lignes de migrations se sont faites dans la direction
Nord-Est, Sud-Ouest. Les Bahunde et Bayira comprennent outre un fond de
descendant d'anciens occupants (Bahera, Habombe, Bakira, Bahambo, Vitu, Batangi
et Bamate)((*)2)
MASHAURI KULE T., historien de la nouvelle
génération, contredit ces informations. Pour lui, ces peuples
susmentionnés n'ont jamais eu à immigrer. Ils ont toujours
été là. Par illustration, la région Yira (nande)
faisait partie de l'empire de Kitara et leur massif montagneux de Rwenzori
s'appelait le Kitara-Kya-Nzururu. A propos des Bahunde, Bashizi tel
qu'épinglés par KABUYA LUMUNA affirme, qu'ils occupaient leur
région actuelle au IXe siècle de notre ère. On
peut ajouter que la légende et la tradition orale hunde fait remonter le
récit à des temps immémoriaux, comme en témoigne le
récit de MULINGITO du tremblement de terre qui suscita le lac Kivu. Ce
que les auteurs ne disent pas, c'est que le royaume de Bunyoro, auquel on
rattache les Bahunde et Banyanga, était lui-même une
évolution du fameux empire de Kitara. Cet empire dépassait
largement en superficie le modeste royaume de Bunyoro. Il en est de même
de toutes les autres ethnies du Nord-Kivu. L'existence d'une ressemblance
linguistique et de l'organisation politique et culturelle commune aux ethnies
autochtones du Nord-Kivu est très éloquente à la
matière.
Quant aux Bahutu de Rutshuru qui proviennent du Rwanda,
MOELLER dit : « Les Banyarwanda (Bahutu, Batutsi, Batwa) ne
sont cependant pas vraisemblablement les premiers occupants de la
région. Nous trouvons, en effet, dans celle-ci au Sud du territoire de
Rutshuru un fond de population d'origine Bahunde venu de Mitumba à
travers la plaine de laves et des plaines sablonneuses de la Rwindi et des
plaines de la Rutshuru. » ((*)3)
Il faut noter que ces Banyarwanda établis au Congo,
avant l'ère coloniale, et donc susceptibles de brandir leur
nationalité d'origine, ne représente qu'une faible proportion de
la population actuelle de ce territoire. En effet, cette partie reçut
une forte dose d'immigrants Hutu en provenance du Rwanda entre les
années 1914 et 1949, les années 1940 et 1950((*)1). A ce fait, le Commissaire
de District GEVAERTS, cité par KABUYA LUMUNA, en parle ainsi en
1947 : « Actuellement le chef NDEZE et les grands notables du
Bwisha sont d'accord pour céder des bonnes terres à leurs
frères de race. » Quant à la chefferie de Gishari, le
gouverneur de la province du Kivu, M. LIESNARD s'interroge et assure :
« La création de la chefferie de Gishari a été
une erreur politique. »((*)2) Ainsi, SEKIMONYO W.M., dans son explication de la
recrudescence de la violence au Nord-Kivu, prouve que : « la
lutte pour l'autochtonie et le pouvoir coutumier et moderne a toujours
été la source de déchirement entre les ethnies du
Nord-Kivu (Hutu, Nande, Tutsi, Hunde...) ((*)3) A ce sujet, Gaspard MUHEME démontre que la
compétition inter-ethnique au Nord-Kivu se présente sous quatre
éléments :
- Le conflit foncier (la terre)
- La domination politique (l'influence)
- Le pouvoir économique (l'argent)
- Le savoir intellectuel (le management) ((*)4)
De là, on se rendra compte que les guerres au Nord-Kivu
découlent en grande partie des mouvements de population entre ses
voisins.
I.3.3. Histoire socio-politique du
Nord-Kivu
Comme dans toute société planétaire, le
mouvement des populations et la densité démographique provoque
une sorte de stimulus de créativité. C'est ainsi que, pour
trouver une solution à cette nouvelle situation, l'homme utilise tous
les acquis de son histoire.
Tous les éléments réunis confirment que
la population du Nord-Kivu vie une cohabitation socio-politique depuis des
siècles. Cependant, sa déstabilisation s'articule autour des
mouvements des populations rwandophones.
I.3.4. Mouvement des populations
rwandophones
Les premières causes de l'immigration de la population
rwandaise en République Démocratique du Congo datent de
l'époque coloniale suite à une grande famine qui s'était
abattue sur ce pays des Mille Collines. En effet, les troubles
politico-ethniques entre les Tutsi et les Hutu en 1959 avaient conduit 150.000
Tutsi en exil dont 60.000 au Kivu. L'ethnicisme au Rwanda démontre que
« Hutu au pouvoir, Tutsi en exil et vice-versa ». La
tentative d'invasion de BUSEGERA (Rwanda) en 1963 par les Tutsi avait
provoqué des tueries massives suivies d'un exode tutsi vers
l'étranger surtout au Nord-Kivu. Le haut Commissariat pour les
Réfugiés évalue à 50.000 le nombre de personnes
exilées au Nord-Kivu en 1966. Ces réfugiés ont
été regroupés dans les centres de Bibwe (Masisi), Ihula
(Walikale) et Kalonge (Kalehe)((*)1). Mais en 1967, le gouvernement congolais, sur
l'initiative de Rwakabuba SHINGA et autres Tutsi influant auprès du
président MOBUTU, avait supprimé les camps des
réfugiés car, entre-temps, les réfugiés rwandais
s'étaient infiltrés dans la population locale sans aucune
formalité.
Ainsi, le recensement de 1970 dénombra
déjà 335.180 rwandais au Congo, regroupés principalement
au Nord-Kivu dans la zone de Masisi (193.916 habitants), Kalehe
(23.328)((*)2).
Au sujet de l'installation des Rwandais au Nord-Kivu,
P.Mathieu et Mafikiri Tsongo distinguent quatre vagues d'immigration :
1°. Dans la zone de Rutshuru, des
« autochtones » se considèrent comme Congolais,
quoique issus culturellement et historiquement de l'ancien royaume du Rwanda,
une fraction de ceux-ci a été incluse dans le territoire du Congo
depuis 1910. Ce groupe est constitué en majorité de Hutu
installé depuis le XXe siècle dans le canton
traditionnel du Bwisha dans le territoire de Rutshuru.
2°. Les « transplantés »
(1937-1956) déplacés du Rwanda sur l'initiative de
l'Administration coloniale belge.
3°. Des immigrés clandestins ou
« infiltrés » (en majorité hutu) qui ont
suivi les transplantés pour venir s'installer individuellement durant le
même période.
4°. Des réfugiés fuyant les violences qui
éclataient au Rwanda : ceux-ci ont d'abord été des
Tutsi (1959, 1981, 1973, 1989, 1990), ensuite des Hutu en 1994 (pendant le
génocide). En effet, en 1994, plus d'un million et demi de Hutu rwandais
se sont installés dans des camps au Nord-Kivu et Sud-Kivu. Une partie de
ceux-ci s'était enfuie dans la forêt de la République
Démocratique du Congo pendant la guerre de l'A.F.D.L. et constitue la
pomme de discorde entre les pays (Rwanda-R.D.C.).
Nous ne manquerons pas de soulever une nouvelle vague des
rwandophones Hema qui se sont installés dans le parc de Virunga
précisément dans la vallée de la Semliki. Ceux-ci seraient
venus par l'Ouganda depuis mai 1999 sont encadrés par le commandant
Jackson, avec le soutien du général ougandais James KAZINI
pendant la guerre du R.C.D. au Nord-Kivu. Leur nombre s'évalue aux
environs de mille avec de cheptels bovins nourris dans le parc de Virunga. La
plus grande question est celle de savoir pourquoi ces Hema s'installent loin de
la population pendant que le pays est en guerre.
Ces installations anarchiques des populations rwandophones au
Nord-Kivu déstabilisent la région du Nord-Kivu. C'est dans ce
cadre que BALANCE et De La GRANGE distinguent cinq guerres à l'Est du
Congo :
- La guerre de Masisi (1993-1994) ;
- La guerre résultant de l'arrivée massive des
réfugiés Hutu en juillet-août 1994 ;
- Les insurrections Mayi-Mayi contre l'occupation rwandaise
(de 1997-1998) ou guerre de l'A.F.D.L. ;
- La guerre anti-Kabila ou du R.C.D.((*)1)
Nous ne maquerons pas de signaler la présence d'une
milice Hema dans la vallée de la Semliki. Ceux-ci ont été
installés par le général James KAZINI depuis 1999, leur
stratégie est de protéger cette présence hema dans le
Graben. Ils sont conduits par le chef hema Jakson.
Tableau N° 1 : Répartition des
gisements dans la province du Nord-Kivu
Substance
|
Gisement
|
Territoire
|
Observation
|
Colombotantalite
|
Obaye
|
Walikale
|
En exploitation
|
Wolframite
|
- Etaetu
- Bishasha
- Obaye
|
Lubero
Masisi
Walikale
|
Fermé
Fermé
En eploitation
|
Pyrochlore
|
- Lueshe
- Bingo
|
Rutshuru
Beni
|
En exploitation
En projet
|
Béryl de pemgatitas
|
Manguredjipa
|
Beni
|
Fermé
|
Source : Schéma provincial
d'aménagement de secteur Mines et Energie-Ministère des
T.P.A.T./H.1989.
Tableau N° 2 : Répartition de la
population
Entité administrative
(Territoire ou ville)
|
Superficie
|
Population
|
Km²
|
%
|
Effectif
|
%
|
Masisi
Rutshuru
Walikale
Lubero
Beni
Nyiragongo
Goma (ville)
|
4734
5289
23475
18096
7484
193
212
|
7,96
8,86
339,47
30,42
12,58
0,32
0,36
|
554538
568262
194371
857222
774580
45253
142835
|
17,68
18,11
6,20
27,33
24,69
1,45
4,54
|
TOTAL
|
59483
|
100
|
3137061
|
100
|
Source : Division provinciale de
l'Intérieur/Nord-Kivu (recensement administratif de 1994).
En valeur absolue, le territoire le plus peuplé est
celui de Lubero suivi de celui de Beni. Walikale, qui est le territoire le plus
vaste avec 39 % de la superficie de la province, ne compte que 6 % de la
population recensée.
Tableau N° 3 : Répartition des
réfugiés par nationalité au Nord-Kivu
NATIONALITE
|
EFFECTIF
|
%
|
RWANDAISE
BURUNDAISE
OUGANDAISE
SOUDANAISE
AUTRES
|
739000
3881
2513
461
25
|
99,08
0,52
0,34
0,057
0,003
|
TOTAL
|
745880
|
100
|
Source : Haut Commissariat aux
Réfugiés/Goma, 1995.
Les réfugiés rwandais constituent la presque
totalité (avec 99 %) des réfugiés recensés par le
haut Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiés (H.C.R.)
dans le Nord-Kivu. On rencontre également les réfugiés
burundais et soudanais dans une très faible proportion. Les autres
nationalités sont les kenyans ou les Somaliens.
Les réfugiés rwandais, qui sont les plus
nombreux, ont été regroupés dans des camps provisoires
repris dans le tableau suivant :
Tableau N° 4 : Implantation des camps des
réfugiés rwandais au Nord-Kivu.
CAMP
|
Localisation
|
Nombre de réfugiés
|
Katale
Katindo
Kibumba
Mugunga
Lac-Vert
Keshero
Goma-ville
Enfants non accompagnés
|
Rutshuru
Rutshuru
Nyiragongo
Goma
Goma
Goma
Goma
Goma
|
200000
110000
204000
143000
49000
13000
11000
9000
|
TOTAL
|
Nord-Kivu
|
739000
|
Source : Haut Commissariat aux
Réfugiés/Goma (estimation au 30 juin 1995).
Tableau N° 5 : Evolution de la population du
Nord-Kivu de 1988 à 1994
Territoire ou Ville
|
1988
|
1994
|
Accroissement %
|
Population
|
Hab/km²
|
Population
|
Hab/km²
|
Masisi
Rutshuru
Walikale
Lubero
Beni
Nyiragon,go
Goma (ville)
|
483849
462099
177445
693007
639500
30860
110000
|
102
87
8
38
85
160
519
|
554538
568262
194371
857222
774580
45253
142835
|
117
107
8
47
103
244
674
|
14,61
26,69
9,54
23,70
21,12
46,64
29,85
|
TOTAL REGION
|
2596760
|
44
|
3137061
|
53
|
20,81
|
Source : - Division Provinciale de
l'Intérieur/Nord-Kivu
- Division Provinciale du Plan/Nord-Kivu, 1994.
Pour la période allant de 1988 à 1994, les
Divisions provinciales du Plan et de l'Intérieur ont
procédé à l'analyse de la population du Nord-Kivu dont les
principaux résultats sont repris dans le tableau ci-haut. Selon les
mêmes sources, l'accroissement annuel moyen de la population du Nord-Kivu
est de l'ordre de 2,8. De 1988 à 1994, elle a augmenté de
20,81%.
1.3.5. Accroissement
démographique et déséquilibre par des migrations
massives
La population du Nord-Kivu a augmenté à un
rythme très rapide à partir des années 1940, en partie
précisément parce que l'espace y apparaissait assez vaste et
disponible pour accueillir des populations venues du Rwanda. Au début
des années quarante, le Masisi, et de façon
générale le Nord-Kivu, était très peu
peuplé : 12 hab/km² pour le Masisi, moins de 25 hab/km²
pour le Bwito et le Bwisha qui étaient les zones les plus
densément occupées du Nord-Kivu à cette période. En
1970, les densités moyennes sont de 62 hab/km² pour la zone de
Masisi et 103 hab/km² pour celle de Rutshuru((*)1). En 1990, enfin, la
densité moyenne par rapport à l'espace physiquement cultivable (y
compris donc les zones de parcs naturels et de forêts classées)
est de 108 hab/km² pour l'ensemble du Kivu montagneux, et estimée
à 111 hab/km² pour le Masisi. Par contre, selon POURTIER, les
densités réelles des populations paysannes étaient au
début des années quatre-vingt-dix de l'ordre de 300 hab/km²,
soit guère moins que dans les zones les plus peuplées du
Rwanda((*)2).
Eu égard à leur période d'installation
dans la région, les divers groupes étiquetés banyarwanda
ont été à la base de la déstabilisation et du
déséquilibre de cette région. Selon les estimations de
Paul MATHIEU & A. MAFIKIRI TSONGO, vers 1950, on y dénombrait plus
de 6000 familles ; entre 1937 et 1955, suivant les chiffres officiels,
c'est 85000 personnes qui ont été installées par la
Mission d'Immigration des Banyarwanda (MIB) sur les terres
aménagées par les colonisateurs Belges dans les collines du
Masisi. Aux populations officiellement installées et encadrées
(les transplantés) s'ajoute en effet très vite un flux important
de migrants spontanés entre 1949 et 1953 suite à la famine au
Rwanda. Entre 1953 et 1955, les nouveaux venus dépassent les limites de
la zone attribuée (Gishari) pour occuper les régions de
Washali-Mokoto vers l'Ouest, en direction de la zone de Walikale. Entre 1920 et
1960, un nombre total de l'ordre de 200.000 personnes seraient venues du Rwanda
pour s'installer au Kivu, principalement dans le Masisi et, dans une moindre
mesure, dans les deux régions voisines de Walikale et Rutshuru. Entre
1960 et 1970, 100.000 personnes supplémentaires seraient arrivées
du Rwanda au Kivu. Après 1970, on ne dispose plus que des chiffres
très discordants, peut-être parce que la question du nombre, de la
date d'arrivée et de la nationalité des rwandophones devient
à cette époque un enjeu politique ouvertement disputé. Au
début des années quatre-vingt-dix, sur une population totale
estimée à trois millions d'habitants pour l'ensemble du Nord-Kivu
(en 1993), les estimations de la proportion des Banyarwanda varient entre le
quart et la moitié((*)3). Dans la zone administrative de Masisi, on
s'accorde à considérer que les Banyarwanda représentaient
au moins 70 % de la population locale depuis le milieu des années
soixante-dix et peut-être près de 80 % en 1994.
La montée de la violence contre cette présence
au Nord-Kivu commence au début des années quatre-vingt-dix et est
due aux déséquilibres ethnico-démographiques. Les
affrontements de cette période ont représenté
l'aboutissement de tensions sociales qui traversaient la région depuis
plusieurs décennies. Ces contradictions étaient complexes et
anciennes. Bien avant les premiers massacres du Masisi en mars 1993, la
région du Nord-Kivu avait té le théâtre, durant
près de cinquante ans, d'un long processus d'escalade des tensions et
des rivalités entre les communautés autochtones et les divers
groupes originaires du Rwanda.
Première épisode : l'enclave de Gishari
(1945-1957), entre 1945 et 1957, un premier litige opposa les populations
« transplantées » d'origine rwandaise du Masisi et
les chefs coutumiers des communautés autochtones Hunde pour le
contrôle de la chefferie dans « l'enclave de
Gishari ». Ce territoire couvert de forêt et peu peuplé
à l'époque, avait été cédé en 1937
par les chefs traditionnels Hunde, à la demande insistante des
autorités coloniales, pour l'installation des migrants
déplacés du Rwanda et installés par la MIB dans ce
territoire. Ayant ensuite obtenu en 1940 de l'autorité coloniale de
constituer une chefferie autonome, les migrants rwandais devenus plus nombreux
avaient tenté, cinq ans plus tard, d'étendre les limites du
territoire sous leur contrôle, provoquant une vive réaction des
chefs coutumiers autochtones. En 1957, le pouvoir colonial supprime la
chefferie de Gishari et rétablit les droits de la chefferie bahunde sur
l'enclave. Les migrants installés restaient sur place, mais ils devaient
clairement reconnaître l'autorité des chefs coutumiers
autochtones. Ce premier affrontement ne donne pas lieu à des violences
physiques, mais il marque le début d'une relation fondamentalement
compétitive et méfiante entre les deux groupes.
Deuxième épisode : la révolte
Kanyarwanda et le partage de la province du Kivu (1962-1965). En 1962 et 1963,
les politiciens Banyarwanda et autochtones du Nord-Kivu (principalement les
nande) s'opposent sur la question du redécoupage de la province du
Kivu-Maniema. L'enjeu de ce débat était de savoir quel groupe
contrôlerait les futures assemblées provinciales des nouvelles
provinces fractionnées (Nord-Kivu ou Kivu Central). Déjà
la question de la nationalité et donc du nombre et du poids de la
représentation politique des Banyarwanda est à
l'arrière-plan du débat politique et suscite des tensions
centrifuges fortes((*)1).
Troisième épisode : En avril 1990, MOBUTU
annonce la démocratisation et l'avènement du multipartisme (avec,
donc, la perspective d'élections nationales). En août 1991,
débute la Conférence Nationale Souveraine (CNS). La
préparation et le déroulement de celle-ci verront à
nouveau s'opposer Banyarwanda et autochtones du Nord-Kivu pour le choix des
représentants de la province à la Conférence Nationale.
Entre-temps, les élections municipales réalisées en 1989
dans l'ensemble du Zaïre avait été reportée dans les
deux provinces du Nord et du Sud-Kivu. Pour pouvoir réaliser ces
élections dans des conditions normales (donc en identifiant avec
précision les électeurs), une opération
« d'identification des nationaux » débute en juin
1991, opération décidée depuis mai 1989. Suite à la
décision de ne pas recenser comme Zaïrois les descendants des
« transplantés » et plus généralement
l'ensemble des Banyarwanda du Kivu, des groupes Hutu armés attaquent les
locaux administratifs dans le Masisi, détruisent les registres de
populations et font fuir les équipes chargées de
l'opération. Des affrontements avec les forces de l'ordre s'ensuivent
dans l'ensemble du Kivu : on compte une trentaine de victimes, mais
l'identification des nationaux n'est finalement pas réalisée.
Quatrième épisode : Guerre civile paysanne
(Mars-Septembre 1993), le 20 mars 1993, des groupes de jeunes Hunde, Nyanga et
Tembo, sans doute organisés par des politiciens locaux,
déclenchent les premiers massacres de paysans Hutu sur le marché
de Ntoto (dans l'Est de la zone de Walikale), puis dans les villages
environnants.
Très rapidement, des groupes similaires,
constitués par les Hutu de Masisi, attaquent les Hunde. Les violences
réciproques provoquent en six mois entre 7000 et 14.000 morts selon Paul
MATHIEU & A. MAFIKIRI TSONGO. Pendant presque six mois, chaque groupe
cherche à éliminer les chefs traditionnels de l'autre bord :
les Hunde se réfugient à Goma, les leaders banyarwanda dans la
zone de Rutshuru. La guerre entre milices paysannes est totale, avec les armes
limitées dont elles disposent à ce moment : massacres des
populations civiles, extermination et vol du bétail, destruction des
récoltes, etc. Entre novembre 1993 et août 1994, un bref
apaisement des violences est obtenu grâce à la combinaison de
divers facteurs : à la fois une intervention militaire des forces
de la Division Spéciale Présidentielle et un intense travail de
communication associant les acteurs officiels, la société civile
(certaines ONG) et les représentants coutumiers de diverses
communautés.
Une nouvelle phase s'ouvre en juillet 1994 avec
l'arrivée des réfugiés et des Interahamwe. En juillet
1994, plus d'un million de réfugiés rwandais arrivent dans la
région de Goma et s'installent dans l'immense camp géré
par l'aide internationale. Parmi ces réfugiés figurent bon nombre
de membres de l'armée rwandaise en déroute et des Interahamwe.
Ceux-ci s'attribuent rapidement un rôle d'intermédiaires
obligés entre la population et les agences extérieures pour la
gestion interne et la distribution de l'aide dans certains camps. En même
temps, ils se préparent à la
« reconquête », achètent des armes et
effectuent une jonction avec les milices banyarwanda qui s'étaient
constituées en 1993 dans le Masisi. Ces Interahamwe sèment
aujourd'hui la désolation, le pillage, le vol, le viol dans cette
province depuis 1994 à nos jours.
1.3.6. La révolution de
l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération.
De 1990 à 1996, la transition zaïroise a
traversé de sérieuses difficultés. M. Laurent
Désiré KABILA a bien compris cela, qu'il a finalement
décidé avec le Rwanda et l'Ouganda de prendre les armes car c'est
l'unique moyen qui restait.
Ce choix venu à un moment de crise politique et sociale
majeure explique le succès et le soutien populaire qu'il rencontre sans
cesse. Il faut surtout espérer que son action armée aboutisse au
renversement du régime tyrannique et à l'installation d'un Etat
de Droit.
Ce n'est pas l'opposition intérieure, ce sont des
rebelles armées aux frontières orientales du pays,
combinée à une agression étrangère, appuyée
et encadrée par des forces extérieures. La rapide et facile
conquête du pays par ces rebelles s'explique, en même temps que par
l'état de déliquescence dans laquelle se trouve le Zaïre
(son appareil administratif, sa monnaie, son armée, son leadership).
Le 22 août 1996, le président MOBUTU est
opéré à Genève (Suisse) d'un cancer de la prostate.
A la fin du même mois, ceux que l'on appelle « Rebelle
Banyamulenge » passent à l'attaque, venant du Rwanda, dans la
plaine de la Ruzizi. Le 18 octobre est fondée, à Lemera,
l'A.F.D.L. l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération
du Congo). Sept mois plus tard, le 17 mai 1997, les forces de l'A.F.D.L.
s'emparent sans coup férir de Kinshasa. Laurent Désiré
KABILA est proclamé Chef d'Etat d'un pays rebaptisé
« République Démocratique du Congo ». Pour le
nouveau pouvoir, la « transition démocratique (entreprise en
1990 et ses acquis sont nuls) et non avenus »((*)1). Très vite, le
décret-loi constitutionnel n° 003 du 28 mai 1997 relatif à
l'organisation et à l'exercice du pouvoir en R.D.Congo accordera
beaucoup des pouvoirs au président de la République.
Cependant, le pouvoir intégral de Laurent
Désiré KABILA au Congo sera intégralement de courte
durée. Déjà ses alliés Rwandais et Ougandais
s'insurgent contre le nouveau pouvoir à Kinshasa ; JAMES KABAREHE,
BIZIMA KARAHA, MASASU NENDAGA..., tous rwadophones, seront les instigateurs de
multiples coups d'Etat manqué contre le président Laurent
Désiré KABILA.
Suite à cette recrudescence, le 28 juillet 1998, le
président décidera la fin de la présence des soldats
rwandais et autres étrangers sur le territoire congolais. Cette
décision est perçue par les Banyamulenge, civils comme
militaires, comme une remise en cause de leur
« citoyenneté » en R.D.Congo. D'où le retour
à la guerre contre Laurent Désiré KABILA, tous les
rwandophones avaient pris la route vers Kigali pour une nouvelle guerre
à l'Est de la République Démocratique du Congo, c'est
l'avènement du R.C.D.
Tous ces faits sont certes antérieurs aux
événements de la guerre d'agression-rébellion du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie au Nord-Kivu. Mais il importe
non seulement de les décrire, mais aussi ils méritent une
attention particulière suite à la complexité et la
similitude de la guerre qui met la population dans une situation
insécuritaire.
1.3.7. Perspective historique des
guerres en R.D.C.
Depuis l'accession de notre pays à sa
souveraineté nationale, l'Etat congolais est, aujourd'hui, remis en
cause. Depuis 1960, la R.D.C. a toujours été le
théâtre des affrontements sanglants.
D'aucuns pensent que cette situation est liée à
l'impréparation et à l'immaturité politique des Congolais
en 1960. Déjà, à cette période, ils ont
assisté à des troubles et à des querelles de tout genre,
à l'instabilité politique quasi-permanente. A titre illustratif,
l'armée nationale est apparue comme une mosaïque sans structure
solide, incapable de mâter les mutineries dès les premières
heures de l'indépendance et les rébellions ouvertes. Le cas de
Pierre MULELE, partisan du socialisme est caractéristique. Ce dernier
est parvenu à consolider son mouvement jusqu'à conquérir
le Bandundu et une portion considérable de l'Est de la R.D.C. (Uvira et
Fizi) ((*)1). Le
gouvernement central a pu recourir aux troupes étrangères pour
neutraliser et abattre Pierre MULELE par la suite.
Pour contourner le Conclave Constitutionnel de Luluabourg de
1964, le sergent MOBUTU fit un coup d'Etat en novembre 1965. Deux ans plus
tard, J. SCHRAM a tenté de le renverser en 1967 à partir de
Bukavu mais n'y parvins pas. L'armée congolaise,
désorganisée et sous-équipée, n'avait d'autre choix
que de recourir aux troupes étrangères. Elles ont donc
aidé MOBUTU à conquérir le pouvoir, à le consolider
et à anéantir les opposants internes. Ce recours à l'appui
extérieur reflète bel et bien la fragilité et la
désorganisation de l'armée congolaise, phénomène
qui s'est maintenue jusqu'à ce jour. Les rebelles congolais, avec
l'appui des alliés voisins et étrangers, ont toujours nourri les
ambitions de conquérir le pouvoir et par ce fait même consacrer la
partition de leur pays.
C'est le moment de le dire à propos de Moïse
TSHOMBE qui proclama, le 7 juillet 1960, la Sécession Katangaise.
KALONJI DITUNGA fit la même chose avec le fameux Etat autonome du
Sud-Kasaï((*)1). En
effet, les oppositions de Pierre MULELE, de Moïse TSHOMBE et de KALONJI
font partie des résistances internes. D'autres mouvements de
résistance soutenus de l'extérieur ont fait irruption au Shaba
pour renverser le régime de MOBUTU. Les guerres ont été
baptisées dans l'histoire politique du Congo de Shaba I et II
menée par MBUMBA Nathanaël en 1976 et de Moba I et II menée
par Laurent Désiré KABILA en 1985. Les résistances sont
nées des frustrations, de la mauvaise gouvernance et de l'exclusion des
anciens politiciens de la gestion de la chose publique. C`est ainsi qu'il s'est
formé des bandes de Mayi-Mayi à plusieurs endroits qui ont pris
différentes appellations selon leur histoire, la
spécificité des problèmes et des intérêts
à défendre. Ainsi, le population a parlé de KATUKU
à Walikale/Bunyakiri, de NGILIMA à Masisi, de BATIRI à
Rutshuru, de KASINDIENS dans le Rwenzori. Ils seraient considérés
respectivement comme des acteurs principaux dans les guerres inter-ethniques.
Leurs oppositions sont fondées à la fois sur les facteurs
internes et externes. C'est dans ce contexte de rivalités internes et
externes qu'il faut replacer la première guerre dite de
libération. Elle a resurgi au moment où les partis politiques et
les couches sociales étaient déjà lassées par un
régime dictatorial et avilissant. Les Forces Armées
Zaïroises males gérées, corrompues et
paupérisées, étaient incapables de résister aux
assauts de l'A.F.D.L. appuyée par le Rwanda et l'Ouganda dont les
troupes étaient bien encadrées par les instructeurs occidentaux.
Enfin, le départ de MOBUTU a été expliqué par le
manque de crédibilité sur le plan international et le
relâchement par ses partenaires. L'armée n'a opposé de
résistance véritable qu'à quelques endroits,
précisément à Kenge au Bandundu et dans la plaine de la
Ruzizi au Sud-Kivu.
La deuxième guerre dite de rectification (qui concerne
ce travail) est aussi conduite par les mêmes alliés que
l'A.F.D.L. : le Rwanda et l'Ouganda. Elle n'était qu'une version
modifiée de la première guerre pour rétablir un Etat de
droit confisqué par l'A.F.D.L. et KABILA. Malheureusement, le RCD,
mouvement armé, n'est pas parvenu à contrôler tout le
territoire du Congo et n'a fait que reprendre les erreurs de la première
guerre. Il est par contre en proie à des crises internes, très
fréquentes qui se traduisent par des scissions et oppositions
populaires. Celles-ci sont dues aux traumatismes et autres plaies de la
première guerre, à l'accentuation de la pauvreté, à
l'absence de légitimité populaire, aux divergences
d'intérêts entre les leaders du mouvement RCD. La guerre est
apparue tout aux yeux de la population comme une agression et une violation de
fait de l'intégrité du territoire.
Beaucoup d'interrogations sont soulevées pour ce
tournant politique en R.D.C. Il y a d'abord peu de démarcation entre la
première et la deuxième guerre de libération menée
par le RCD, sont les mêmes que ceux de l'A.F.D.L. et du M.P.R. du
défunt Mobutu. Le soutien financier international et les planificateurs,
mécontents des prestations de KABILA, ont jugé bon de s'en
débarrasser. Ils ont alors initié une nouvelle version de la
première guerre. Ces guerres à répétition n'ont
fait qu'aggraver la crise socio-politique et économique et la
destruction des infrastructures de base. Sur le plan externe, elles n'ont pas
réussi à mettre fin aux milices et aux Interahamwe (ancienne
milice armée du régime HABYARIMANA au Rwanda) et à
établir la sécurité dans la sous-région.
Bref, les guerres de libération ne semblent pas porter
des solutions aux problèmes de la R.D.C., du Rwanda, de l'Ouganda et du
Burundi. Elles apparaissent aujourd'hui comme un moyen facile d'accéder
aux ressources de la R.D.C.
Chapitre Deuxième :
LA GUERRE DU RASSEMBLEMENT
CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE. AU NORD-KIVU
II.1. DECLENCHEMENT DE LA GUERRE
D'AGRESSION-REBELLION
II.1.1. Origine des faits
Chronologiquement, après la chute du Maréchal
MOBUTU, il y eut successivement deux guerres en R.D.C. conduites par le Rwanda
et l'Ouganda. La première est celle de l'A.F.D.L. et la seconde celle du
R.C.D.
Le 2 août 1998, Sylvain MBUKI, le commandant du
10e bataillon de l'armée congolaise basée à
Goma, qui, le premier, lance un appel à l'insurrection. La radio aurait
diffusé pendant plusieurs heures son communiqué. « Les
provinces du Nord et du Sud-Kivu sont entrées dans une rébellion
ouverte contre le gouvernement de Laurent Désiré KABILA. Nous,
l'armée de la République Démocratique du Congo, avons pris
la décision de démettre du pouvoir le président Laurent
Désiré Kabila((*)1). Cette déclaration faite par un Congolais de
souche n'explique pas que la guerre est congolo-congolaise, mais une
machination des acteurs internes. Pour l'Ouganda et le Rwanda, laurent
Désiré Kabila a manifesté une dose d'ingratitude
vis-à-vis d'eux. Tout a été programmé par l'ancien
Chef d'Etat-Major des armées congolaises JAMES KABAREHE. Les troupes du
Rwanda et de l'Ouganda s'infiltrent à Goma et surtout à Baraka
où quelque deux mille militaires auraient débarqué par
bateaux rapides. Pendant ce temps, les troupes ougandaises contrôlent les
territoires de Beni et de Lubero.
Après la victoire des rebelles à l'Est, un pont
aérien sera organisé jusqu'à Kitona dans la province du
Bas-Congo. Dès le 4 août 1998, un avion cargo de la compagnie
Congo Air Lines (CAL en sigle) aurait été détourné
à Goma par des militaires rwandais sur ordre du commandant James
KABAREHE. Ce dernier prendra place dans l'avion et atterrit sans coup
férir à la base militaire de Kitona où 8000 soldats
rwandais et ougandais se rejoindront aux soldats de l'ancienne armée
zaïroise en rééducation. Mais grâce aux nouveaux
alliés des forces gouvernementales, Angolais et Zimbabwéens, la
capitale (Kinshasa) ne tombera pas entre les mains des rebelles.
II.1.2. Institutionnalisation du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
D'après Colette BRAECKMAN, l'appellation R.C.D. sera
annoncée après l'échec du raid sur Kitona. Mais la
déclaration politique qu'adoptent les fondateurs du R.C.D. sera
datée du 1er août et fixe au 1er septembre
la création du mouvement. En fait, le R.C.D. a été
constitué au Rwanda dès le début du mois lors d'une
réunion à huis clos qui sera gardée secrète. Selon
un texte rédigé par Wamba Dia Wamba, c'est le commandant rwandais
DAN qui, avec d'autres, fut chargé de recruter des Congolais et de les
réunir à Kabunga au Rwanda((*)1).
II.1.3. Membres de la direction
politique et militaire du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie.
Cette rébellion s'était dotée d'une
direction politique et militaire depuis la ville de Goma en date du 16
août 1998. Ce tableau explique mieux.
N°
|
Nom de l'acteur
|
Poste occupé
|
Province d'origine
|
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
|
Ernest WAMBA dia WAMBA
Arthur Z'AHIDI NGOMA
Moïse NYARUGABO
Jacques DEPELCHIN
LUNDA BULULU
KALALA SHAMBUYI
THAMBWE MWAMBA
BIZIMA KARAHA
MBUSA NYAMWISI
Déogratias BUGERA
Joseph MUDUMBI
Dr. Gertrude MPALA
E. KAMANZI
Me EMUNGU EHUMBA
E. NGANGURA KASOLE
Dr Emile ILUNGA
Jacques MATANDA
Daniel MAYELE
José ENDUNDO
KINKIEY MULUMBA
Lambert MENDE
|
Président
1er Vice-président
2e Vice-président
Rapporteur
Coordonnateur
Mobilisation
-
Relation extérieure
Président de l'Assemblée
-
Administration territoriale
Administration interne
Finances
Justice
Communication
Santé
-
Représentant du RCD en Europe
-
Information
Porte-parole
|
Bas-Congo
Maniema
Sud-Kivu
Sud-Kivu
Sud-Katanga
Kasai Occ.
Maniema
Sud-Kivu
Nord-Kivu
Nord-Kivu
Sud-Kivu
Maniema
Nord-Kivu
Kasai Or.
Sud-Kivu
Nord-Katanga
-
-
Equateur
-
-
|
Source : nos
enquêtesCommentaire du tableau :
Il faut d'abord observer que, mis à part ceux qui
appartiennent à la composante tutsi, aucune de ces personnalités
n'a vraisemblablement été impliquée dans la genèse
et le déclenchement de cette rébellion du R.C.D. Ce à quoi
on assiste, c'est l'absorption de la classe politique congolaise à un
mouvement monté de toute pièce par les gens à la
nationalité douteuse.
La seconde observation est que le R.C.D. naissant choisit de
mettre à l'avant-plan des intellectuels et universitaires d'une certaine
envergure et qui avaient manifesté un certain souci
d'indépendance politique. Comment expliquer l'adhésion de ces
hauts diplômés et hommes de qualité, comme WAMBA DIA WAMBA,
Z'AHIDI NGOMA... à un mouvement qui est manifestement à l'origine
sous le contrôle d'un pays étranger ? Nous pensons que c'est
suite aux ambitions démesurées du pouvoir.
La troisième observation, le R.C.D. semble mimé
les stratégies de l'A.F.D.L. Il comprend : d'anciens hauts
responsables tutsi du régime Kabila (Bugera, Karaha, Nyarugabo...), des
barons du Mobutisme mais que l'on peut qualifier, selon Jean-Claude WILLAME,
des « mobutistes réformistes » ((*)1) (Lunda Bululu, Thambwe
Mwamba, Kinkiey Mulumba...). Des déçus du régime Kabila,
soit qu'il ne leur ait pas été accordé la place qu'ils
estimaient mériter (Ilunga, Matanda, Nyamwisi...). Soit qu'il leur fait
subir quelques déboires (Kalala Shambuyi). Une personnalité
politique singulière, définissable seulement par son opposition
constante à Kabila : Z'AHIDI NGOMA, deux intellectuels,
idéologues eux aussi difficilement classables sur l'échiquier
politique et dans le jeu des clans : WAMBA DIA WAMBA et Jacques
DEPELCHIN.
II.1.3.1. La Direction militaire
La 10e brigade est réputée la plus
puissante et la meilleure unité des Forces Armées Congolaises,
car c'est un groupe organisé par le commandant rwandais JAMES KABAREHE
depuis Kinshasa. C'est elle qui sera la cible rebelle. Le commandant de cette
brigade basée au Nord-Kivu, Jean-Pierre ONDEKANE ralliera la
rébellion, mais après avoir, un temps, été mis en
résidence surveillée par les promoteurs du mouvement. Voici
l'organisation militaire du R.C.D.
Tableau N° 6 : Direction militaire du
R.C.D.
Nom du commandant
|
Poste occupé
|
Jean-Pierre ONDEKANE
|
Chef d'Etat-Major Général et Commandant en chef
des opérations
|
BOB NGOY KALUBI
|
Chef d'Etat-Major Général Adjoint et Commandant
Second
|
Sylvain MBUKI
|
Chef de Renseignement Militaire
|
HUGO IBOS ILONGO
|
Commandant du Secteur Nord
|
Henri ALLI PEPE BONTAMBA
|
Commandant de Brigade Goma
|
MALANGI TSHAPUL
|
Chef de l'Administration de l'Armée
|
G. Bin MUSAFIRI KALE
|
Chef du G5
|
NESSY MBIENGA
|
Commandant de la Sécurité
présidentielle
|
KEPAPOL KELIE KITOKO
|
Officier de renseignement et sécurité militaire
au Nord-Kivu
|
Source : G. de VILLERS, op.
cit., p. 52.
Commentaire :
Selon nos enquêtes, tous ces commandants officiers
auraient participé à la guerre de 1996-1997 dans les rangs de
l'A.F.D.L. mais formés par les Forces Armées Congolaises.
II.1.3.2. Déclarations Politiques du Rassemblement
Congolais pour la Démocratie.
Le 12 août 1998, le R.C.D. adopte une déclaration
politique rédigée à Kabuga dans la banlieue de Kigali et
signé par 26 personnalités rebelles. Ce sont ces signataires qui
constituent les véritables membres fondateurs du mouvement. Comme
objectifs apparents du R.C.D. :
1°. Mettre fin à toute forme de dictature, par
l'instauration d'un Etat de droit et d'une bonne gouvernance ;
2°. Construire un Etat uni, démocratique et
prospère en sauvegardant la souveraineté nationale,
l'intégrité territoriale et l'identité citoyenne pour
tous ;
3°. Promouvoir le processus de réconciliation, de
démocratisation et de reconstruction nationale ;
4°. Combattre le tribalisme, l'ethnicisme, le
népotisme, la corruption, la concussion, l'arbitraire, l'impunité
généralisée ;
5°. Promouvoir l'auto-organisation des paysans, des
travailleurs, des femmes et des jeunes pour la défense de leurs
intérêts matériels et moraux ;
6°. Promouvoir le bien-être social du peuple
congolais par des mesures spécifiques notamment dans les secteurs de la
santé, de l'éducation et de l'emploi ;
7°. Construire une économie intégrée
par une gestion rigoureuse et responsable en partant des secteurs prioritaires
en vue d'éradiquer la misère du peuple et de poser les bases du
développement économique du pays((*)1).
Dans cette déclaration, le R.C.D. se démarque de
l'A.F.D.L. dans son discours de la phraséologie marxiste et
tiers-modiste qui constituait un danger pour les capitalistes. Mais alors, le
R.C.D. n'élaborera aucun document précisant son programme et sa
vision de l'avenir du pays.
II.1.4. Dissensions internes au
sein du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
Au lieu de consolider son pouvoir sur terrain, le R.C.D. a,
d'août en décembre 1998, connu des dissensions internes de nature
à hypothéquer son avenir politique. En effet, il s'est
révélé dans la pratique que le professeur WAMBA DIA WAMBA
n'était président que de nom. En plus, les relations tendues
entre lui et le professeur LUNDA BULULU, le coordonnateur de l'exécutif,
avaient des répercussions sur l'ensemble de vie et fonctionnement du
mouvement. Plus précisément sur l'encadrement des cadres et la
mobilisation de la population.
Selon les structures de Kabuga (au Rwanda), le professeur
Wamba Dia Wamba était désigné chef de file de la
rébellion. Mais dans la pratique, chacun des membres fondateurs ne
cessait de prévaloir ses relations avec les alliés rwandais ou
ougandais. Ainsi, Wamba Dia Wamba ne savait quand et pourquoi un de ses
collaborateurs faisait rapport aux alliés. Par rapport à MM.
BIZIMA KARAHA, Moïse NYARUGABO ou MUHETO Léon.
Par ailleurs, lors des premières déclarations
faites à Goma par Z'AHIDI NGOMA, avant la création du R.C.D.,
Wamba Dia Wamba n'était pas encore arrivé de la Tanzanie. C'est
à Kabuga que la délégation venue de Goma l'a vu pour la
première fois((*)2). Z'AHIDI NGOMA avait déjà
communiqué ses ambitions de devenir président du mouvement.
D'ailleurs, de par ses convictions politiques et sa tendance
marxiste, contrairement au mouvement, Wamba dia Wamba devait avoir des
difficultés à s'adapter à une vision rebelle. Incapable de
parler Lingala et Swahili ne faisait que l'écarter davantage des
autres.
Cependant, suite aux dissensions internes, Z'AHIDI NGOMA
prendra congé du R.C.D. en janvier 1999. Le principal motif qu'il
invoque est le refus d'une ouverture du mouvement aux forces sociales et
politiques congolaises(2).
Ensuite, à partir de mars, Wamba Dia Wamba
établira également son quartier général à
Kisangani, alors que les organes du mouvement ont toujours leur siège
à Goma. Dans une interview accordée au Palmarès du
09/04/1999, il reconnaît à mi-mai tout en niant
l'éclatement du R.C.D., que sa sécurité dans la capitale
rebelle (Goma) n'était pas assurée. Et qu'à Kisangani sa
sécurité a été renforcée par les Ougandais
et par une poignée de Congolais((*)3).
II.1.4.1. De la création du R.C.D./M.L-Kisangani
La création du R.C.D./M.L.-Kisangani avait
été officiellement annoncée après la
décision prise le 19 mai 1999 à Goma par un groupe des cadres se
considérant comme un collège des fondateurs du R.C.D. La
décision avait consisté à dissoudre les trois organes du
mouvement rebelle, à savoir l'Assemblée des membres, les conseils
politiques et le comité exécutif ((*)3). Selon Esdras BAHEKWA, cette dissolution d'organe
n'était en fait qu'un prétexte visant à chasser WAMBA dia
WAMBA et MBUSA NYAMWISI du R.C.D. Ces deux responsables d'organes (Conseil
Politique et Assemblée) s'étaient souvent insurgés non
seulement contre la conduite de la guerre mais aussi contre l'encadrement de la
population dans les territoires fraîchement libérés.
En plus, le Rwanda s'ingérait dans tout ce qui se
faisait dans le R.C.D. au point qu'aux yeux de la population, tous les
responsables du mouvement apparaissaient comme étant des marionnettes
des rwandais. Par ailleurs, J.P. BEMBA du M.L.C., ayant ouvert un autre front
avec la bénédiction de l'Ouganda, le professeur WAMBA dia WAMBA
et Monsieur MBUSA NYAMWISI avaient trouvé utile de le rencontrer et de
discuter sur les modalités de former un front uni. En mars 1999, WAMBA
dia WAMBA annonce le transfert du « quartier
général » de son mouvement, de Goma à Kisangani.
Pour Kigali, cette décision n'est qu'une trahison. C'est pourquoi, en sa
qualité de président de l'Assemblée des membres du R.C.D.,
Monsieur MBUSA NYAMWISI avait convoqué, en date du 14 mai 1999, une
réunion extraordinaire à Kisangani. Elle avait pour mission de
statuer sur la question du transfert du Quartier général de Goma
à Kisangani. Très vite, LUNDA BULULU, chef de l'exécutif,
fera une autre réunion parallèle à Goma en date du 15 mai
1999. Face à cet imbroglio, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie
soutiendront la réunion de Goma. Néanmoins l'équipe de
WAMBA refusera de participer à cette réunion du 19 mai 1999 tenue
à la Banque de Développement des Grands Lacs à Goma.
Ce refus avait provoqué la colère du Rwanda qui
avait mis toutes les batteries en marche en vue d'attaquer militairement les
résidences du groupe WAMBA. C'est donc dans ces circonstances que
l'éclatement du R.C.D. s'était effectué et le début
du R.C.D./M.L.-Kisangani basé d'abord à Kisangani puis à
Bunia et finalement à BENI ;
Dans ce qui précède, il apparaît
clairement que les acteurs de cette guerre sont multiples. Ils varieraient
selon les tendances et le soutien étranger.
II.2. ACTEURS DANS LA GUERRE DU
RASSEMBLEMENT CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE (R.C.D.)
II.2.1. Acteurs internes
II.2.1.1. Le Rassemblement Congolais pour
laDémocratie..
La guerre débutée en août 1998 est
présentée au départ par les rebelles comme une
« guerre de libération » mais, ironie de l'histoire,
elle est vite transformée en une guerre d'occupation
étrangère dont les acteurs internes agissent après
l'accord externe. Parmi les acteurs internes, nous voyons d'abord les
Rwandophones (Banyamulenge, Banyarwanda...) qui ont quitté très
vite Kinshasa pour se rendre à Kigali ou à Kampala puis à
Goma. Parmi eux, BIZIMA KARAHA, ancien ministre des affaires
étrangères dans le gouvernement de Laurent Désiré
KABILA. Celui-ci avait joué dans sa diplomatie en défaveur pour
qu'aucune crédibilité ne soit attribuée à ce
gouvernement. A part cette figure influente, on identifie également
Déogratias BUGERA, Moïse NYARUGABO, Emmanuel KAMANZI, Azarias
RUBERWA, Léonard KANYAMUHANGA... On range aussi dans ce groupe les
officiels Benjamin SERUKIZA, MUNYONYO MUTWALE... Cette bande de rwandophones,
avec l'intelligence de MUSEVENI et KAGAME, ont des ambitions politiques et
l'agenda caché de la guerre à l'Est de la R.D.C.
Le deuxième groupe est formé des
révolutionnaires opportunistes dont KALALA SHAMBUYI, ancien responsable
de la propagande au sein de l'A.F.D.L., Emile ILUNGA, responsable de la branche
politique de Tigre Katangais basé en Angola. Il y a également
MBUSA NYAMWISI, un nande (yira) du Nord-Kivu, frère de NYAMWISI MUVINGI
et qui, désavoué par ses compatriotes nande, est supposé
établir la liaison entre Mayi-Myi et la « nouvelle
rébellion » à partir de sa base en Ouganda. Notons que
MBUSA NYAMWISI occupe le poste ministériel de la Coopération
Régionale dans le Gouvernement de Transition pour le compte de son
mouvement du RCD/ML-Kisangani.
Un troisième groupe est formé d'anciens
Mobutistes Alexis TAMBWE MWAMBA, ancien ministre et directeur de l'office de
Douane, LUNDA BULULU, ancien premier ministre et ministre de Mobutu, KAMBALE
BAHEKWA, ancien membre de la sécurité nationale sous la
deuxième République, KINKIE MULUMBA, José ENDUNDO...
Le quatrième groupe est celui d'universitaires anciens
opposants de Mobutu, ayant été déçus dans
l'opposition prônant la non-violence, décide de se ranger
derrière une lutte armée. Parmi ceux-ci, on trouve des
professeurs dont E. NGANGURA, Ernest WAMBA dia WAMBA. Ce dernier, un professeur
d'histoire vivant en Tanzanie et proche des anciens présidents NYERERE
et Jimmy CARTER. Nous voyons également Arthur Z'AHIDI NGOMA, ancien
fonctionnaire de l'UNESCO et président des « forces du
futur », aujourd'hui vice-président pour le compte de
l'opposition non armée dans le Gouvernement de la Transition
après le Dialogue Inter-Congolais tenu à SUN CITY en Afrique du
Sud.
II.2.1.2. La résistance des compatriotes Mayi-Mayi
Au début des années quatre-vingt-dix, l'Est du
Congo en général et le Nord-Kivu en particulier se sont
trouvés confronté à des rébellions et une
résistance d'un type nouveau. Comme MAZRUI l'a correctement
démontré à propos des premières expressions de
rébellion et de résistance, « les guerriers du
dix-neuvième siècle et même du commencement du
vingtième essayaient d'empêcher l'incorporation de leur
société dans les structures globales
étrangères.» ((*)1) Suivant MAZRUI, la rébellion muleliste peut
être décrite comme faisant partie d'un nouveau
phénomène : « Par contraste, les nationalistes
africains et asiatiques du vingtième siècle ont tous
revendiqué le droit d'entrer dans le système international qui
fut créé originalement par les structures
occidentales » ((*)2). Les actuelles milices Mayi-Mayi ne comportent
aucune de ces dynamiques. Ces combattants représentent le vaste groupe
des paysans et des jeunes vivant dans les conditions les plus
vulnérables du système global, qui ne participent pas à
l'ordre ancien mais en même temps se voient exclus du monde moderne. La
plupart d'entre eux « ont été trahis par leurs propres
gouvernements, abandonnés par les organisations internationales et
oubliés du monde. » ((*)3) Comme ils n'avaient rien à perdre de plus
que leurs chaînes, la rébellion est devenue un choix, à la
fois en tant que stratégie de survie et stratégie
d'autodéfense contre un ordre politique et social au comportement
prédateur.
Les premières milices à mentionner sont celles
des Kasindiens (conduite par KISASE NGANDU) et celles des Ngilima, qui ont
commencé à opérer au début des années
quatre-vingt-dix. Les Ngilima avaient leur base dans les régions Nord de
Beni et de Lubero, tandis que les Kasindiens devaient être
considérés comme une milice frontalière, avec leurs
quartiers généraux situés sur les pentes du Rwenzori. La
raison pour laquelle les milices locales se sont mises à opérer
dans cette région en 1991-1992 demeure la domination du mobutisme. Leurs
origines sont en rapport avec l'armée nationale de libération de
l'Ouganda (NALU)((*)1),
elle-même ayant son origine dans le Rwenzori et soutenue par le
président MOBUTU. Par le soutien qu'il apportait au NALU, MOBUTU visait
déstabiliser les régions occidentales de l'Ouganda de MUSEVENI.
Par conséquent, il s'appuya sur les leaders locaux, tel que feu NYAMWISI
(frère du président du RCD/ML-Kisangani MBUSA NYAMWISI) qui
étaient supposés recruter la jeunesse locale pour le compte de la
communauté Nande, laquelle était reliée du point de vue
historique à ses voisins vivant du côté ougandais de la
frontière (Kodjo). Cependant, les choses ne se sont pas passées
comme prévu après sa mort en date du 5 janvier 1992 à
Butembo. D'ailleurs, jusqu'aujourd'hui, cette mort est attribuée au
régime de Mobutu. Les Ngilima et Kasindiens, après sa mort, ont
commencé à opérer pour leur propre cause et se sont mis
à s'opposer au régime du feu Maréchal.
Dès le départ, ces groupes Mayi-Mayi ont eu une
confiance aveugle à des individus de tout genre de nature mystique
supposés les protéger de l'impact des balles. Des
« docteurs » comme KAGANGA fabriquaient des produits qui
devaient rendre invulnérables les combattants audacieux et
téméraires. Les combattants étaient connus comme
étant des Basimba (autour de Lindi) de Katuku, à l'origine les
recrues étaient des Nyanga, tembo de Bunyakiri. Bien qu'il y ait eu une
part de mobilisation spontanée, on admet généralement
aujourd'hui que les politiciens locaux et les autorités traditionnelles
ont joué un rôle crucial dans le recrutement de l'armement et
approvisionnement en vivres de ces combattants. Ce qui explique pourquoi leur
cible principale a glissé de l'administration de Mobutu vers les
communautés banyarwanda jusqu'aux attaques actuelles.
Cependant, le début de la rébellion de
l'A.F.D.L. fut la plaque tournante suivante dans l'histoire des Mayi-Mayi.
D'abord, dans les communautés qui n'avaient pas été
touchées par la dynamique de constitution de ces forces dites
d'autodéfense populaire qui poussaient tels des champignons. Voyons
comment sous le régime du R.C.D. cette résistance s'est
manifestée.
II.2.1.3. De la simple milice à une force
politico-militaire du Nord-Kivu
Au lendemain de la rébellion du R.C.D., le paysage
politique et militaire local connut un total remaniement. L'environnement
politique changeant eut aussi un puissant impact sur les forces Mayi-Mayi,
suite au nouveau contexte de la guerre. L'implosion étatique reliait
directement ces réalités de base à la dynamique politique
régionale sous les espèces des réseaux militaires
informels. D'une part, la nature de la guerre en cours donnait au mouvement
Mayi-Mayi une légitimité nouvelle dans sa lutte contre la
domination rwandaise et ougandaise. D'autre part, la situation de
désordre suscita les conditions nécessaires à la
constitution de nouvelles forces plus importantes encore, à la
militarisation de plus en plus répandue de réseaux sociaux et
économiques informels. Cependant, dès août 1998, la
constitution des Mayi-Mayi au Nord-Kivu s''est vite proliférée
entre Kanyabayonga-Lubero-Butembo et Beni et dans le Walikale.
En fait, la rébellion du R.C.D. a produit un effet
supplémentaire. Un contexte croissant et une crise de l'autorité
donnèrent une nouvelle dimension à la constitution des Mayi-Mayi
locales. A l'origine, la constitution de celles-ci pouvait être
considérée comme une violence « du bas vers le
haut » ayant pour but de trouver une solution à la
marginalisation sociale et économique. Mais plus tard, ceux-ci se
constitueront des forces de tracasserie et de pillage des ressources. Le
chapitre suivant aura à épingler de la responsabilité de
ces Mayi-Mayi dans le circuit du pillage des ressources naturelles congolaises.
Par ailleurs, ce pillage n'est pas orchestré uniquement par les acteurs
internes ; l'on y retrouve des acteurs régionaux et
internationaux.
II.2.2. Les acteurs
régionaux
II.2.2.1. Le Rwanda
Si la communauté internationale a montré une
certaine compréhension quant aux inquiétudes du Rwanda concernant
sa sécurité, on a du mal à imaginer que le monde comprenne
que Kigali doit défendre ses frontières à Kisangani et au
Kasaï, à près de mille kilomètres de ses
frontières. Dans nos analyses, nous allons jusqu'à affirmer que
c'est pour le pillage et la nationalité des rwandophones. La
participation active du Rwanda dans la guerre congolaise s'exprime dans une
déclaration du ministre rwandais Patrick MANZIMPAKA :
« Nous avons été déçus par KABILA,
terriblement, il nous a trompés (...), il se méfiait de
nous ! nous avons constaté que les Tutsi Banyamulenge au Kivu
continuaient à être victimes de brimades. Quant aux Tutsi
congolais qui s'étaient réfugiés chez nous, Kabila ne se
montrait pas pressé de les voir revenir, il disait qu'ils avaient
trouvé leur pays d'origine. »((*)1) Cette citation démontre que l'aide du Rwanda
au feu président KABILA était conditionnée par la question
de nationalité massive des rwandophones. Malgré la question
sécuritaire du Rwanda, Paul KAGAME stipule que L.D. KABILA n'avait pas
honoré la convention qu'il avait contractée dans les accords de
LEMERA((*)2). Notons que
ces accords restent ambigus jusqu'à nos jours car aucun chercheur n'a
révélé leur contenu. Mais beaucoup d'analystes pensent
à l'occupation-exploitation de l'Est du Congo-Kinshasa. Nous examinerons
davantage les enjeux du Rwanda dans le chapitre suivant de notre travail. Mais
la nationalité, l'exploitation et l'hégémonie restent la
base des enjeux rwandais au Congo avant la sécurité.
II.2.2.2. L'Ouganda
L'Ouganda est l'un des acteurs principaux de la guerre
congolaise. L'explication de son implication est multiple : les
idées économiques, hégémoniques et de
sécurité. Tout comme le Rwanda, le président MUSEVENI
avait déclaré à la Radio américaine le 27 mars 1999
que : « Les éléments cruciaux du conflit des
Grands Lacs sont `le terrorisme soudanais et les Interahamwe' et que la guerre
au Congo ne prendre fin que si les Interahamwe et les Soudanais sont
désarmés au Congo. » ((*)3) En fait, la présence de l'Ouganda en R.D.C.
est expliquée par la thèse de l'impérialisme
régional, développée par les Anglo-Saxons qui voient en
MUSEVENI un Bismark oeuvrant pour la constitution d'un vaste « empire
Hima ». D'ailleurs, un journal du Nord de l'Ouganda THE SHARIAT du 15
au 21 avril 1997 dévoile les ambitions démesurées de
MUSEVENI : « Ma mission consiste à voir
l'Erythrée, la Tanzanie, le Soudan, l'Ethiopie, l'Ouganda, le Kenya, le
Rwanda, le Burundi et la R.D.Congo devenir un Etat fédéré
en une seule nation. » Il poursuit : « De la
même façon qu'Hitler l'a fait pour rassembler l'Allemagne, nous
devrions le faire ici. » ((*)4) Mais également le facteur quia conduit
l'Ouganda à intervenir au Congo tient aux idées
économiques de MUSEVENI. Il voit dans la province Orientale du Congo, du
territoire de Lubero, à Faradje, et d'Isiro à Kisangani, une zone
d'influence « naturelle » pour le commerce, les entreprises
et les capitaux ougandais((*)5). Ainsi, à maintes reprises, ses troupes
s'affronteront aux forces rwandaises pour vouloir contrôler la ville de
Kisangani qui semble lui échapper. Voilà pourquoi MUSEVENI est
devenu un acteur principal régional dans la guerre en R.D.Congo dont sa
participation en nombre de militaires actifs dans la guerre
s'élève à 6000 hommes. Voici un tableau explicatif du
Niobium convoité par l'Ouganda au Nord-Kivu. Ici c'est la
spécificité du Niobium.
Tableau n° 7 : Exportation de Niobium
1995-1999 (en milliers de dollars des Etats-Unis)
Année
|
Niobium
|
1995
|
-
|
1996
|
-
|
1997
|
13
|
1998
|
580
|
1999
|
782
|
Source : Organisation mondiale du
commerce (donnée agrégée), In Le
Millénaire n° 13, avril 2001, p. 13.
II.2.2.3. Le Burundi
La participation burundaise serait plus sécuritaire car
le FDD/CNDD était sérieusement hostile au pouvoir de Bujumbura.
En effet, sa situation interne de guerre entre Hutu et Tutsi et son embargo en
armes avait conduit ce pays de se faire un observateur obscur. Mais ses troupes
en R.D.Congo avaient également participé à l'exploitation
illégale des ressources naturelles du Congo-Kinshasa. Nous
espérons que les rencontres actuelles en Afrique du Sud feront taire les
armes dans ce pays.
II.2.2.4. La République Sud-Africaine
Depuis le début des hostilités lancées
contre la souveraineté congolaise, l'Afrique du Sud fait semblant de
rester dans l'ombre. Depuis les négociations entre KABILA et MOBUTU dans
le navire sud-africain Outeniqua, ce pays a du mal à apparaître
comme totalement neutre dans la guerre congolaise. Colette BRAECKMAN affirme
que la République Sud-Africaine avait fourni un équipement
militaire au RCD/Goma de 100 millions de dollars américains((*)1). D'autre part, la R.S.A.
vend des armes au Rwanda tandis que le président Nelson MANDELA, pendant
son règne, entretenait d'excellentes relations avec son homologue
ougandais. A ne pas sous-estimer, dans ce pays, la tenue de toutes les
négociations politiques, de Pretoria à Sun City, un choix
géopolitique de taille.
En bref, la guerre congolaise, dite de
« première guerre mondiale africaine »,
connaît des implications multiples. Les alliances s'y nouent et se
dénouent jour et nuit, seuls les intérêts comptent. Les
acteurs sont innombrables que ceux-ci haut épinglés ne le sont
qu'à titre illustratif. Et ce, dans le cas spécifique de l'Est.
Force nous est d'aborder la phase d'acteurs internationaux.
II.3. ACTEURS INTERNATIONAUX
II.3.1. La Belgique
La responsabilité de la Belgique est très
grande. En fait pour avoir abusé de sa tutelle sur le Rwanda qui lui
était une colonie en amenant au Congo les immigrés qui y
constituent le groupe de Banyarwanda le plus important numériquement, la
Belgique est le premier responsable des conséquences négatives de
ces actes, surtout que celles-ci étaient prévisibles. On sait
qu'elle ne s'est pas limitée à amener les immigrés au
Congo mais qu'en plus elle a spolié les terres des autochtones pour les
y placer et se placer soi-même, créer, au profit des
immigrés, des infrastructures (écoles, routes, dispensaires...)
dont n'avaient pas bénéficié les autochtones ou, en tout
cas pas dans les mêmes conditions. Par la suite, elle a même
créé, au profit des immigrés, la chefferie dite de Gishari
sur des terres prises aux autochtones dont les droits fonciers, politiques et
coutumiers devaient être respectés selon les principes
posés par les colonisateurs eux-mêmes. Pire, ils ont mis des
immigrés à la tête de cette chefferie.
La Belgique a laissé les immigrés continuer
à mentir sur des questions clés comme celles relatives à
la présence ou non des immigrés au Congo à
l'arrivée des colonisateurs, celle de la perte ou non des territoires
par le Rwanda lors de la fixation définitive des frontières Est
du Congo en 1910. Ayant vécu ces événements, la Belgique
qui, en plus, a dans ses archives des renseignements y relatifs pouvait
intervenir pour trancher ou tout au moins témoigner. Hélas, elle
a choisi de se taire même quand les Bami de la province du Kivu lui ont
écrit au sujet des Banyarwanda justement. Quand on sait le rôle
que la Belgique a joué dans les événements qui ont suivi,
on comprend le pourquoi de ce silence complice. Il en est de même pour
les réfugiés Tutsi obligés de fuir le Rwanda à la
chute de la monarchie en 1959 et les années suivantes. Jusqu'en 1962,
quand le Rwanda accède à l'indépendance, la Belgique qui a
quitté le Congo le 30/6/1960 reste au Rwanda et voit donc ces gens
quitter le Rwanda, rentrer attaquer ce pays où ils veulent
reconquérir le pouvoir. Quand les mêmes réfugiés
poseront des problèmes politiques au Congo, la Belgique qui sait qu'il
s'agit des réfugiés qui, de par leur statut, n'ont aucun droit de
se mêler de politique, choisira de se taire, se faisant complice de tous
ces excès qui seront commis. Ce silence continue jusqu'aujourd'hui.
II.3.2. Les Etats-Unis
d'Amérique
L'entrée en fonction, en janvier 2001, de Georges W.
BUSH comme 43e président des Etats-Unis, pourrait bien
représenter le début d'une ère nouvelle dans la politique
étrangère américaine à l'égard de l'Afrique
et du Congo en particulier. Comme ce fut le cas lors de deux passations de
pouvoir précédentes entre un président Républicain
et un président Démocrate. En effet, l'équipe de politique
étrangère de BUSH Junior a accusé l'équipe
démocrate sortante d'avoir mené en Afrique une
« politique des bons sentiments » bien trop
idéaliste et finalement vouée à l'échec((*)1). Le corrélatif
à apporter, selon le nouveau pouvoir, consiste à donner un coup
de barre en direction d'une politique étrangère bien plus
« réaliste » à la manière des
Administrations REAGAN et surtout NIXON, s'appuyant sur une analyse plus
froidement soucieuse des intérêts matériels et
stratégiques de l'Amérique((*)2).
Aux yeux des observateurs, le président BUSH et son
premier cercle seront les acteurs les plus influents et les plus actifs dans la
politique étrangère à l'égard de l'Afrique.
Pourtant tout au long de la guerre froide et au cours de la décennie qui
l'a suivie, les présidents ont traditionnellement consacré peu
d'attention au continent africain par rapport à d'autres régions
du monde. Ce manque d'attention s'expliquerait, selon SCHRAEDER, par : le
manque de connaissance et l'absence d'intérêt((*)3).
II.3.2.1. Politique des Etats-Unis dans la région des
Grands-Lacs africains.
Selon les études de SCHRAEDER, le soutien de
l'Administration CLINTON aux Rwanda et Ouganda dans la guerre de la R.D.Congo
prend en compte la promotion des investissements et commerce américains
afin de les récompenser car ils favorisent l'établissement
d'économies libérales ouvertes((*)1). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est sous
son second mandat en 1998 et 2000 que Bill CLINTON a entrepris ses deux voyages
en Afrique. Parmi les pays bénéficiaires de cette visite,
l'Ouganda et le Rwanda seront au rendez-vous.
L'International Herald Tribune, un Journal américain,
dans sa publication du 19 décembre 1996, stipule que le Congo
était le résultat d'une union impossible, non naturelle et que la
frontière coloniale ne pourra éternellement être
considérée comme sacro-sainte((*)2). Ensuite, Walter KANSTEINER lui-même, qui
devait devenir secrétaire d'Etat aux affaires africaines, avait
publié en 1996 des vues très personnelles sur l'avenir de la
région des Grands Lacs. Il avait plaidé en faveur de la
création « des pays homogènes sur le plan ethnique, ce
qui impliquait nécessairement de redessiner les frontières
internationales et d'importants efforts de réinstallation des
populations »((*)3) Il allait jusqu'à envisager la
création d'Etats hutu et tutsi, séparés, ce dernier
pouvant se situer dans l'Est du Congo. En août 2000, interrogé par
la Pittsburgh Post Gazette, il devait affirmer que l'éclatement du Congo
est plus probable aujourd'hui qu'il ne l'était voilà vingt ou
trente ans((*)4).
Quant à l'ancien secrétaire d'Etat Herman COHEN,
bien qu'il ne reconnaisse pas que les Etats-Unis aient jamais songé
à démembrer le Congo, il concède cependant que
« l'Administration CLINTON a eu tendance à voir le Congo par
l'optique de Kigali, ce qui était une mauvaise
évaluation » ((*)5) Et il souligne que grâce à
l'Administration BUSH « le potentiel de démembrement du Congo
a reculé »((*)6)
Par contre, pour les Républicains, l'Administration
CLINTON a fait monter l'émergence des conflits inter-étatiques
entre l'Ethiopie et l'Erythrée et les accrochages militaires entre
l'Ouganda et le Rwanda au Congo-Kinshasa. Pour Colin POWELL dans son discours
du 17 janvier 2001 devant le Congrès, la politique africaine des
Etats-Unis pourrait concrètement évoluer sous un impératif
stratégique : cultiver les liens étroits avec les puissances
régionales, cas de la région des Grands Lacs où la
R.D.Congo est une puissance non négligeable((*)7). Cette vision se distingue
donc de celle de l'Administration CLINTON, qui s'était appuyée
sur le « nouveau bloc » des leaders africains, comme on les
appelle. Parmi lesquels YOWERI MUSEVENI (Ouganda) et Paul KAGAME (Rwanda) qui
avaient en commun la même volonté de créer des
gouvernements « sensibles à la critique et
responsables » bien que non nécessairement
démocratiques. COLIN POWELL, dans sa politique extérieure,
soutient qu'il faut retirer les armes des mains des enfants. C'est l'expression
chère aux Américains, « Qu'il ne faut pas laisser aux
enfants jouer avec des allumettes ». Faire cesser la corruption.
Traitant la question du crédit génocidaire rwandais, COLIN POWEL
souligne « qu'il n'existe probablement aucune tragédie plus
grande dans le monde aujourd'hui »((*)1). Enfin, la visite de G.W. BUSH en Afrique reste
convainquant sur la démarcation démocrate-républicains, le
Rwanda n'étant pas au rendez-vous et l'Ouganda n'aura que quatre heures
de visite du Président américain G. W. BUSH.
II.3.3. L'ONU : Grandes
espérances, maigres résultats
C'est sous le mandat de la SDN que la Belgique a
administré le Rwanda jusqu'à la création de l'ONU en 1948.
Elle a déplacé des populations du Rwanda sans l'autorisation de
la SDN et de l'ONU par la suite sans que celles-ci n'interviennent ou ne
protestent.
Les réfugiés de 1959 sont arrivés au
Congo entre 1959 et les années qui ont suivi, alors que les troupes de
l'ONUC s'y trouvaient. L'ONU était donc témoin de leur statut de
réfugiés. Elle les a vus se mêler de politique en se
rangeant aux côtés des mulelistes, en 1964, malgré les
messages lancés aux réfugiés rwandais du Mutobo, Lemera et
Mulenge. Elle verra ceux-ci, cesser de s'appeler rwandais en zone de Fizi,
Mwenga et Uvira(2) sans aucune réaction. Il en sera de
même pour les réfugiés rwandais d'Ihula et Bibwe au
Nord-Kivu. Et cette situation anormale va continuer même après que
certains de ces réfugiés soient rentrés au Rwanda
après la prise du pouvoir par le FPR en 1994 et que, en 1995, l'ONU ait
organisé du 17 au 27/9 le retour au Rwanda de ceux qui n'avaient pas eu
les moyens de rentrer au Rwanda.
Et même maintenant que le Rwanda utilise les mêmes
réfugiés qu'il présente comme des congolais ayant fui la
guerre dans leur pays pour se réfugier au Rwanda, l'ONU qui a
organisé leur retour au Rwanda, qui a eu à gérer leurs
camps de réfugiés qui avaient installé leur dernier groupe
parti du bâtiment inachevé de l'hôpital de Katindo en 1965
(voir lettre adressée à Mr Moley Benezeth, Gouverneur de la
province du Nord-Kivu par le représentant du HCR, continue à se
taire, y compris quand on les installe dans le parc puisqu'ils n'ont pas de
terre au Congo où ils n'ont jamais été. L'ONU a
laissé le Rwanda et l'Ouganda marche sur les réfugiés hutu
(accord des attaques contre des camps des réfugiés situés
en zones peuplées des congolais dont beaucoup sont morts lors de ces
attaques). Ces réactions timides ont permis la continuation de la guerre
déclenchée depuis le 2 août 1998 et qui a fait
déjà plus de 4.000.000 victimes congolaises, soit plus que 1.000
des victimes du génocide rwandais.
Alors que les populations autochtones du Kivu souffrent de la
présence des immigrés chez eux par manque de vigilance de l'ONU
et des réfugiés sous sa juridiction, l'ONU s'occupe de ceux-ci
mais abandonne à leur triste sort les populations locales, n'intervient
qu'en faveur des réfugiés, y compris des génocidaires
comme les Interahamwe.
Impuissante et inutile, indispensable et nécessaire,
l'Organisation des Nations-Unies vogue prise dans les mouvements de fond des
relations internationales sur lesquelles elle n'a pas d'influence. Cette
organisation pauvre, embarrassée de débiteurs, parfois riches,
reste le lieu de tous les espoirs et de toutes les déceptions. La fin de
la guerre froide n'a rien changer. Et si l'ONU n'existait pas, sans doute
chercherait-on à l'inventer.
Le schéma ordinaire des relations internationales
s'organise autour de deux modèles de gestion de la puissance des Etats.
La première approche, classique, est celle de l'équilibre des
puissances. La seconde est celle de la sécurité
collective((*)1). La
politique de l'équilibre s'effectue principalement par les moyens de la
diplomatie (qui inclut l'usage de la force) dans un contexte
géopolitique sans règles effectives autres que celle du maintien
de cet équilibre. La sécurité collective a pour objectif
de systématiser et d'institutionnaliser les relations internationales de
manière à coordonner les politiques individuelles des pays selon
des principes généraux. Les engagements collectifs pris par les
Etats doivent aboutir à un régime de sécurité qui
protège les pays ayant souscrit à ces engagements. Ce
régime s'appuie sur l'action d'organisations internationales
créées à cet effet. Au XXe siècle, l'ONU
est à la fois le symbole et le vecteur principal de la
sécurité collective à l'échelle
planétaire((*)2).
On se rend compte, dix ans seulement après l'espoir suscité, de
mettre en place un nouvel ordre mondial et de mener une politique de
conditionnalité, de diplomatie de gestion des conflits. Pour YERODIA
NDOMBASI, c'est l'ONU qui bloque "l'accord de Lusaka" en appelant l'agression
« guerre civile »((*)3). Alors que la R.D.Congo implore, et qu'une immense
ligne de front se développe qui relie une dizaine de pays, l'ONU semble
inactive en déployant une force d'observation pendant que plus de trois
millions des Congolais sont morts. Des résolutions
réfutées par les Rwandais à Kisangani, des humanitaires
calcinés à Bunia sans que l'ONU ne s'impose. La faiblesse de
l'ONU est frappante au Congo-Kinshasa depuis la guerre du 02 août 1998. A
part l'ONU, d'autres acteurs internationaux, surtout du mercenariat militaire
ont activé le conflit à l'Est de la République
Démocratique du Congo.
II.3.4. Les sociétés
militaro-industrielles
Selon une étude de l'Organisation Non Gouvernementale
Américaine « Internataional Rescue Commitee », dans
l'Est de la R.D.Congo uniquement, une région de vingtaine de millions
d'habitants, 3,5 millions de personnes sont mortes entre août 1998 et
avril 2001. Parmi ces décès, 2,5 millions sont attribuables
à la guerre et ses conséquences et 350.000 directement à
la violence((*)1). Cette
violence s'est accentuée suite à la militarisation de la
région par les trafics d'armes organisé par des
sociétés militaro-industrielles. Rappelons que, dans les mois qui
ont précédé cette guerre du R.C.D., diverses informations
indiquaient des achats d'armes effectués conjointement en Afrique du Sud
par les anciens responsables du régime de Mobutu et les rwandais, en vue
de renverser le président KABILA. D'autres opposants installés en
Allemagne auraient effectué des achats d'armes en Russie et
envoyé une délégation à Kigali en février
1998((*)2).
Dans le Nord-Kivu, la rébellion est essentiellement
constituée de deux groupes, le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie (R.C.D./Goma) ayant environ 40.000 hommes dont 2600 enfants
selon l'UNICEF. Et le R.C.D./Kisangani-Mouvement de Libération
dirigée par MBUSA NYAMWISI, implanté dans la région de
Beni-Lubero. La première est soutenue par le Rwanda et la seconde par
l'Ouganda.
Les transferts d'armes vers la rébellion à
partir de Kigali et Kampala ont été massifs dès le
début de la guerre en août 1998. Bien qu'il ait été
souvent difficile de déterminer quelle faction en était la
bénéficiaire, ou si elles étaient destinées aux
armées rwandaise ou ougandaise en R.D.Congo. Ainsi, selon Amnisty
International, une vingtaine d'avions non identifiés se posaient chaque
jour de septembre 1998 sur l'aéroport de Goma y déchargeant,
outre les troupes rwandaises et ougandaises, du matériel militaire, dont
des blindés et des armes lourdes((*)3).
Quelques mois plus tard, un autre ballet aérien
était constaté dans l'Est du pays où, durant les trois
premières semaines de l'année 1999, pas moins de 1800 tonnes de
matériel militaire, dont les chars T-55, auraient été
acheminés d'Ouganda par avions gros porteurs, dont un Ylyushim 76.
Il semble également que les rebelles ont réussi
à détourner du matériel militaire destiné aux FAC.
En effet, 3,15 tonnes d'armes légères, explosifs et munitions
commandées par Kinshasa à la Chine juste avant le début de
la guerre et transportés par la compagnie OCEAN SHIPPING LINE sont
arrivées à Dar Es-Salaam. Puis ont été
dirigées sur l'Ouganda et expédiées à Goma, sous
contrôle rebelle. En outre, en octobre 1998, BIZIMA KARAHA a
déclaré : « Nous avons mis la main sur les
dépôts d'armes extraordinaires : orgues de Staline, missiles
balistiques, sol-air, fusées Katiusha, canon à longue
portée, lance-grenade... »((*)1)
Mais les insurgés congolais font également appel
aux réseaux internationaux militaro-industriels de trafiquants d'armes.
Ainsi, au début du conflit, les sociétés britanniques SKY
AIR CARGO, dirigées par SYED NAQUI et OCCIDENTAL AIRLINE du Belge RONALD
ROSSIGNOL, ont chargé des armes à BRATISLAVA (Slovaquie) et les
ont livrées au territoire rebelle en particulier au Nord-Kivu (Goma). Ce
trafic s'effectue par des avions appartenant aux compagnies congolaises :
PLANET AIR et NEW GOMA AIR. De liens également entre les réseaux
du TADJIK VICTOR BOUT et les rebelles congolais sont également
établis((*)2).
D'autre part, un autre acolyte de BOUT, le Kenyan SANJIVAN
RUPRAH, arrêté en février 2002 à Bruxelles pour
blanchissement d'argent, était le beau-frère du chef du RCD/Goma,
Adoplh ONUSUMBA. En outre, des sources sûres de nos enquêtes
affirment que les armes prises aux FAC seraient généralement
données au R.C.D./M.L. Ce mouvement était soutenu par l'Ouganda
en armes et en troupes militaires. La présence des mercenaires
Sud-Africains et Américains en soutien aux rebelles congolais dans le
domaine de l'artillerie et des communications aurait également
été constatée. La présence du frère de
NELSON MANDELA, ancien président Sud-Africain, n'est pas un fait du
hasard mais de coopération à BENI.
Enfin, les Mayi-Mayi s'approvisionneraient également
auprès des circuits illicites florissants dans la région contre
les matières précieuses. Les Mayi-Mayi basés à
VURONDO + 60 km de Beni) auraient gagné d'énormes
équipements (camion, T-shirt, training, armes et munitions) en
contre-partie à la libération d'une vingtaine de
Thaïlandais, agents de la société DARA FOREST basée
à Mangina (+ 50 km de Beni). Ces Mayi-Mayi auraient
également établi des relations secrètes avec les
opérateurs économiques du Moyen-Orient dans l'espoir d'obtenir
des armes en échange avec des ressources naturelles.
En bref, c'est chaque acteur qui est en quête de sa part
de gâteau, miel congolais quand bien même ce miel serait
déjà avarié.
II.4. L'ENJEU DE LA
NATIONALITÉ ET LA MAUVAISE GOUVERNANCE DES INSTITUTIONS
II.4.1. L'enjeu de la
Nationalité
Depuis des décennies, des conflits opposent
périodiquement les autochtones du Nord-Kivu aux populations venues des
pays voisins, en l'occurrence du Rwanda et du Burundi. La nationalité a
été citée chaque fois comme motif du rejet par les uns et
socle des revendications par les autres. Devenu l'enjeu majeur, elle a encore
servi de détonateur à la guerre du Rassemblement Congolais pour
la Démocratie à partir de 1998. J.C. WILLAME affirme que la
presse internationale sous toutes ses formes a beaucoup parlé des
« Banyamulenge », des tutsi du Kivu, des tutsi congolais
d'origine rwandaise et même, de façon plus générale,
des « rwandophones » dont la nationalité congolaise
est controversée((*)1).
Le Nord-Kivu est une région conflictuelle surtout de
nationalité qui paralyse tout le reste de la R.D.Congo. Il reproduit
à une échelle déjà grande les antagonismes
ethniques qui étouffent la sphère politique, économique,
administrative et sociale. D'autres chercheurs qualifient cette région
de poudrière((*)2).
II.4.1.1. Aperçu historique
Une tendance se fait jour de marquer la différence
entre le Nord et le Sud-Kivu, afin de nuancer la nature de la revendication
des Banyamulenge d'Uvira par rapport au reste des Banyarwanda en tenant compte
de la présence des uns et des autres au Congo.
D'une manière générale et selon certains
historiens, des mouvements des populations d'une importance variable et par
vagues successives, partant du Rwanda et du Burundi vers le Kivu, ont
été remarqués avant le XIXe siècle.
Cette émigration par infiltration individuelle et collective à
cause du trop-plein de la population dans les pays d'origine, s'est accrue
pendant la colonisation d'abord pour répondre au besoin en travailleurs
des sociétés privées congolaises. Ensuite, elle a
été un moment donné organisée par le colonisateur
lui-même en vue de développer spécialement la partie Nord
de la province du Kivu. Ce fut l'opération de transplantation des
populations par le colonat européen dans le cadre de ce qu'on appela
« Mission d'Immigration des Banyarwanda » (MIB) dans la
période allant de 1936 à 1957. Enfin, à partir de 1953,
les réfugiés commencèrent à affluer en masse
à la suite des événements politiques dans les pays
voisins((*)1).
Depuis les années 60, les rwandophones ont soutenu des
rébellions et des promesses leur auraient même été
faites dans ce sens par des Congolais rebelles. VERHAEGEN signale que les
accords de partition avaient été signés entre le
président rebelle de l'UNAR, François RUBEKA et SOUMIALOT
à Albertville le 31 juillet 1964. Ce rebelle avait promis aux tutsi les
territoires des Babembe, des Bavira jusqu'au Rutshuru en cas de victoire de sa
rébellion((*)2).
Cela présente de similitude avec l'intervention du Rwanda, du Burundi et
de l'Ouganda auprès de la révolution conduite par Laurent
Désiré KABILA en 1996 avec les accords clandestins de LEMERA. Et
si on essaie d'apprécier la consistance de la guerre actuelle du R.C.D.,
on finit par croire que la nationalité et les droits politiques sont
à la base de cette machine de guerre. D'ailleurs le rapport de VANGU
MAMBUENI va plus loin en dénonçant le plan rwandais d'annexion du
Nord-Kivu au territoire rwandais. Cette analyse-enquête sera
confirmée par la déclaration du président rwandais Pasteur
BIZIMUNGU qui réclamait la tenue d'une conférence de Berlin
II.
II.4.1.2. Principaux textes juridiques sur la
nationalité en R.D.C.
La République Démocratique du Congo étant
un Etat né de la décolonisation, il était indispensable de
désigner qui devait être considéré comme Congolais.
En terme juridique, la nationalité est simplement définie comme
le lien entre une personne et un Etat déterminé. Cette
matière est en R.D.C. régie par la loi n° 81/002 du 29 juin
1981 incorporé dans le code de la Famille. Cette proclamation est faite
par l'Article 4 du code de la famille en ces termes : « Est
Zaïrois (Congolais), aux termes de l'Article 11 de la Constitution,
à la date du 30 juin 1960, toute personne dont un des ascendants (femmes
ou hommes) est ou a été membre d'une des tribus établies
sur le territoire de la République du Zaïre (RDC) dans ses limites
du 1er août 1885, tel que modifié par les conventions
subséquentes. » Autrement dit, ceux dont les ascendants ne
faisaient pas partie de ces tribus et désireux d'être Congolais,
ne peuvent acquérir la nationalité congolaise que par les modes
prévus par l'Article 9, c'est-à-dire par la naturalisation,
l'option ou l'adoption.
L'un des monumentaux principes qui régit la
matière est que la nationalité congolaise est une et exclusive,
c'est-à-dire qu'une personne ne peut détenir et la
nationalité congolaise et une autre nationalité. Voyons comment
les différentes Constitutions congolaises ont conçu cette
matière délicate.
II.4.1.2.1. La Constitution de 1964 et
Décret-Loi de 1965
D'une manière générale, la
première République (1960-1965) semble avoir gardé un
silence étonnant au sujet des ressortissants du Rwanda-Urundi. Ils n'ont
été visés nulle part expressément dans les textes
sur la nationalité et dans les dispositions relatives aux
élections. Pourtant la question était d'actualité au
moment de l'élaboration de cette constitution. Certes, la
nationalité congolaise a été réglementée
à l'Article 6 de la Constitution votée le 1er
août 1964 et dans le décret-loi du 18 septembre 1965 portant Loi
organique. Ce décret-loi a organisé les modes d'acquisition et la
perte de la nationalité, le constituant ayant salué
lui-même sur la nationalité par appartenance à l'Etat
congolais au 30 juin 1960, jour de la proclamation de l'indépendance.
Selon la Constitution, à cette date, tout individu,
quel que fût son âge, même né au Congo, était
à considérer comme étranger c'est-à-dire
n'appartenant pas à la nation, s'il ne répondait pas aux
critères retenus par l'Article précité, à
savoir : avoir au moins un ascendant membre d'une partie de tribu
établie sur le territoire congolais avant le 18 octobre 1908, lors de
l'annexion du Congo par la Belgique. Même le décret-loi
était sensé s'appliquer à partir du 30 juin 1960.
II.4.1.2.2. L'Ordonnance-Loi n° 71/020 du 26 mars
1971
Une nouvelle phase s'est ouverte avec l'octroi de la
nationalité et de la citoyenneté d'une manière collective
aux immigrés banyarwanda du Kivu par l'Ordonnance-Loi du 20 mars 1971.
Cependant, cette Ordonannce-Loi a été initiée par
BISENGIMANA RWEMA, un tutsi, et signée par le président MOBUTU,
reconnaissait la nationalité congolaise aux immigrés rwandais et
burundais établis au Congo à la date du 30 juin 1960. C'est une
acquisition massive. Cette disparition réglementaire permettait
même aux clandestins et réfugiés de 1959 d'acquérir
collectivement la nationalité au mépris de la population
congolaise surtout de l'Est. En outre, par la loi n° 72-002 du 5 janvier
1972, le législateur congolais reconnaît la qualité de
congolais aux originaires du Rwanda-Urundi établis dans la province du
Nord-Kivu avant 1950 et qui ont continué à y résider
jusqu'à l'entrée en vigueur de ladite loi. Mais après
analyse de la question rwandaise au Congo, la loi n° 81-002 du 29 juin
1981 abrogea cette reconnaissance de la nationalité aux populations
rwandaises et burundaises, loi qui sera confirmée par la
Conférence Nationale Souveraine.
II.4.1.2.3. La loi n° 82-002 du 29 juin
1981
Suite à une contestation croissante des
autorités et autochtones congolais originaires de l'Est de la
République Démocratique du Congo sur l'octroi de la
nationalité collective aux immigrés rwandais et burundais, le
Parlement de la troisième législature (1977-1982) du 29 juin 1981
qui ne confère la nationalité congolaise que sur base d'une
demande expresse et individuelle. C'est en vertu de ce principe que l'Article
15 de la Loi du 5 janvier 1972 fut déclaré nul. Plusieurs raisons
motivent cette annulation. La loi du 5 janvier 1972 sur la nationalité
congolaise ne semble pas avoir apporté une solution définitive
aux problèmes sur le terrain. La nationalité congolaise des
immigrés restant vivement contesté par les groupes autochtones et
la société civile de l'Est.
C'est ainsi qu'à partir de cette remise en question de
la nationalité au Rwadophone vivant en R.D.Congo que cette
communauté tribale s'est investie dans des luttes militaires. La
connotation révolte de Banyamulenge ayant abouti à la guerre de
l'A.F.D.L. jusqu'au R.C.D. reste gravée autour de la question
identitaire.
II.4.2. La mauvaise gouvernance en
R.D.C.
L'an 1990 a marqué pour l'Afrique un tournant presque
aussi important que l'a été 1960. En effet, les dirigeants
africains ont pris des initiatives afin de partager le pouvoir avec d'autres
secteurs de la société. Ainsi, dans plus de la moitié des
Etats du continent, les réformes politiques ont fait l'objet de
débats, tandis que, dans certains pays, on prenait officiellement les
nouvelles stratégies de perpétuer son pouvoir au peuple. Partout,
les dirigeants ont reconnu que la manière dont ils conduisaient la vie
politique avait de l'importance et qu'il y avait place pour les
améliorations. Grâce à la réforme de
l'héritage structurel de puissances coloniales, ainsi qu'à la
mobilisation des masses, on percevait la politique comme un moyen de servir le
développement de la nation. Mais cette manière de l'envisager
représentait aussi une tentation pour les dirigeants qui voulurent
concentrer le pouvoir politique entre leurs mains. Le développement
devint une opération commandée d'en haut, et la vie politique se
vit de plus en plus confinée entre les mains d'un petit clan. Ce dernier
a en quelque sorte kidnappé la vie politique à son seul profit et
transformé les questions publiques en affaires privées, faisant
de la responsabilité de l'Etat une parodie.
Non seulement les dirigeants politiques perdirent leur
légitimité personnelle dans le processus, mais la politique en
général en sortit ternie. Dans les années 1986, la plupart
des peuples africains qui voyaient toujours, comme au spectacle, leurs
dirigeants mettre les privilèges de leurs postes au service de leurs
intérêts personnels, avaient fini par adopter un point de vue
cynique sur la politique. Ce divorce entre les dirigeants et le peuple est,
pensons-nous, des maux économiques et sociaux dont souffre l'Afrique. En
bref, la formule politique adoptée au moment de l'indépendance
par la majorité des Etats africains « un dirigeant, une
idéologie, un parti unique » avait fait son temps.
En R.D.C. (ancien Zaïre), le processus politique
enclenché en 1990 a, en effet, fait naître de grandes
espérances. Les bouleversements, les remises en cause déjà
intervenues sont tels que ceux qui vivent ces moments historiques sont
portés à croire que rien ne pourra plus être comme
auparavant. Mais la faillite de l'Etat et du régime de Mobutu n'avait
pas permis un passage rapide de la dictature à une gestion
démocratique participative. Parmi les causes endogènes de cette
crise, nous pouvons rejoindre les analyses d'Honoré NGBANDA qui les
présente d'abord sur le plan politique par la mise en place d'un
système politique qui ne permet le plein exercice des libertés
fondamentales des individus ou groupes d'individus, la centralisation du
pouvoir entre les mains d'un individu ou d'un groupe d'hommes au
détriment des institutions traditionnelles. Le favoritisme, le
régionalisme et le tribalisme qui sont source des frustrations,
l'insécurité des personnes et de leurs biens dus à la
politisation de l'armée. Cette dernière a été au
service de la famille politique plutôt qu'au service de la nation et de
son peuple. Le clientélisme politique et la maffia
politico-économique au sommet de l'Etat, l'égoïsme d'une
classe politique en quête permanente de gain et de positionnement,
l'impunité des crimes économiques, qui a installé la loi
de la jungle.
Ensuite, sur le plan économique et financier : la
dislocation du tissu économique national rendant toute planification
impossible. Le délabrement de l'infrastructure routière, lacustre
et ferroviaire, l'abandon presque total de l'agriculture, l'éducation,
la santé, la communication..., le gain facile de l'exploitation
artisanale et à tous les niveaux des pierres précieuses, le
quasi-arrêt du secteur industriel secondaire et tertiaire à la
suite de différents pillages. L'industrie minière réduit
à sa plus simple expression à cause de la mauvaise gestion des
ressources et du manque d'investissement de réhabilitation et de
développement. L'insuffisance du portefeuille de l'Etat rongé et
exsangue par des prédations de toutes sortes, l'incompétence, la
voracité et la mauvaise gestion des mandataires. Une monnaie nationale
qui a perdu tous ses attributs suite au déséquilibre de la
balance des paiements et à l'utilisation excessive de la planche
à billets. La naissance fatale d'une économie souterraine et
informelle qui échappe totalement au contrôle de l'Etat, au profit
d'une puissante maffia étrangère en milieux financiers
internationaux et des investissements, d'où la faillite de l'Etat
congolais((*)1).
II.4.1.1. Une opposition divisée
Lorsqu'on évalue la transition démocratique au
Zaïre de Mobutu, on est vite frappé par la durée de celle-ci
et par la carence manifeste de stratégies bien réfléchies
de la part de l'Opposition. Partout en Afrique où l'on a parlé de
processus de démocratisation, on constate que les pays ont soit
achevé cette transition, soit que les acteurs ont tracé
clairement le chemin à suivre. Par contre, au Zaïre (RDC), les
incertitudes demeurent sur fond de désintégration de l'Etat et
ces incertitudes vont grandissantes tant que le pouvoir en place bloque et
sabote le processus de transition. Si l'on constate l'absence d'un
renouvellement des élites politiques déterminées à
rompre avec l'ancien système, on est navré de découvrir
que celles-ci n'ont pas proposé pendant six ans des alternatives pouvant
obliger le Maréchal Mobutu à revoir son diabolique plan du statu
quo.
La première observation à prendre en
considération est l'inorganisation de l'opposition. Lorsque, dans son
discours sur le processus de démocratisation et dans son calcul que nous
qualifions de machiavélique, le Maréchal Mobutu a proposé
un multipartisme à trois, l'opposition a refusé cette proposition
jusqu'à ce que l'idée d'un multipartisme intégral soit
acceptée par le Maréchal Mobutu. On a assisté alors
à un foisonnement déroutant de partis politiques, près de
400 partis ont été créés en l'espace de quelques
mois. Ces partis venaient grossir le rang des opposants traditionnels et en
même temps fragilisé l'U.D.P.S.
Avec l'enlisement des travaux de la Conférence
Nationale Souveraine, deux familles politiques ont finalement été
constituées. D'un côté les partis résistant au
changement, groupés derrière le Chef de l'Etat ; de l'autre,
les partis résolument engagés dans la voie du changement radical.
L'U.D.P.S. qui a mené la lutte pendant près d'une décennie
ne s'est pas organisée pour lutter seule contre le régime du
Maréchal Mobutu et les partis fantômes qui venaient de se
créer. Elle a préféré s'associer aux autres
nouveaux partis aux objectifs flous et en acceptant l'idée de
l'élargissement de l'opposition. L'U.D.P.S. a commis sa première
grosse erreur, car plusieurs autres partis se sont servis d'elle pour
revendiquer une parcelle d'autorité et gouverner le pays avec
l'étiquette d'opposant. Parmi ces partis, nous citons l'U.FE.RI de NGUNZ
KARL I BOND, l'U.D.I. de KENGO WA DONDO et le P.D.S.C. de ILEO SONGO AMBA...,
qui, pour reprendre les arènes du pouvoir, ont créé de
toute pièce une nouvelle plate-forme U.R.D. dans l'unique but de
devancer l'U.D.P.S. de TSHISEKEDI.
Ces partis avaient d'abord adhéré à
l'USOR pour des raisons stratégiques. En faisant usage de la ruse, ils
ont brisé la cohésion de l'opposition affaibli la position de
l'UDPS. Du reste, de très nombreux anciens collaborateurs comptaient
parmi les fondateurs des partis créés dans la
précipitation, sans fondement idéologique, sans but précis
et qui se réclamaient de l'opposition. S'agissait-il d'une
stratégie mise en place avec l'accord du Maréchal Mobutu ?
Nous pouvons le croire. Etait-il pensable que des personnalités notoires
comme MM. KENGO WA DONDO, NSINGA UDJUU, KAMANDA, piliers de l'ancien
régime, deviennent des opposants crédibles après la
dislocation du M.P.R. accepté comme tels dans les rangs de l'opposition
traditionnelle ?
Quand les conflits ont éclaté au sein de
l'opposition, l'UDPS n'a fait aucun effort pour rétablir l'ordre et
chasser les convertis de dernière heure. Elle a laissé perdurer
cette crise jusqu'à ce que l'idée d'une troisième voie
soit suggérée. La nomination de M. KENGO qui s'est
réclamé de l'opposition a brouillé les cartes, car l'UDPS
a cessé dès lors d'être le seul parti de l'opposition
pouvant exiger le poste de Premier ministre. Au lieu d'exiger la tenue des
élections et de s'engager à les organiser au moment où la
déception populaire était encore lisible, l'UDPS s'est
contentée de reconnaître le gouvernement KENGO après avoir
combattu. Si elle avait réussi à voler seule à la
conquête du pouvoir avec tous les atouts accumulés lors de la
traversée du désert, c'est puisque la population exprimait une
adhésion totale, parfois aveugle, aux idées de ce parti. L'on
pense que si elle avait accentué ses efforts, saisissant de cette
opportunité, elle aurait mis fin au régime dictatorial. C'est
parce qu'elle a trop attendu que l'espoir d'un succès s'est
dissipé. Si stratégiquement la création de l'USOR
était utile, cette plate-forme a desservi la cause de l'UDPS d'Etienne
TSHISEKEDI((*)1).
Contrairement à l'Opposition Roumaine contre CEAUSESCU qui n'avait que
neuf jours pour mettre en déroute le régime tyran. Sans pour
autant vouloir soutenir la solution roumaine, c'est-à-dire la mort du
tyran, le cas Russe (URSS) de la lutte de BORIS ELTSINE contre Mikaël
GORBATCHEV est éloquent. Suite à la longueur du temps, le leader
Maximo du Zaïre finit aujourd'hui par nouer des relations contre nature.
D'abord avec le rebelle Jean-Pierre BEMBA avant le dialogue inter-congolais
à Sun City, puis avec le Rwanda de Paul KAGAME, enfin, il finira par
s'opposer au Dialogue Inter-Congolais en créant un parti avec KATEBE
KATOTO et le RCD/Goma qualifié de Parti pour la Sauvegarde du dialogue
inter-congolais.
Ainsi, de 1990 à 1996, la transition zaïroise a
travers de sérieuses difficultés parmi lesquelles la
délicate résolution de la présence des forces rwandaises
de l'APR/Interahamwe à l'Est, suite à la faillite de l'Etat.
II.4.1.2. La faillite de l'Etat congolais
L'une des causes de l'insécurité des nations, de
la mégestion, des conflits et des guerres dans les pays du Tiers-Monde,
c'est la faillite de l'Etat. Au fond, depuis quelques décennies
déjà, l'Etat congolais a cessé virtuellement d'exister.
Réduit à l'impuissance pour longtemps, il n'est plus capable de
protéger le territoire national et d'assurer l'ordre public en son sein.
Il devient ainsi une zone de « non-pouvoir » à la
fois propice à toutes sorties. Notamment celles des pays voisins qui
tirent prétexte de sa faiblesse pour intervenir militairement sur son
territoire dans le but, disent-ils, de garantir leur propre
sécurité.
Kigali, ayant fait de la présence des
réfugiés hutu, une marchandise-conviction de sa présence
au Congo, la « communauté internationale » lui a
reconnu le droit de poursuite. Cette présence des réfugiés
rwandais sur le sol congolais est un problème en soi, mais il devient
préoccupant dès le moment où le gouvernement congolais
fait preuve d'une incapacité à la gérer convenablement.
D'autres pays de la région qui ont accueilli et hébergé
des membres des milices hutu du Rwanda, comme la Tanzanie, ont vite
résolu cette question. Ces éléments donnent simplement un
aperçu du contexte interne au Congo qui a facilité
l'exécution de ces interventions. Comme si l'armée et les forces
de l'ordre congolaises étaient capables d'assurer l'ordre sur l'ensemble
du territoire national et de protéger les frontières du pays. Et
si l'action gouvernementale était basée sur un consensus interne
et sur une diplomatie efficace, la menace que représentent les
ex-FAR/Interahamwe pouvait être maîtrisée. Et l'alibi
sécuritaire d'interventions militaires étrangères serait
d'office écarté. C'est suite à cette fragilité du
régime zaïrois et manipulé par le Rwanda et l'Ouganda que M.
L.D.KABILA a bien compris que le pouvoir était dans la rue. Il a
finalement décidé de prendre les armes, car c'est l'unique moyen
d'accession au pouvoir. Mais jusqu'à nos temps le pays continue à
traîner dans des transitions élastiques.
II.4.1.3. Difficile passage de la dictature à la bonne
gouvernance
Parmi les facteurs déstabilisateurs de la bonne gestion
de l'Etat congolais, bon nombre d'opinions pense que le régime de Mobutu
a pu jouer un rôle déterminant dans la crise actuelle du pays. Au
départ de la période de transition, le 24 avril 1990, le peuple
congolais avait l'espoir d'un re-lancement politique, social et
économique. Mais jusqu'aujourd'hui, c'est la frustration et la
déception qu'on a ressentie d'année en année. Le discours
d'ouverture de la démocratisation du pays par Mobutu concernait la mise
en place d'un gouvernement de transition ayant comme objectif :
l'exécution d'un programme d'urgence visant à répondre aux
attentes de la population dans le domaine économique et social. Mais
aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis lors n'a
répondu à ces attentes. Bien au contraire, ils n'ont fait, l'un
après l'autre, qu'aggraver la débâcle du pays de
façon sans cesse accélérée. Nombreux observateurs
relèvent deux dangers en République Démocratique du
Congo : « L'infantilisme de la classe
politique » et le risque d'un « retour au pouvoir
dictatorial »((*)1). Après treize ans de transition à la
recherche d'un développement des institutions , les échecs de la
mauvaise gouvernance apparaissent. Il nous faut aller aux causes des
échecs. C'est-à-dire que la transition doit être
orientée vers des voies de « développement »
qui mènent vers une progression sensible d'un mieux-être pour tous
et pour chacun dans le pays.
Au premier rang de la conflictualité, nous pensons aux
antagonismes et conflits qui s'étaient identifiés pendant la
Conférence Nationale Souveraine. Ses membres iront de dérapage en
dérapage, enfonçant chaque jour davantage le pays dans la spirale
de la misère la plus sombre et dans la logique infernale de la guerre
civile. Et c'est là que se sont opérés la rupture et le
désengagement civils par rapport aux forces politiques. La population a
en effet compris que si la misère était préparée
par les hommes politiques, encore fallait-il qu'elle espère à ses
discours. Parlant de la longue crise que traverse le Congo et la misère
dont souffre la majorité de sa population, malgré les
énormes richesses naturelles du pays, Mac GAFFEY écrivait en 1992
que les salaires sont si bas, comparés aux prix, que personne ne
reçoit un traitement qui lui permette de vivre. Le pays est
affligé de difficultés de transport et de communication
insurmontables, il souffre de l'incapacité d'une administration
corrompue, d'une industrie qui travaille bien en deçà de ses
capacités et supporte une énorme dette extérieure((*)2). Voilà
l'émergence d'une société à double visage, mieux
à double « gouvernance », politique et civile
évoluant chacune dans sa direction et selon ses règles propres.
Voici en réalité l'apparition d'une société en
rupture avec son cadre dirigeant et fonctionnel, donnant l'image d'un Etat
comportant les trois composantes classiquement exigées par le droit
international, à savoir un territoire, un gouvernement et une
population, mais entre lesquelles les liens fonctionnels s'avèrent
désarticulés. Tous les secteurs de développement de la
République Démocratique du Congo se sont traduits à une
désarticulation généralisée, le secteur de
transport, de l'éducation, de la santé, de production des biens
et des services. Même le secteur administratif n'avait pas
échappé à la mégestion. En fait, les fonctionnaires
ont développé différents mécanismes de
privatisation de l'Administration publique, faisant ainsi fonctionner
l'appareil administratif dans l'informel. De Mobutu à Joseph Kabila,
cette pratique reste monnaie courante dans le secteur administratif.
Bien plus, le secteur judiciaire est à son tour victime
de la mauvaise gestion. Pour faire face aux carences de la justice formelle, on
voit se développer dans le pays plusieurs formes de justices
parallèles. Elles appliquent des lois favorisant certains groupes
d'intérêts et opérant une discrimination à
l'encontre des intérêts de la majorité. Ainsi, les citoyens
congolais résistent effectivement à un Etat qui n'a jamais su se
faire l'expression de leur volonté ni satisfaire leurs besoins et ils
construisent à leur usage une société qui répond
à ces exigences.
Il y a également l'émergence d'une culture
maffieuse, au sommet de l'Etat. Les ministres, les militaires et autres
fonctionnaires se sont investis dans le commerce illicite. Des billets de
banque sont imprimés et importés dans le pays, des munitions
militaires vendues, de biens de l'Etat appropriés aux individus membres
du gouvernement. Tout ceci confirme l'effondrement de l'Etat congolais depuis
le lancement de la période transitoire complètement
déresponsabilisée, oubliée par rapport à sa mission
fondamentale du passage vers la démocratie. Examinons comment cette
trajectoire a pu s'affronter à des multiples contentieux politiques de
positionnement.
La période de 1990 à nos jours se
caractérise par une lutte pour un Etat démocratique, elle a connu
trois chefs d'Etat sans pour autant susciter des résultats positifs.
D'abord, le président MOBUTU n'avait pas voulu se
dépouiller d'une partie de son pouvoir comme souhaitait la
Conférence Nationale Souveraine ; puis L.D.KABILA (de mai 1997
à janvier 2001) qui n'avait pas ouvert l'espace politique à une
démocratisation intégrale. Enfin, Joseph KABILA coopté par
l'entourage de son feu père. Ce dernier suscite quelques espoirs
malgré la présence de multiples tendances idéologiques
rebelles dans cette transition à quatre présidences (pour le
gouvernement représenté par ABDULAYE YERODI, pour le R.C.D.
AZARIAS RUBERWA, pour le M.L.C. J.P. BEMBA et pour la Société
Civile Z'AHIDI NGOMA).
II.4.1.4. La première transition 1990-1997
Cette première transition prend sa source le 24 avril
1990, date du discours sur la démocratisation des institutions,
prononcé par le président lui-même. Après avoir
reçu plus de 1500 mémorandums de la part de toutes les forces
vives zaïroises, le président Mobutu accepte le multipartisme
d'abord limité à deux puis intégral. Mais Mobutu
était vite revenu sur sa décision.
Les Congolais avaient identifié la dictature de Mobutu
comme la cause de la paupérisation nationale. La transition se
définissait dès lors comme la période qui devait passer le
pont entre les deux systèmes politiques, celui de la deuxième
République qui avait détruit et celui de la troisième
République qui devait être reconstructeur. Cette transition devait
durer une année et les misions lui assignées
étaient :
- Elaboration du projet constitutionnel ;
- Organisation du référendum ;
- Organisation des élections libres, transparentes et
équitables qui désigneraient les gouvernants de la
troisième République((*)1).
Néanmoins, tous les espoirs suscités en 1990
pour un nouveau départ seront sans effet jusqu'en 1996
c'est-à-dire six ans de crise institutionnelle et constitutionnelle. Le
président Mobutu a été le seul patron de la transition
alors que celle-ci avait déjà une ligne à suivre. Elle
s'est traduite par la perte du rôle prépondérant du
Parlement, la discorde entre les deux familles politiques (Opposition et
Mouvance présidentielle) et la faiblesse excessive de l'Opposition fort
divisée. Dans un intervalle de temps très réduit, neuf
gouvernements ont été formés sans bilan positif.
II.4.1.5. La deuxième transition 1997-2003
Le 17 mai 1997, après une révolution de sept
mois, l'A.F.D.L. prit le pouvoir par les armes et son président L.D.
KABILA s'autoproclama président de la République
Démocratique du Congo. Désormais ce chef rebelle assuma
l'autorité de transition, mais très vite ce nouveau régime
se caractérisa par une nouvelle dictature. Le décret-loi n°
003 du 28 mai 1997 relatif à l'organisation et à l'exercice du
pouvoir concentra les pouvoirs législatifs, exécutif et
judiciaire et octroya les pleins pouvoirs au président de la
République. Très vite, le peuple comprit que la victoire de la
révolution contre Mobutu n'était pas une victoire de gestion
démocratique de l'appareil politique.
Entre mai 1997 et octobre 1998, des remaniements
gouvernementaux eurent lieu mais la part des forces vives n'était pas
identifiée. L.D. KABILA devint l'homme contesté par l'Opposition
interne et la Société Civile l'accusa d'être l'otage des
Rwandais.
Ainsi, la deuxième transition n'échappa pas
à la dictature caractérisée par la forte capacité
répressive de l'univers politique et la suspension des activités
politiques. Entre-temps, depuis le 02 août 1998, une nouvelle
rébellion, celle du R.C.D., voyait le jour à l'Est du pays.
Enfin, après la signature des accords de LUSAKA en
Zambie, consacrant l'arrêt des hostilités entre les forces
rebelles et le gouvernement de Kinshasa, cette transition prit fin avec
l'assassinat du président L.D. KABILA en date du 16 janvier 2001
à Kinshasa. Son fils Joseph prendra le pouvoir.
II.4.1.6. La troisième transition 2003
Dès la mort du président Laurent
Désiré KABILA, l'entourage du feu président réussit
à serrer les rangs et proposa une solution imprévue : Joseph
KABILA, le fils du défunt, commandant en chef de l'armée de
terre. Non seulement il levait d'emblée tous les obstacles posés
par son père à la mission du médiateur Sir KETUMILE
MASIRE, autorisait le déploiement des forces de la MONUC (Mission des
Nations-Unies pour le Congo). Le nouveau président plaidait sans
équivoque en faveur de la paix, mais aussi, sinon surtout, il promettait
des mesures économiques de nature à satisfaire les Occidentaux.
Ce jeune président ouvrira d'importantes négociations avec les
rebelles, et un accord de formation d'un gouvernement de transition sera
signé à Sun City par toutes les forces vives congolaises. Ces
accords aboutiront à un système de 1 + 4. D'où un
président issu du gouvernement (Joseph Kabila) et quatre
vice-présidents issus du R.C.D. (Azarias Ruberwa), du M.L.C. (J.P.
Bemba), de la Société Civile (Z'ahidi Ngoma) et celui proche du
Gouvernement (Yerodia Ndombasi).
Cette transition semble prometteuse, car elle présente
une certaine confiance tant nationale qu'internationale. Ayant traité
les deux mobiles de la guerre au Nord-Kivu (Nationalité et mauvaise
gouvernance), traitons la question des ressources naturelles qui aiguise des
appétits en R.D.C.
Chapitre
troisième :
MOBILES D'EXPLOITATION DES
RESSOURCES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
L'histoire de la République Démocratique du
Congo n'est que la longue suite de déprédations dont ses
richesses naturelles et son capital humain ont fait l'objet, quels qu'aient
été le régime ou le gouvernement en place. Depuis
l'expropriation du bassin du Congo par le Roi Belge Léopold II, avec son
système de « caoutchouc rouge », passant par le
régime maffieux de Mobutu, aujourd'hui le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi ont exploité illégalement les richesses de la
République Démocratique du Congo. Cette exploitation, le plus
souvent appuyée par la force brutale, avait pour but l'enrichissement
égoïste des Etats et des individus. Alors que les précieuses
ressources du pays étaient pillées ou allaient à
vau-l'eau, une économie informelle faite de troc, de contrebandes et de
trafic de matières premières, s'est mise à
prospérer jusqu'à devenir l'unique moyen de subsistance de la
plus grade partie de la population. Cette économie a renforcé les
liens ethniques et classiques et les structures coloniales entre les provinces
et surtout au Nord-Kivu et les Etats voisins. Parmi ces Etats, nous citerons le
Rwanda, l'Ouganda qui ont axé ce pillage dans les formes de
confiscation, d'exploitation directe, monopole forcé et fixation des
prix. Quant aux études internes, les factions : RCD/Goma,
RCD/M.L.-Kisangani et Mayi-Mayi seront également mis en exergue dans ce
pillage. La confiscation et l'exploitation directe des richesses y a atteint
des proportions telles que la guerre en R.D.C. est devenue une
« affaire » très lucrative. Avant de
décortiquer les différentes exploitations illégales et
leurs modalités, il importe d'examiner les structures
préexistantes qui ont facilité le processus.
III.1. MOBILES D'EXPLOITATION
EXTERNE
Au niveau externe, à part le Rwanda, l'Ouganda et le
Burundi, il est évident que plusieurs acteurs sont devenus
prépondérants. Le seul véritable enjeu est celui du
pillage des ressources congolaises en tenant compte de la manipulation des
acteurs internes. Dans cette section, nous allons esquisser brièvement
le contexte externe de l'exploitation des richesses de la R.D.Congo, car une
année déjà après le déclenchement de cette
guerre, le profit prédominait à la quête de bonne
gouvernance. Parmi les acteurs déterminants, les pays agresseurs ont
été les meilleurs médiateurs dans le trafic des minerais
et autres ressources précieuses. Examinons en premier lieu le rôle
du président rwandais Paul KAGAME.
III.1.1. Le Président
Rwandais Paul KAGAME
Bien que sa position dans l'appareil d'Etat par rapport
à l'exploitation des ressources naturelles de la R.D.C. et à la
poursuite de la guerre ait évolué, son rôle est
resté décisif. Ce rôle se situe sur trois plancs : le
plan de ses relations avec les milieux d'affaires rwandais actifs en R.D.C., le
plan du contrôle qu'il exerce sur l'armée et le plan des
structures impliquées dans les activités illégales. Selon
les experts Onusiens, le président KAGAME entretient des rapports
étroits avec les hommes d'affaires rwandais de premier plan. Ainsi, par
exemple, il entretient de bonnes relations avec le propriétaire de JAMBO
SAFARI, M. Modeste MAKABUSA. Il est également proche d'Alfred KHALISSA,
fondateur de la banque de commerce, de développement et d'industrie
(B.C.D.I.) et ancien directeur de la banque de commerce et de
développement (B.C.D.). Les mêmes sources ont
déclaré aux experts que le président KAGAME est
très proche de Tibère RUJIKIRO, dont le généreux
appui financier au Front Patriotique Rwandais pendant la guerre de 1990-1994
est bien connu. M. RUJIGIRO est actionnaire de la Tristar Investment Company en
entretien des rapports très étroits avec le F.P.R. Ce proche
collaborateur du président KAGAME entretient lui-même des
relations d'affaires avec Faustin MBUNDU, connu pour ses activités de
marchand d'armes. Tous ces hommes d'affaires présentent une
caractéristique commune : ils sont directement impliqués
dans l'exploitation des ressources naturelles dans les zones sous
contrôle rwandais. Chacun de ces hommes a, à un moment ou un
autre, bénéficié des avantages du président sur les
territoires congolais sous son contrôle.
Les experts de l'ONU prouvent qu'en septembre 1998, lors d'une
réunion avec les représentants du R.C.D. et les officiers
supérieurs de l'A.P.R., le président KAGAME, alors
vice-président, avait informé les participants de la
nécessité de lever des fonds à la hauteur de 50 millions
de dollars des Etats-Unis pour atteindre Kinshasa en deux mois((*)1). Enfin, lorsqu'il a
été confronté à la question de l'implication de
l'Armée Patriotique Rwandaise dans l'exploitation des richesses de la
R.D.C., le président KAGAME a déclaré, dans une interview
à la Radio B.B.C., que certains citoyens rwandais exerçaient
à titre privé des activités commerciales en R.D.C. Et
ensuite il confirmait que la guerre en R.D.C. se finançait
elle-même. Pris ensemble, tous ces éléments
révèlent le degré auquel le président a
connaissance de la situation, son approbation implicite de la poursuite de
l'exploitation illégale des ressources naturelles du Congo et, d'une
certaine façon, sa complicité ainsi que sa responsabilité
politique et morale.
III.1.1.1. Stratégies de financement
de la guerre par le Rwanda
L'armée rwandaise a bénéficié
stratégiquement dans la guerre en R.D.Congo, car elle utilise cinq
façons :
- la participation directe à des activités
commerciales ;
- les ressources qu'elle tire des parts qu'elle détient
dans certaines sociétés ;
- le paiement effectué directement par le
RCD/Goma ;
- les impôts collectés par le « Bureau
Congo » ;
- les prélèvements directement
opérés par l'armée sur le pays((*)1)
Depuis 1998, le département des relations
extérieures a reçu par l'intermédiaire de
« Bureau Congo » des sommes non négligeables de
divers comptoirs. Plusieurs comptoirs de diamants étaient en
activité à Goma et ses environs. D'après nos
enquêtes, les taxes sont payées directement au Bureau Congo en
moyenne, un comptoir qui a un chiffre d'affaire de 4 millions de dollars des
Etats-Unis par mois verse 200.000 dollars par mois au Bureau Congo((*)2). Tout diamantaire en action
dans la partie R.C.D./Goma doit verser 5 % de la valeur de l'achat au
« Bureau Congo » avant la transaction((*)3). En outre, l'armée
rwandaise participe directement à des activités commerciales.
Elle contrôle une part importante de l'extraction et de la vente de
coltan par l'intermédiaire des sociétés Rwanda
Métals et Grands Lacs Métals. L'essentiel des produits miniers
extraits par des civils et des prisonniers sont vendus à des
intermédiaires.
Les responsables locaux de l'armée rwandaise
récupéraient le coltan et l'expédiaient dans des
installations détenues par le gouvernement. Une bonne partie est
expédiée à la Société Rwanda Métals
et Grands Lacs Métals, contactent directement ou par
l'intermédiaire du Bureau Congo, les clients : certaines des
lettres adressées à des clients potentiels en Europe et aux
Etats-Unis sont signées DAN, c'est-à-dire par le Directeur du
Bureau Congo.
Les cours du coltan ont sensiblement augmenté entre fin
1999 et fin 2000. Période pendant laquelle l'offre était en
baisse et la demande en hausse, et s'établiraient selon les estimations
d'un spécialiste de l'ONU, l'armée rwandaise exporterait au moins
100 tonnes par mois par l'intermédiaire de Rwanda Métals((*)4). Pour le groupe d'experts,
elle pourrait avoir obtenu 20 millions de dollars américains par mois
simplement en vendant le coltan qu'en moyenne les intermédiaires paient
environ 10 dollars par kilo aux petits négociants. D'après les
experts et les négociants, si l'on se fonde sur les estimations les plus
élevées en ce qui concerne les coûts (achat et transport du
minerai), l'armée rwandaise a retiré au minimum 250 millions de
dollars sur une période de 18 mois((*)1). Ce qui est suffisant pour financer les
opérations militaires. Le coltan a permis à l'armée
rwandaise de financer sa présence en R.D.C. et donc d'assurer la
protection et la sécurité des individus et des
sociétés qui extraient le coltan. Ces derniers en ont
retiré un bénéfice qu'ils partagent avec l'armée
qui, à son tour, continue de maintenir un environnement favorable
à la poursuite de l'extraction du minerai. Les transactions
financières entre banques rwandaises (BCDI et SONEX), les fournisseurs
de l'armée et les organismes du RCD/Goma constituent un autre exemple de
la façon dont le Rwanda finance la guerre.
La SONEX a été fondée en mars 1999
à Kigali. Elle appartient au RCD/Goma et est dirigée par M.
Emmanuel KAMANZI, ancien responsable des finances du RCD/Goma. Il s'agit
principalement du « bras » commercial et financier du RCD,
par lequel transitent la plupart des affaires commerciales et
financières. Elle a été fermée à la fin
2000, mais elle a eu suffisamment de temps pour installer un mécanisme
de transfert de ressources du RCD vers Kigali. D'après les experts
Onusiens, la BCDI a accordé à la SONEX à la mi-1999 un
prêt de 1 million de dollars des Etats-Unis pour payer la facture de
comestibles due à la société JAMBO SAFARI((*)2). La SONEX devait rembourser
ce prêt avec l'argent provenant de la vente de coltan et de
cassitérite. En février 2000, elle avait déjà
remboursé entre 200 et 300 mille dollars. Le prêt accordé
par la BCDI semble faire partie du mécanisme financier qui permet de
transférer l'argent à Kigali, argent sur lequel certains membres
du RCD prélèvent une part substantielle.
La même année, la SONEX a déposé
une nouvelle demande de crédit, d'un montant de 10 millions de dollars
américains, auprès de la BCDI à Kigali qui lui accorde un
prêt de 5 millions. D'après l'un de ceux qui ont participé
à cette transaction, ces 5 millions n'ont pas été en fait
versés à la SONEX mais à la Citibank de New York avec
ordre de payer les fournisseurs du RCD. Cette transaction financière est
suspecte à de nombreux égards.
Tout d'abord, le Front Patriotique Rwandais est actionnaire de
la BCDI par l'intermédiaire de la société Tristar.
Ensuite, les fournisseurs du RCD sont essentiellement des
sociétés rwandaises et les propriétaires sont proches de
l'armée patriotique. Troisièmement, la transaction avec la SONEX
est assurée par le commandant DAN, du « Bureau
Congo », membre par alliance de la famille de M. KAMANZI, Directeur
du département Finance et cerveau de l'ensemble de l'opération.
Les prêts de la BCDI à la SONEX pourraient être des
opérations soigneusement conçues, destinées à
transférer de l'argent de la BCDI à l'armée rwandaise et
à payer les fournisseurs de l'armée rwandaise par
l'intermédiaire de la SONEX. Ce qui constitue un moyen parmi d'autres de
financer la guerre sans utiliser le budget officiel. D'après nos
enquêtes, environ 700.000 dollars ont déjà
été remboursés par le R.C.D. Un document du RCD/Goma
décrit en détail comment ces remboursements devraient être
effectués avec l'argent retiré de la vente de coltan. Par
ailleurs, une partie du million de dollars que Madame GULAMALI verse chaque
mois au RCD en contrepartie du monopole sur le coltan pouvait également
servir à rembourser le prêt à la BCDI.
III1.1.2. Relation entre exploitation des ressources
naturelles et Front non-officiel
Les dispositifs militaires de la guerre du RCD au Nord-Kivu
présentent une faible intensité, et que les armées ne sont
as face à face chaque jour, surtout que les batailles rangées et
autres hostilités graves sont rares. Dans cette partie du pays, la
guerre se déroule à trois niveaux :
- D'abord, les rebelles du R.C.D. et leurs alliés
contre les forces gouvernementales (2 août 1998-20 août
1998) ;
- Ensuite les rebelles du R.C.D. et leurs alliés contre
les Mayi-Mayi (d'une façon permanente) ;
- Enfin, les rebelles du R.C.D./Goma et leurs alliés
rwandais contre les rebelles du R.C.D./M.L.-Kisangani et leurs alliés
ougandais.
Aux origines de cette guerre du R.C.D. dite de rectification
contre la dictature de Laurent Désiré KABILA, les acteurs du
R.C.D. décriaient le clientélisme, népotisme et
régionalisme du régime du vieux maquisard. Mais, ironie de
l'histoire est venue se greffer la guerre ouverte entre alliés rwandais
et ougandais suite au butin de la guerre et quête de leadership dans la
région des Grands Lacs. En effet, cette guerre en RDC se poursuivra
ainsi sur deux fronts : le front officiel et le front non-officiel. Le
premier est celui d'une guerre classique mettant aux prises deux armées
ou plus. Ce front va de Pweto à Mbandaka, selon une ligne
irrégulière passant par diverses localités. Le front
non-officiel est concentré à l'intérieur de zones
contrôlées par les rebelles et leurs alliés ougandais et
rwandais. L'analyse des batailles rangées et des accrochages
recensés dans le milieu de 1999 et 2000, montre que : Dans
l'ensemble, le nombre de batailles rangées comportant l'engagement d'une
armée sur le front officiel est inférieur à celui des
accrochages qui ont été de l'ordre de 96 entre 1999 et
2001((*)1). Le nombre de
batailles rangées diminue au fil des ans. Au premier trimestre 2001, on
n'en signale que huit le long de la ligne de front officiel. D'autres batailles
importantes ont eu lieu dans les zones d'importance économique
évidente. Au voisinage des gisements des minerais du Katanga et de la
zone diamantifère de Mbuji-Mayi. Les spécialistes militaires
estiment que l'objectif des Rwandais est de s'emparer des zones minières
pour priver le gouvernement congolais de moyens de financement pour son effort
de guerre. Ainsi, le désir de contrôler les ressources naturelles
et leur exploitation expliquent la persistance de la guerre en R.D.C.
Le nombre des accrochages entre les Mayi-Mayi et les forces
rebelles a augmenté entre 1998 et décembre 2002. Au Nord-Kivu, on
signale 177 combats((*)2). La zone des hostilités est
généralement située près des gisements de
colombotantalite et des zones aurifères. Cependant, on peut croire que
la plupart des accrochages entre soldats rebelles et leurs alliés contre
les Mayi-Mayi ont eu lieu dans de « ceinture des
affaires ». Butembo et ses environs ont été
également une zone « rouge » suite aux affrontements
réguliers entre Mayi-Mayi et forces rebelles.
Enfin, ayant subdivisé la province du Nord-Kivu en deux
influences, d'une part, le RCD/Goma et ses alliés rwandais et, de
l'autre, le RCD/ML-Kisangani et ses alliés ougandais, Kanyabayonga sera
la frontière artificielle. Cette subdivision sera reconnue dans les
accords de LUSAKA et le sous-plan de Luanda entre les deux factions rebelles.
En effet, en juin 2003, cette frontière sera violée par le
R.C.D./Goma suite aux intérêts économiques dont regorgent
les territoires de Beni-Lubero, la poule aux oeufs d'or Pour les rebelles. Si
le M.L.C. de Jean-Pierre BEMBA avait échoué d'assiéger ces
deux territoires en décembre 2002, par l'opération
« Effacer le tableau » conduite par le commandant DIDI WIDI
MBUILU MASAMBA alias RAMSES VIII le Roi des Imbéciles, le R.C.D./Goma
n'y parviendra pas après les accords de Bujumbura et de Beni.
L'opération « Effacer le tableau » avait
pratiqué les pillages, viols, massacres, cannibalisme et anthropophagie
en Ituri en janvier 2003. Par contre les attaques du RCD/Goma contre le RCD/ML
avaient conduit à un pillage systématique des bovins du
territoire de Lubero. Voici un tableau explicite de ce pillage pratiqué
par les militaires du RCD/Goma sous la conduite du Gouverneur de province du
Nord-Kivu, Eugène SERUFULI.
Tableau n° 8 : Pillage des bovins au Nord-Kivu
par les militaires du R.C.D./Goma en juin-juillet 2003.
Nom de la Ferme pillée
|
Nombre de vaches pillées
|
Situation géographique
|
Mission catholique
Ferme Kirivutsi
Ferme de Kikwera
Ferme Mwami Stuka
Ferme Mbanga
Axe Kisingiri
Ferme de Kalira
Ferme Sunguya
Ferme Kipese
Ferme de Kisya
Ferme Mukokovya
Ferme Kasingiri
Ferme Kasuo
Ferme Miriki
Ferme Vutsorovya
|
95
200
56
159
60
75
11
56
63
35
80
55
322
455
125
|
Mbingi
Mambasa
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mambasa
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
Mbingi
|
TOTAL
|
|
En territoire de Lubero
|
Source : Bureau ACOGENOKI,
Butembo.
Observation :
Les moutons, les chèvres et d'autre matériels ne
sont pas enregistrés. Dans ces données nous avons eu des
témoignages de chargement du bétail par camion, du Sud du
territoire de Lubero vers Goma ; d'autres traversent directement Luofu,
Miriki pour attendre Masisi. Les camions sont chargés en présence
du commandant de brigade chargé des opérations du RCD/Goma
basé à KASEGHE.
III.1.2. L'Ouganda de YOWERI
MUSEVENI
Contrairement au Rwanda, l'Ouganda n'a pas mis en place de
système extraordinaire pour financer sa présence en R.D.C. Il
utilise le budget ordinaire de la défense, et le déficit est dans
une large mesure comblée par le trésor. L'économie
ougandaise a cependant bénéficié du conflit sous forme
d'un développement des exportations qui, par contrecoup, a
entraîné un surplus de recettes pour le trésor et a permis
d'accroître le budget de la défense.
Les réexportations concernent les ressources naturelles
importées de la R.D.Congo, reconditionnées ou
étiquetées en tant que ressources naturelles ou produits
ougandais et réexportés. C'est le cas d'une partie de l'or, des
diamants, du coltan et du café, exportés par le pays. Ces
réexportations ont très fortement contribué au financement
de la guerre et ce, de trois façons :
Elles ont permis à certains hommes d'affaires,
commerçants et négociants importants, d'accroître leurs
revenus. Dans le secteur du café, les négociants de Kampala ont
ainsi retiré un gain substantiel. D'après un expert du secteur
qui vit en Ouganda, les exportateurs utilisent une astuce. Comme le café
arabica produit au Bujumbura est de meilleure qualité que celui produit
au Nord-Kivu (territoire de Beni), la différence de prix entre les deux
pouvant, dans certains cas, atteindre un tiers. Les négociants y
incorporent du café importé du Congo et le vendent comme du
café meilleur. Ce qui leur permet d'obtenir un prix plus
élevé. Beaucoup de négociants disent qu'ils profitent
même doublement. Ils achètent du café en monnaie de singe
en R.D.C., souvent avec des faux dollars US, le mélangent au café
ougandais et le réexportent en tant que robusta ougandais, qui est de
meilleure qualité que le Robusta congolais.
Deuxièmement, l'exploitation illégale de l'or en
R.D.C. s'est traduite par une amélioration sensible de la balance des
paiements ougandaise. Cette pratique a renforcé la confiance des
donateurs multilatéraux et, en particulier, du FMI (qui
s'intéresse davantage à la situation du Trésor) dans
l'économie du pays.
Troisièmement, elle a permis d'accroître les
recettes du Trésor sous forme des taxes sur les biens, les services et
le commerce international. D'ailleurs, les statistiques du FMI concernant la
situation budgétaire de l'Ouganda confirment cette évolution
positive sur les trois dernières années. Une analyse
détaillée de la structure et de l'évolution des
opérations budgétaires montre que certains secteurs se sont mieux
comportés que d'autres et qu'il s'agit pour l'essentiel de secteurs
liés à l'agriculture et à la sylviculture en R.D.C.
L'Ouganda applique des droits de douane sur les importations des grumes, de
bois de sciage ou de planches, y compris lorsqu'elles sont destinées
à être exportées vers le Kenya ou hors d'Afrique.
D'après les chiffres communiqués par
l'OFIDA/Nord-Kivu, plus ou moins 1800 camions chargés des grumes, de
bois d'oeuvre, de café, d'écorces médicales, de
cassitérite, de thé sont entrés en Ouganda entre 1998 et
2003, soit une moyenne de 300 camions par an, tous enregistrés par les
fonctionnaires des douanes de Kasindi, Bunagana et Ishasha((*)1)
Un autre système de pillage des ressources consiste
à acheter des fournitures militaires à crédit.
L'armée ougandaise s'est ainsi procuré des engins (buldozers),
essences auprès de plusieurs sociétés privées, la
dette qui en résulte étant considérée comme
endettement congolais. Il y a également des
« primes » qui sont des rackets autorisés et
exercés par les soldats auprès de la population ou leur
participation à des petites entreprises.
La situation en Ouganda peut être résumée
de la façon suivante : les exportations se sont traduites par un
accroissement des recettes fiscales et donc une augmentation des
liquidités du Trésor. Les entreprises dirigées par des
Ougandais qui ont bénéficié du complot conflictuel dans
une certaine mesure au développement de l'activité
économique dans des secteurs tels que l'industrie extractive (or et
diamant). La croissance de ces secteurs s'est répercutée sur
l'ensemble de l'économie, de sorte que, le PIB de l'Ouganda a
augmenté en 1998, s'est à peu près maintenu au même
niveau en 1999((*)2)
Cette vigueur apparente à l'économie ougandaise a
contribué à donner davantage confiance aux investisseurs ainsi
qu'aux donateurs bilatéraux et multilatéraux, car ceux-ci ont
maintenu leurs coopérations et leurs assistances en Ouganda.
Notons également que la famille du président
MUSEVENI a, elle aussi, été très engagée dans des
activités commerciales dans les zones occupées par l'Ouganda en
R.D.C. Le général Salim SALEH et sa femme sont actionnaires des
sociétés VICTORIA et TRINITY. Ils ont mené leurs
activités avec assurance et sans entrave lorsque le président
reçoit des informations et qu'il ne décide de ne pas y faire
suite. Lorsqu'il nomme à des postes des individus qui exercent des
activités criminelles en toute impunité, il devient plus
qu'évident que le président s'est mis en situation de
complicité;
III.1.2.1. Monopole et fixation de prix comme stratégie
ougandaise
Les Ougandais se sont, non seulement livrés au pillage
et à l'extraction des ressources, mais ils ont aussi exploité
illégalement le système commercial. Dans certains cas, ils ont
contraint les entreprises locales et certaines entreprises
étrangères à fermer. Les méthodes utilisées
variaient, allant du pillage au harcèlement des propriétaires.
L'objectif final était d'obtenir le contrôle sans
précédent de l'économie dans les régions Est du
Congo. On remarquera que les biens de consommation qui sont sur terrain sont
ougandais ou rwandais les cas spécifiques des produits
manufacturés, de la bière ougandaise ont sérieusement
concurrencé le marché congolais. N'est-il pas étonnant de
voir le produit Coca-Cola ougandais venir déséquilibrer le champ
d'action des produits congolais.
Les forces ougandaises et leurs alliés congolais
exploitent également les cultivateurs locaux, auxquels ils imposaient
des prix et des conditions de vente. Dans un cas, le café de
Beni-Butembo s'achète à un prix dérisoire imposé
par l'Ouganda et même l'huile de palme et les bananes sont
achetées selon la volonté des Ougandais. Les vendeurs nous
expliquent comment le café, le bois et l'huile de palme, pour obtenir
vite le fonds, il faut accepter de vendre en shillings ougandais ; soit
à des billets de 20 et 50 francs congolais piratés en Ouganda.
Cette méthode n'a fait qu'enrichir les opérateurs ougandais dont
ils usent pour s'accaparer des ressources naturelles. Selon les experts, le
groupe Victoria, dont Salim SALEH est l'actionnaire principal, aurait
participé à la fabrication de fausse monnaie congolaise. Ces
billets servent à acheter les produits de cultures commerciales,
principalement du café.
Cependant, l'exploitation illégale des ressources
naturelles dépasse le cadre des ressources minérales et
agricoles. Elle se poursuit aussi activement en ce qui concerne les
transactions financières : les taxes, et les recours à une
main-d'oeuvre bon marché.
Les banques et compagnies aériennes et d'assurances
locales opérant à Goma, Butembo et Beni traitent directement avec
Kigali ou Kampala. Un système de recouvrement des impôts,
appliqué dans certains cas (pré-compte BIC) a été
mis en place par les autorités rebelles en collaboration avec les
Ougandais. D'après les rebelles, ces impôts servent à
financer ou appuyer l'effort de guerre. En fait, une partie des fonds
collectés est expédiée à Kampala en ce qui concerne
le RCD/ML-Kisangani, passant par le commandant secteur de l'U.P.D.F., M.
BURUNDI qui exigeait des paiements directs. Dans cette stratégie, les
Ougandais utilisaient la montée des conflits de leadership entre les
acteurs rebelles surtout dans le RCD/ML-Kisangani. Dans la gestion de cette
faction, on ne savait pas identifier le véritable président entre
Wamba dia Wamba, Mbusa Nyamwisi, Tibasima ou soit l'Ouganda. L'un était
utilisé contre l'autre au nom de l'exploitation des ressources1(*).
III.1.3. Les bailleurs de fonds
bilatéraux
Les principaux bailleurs de fonds bilatéraux du Rwanda
et de l'Ouganda dans un certain nombre de secteurs sont le Royaume-Uni, le
Danemark, l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique. L'analyse des
activités de coopérations concernées révèle
que les secteurs qui bénéficient d'une aide sont la lutte contre
la pauvreté, l'éducation et la bonne gouvernance. Parmi ces
secteurs, l'eau et l'assainissement, la santé, la gouvernance (y compris
les réformes institutionnelles), la justice et les droits de l'homme
(notamment en ce qui concerne le Rwanda) sont prioritaires. Dans certains cas,
une aide directe au budget de l'Etat est fournie. La balance des paiements du
Rwanda révèle ainsi que le soutien budgétaire dont
bénéficie ce pays a régulièrement augmenté,
passant de 26,1 millions de dollars des Etats-Unis en 1997 à 51,5
millions de dollars en 1999((*)1) Sans doute ce soutien est-il légitime, mais
il pose quand même un problème : des dépenses et des
services censés être assurés et financés par le
gouvernement ougandais et rwandais sont en fait financés par l'aide
bilatérale et constituent autant d'économies pour le budget
national. Ces économies ont-elles servi à financer la
guerre ?
L'ambassadeur d'Allemagne à Kigali a mentionné
au groupe d'Experts l'appui apporté par son pays aux activités
commerciales allemandes relatives au pyrochlore et à la colombotantalite
en R.D.C. occupée. Dans ce cas particulier, la coopération
allemande avait accordé un prêt bonifié de 500.000 Deutsche
Mark à un citoyen allemand du nom de KARL HEINZ Albers pour lui
permettre d'étendre ses activités relatives à la
colombotantalite en R.D.C. (SOMIKIVU) et l'entreprise de M. Albers est
gardée par les soldats du RCD/Goma((*)2)
III.1.4. Bailleurs de fonds
multilatéraux
La banque mondiale a loué la performance
économique de l'Ouganda, a présenté comme un succès
les réformes accomplies dans le cadre des programmes d'ajustement
structurel et a défendu la candidature de l'Ouganda.
Or, le groupe d'experts dispose d'indications selon lesquelles
cette performance économique s'explique en partie, surtout, pendant les
trois dernières années, par l'exploitation des richesses de la
R.D.Congo. Il ressort clairement d'un échange de notes entre le membre
du personnel de la Banque Mondiale que la banque était au courant des
exportations d'or et de diamant que l'Ouganda exporte et qu'il n'est pas en
mesure de produire. La Banque Mondiale ne s'est jamais interrogée sur
l'augmentation des exportations ougandaises des ressources naturelles qu'il
produise pourtant moins. Pendant la visite des experts en Ouganda, le
représentant de la Banque Mondiale a exclu toute implication de
l'Ouganda dans l'exploitation des richesses de la R.D.C.((*)1). Non contente et une
façon d'encourager indirectement l'Ouganda et le Rwanda en
défendant leur cause, la Banque Mondiale a aussi donné
l'impression qu'elle les récompensait en proposant que ces deux pays
bénéficient de l'initiative en faveur des pays très
endettés.
L'ombre portée par la Banque Mondiale dans la guerre en
R.D.C. est encore plus apparente sur le plan budgétaire. La balance des
paiements de l'Ouganda et du Rwanda révèle une augmentation
notable de leur endettement à long terme au titre du soutien au budget.
Or, leurs budgets de la défense ont augmenté en chiffres absolus.
Ce qui leur a permis de continuer à faire la guerre. Ainsi, l'attitude
de la banque en la matière d'ajustement structurel comme condition
d'aide ne semble pas être sans précédent.
III.2. MOBILES D'EXPLOITATION
INTERNE
Au niveau interne, plusieurs mobiles d'exploitations ont
été mis en place par des acteurs des factions rebelles
présentes au Nord-Kivu. Des contrats léonins ont
été signés, des taxes ayant caractère de
détournement ont été créées et tant d'autres
stratégies permettant l'enrichissement des individus. Selon le Major
BURUNDI, commandant secteur UPDF basé à Beni, les armes saisies
aux forces armées congolaises étaient généralement
données au M.L.C. et au R.C.D./M.L.((*)2) Ce qui justifie que ces mouvements rebelles
dépendaient totalement de l'Ouganda. Analysons le cas du régime
Kabila et l'A.F.D.L.
III.2.1. Le régime L.D. KABILA et l'A.F.D.L.
Depuis la chute du régime Mobutu, la R.D.Congo a
« accueilli » des multiples forces étrangères
(entreprises, militaires...). Les rebelles de l'A.F.D.L. appuyées par
des militaires rwandais, ougandais et angolais se sont emparés des
régions Est du pays. Au fur et à mesure de leur progression,
L.D.KABILA avait signé des contrats avec un certain nombre de
sociétés étrangères. De nombreux récits et
documents indiquent que, dès 1997, une première vague de
« nouveaux hommes d'affaires » parlant uniquement
l'Anglais, le Kinyarwanda et le Kiswahili était déjà
active dans l'Est de la R.D.C.((*)3) C'est alors qu'on a commencé à
signaler des trafics fréquents des ressources naturelles. Au moment
où éclate la guerre d'août 1998, Ougandais et Rwandais
(officiers supérieurs et leurs associés) se rendaient
parfaitement compte du potentiel des ressources naturelles que regorgeait l'Est
du pays et savaient où les trouver. Ainsi, les forces ougandaises ont
joué un rôle déterminant dans la conquête des
régions de Butembo et Beni lors de la première guerre((*)1).
Pendant les deux guerres (A.F.D.L. et R.C.D.), la population
de cette région a été dépouillée de tous ses
stocks : stocks de minerais, de produits agricoles et forestiers et de
bétails. Quelle que soit la nationalité du pilleur, le processus
était le même : des troupes burundaises, ougandaises,
rwandaises, les Mayi-Mayi et/ou les soldats du R.C.D. visitaient les fermes,
usines et banques, se faisaient ouvrir portes et coffres par la direction.
Ordre était ensuite donné aux soldas de charger des produits, des
biens sur les véhicules de l'armée.
III.2.2. Le Rassemblement Congolais
pour la Démocratie (R.C.D./ Goma)
Ce mouvement rebelle a mis en place un système
budgétaire principalement basé sur le secteur extractif. En se
fondant sur les statistiques officielles du RCD/Goma, selon les enquêtes
des experts, l'on déduit que la production d'or dans les zones
contrôlées par le RCD/Goma s'est établie en moyenne
à 60 kilos par mois soit 720 kilos par an en 1999 et à 100 kilos
par mois en 2000((*)2).
En ce qui concerne le coltan, la production s'est
élevée à 27 tonnes par mois en 1999 et à 29 tonnes
par mois en 2000. Etant donné le nombre de comptoirs (19 pour le
coltan), aux experts ouvriers d'en déduire que les recettes fiscales
collectées par le RCD/Goma sont relativement importantes. Il est
toutefois difficile d'en donner une estimation suite au système
informel. Les informations tirées des documents et des individus donnent
à penser qu'en plus des impôts prélevés et des
revenus que lui procurent les parts qu'il détient dans la
Société Minière des Grands Lacs (SOMIGL), le RCD/Goma
perçoit un million de dollars américains par mois de la SOMIGL en
échange du monopole de l'exploitation de coltan((*)3). La majorité des
informations tirées des documents et des individus en ce qui concerne le
RCD/Goma montrent clairement que ces rebelles et d'autres commerçants
ont pillé les ressources de la R.D.C. Or, diamant et bois,... passent
par Dar Es-Salaam pour faciliter la vente et leur donner une apparence de
légitimité. Ils utilisent divers documents destinés
à en cacher les propriétaires véritables. Par exemple,
dans le cas de l'or et de diamant qu'ils vendent sur le marché
international par l'intermédiaire de son réseau financier et
logistique, il utilise des formulaires d'exploitation officiels congolais qui,
d'après les timbres et des signatures auraient été
délivrés à Kinshasa et à Lubumbashi. Ses
représentants à Dar Es-Salaam coordonnent la réception, la
réexpédition et la vente de l'or et des diamants. Les convois
d'or transitent par l'intermédiaire de l'aéroport de DarEs-Salaam
en direction de Sri Lanka ou d'autres régions du monde. Le diamant est
déposé à la banque de Tanzanie avant d'être
réexpédié vers la Belgique, les Pays-Bas et l'Afrique du
Sud. L'or et le diamant sont vendus soit échangés contre les
armes et des médicaments, soutien logistique en vue de la
pérennisation des hostilités. Le bois provenant de la RDC est
expédié par bateau depuis Dar Es-Salaam vers la Grèce et
la Belgique. En ce qui concerne les exportations à destination de la
Grèce, les opérations sont en partie arrangées par une
entreprise d'import-export de Goma. Les expéditions d'or, de diamant et
de bois sont également organisées en coopération avec une
société probablement créée pour faciliter les
opérations financières et logistiques du RCD/Goma. Il importe de
noter que les activités susmentionnées sont menées par le
RCD/Goma et qu'il ne s'agit pas des opérations effectuées par le
gouvernement rwandais via Kigali. Pour Théodore MUGALU, Ambassadeur du
Congo en Tanzanie, la R.D.C. est victime des agressions qui reposent sur la
trilogie de la convoitise, du mercenariat et du collabo((*)1).
Enfin, le RCD/Goma est en mesure d'avoir accès à
des moyens financiers pour acheter le matériel léger dont il a
besoin et dispose à cet effet de propres réseaux et des contacts
nécessaires. Cette autonomie croissante s'est concrétisée
récemment par le fait que le RCD/Goma a demandé à ce que
les sommes versées par les diamantaires au Bureau Congo soient
réparties également entre Bureau Congo et lui-même. Au fur
et à mesure que les groupes rebelles devront se procurer eux-mêmes
leurs armes, ils devront trouver des ressources financières
supplémentaires et par conséquent les affrontements pour le
contrôle des zones riches. Cette situation crée ainsi un cercle
vicieux liant intimement la poursuite de la guerre et l'exploitation des
ressources naturelles par les rebelles.
III.2.2.1.Le pillage du coltan par le R.C.D./Goma
Le colombotantalite a été un des enjeux majeurs
dans le pillage des ressources au Nord-Kivu : on trouve ce rare minerai
à Punia, Kalima, Lugushwa et tout récemment à Masisi,
Walikale et Kalehe. Dans la zone sous contrôle du RCD/ML-Kisangani,
Lubero, Manguredjipa et Muhangi regorgent du coltan de très bonne
qualité (parfois jusqu'à 40% de teneur en tantale). Selon
l'arrêté départemental n° 008/RCD/DTME/2001 du 15
janvier 2001, la qualité de négociant s'obtient par l'achat d'une
carte du négociant coûtant 50 dollars américains et valable
pour 12 mois((*)1).
Avant novembre 2000, cette carte coûtait 50 $US mais, dès janvier,
elle coûte 1000 dollars américains. La vente du coltan aux
comptoirs se fait après une analyse des échantillons pour
déterminer la teneur en tantale et le coefficient par tantale varie
entre 2 à 2,8 dollars américains. La commercialisation du coltan
exige une licence pour 12 mois. Avant novembre 2000, les comptoirs ayant cette
licence avaient le droit d'exporter les produits achetés sur le
marché international en payant au trésor rebelle 8 % de la valeur
de leur marchandise exportée((*)2). Selon une enquête menée
auprès du responsable d'un comptoir à Goma, plusieurs des 19
comptoirs agréés dans la zone occupée par le RCD ont
besoin d'au moins 100.000 $US (cent mille dollars américains) par
semaine, un fonds de roulement minimal, pour pouvoir fonctionner comme il faut.
Ainsi, les comptoirs agréés tournent à raison d'un chiffre
d'affaire de 400.000$US (quatre cents mille dollars américains) par
mois. Les comptoirs qui parviennent à acheter le coltan d'une valeur de
400.000 $US par mois doivent payer 8 % de ce chiffre d'affaire au trésor
public rebelle, soit 32.000 $US (trente-deux mille dollars américains).
Sur les 19 comptoirs accrédités, le trésor public devait
théoriquement percevoir au moins 608.000 $US (six cent huit mille
dollars américains) le mois.
A ce pillage systématique des minerais au Nord-Kivu,
s'est greffé, toujours de la part du RCD/Goma, celui de cheptel. Le
tableau ci-bas est très éloquent, bien que non exhaustif.
Tableau n° 9 : Pillage des bétails
par les militaires du RCD/Goma en juin-juillet 2003.
Nom de la Ferme
|
Nombre de vaches pillées
|
Situation géographique
|
Mission catholique
|
95
|
Mbingi
|
Ferme KIRIVUTSI
|
200
|
Mambasa
|
Ferme KIKWERA
|
56
|
Mbingi
|
Ferme Mwami STUKA
|
150
|
Mbingi
|
Ferme KISINGIRI
|
75
|
Mbingi
|
Ferme MBANGA
|
60
|
Mbingi
|
Ferme KALIRA
|
11
|
Mbingi
|
Ferme SUNGUYA
|
56
|
Mambasa
|
Ferme KIPESE
|
63
|
Mambasa
|
Ferme KISYA
|
35
|
Mambasa
|
Ferme MUKOKOVYA
|
80
|
Mbingi
|
Ferme KAVUHIRO
|
256
|
Mbingi
|
Ferme KASINGIRI
|
55
|
Mbingi
|
Ferme KASUO
|
322
|
Mbingi
|
Ferme MIRIKI
|
455
|
Mbingi
|
Ferme VUTSOROVYA
|
125
|
Mbingi
|
Source : Nos enquêtes.
Observations :
Les moutons, les chèvres et d'autres biens
matériels ne sont pas enregistrés. Dans ces données, nous
avons eu des témoignages des chargements et déplacement du
bétail par camion au Sud du territoire de Lubero vers Goma. D'autres
traversent directement Luofu, Miriki pour atteindre Masisi. Les camions sont
chargés en présence du commandant de brigade chargé des
opérations du RCD/Goma basé à Kaseghe.
Certes, le RCD/Goma n'est pas le seul acteur dans le pillage,
son dissident RCD-Kisangani·Mouvement de Libération n'est pas
épargné.
III.2.3. Le Rassemblement Congolais
pour la Démocratie/Mouvement de Libération-Kisangani
En date du15 juin 1999, le président de cette faction
rebelle WAMBA dia WAMBA avait signé au nom de la République
Démocratique du Congo un contrat avec Monsieur VAN A BRINK. Ce dernier
est responsable de la société AFRICAN UNION RESERVE SYSTEM. Willy
MISHIKI signera, également, cet accord en tant que
« témoin »((*)1) L'objet est la création d'une banque de
réserve africaine à partir du Congo. Aux termes de l'accord,
cette société est chargée, en collaboration avec le
gouvernement, d'émettre une monnaie reposant sur la garantie fournie par
l'or et le diamant congolais. L'accord conclu pour une période de 60 ans
octroie à la société la gestion à la fois d'une
banque centrale et des ressources minières congolaises contre paiement
au Trésor congolais de 35 % des gains provenant de ses activités
dans le pays((*)2).
A.VAN BRINK, dont le véritable nom est Gilbert ALLEN
ZIEGLER, est président de la First International Bank dont le
siège est à Grenada. Cette société est
soupçonnée de blanchissement d'argent. A part cet accord, les
experts Onusiens démontrent que WAMBA DIA WAMBA avait conclu
également un accord avec TRINITY GROUP moyennant des millions de dollars
américains.
III.2.3.1. Réseau d'exploitation entre militaires
ougandais et autorités du R.C.D./M.L.-Kisangani
Le réseau d'élite qui opère à
partir de l'Ouganda est constitué d'un groupe restreint de membres,
comprenant un certain nombre d'officiers de haut rang de l'UPDF, d'hommes
d'affaires privés et de quelques dirigeants administrateurs du
RCD/ML-Kisangani. Le général de corps d'armée de l'UPDF
(à la retraite) SALIM SALEH et le général de Division
JAMES KAZINI en sont les personnages clefs. Font également partie du
réseau le colonel Noble MAYOMBO,chef du renseignement militaire, ainsi
que le colonel KAHINDA OTAFIIRE et le colonel Peter KARIM de l'UPDF. Parmi les
entrepreneurs privés, on compte SAM ENGOLA, Jacob MANU SOBA et MANASSE
SAVO ainsi que d'autres membres de la famille SAVO((*)3). Les politiciens et
administrateurs rebelles membres du réseau sont notamment WAMBA dia
WAMBA, John TIBASIMA et MBUSA NYAMWISI. Des sociétés comme
VICTORIA, TRINITY INVESTMENT, LACONMET, SAGRICOF... Chacune de ces
sociétés peut se concentrer sur une ou deux activités
commerciales, quoiqu'elle puisse changer des activités. Le
réseau tire des recettes de l'exportation de matières
premières, du contrôle des importations des produits de
consommation, du vol et de l'évasion fiscale. Le succès des
activités du réseau en R.D.C. dépend de trois facteurs
intimement liés, à savoir : l'intimidation militaire, le
maintien d'une façade de secteur public, sous forme de l'Administration
d'un mouvement rebelle et la manipulation de la masse monétaire et du
secteur bancaire par des fausses monnaies. L'UPDF et l'APC, qui lui est
associée, ont été utilisées comme force
d'exécution de facto du réseau, assurent la
prééminence de la position commerciale par l'intimidation. Le
commandant secteur de l'UPDF basé à Beni, M. BURUNDI, avait un
contrôle physique sur les zones contenant des ressources naturelles
(bois, colombotatalite,or et animal rare). Il a étendu son
autorité sur les centres urbains et financiers de Butembo-Beni pendant
quatre ans avec ses commandants BALIKUDEMBE basé à Butembo et
KIBIRA à Beni. Ils utilisaient l'Administration rebelle, façade
de secteur public, pour faire des recettes, en particulier pour percevoir des
taxes sous divers prétextes. Notamment des droits de délivrance
de permis d'exploitation, des droits d'importation des marchandises et
véhicules.
Le cas des exonérations des taxes au colonel OTAFIIRE
entre fin 2001 et début 2002 ; non seulement ce colonel tire un
avantage financier de ces exonérations mais celui-ci oblige les locaux
à abandonner le marché de carburant de Beni.
Ensuite, les opérateurs économiques locaux
(Butembo, Beni) sont tenus de payer des droits d'importation et d'exportation
élevés. Ils peuvent bénéficier d'un traitement
préférentiel sous la forme d'arrangement de préfinancement
donnant droit à une réduction de la charge fiscale. Les
arrangements de préfinancement impliquent le paiement par importateur
d'un niveau d'imposition réduit en charge d'un paiement financier
à un politicien du RCD/ML ou administrateur rebelle. Aucun de ces
paiements à l'Administration rebelle ne sert à financer les
services publics. C'est dans ce cas explicite que les opérateurs
commerciaux pratiquant ce système ont participé d'une
façon indirecte au pillage des ressources financières de la
R.D.C.
Le réseau utilise son influence économique pour
contrôler le secteur bancaire ; ce qui lui permet d'avoir une main
mise aux capitaux d'exploitation près des opérateurs commerciaux.
L'économie de cette région est devenue captive, les types
d'entreprises commerciales qui y opèrent étant
contrôlées. Parailleurs, les flux des opérateurs de change
et l'introduction à grande échelle des faux francs congolais sur
le marché.
Comme par le passé, le réseau continue
d'être associé au groupe de criminalité transnationale
VICTOR BOUT. Récemment M. BOUT a acheté une compagnie
aérienne non opérationnelle OKAPI AIR, basée en Ouganda.
L'achat de la compagnie à permis à VICTOR BOUT d'utiliser les
permis d'OKAPI. La compagnie a ultérieurement été
rebaptisée ODESSA. Ses avions atterrissent souvent sur l'aéroport
de BENI pour des transferts de matières précieuses en Ouganda.
Actuellement ces avions partagent le temps de vol et les destinations de vol
vers PLANET AIR, qui appartient à l'épouse du
général de corps d'armée (à la retraite) SALIM
SALEH et qui facilite les activités de M. BOUT en présentant les
plans de vol pour son avion.
La société, la CONMET basée à
Butembo et à Beni, bénéficie d'une exonération
totale pour toutes les activités se rapportant à l'exploitation
pour les territoires de Beni-Lubero. Et est exonérée au paiement
des droits à caractère fiscal et de droits de douane. Ce document
d'exonération à été signé à KAMPALA
par MBUSA NYAMWISI, qui était alors commissaire général
pour le RDC/ML-kisangani : le 5 janvier 2000. Dans le document SALIM SALEH
était désigné comme propriétaire de la CONMET, ses
représentants étant le groupe RUSSE la CONMET. En outre, en
décembre 1999, un rapport faisant état de détournement de
fond à hauteur de 10 millions de dollars des Etats-unis par MBUSA
NYAMWISI et de 3 millions de dollars des Etats-Unis par M.John TIBASIMA
à été remis au président ougandais selon les
experts onusiens((*)1).
III.2.3.1.1. La stratégie d'exploitation par les
autorités provinciales du RCD/ML-Kisangani
Partant des analyses de Roger MWANAWAVENE, les
autorités publique rebelles exercent rarement leur pouvoir nonobstant
leur omniprésence au sein du peuple. Et lorsqu'elles semblent l'exercer
c'est toujours contre et au détriment du peuple, ils accablent la pauvre
population des multiples taxes et amendes, les unes plus arbitraires que
d'autres((*)2)..Cette
analyse se confirme par la déclaration du président du
RDC/ML-Kisangani le professeur WAMBA dia WAMBA dans le journal les coulisses en
ce terme : pour nous, cette guerre est une surcharge.. pour d'autres, une
source de Financement((*)3).
Cependant, les autorités gestionnaires de la province
du nord-kivu basées à Beni, avaient crées une taxe dite
conjoncturelle.Cette dernière avait pour objectif le paiement des
salaires des enseignants des territoires de Beni et Lubero. Mais très
vite sera un moyen d'enrichissement individuel des autorités
provinciales pendant les règnes du gouverneur de cette province NYONYI
BWANAKAWA MASUMBUKO. Voici les perceptions de cette taxe.
Tableau n°10 : Périodicité de
perception de la taxe coujoncturelle sur les compagnies
aériennes
No
|
Compagnie
|
Décembre 2000 en janvier 2001 en dollars
|
Février-juin 2001 en dollars
|
Juillet 2001 en dollars
|
Totaux en dollars
|
1
|
AIR BOYOMA
|
26.421.00$
|
77280,30
|
24067,80
|
127769,10
|
2
|
T.M.K.
|
1.100,00
|
6275,70
|
1414,40
|
8790,30
|
3
|
AIR GRABEN
|
-
|
4663,70
|
17242,90
|
21906,60
|
4
|
SUN AIR
|
14006,9
|
10.484,60
|
481,50
|
24973,00
|
5
|
C .A.G.L.
|
1910,9
|
1796,00
|
-
|
3706,90
|
6
|
I.B.P AIR LINES
|
-
|
804,00
|
-
|
804,00
|
7
|
V.A.C.
|
-
|
25,00
|
15,00
|
40,00
|
8
|
KIVU AIR
|
-
|
25,00
|
-
|
25,00
|
9
|
SWALA
|
-
|
-
|
156,00
|
156,00
|
10
|
OKAPI AIR LINES
|
-
|
4195,30
|
2441,70
|
6637,05
|
11
|
BUSINESS AIR SERVICE
|
-
|
202,60
|
-
|
202,60
|
12
|
UNITED AIR SERVICE
|
-
|
202,60
|
-
|
202,60
|
13
|
AIR SERVICE
|
-
|
190,00
|
-
|
190,00
|
|
TOTAL
|
43.4388,80
|
105942,02
|
46146,00
|
195.527,05
|
Source : Claude Olenga
Sumaili : In Le millénaire n° 019 du décembre
2001 p.10.
Tableau n° 11 : Montant perçu par
l'OFIDA/BENI
|
Du 01 novembre au 10 février 2001
|
Du 07 février au 20 juin 2001
|
Juillet 2001
|
Véhicules importés
|
-
|
9475 $ US
|
-
|
Marchandises divers
|
118214,60$ US
|
173291380,03 Fc
|
2950,00 $ US
|
Produit pétrolier
|
-
|
52276333,68 Fc
|
-
|
Total perçu en Francs Congolais = 225567713,71Fc
Total perçu en Dollars Américains = 121164,60 $
US
Commentaire : Le montant
réellement perçu par l'OFIDA/ BENI est 225.567,71 Francs
Congolais et 121.164,60 Dollars Américains mais l'OFIDA n'a versé
que 108822 Dollars à la CADECO. Il doit justifier la somme de 12342,6
Dollars plus 225.567.713,71 Francs Congolais
Le montant perçu sur la taxe conjoncturelle a
été géré à la seule discrétion du
gouverneur de province et son conseiller financier. Le comité
institué pour gérer cette taxe a été tout
simplement ignoré. La somme réellement perçue par les
enseignants de Beni est de 27.640,00 dollars américains. Ainsi, le
système reste entier sur la destination de 289.051 dollars +
225.567.713,71 francs congolais.
En outre, après la destitution du gouverneur NYONYI
BWANAKAWA, son successeur SIKULY UVASAKA MAKALA avait tout simplement
changé la dénomination taxe conjoncturelle à taxe sur
consommation en date du 3 novembre 2000((*)1). Des marchandises diverses en provenance de
Djakarta, Bangkok, Dubai, Hong-Kong, Singapour.... paient le droit
d'entrée au nom de cette taxe en raison de 100 à 200 dollars
américains par container. Et l'argent perçu par l'OFIDA/ Beni est
aussitôt versé au compte de la province. Ainsi entre dans cette
catégorie de marchandise à "Taxe sur consommation" outre les
marchandises citées ci- haut, le lait importé (100 $us/container)
des piles, bêches, houes, coupe-coupe (100 $/container) chargement divers
des articles venus du Kenya (150 $/container), pneumatique des bicyclettes (100
$us /container)((*)2)
cette taxe a été également instaurée et
perçue pour cause de soulager la misère des enseignants de Beni
et Lubero. Mais les enseignants resteront toujours impayés malgré
l'existence de ces taxes. Il est à noter que l'exploitation
illégale des ressources naturelles du Congo, dans la partie sous
contrôle du RCD/ML-Kisangani n'est pas le seul apanage des
étrangers et des autorités rebelles. Certains groupes mafieux de
la place, à l'occurrence, les factions Mayi-mayi se seraient sali
également les mains.
III.2.4. La participation de mayi-mayi dans le pillage des
ressources au Nord-Kivu.
Les travaux de Frank VAN ACKER et Koen VLASSENROOT
démontrent que le phénomène Mayi mayi est situé
dans un contexte où la violence joue un rôle important dans la
réorganisation de l'espace économique et le contrôle de
ressource économique au Nord-Kivu((*)1) Selon cette conception, les mouvements Mayi-Mayi
sont l'expression d'une quête combinée de contrôle des
ressources (pour les « hommes puissants ») et
d'intégration sociale (pour les « cadets sociaux).Dans un
contexte de misère, d'insécurité, d'impunité et
d'absence de structure d'encadrement de la jeunesse (d'où le manque de
perspective d'avenir), les marginaux sociaux autres jeunes non
scolarisés n'ont pas autres alternatives que de s'engager dans la
violence se tailler une place dans la société. Leur
idéologie actuelle serait donc celle de l'appropriation des ressources
par les armes.Et si on peut admettre que le phénomène MAYI-MAYI
COMPORTE un aspect de résistance, c'est uniquement par rapport à
l'ordre interne (ayant favorisé les exclusions) qui a prévalu
dans les pays avant la guerre de 1996. Par conséquent, selon la tendance
dont il est ici question, les mouvements MAYI-MAYI actuel ne constituent pas
une résistance armée contre l'occupation étrangère.
Il faut admettre que cette position repose sur des arguments pertinents. Mais
sa faiblesse réside dans le fait qu'elle considère les Mayi-Mayi
comme une catégorie homogène.
Notre point de vue est que les groupes armés qui
portent l'appellation Mayi-Mayi ne sont pas tous des mouvements de
résistance.Il faut faire une distinction entre les Mayi-Mayi /
mouvement social et Mayi-Mayi mouvement politique. Les premiers sont des
groupes armées sans idéologie politique, constitués de
jeunes qui se livrent aux vols, viols, rackets, et parfois aux assassinats dans
le but de se procurer des biens matériels.Il s'agit d'organisation
criminelle, très minoritaires et sans aucun leadership connu, qui sont
prêtes à toutes sortes d'alliances pour poursuivre leurs
objectifs. Tel est le cas des groupes qui s'opposent aux formations militaires
au centre de Mangango dans le territoire de Beni. Ce groupe continue à
piller les bovins, ovins et caprin, dans le territoire de LUBERO et BENI
après leurs refus de désarmement par les militaires du RCD/ML,
qui ont conduit aux opérations « one coq ».
Dans la deuxième catégorie, on retrouve des
groupes qui, par essence, sont mus par une idéologie
d'autodéfense et de protection de l'espace politique contre une
occupation étrangère. Certains se sont constitués
dès la première invasion rwandaise en 1996. Ceux-ci sont plus au
moins organisés car ils refusent la domination étrangère
et désirent participer à la gestion du pays. La division
spéciale Mayi-mayi du général PADIRI BULEMA en est le
prototype((*)1). Le
phénomènes Mayi-mayi est fortement lié à la
répression et aux représailles que subissent les populations du
fait de mauvais choix politique qui entraînent le pays dans une guerre
inutile et fratricide. Voici les tableaux explicitent de la participation des
Mayi-mayi au pillage des ressources dans les territoires de Beni-Lubero
Effectifs des bêtes pillés par les
Mayi-Mayi au Nord-Kivu.
Tableau n°12 : Groupement Mbingi
Année
|
Effectif Bovin
|
Bovins pillés
|
Effectif Ovin
|
Ovin pillés
|
Effectif caprin
|
Caprin pillés
|
Observation des acteurs
|
1998
|
7 100
|
-
|
4500
|
-
|
5200
|
-
|
Pillés par les
groupes Mayi-Mayi
de la fontaine et
VITA KITAMBALA
|
1999
|
8 200
|
2100
|
5800
|
1300
|
6000
|
1100
|
2000
|
7000
|
3290
|
5800
|
2800
|
5800
|
3200
|
2001
|
4670
|
3500
|
4000
|
3300
|
4000
|
3000
|
Source : ACOGENOKI/Butembo
Observation : Dans cette partie il reste
1200 bovins, 1000 caprins et 800 ovins. Cependant de nouveaux pâturages
ont été installés à Mbingi pendant l'acalmie. Ce
qui a occasionné un nouveau transfert important de bétail dans ce
groupement pendant cette période. Malheureusement rackettés par
les militaires de l'armée patriotique Rwandaise sous la
bénédiction du RCD-Goma entre mars et juillet 2003.
Tableau n°13 : Groupement Lushukwe
(Kaseghe)
Année
|
Effectif Bovin
|
Bovins Pillés
|
Effectifs ovins
|
Ovins Pillés
|
Effectif caprin
|
Caprins pillés
|
Observation des acteurs
|
1998
|
3200
|
-
|
2600
|
-
|
1900
|
-
|
Pillé par les groupes Mayi-Mayi de LAFOTAINE et VITA
KITAMBALA et Interahamwe sans oublier l'A.P.C.
|
1999
|
3700
|
837
|
3300
|
448
|
2200
|
220
|
2000
|
3250
|
1302
|
3500
|
832
|
2300
|
628
|
2001
|
2250
|
1426
|
3400
|
992
|
1800
|
726
|
Source : ACOGENOKI/Butembo
Observation : reste 850 bovins, 2400
ovins et 1000 caprins qui, non plus été épargné par
l'invasion de juillet du RCD-Goma soutenue par l'APR.
Tableau n°14 : Groupement Busekera
(Kayna)
Année
|
Effectif bovins
|
Bovins pillés
|
Effectif ovins
|
Ovins pillés
|
Effectif caprins
|
Caprins pillés
|
Observation
|
1998
|
3600
|
-
|
2400
|
-
|
1850
|
-
|
Pillé par les groupes mayi-mayi de LAFONTAINE et
VITAKITAMBALA et Interahamwe
|
1999
|
4100
|
665
|
2700
|
662
|
2000
|
343
|
2000
|
3700
|
840
|
2300
|
742
|
1800
|
543
|
2001
|
3200
|
2625
|
1780
|
954
|
1450
|
615
|
Source : ACOGENOKI/Butembo
Observation : Dans ce groupement il n'y
a plus de bétail.
Tableau n° 15 : Groupement
Masereka
Année
|
Effectif bovins
|
Bovins pillés
|
Effectif ovins
|
Ovins pillés
|
Effectif caprins
|
Caprins pillés
|
Observation
|
1998
|
350
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Pillé par le groupe Mayi-Mayi du commandant MUDOHU
KUKUMANA
|
1999
|
400
|
40
|
1500
|
120
|
1300
|
102
|
2000
|
400
|
56
|
1700
|
60
|
1500
|
76
|
2001
|
350
|
48
|
1500
|
105
|
800
|
85
|
Source : ACOGENOKI/Butembo
Observation : La plupart des fermiers
qui investi à KATEVYA ont transféré leurs bêtes sur
des nouveaux pâturages suite à une
dégénérescence de ces derniers. L'élevage dans ces
groupement est principalement paysans. Les marchés environnants ont
diminué les effectifs suite aux ventes de bétail dans des
marchés locales.
Tableau n°16 : Butembo et ses environs
Année
|
Effectif bovins
|
Bovins pillés
|
Effectif ovins
|
Ovins pillés
|
Effectif caprins
|
Caprins pillés
|
Observation
|
1998
|
7460
|
-
|
11000
|
-
|
75000
|
-
|
Pillé par les Mayi-Mayi du commandant MUDOHU FABIEN et
du général LOLWAKO
|
1999
|
8500
|
1000
|
13000
|
2100
|
9000
|
1750
|
2000
|
7540
|
2050
|
13000
|
2100
|
9000
|
1750
|
2001
|
63000
|
2450
|
12000
|
2240
|
8000
|
2100
|
Source : ACOGENOKI/Butembo
Tableau n°17 : Pillage de novembre 2001
Responsable
|
Bovin
|
Ovine et caprin
|
Observation
|
Maison KISUNE
|
96
|
505
|
Pillé par le groupe LOLWAKO
|
Maison NZOLI
|
320
|
400
|
Groupe MUDOHU
|
Groupement MBINGI
|
+ 150
|
-
|
Groupe VITA et LAFONTAINE
|
Maison SINAMALI Pépin
|
60
|
40
|
Pillé par groupe LOLWAKO
|
Source : Bureau ACOGENOKI Butembo.
III.3. EXPLOITATION DES SOCIETES PENDANT LA GUERRE DU R.C.D.
AU NORD-KIVU
Le début d'un redémarrage du secteur minier, qui
s'annonça en 1997 malgré de multiples ambiguïtés, fut
annihilé à partir de la guerre conduite par le R.C.D.. Les
tendances les plus néfastes, amorcées pendant la période
antérieure, se sont amplifiées jusqu'à diminuer
l'entièreté du paysage minier congolais. Il s'agit de
l'effondrement des structures étatiques, de leur criminalisation et
privatisation. Cet écroulement a ouvert une large brèche pour
l'économie mafieuse et pour les intérêts
des « voisins » qui ont parrainé la guerre contre le
régime de KABILA. Ces intérêts étaient
déjà présents avant la guerre de 1998 ; puis furent
repoussés, mais sont revenus en force sous couverture de la guerre du
R.C.D.. Comme le remarque à juste titre P. COLLIER, l'objectif dans une
situation de guerre est le contrôle du marché par des moyens
militaires afin d'augmenter les marges de profit((*)1). Par illustration, la
société DARA FOREST serait exceptionnelle sur le territoire du
RCD/Kisangani.
III.3.1. La société DARA-Forest
Une société forestière
ougando-thaîlandaise appelée DARA-FOREST s'est installée
dans la région d'Ituri à la fin de l'année 1997. En mars
1998, cette société avait sollicité l'octroi d'une
concession forestière en R.D.C., concession qui lui avait
été refusée par le régime L.D.KABILA. En mars 1999,
la société a commencé à acheter dans
l'illégalité les produits forestiers et pour ce faire à
louer les services de particuliers chargés de récolter le bois,
Pour le lui revendre ensuite. Ces particuliers étaient initialement des
bûcherons congolais opérant en partenariat avec les Ougandais. La
société DARA-Forest s'est engagée, le même
année, dans la production industrielle en construisant une scierie
mécanisée à MANGINA. En 2000, elle avait obtenu du
R.C.D./ML-Kisangani sa propre concession de 100000 hectares depuis septembre
1998((*)1). Les
forêts les plus exploitées se situent autour de Beni-Mambasa.
L'abattage des arbres s'y est effectué sans considération
d'aucune règle minimale acceptable d'exploitation. Leurs produits finis
transitent par Kampala sans aucune taxe d'exploitation et surtout que les
camions transportant ce bois sont sous escorte militaire sur instruction du
commandant secteur de l'UPDF, Monsieur BURUNDI basé à
Béni, sous les ordres du général KAZINI. Le bois d'oeuvre
provenant de la région de Beni est alors exportée vers l'Ouganda,
le Kenya et sur d'autres continents. Selon les autorités portuaires de
KASINDI, d'importantes quantités de bois d'oeuvres étaient
exportées vers l'Asie, l'Europe et l'Amérique du nord.
Selon les enquêtes des experts onusiens, il y a
collusion entre la société DARA GREAT Lake Industries dont DARA-
Forest est une filiale, de même qu'entre la société jumelle
ougandaise Nyota Wood industries((*)2). En outre DARA-Forest importe du bois en Ouganda
où ce bois sera transformé en différents types de produits
dans une nouvelle usine basée à NAMANVE. Cette
société est gérée par monsieur Jonh KOTIRAN
ressortissant thaïlandais et PRANEE CHANYUTTASART du même pays. En
Ouganda, c'est PROSSY BALARA qui fait les suivis du bois, lui-même
étant actionnaire. Nos enquêtes sur Kampala prouve que Salim SALEH
est également membre de cette maffia forestière.
Profitant de la confusion qui s'est créée, dans
les territoires sous contrôle du RCD/ Kisangani. DARA-Forest s'est
également plongée dans des activités financières,
au commerce des diamants, de l'or, et du coltan. L'illustration de ces trafics
se confirme dans le contentieux, de dix tonnes de coltan, entre JOHN KOTIRAN et
un opérateur économique de Butembo M. MASASI((*)1). Des enquêtes
menées à Mpondwe et Kasindi confirmant ces informations. Et
l'administration du RCD/ M.L. Kisangani reconnaît qu'elle
n'exerçait aucun contrôle sur les exploitations de cette
société couvert par l'Ouganda. Les déclarations d'un des
agents de cette société confirment que DARA-FOREST exporte en
gros chaque année environ 48000 mètres cubes de bois
d'oeuvre((*)2)
III.3.2. La société Minière des Grands
Lacs
La société minière des Grand Lacs est
créée le 20 novembre 2000 par madame GULAMALI (SHENIMED) et deux
autres partenaires inconnus((*)3). SOMIGL vise principalement l'exploitation
artisanale du coltan et s'est taillé un monopole d'exploitation de tout
le coltan produit dans la zone occupée par les rebelles du RCD-Goma
selon l'article 1 de l'arrêté interdépartemental n°43
du 20 novembre 2000.
Ce monopole d'exploitation du coltan réservé
à SOMIGL confisque de fait le droit d'exportation aux autres comptoirs
d'achat du coltan, 19 au total, qui ont proliféré à l'Est
du Congo. En effet, au cours de l'année 2000, selon l'inventaire de la
division des mines (non encore rendu officiel au mouvement où nous avons
reçu les données), les comptoirs installés à Goma
auraient totalisé un achat de 106382,5 Kg de coltan et certains avaient
les capacités d'exploitation sur le marché international,
capacité mises en valeur par le monopole d'exploitation accordé
au cours du mois de décembre 2000, 3432 Kg de coltan. Si ces chiffres
officiels sont corrects, cette performance à Goma montre que les autres
comptoirs doivent avoir boudé ou carrément se sont opposés
au monopole de SOMIGL.
Cependant d'autres sources affirment que SOMIGL aurait
acheté 120,3 tonnes de coltan en décembre 2000 sur l'ensemble de
la zone occupée par le RCD-Goma. Selon les inventaires, le comptoir
G.B.C. aurait atteint 9526 Kg de coltan au mois de septembre 2000, 9087 Kg au
mois de mai 2000, 9029 Kg au mois de septembre 2000 et 5333 Kg au mois
d'octobre 2000. Le comptoir GAFEREGE aurait aussi atteint 7358.5 Kg au mois de
septembre 2000 (6).
A titre illustratif voici quelques sociétés
exportatrices des minerais de la R.D.Congo.
Tableau n°18 : Sociétés importatrices des
minéraux de la R.D.Congo
SOCIÉTÉ
|
PAYS DE
DESTINATION
|
MINERAIS
|
COGEM
|
Belgique
|
Cassitérites
|
MUKA-ENTREPRISE
|
Belgique
|
Cassitérites
|
ISSA
|
Allemagne
|
Cassitérites
|
CHPISTOPA FLOSS
|
Allemagne
|
Cassitérites
|
REDEMI
|
Rwanda
|
Cassitérites
|
BANRO-RESSOURCES
|
Malaisie
|
Cassitérites
|
BHARAT
|
Tanzanie
|
Cassitérites
|
EXTANO-OFFICE
|
Rwanda
|
Colombotantalite
|
COOPIMAR
|
Rwanda
|
Colombotantalite
|
GEOLOGISTICS HANOVER
|
Allemagne
|
Colombotantalite
|
RWASIBO-BUTERA
|
Suisse
|
Colombotantalite
|
EAGLES WINGS
|
Pays-Bas
|
Colombotantalite
|
VEEN
|
Pays-Bas
|
Colombotantalite
|
COGER
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
PATEL WAREHOUSE
|
Pays-Bas
|
Colombotantalite
|
AFRIMEX
|
Royaume-Uni
|
Colombotantalite
|
CHIMIE PHARMACIE
|
Pays-Bas
|
Colombotantalite
|
SOGEM
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
COGECOM
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
COGEA
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
PANALPINA
|
Kenya
|
Colombotantalite
|
TRADEMENT
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
VENTRO STAR
|
Royaume- Uni
|
Cassitérite
|
RAREMENT
|
Inde
|
Colombotantalite
|
FINCONCORE
|
Russie
|
Cassiterite
|
PATEL
|
Inde
|
Cassiterite
|
CICLE INTERNATIONAL
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
MASINGIRO
|
Allemagne
|
Colombotantalite
|
UNION- TRANSPORT
|
Allemagne
|
Colombotantalite
|
SPECIALTY MENTAL
|
Belgique
|
Cassiterite
|
MDW
|
Belgique
|
Colombotantalite
|
TRASINTRA
|
Belgique
|
Cassiterite
|
Source :Rapport du PANEL : Administration fiscale du
Rwanda
CONCLUSION GENERALE
Dans ce travail, nous avons comme préoccupation
d'essayer de découvrir les causes et motivations qui seraient à
la base de cette guerre d'agression-rébellion au Nord-Kivu ainsi que les
implications des acteurs dans le pillage des ressources depuis le 02 août
1998.
Ce qui nous a stimulé à recourir à la
méthode dialectique (matérialiste) en vue de
l'opérationnalisation des concepts clés. Nous nous sommes servi
également des techniques de recherche courantes en sciences
sociales : l'observation directe, l'observation documentaire et surtout
l'entretien libre avec des témoins privilégiés.
Ce mémoire a été axé sur trois
chapitres noyaux durs de notre dissertation, outre l'introduction et la
conclusion générale.
En plus de la présentation du champ d'étude, le
premier chapitre s'est penché longuement sur des
généralités. Celles-ci étaient relatives à
la définition des concepts de base dont : la guerre et la
rébellion. Nous avons aussi clarifié un certain nombre des
notions parmi lesquelles : l'agression, la nationalité, gouvernance
et les ressources. Ces notions ont été explicitées de
façon aussi claire que distincte, nous avons par la suite
présentée la théorie sur la guerre et les mouvements des
populations rwandophones dans le Nord-Kivu.
Dans le deuxième chapitre nous avons présente
les origines de la guerre d'agression-rébellion du R.C.D. Cela nous a
permis d'esquisser une étude: institutionnelle des membres de ce
mouvement, ses objectifs apparents et les dissensions internes. Dans la
qualification des acteurs, deux thèses y étaient
confrontées : celle interne privilégiant la présence des
acteurs agresseurs et celle externe (communauté internationale) mettant
l'accent sur des acteurs multiples. En fait, cette guerre à l'Est du
Congo est un véritable imbroglio quant à ses enjeux. Les acteurs
externes visibles (le Rwanda, l'Ouganda, et le Burundi) en profitent sous
l'alibi sécuritaire et donc le droit de poursuite en vue de leur propre
sécurité consacrée également par la charte de
l'O.N.U. Et ils mettent d'ailleurs à l'avant plan le soutien à la
rébellion à même de sécuriser leurs
frontières. Certes, ces Etats sécurisent leurs frontières
au détriment de la paix interne de la République
Démocratique du Congo. La thèse interne, quant à elle, est
d'avis que le pays est victime d'une agression-rébellion
organisée par ses voisins en vue d'exploiter politiquement et
économiquement la République Démocratique du Congo. Quant
aux mobiles internes de cette guerre du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie, la mauvaise gouvernance des institutions internes et la
question de nationalité n'ont été mis à part.
Le troisième chapitre quant à lui a eu comme
objectif d'analyser la part des acteurs dans l'exploitation illégale des
ressources naturelles de la République Démocratique du Congo, le
désir d'y accéder à bas prix par des réseaux
mafieux organisés par les acteurs internes en collaboration avec les
groupes ou sociétés militaro-industrielles a été
mis en exergue. Les Congolais n'ont aucun doute à ce sujet, et les trois
rapports publiés par les Nations-Unies, consacrés au pillage des
ressources naturelles, les ont confortés dans cette idée. Les
troupes du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi qui ont justifié en date
du 2 août 1998 leur présence au Congo par la
sécurité et le droit de poursuite de traquer les auteurs du
génocide ont viré de finalité et se sont impliquées
dans le pillage des ressources en broyant en même temps la population
congolaise. On peut se demander si les arguments n'ont pas servi au parave
à des ambitions plus prosaïques qui ont conduit à la
convoitise du colombotalite du niobium, de l'or, du diamant, des produits
agricoles dont le sous-sol et le sol du Congo regorgent. Dans un Etat où
la porosité et l'intangibilité des frontières n'est plus
un dogme, plusieurs pays voisins ambitionnent ou rêvent de bâtir
leur développement à partir des ressources puisées en
République Démocratique du Congo.
De là, nous pensons que nos hypothèses de
départ se confirment. Certes, loin de prétendre avoir
épuisé en fond et en comble cette thématique, nous sommes
néanmoins ravis d'avoir jeté le jalon.
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
I. OUVRAGES
1. BOISSONNADE Euloge, Kabila clone de Mobutu,
Paris, Moreux, 1998.
2. BOUTHOUL . G., La guerre, Paris, P.U.F, 1984.
3. BAGENDA et BAHARANYI B., 1995, Société
et homme politique Zaïrois, Bukavu, Ed. du GEAPO, 1996.
4. BRAECKMAN Colette, Le nouveau prédateur
politique des puissances en Afrique Centrale, Paris, Fayard, 2003.
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édition, Paris, Michallou, 1999.
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7. BERGHEZAN Georges, Trafics d'armes vers l'Afrique,
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8. DIANGITUKA Fweley, Qui gouverné le
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et la loi sur la nationalité vraie et fausse
problématique, éd. Select, Avril, 1993.
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liberté en Afrique, Assaie de sociologie politique,
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générale, collection savoir et connaître. éd.
Africa, Lubumbashi, 2001.
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20. NKOLE KALOMBO D., Zaire autopsie d'une transition
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21. NGUYA-NDILA Célestin, Nationalité et
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22. NGBANDA Honoré, Ainsi sonne le glas ; les
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23. PINTO,R. et GRAWITZ, M., Méthode des sciences
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24. REYNTJENS Filip, La guerre des Grans-lacs, alliances
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l'Harmattan, 1999.
25. WILLAME J.C, Kivu : La poudrière, Kabila
prend le pouvoir, GRIP, édition complexes, 1998.
26. WILLAME J.C, Banyarwanda et Banyamulenge, Violence
ethnique et gestion de l'idem titaire au Kivu, Zaire, Année 90,
Paris, l'harmattan, 1997
27. WILLAME J.C, L'odycée Kabila, Paris
Karthala, 1999.
II. ARTICLES DE REVUES
1 DEVILLERS Gauthier, Zaire, La transition manquée
1990-1997, in Cahiers Africains n°47/48, Paris, L'armathan,
1997.
2 DEVILLERS G. et Alii, République démocratique
du congo, guerre et politique, les trente dérniers mois de Laurent
Désire Kabila (août 1998-Janvier2001) In Cahier Africains
n° 47/48, Paris, L'harmatan, 2001.
3 GAFFEY J.MAC, initiative de la base : l'autre
cheminement social du Zaire et la restructuration économique In
Gouverner l'Afrique, vers un partage des rôles, Paris,
édition Nouveaux Horizon, 1992.
4 KENNERS Eric, le secteur minier au congo :
« déconnexion » et descente aux enfers In
ANNUAIRE 1999-2000, Afrique des grands-lacs, Paris, L'harmattan,
2000.
5 MATHIEU P. et MAFIKIRI Tsongo, enjeux fonciers, deplacement
de population et escalade conflictuelle, In Cahiers Africains
n°39/40, Paris, L'harmattan, 1999.
6 MATHIEU P. et MAFIKIRI Tsongo, Guerres paysannes au
Nord-Kivu(République démocratique du congo 1937-1994, In
Cahiers d'études Africaines n°150-152, Paris, édition
E.H.E.S.S., 1998.
7 MATHIEU P. et J.C. WILLAME, conflit et guerre au kivu et
dans la région des Grands-lacs In Cahiers Africains n°
39-40, Paris, L'harmattan, 1999.
8. MISSER F. et Olivier VALLEE, « Du scandale
zaïrois au Congo démocratique »
in Cahiers Africains n° 45-46,
Paris, Harmattan, 2001.
8 NGANGOUE Nana Rosine, la République
Démocratique du Congo victime d'un pillage organisé de ses
ressources naturelles In MAGAZINE MONUC, n° 3, novembre 2003.
9 PRUNIER Gérard, l'Ouganda et les guerres congolaises,
In Politique Africaine n° 75, Paris, Karthala, 1999.
10 SCHRAEDER Peter, « finie la rhétorique,
vive la géopolitique » premières tendances de la
politique Africaine de l'administration Bush In Politique Africaine
n°82,Paris,Karthala, 2001.
11 VLASSENROOT KOEN, violence et constitution des milices dans
l'Est du Congo : le cas de Mayi-Mayi In Annuaire, 2001-2002,
Paris, L'harmattan,2002.
12 VERHAEGEN Benoît, du Congo 1964 au Zaire 1997,
similitude et divergences In l'Afrique des Grands-lacs, Annuaire
1996-1997, Paris, L'harmattan, 1997.
13 VAN ACKER F. VLASSENROOT, K.youth and confict In
Kivu : « Komona claire »http : Iwww-yha . s p
s. Cam.Uk / CiCo95. htm du 17 janvier 2000.
14 WINGULA B. COSMA, Fizi 1967-1986. Le maquis de Kabila In
Cahiers Africains n° 26, Paris L'harmattan, 1997.
15 WILLAME J.C. et P. MATHIEU, « le conflit et
guerre au Kivu et dans la Région des grands-lacs In Cahiers
Africains du CEDAF n°39-40, Paris, Harmattan, 1999.
16 XXX, Kabila et la guerre de résistance nationale In
Solidarité internationale, 23è année, n°145,
Septembre 1998.
17 XXX, Le coltan et les populations du Nord-Kivu In Pole
institute. CREDAP. N°07,Goma, septembre 2002.
18 XXX, R.D.C, Dix ans de transition à la recherche de
progrès In Congo Afrique n°344 Avril 2000.
III. TRAVAUX DE FIN D'ETUDE
1 BAGABE L., Promotion et efficacité des agents dans
les services publiques : cas de la direction provinciale des contribution
/ Sud-Kivu 1994-1998.
2 MWANAWAVENE Roger, Bonne Gouvernance, société
civile et poussées identitaire en République Démocratique
du Congo : cas du Kivu (1990-2002), Mémoire défendu, UC.G.,
SPA, inédit, août 2002.
NDAKIT Kasereka, pluralisme politique au Zaire/Congo et
problématique de l'intégration nationale au Nord-Kivu,
mémoire Lubumbashi, S.P.A., inédit, 1992.
3 MWANAWAVENE Roger, Ethnicité et militarisation au
Nord-Kivu : 1990-1999, TFC, UCG, inédit.1999.
IV. ARTICLES DES JOURNAUX
1. HONLAY Justin, Quand la taxe conjoncturelle devient taxe
sur consommation In les coulisses n°105 du 10 au 31 mars 2002.
2 KIBEL'BEL OKA N, Qui dirige le R.C.D./ M.L ? :
Wamba dia Wamba, Mbusa,Tibasima ou l'ouganda ? In les coulisses
n°85 novembre, 2000.
3 SEKIMONYO W.M., « Le Dialogue inter-congolais du
Nord-Kivu s'impose » In la Référence, Plus, du
13 mars 2000.
4 WAMBA dia WAMBA E., Pour nous cette guerre est une
surcharge. Pour d'autres, une source de financement In les coulisses
n°85, novembre, 2000.
V. COURS ET CONFERENCE
1. ISANGO IDI WANZILA, cours de méthode de recherche en
science sociale, UNILU, 1993
2 LELOUP Bernard, Rwanda-Ouganda : chronique d'une guerre
annoncée ?, Conférence débat, tenue à
l'Université Catholique du Graben, décembre 2002.
VI. RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS
1. Nations unies, Conseil de sécurité,
Rapport du Groupe d'expert sur l'exploitation illégale des
ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C., document
SI 2001/357, 12 avril 2001.
2. Rapports du groupe des experts des Nations-unies sur le
pillage systématique des ressources naturelles et autres richesses de la
R.d.C, 2001
3. Additif du rapport des experts se l'ONU sur le pillage des
ressources de la R.D.C.
4. Rapport du PANEL sur l'exploitation illégale des
ressources de la R.d.C conduit par KASSEM
5. Rapports Annuels du bureau ACOGENOKI Butembo sur le pillage
des cheptels Bovins, Ovins, Caprins et autres biens. 1999, 2000, 2001, 2002.
6. Rapport du Haut commissariat au Réfugié/Goma,
1995.
6 Résolution 3314 In désuétudes du
système de sécurité collective, P.U.Z., 1986.
VII. DICTIONNAIRES
1. Dictionnaire le Robert, Tome 3, 1971.
2. Dictionnaire Larousse encyclopédique, Tome
7, Paris, librairie Larousse, 1963
3. Dictionnaires.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
AVANT-PROPOS
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iv
INTRODUCTION GENERALE
1
1. Etat de la question
1
2. Problématique et hypothèses du
travail
2
2.1. Problématique
2
2.2. Hypothèses
3
3. Méthodes et technique
3
3.1. Méthode
3
3.2. Techniques
5
4. Choix et intérêt du sujet
6
5. Délimitation du sujet
6
6. Difficultés rencontrées
7
Chapitre Premier : CONSIDERATIONS GENERALES
8
I.1. CONCEPTS ET THEORIES
8
I.1.1. La Guerre
8
I.1.2. La rébellion
9
I.1.3. L'Agression
9
I.1.4. La Nationalité
11
I.1.5. La ressource
11
I.1.6. La gouvernance
12
I.2. CADRE THEORIQUE SUR LA GUERRE
12
I.2.1. Les causes individuelles
12
I.2.2. Les causes nationales
13
I.2.3. Les causes internationales
14
I.3. PRESENTATION DU CHAMP D'ETUDE
15
I.3.1. Cadre géographique du Nord-Kivu
15
I.3.2. Le peuplement du Nord-Kivu
15
I.3.3. Histoire socio-politique du Nord-Kivu
17
I.3.4. Mouvement des populations rwandophones
17
1.3.5. Accroissement démographique et
déséquilibre par des migrations massives
23
1.3.6. La révolution de l'Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération.
26
1.3.7. Perspective historique des guerres en
R.D.C.
27
Chapitre Deuxième :
LA GUERRE DU RASSEMBLEMENT CONGOLAIS POUR LA
DEMOCRATIE. AU NORD-KIVU
30
II.1. DECLENCHEMENT DE LA GUERRE
D'AGRESSION-REBELLION
30
II.1.1. Origine des faits
30
II.1.2. Institutionnalisation du Rassemblement
Congolais pour la Démocratie.
31
II.1.3. Membres de la direction politique et
militaire du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
31
II.1.3.1. La Direction militaire
32
II.1.3.2. Déclarations Politiques du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
33
II.1.4. Dissensions internes au sein du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
34
II.1.4.1. De la création du
R.C.D./M.L-Kisangani
35
II.2. ACTEURS DANS LA GUERRE DU RASSEMBLEMENT
CONGOLAIS POUR LA DEMOCRATIE (R.C.D.)
36
II.2.1. ACTEURS INTERNES
36
II.2.1.1. Le Rassemblement Congolais pour
laDémocratie..
36
II.2.1.2. La résistance des compatriotes
Mayi-Mayi
37
II.2.1.3. De la simple milice à une force
politico-militaire du Nord-Kivu
39
II.2.2. LES ACTEURS REGIONAUX
39
II.2.2.1. Le Rwanda
39
II.2.2.2. L'Ouganda
40
II.2.2.3. Le Burundi
41
II.2.2.4. La République Sud-Africaine
41
II.3. ACTEURS INTERNATIONAUX
42
II.3.1. La Belgique
42
II.3.2. Les Etats-Unis d'Amérique
43
II.3.2.1. Politique des Etats-Unis dans la
région des Grands-Lacs africains.
43
II.3.3. L'ONU : Grandes espérances,
maigres résultats
45
II.3.4. Les sociétés
militaro-industrielles
47
II.4. L'ENJEU DE LA NATIONALITÉ ET LA
MAUVAISE GOUVERNANCE DES INSTITUTIONS
49
II.4.1. L'enjeu de la Nationalité
49
II.4.1.1. Aperçu historique
49
II.4.1.2. Principaux textes juridiques sur la
nationalité en R.D.C.
50
II.4.2. La mauvaise gouvernance en R.D.C.
52
II.4.1.1. Une opposition divisée
54
II.4.1.2. La faillite de l'Etat congolais
56
II.4.1.3. Difficile passage de la dictature à
la bonne gouvernance
56
II.4.1.4. La première transition
1990-1997
58
II.4.1.5. La deuxième transition
1997-2003
59
II.4.1.6. La troisième transition 2003
60
Chapitre troisième :
MOBILES D'EXPLOITATION DES RESSOURCES DE LA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO.
61
III.1. MOBILES D'EXPLOITATION EXTERNE
61
III.1.1. Le Président Rwandais Paul
KAGAME
62
III.1.1.1. Stratégies de financement de la
guerre par le Rwanda
63
III1.1.2. Relation entre exploitation des ressources
naturelles et Front non-officiel
65
III.1.2. L'Ouganda de YOWERI MUSEVENI
68
III.1.2.1. Monopole et fixation de prix comme
stratégie ougandaise
69
III.1.3. Les bailleurs de fonds
bilatéraux
71
III.1.4. Bailleurs de fonds multilatéraux
71
III.2. Mobiles d'exploitation interne
72
III.2.1. Le régime de L.D. KABILA et
l'A.F.D.L.............................................72
III.2.2. Le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie (R.C.D./ Goma)
73
III.2.2.1.Le pillage du coltan par le
R.C.D./Goma
74
III.2.3. Le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie/Mouvement de Libération-Kisangani
77
III.2.3.1. Réseau d'exploitation entre
militaires ougandais et autorités du R.C.D./M.L.-Kisangani
77
III.2.4. La participation de mayi-mayi dans le
pillage des ressources au Nord-Kivu.
82
III.3. EXPLOITATION DES SOCIETES PENDANT LA GUERRE
DU R.C.D. AU NORD-KIVU
85
III.3.1. La société DARA-Forest
86
III.3.2. La société Minière des
Grands Lacs
87
CONCLUSION GENERALE
90
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
92
TABLE DES MATIERES
97
* (1) Nana Rosine NGANGOUE,
« La République Démocratique du Congo victime d'un
pillage organisé de ses ressources naturelles », in
Magazine MONUC, n° 3, Novembre 2003, p.18.
* (2) P. MATHIEU et J.C.
WILLAME, « Conflit et guerre au Kivu et dans la région des
Grands Lacs, in Cahiers Africains, n° 39-40, Paris, Harmattan,
1999, p. 23.
* (3) E. BOISSONNADE,
Kabila clone de Mobutu, Paris, Moreux, 1998, p. 229.
* (4) G.B. MUHEME, Ces
guerres imposées au Kivu, Bruxelles, A. Bruylant, 1999, p. 93.
* (5) KABUYA LUMUNA SANDO,
Conflit à l'Est du Zaïre, repères et enjeux,
Kinshasa, Secco/Kin., 1997, p 28.
* (6) Filip REYNTJENS, La
guerre des Grands Lacs, alliances mouvantes et conflits extraterritoriaux en
Afrique Centrale,
* (7) Roger MWANAWAVENE,
Ethnicité et militarisation au Nord-Kivu : 1990-1999, TFC,
U.C.G., inédit, 1999, p 9
* (1) R. PINTO et M. GRAWITZ,
Méthode des sciences sociales, Paris, Ed. Dalloz, 1971, p.
289.
* (2) Dictionnaire Petit
Robert
* (2) Ibidem.
* (1) Bernard LELOUP,
Rwanda-Ouganda : Chronique d'une guerre annoncée ?,
Conférence tenue à l'U.C.G., Décembre 2000.
* (2) ISANGO IDI WANZILA,
Cours de Méthode de recherche en sciences sociales, UNILU,
1993.
* (3) ISANGI IDI WANZILA,
op. cit.
* (4) GRAWITZ M.,
cité par BAGABE L., Promotion et efficacité des agents dans
les services publics : cas de la direction provinciale des
contributions/Sud-Kivu 1994-1999, TFC, Inédit, C.U.B., 1997-1998,
p. 2.
* (1) Dictionnaire Le
Robert, Tome 3, 1971, p. 384.
* (2) Ibidem.
* (3) Charles Philippe
DAVID, La guerre et la paix, approches contemporaines de la
sécurité et de la stratégie, Paris, P.S.P., 2000, p.
128.
* (4) BOUTHOUL G., La
guerre, Paris, P.U.F, 1986, p 15.
* (1) MULUMBATI NGASHA,
Sociologie politique, Ed. Africa, Lubumbashi, Août 1998, p.
170.
* (1)
« Résolution 3314 » In Désuétudes
du système de sécurité collective, PUZ, 1986, p.
263.
* (2) Ibidem.
* (1) Grand Larousse
encyclopédique, Tome septième, Paris, Librairie Larousse,
1963, p. 679.
* (1) Goran HYDEN,
Gouvernance et étude de la politique, In Gouverner l'Afrique. Vers
un partage des rôles, Paris, Nouveaux Horizons, 1992, p. 10.
* (2) Michael BRATTO &
Donald ROTHCHILD, Bases institutionnelles de la gouvernance en Afrique, In
Gouverner l'Afrique. Vers un partage des rôles, Paris, Nouveaux
Horizons, 1992, p. 379.
* (1) Charles-Philippe
DAVID, La guerre et la paix, approches contemporaines de la
sécurité et de la stratégie, Paris , Presses de
Sciences Politiques,, 2000, p. 149.
* (1) Charles-Pjilippe
DAVID, op. cit., p. 151.
* (1) NDAKIT KASEREKA F.,
Pluralisme politique au Zaïre/Congo et problématique de
l'intégration nationale au Nord-Kivu. Mémoire, Lubumbashi,
S.P.A., inédit, 1992, p. 57.
* (2) MAFIKIRI TSONGO,
Mouvement des populations, accès à la terre et question de la
nationalité au Kivu, L'Harmattan, Paris, 1996, p. 197.
* (3) NDAKIT KASEREKA F.,
op. cit., p. 57.
* (1) Roger MWANAWAVENE,
Ethnicité et militarisation au Nord-Kivu, T.F.C., U.C.G.,
1998-1999, p. 12.
* (2) Idem
* (3) Mgr KANYAMACHUMBI,
Les populations du Kivu et la loi sur la nationalité, vraie et
fausse problématique, Ed. select, Avril 1993, p. 92.
* (1) Ibidem.
* (2) KABUYA LUMUNA, La
conquête de liberté en Afrique. Essai de sociologie
politique, NORAF, Kin., p. 307.
* (3) SEKIMONYO W.M.,
«Le dialogue inter-congolais du Nord-Kivu s'impose », In La
Référence Plus, 13 mars 2000, p. 1.
* (4) G.MUHEME BAGALWA,
Ces guerres imposées au Kivu, Bruxelles A. Bruylant, p. 77.
* (1) P. MATHIEU et MAFIKIRI
T., op. cit., p. 28.
* (2) P. MATHIEU et MAFIKIRI
T., Enjeux fonciers, déplacement de population et escalade
conflictuelle, In Cahiers Africains, n° 39-40 Paris, L'Harmattan,
1999, p. 23.
* (1) J.M.BALANCIE et A. de
la GRANGE (sous la direction), Monde rebelle, guerres civiles et violences
politiques, 2e Ed., Paris, Michallon, 1999, p. 435.
* (1) Paul MATHIEU & A.
MAFIKIRI TSONGO, Guerres paysannes au Nord-Kivu (R.D.C.), 1937-1994, In
Cahiers d'études africaines, n° 150-152, paris, Ed.
E.H.E.S.S., 1998, p. 390.
* (2) Paul MATHIEU & A.
MAFIKIRI TSONGO, op. cit., p. 391.
* (3) Paul MATHIEU & A.
MAFIKIRI TSONGO, op. cit., p. 392.
* (1) J.C. WILLAME,
Banyarwanda et banyamulenge. Violences ethniques et gestion de
l'identitaire au Kivu, Bruxelles, Institut Africain-CEDAF ; Paris,
l'Harmattan, 1997, p. 25.
* (1) Gauthier de VILLERS,
Zaïre, la transition manquée 1990-1997, in Cahiers
Africains, n° 27-28-29, Harmattan, Paris, 1997, p. 266.
* (1) WINGULA B. COSMA, Fizi
1967-1986. Le maquis de Kabila, In Cahiers Africains, n° 26,
Paris, l'Harmattan, 1997, p. 50.
* (1) BAGENDA et Oscar
BAHARANYI B., 1995. Société et homme politique
Zaïrois, Ed. du GEAPO, Bukavu, 1996, p. 16.
* (1) Gauthier de VILLERS et
alii, République Démocratique du Congo. Guerre et politique, les
trente derniers mois de Laurent Désiré Kabila (Août 1998 -
Janvier 2001), In Cahiers Africains, n° 47-48, Paris,
l'Harmattan, 2001, p. 17.
* (1) Entretien du 4 juillet
2003 avec le Conseiller Politique du Président du RCD/KIS-ML, M. KAMBALE
BAHEKWA à Butembo.
* (1) J.C. WILLAME,
L'odyssée Kabila, Paris, Karthala, 1999, p. 226.
* (1) G. de VILLERS, op.
cit., p. 50.
* (1) Esdras KAMBALE
BAHEKWA, Le R.C.D./ML-Kis, un mort-né ?, Butembo, 2002, p
13
* (2) Interview de ZAHIDI
NGOMA à la radio France internationl in La tempête des
tropiques du 28 janvier 1999.
* (3) Interview de WAMBA dia
WAMBA au journal palmares du 09 avril 1999.
* (1) MAZRUI A., Cultural
forces in world politics, London, James Currey, 1990, p. 238.
* (2) Ibidem.
* (3) KOEN VLASSENROOT,
Violence et constitution des milices dans l'Est du Congo : le cas de
Mayi-Mayi, In Annuaire, 2001-2002, Harmattan, Paris, p. 125.
* (1) Entretien avec le
président des Mayi-Mayi MUDOHU KUKUMANA Fabien à Butembo, le 17
mai 2003.
* (1) Colette BRAECKMAN,
dans le Journal Le Soir du 30 novembre 1998.
* (2) Euloge BOISSONNADE,
Kabila clone de Mobutu, Paris, Moreux, 1998, p. 269.
* (3) J.C. WILLAME et P.
MATHIEU, « Le conflit et guerre au Kivu et dans la région des
Grands Lacs », in Cahiers Africains du CEDAF n° 39-40,
Paris, Harmattan, 1999, p. 135.
* (4) Euloge BOISSONNADE,
op. cit., p. 234.
* (5) Gérard PRUNIER,
L'Ouganda et les guerres congolaises, In Politique Africaine, n°
75, Paris, Kartala, p. 46.
* (1) Colette BRAECKMAN,
Les nouveaux prédateurs, politiques des puissances en Afrique
Centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 63.
* (1) PETER J. SCHRAEDER,
« Finie la Rhétorique, vive la
géopolitique », premières tendances de la politique
africaine de l'Administration BUSH », In Politique
Africaine, n° 82, Paris, Karthala, 2001, p. 133.
* (2) PETER J. SCHRAEDER,
op. cit., p. 134.
* (3) Ibidem, p.
134.
* (1) PETER J. SCHRAEDER,
op. cit., p. 146.
* (2) Colette BRAECKMAN,
Les nouveaux prédateurs, politiques des puissances en Afrique
Centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 56.
* (3) Ibidem.
* (4) Ibidem, p. 57.
* (5) Ibidem.
* (6) Interview
publié par Congopolis, du 15 octobre 2002.
* (7) PETER J. SCHRAEDER,
op. cit., p. 143.
* (1) Ibidem, p. 146.
(2) Rapport de VANGU MAMBWENI, p 148
* (1) François GERE,
Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique,
Paris, Larousse, 2002, p. 128.
* (2) François GERE,
op. cit.
* (3) Interview sur la Radio
AFRICA N° 1, In Les Coulisses, n° 85, Novembre 2000, p.
28.
* (1) Georges BERGHEZAN,
Trafics d'armes vers l'Afrique, pleins feux sur les réseaux
français et le « savoir-faire Belge »,
Bruxelles, Edition Complexe, 2000, p. 138.
* (2) BERHEZAN Georges et
NKUNDABAGENZI Félix, « La guerre du
Congo-Kinshasa », Rapport du GRIP, n° 9912, Bruxelles,
1999.
* (3) Collette BRAECKMAN, in
Le Soir, du 24 novembre 1998.
* (1) Georges BERGHEZAN,
op. cit., p. 142.
* (2) Ibidem, p. 143.
* (1) J.C. WILLAME,
Banyarwanda et Banyamulenge, Violences ethniques et gestion de
l'identitaire au Kivu, Zaïre. Année 90, Vol. 6, n° 25,
1977, L'Harmattan, paris, 1997, p. 21.
* (2) J.C. WILLAME, Kivu :
La poudrière, Kabila prend le pouvoir, GRIP, Edition Complexe,
Bruxelles, 1998, p. 33.
* (1) Benoît
VERHAEGEN, Du Congo 1964 au Zaïre 1997, Similitude et divergences, in
L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1996-1997, Paris, L'Harmattan,
1997, p. 192.
* (2) Ibidem, p. 187.
* (1) Honoré GBANDA
KOATUMBA, Ainsi sonne le glas ! Les derniers jours du Mréchal
Mobutu, Paris, GUDEPE, 1998, p.
* (1) Fweley DIANGITUKA,
Qui gouverne le Zaïre ? La République des copains,
Paris, L'Harmattan, 1997, p. 257.
* (1) XXX, R.D.C. : Dix
ans de transition à la recherche du progrès, In
Congo-Afrique, n° 344, Avril 2000, p. 195.
* (2) J. Mac GAFFEY,
Initiatives de la base : l'autre cheminement social du Zaïre et la
restructuration économique, In Gouverner l'Afrique, Vers un partage
des rôles, Paris, Ed. Nouveaux Horizons, 1992, N° 11, p.
345.
* (1) KALOMBO NKOLE, D.,
Zaïre, autopsie d'une transition ratée, difficile
métamorphose, retour à la guerre, Bruxelles, Pistes
Africaines, 1997, p. 13.
* (1) Rapport du PANEL sur
le pillage des ressources naturelles de la R.D.C., p. 40.
* (1) Rapport du Groupe
d'experts mandatés par l'ONU pour enquêter sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C.
* (2) Idem
* (3) Idem.
* (4) Idem.
* (1) F. MISSER et Olivier
VALLEE, Du Scandale Zaïrois au Congo Démocratique, In Cahiers
Africains, n° 45-46, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 36.
* (2) F. MISSER et Olivier
VALLEE, op. cit.
* (1) Nations-Unies, Conseil
de Sécurité, Rapport du Groupe d'experts sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C.,
Document S/2001/357, 12 avril 2001.
* (2) Nations-Unies,
Conseil de Sécurité, op. cit.
* (1) Entretien avec
Monsieur SAFARI, agent de l'OFIDA/Kasindi, Juin 2003, Agé de 32 ans.
* (2) Rapport du PANEL, op.
cit., p. 32.
* 1 Nicaise KIBELBEL OKA,
Qui dirige le RCD/ML ? : Wamba, Mbusa, Tibasima ou l'Ouganda ?
In Les Coulisses, n° 85, Novembre 2000,p. 13.
* (1) Rapport du PANEL,
op. cit., p. 40
* (2) Idem
* (1) Ibidem
* (2) Interview
accordée à KAKULE VYASONGYA, le 24 juin 2000 à Beni par le
commandant secteur de l'UPDF Monsieur BURUNDI.
* (3) Rapport du Groupe
d'Experts mandatés par l'ONU pour enquêter sur l'exploitation
illégale des ressources naturelles et autres richesses de la R.D.C. in
Congo-Afrique n° 362.
* (1) Rapport de la
Société Civile Grand Nord sur le pillage des ressources dans les
territoires de Beni-Lubero.
* (2) Rapport des Experts
des Nations-Unies sur l'exploitation des richesses de la R.D.C.
* (3) La SOMIGL ou
institution de monopole in Pole institute, credap, n° 7, Goma,
Septembre 2002, p. 17.
* (1) Théodore
MUGALU, Interview avec Nicaise KIBELBEL OKA du 20 mai 2001 à Dar
Es-Salaam,In Les Coulisses n°92, du 15 au 30 juin 2001, pp.
18-19.
* (1) Département de
Mines, Terre et Energie du RCD/Goma.
* (2) Le coltan et les
populations du Nord-Kivu, in Pole institute, CREDAP n° 07, Goma,
Septembre 2002, p. 16.
* (1) Gauthier de VILLERS
et alii, Guerre et politique : les trente derniers mois de L.D.KABILA in
Cahiers Africains n° 47-48, L'Harmattan, Paris, 2001, p. 79.
* (2) Ibidem.
* (3) Additif du Rapport
des Experts de l'ONU sur le pillage des ressources de la R.D.C. In Journal
indépendant « LesCoulisses » n° 115 du 20
octobre - 5 novembre 2002, p. 33.
* (1) Rapport du PANEL,
Opt Cit, p 60.
* (2) Roger
Mwanawevene, Bonne gouvernance, société civile et
poussées Identitaires en R.D Congo = cas du Kivu (1990-
2002), Mémoire défendu, U.C.G (SPA), inédit,
août 2002, p 16.
* (3) Nicaise KIBEL'BEL
OKO, Pour nous cette guerre est une surcharge. Pour d'autres, une
source de financement, In Les coulisses
n° 85, Novembre 200, p 19.
* (1) Justin HONLAY,
Quand la taxe conjoncturelle devient taxe sur consommation
In les coulisses n° 105 du 10 au 31 Mars 2002, p.
2.
* (2) Justin Honlay,
op.cit., p.12.
* (1) VAN ACKER F.,
VLASSENROOT K ., youth and conflict in KIVU : « Komona
claire » , http : / www - jha .sps .cam.uk/c/co95.htm.,du 17
/janvier/2000
* (1)XXX, Kabila et la guerre
de résistance nationale in Solidarite Internationale ,
23ème année, n°145, septembre 1998, 20.
* (1) ERIC KENNES, le secteur
minier au Congo. « De connexion » et descente aux enfers in
ANNUAIRE 1999-2000, Afrique des grands lacs, paris,
l'harmattan, 2000, p.313.
* (1) Journal les coulisses
n°115 du 20 octobre-5 novembre 2002, p.34.
* (2) Rapport des experts
onusiens sur l'exploitation illégale des ressources de la R.D.C. In
«les coulisses » n°115 du 20 octobre- 5novembre 2002, p.
37.
* (1) Entretien du 4 juin 2002
avec un agent de DARA-FOREST , M. Floribert Nduhi, 28 ans, Butembo
* (2) Ibidem
* (3) Entretint du 7
décembre 2000 avec Nestor Kiyimbi chef du département de la
terre, énergie du RCD/ Goma.
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