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Nécessité d'une gouvernance alimentaire mondiale

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par Mathilde DARRAS-SADIK
Institut de Relations Internationales et stratégiques - Master 1 Relations Internationales 2008
  

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INTRODUCTION

Le cap historique du milliard de personnes souffrant de la faim a été franchi en 2009... soit un sixi»me de la population mondiale.

Combien en faudra-t-il pour que la faim devienne enfin une priorité mondiale1?

Mis en lumi»re par les médias au printemps 2008, le public découvre les émeutes de la faim et « La « crise alimentaire s'explique par la conjonction néfaste de plusieurs facteurs : une spéculation de la part de grands fonds d'investissement dans l'agriculture qui provoqua une flambée des prix alimentaires atteignant des niveaux qui n`avaient plus été vue depuis les années 70 ; une baisse conjoncturelle des récoltes liées aux aléas climatiques; une concurrence progressive des biocarburants; une hausse de la consommation animale lié au changement de régime alimentaire dans les pays émergents; et une diminution volontaire des stocks mondiaux des gros producteurs2.

Pourtant la véritable faim est silencieuse ou cachée3 et concerne selon les estimations de la FAO, 1,2 milliards de personnes dans le monde en 2009, soit pr»s d'un sixi»me de la population mondiale.

Et cette année, compte tenu des prix élevés des denrées alimentaires, le nombre des victimes de la faim devrait augmenter globalement d'environ 11 %4.

La quasi-totalité des personnes sous-alimentées de la plan»te vivent dans les pays
en développement : 642 millions de personnes en Asie et le Pacifique; 265 millions
en Afrique subsaharienne; 53 millions en Amérique latine et les Cara
·bes; 42 millions

1 Question posée par le portail francophone de la solidarité internationale, disponible sur http://www.portail-humanitaire.org

2 Pierre Janin, «Crises alimentaires mondiales. Désordres et débats», Hérodote, n°131, 4e trimestre 2008.

3 Connu sous le nom anglophone Hidden Hunger.

4 Selon les projections de la FAO qui s'appuient sur une étude menée par le Département de l'agriculture des Etats-Unis.

au Proche-Orient et en Afrique du Nord; et 15 millions au total dans les pays développés5.

La faim reste la premi»re cause de mortalité dans le monde : en 2006, la mortalité due à la sous alimentation représentait 58% de la mortalité totale:

« Dans le monde, environ 62 millions de personnes toutes causes de décOs confondues meurent chaque année. En 2006, plus de 36 millions de personnes sont mortes de faim ou de maladies dues aux carences en micro-nutriments6

Le nombre de malnutris a retrouvé les niveaux des années 70.

En effet, en 1965, 950 millions de personnes étaient touchées par la malnutrition7. Alors qu'en 2001 ce chiffre était tombé à 826 millions et La FAO estimait à l'époque pouvoir atteindre un chiffre inédit de « seulement « 600 à 650 millions de personnes touchées par la malnutrition pour une population mondiale de 7,2 milliards8. Théoriquement, aujourd'hui et contrairement aux peurs malthusiennes, on sait que l'offre alimentaire est suffisante pour nourrir le monde. Face à la hausse démographique, la peur devrait plutôt s'orientait vers des considérations d'ordre environnemental.

En revanche, la sécurité alimentaire n'est pas nécessairement atteinte. La répartition et la disponibilité de ces denrées alimentaires ne sont pas également réparties géographiquement.

« La faim touche les personnes qui ne peuvent revendiquer de droits d'accOs à une quantité suffisante de denrées9. «

5 Voir annexe 1 : Carte de la faim dans le monde pour la période 2003/2006.

6 Jean Ziegler, L'empire de la Honte, Paris, Fayard, 2004.

7 René-Eric Dagorn, «Le retour des émeutes de la faim», Sciences humaines. Disponible sur http:www.scienceshumaines.com/le-retour-des-emeutes-de-la-faim_fr_22389.html

8 FAO, L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde en 2006, Rome, 2007.

9 Amartya Sen, Un nouveau mod»le économique : développement, justice et liberté, Paris, Odile Jacob, 2003, p.218.

Actuellement, les prix moyens des denrées alimentaires sont toujours 17 % plus élevés qu'en 2006 et 24 % de plus qu'en 200510, et ne rebaisseront pas.

Mais l'instabilité des marchés n'est qu'un des aspects du probl»me de la faim. La question d'un acc»s régulier aux produits alimentaires à des prix accessibles reste enti»re.

« La faim n'est pas une calamité naturelle « affirme Olivier de Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l'alimentation depuis 200811.

La faim est avant tout le résultat de choix politiques qui peuvent être modifiés.

On ne peut évoquer le probl»me de la faim sans parler des politiques agricoles, économiques, de développement et de lutte contre la pauvreté mises en place et qui sont interdépendantes dans la gestion du probl»me alimentaire mondial.

Ceci est justement valable lorsque l'on souligne la dépendance alimentaire des pays en développement, une dépendance alimentaire liée aux difficultés d'acc»s aux terres cultivables, et au marché local.

La faim résulte en premier lieu de la pauvreté. Et la gravité de la pauvreté résulte de l'ampleur des inégalités économiques et sociales qui caractérisent la majorité des pays en développement. Et ces inégalités résultent à leur tour essentiellement des options des responsables politiques et économiques. Puisque 80 % des personnes qui meurent de faim ne sont pas en zone de conflit.

Pendant des années, de mauvaises politiques économiques ont été imposés aux pays en développement par le biais des ajustements structurels12 des économistes du FMI et de la Banque mondiale.

10 Chiffres avancés par J.Diouf lors d'un appel pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale lors du Forum des céréales de Saint Petersbourg, le 6 Juin 2009.

Disponible sur http://www.fao.org

11 T.Nagant, «La faim n'est pas une fatalité», RTBF, 3 AoUt 2009,

Disponible sur http://www.rtbf.be/info/monde/economie/la-faim-nest-pas-une-fatalité-pour-olivier-deschutter-13021, consulté le 10 AoUt 2009.

12 Les plans d'ajustement structurel reposaient sur la libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises et des services de l'Etat, de l'austérité fiscale et de la lutte contre l'inflation.

La banque mondiale qui promettait à tort aux pays en développement d'importantes retombées issues de la libéralisation des échanges, pond»re actuellement son jugement.

L'agriculture fut longtemps oubliée des enjeux internationaux et les débats se sont orientés plutôt vers les effets plutôt que les causes et vers la réduction de la pauvreté.

Selon l'OCDE, entre 1987 et 2005, l'aide mondiale pour l'agriculture a connu une chute vertigineuse. Elle est passée de 11,5 à 3,9 milliards de dollars aux dépends des plus pauvres, soit une baisse de 34 %.

Ce n'est que récemment que le développement rural est redevenu un sujet d'intérêt, sans pour autant que les engagements financiers suivent.

« Il semble toutefois que les pays riches redécouvrent enfin l'immense potentiel de l'agriculture en matiOre de lutte contre la pauvreté « selon Thierry Kesteloot, Spécialiste des questions agricoles et de la souveraineté alimentaire au sein d'Oxfam solidarité13.

Le rapport de 2008 de la Banque mondiale sur le développement dans le monde souligne également la contribution vitale de l'agriculture dans la lutte contre la pauvreté14.

De nombreux sommets15, promesses de dons effectifs eurent lieux, ainsi des engagements financiers furent pris de la part des pays riches. Pourtant les résultats sont loin d'être convainquants à la vue du nombre croissant de personnes qui ont faim.

13 Oxfam, What agenda now for agriculture? a response to the word development, report 2008, publié en Octobre 2007.

14 Banque mondiale, Rapport sur le développement dans le monde en 2008 : l'agriculture au service du développement, publié en 2007.

15 Sommet mondial de l'alimentation de la FAO de 1996 et de 2002, Sommet pour la sécurité alimentaire de la FAO de 2008, Sommet du G8 à Aquila en 2009.

« De sommet en sommet, on assiste à de grandes déclarations sur la faim, et on lance des promesses de don. Mais il n'y a ni suivi ni sanctions «, déplore Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation.

Mais résoudre le probl»me de la faim n'est pas uniquement une question de moyen financier, c'est surtout une question de volonté politique.

Des choix politiques unifiés et responsables peuvent s'intégrer dans une gouvernance mondiale.

Actuellement, il n'existe pas de syst»me de gouvernance mondiale que ce soit dans le domaine économique ou dans le domaine alimentaire et agricole, même si de nombreux acteurs y aspirent.

L'idée de gouvernance dite globale vise à combler le décalage entre le marché mondial de plus en plus unifié d'un ordre international fragmenté16. Et pousse à la régulation des marchés.

Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry et Laurence Tubiana, affirment que « Pour que le choix de l'intégration internationale soit durable, il faut que les populations en per»oivent les bénéfices, que les États s'entendent sur ses finalités, et que les institutions qui la gouvernent soient per»ues comme légitimes. Ces trois conditions ne sont que partiellement remplies17

La construction d'une gouvernance mondiale alimentaire et agricole responsable et durable est nécessaire afin de peser collectivement sur les probl»mes existants en instaurant un syst»me de régularisation. Et ceci, ne peut se faire sans la formation d'une légitimité politique transparente à toutes les échelles territoriales (locale, étatique, régionale et mondiale).

16 Gilles Andréani, « Gouvernance globale: origines d'une idée «, Politiques étrangeres, n3, 2001, p.549-568.

17 Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferrry et Laurence Tubiana, «Les institutions économiques de la mondialisation», in Gouvernance mondiale, Rapport du conseil d'analyse économique, La documentation francaise, 2002.

Pour convaincre qu'il faut la mise en place de param»tres et d'actions globaux, cohérents aussi bien au niveau international que national et local, dans le but d'un meilleur acc»s à la nourriture et d'une réduction significative des inégalités et de la pauvreté, il faut être capable de décrypter l'actuelle gestion de la situation alimentaire mondiale aujourd'hui.

L'objet de ce mémoire ouvre l'occasion de dresser un bilan de cette gestion alimentaire mondiale, d'analyser les actions, outils et politiques actuellement appliquées18 pour affirmer qu'on se trouve face à de mauvais diagnostics, à une mauvaise interprétation des concepts et à une non harmonisation des politiques.

18 Les éléments traités et choisis s'av»rent importants dans la compréhension de la situation alimentaire mondiale actuelle sans pour autant être exhaustifs.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry