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L'aide nord-sud: jeux et enjeux?

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par Abderrahim ENNADIR
SMBA Faculté de droit de Fès - Licence 2007
  

Disponible en mode multipage

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L'aide Nord/sud:

jeux et enjeux?

Remerciements

C'est mon professeur : Monsieur MAKHOUKHI Abdelhamid et lui seul qui mérite en premier lieu mes remerciements.

C'est grâce à ses points directifs que j'ai pu réaliser ce projet de fin d'études universitaires.

Sa compétence, voire même sa sagesse méthodologique, reste vivace et marquante dans mon esprit.

C'est à ce point que je tiens et tiendrai toujours à le remercier infiniment.

Dédicace

Je dédie ce travail à mes parents : YAMMA RKIA et BABA MOHAND c'est grâce à leurs prières que j'ai pu réaliser ce projet.

Je le dédie aussi à mon oncle BOBKER et sa femme AICHA, à mes soeurs et frères : MOUNIA, FATIMA, DRISS, M'HAMMED, MOHAMMED, sans oublier les petits poussins : OUMAYMA, JIHANE, YASSINE et DRISS.

Je dédie également ce travail à BOUCHRA BRAHMI et GHIZLAN EL-BIYAALI, que je remercie infiniment pour leurs encouragements et leurs soutiens.

Enfin, je dédie ce projet à mes chers (es) amis (es) sans oublier aucun (e) et je les remercie pour leurs remarques.

Je vous dédie tous ce travail et je vous remercie pour vos soutiens et vos encouragements.

Sapere aude! (Ose savoir)

Le plus grand dérèglement de l'esprit consiste à savoir les choses telles qu'on le veut et non pas telles qu'elles sont !

Bossuet

Si vous êtes trop lâche pour regarder ce monde en face afin de le voir tel qu'il est, détournez les yeux, tendez les mains à ses chaînes. Georges Bernamos1.

Table des matières :

Introduction générale 8

PREMIERE PARTIE: UNE AIDE LIEE :

PRIORITE DES INTERETS DES PAYS AIDANTS

Introduction 13

Chapitre 1 :

Priorité économique 14

Section 1 :

Domination financière 14

Section 2 :

Domination commerciale 16

Chapitre 2 :

Priorité politique 19

Section 1 :

Section 2 :

Ingérence dans la politique interne des pays aidés 23

DEUXIEME PARTIE: UNE AIDE CONDITIONNEE : MARGINALISATION DES

INTERETS DES PAYS AIDES

Introduction 27

Chapitre 1 :

Marginalisation politico-économique 28

Section 1 :

Exclusion économique 28

Paragraphe 1 :

L'inégalité des échanges commerciaux 28

Paragraphe 2 :

L'impasse financière du Tiers Monde 32

Section 2 :

Chapitre 2 :

Marginalisation sociale 36

Section 1 :

Expansion de la corruption 36

Section 2 :

Enlisement de la pauvreté 39

Épilogue 43

Bibliographie 44

INTRODUCTION GENERALE:

INTRODUCTION GENERALE :

L'aide dont il sera question ici est l'aide officielle au développement. Il s'agit du transfert de l'argent des contribuables des pays occidentaux à des pays du tiers monde, soit directement, soit par l'intermédiaire d'organisations internationales dans le but d'une redistribution ultérieure. Le terme d'«Aide», habituellement employé, prête à confusion. Car appeler «Aide» des transferts de fonds entre gouvernements est déjà un présupposé quant aux résultats d'une telle action et une façon de désamorcer toute critique à son sujet. Qui peut s'opposer à l'aide aux défavorisés ? L'acceptation générale d'un tel terme renforce l'idée que l'aide est nécessairement positive et permet à ses partisans de revendiquer le monopole de la compassion, et de discréditer leurs critiques en les traitant d'ignorants voire d'inhumains.

Depuis l'avènement de l'aide officielle, c'est-à-dire peu après la deuxième Guerre Mondiale, l'argument principal est resté le même : l'aide est nécessaire pour le développement du Tiers Monde ou du monde sous développé tel qu'on l'appelait à l'époque, comme pour soulager la pauvreté qui règne sur cette partie du globe.

L'aide étrangère a pour effet d'empêcher dans l'ensemble les pays pauvres de réaliser leurs objectifs, plutôt que de les aider à les atteindre. La fourniture de fonds destinés à être investis pour le développement n'est pas un problème crucial, c'est même un faux problème. L'aide étrangère n'est pas plus nécessaire au progrès du Tiers Monde qu'elle ne l'a été pour le développement des pays occidentaux.

L'aide extérieure n'a jamais été nécessaire pour le développement d'un pays quel qu'il soit, où que ce soit de par le monde. Ce sont les comportements

des individus comme des gouvernements, qui provoquent des changements majeurs.

L'aide qui ne peut guère être faite en faveur du développement peut, en revanche, lui nuire énormément. Ceci peut sembler paradoxal.

En effet, l'aide représente un don de ressources. Mais contrairement à la manne qui venait du ciel, l'aide a des conséquences néfastes, qui touchent des éléments déterminants (humains, sociaux et politiques) du développement économique.

Ce que critique évidemment le Tiers Monde dans l'aide internationale, c'est d'abord sa modicité ensuite son caractère trop bilatéral et enfin les modalités de sa mise en oeuvre.

En dépit de sa modicité, l'aide représente en effet une proportion significative des revenus en devises du pays aidé. Ainsi, dans des pays d'Afrique, l'aide publique au développement est souvent supérieure ou égale au revenu en devises du pays ou au revenu dû à l'imposition.

L'aide augmente donc considérablement les ressources des gouvernements des pays récipiendaires, ce qui augmente inéluctablement la puissance du pouvoir politique, donc l'intensité des batailles pour sa maîtrise et par conséquent la politisation de la vie dans ces divers pays.

En outre, les pays donateurs imposent aux gouvernements des pays du tiers monde de poursuivre des politiques inadaptées et négatives pour le niveau de vie et le progrès économique. La sous rémunération des agriculteurs en est l'exemple type : elle décourage la production vivrière comme les cultures d'exportations entraînant une économie de subsistance et un collectivisme forcé. Ce qui a amplifié les conséquences des mauvaises récoltes dans les régions d'Afrique frappées par la sécheresse, la discrimination et le

harcèlement des populations productives minoritaires et favorise la subvention d'activités industrielles inadaptées.

La politique destructrice de ces gouvernements, explique les conditions de vie abominables existantes dans plusieurs pays d'Afrique, victimes de sévères pénuries alimentaires.

Le soutien aux projets de développement gouvernementaux et l'allégement de la pauvreté sont les deux arguments habituellement présentés pour défendre l'aide. Mais telle une hydre, toujours émergent de nouveaux arguments. Dès que l'on démontre la faiblesse de l'un d'eux, un autre prend sa place.

L'aide revêt un caractère néo-colonialiste, et de ce fait ôte aux pays du sud toute possibilité de maîtriser leur processus de développement.

L'aide apparaît comme un jeu efficace de pression pour les pays industrialisés et leur permet d'obtenir des concessions économiques et politiques de taille. Ainsi, on se demande quels sont les jeux poursuivis par les pays industrialisés ? Et quels sont les enjeux qui en découlent sur le développement des pays aidés ?

Dans ce sens nous traiterons cette problématique dans deux parties :

Première partie : Une aide liée : priorité des intérêts des pays aidants

Deuxième partie : Une aide conditionnée : marginalisation des intérêts aidés.

PREMIERE PARTIE :

UNE AIDE LIEE :

PRIORITE DES INTERETS DES PAYS

AIDANTS

INTRODUCTION

Si les États du Nord ont constamment proclamé leur volonté de mettre le pied à l'étrier des pays qui se lançaient dans l'aventure du développement, ils ont, dans le même temps, eu pour souci majeur de sauvegarder leurs intérêts en cantonnant les revendications du Sud dans les limites qu'ils jugeaient acceptables1. Ainsi, les procédures de gestion de l'aide au développement qu'ils ont mis en place ont eu pour effet, sinon pour but avoué, de vider de leur contenu les quelques concessions qu'ils faisaient par ailleurs.

Donc la majeure partie de l'aide est liée et conditionnée, c'est-à-dire assortie de conditions favorables aux pays donateurs. Ces conditions peuvent porter sur des questions diplomatiques et politiques (Chapitre.2), mais elles comportent toujours un volet économique (Chapitre.1).

1- Sophie BESSIS, «L'occident et les autres», La Découverte, 2001, P. 125.

CHAPITRE 1 :

PRIORITE ECONOMIQUE

L'économie mondiale est une économie capitaliste, parce que le secteur capitaliste est le secteur dominant de la plupart des économies, parce que la dynamique économique et sociale provient des activités capitalistes, parce que, enfin ce sont les «puissances capitalistes» qui déterminent les mécanismes mondiaux de fixation des prix1.

Les pays en voie de développement sont alors basculés dans des économies traditionnelles, ce qui les conduit à une concentration financière de plus en plus grandissante des pays aidants (Section 1), ensuite à une domination commerciale accrue par ces derniers (Section 2).

Section 1 : dépendance financière

des pays aidés

Elle s'est effectuée et se réalise encore de diverses manières :

D'abord par la dépendance financière des États du Tiers Monde vis-à-vis de sources de financement extérieures pour assurer la création d'infrastructures et même parfois le simple équilibre du budget de fonctionnement.

On peut en dire autant du financement par l'investissement privé, en particulier lorsqu'il est réalisé par de très grosses unités
internationales dont le pouvoir de négociation et les moyens financiers peuvent dépasser ceux de l'État - récipiendaire. Outre les effets possibles sur les prix, sur l'orientation géographique des approvisionnements et des débouchés, sur le rapatriement des bénéfices, l'existence des centres

1- Marc PENOUIL, «Socio-économie du développement», Dalloz, 1979, P. 77.

de décisions extérieures contribue à rendre très aléatoire les prévisions des planificateurs dans le domaine de la production.

La place très importante tenue par les organismes bancaires internationaux est un autre élément de la dépendance financière1.

En fait, parler d'aide lorsqu'une entreprise privée va exploiter les ressources naturelles d'un pays sous-développé en retirant de l'opération un profit très élevé est quelque peu abusif. Tout cela ne fait qu'accentuer la dépendance économique du pays aidé.

L'aide correspond donc, quelles qu'en soient les modalités, à un transfert de biens ou d'infrastructures, qui enrichissent le pays bénéficiaire et créent souvent des économies externes et des effets de complémentarités, mais les effets par l'intermédiaire des flux financiers sont détournés vers le pays aidant.

Les États et les entreprises du Nord ont ainsi longtemps tiré un double bénéfice de pratiques dans lesquelles ils ont joué le rôle indispensable de corrupteur, en gagnant des marchés qui n'auraient pas tous trouvé preneur dans des contextes plus transparent et en voyant venir chez eux, sous forme de placements privés ou de dépenses de consommation de luxe, les montants des commissions allouées aux décideurs du Sud.

Leurs capacités financières donnent enfin aux grands États du Nord la capacité d'accroître leur mainmise sur les marchés selon des modalités qui renforcent la logique mercantiliste de leurs politiques commerciales aux dépens du credo libéral qu'ils servent à leurs partenaires.

En effet, l'Afrique est dépendante financièrement à la fois par sa dette et par l'aide qu'elle reçoit. Ainsi, depuis 1985, l'Afrique donne plus à ses créanciers qu'elle ne reçoit d'eux2. Parfois même l'aide reçue constitue un paiement de la dette.

1- Ibid., P. 87-88.

2- Robert CHAPUIS, «Les quatre mondes du Tiers Monde», Masson, Paris, 1993, P. 182.

Enfin, la dépendance financière engendre une dépendance commerciale, en particulier en ce qui concerne les importations.

Section 2 : domination commerciale

Depuis les années soixante, et plus précisément depuis la naissance en 1964 de la Conférence des Nations - Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED), le commerce international est devenu le prisme le plus couramment utilisé pour l'analyse des relations économiques de domination entre pays développés et pays en voie de développement.

Cette domination tient au fait que les pays dominants contrôlent l'essentiel des importations et des exportations du pays dominé, alors qu'en sens inverse les importations et les exportations du pays dominant ne sont que très faiblement orientées vers le pays dominé. On peut donc conclure que derrière les grandes proclamations en faveur du libre échange et d'un commerce loyal, surtout du côté des États-Unis, se cache en fait un commerce organisé «Managed Trade», dans lequel le gouvernement fédéral pèse de tout son poids et use abondamment de l'atout que constitue l'accès au marché américain pour mettre en place des rapports de force profitables pour l'économie américaine1.

Il faut noter que cette domination ne s'exerce pas seulement d'une manière bilatérale, mais sur un plan plus général par l'intermédiaire de marchés des principales matières premières.

En fait, cette domination commerciale repose sur des éléments divers :


·La présence d'entreprises ou succursales de firmes créées par le pays dominant et qui orientent leurs achats vers celui-ci ;

· Les investissements publics ou privés conduisent à l'implantation

d'une certaine technologie, et d'un certain type de matériel qui créent une

subordination ultérieure pour l'achat d'équipements en vue de

l'extension, de la réparation ou de la transformation des installations1.

En plus, le système des prix est profondément influencé par l'extérieur. Ainsi, divers types de prix dont certains sont à peu près indépendant des conditions locales. C 'est d'abord le cas pour la plupart des produits agricoles et miniers exportés. Les prix de ces produits dépendent de l'état du marché mondial, lequel et généralement orienté par l'action des acheteurs.

En effet, cette domination commerciale a engendré une détérioration des termes de l'échange. Celle-ci s'explique par deux ordres de faits :

· Tout d'abord les besoins mondiaux en matières premières, qui constituent les seules exportations de la majeure partie des pays du tiers monde, ont dans l'ensemble stagné durant les trois dernières décennies, comme leur
production a eu tendance à augmenter. Il en est résulté une crise de surproduction et une baisse des prix du marché.

· En second lieu, les pays qui ont cherché à se spécialiser dans la production de produits manufacturés se sont heurtés aux barrières protectionnistes des grands pays industrialisés, à leur faible expérience technologique et à l'absence d'un marché intérieur permettant d'assurer au préalable des économies d'échelles.

On ajoutera l'octroi de financement au titre de l'aide à l'achat de biens et de services chez les donateurs, afin d'accroître leurs propres marchés à l'exportation et de réduire l'impact de l'aide sur leur balance de paiements. Ils la

1- Marc PENOUIL, P. 85-86.

canalisent vers des pays et des institutions locales qui adhérent au maximum à leurs propres thèses économiques et politiques1.

Par conséquent, les avantages des donateurs sont évidents, leurs entreprises gagnent des contrats internationaux. Ce qui fait rentrer des devises et créé des emplois. Notons que la contribution des multinationales à la création d'emplois dans les pays en développement est médiocre.

Il faut ajouter que le monde des échanges et des affaires poursuit simplement la recherche d'une équivalence des prestations. Il se réclame de la «justice commutative» d'Aristote, du «do ut des» des romains : «je donne pour que tu donnes». Or, les pays pauvres savent qu'ils ont tout à redouter de la concurrence ouverte, du laissez-faire, de la compétition «à égalité». La liberté est l'arme la plus efficace des États industriels2.

Le Fonds Monétaire international marque aussi bien les contours d'un nouveau type de dépendance qui complète - au lieu de la dépasser ou de la nier - la dépendance de type clientéliste en introduisant entre elles une division internationale du travail. Le multilatéralisme favorise une intervention croissante des pays aidants dans la vie Socio-économique des États aidés. La diffusion en leur sein de modèles de développement et une ingérence sans cesse plus accusée dans leur économie, sur une mode d'autant plus vigoureuse que l'action multilatérale offre l'alibi de l'anonymat.

Les occidentaux reconnaissent que les organisations internationales ont par la force des choses un caractère politique : leur création résulte d'un traité; les États qui les composent poursuivent, à l'évidence, des buts politiques.

Il est unanimement admis que même si les États africains faisaient montre d'une détermination sans faille pour lutter contre le sous

1- Malcom GILLIS, Dwight H. PERKINS, Michael ROEMES, Donald R. SNOD GRASS, «Économie du développement», 4ème éd. Trad. de la 2ème éd. anglaise par Bruno-RENAULT, Nouveaux Horizons, 2001, P. 519.

2- Jacques BOUVERESSE, «Droit et politiques du développement et de la coopération», P.U.F., 1990, P. 79-80.

développement, leurs efforts auraient peu de chance de réussir tant les retards sont importants et les dépendances déterminantes vis-à-vis des pays développés.

L'aide, nous le voyons, est un domaine qui montre la dépendance des pays africains. Ainsi leur dépendance d'une manière très forte. C'est d'elle qu'ils espèrent les moyens financiers pour faire face à leurs besoins multiples (fonctionnement, investissement). C'est d'elle qu'ils espèrent l'accès aux technologies.

Il est évident que le dominant peut exploiter le dominé et retarder le développement de celui-ci ou même le rendre impossible.

La domination permet la mise en oeuvre de mécanismes de transferts qui appauvrissent le dominé et réduisent sa capacité d'accumulation. Elle détruit aussi certaines structures anciennes et réduit la faculté de création de la société pour faciliter le simple transfert d'un modèle imposé.

La priorité économique est inséparable de la priorité politique. C'est ainsi que notre deuxième chapitre sera consacré à la priorité politique des pays aidants.

CHAPITRE 2 :

PRIORITE POLITIQUE

Le principe de souveraineté des États résiste difficilement à l'observation empirique. Il n'est pas nécessaire qu'une société soit colonisée pour qu'on puisse démontrer qu'elle est dépendante d'une autre, il n'est pas suffisant qu'un État ait un siège aux nations unies pour qu'il revendique, audelà du formalisme juridique, l'exercice d'une pleine souveraineté, l'un des mécanismes qui oblitèrent la souveraineté des États aidés est l'aide liée. Ceci se traduit par l'hégémonie diplomatique (Section 1) des pays

donateurs et leur ingérence dans la politique interne des pays récipiendaires (Section 2).

Section 1 : hégémonie diplomatique

Les États du Nord produisent, certes, de la dépendance par le jeu même de leurs concurrences, mais aussi par l'effet de leurs stratégies politicodiplomatiques qui les conduisent à un processus d'accumulation de puissance (power). Au-delà, cependant, la relation de dépendance surgit de la confrontation même de leurs capacités avec celles des «États» en développement. La formule de CALLAGHY appliquée à ceux-ci, paraît tout à fait significative puisqu'elle les présente comme des «Léviathans boiteux1», soulignant, ainsi, le puissant déséquilibre qui s'instaure entre la1 prétention de l'État à agir partout dans l'ordre social et la réalité de sa faible performance.

Dans une perspective systèmo-fonctionnaliste, Immanuel

WALLERSTEIN relève que la logique de la domination internationale rend dysfonctionnelle l'apparition, à la périphérie*, d'un État dont la dynamique pourrait contrarier par son indépendance et sa souveraineté, les intérêts du capitalisme mondial. Conformément à un raisonnement assez proche, André GUNDER-FRANK tient l'État périphérique pour un fantoche, entretenant l'illusion juridique et politique d'une indépendance que le contexte économique rend de toute manière impossible2.

1- CALLAGHY (T), «The state as lame leviathan : the patrimonial adm. State in Africa», in ERGAS(Z), ed. The African State in transition, Basingstoke, Mac MILLAN, 1987, PP. 87-116, cité in «l'État importé», Bertrand BADIE, éd. Fayard, 1992, P. 23.

*- La nature déterminante des relations transnationales qui bousculent frontières et souverainetés, réunissent l'étude du pouvoir à l'échelle du pouvoir à l'échelle internationale et conduisent à découvrir l'existence d'un système capitaliste unificateur à l'échelle du globe, doté d'un centre et d'une périphérie.

2- Frank A. G., «Le développement du sous développement», Paris, Maspero, 1970, cité in «l'État importé», Bertrand BADIE, 1992, P. 31.

Les relations inter-étatiques sont très proches du modèle clientéliste. Celui-ci à été forgé pour rendre compte de situations internes et pour caractériser au sein d'une société un type de relations possible unissant les gouvernants aux gouvernés. Les liens sont alors définis comme personnels, créateurs de dépendance, reposant «sur un échange réciproque de faveurs entre deux personnes, le patron et le client, qui contrôlent des ressources inégales». La logique de l'échange, l'inégalité, tout comme la verticalité de la relation se transposent parfaitement dans l'étude des rapports inter-étatiques. Sa construction individuelle pose, en revanche, un certain nombre de problèmes qui pourraient rendre métaphorique l'usage de cette conceptualisation.

La dépendance suppose bien évidemment un «échange de faveurs» : «l'État-patron» alloue à «l'État-client» des biens indispensables à sa survie selon une procédure parfaitement identique à ce qu'on peut observer à l'échelle du fonctionnement interne des sociétés. En retour 'l'État-client' apporte les faveurs les plus diverses, que celles-ci concernent l'usage de son territoire ou celui du pouvoir symbolique qu'il détient en tant qu'État sur la scène internationale. L'aliénation du territoire à l'État-patron correspond, certes, d'abord, à ce qu'une abondante littérature avait autrefois nommé «pillage du Tiers Monde», et qui se ramène principalement aux matières diverses et variées dont regorgent les sous-sols des pays aidés. On sait aussi que cette aliénation peut s'inscrire dans les visées géopolitiques de l'État - patron et concerner alors l'octroi de bases militaires ou simplement de facilités pour traverser le territoire client.

Mais, il est remarquable qu'avec les temps modernes cette logique de l'aliénation tend à se diversifier jusqu'à l'outrance, comme la relève par exemple l'extension de la pratique de «l'État - poubelle» qui conduit le client à rétribuer son patron en lui laissant la libre disposition de son sol ou de son espace

maritime pour y stocker les déchets de ses sociétés industrielles et dernièrement l'implantation dans le territoire client de prisons qui sont contre les droits de l'homme (Guantanamo).

Dépossédé directement ou par le biais de réseaux sociaux qui échappent à son contrôle, «l'État - dépendant» peut être exposé à une captation de la fonction diplomatique qui est tout à fait au centre de la logique de dépendance. Cette captation constitue l'un des éléments, les plus évidents, puisque d'une part elle découle d'un déséquilibre de puissances et que d'autrepart elle aboutit à une aggravation progressive du démantèlement de la souveraineté de «l'État - dominé».

La captation de la fonction diplomatique se fait selon des modes plus informelles, ménageant à «l'État - dominé» une souveraineté de façade. Elle se distingue, alors plus clairement, de l'intervention dans les aménagements internes de l'ordre Socio-politique qui emprunte couramment d'autres voies. Marque juridique par excellence de la souveraineté des États, la diplomatie de «l'État - faible» est captée par celle de «l'État - fort» non plus par recours aux traités inégaux ou à la pratique des capitulations, mais par l'application banale de la logique clientèle : «l'État - dominant» s'érige en État - patron en s'imposant comme prestataire d'une ressource rare qui lui permet d'obtenir en contrepartie la participation ou le soutien de «l'État - dominé» et cleintélisé à son entreprise diplomatique, notamment au sein des institutions internationales ou dans le cadre de conflits militaires régionaux.

La domination ne s'arrête pourtant pas ici à une simple captation de la souveraineté diplomatique. Elle tend même a piller la politique interne des pays aidés.

Section 2 : ingérence dans la

politique interne des pays aidés

Au sens usuel, souveraineté signifie autorité suprême. La souveraineté étend les prérogatives de l'État sur deux plans :

? Sur le plan interne, elle exprime sa prédominance sur son territoire et son pouvoir de domination inconditionnée sur ses ressortissants.

? Sur le plan externe, elle implique l'exclusion de toute

subordination, de toute dépendance à l'égard des États étrangers.

En droit, les États sont tous égaux et souverains. C'est la manifestation la plus accomplie de l'indépendance de chaque État qui s'organise lui - même - à son gré - sans ingérence extérieure1.

Pourtant, cette définition de la souveraineté se trouve bafouée par le nouvel ordre mondial. Ainsi comme on l'a vue dans la section précédente l'hégémonie des pays aidants sur le plan externe des pays aidés a engendré une ingérence dans les affaires interne des pays du Tiers Monde.

Au lendemain des attentats de New York et de Washington, il n'en résulte pas pour autant une réaction de révolte de la part des pays Africains et Arabes, mais plutôt une concurrence de ces pays dans la soumission à une emprise américaine qui s'affirme comme un facteur capable d'affecter les équilibres externes mais aussi les rapports politiques internes. Ainsi, les élites régionales réagissent en s'efforçant de faire passer leur combat contre l'islamisme en Algérie, au Maroc et en Tunisie comme un affrontement précurseur avec le terrorisme. Ils sont prêts à rejoindre la coalition contre al-Qaida en contrepartie d'un soutien politique et d'une relégitimation de leur pouvoir par les États-Unis. Les comportements et les discours exprimés par

1- Mario BETTATI, «Le droit d'ingérence», Odile Jacob, 1996, P. 42.

les dirigeants de ces pays s'alignent sur la nécessité de contribuer à la lutte contre le terrorisme, chacun espérant y trouver une justification à ses conduites autoritaires1.

D'ailleurs, il est impossible aussi de séparer les mobiles humains d'interventions des mobiles politiques et d'assurer le désintéressement absolu des États intervenants. Dès l'instant que les puissances intervenantes sont juges de l'opportunité de leurs actions, elles estimeront cette opportunité au point de vue de leurs intérêts du moment. Il se commet tous les jours dans quelques coins du monde mille barbaries qu'aucun État ne songe à faire cesser parce qu'aucun État n'a intérêt à les faire cesser. Toutes les fois qu'une puissance interviendra au nom de l'humanité dans la sphère de compétence d'une autre puissance, elle ne fera jamais qu'opposer sa conception du juste et du bien social à la conception de cette dernière, au besoin par la force. Son action tendra en définitive à l'englober dans sa sphère d'influence morale et sociale en attendant de l'englober dans sa sphère d'influence politique. Elle la contrôlera pour se préparer à la dominer2. Ainsi, l'intervention d'humanité apparaît comme un moyen juridique ingénieux pour incliner un État progressivement vers la mi-souveraineté.

Nous voyons que la priorité économique et politique des pays industriels engendre un néo - colonialisme inexprimé du tiers - monde. Ceci est exprimé par le président de la Côte-d'Ivoire, F. Houphouet -Boigny qui dit : «c'est un colonialisme (le néo - colonialisme) bien pire que l'ancien ; parce que le vieux colonialisme assumait des responsabilités, tandis que ce colonialisme économique n'en prend aucune»3.

Le néo-colonialisme, la dépendance créée par l'aide bilatérale, l'action des multinationales, du fonds monétaire international et de la banque

1- Revue, «Notes et études documentaires», N° 5177-78, 15 septembre, 2003, PP. 9-16.

2- Pascal BONIFACE, «Le monde contemporain: grandes lignes de partage», P.U.F., 2001, PP. 193-194.

3- Cité in «Le Tiers Monde», Bernard CHANTEBOUT, 2ème éd. Armand Colin, 1989, P.49.

mondiale et la multiplicité de ces critiques débouche sur la revendication d'un nouvel ordre économique et politique dans le monde.

Il faut ajouter que la nécessité pour les firmes capitalistes, de bénéficier d'un approvisionnement sûr en ressources naturelles et en débouchés et que ces entreprises sont soucieuses de protéger leurs investissements à l'étranger, et veulent à cette fin d'importantes forces armées capables d'assurer cette protection en métropole et outre mer1.

Ainsi, le premier critère de la puissance dans l'histoire a été le critère militaire et qui dure encore. Ceci se traduit par les États-Unis qui s'appuient toujours sur leur formidable appareil militaire pour obtenir et imposer des contrats avec les autres pays.

En effet, l'aide adressée aux pays du Tiers Monde est toujours liée soit à des objectifs économiques ou politiques ce qui produit une marginalisation de ces pays et de leur peuple.

1- Paul BARON, «The political economy of growth», New York, Monthly Review Press, 1957, «Économie du développement», COLL. 4ème éd. Trad. De l'anglais par Bruno BARON-RENAULT, 2ème Tirage, 2001, Nouveaux Horizons, P. 41.

DEUXIEME PARTIE :

UNE AIDE CONDITIONNEE :

MARGINALISATION DES INTERETS DES

PAYS AIDES

INTRODUCTION

La rareté accentue la dépendance des pays aidés à l'égard des pays aidants. Elle permet une généralisation du clientélisme1.

Ainsi, le tiers - monde se trouve marginalisé et exclu par les pays industriels. Cette marginalisation se manifeste soit au niveau politico - économique (chapitre 1) soit au niveau social (chapitre 2).-

1- WATERBURY, 1975, cité in «Les régimes politiques arabes», P. 425.

CHAPITRE 1 :

MARGINALISATION

POLITICO-ECONOMIQUE

Cette marginalisation se manifeste dans une exclusion économique (section 1) et une marginalisation sociale (section 2).

Section 1 : Exclusion économique

La libéralisation des échanges extérieurs s'est traduite par la concentration des activités commerciales auprès des pays riches, et la chute des recettes douanières des pays pauvres mis à l'écart. Les risques de l'aide au développement ont trait à la concentration des flux d'investissements directs étrangers dans certains secteurs et à l'accroissement des mouvements de spéculation financière, notamment dans les pays du sud.

Paragraphe 1 : l'inégalité des échanges

commerciaux

L'expansion des réseaux d'échanges s'inscrit dans un processus historique dominé par les grandes puissances industrialisées. La majeure partie du commerce mondial se déroule entre les pays de l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Les entreprises transnationales exploitent l'avantage compétitif des nations qui se manifeste dans l'excellence de leurs infrastructures matérielles, aussi bien que leurs institutions économiques, politiques et culturelles.

Parallèlement, une très grande majorité des pays pauvres demeure presque à l'écart des échanges commerciaux. Ces pays restent en marge des activités de l'économie mondiale, car ils n'offrent pas les conditions de sécurité, les infrastructures et les marchés favorisant le déploiement des modes de production et de consommation capitaliste. Dans le cas des économies en développement, le mauvais fonctionnement des marchés, qui est une caractéristique fréquente, peut soit entraver la formation des gains de l'échange, soit accroître les coûts d'ajustement auxquels les pouvoirs publics doivent faire face. Si le marché du travail est peut efficace par exemple, l'ouverture commerciale détruira des emplois sans en créer nécessairement de nouveaux, tout au moins pas rapidement. De même les coûts de la libéralisation sont d'autant plus élevés que le pays est mal armé pour compenser les perdants éventuels ou encore le chômage et le niveau d'inégalité des revenus sont élevés. Dans le monde en développement, l'inégalité de la répartition interne des bénéfices de l'aide au développement pose encore plus une problématique dans la mesure ou le mouvement de l'aide a lui-même des chances d'entamer les capacités distributives, déjà faibles, de ces États. La spécialisation internationale a, dans les faits, cantonné les pays du sud dans la production des matières premières. De plus le coût d'exportation des produits de base met ces pays en marge de l'entrée dans l'ère d'industrialisation. Les prix des produits importés et exportés par les pays du sud sont fixés par le Nord. Ainsi, l'expansion du trafic de perfectionnement explique partiellement le décalage entre la croissance de la production et celle des échanges.

L'ouverture des marchés à la concurrence des multinationales aura certainement des coûts à bas risque entrainant la faillite de plusieurs entreprises locales. S'agissant du Maroc en particulier, son économie est restée handicapée par l'étroitesse de ses bases d'exportations en raison des politiques

protectionnistes qui marquent ses échanges commerciaux. Le protectionnisme dans ce cadre revêt de multiples formes, allant des droits douaniers élevés jusqu'aux obstacles non tarifaires tels que les normes, les règlements et les autorisations de commercialisation. Les accords d'association avec l'Union Européenne et les États-Unis ainsi que l'adhésion à l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) peuvent constituer des catalyseurs potentiels permettant de poursuivre la libéralisation des échanges et la restructuration industrielle. Pourtant, ils peuvent constituer une menace pour le développement.

Il en ressort donc que la structure spécifique des exportations des pays du sud, dont le Maroc fait partie, ne leurs a jamais permis de réaliser le développement commercial et de surmonter les handicaps à leur intégration dans les marchés internationaux. Ce qui explique la concentration des échanges dans les pays du Nord. Nonobstant, les pays du sud occupent encore des places relativement marginales dans l'ensemble des échanges internationaux. Par ailleurs, la politique commerciale des pays du Nord et le recours aux règles de concurrence, de compétitivité et de performance technique repoussent systématiquement les produits proposés par les pays du sud. De même, l'impuissance relative des grandes puissances à résoudre leurs problèmes économiques internes semble propulser l'économie mondiale dans une phase d'incertitude qui accentue la dépendance du Tiers Monde à l'égard des pays industrialisés.

Quand on pense que bon nombre de pays africains ne survivent que grâce à l'aide extérieure, on se rend compte que certaines attitudes d'indépendance ne sont que rodomontades. La coopération est le sérum des États-Nations Africains. Il suffit de les en priver pour que s'accélère leur déliquescence. Ainsi, un proverbe africain dit que «la bouche qui a mangé ne dit

pas vilenies». On ne saurait ni dire du mal ni manifester un esprit d'indépendance vis-à-vis de celui qui vous fait vivre. C'est ainsi que les États-Nations en Afrique sont réduits à développer des trésors d'imaginations pour plaire aux bailleurs de fonds. Opérations de charme, qui ne suffisent pas à masquer la mendicité chronique dans laquelle ils s'enfoncent1.

L'inégalité des rapports est tout aussi évidente. Elle est fondée, certes, sur une disparité des ressources, mais également sur une différence de localisation au sein de la scène internationale : comme dans l'ordre interne, le patron tient son rôle de sa présence au centre du système ou du moins de sa proximité et de sa facilité d'accès à celui-ci. La relation est dès lors inégale dans la mesure ou les risques d'abandon du partenaire n'ont pas la même gravité pour l'État- Patron et pour l'État- Client. Pour le premier, ils sont marginaux, la perte d'un client renvoyant à une simple diminution de son influence internationale ; pour le second, ils sont dramatiques, la perte d'un patron équivalant, en même temps, à l'asphyxie interne et à la mise au ban de la communauté internationale.

D'une manière générale, la force de la dépendance clientéliste est d'engendrer, au sein des sociétés assujetties, une catégorie dirigeante qui parvient à retirer du patronage dont elle jouit, dans divers registres, une position de domination dont elle se persuade assez vite et assez facilement qu'elle ne saurait être améliorée par la promotion d'une stratégie alternative de type nationaliste. Plus précisément encore, cette catégorie se trouve confortée dans sa position effectivement cliente dès lors qu'elle peut établir par expérience que son propre pouvoir se trouve réellement renforcé par l'exercice de son rôle de «domestication» de l'aide extérieure.

1- Hermann YAMEOGO, «Repenser l'État Africain», L'Harmattan, 1994, P. 100.

Paragraphe 2 : l'impasse financière

du Tiers Monde

Pour la majorité des investisseurs étrangers, les économies instabilité politique et économique souvent liée, des fluctuations de l'échange et à une offre limitée d'instruments de transactions notamment auprès des marchés financiers.

En plus, les aides financières des pays industrialisés s'orientent, en effet, vers des projets «pharaoniques», qui exigent d'énormes investissements, peu productifs (grands barrages industriels, installations somptuaires, etc.). Elles sont aussi destinées aux dépenses militaires, à la consommation de produits courants de haut de gamme ou contribuent même à la fuite de capitaux opérée par des membres des secteurs privés ou gouvernementaux y compris certains chefs d'États autoritaires1.

On reproche aussi à l'aide financière de couvrir des dépenses de prestige destinées à s'attacher des milieux dirigeant et de renforcer le pouvoir politique et économique de la classe ou du groupe social dirigeant, au détriment d'une réelle amélioration du sort des masses déshéritées.

Malgré le caractère apolitique du FMI, celui-ci suit les objectifs

politiques des pays donateurs. Comme le dit très bien le secrétaire américain au trésor dans les années 80, Donald Reagan, «le FMI est une institution fondamentalement apolitique ... ce qui ne veut pas dire que les intérêts politiques et sécuritaires des États-Unis ne soient pas servis par le FMI».

Qui paie les violons choisit la musique ! On ne s'étonnera donc pas qu'une institution internationale comme le FMI ait tendance à servir en premier les

intérêts de ses membres les plus riches. Chaque pays membre dispose de droits de vote proportionnels à sa souscription1.

En effet, l'aide cherchait moins à résoudre les difficultés qu'à les rendre supportables, en dissimulant les causes réelles du sous-développement. En plus, l'aide qui devait être consacrée en priorité aux investissements productifs, est dans une trop forte proportion détournée de son objet, par exemple par les salaires extravagants des fonctionnaires internationaux et d'une foule d'intermédiaires.

L'apport d'un CARDOSO est notamment décisif lorsqu'il montre comment les relations de dépendance peuvent être modulées en fonction des stratégies des détenteurs du pouvoir au centre du système international.

La construction d'une hégémonie américaine a ainsi rompu avec le modèle impérial propre au 19ème siècle. Abandonnant la production agricole aux pays périphériques pour confier au centre l'oeuvre de production industrielle. Cette division du travail a été bousculée par les États-Unis qui ont, au contraire, innové en concevant des formules de dépendance par «enclavisation», organisant et contrôlant directement, au sein du monde en développement, des lieux d'investissements et de productions à faible coût.

L'ordre politique s'en trouve transformé : le pouvoir, dans les sociétés périphériques, perd un peu plus sa fonction délibérative, les enclaves échappent davantage à sa souveraineté, l'hypothèse de l'incorporation se trouve aggravée2.

La faillite des États africains réside dans le fait qu'ils se sont satisfaits de cultures d'exportations implantées par les anciens colonisateurs. Attitude imprévoyante qui ne pouvait que renforcer leur dépendance. En effet, les colonisateurs ont certes opéré un transfert de la

1- Susan GEORGES, «Jusqu'au cou: enquête sur la dette du Tiers Monde», La Découverte, 1989, P. 84.

2- Bertrand BADIE, «L'État importé», Fayard, 1992, P. 20.

«souveraineté» au profit des nouveaux États mais avec cette nuance de grande importante qu'ils aient pris soin de définir par avance ce que les pays africains allaient produire et de mettre en place les moyens de communication et d'approvisionnement qu'ils utiliseraient pour le transport de ces productions vers les métropoles. Aujourd'hui, 50 ans après l'indépendance, il est souvent plus facile d'entrer en communication à partir de l'Afrique avec Paris qu'avec Nairobi ou Abidjan.

Par conséquent, l'État Africain donne aux pays industrialisés plus qu'il ne reçoit d'eux. Ce qui le laisse dans une position marginale et dominée par l'occident. Ainsi, la marginalisation économique conduit à une marginalisation politique.

Section 2 : exclusion politique

Le développement, en tant qu'absence de processus de développement, peut être relié à des causes politiques. Parmi celles-ci, on peut évoquer : l'existence de structures très hiérarchisées, de type féodal, aboutissent à une concentration quasi-totale du pouvoir entre un petit nombre de mains. Ces structures, particulièrement fréquentes dans le monde islamique tendant à bloquer ou à ralentir les adaptations économiques et sociales indispensables. Dans la mesure où une évolution économique et technique s'avère inévitable, elles contribuent à l'établissement de relations de dépendance avec l'extérieur en vue de conserver les privilèges acquis.

Dans presque tous les pays en voie de développement, on voit d'autre part s'établir des régimes politiques très centralisés et très personnalisés. Les régimes militaires, les systèmes à parti unique, sont le plus souvent des variantes d'une organisation politique dans laquelle un seul homme

détient la quasi-totalité du pouvoir que - le général (ou maréchal) président - soit pro - socialiste ou pro capitaliste ne change généralement que peu de choses au respect qu'il peut avoir de ses adversaires. Ces systèmes, comme tous les systèmes autoritaires et dictatoriaux trouvent bien sûr leur justification au niveau de l'unité nationale préservée et des intérêts du peuple, par définition, défendus. Il ne saurait être question de poser en principe la carence des milieux politiques du Tiers Monde qui possèdent, au contraire, un petit nombre de leaders et de responsables remarquables, mais il faut bien constater que le système peut parfois produire des pseudo - élites. Dans certains cas, l'hérédité est l'unique facteur de sélection, dans d'autres, l'absence totale de formation peut difficilement être compensée. De toute manière, le système exclut la mobilité sociale, la possibilité de critiques et de fructueuses remises en cause, l'existence d'une opposition constructive.

En effet, les mécanismes de l'aide rendent de plus en plus difficile l'instauration de régimes ayant une véritable vocation démocratique. Les programmes d'ajustement économique tels qu'ils se présentent sont en euxmêmes anti-populaires et antidémocratiques. D'ailleurs, les nouveaux régimes civils qui ont succédé aux dictatures militaires, n'ont qu'une marge de manoeuvre assez restreinte pour maîtriser le problème des obligations extérieures1.

L'aide a surtout été utilisée pour maintenir le statu quo et permettre à une classe de dirigeants sans appui auprès de leurs populations à rester au pouvoir pour servir leurs intérêts personnels et ceux des donateurs.

Plus encore, l'État périphérique est conduit à identifier ses propres structures à celles de l'État-patron, comme l'indique la première vague de partis uniques de mobilisation mise en oeuvre par les États Africains «progressistes» sur le modèle des pays de l'Est, mais comme le révèle également

1- Jorge BULA, «Violence, démocratie et développement dans le Tiers Monde», L'Harmattan, 1990, P. 91.

l'appel lancé par les patrons occidentaux à leurs clients en vue de se conformer à leur propre histoire de démocratisation. L'apport de l'État-patron à l'État-client atteint ainsi l'identité même du second, alors que la contribution apportée en échange n'a qu'un effet périphérique. C'est précisément là où se situe l'élément décisif de dépendance.

Après avoir vu la marginalisation politique et économique du Tiers Monde grâce à l'aide reçue. Cette marginalisation a engendré des répercussions néfastes sur le développement social des pays aidés.

CHAPITRE 2 :

MARGINALISATION SOCIALE

En plus de la situation sur le plan économique et politique, le Tiers Monde se trouve marginalisé sur le plan social. A cet égard, la marginalisation internationale des pays aidés produit une exclusion sociale interne au sein de ces pays. Ceci se traduit par une expansion de la corruption (Section 1) et par l'enlisement de la pauvreté (Section 2).

Section 1 : expansion de la

corruption

La corruption est un sujet à la mode. Cependant, l'affirmation d'une volonté générale de lutter contre le phénomène par les grandes organisations internationales, qui intègrent le débat avec leurs prêts, à pensée universaliste, n'aident pas à mettre en oeuvre des stratégies crédibles et efficaces face à un phénomène dont les origines et les conséquences sont diverses.

La corruption intéresse les analystes du développement de façon intermittente depuis presque 40 ans. Dès les travaux pionniers, la question de l'effet du phénomène sur la modernisation politique, économique et sociale des sociétés du Tiers Monde, se posait. La controverse opposait les fonctionnalistes libéraux et les structuralistes, les premiers voyaient dans la corruption une stratégie de contournement des obstacles politico-étatiques et un accélérateur amoral mais efficace des transitions souhaitables vers des économies de marchés démocratiques, alors que les seconds, insistaient sur les victimes de ce système informel et prônaient dans une logique keynésienne et Wébérienne la construction d'États forts1.

La corruption qui nous intéresse ici est due aux investissements des firmes américaines, européennes ou japonaises qui sont réputées plus corruptibles2.

A cet égard la corruption des firmes internationales se traduit par leurs concurrences à gagner des marchés. A travers un abus d'autorité publique pour des avantages privés.

Ainsi, les pays donateurs bénéficient de l'achat d'équipement par les pays récipiendaires et des investissements dans ces pays et même ils généralisent la corruption au sein de ceux-ci.

En plus, la corruption peut être épidémique c'est - à -dire généralisée ce qui suppose qu'elle est devenue un rouage de la reproduction du système, ou planifiée, ce qui implique qu'elle est un instrument vital pour la survie du régime politique en tant que moyen de contrôle des divers segments de la population.

En fait, le clientélisme politique repose sur un ensemble de pratiques qui instrumentalisent politiquement certains types de relations personnelles.

1- Revue, «Tiers Monde», N° 161, Janvier-Mars, 2000, T.XLI., P. 10.

2- Idem. P. 11.

Au fondement du clientélisme se trouvent des relations de clientèle sur la base desquelles vont s'édifier des réseaux de clientèles. La relation de clientèle constitue une forme caractéristique d'échange social fondée sur l'échange de dons et de contre - dons. Les multinationales, cherchant à obtenir des débouchés à l'exportation dans un monde libéralisé et donc plus concurrentiel, ceci pousse ces firmes à pratiquer la corruption qui est un vecteur de leur puissance.

La corruption d'agent public est le fait intentionnel, pour toute personne, d'offrir, de promettre ou d'octroyer un avantage indu pécuniaire ou autre, directement ou par des intermédiaires, à un agent public, à son profit ou au profit d'un tiers, pour que cet agent agisse ou s'abstienne d'agir dans l'exécution de fonctions officielles, en vue d'obtenir ou conserver un autre avantage indu. C'est le détournement d'un pouvoir mis au service de l'intérêt général au profit d'un intérêt particulier. Le corrupteur a le pouvoir d'influencer ou de faire prendre - moyennant une contre partie - toute décision relevant de l'administration ou des prérogatives de la puissance publique et de la faire tourner à son avantage.

Les phénomènes de corruption ont déjà été théorisés et hiérarchisés. Ils vont du simple «paiement de facilitation» pour fluidifier le fonctionnement d'administrations kafkaïennes, au noyautage complet des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, aboutissant dans les cas extrêmes à une «capture d'État».

La corruption et son corollaire, le blanchiment, ne cessent pourtant de se normaliser dans les transactions internationales.

L'aide est devenue en effet, une véritable entreprise commerciale avec ses patrons et clients, ses managers et exportateurs, ses consultants et stagiaires, ses courtiers et son système de distribution, ses financiers et banquiers et même

ses académiciens. En un mot une chaîne de solidarité qui n'est pas imperméable à la corruption lors qu'elle ne la favorise pas.

Ainsi, l'aide amplifie la corruption et favorise un enlisement de la pauvreté.

Section 2 : enlisement de la

pauvreté

Les populations des pays aidés ne voient pas réellement les manifestations de l'aide publique au développement, soit qu'elle soit si insuffisante, soit qu'elle a des difficultés à irriguer l'ensemble du pays. En effet, l'aide destinée au Tiers Monde n'a jamais atteint le niveau fixé par l'ONU qui se fixe à 0.7 du PIB des pays industrialisés.

Les pauvres subissent la domination et l'exploitation des riches. Ils cultivent d'ordinaire une terre qui ne leur appartient pas. Ils sont victimes de discriminations économiques et culturelles et sont l'objet d'oppressions politiques.

Ils appartiennent à des classes sociales qui n'ont guère accès à l'éducation, à la formation, à l'information et aux soins de santé primaires.

Le nombre de pauvres a progressé de 100 millions au cours de la dernière décennie. Surtout en Afrique subsaharienne, où l'augmentation du nombre des pauvres a été de 39 %.

La crise générale de «l'État-nation» africain procède aussi, il faut le souligner, de certains mauvais choix. L'interventionnisme n'a pas souvent abouti à élaborer une politique de développement. A l'origine basée sur le secteur agricole.

Tirant profit de l'enseignement des autres nations, les dirigeants Africains auraient dû comprendre qu'historiquement les États développés du monde ont atteint la croissance en procédant d'abord au développement de l'agriculture. C'est à partir de cette donnée qu'un marché national a pu se développer et par contagion donner naissance à une industrie nationale développée.

De ce point de vue, le développement par le secteur agricole apparaît comme la base d'un processus durable devant conduire à la croissance. Ce n'est pas qu'il faille attendre la constitution d'un marché intérieur avant de mettre en oeuvre une politique d'industrialisation. L'idéal, comme l'a expliqué M. Edgar PISANI, c'est de mener de front la politique agricole avec une industrialisation qui ne peut être que d'extractions et de premières transformations, car dans l'esprit exclusivement en terme de «rattrapage», se comportant comme si les pays riches avaient définit un modèle idéal vers lequel ils doivent tendre.

En plus, L'État Africain prend bien d'avantage aux consommateurs qu'il ne leur donne. Malgré que le FMI prétend agir au nom de l'efficacité économique, il bafoue ses propres principes en imposant des mesures qui sont non seulement dévastatrices pour la population mais irrationnelles au niveau économique. Imposer aux consommateurs des sacrifices sous couvert de vérité des prix est une escroquerie quand la vérité n'existe nulle part ailleurs. Pourquoi le FMI ne regarde-t-il que les distorsions du prix payé par le consommateur, alors que tous les autres composants de ce prix sont déterminés en dehors des lois du marché ? Si les gouvernements du Tiers Monde et le FMI refusent de s'en prendre aux vrais profiteurs, il est clair que les consommateurs devront encore se serrer la ceinture ; tout cela au nom des lois du marché !1

1- Susan GEORGES, P. 94.

En effet, l'Afrique saignée à blanc en proie à des famines répétitives, déchirée, déstructurée, cache une autre réalité. Elle donne à voir l'échec patent des modèles forgés par l'occident ; elle montre les effets destructeurs de la supposée rationalité économique. Il s'agit rien moins que de pratiques alternatives de production et d'échanges qui se sont imposées en réponse à l'échec de la «méga-machine techno-économique» mondialisant, sans pour autant éliminer les contradictions et les conflits sociaux1.

La seule façon, pour une économie extravertie de rester compétitive, c'est de maintenir ses salaires à un niveau très bas. Les salariés voulant continuer à manger, il faut qu'ils puissent acheter au moins les produits de premières nécessités à des prix qui correspondent à leurs salaires. «Si vous voulez encadrer les salaires, il faut également encadrer les prix».

Actuellement, avec la hausse des prix du pétrole et la population qui augmente et le blé importé coûtant de plus en plus de dollars difficiles à gagner, il faut faire des choix ardus.

Les gouvernements du Tiers Monde comptent sur les bas salaires et subventionner les produits de premières nécessités. Cependant, quand on n'apprécie ni les grèves, ni les émeutes. La seule solution, c'est de subventionner les produits de grandes consommations plutôt que d'augmenter les salaires, on parvient à contenir les prix des exportations ; ce qui confirme à l'échelle internationale le proverbe selon lequel «on ne prête qu'aux riches».

Par conséquent, les résultats d'un demi - siècle d'aide en Afrique sont assez probants lorsqu'on constate comment le sous-développement s'est développé grâce à cette «aide». Aussi, la dépendance envers des sources extérieures d'aides a encouragé le maintien de structures économiques et sociales

1- «Le monde diplomatique», septembre, 1999, P. 30.

héritées de la période coloniale et favorise un développement inégal sur le plan intérieur.

L'aide a découragé également la recherche de solutions créatrices et innovatrices, y compris la formulation de modèles de développement plus conformes aux besoins des populations des pays africains.

En plus, la programmation, l'administration et le contrôle de l'aide mènent inévitablement à des interventions qui limitent la liberté de choix des politiques économiques nationales et déduisent la flexibilité dans leur mise en oeuvre.

Enfin, l'aide constitue un véritable obstacle à l'intégration économique et à la coopération Sud-Sud1.

1- Mahdi EL-MANJRA, «Nord/Sud, prélude à l'ère post-coloniale», Toubkal, 1992, P. 119.

EPILOGUE :

Il est apparu dans la dernière décennie des revendications pour le déliement de l'aide. Mais, si l'aide devient déliée qui va penser à aider l'Afrique ? Ceci nous pousse à dire que la continuité de l'aide des pays industrialisés au développement des pays du Tiers Monde est due à sa conditionnalité. Ce qui fait que celle-ci est une nécessité pour la pérennité de l'aide publique au développement.

D'autre part, lorsque les matières premières des pays aidés seront épuisées et lorsque les régimes politique qui règnent dans ces pays seront abolis par des révolutions de leurs peuples (ce qui est utopique, en voyant la force de ces systèmes et l'aliénation de leurs peuples), à quoi l'aide sera liée ? Et ainsi par qui l'Afrique sera aidée ? Est-ce qu'on ne va laisser tomber l'Afrique ?

Nous voyons tous qu'avec les hausses des prix du pétrole, l'expansion des guerres, le SIDA, le gaspillage de l'aide publique, la pauvreté qui augmente et la modicité de l'aide...etc., l'Afrique se trouve menacée d'être abandonné par tout le monde si les dirigeants ne pensent pas aux intérêts généraux et délaissent leurs intérêts égoïstes.

Enfin, les sociétés sous développées se trouvent affrontées à un phénomène très dangereux qui est celui de l'éclipsement de la classe moyenne ce qui conduit à l'absence de la cohésion sociale.

Par conséquent, ce qu'on peut déduire de ce travail, c'est qui aide qui enfin de compte ? Est-ce que les pays du Nord qui aident les pays du Sud ou c'est le contraire ?

BIBLIOGRAPHIE:

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2. «Tiers Monde», N° 161, janvier - mars, 2000 T. XLI.

Journaux:

1. «Le monde diplomatique» de janvier 1980 à décembre 2000.

Encyclopédie:

1. «Universalis» 9.






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon