PARAGRAPHE 2 :
L'INSCRIPTION DES COLLECTIVITES LOCALES FRANÇAISES DANS LA TRAME URBAINE
MONDIALE
Les collectivités locales considèrent de plus en
plus qu'elles peuvent conforter ou dynamiser leur développement en
s'inscrivant dans des réseaux d'échange et de coopération
qui leur apporteront une visibilité et une « présence
réelle » dans la trame internationale de la croissance. Chaque
collectivité locale, si elle entre dans ce jeu se dote ainsi d'une
stratégie d'acquisition d'un statut, d'un rang (A) dans un
système international en pleine recomposition et dont la ville du Sud
(Cameroun) ne constitue qu'un nouvel enjeu de coopération internationale
(B).
A- DE LA NECESSITE D'UN
POSITIONNEMENT SUR LE MARCHE INTERNATIONAL EN MATIERE D'EXPERTISE EN INGENIERIE
URBAINE
Suivant le principe « mieux vaut être
à la tête d'une politique qui devra se faire tôt ou tard,
même malgré nous », les collectivités
françaises s'engagent en coopération au Sud dans le dessein de se
poser en championne des bonnes pratiques de la coopération
décentralisée sur la scène internationale, ceci à
travers la construction d'images valorisantes à usage communicationnel
externe (1), la théâtralisation des échanges (2)
inhérents à cette nouvelle forme de coopération
internationale.
1) La construction d'images
valorisantes à usage communicationnel externe
Selon Christian Le Bart, la communication peut servir aux
collectivités territoriales à trois buts différents :
celui de parfaire la démocratie locale, celui de faciliter la
réélection et enfin celui de promouvoir leur territoire (Le Bart,
1999 :415). Ces trois buts se confondent le plus souvent dans la pratique
quotidienne. A entendre Pierre Albine (2005), ces trois buts sont
présents à l'esprit des collectivités locales
françaises lorsqu'elles communiquent avec leurs homologues du Sud avec,
semble-t-il, un accent mis sur la promotion du territoire (Albine,
2005 :91).
La communication est donc un moyen de promouvoir un territoire
et une équipe en place dans son action. D'ailleurs, il semble
évident que, dans le subtil dosage entre désir authentique de
coopération et le désir narcissique de voir celle-ci
(collectivité locale) reconnue au plan international, la seconde
préoccupation prend ici singulièrement le pas sur la
première, quelle qu'en soit le mobile : désir de
construction d'images valorisantes à usage communicationnel externe,
intérêts économiques de positionnement sur le marché
international de la coopération urbaine, quête hexagonale de
légitimité vis-à-vis de l'Etat français,
compétition entre collectivités locales françaises dans la
course à la séduction d'investisseurs internationaux
(Petiteville, 1995 :79). Curieusement, certaines villes françaises
ne font pas en tout cas mystère de cet aspect des choses. Comme dans le
cadre de la coopération Nantes-Dschang, la coopération entre la
communauté urbaine de Lyon (France) et la ville de Cordoba (Argentine)
fait par exemple l'objet d'un bilan tout à fait favorable pour la
première tant il est vrai que cette collaboration lui aura permis de se
positionner comme un interlocuteur international, de développer sa
capacité d'intervention et de mobilisation de partenaires multiples
(Petiteville, 1995 : 80). Les propos les plus éclairants à
cet égard ont été tenus par un haut fonctionnaire du
Ministère des Affaires Etrangères pour qui les retombées
industrielles qui peuvent résulter de la coopération dans le
domaine de l'urbanisme et en particulier de l'habitat peuvent être
très importantes. Bien gérée et avec plusieurs
partenaires, une coopération peut ne prélever qu'un temps
réduit sur le travail du personnel municipal et les retombées en
termes d'images et de contrats pour des entreprises régionales peuvent
être très importantes (Petiteville,1995).
Pour ne pas conclure, remarquons simplement que si les
collectivités françaises s'engagent en coopération avec
leurs homologues Camerounais, c'est parce qu'il s'est constitué ces
dernières années, un véritable marché international
de l'expertise en ingénierie urbaine dont les gisements financiers ne
sont pas moindres. Dans sa stratégie d'insertion, mieux de
positionnement sur le marché international, la collectivité
locale française procède aussi de la théâtralisation
des échanges.
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