I.4.4. Écologie de la
plante
La jacinthe d'eau est décrite par plusieurs auteurs
comme étant la peste verte. Elle est dotée d'un pouvoir
phénoménal de reproduction. En combinant deux mécanismes
de reproduction (sexuée et asexuée) très efficaces, elle
colonise et peuple une grande diversité d'écosystèmes
aquatiques. Ainsi, la jacinthe d'eau s'installe dans les fleuves, lacs,
lagunes, étangs, marécages et bas-fonds.
I.4.5. Nuisance
exceptionnelle
Elle se reproduit de deux manières dont une principale,
la multiplication végétative, qui permet sa prolifération
sur une grande superficie du cours d'eau. La seconde multiplication dite
sexuée assure la pérennité de l'espèce.
En l'absence de ses ennemis naturels (ses consommateurs comme
le lamantin), la jacinthe d'eau se montre volontiers invasive. Elle forme
rapidement des tapis flottants monospécifiques denses, capables de
boucher canaux et ports ainsi que de bloquer les arrivées d'eau des
centrales hydrauliques et les canalisations d'eau dans les villes. La plante
provoque l'eutrophisation des eaux, c'est-à-dire l'accumulation de
débris organiques dans les eaux stagnantes, provoquant leur pollution
par désoxygénation. S'ensuit l'anoxie : les tapis flottants
réduisent la nuit le niveau d'oxygène de l'eau à un taux
insupportable pour de nombreuses espèces (plantes, amphibiens,
batraciens) qui se retrouvent alors asphyxiées. Ainsi elle
entraîne le déplacement de la flore et de la faune locale
incapables de concurrencer et/ou de survivre, d'où la perte de la
diversité des espèces. Par ailleurs, la jacinthe d'eau appauvrit
les eaux en phytoplanctons diminuant ainsi les chances de forte
productivité des eaux. En outre, lorsqu'elle meurt, elle libère
dans le milieu tous les polluants qu'elle a eus à piéger. Le
milieu aquatique devient très pollué. Des conséquences
telles que la pollution atmosphérique par suite de la
putréfaction et le comblement des fonds des vases en découlent.
Elle augmente aussi les pertes en eau en favorisant
l'évapotranspiration. D'autre part les tapis de jacinthe
hébergent des vecteurs de maladies (bilharziose, choléra,
paludisme) et des animaux dangereux (serpents venimeux). Inutile d'ajouter que
le commerce et le tourisme sont fortement affectés et la pêche,
fort perturbée par le blocage des hélices des barques et la
destruction des filets.
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