Conclusion
Cette étude portant sur la prolifération des
plantes aquatiques envahissantes sur le fleuve Niger et état des lieux
de la pollution en azote et en phosphore des eaux est l'une des rares
études au Niger. Alors que le Niger pays sahélien dont les 3/4 de
son territoire sont désertiques a besoin d'une préservation de
ses ressources naturelles en générale et des
écosystèmes aquatiques en particuliers. Bien que ces
écosystèmes aquatiques revêtent un intérêt
environnemental, social, culturel et économique, les pressions
anthropiques les menacent dangereusement créant souvent des
déséquilibres écologiques. Le cas de la ville de Niamey,
installée le long du fleuve Niger est un exemple qui a permis
d'illustrer l'impact des activités humaines (domestiques et
industrielles) sur ce cours d'eau. Les rejets polluants qui se mélangent
aux eaux naturelles ont diverses origines ; ce qui permet leur
classification en eaux usées domestiques constituées par les eaux
vannes (issues des W-C, des latrines et des toilettes), les eaux usées
ménagères provenant des eaux de cuisine, de lessive et de
vaisselle, les eaux usées industrielles, agricoles et
hospitalières.
La prolifération de jacinthe d'eau, et l'énorme
biomasse que cette plante représente constitue un piège
considérable aux sels minéraux et nutritifs provenant de ces eaux
usées.
Ce travail basé sur une étude de la
qualité des eaux du fleuve Niger à Niamey plus
particulièrement les caractéristiques physico-chimiques de l'eau
et des sédiments cherche à établir une corrélation
entre la prolifération de la jacinthe d'eau et la disponibilité
en nutriment dans le milieu.
L'utilisation des méthodes statistiques simples telles
que les analyse de variance (Anova) et les analyses de corrélation ont
permis d'approcher une telle problématique même s'il n'existe pas
de différence significative entre les paramètres mesurés
et la prolifération de la jacinthe.
Il ressort principalement de cette étude que le
déversement dans le fleuve Niger des eaux usées de la ville de
Niamey présente un impact très faible sur l'ensemble de
l'écosystème grâce aux débits du fleuve qui sont
plus importants que ceux des rejets surtout avec les inondations de la ville de
Niamey cette année.
Il faut tout de même retenir que :
- Un pied de jacinthe de 572 g de poids frais peut contenir
jusqu'à 92% de teneur en eau. Ce qui interpelle sur le caractère
très consommateur d'eau de la jacinthe ;
- Les analyses statistiques (Anova, corrélation) ne
donnent pas de différence significative entre les sites
étudiés et ne permettent en plus d'établir de
corrélations significatives entre la présence de la jacinthe et
la disponibilité en nutriments dans l'eau et les sédiments.
Cette étude a permis également de prospecter
l'impact des rejets sur la qualité des eaux du fleuve Niger le long des
berges. Ce qui a permis de constater que les eaux du fleuve Niger à
Niamey subissent une altération liée à la matière
organique et aux nutriments (PO43-, PTot,
NH4+, NTot) détectable le long des
berges. Cette altération disparaît juste à quelque
mètre des points de rejet grâce à la capacité de
dilution du fleuve.
Au vu des résultats obtenus, ces eaux sont
déconseillées comme boisson humaine, sauf après des
traitements chimiques. L'apport du Na Cl pour élever le pH pourraient
les rendre plus douces et donc de bonne qualité pour être
consommées par les ménages.
Ainsi au terme de cette étude les recommandations
suivantes sont formulées :
§ un suivi régulier de la qualité des eaux
du fleuve Niger (surtout le long des berges) sur une gamme plus étendue
de descripteurs (matières organiques, nutriments, bactériologie,
micropolluants,...) ;
§ le respect par les industriels de la
règlementation des rejets d'eau usée ;
§ le renforcement des capacités des gestionnaires
des milieux aquatiques à travers des ateliers de formation ;
§ la sensibilisation des populations vivant dans cet
écosystème sur les mesures d'hygiène et
d'assainissement ;
§ le déguerpissement des dépotoirs
d'ordures ménagères des environs du fleuve.
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