INTRODUCTION
La pauvreté a atteint aujourd'hui des proportions
démesurées dans le monde. En effet, selon la FAO, 815 millions
d'individus souffrent de la faim et 24.000 personnes meurent de faim chaque
jour, soit une (01) personne toutes les quatre secondes. La situation est plus
inquiétante dans les pays africains et subsahariens en particuliers
où trente (30) parmi eux souffrent de sous-alimentation, soit plus de la
moitié des cinquante (50) pays recensés par l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
Cette pauvreté touche les couches les plus
défavorisées de la population. Elle est toutefois beaucoup plus
intense chez les femmes du fait de leur grande vulnérabilité.
Plusieurs stratégies sont actuellement mises en oeuvre
pour stopper ce fléau que constitue la pauvreté. Parmi celles
-ci, nous avons la microfinance qui cible particulièrement les femmes
défavorisées. Le but visé est l'augmentation des revenus
de ces femmes à travers un accès plus facile à des
produits financiers qui leur permettent de mener des activités de
production ou de service.
Les femmes ont ainsi bénéficié ces dix
dernières années d'un appui constant des IMF dans les pays sous-
développés, en Afrique et aussi au Sénégal.
Seulement, le constat est que malgré ce ciblage intense
dont elles font l'objet, les femmes défavorisées n'en continuent
pas moins de souffrir de la misère du fait d'une dégradation
constante de leurs conditions de vie dans les villages et les grands centres
urbains.
La ville de Mbour dont l'extension est fulgurante ces
dernières années, enregistre ainsi l'intervention de plusieurs
IMF. Ces dernières se déploient de plus en plus dans la zone sud
de la commune qui compte près de sept quartiers
périphériques abritant une importante population
féminine très défavorisée. C'est le cas de l'IMCEC
qui, bien que récemment installée, compte deux caisses.
Ces institutions de microfinance, malgré l'engouement
suscité auprès des femmes défavorisées, n'ont pas
encore réussi à les sortir de la pauvreté. Les causes
seraient -elles liées à des facteurs endogènes ou à
une non maîtrise des réalités socio- économiques de
leur cible, provoquant ainsi une inadéquation et une inadaptation entre
les stratégies adoptées et les besoins de financement des femmes
défavorisées ?
Pour apporter des éclairages sur cette
problématique, il s'avère dés lors urgent de
s'intéresser à la capacité de réponse de ces
Institutions mutualistes face aux besoins de financement des femmes
défavorisées de Mbour.
La présente étude qui s'articule autour de
quatre chapitres, s'inscrit dans cette perspective. Le premier est
consacré à la problématique et à la construction de
l'objet de recherche. Il traitera de la position du problème, de la
justification du choix du sujet, de la revue de littérature, du cadre de
référence et des objectifs de l'étude.
Le second traite de la méthodologie qui comporte :
la méthode de recherche, le type de recherche, l'univers de
l'étude, la stratégie de recherche, les limites et
difficultés de la recherche.
Le troisième porte sur l'analyse et
l'interprétation des données et la dernière sur les
suggestions et le rôle du travailleur social.
1-1- Position du problème
La lutte contre la pauvreté est au coeur des
préoccupations de la communauté internationale en ce début
de millénaire. (Isabelle GUERIN, 2002)1(*).
C'est pourquoi que les pays membres de l'ONU ont fait de la
réduction de la pauvreté le premier des objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) qu'ils se sont
engagés à réaliser à l'horizon 2015.
(Ibid.).
Parmi les stratégies adoptées pour
réduire cette pauvreté figure en bonne place l'accès des
couches sociales défavorisées au microcrédit. (M.
LELART).2(*)
Selon LELART, plusieurs facteurs ont présidé
à l'émergence du microcrédit dans les stratégies de
lutte contre la pauvreté.
Il faut d'abord noter la reconnaissance des acteurs du
secteur informel comme étant essentielle au développement des
pays sous- développés. Mais ces derniers, pour travailler plus et
participer d'avantage à la croissance jugée nécessaire
pour la réduction de la pauvreté, ont besoin de prêts
d'argent du fait de l'insuffisante mobilisation de l'épargne
domestique.
L'émergence du microcrédit a été
aussi et surtout favorisé par certaines expériences positives
tel que le crédit solidaire de la Grameen Bank ( GB) initiée en
1976 au Bangladesh par le professeur Mohamed YUNUS de l'Université de
Chittagong. (Ibid.)
En effet, pour lutter contre la pauvreté, la Grameen a
choisi de cibler les plus, en particulier les femmes. En fait, selon le
professeur YUNUS, la réduction effective de la pauvreté ne peut
se réaliser de manière efficace sans le financement des
activités des femmes pauvres par le microcrédit.
Cette approche de la (GB) est aujourd'hui grandement
partagée au sein des acteurs de la microfinance si bien que les
institutions de microcrédit orientent largement leur financement vers
les activités des femmes. En 2006, 3 300 institutions de
microcrédit ont affirmé desservir plus de 133 millions de clients
dont 85 % sont des femmes pauvres et 58% des dispositifs actuels sont
destinés en priorité aux femmes. (I. Guérin,
2002). En Afrique de l'Ouest, le BIT indique que 43% de la
clientèle est féminine et que sur les 187 institutions
inventoriées, 43 sont destinées exclusivement à des femmes
pauvres. (BIT/BCEAO, 1997/1999, pp. 53-54).
Le ciblage des femmes par les institutions de
microfinance est d'abord sous - tendu par une logique quantitative.
En effet, selon le BIT, plus de la moitié des personnes
vivant dans le monde sont des femmes. En Afrique, elles constituent 51% de la
population tandis qu'au Sénégal, elles sont ..............Le
constat effectué par le BIT est que 70% des pauvres du monde sont des
femmes (OIT, 2007).3(*)
Les raisons de ce ciblage sont aussi liées au
rôle très important qu'elles ont toujours joué dans le
processus de développement de la famille et de la société.
(Me Malika Hamidi, 2008).4(*)
Le financement des activités de lutte contre la
pauvreté devrait alors les prioriser d'autant plus qu'elles
représentent une proportion importante et croissante de
l'économie informelle.5(*)
Sur le plan économique, la femme est une pierre
angulaire du développement des communautés humaines. Selon
l'IPS6(*), à
l'échelle mondiale, les femmes cultivent plus de la moitié de
tous les aliments disponibles. Dans les pays africains, elles sont non
seulement responsables de la production mais aussi de la transformation et de
la conservation du vivrier. De récentes estimations montrent que les
femmes africaines fournissent environ 70 pour cent du travail agricole et
produisent 90 pour cent des aliments de base.
Et au-delà des tâches ménagères, la
femme africaine est appelée à concevoir et à
éduquer les enfants dont les premières humanités sont
incontestablement soumises à la gouvernance et à la
prévenance maternelles. En plus de cet important rôle, la femme
est également reproductrice et dispensatrice de la santé de la
famille et de la communauté. (Awa Adjibade,
2008).7(*)
Sur le plan social, les femmes, à travers des
réseaux sociaux de nature diverse (tontines, associations de village, de
quartier...), ont toujours participé à l'équilibre et
à la régulation des rapports sociaux. (Odile Dufriche,
2000).8(*)
En outre, selon le professeur Cheikh Anta
Diop9(*), la femme
a même joué en Afrique un rôle très important sur le
plan politique et militaire en tant que reine, conseillère ou chef
militaire.
En somme, une analyse quantitative et qualitative de la
situation des femmes pauvres ressort toute l'importance du rôle qu'elles
ont joué et qu'elles continuent encore de jouer tant dans la production,
la reproduction que dans la gestion des communautés dans le monde, en
Afrique et au Sénégal. (CEA, 1999).10(*) Ce qui justifie,
entre autres, selon la CEA, le grand intérêt que les acteurs de la
microfinance accordent à ces femmes.
Toutefois, ce rôle essentiel est encore peu reconnu car
la division du travail, l'exercice effective des responsabilités, le
pouvoir de décision et l'accès aux moyens de production sont
encore fonction des relations de genre qui sont déterminées,
à leur tour, par un ensemble de représentations, de codes et de
valeurs propres à chaque société. (CEA,
1999).
Cette situation est ainsi à l'origine de nombreux
problèmes auxquels les femmes restent confrontées et qui
entravent la satisfaction de leurs besoins mais aussi leur réelle
participation au développement. Ces problèmes sont liés
à la structure culturelle, sociale, économique et politique de
la société. (Anup Shah, 2010).11(*)
Sur le plan économique, les femmes souffrent surtout de
la faiblesse de leurs revenus. Le PNUD révèle ainsi qu'aussi bien
dans les pays développés que dans ceux en développement,
la majorité des femmes gagnent en moyenne environ les trois quarts du
salaire des hommes pour le même travail, en dehors du secteur agricole,
dans les pays développés et les pays en développement. En
plus, la valeur des travaux ménagers non rémunéré
des femmes et du travail communautaire est estimée entre 10 et 35 pour
cent du PIB mondial et s'élevait à 11 millions de dollars en
1993. (PNUD, 2006)12(*).
Si bien que pour le
Fonds
des Nations Unies pour la Population, la règle des 2/3 -
1/3 s'applique en réalité aux femmes en matière de
travail : elles effectuent environ les deux-tiers du travail (en tenant compte
du travail domestique) dans le monde mais ne reçoivent que le tiers des
salaires. (FNUAP,
2005)13(*).
Cette situation économique précaire dans
laquelle vivent les femmes poussent certaines d'entre elles à s'adonner
à une activité sexuelle en dehors du cadre
institutionnalisé dans la plupart des pays du monde.
(Ibid.).
Pour réaliser le bien-être économique, des
outils essentiels que sont l'éducation et la formation sont
nécessaires.
Dans ce domaine, le fort taux d'analphabétisme des
femmes constitue un problème crucial; Si bien que sur près d'un
milliard d'adultes analphabètes dans le monde, les deux tiers sont des
femmes. (Ibid.).
En plus, plus de la moitié des 130 millions d'enfants
qui ne sont pas scolarisés sont des filles et celles qui sont inscrites
à l'école ou qui terminent le cycle primaire sont beaucoup moins
nombreuses que les garçons. (UNESCO, 2007)14(*).
Cette disparité entre les sexes dans le domaine de
l'éducation et de la formation prend sa source dans des racines
profondes de traditions culturelles et sociales qui ont une conception sexiste
de l'éducation et qui prônent une division du travail
prédestinant ainsi la femme à des taches ménagères.
La Fédération Internationale des Travailleurs Sociaux (FITS)
indique que cette situation engendre des conséquences néfastes
sur le bien être de la femme durant toute sa vie. (FITS,
2008).15(*)
Dans son rapport de 2007, l'OMS révèle que
l'éducation d'une femme aura une grande incidence sur sa santé et
sur celle de sa famille. (OMS, 2007)16(*). Toutefois, les femmes restent encore
confrontées à de nombreuses difficultés en matière
de santé et d'accès aux soins de santé à travers le
monde. Ce qui fait que le risque de blessures , d'invalidité et de
décès liés à la grossesse et à
l'accouchement est aujourd'hui l'un des problèmes de les plus
douloureux dans le monde.
Les causes de ces problèmes de santé des femmes
sont surtout liées à leur vulnérabilité
économique mais aussi à un manque d'éducation et de
formation. (Ibid.).
Les problèmes économiques, d'éducation,
de santé entre autres, sont en fait considérés comme des
conséquences directes de la discrimination politique dont les femmes
continuent aujourd'hui de faire l'objet. (Wikipédia,
2010)17(*). En
effet, sur le plan politique, les femmes ont acquis bien après les
hommes un statut de citoyenne à part entière. Au cours de ce
siècle, seules 28 femmes ont été élues chefs
d'État ou de gouvernement et les femmes occupent seulement 11,7 pour
cent des sièges dans les parlements du monde.
(Ibid.).
L'analyse ainsi faite des problèmes que vivent les
femmes et que les IMF, malgré leur fort engagement envers cette
catégorie défavorisée, n'ont pas encore
réglé, indique l'ampleur des besoins qu'elles ont. Ces besoins,
selon l'ACDI, peuvent être scindés en deux
catégories : des besoins d'ordre pratique et des besoins d'ordre
stratégique. (ACDI, 1999)18(*). Les besoins pratiques sont des
nécessités immédiates qui s'inscrivent dans un contexte
donné et dont leur satisfaction vise en général à
corriger des problèmes liés à de mauvaises conditions de
vie. Il peut s'agir dans ce cas d'accès aux biens de production (la
terre, le capital, le crédit) ou d'accès aux services sociaux de
base (soins de santé primaires, éducation de base, logement, eau,
alimentation...).
Les besoins ou intérêts stratégiques, pour
leur part, renvoient à la condition des femmes par rapport à
celle des hommes au sein de la société. Ils varient en fonction
du contexte et sont liés aux rôles et aux attentes, aussi bien
qu'à la répartition du travail, des ressources et du pouvoir
entre les hommes et les femmes.
La communauté internationale, pour apporter des
réponses aux multiples problèmes des femmes afin de satisfaire
leurs besoins pratiques et leurs intérêts stratégiques, a
consenti de nombreux efforts. (FITS, 2008).
Ainsi, de 1975 à nos jours, l'ONU a tenu plusieurs
conférences et sommets à cet effet. Parmi ces conférences,
trois ont retenu l'attention (Ibid.) :
La première Conférence des Nations Unies sur
les femmes, tenue en 1975 à Mexico. Elle a lancé la
Décennie des Nations Unies sur les femmes.
- La deuxième Conférence des Nations Unies sur
les femmes , tenue en 1980 à Copenhague et qui a permis
d'évaluer les progrès accomplis dans la décennie.
- La quatrième Conférence mondiale sur les
femmes, tenue en 1995 à Beijing. Cette conférence a
été la plus importante dans l'histoire de l'ONU à ce
jour. Elle a publié une déclaration décrivant des
stratégies d'action dans douze domaines, assorties d'obligations pour
les décideurs. (FITS, 2008).
Il est ressorti de ces rencontres mondiales, surtout de celle
tenue à Beijing, que pour éliminer la pauvreté des femmes,
la provision de crédit, en particulier l'intensification du
microcrédit pourrait s'avérer une stratégie très
concluante. Le suivi des engagements de Beijing a en effet permis de mettre en
oeuvre plusieurs systèmes de financement des femmes pauvres à
travers le monde (ONU, 2000).19(*)Parmi ceux - ci, nous pouvons relever les
réalisations suivantes (Ibid.):
- 67 milliards de dollars ont été consenti par
les Etats-Unis en 1997 au bénéfice des femmes ;
- 27 000 femmes vivant en zone rurale ont reçu des
prêts sans intérêts du Japon ;
- 96 % des femmes palestiniennes ayant participé
à des projets agricoles depuis 1994 ont bénéficié
de la mise en place de programmes de prêt de pays
européens ;
- Au Soudan, le Fonds des Nations Unies pour la population
(FNUAP) a fourni le capital initial pour la mise en oeuvre d'activités
commerciales afin d'élever le niveau de vie des femmes ayant de faibles
revenus ;
- Au Viet Nam, l'UNICEF a alloué des petits prêts
à plus de 60 000 femmes pauvres ;
- Etc.
Cette dynamique aboutira à la tenue du premier sommet
mondial du micro crédit en février 1997 à Washington en
présence de 2900 personnes venues de 137 pays et parmi lesquelles des
représentants des ONG, des chefs d'entreprises, des institutions
internationales, des gouvernements... Le sommet a décidé
d'appuyer d'avantage les initiatives locales en matière de micro -
crédit avec comme objectif de toucher cent millions de familles parmi
les plus pauvres d'ici 2015. La priorité devrait toutefois être
accordée aux femmes pauvres. (Susy Cheston et Lisa Kuhn -
2OOO)20(*).
Ainsi, le secteur de la microfinance va faire de grands
progrès pour identifier les obstacles s'élevant contre
l'accès des femmes aux services financiers et pour développer des
stratégies afin de les surmonter. (Ibid.).
En Afrique, les années 90 marquent un tournant dans le
financement des activités des femmes avec notamment une croissance et
une expansion très rapide des institutions de micro - crédit. Le
nombre de membres est ainsi passé de 309 545 en 1993 à
1 140 057 en 1997 soit une augmentation de 268% en valeur relative.
(AQUADEV- 2005)21(*).
Au Sénégal, l'expansion du système s'est
traduite par une augmentation du nombre de structures et une réelle
performance financière. Ainsi, les IMF passent de 120 en 1997 à
833 en fin décembre 2005. Ces structures qui comptaient 442 650 membres,
ont mobilisé un montant de 34,909 milliards de francs CFA de
dépôt et distribué 33,312 milliards FCFA de crédit
en fin 2003. Plus de 60% de ce montant a été prêté
à des femmes pauvres. (APIMEC, 2003).22(*)
L'exemple du Programme d'Accès des Femmes
Sénégalaises aux Services Financiers (AFSSEF), initié par
le PAMECAS avec l'appui de Développement international Desjardins (DID)
illustre très bien cette dynamique. En effet, le programme a produit, de
1995 à 2003, un crédit global de 5 533 679 000 FCFA
pour 53 792 bénéficiaires.
En définitive, selon l'APIMEC, les institutions de
microfinance ont effectué plusieurs réalisations pour faire face
aux multiples problèmes des femmes défavorisées et
participer ainsi à la satisfaction de leurs besoins.
Toutefois, en dépit de ces nombreuses
réalisations, la situation précaire dans laquelle se trouvent les
femmes perdure encore. Car, les efforts accomplis ne
sont toujours pas à la hauteur de leurs besoins. (Sakho,
2004).23(*)
En effet, le travail des femmes n'est ni
récompensé, ni reconnu à sa juste valeur. Leurs besoins
sanitaires et alimentaires ne constituent pas des priorités absolues.
Près de la moitié des séropositifs du monde sont
aujourd'hui des femmes. Leur accès à l'éducation et aux
services d'aide est insuffisant; leur participation à la prise de
décisions dans le foyer, comme au sein de la communauté, est
minimale.
Ainsi, en dépit des progrès, les femmes
représentent encore 60 % des populations les plus pauvres. (OIT,
2007).24(*)
Prises dans ce cycle de la pauvreté, les femmes ne peuvent pas
suffisamment avoir accès aux ressources et aux services (crédit,
héritage, moyens de production...) leur permettant d'en sortir.
(Ibid.)
En Afrique et au Sénégal notamment, il est
aujourd'hui reconnu que la pauvreté se féminise de plus en
plus. (Sakho, 2004).25(*)
Dans la commune de Mbour, l'exode rural a favorisé
l'augmentation rapide du taux d'accroissement naturel qui est actuellement le
plus élevé du Sénégal (6, 3 %). Ainsi, de
nombreux quartiers périphériques ont émergé autour
de la ville. Dans ces quartiers, les populations en général et
les femmes en particulier vivent dans de mauvaises conditions de vie ;
elles logent souvent dans un type d'habitat semi-rural, sans eau potable, ni
électricité et accèdent difficilement aux services
sociaux de base (éducation, santé...); Le taux
d'analphabétisme des femmes y est de 82 % et 30% des ménages ont
un revenu inférieur à 1 dollar par jour. Ces femmes s'activent
dans leur grande majorité dans le petit commerce (dans la rue, au
marché, au garage) et les petits métiers (domestiques,
lingères...). (CCF, 2006) 26(*).
Par ailleurs, Mbour est le deuxième port de
pêche du Sénégal ; Sa production représente 25%
des débarquements de la production artisanale
nationale.27(*).
Les femmes, sans grands moyens, sont ainsi très
nombreuses à se limiter au micro - mareyage avec un nombre de 9.000
recensé en 1992. (O. NDIAYE, 2010)28(*).
Les sérieuses difficultés d'accès aux
ressources matérielles et financières sur lesquelles elles butent
les obligent toutefois à se contenter du « terral »
c'est-à-dire des dons de poissons de pécheurs
généreux. (Ibid.).
En plus, la santé maternelle et néonatale est
très préoccupante à Mbour avec respectivement des taux de
10/1000 et 54/1000.29(*)
La situation difficile dans laquelle se trouvent aujourd'hui
les femmes appelle des solutions efficaces et durables pour espérer
renverser la tendance. C'est pourquoi, quinze ans après Beijing et
treize ans après le sommet de Washington, plusieurs propositions ont
été faites par les acteurs afin de satisfaire
définitivement leurs besoins. A cet effet, le BIT demande d'accorder la
priorité au renforcement des capacités des femmes en leur offrant
des opportunités économiques et éducatives, de même
que l'autonomie nécessaire pour qu'elles puissent tirer partie du micro-
crédit (OIT, 2007.)30(*).
Dans une contribution à la Campagne du Sommet du
Microcrédit, Susy Cheston et Lisa Kuhn (Cheston, Kuhn,
2002)31(*),
affirment que les acteurs devront désormais répondre aux besoins
réels des femmes au lieu de mener des activités sans conviction,
juste pour faire plaisir aux bailleurs de fonds. Elles recommandent ainsi
de ne réaliser que les projets décidés par les femmes
elles-mêmes, de ne pas les pousser à aller trop vite et
d'adapter le financement à leurs besoins et capacités
réels.
Isabelle GUERIN, pour sa part,
préconise d'apporter un soutien technique et un suivi constant aux
financements accordés aux femmes pour la mise en oeuvre de leurs
activités économiques. L'auteur propose en outre de mettre
à la disposition des femmes des services autres que financiers et de
promouvoir des groupes pour renforcer les réseaux et les liens afin
d'impulser des mouvements sociaux féminins capables de lobbying afin de
peser sur les décisions politiques.
Dans un autre registre, nous pouvons noter le projet du
Ministère des finances du Sénégal envisage d'introduire le
Mobile Banking dans la microfinance afin de faciliter l'accès au
crédit des populations défavorisées, en particulier des
femmes. (Direction de la Microfinance, 2009).32(*) Selon le rapport sur
l'étude de faisabilité de ce projet, la technique du Mobile
Banking est basée sur l'idée d'utiliser en microfinance le
téléphone portable qui s'est très fortement répandu
ces dernières années. Ceci permettra entre autres, de
réduire considérablement les coûts des transactions pour
les clients comme pour les institutions financières dans les zones
défavorisées.
Toutes ces recommandations interpellent aujourd'hui les IMF en
vue d'une plus grande efficacité de leurs actions pour résoudre
de façon durable les nombreux problèmes des femmes pauvres dont
la persistance, malgré les multiples efforts consentis, suscite des
questionnements légitimes ; Les acteurs de la microfinance de la
commune de Mbour sont au coeur de cette problématique. Mbour compte en
effet un nombre assez important d'IMF qui mènent des activités
d'épargne et de crédit avec de nombreux produits destinés
à l'améliorer de la situation des femmes
défavorisées de la ville. Il s'agit notamment entre autres, du
CMS, du PAMECAS, de l'ACEP, de l'IMCEC, du MEC UNACOIS DEF, du FDEA, du CPS, du
CMIS. (IMCEC, 2009).33(*)
L'intervention de l'IMCEC est récente car elle remonte
à l'année 2005 avec la création d'une première
caisse à Mbour Thiocé. Elle ouvrira plus tard une seconde caisse
à Grand Mbour. Ces deux caisses restent toutefois très
éloignées des quartiers de Mbour sud au sein desquels, la
mutuelle compte un bon nombre d'adhérents. Ainsi, l'institution compte
ouvrir en 2010 une troisième caisse à Mbour sud pour se
rapprocher des populations de cette zone qui est ainsi composée de sept
quartiers périphériques.
De nombreuses femmes défavorisées y
mènent des activités économiques et sociales soit
individuellement ou à travers diverses organisations communautaires.
Ainsi, cette activité de financement des populations
pauvres en général et des femmes défavorisées en
particulier que mène depuis cinq ans l'IMCEC dans la commune de Mbour,
n'échappe pas toutefois aux multiples interrogations qui ont cours dans
le secteur de la microfinance.
La situation ainsi décrite nous amène à
nous poser la question de recherche suivante : Quelle est la
capacité de réponse de l'IMCEC face au besoin de financement des
femmes défavorisées de Mbour sud ?
1.2. Justification du choix du sujet
Le choix de notre sujet, capacité de réponse de
l'IMCEC face au besoin de financement des femmes défavorisées de
Mbour se justifie au niveau individuel par notre engagement dans une
dynamique d'organisation communautaire dans laquelle, les femmes jouent un
rôle de premier plan ; au niveau scientifique par la volonté
de savoir la raison qui fait que malgré les efforts des IMF en faveur
des femmes défavorisées, leur situation socio - économique
reste encore précaire et au niveau social par l' impact positif qu'une
réelle amélioration des revenus des femmes
défavorisées à travers les services des IMF pourrait avoir
sur les familles.
En effet, nous sommes engagés depuis deux ans dans une
dynamique d'organisation et de promotion des communautés à la
base à travers le CDIS (Collectif pour le développement et la
défense des intérêts de Mbour Sud). Ce cadre qui regroupe
les OCB des sept quartiers de Mbour sud, connaît une forte
adhésion de groupements de femmes qui en constituent d'ailleurs la
majorité. Ceci justifie sur le plan individuel notre choix d'un sujet
traitant d'une problématique liée aux femmes
défavorisées.
Ces femmes sont certes défavorisées mais
elles n'en restent pas moins actives dans de nombreuses activités de
développement des communautés à la base. Elles sont ainsi
porteuses de plusieurs projets dont la réalisation pourrait
améliorer leurs conditions d'existence. Les IMF intervenant dans la
commune de Mbour déclarent placer cet objectif au centre de leurs
préoccupations à travers les produits et services qu'elles
offrent aux femmes défavorisées. Toutefois, malgré des
années d'intervention, la situation de ces femmes ne s'est pas
améliorée.
Une bonne connaissance des causes de ce fait et les effets
qu'elle pourrait engendrer en terme de réajustement des
stratégies et des interventions afin d'atteindre des résultats
plus satisfaisants, constitue pour l'essentiel, ce qui justifie sur le plan
scientifique le choix de notre sujet de recherche. D'autant plus que l'IMCEC
dont l'implantation est encore récente à Mbour a noué un
partenariat avec le CDIS et envisage de créer une caisse dans la zone
sud du fait de l'adhésion croissante à la mutuelle des
populations qui y habitent.
Par ailleurs, il est reconnu que le bien-être de la
femme est fondamental pour le développement économique et social
de toute société. Une meilleure compréhension des
problèmes des femmes pauvres et de leurs besoins pourrait permettre aux
IMF de répondre aux véritables attentes de ces femmes et de
lutter ainsi de manière efficace contre la féminisation de la
pauvreté. Ce résultat participerait surement à
l'amélioration de la situation sociale de ces femmes et partant de celle
des familles et des communautés. Tel est ce qui justifie sur le plan
social le choix de notre sujet.
1.3. Revue de la littérature
Dans le cadre de notre étude, nous avons
consulté des documents qui traitent du thème de la microfinance
et des femmes. Nous ressortons ici leur quinté sens pour le mettre en
rapport avec des aspects de notre recherche.
Le Groupe Consultatif d'Assistance aux plus Pauvres
(CGAP, 2004) a établi un document intitulé
« Mettre en place les systèmes financiers adaptés
aux besoins des pauvres» ; Ce document adopté en 2004 par
le G8, retient onze principes majeurs pour lutter contre efficacement contre
la pauvreté :
1- Favoriser la création et soutenir le
développement d'institutions viables et permanentes qui visent
l'accès à des services durables ;
2- Etre à l'écoute des clients et s'engager
à leur fournir des services adaptés
3- Appliquer des taux d'intérêt sur les
prêts permettant aux IMF de couvrir leurs charges ;
4- Développer de bons systèmes d'information de
gestion (SIG) qui fournissent à temps des informations statistiques et
financières fiables
5- Etablir la transparence dans la diffusion des informations
financières
6- Favoriser la mobilisation de l'épargne ;
7- Etablir et favoriser une gouvernance efficace au sein des
IMF ;
8- Encourager les gouvernements à créer un
environnement macro-économique favorable au développement de la
microfinance ;
9- Investir davantage dans l'assistance technique pour
l'émergence d'institutions et leur capitalisation ;
10- Eviter de "réglementer à la hâte" et
établir au besoin un cadre réglementaire incitatif.
11- L'importance de la capacité des activités
financières et des services d'information.
Ce document du CGAP nous a permis de comprendre que la
microfinance ne peut exploiter tout son potentiel que si elle est
intégrée dans le système financier général
d'un pays mais que les pouvoirs publics ne sont jamais de bons
prêteurs ; ils doivent créer un environnement
décisionnel propice.
Le CGAP nous a enfin permis de bien percevoir la
nécessité de recourir à d'autres types d'assistance
lorsqu' il s'agit de populations démunies qui ne disposent pas de
revenus ni de capacités de remboursement.
Il aborde un aspect important de notre étude à
savoir la capacité institutionnelle et humaine des IMF.
Le CGAP, par contre, ne parle nullement des femmes encore
moins de leurs besoins de financement. Ceci nous aurait apporté un
plus.
Isabelle GUERIN (2002), dans un document de
travail intitulé Microfinance et autonomie féminine,
s'interroge sur le rôle de la Microfinance comme outil
d'émancipation et de promotion de la condition féminine dans les
pays du Sud à partir d'une enquête menée principalement au
Sénégal.
Afin d'évaluer ce rôle de façon plus
large, le critère retenu est celui de l'étendue de la
capacité de ces femmes à faire le choix de mener
différents types de vie. Pour elles, le droit au crédit
s'apparente bien souvent à un droit collectif à travers un
prêt collectif, pour des questions d'efficacité (coûts de
transaction et partage de l'information), ce qui implique une dimension sociale
et relationnelle qu'il faut prendre en compte dans le processus
d'autonomisation.
L'étude cherche à révéler les
forces (comme le rôle joué par le groupe pour la
d'auto-sélection et même l'incitation) en limitant les
problèmes d'asymétrie d'information et donc les risques) et les
limites (apparition de liens de dépendance, déstabilisation des
réseaux, défaillance de l'outil de gestion) d'un tel
système.
L'étude conclut sur des recommandations en direction
des prêteurs afin que les dérives du prêt collectif ne se
produisent pas.
Ce document de GUERIN nous a éclairé sur le
rôle que joue le groupe dans les prêts collectifs concernant les
femmes organisées tout nous révélant les limites et
dérives qui pourraient être liées à ce rôle.
Cet aspect est important pour nous dès lors que nous notre étude
s'intéresse aussi bien aux femmes individuellement prises qu'à
leurs organisations.
L'auteur n'insiste toutefois pas sur les besoins
spécifiques aux femmes de même que sur les services que les IMF
leur proposent.
Joseph Gnamie (2008), dans son mémoire
de fin d'étude soutenu à l'ENEA en et qui porte sur le
thème : « Analyse de la satisfaction des femmes
membres d'une institution de microfinance par rapport aux politiques
d'épargne et de crédit : cas de la mutuelle d'épargne
et de crédit de Cambérène », nous aborde
cette question. En fait, elle montre que les besoins des femmes objet de son
étude, n'ont pu être satisfaits par l'institution mutualiste dont
elles sont membres. Ce qui fait que leur effectif a stagné entre 2004 et
2006 du fait de plusieurs facteurs parmi lesquels : des conditions
d'ouverture contraignantes, des taux et frais de dossiers
élevés, faiblesse des montants octroyés...
Selon l'auteur, cela est du au fait que l'institution n'a pu
diversifier ses sources de financement. Elle conclue en montrant que la
satisfaction des membres d'une Institution de microfinance (IMF) dépend
de la diversité de ses sources de financement et des conditions
d'accès au crédit.
Cette étude nous a permis d'avoir un aperçu sur
les besoins des femmes membres d'une IMF et de voir l'importance des conditions
d'accès et de la diversité des sources de financement pour la
satisfaction de la clientèle.
Elle ne nous a pas fourni toutefois des informations sur la
manière dont l'institution de microfinance répond au besoin de
financement des femmes.
Michel LELART dans son ouvrage
intitulé De la finance informelle à la
microfinance, affirme que les IMF, contrairement aux banques classiques,
font de la finance sur mesure, elles proposent des services de
proximité, elles s'adaptent aux besoins de leur clientèle qui se
sent proche d'elle et qui même parfois participe à leur gestion.
Selon l'auteur, le secteur de la microfinance a beaucoup évolué
durant ces dernières années et il s'organise de plusieurs
façons (associations, réseaux, fédérations...). Le
secteur se modernise progressivement et son évolution pourrait le
pousser à se rapprocher des banques avec lesquelles elles pourraient
nouer des relations plus étroites. Il précise toutefois que cette
évolution pourrait prendre du temps car la microfinance a
émergé lentement et progressivement en passant des formes
traditionnelles de tontines à la finance informelle avant de passer
à son état actuel.
L'auteur nous explique comment la finance informelle a
donné naissance au microcrédit qui, à son tour, a
évolué pour générer la microfinance. Il
établie ensuite une typologie des institutions de microfinance qu'il
classe en trois catégories :
- La microfinance par les mutuelles
- La microfinance par les ONG
- La microfinance par les banques
Dans cette dernière, il distingue deux
stratégies qui sont :
· L'adaptation des banques à la microfinance
· La modernisation des IMF qui ont poussé
certaines d'entre elles à adopter un statut de banque commerciale. C'est
le cas de la bancosol en Bolivie qui, créée en tant qu'ONG en
1987, est aujourd'hui la première banque commerciale ciblée par
les micro - entreprises.
Ensuite, LELART s'interroge sur le devenir des institutions de
microfinance quand au regard de l'importance des fonds qu'elles embrassent. Les
plus pauvres bénéficient - ils de ces fonds ? Les clients
des IMF sont -ils de moins en moins pauvres ? Autant de questions que se
posent l'auteur qui affirme que ce qui est important, ce n'est pas le nombre de
clients touchés mais c'est surtout les changements qui comptent. Et dans
ce sens, il précise que dans les pays du sud, il apparaît
nettement que ce sont les femmes qui sont plus souvent les clientes des
IMF ; l'argent qu'elles empruntent leur permet non seulement
d'améliorer leur situation matérielle mais surtout de renforcer
leur position dans leur couple et dans leur famille. Toutefois, certaines
privilégient les dépenses de consommation ou plus simplement, ne
contrôlent pas l'argent qu'elles empruntent. Et l'exercice d'une
activité peut même être source de conflits dans le couple.
Selon lui, ces facteurs ont même poussé la Grameen Bank à
revoir sa stratégie....
Enfin, LELART recense dans son ouvrage les différents
problèmes que rencontre la microfinance de nos jours. Parmi ces
problèmes, il en retient trois qui lui semble d'une certaine
importance : la nécessité d'une réglementation
adaptée, le besoin de financement qui contribue à intégrer
les IMF dans les systèmes financiers nationaux et enfin le souci de
soumettre ces institutions à une bonne gouvernance.
L'ouvrage de Michel LELART revêt une grande importance
pour notre étude. En effet, il nous a permis de connaître
l'histoire et l'évolution de la microfinance à travers les quatre
continents. Il nous a également permis de maîtriser la
composition, l'organisation, les acteurs ainsi que les forces et faiblesses
actuels de la microfinance.
Enfin, notre attention a été aussi
attirée sur les risques que pourrait comporter pour une femme, une
amélioration de son statut par le microcrédit sans que certains
préalables soient réglés. D'ailleurs, à ce niveau,
l'ouvrage aurait pu nous apporter plus si l'auteur s'était penché
sur les solutions à apporter à de tels risques mais aussi sur les
besoins spécifiques des femmes et les services proposés par les
IMF pour les satisfaire.
Abdoulaye OUEDRAOGO (1998), dans son
mémoire de fin d'étude soutenu à l'ENTSS et relatif
à « la participation des groupements féminins au
développement de la collectivité locale »,
identifie le rôle déterminant des femmes dans le processus de
développement à la base. Il met en relief la contribution des
groupements féminins dans le développement locale en tant que
levier du développement alternatif. Il précise que le groupement
constitue un cadre où les femmes peuvent acquérir une autonomie
financière et un prestige social et que les retombées peuvent
avoir des bénéfices indirects sur la collectivité. Il fait
ressortir aussi les entraves liées à la participation des femmes
au développement, tels que : manque de matériel,
problèmes d'écoulement des produits locaux, accès à
la terre, l'analphabétisme, manque de formation.
A ces obstacles, s'ajoutent les aléas climatiques, le
manque de confiance des femmes en leurs capacités et
possibilités. Ce qui limite parfois les activités auxquelles est
destiné le crédit.
Le travail de l'auteur nous a été d'une grande
utilité dans le sens où il met en exergue les groupements de
promotion féminine et analyse les obstacles à leur fonctionnement
et leur participation au développement.
Il n'insiste toutefois pas sur les besoins spécifiques
de ces groupements ainsi que les réponses que leur proposent les
institutions de microfinance.
Daouda SAKHO (2004), dans un article
intitulé « le SIG et la microfinance »,
paru dans le magazine M&D, en, démontre que « les
principales lacunes des Mutuelle d'Epargne et de Crédit (MEC) sont
l'inexistence d'outils de gestion performants et sécurisés des
systèmes, une fois mis en place », l'info. Etant entendu que
les MEC gèrent un grand nombre de donnés essentielles à
leurs activités, l'information doit y avoir une importance capitale. Une
gestion particulière des donnés doit être établie.
Elles doivent être stockées, traitées et plus encore
présentées de manière pertinente aux utilisateurs de
manière à ce qu'ils puissent prendre des décisions
éclairées. Les animateurs et gestionnaires du système,
face au rythme accéléré de croissance des MEC, à
l'exception de certains grands réseaux, n'ont pas eu le temps de
travailler efficacement pour empêcher les fraudes, détournements
et sécuriser ainsi les dépôts.
De plus, ils pensent plus au nombre de membres qu'à la
qualité.
En définitive, l'auteur nous indique, qu'à
l'instar du contrôle interne et de la gestion des ressources humaines,
les systèmes d'information et de gestion sont fondamentaux pour la
performance d'une IMF.
L'utilité de cet article de SAKHO pour notre
étude est qu'il nous renseigne sur le fait que la mise en place d'un
système d'information et de gestion efficace a une grande incidence sur
les résultats d'une institution de microfinance notamment dans son offre
de services aux sociétaires.
Toutefois, il ne nous permet pas d'appréhender la cible
de l'institution en général et celle féminine en
particulier surtout en ce qui concerne ses besoins de financement.
Fatou SARR (1998), dans son mémoire
de maîtrise portant sur « la Politique de
développement et la marginalisation des femmes », soutenu
à l'I.P.D.S.R, nous éclaire sur la notion de genre dans le
développement des pays africains. Selon l'auteur, l'approche genre
permet d'examiner la position participative des femmes dans les grands enjeux
du développement au regard de leur nombre et de leur
responsabilités limitées. Elle illustre ses propos en mettant en
évidence l'importance d'un meilleur accès et contrôle des
ressources ainsi qu'une meilleure participation sociale et politique des
femmes.
Elle propose des outils d'analyse afin d'appliquer l'approche
en tenant compte des réalités sociales africaines.
L'intérêt de cet ouvrage pour notre étude
est qu'il nous a donné une idée plus précise de la
situation de la femme africaine ainsi que de sa participation au
développement. Elle nous propose également des outils d'analyse
de la situation de la femme. Toutefois, ce document nous serait d'avantage
utile s'il nous avait ressorti les besoins spécifiques des femmes en
matière de financement ; ce qui nous permettrait de mieux voir si
les réponses des institutions de microfinance répondent à
ces besoins.
Sylvie Brunel (2000), ex - présidente
de Action contre la faim, dans un article intitulé :
« Micro crédit : Fiction et
Réalité », paru dans Aventure N°90 (AUTOMNE),
montre pour sa part que ce ne sont pas les plus démunis ou
« les vrais pauvres » qui peuvent tirer profit du micro-
crédit. Elle indique que ces personnes se trouvent toujours dans une
situation d'échec ou de renoncement voir d'auto- exclusion qui ne les
rend pas à même de saisir les opportunités offertes pars le
microcrédit. Ce qui fait qu'un bon nombre d'institutions de
microcrédit, soucieuses de leur viabilité financière,
éviteront de prendre les risques qu'implique le financement des plus
pauvres.
Néanmoins, des efforts spécifiques sont parfois
réalisés pour atteindre ces femmes. Dans ces cas, la nature et la
taille de leurs activités déterminent le niveau peu
élevé de leurs crédits. Les bénéfices
générés sont alors insuffisants pour qu'elles puissent
franchir durablement le seuil de pauvreté. L'expérience montre
que même si leurs revenus augmentent très nettement au cours de
leurs premières années, ils plafonnent ensuite très vite,
voir s'essoufflent.
Brunel s'intéresse aussi à la hauteur du taux
d'intérêt. Elle affirme qu'à la Grameen Bank, des taux de
20% sont la règle, justifiés par des coûts de transactions
importants. Ces taux avoisinent ceux des usuriers.
Cet article nous permet de voir les limites pour
l'accès des pauvres dans les Institutions de microfinance vu le niveau
souvent inadéquat des conditions d'octroi des prêts d'avec les
possibilités de ces populations.
Elle n'aborde toutefois pas dans son analyse, des questions
spécifiques aux femmes telles que leurs problèmes, leurs besoins
ou leur accès au financement...
Marc Pilon et Patrice Vimard (1998),
Communication à la Chaire Quételet,
Louvain-la-Neuve, portant sur « Structures et
dynamiques familiales à l'épreuve de la crise en Afrique
subsaharienne», dégagent l'impact sur les structures
familiales des différentes crises (économique, sociale,
sanitaire, politique) qui frappent l'Afrique de l'Ouest depuis vingt ans.
Analysant d'abord les dynamiques des familles africaines à
l'épreuve de ces crises, les auteurs soulignent en premier lieu que les
systèmes de parenté ont une fonction structurante
particulièrement forte dans cette région du monde. Ils montrent
en second lieu la diversité des évolutions des familles selon les
groupes sociaux. Se référant en effet à des études
menées en Côte d'Ivoire entre 1975 et 1998, les auteurs
révèlent que dans les milieux les plus aisés
(catégories dites « modernes » (ouvriers, employés,
cadres...), on observe une relative stabilité des structures familiales
avec un renforcement des solidarités (élargissement de la famille
avec intégration d'individus étrangers au noyau familial
central). En revanche, dans les catégories les plus démunies, on
assiste à un relatif émiettement du tissu familial et, surtout,
à une multiplication des familles monoparentales et à un
accroissement du nombre de femmes chefs de ménage. Ces effets
engendrés par la crise économique sont renforcés par
l'épidémie du sida et l'ampleur du problème des
réfugiés, aujourd'hui sept fois plus nombreux en Afrique que dans
les années 1970. Les auteurs soulignent que
« l'évolution globale des familles africaines
depuis le début de la crise économique se
caractérise tout autant par son élargissement à
une parentèle extra - nucléaire, par
nécessité d'activer les solidarités familiales face aux
difficultés, que par l'accroissement de la famille monoparentale,
synonyme d'instabilité conjugale liée en partie aux
problèmes économiques. Selon eux, Cette évolution se
traduit en définitive par un recul sensible de la nucléarisation
des ménages. Celle-ci va de pair avec le rôle croissant des femmes
dans la structuration familiale et sociale.
En Afrique subsaharienne, cette transformation plurielle des
structures familiales est doublement orientée par l'individualisation,
résultant de l'ordre économique dominant, et par un
« solidarisme » d'ordre culturel. Cette pluralité,
suscitée par une crise elle-même multidimensionnelle, correspond
à une multiplication et à une diversification des contraintes
(économiques, sociales, culturelles, politiques) qui s'exercent sur les
familles et encadrent les projets familiaux des individus.
Ceci oblige les chercheurs, d'après les deux auteurs,
à reconsidérer les théories de la transition familiale
sous un angle d'approche inédit et, ainsi, à abandonner
l'idée d'une transformation uniforme d'un modèle familial
dominant au profit de la mise en évidence d'une transformation
plurielle.
Cette communication présente un intérêt
certain pour notre étude car elle nous permet d'appréhender les
mutations structurelles intervenues dans les familles africaines du fait de la
crise, les raisons de ces mutations ainsi que leurs conséquences
notamment sur les femmes.
Elle ne donne toutefois pas des informations sur les
caractéristiques de ces femmes, sur leur situation dans les familles
ainsi que sur les stratégies de prise en charge de leurs
problèmes. Ceci constitue des limites de ce document par rapport
à notre étude.
Adjamagbo Agnès et Antoine Philippe (2004),
« Etre femme autonome dans les capitales
africaines : le cas de Dakar et Lomé », IRD.
Dans cette étude de l'IRD, les auteurs montrent que
l'urbanisation intense, la croissance démographique, le chômage,
la crise de l'économie ont induit des bouleversements importants dans
les ménages urbains africains.
Parmi les mutations en cours, la participation croissante des
femmes aux activités génératrices de revenus compte parmi
la plus lourde de conséquences en termes de rapports entre les hommes et
les femmes. Si le travail des femmes en Afrique est loin d'être un
phénomène nouveau, leur domaine d'intervention s'élargit
considérablement.
Selon eux, la mise en perspective de deux capitales
ouest-africaines aux caractéristiques socioculturelles
différentes mais soumises à des aléas économiques
identiques permet, tout en soulignant la particularité des processus en
cours, de mettre en évidence la similitude des enjeux concernés.
Ils affirment que la nouvelle configuration des rôles
économiques masculins et féminins dans les ménages urbains
passera forcément par une indépendance accrue des femmes. Mais
les réalités demeurent différentes soit qu'on se trouve
à Dakar ou à Lomé. À Dakar, les auteurs nous
révèlent que l'autonomie féminine est socialement mal
tolérée dans le sens ou elle est définie par le fait de
vivre dans un logement que l'on possède ou dont on paie le loyer et de
n'être pas mariée. Ainsi, peu de femmes aspirent à ce mode
de vie qui menace les fondements du patriarcat. En fait, la stigmatisation de
cette forme particulière d'autonomie est très liée
à la forte valorisation sociale et morale du mariage et plus
généralement à la place qui est faite aux femmes dans la
société. Si bien que le modèle féminin socialement
valorisé à Dakar demeure avant tout celui de la femme
mariée vivant dans l'aisance matérielle et qui
bénéficie de la générosité du mari lui
permettant de consacrer ses propres revenus à des dépenses autres
que celles relevant du quotidien. La représentation des rôles
conjugaux, à laquelle les femmes adhèrent les premières,
érige la dépendance de l'épouse vis-à-vis de son
mari en une valeur conjugale intangible ; une évidence sociale
aucunement avilissante dans la capitale sénégalaise. Citant
Jeanne Nanitelamio, ils affirment que : « les Dakaroises sont
imprégnées par l'idéal de « la femme au
foyer » ; la nécessité du travail n'intervient que lorsque
le soutien familial ou conjugal est difficile ou impossible
» (Nanitelamio, 1995 : 284).
Contrairement à ce que l'on observe à
Lomé, la norme oppose mariage et travail pour les femmes. Cet
idéal est fatalement menacé par la crise économique qui
sévit depuis de nombreuses années au Sénégal et qui
conduit à un désengagement croissant des hommes de leurs
responsabilités familiales. Dans ces conditions, il n'est pas surprenant
qu'une majorité de femmes qui vivent seules et ne sont pas
mariées soient veuves. En effet, même si la pression pèse
sur les veuves pour qu'elles se remarient, le décès du mari,
événement forcément subi, est de nature à gommer
tout soupçon de moeurs légères. L'autonomie ainsi acquise
est donc à la fois mieux tolérée par l'entourage et plus
vivable pour l'intéressée.
L'indépendance résidentielle des jeunes
célibataires, à l'inverse, est une situation d'autant plus mal
perçue qu'elle peut se présenter comme un choix
délibéré qui, en bravant la norme, remet en question les
fondements essentiels de l'institution familiale que constituent le mariage et
la maternité.
Si le veuvage est la voie royale de l'autonomie à
Dakar, la réalité est différente à Lomé.
Certes le mariage constitue aussi pour les Loméennes un
événement important garant d'une respectabilité sociale.
Mais sa valeur sociale ne suffit pas à supplanter celle accordée
à l'activité économique, fortement ancrée dans les
usages sociaux et rendue de surcroît cruciale en ces temps difficiles. Le
fait que les modes de formation des unions aient évolués en
intégrant cette donne marque certainement la singularité de
Lomé par rapport à Dakar.
À Lomé, les choses se posent en effet en termes
différents. La valeur sociale accordée au travail
rémunéré des femmes est plus prononcée. Citant
Coquery-Vidrovitch (1994), les auteurs nous disent que celle -ci trouve ses
racines dans l'histoire du développement du commerce dans le pays. Le
commerce de tissu, secteur de prédilection de la réussite
économique des femmes dans la capitale togolaise, constitue aujourd'hui
encore le principal levier de l'économie nationale. Il confère
par ailleurs aux femmes un poids politique incontestable. Il existe certes une
hiérarchie prononcée entre la riche commerçante,
appelée « nana benz », impliquée dans le
négoce au niveau international et la petite revendeuse tenant une
modeste échoppe sur le marché local. Mais la
dextérité des femmes togolaises dans le domaine du commerce a
fortement contribué à ériger le travail féminin en
valeur sociale reconnue. Si avec la scolarisation croissante des femmes, les
filles de commerçantes répugnent de plus en plus à prendre
la relève maternelle, il n'est pas abusif de dire que l'oisiveté
ne se pose guère comme une éventualité chez une jeune
togolaise. Mariée ou non, qu'une femme travaille ne recèle rien
de dévalorisant, bien au contraire. En outre, contrairement à
l'idéal prôné à Dakar, le mariage, n'est pas
vécu comme l'occasion de laisser le mari faire seul ses preuves de bon
pourvoyeur des besoins du ménage. La contribution de la femme est
valorisée et même encouragée. Ces formes d'expression
poussées à l'extrême entraînent souvent une
séparation très nette des intérêts
économiques des époux au sein des unions. Dans ces conditions,
vivre hors des liens du mariage, dans un logement que l'on prend en charge tout
en exerçant une activité est une situation bien plus facile
à vivre.
En ces temps de crise économique à laquelle
s'adjoignent, au Togo, des troubles sociaux particulièrement
agités, le rôle économique des femmes est devenu plus
crucial que jamais. Si les hommes ne peuvent plus assumer seuls les charges de
la famille, il faut bien que les femmes les relayent.
Les Togolaises ont fait leur entrée en masse sur la
scène de l'économie productive informelle, à une
époque où leurs maris trouvaient leur compte dans le salariat
encore florissant du secteur formel. Aujourd'hui que les hommes ont perdu leur
emploi elles sont toujours présentent, mais leurs responsabilités
se sont considérablement accrues. De par leur histoire, les
Loméennes sont probablement mieux préparées pour faire
face aux défis qui se posent aujourd'hui à elles.
Pour Adjamagbo et Antoine Philippe, le
chômage, la diminution du pouvoir d'achat, le déclin
général des conditions de vie à Dakar ont rendu caduques
les espoirs d'ascension sociale que les femmes ont coutume de mettre dans le
mariage. La désormais nécessaire recherche de revenus pour
relayer les chefs de famille est une condition relativement nouvelle à
laquelle les dakaroises sont certainement moins bien préparées
que leurs homologues togolaises. L'un des signes de cette relative
vulnérabilité des femmes, face aux nouveaux défis qui se
posent à elles, se lit dans la rapidité avec laquelle les
divorcées se remarient à Dakar, alors même que souvent
l'incapacité financière du mari est la cause de la rupture de
leur précédente union. La logique ici est simple : si le
précédent mari n'a pas su tenir ses engagements, le prochain fera
probablement mieux
Alors que la fréquence du divorce,
caractéristique de Dakar, peut laisser penser à une prise de
distance face au mariage et à une tendance à
l'émancipation féminine, la rapidité du remariage souligne
la solidité de l'institution matrimoniale et nuance les mutations
structurelles. Certes, sous la pression des aléas économiques,
les cadres sociaux définissant la place de l'homme et de la femme dans
la société se fragilisent mais ils demeurent encore tenaces et si
le rôle des femmes change, leur statut progresse en revanche
péniblement.
Les deux auteurs concluent en disant que quel que soit le cas,
les évolutions à venir montreront comment les femmes
négocient la transition. À Lomé, comme à Dakar,
l'élargissement du rôle des femmes signifie aussi trop souvent des
charges encore plus lourdes à porter, sans que les retombées
économiques et sociales ne permettent de conclure à un
progrès réel de la condition des femmes. Nul doute que les
situations varieront en fonction de facteurs liés à
l'appartenance sociale, au niveau d'éducation mais aussi à la
volonté des politiques d'accompagner ces changements. La voie de
l'autonomie est ouverte mais son chemin est encore long.
L'un des apports de cette étude de l'IRD à notre
recherche est le fait qu'elle nous renseigne sur les contraintes culturelles
à l'autonomie féminine à Dakar où, contrairement
à la ville de Lomé, le mariage constitue le facteur essentiel de
la valorisation sociale de la femme malgré la crise qui diminue
aujourd'hui les capacités économiques des hommes pour une prise
en charge de tous les besoins de leurs épouses.
Cette étude aurait pu nous apporter plus si les auteurs
avaient abordé d'autres aspects de la question relatifs notamment aux
caractéristiques socio- économiques des femmes de Dakar, à
la nature de leurs charges dans le ménage et ainsi qu'à leur
dynamique communautaire en cours.
Josette Nguébou Toukam et Muriel
Frabré - Magnan « Les
enseignements de la tontine »
Le mot « tontine » viendrait de
Laurenzo Tonti,Napolitain qui inventa ce genre d'opération. En Afrique
la tontine prend une signification sociale, théorique et pratique. Les
tontines sont des associations de personnes souvent liées par un point
commun (membres d'une même famille, d'un même quartier, ou encore
d'une même ethnie), qui font des versements réguliers en nature et
en argent et dont le total est distribué à tour de rôle aux
membres de l'association.
Les auteurs nous rappellent l'objet des tontines qui peuvent
être : argent (« finance solidaire »), travail
(on cultive mon champs, demain le tien)...Ils expliquent également le
principe et le mode de fonctionnement de ces tontines.
La tontine existait déjà dans l'Afrique
précoloniale donc avant même l'introduction de la monnaie mais le
mécanisme de l'achat est beaucoup plus récent. Elle joue un
rôle très global dans les sociétés africaines :
à la fois moyen d'épargne et de financement de projets mais aussi
et surtout lieu de création de lien social et de solidarité. En
fait, la tontine est en Afrique bien plus qu'un contrat. En effet, il y'a la
parole donnée comme dans tout contrat mais la tontine est bien plus
qu'un échange de droits et d'obligations. La participation à une
tontine implique une coopération, une solidarité avec les membres
du groupe même en dehors de l'objet précis du contrat de tontine.
On est ainsi tenu de se soucier du sort des autres. Elles constituent
même une forme de sécurité sociale en cas de
décès, maladie...
Par ailleurs, ils nous montrent que la tontine ne tient que
par la confiance et le respect mutuel. « La parole
donnée » prend ici tout son sens. Là, ils mettent en
opposition la logique du droit et celle de la tontine qui est en
réalité constitutive d'un ordre qui n'est pas fondamentalement
celui du droit. Elle n'entre pas dans ce qui relève de l'Etat car ce
n'est pas l'Etat qui est garant de la parole donné. La sanction sociale
(réprobation par tous, parfois reproche silencieux, parfois mise en
quarantaine...) qui prévaut dans les tontines est
considérée comme beaucoup plus grave que toute autre forme de
sanctions judiciaire ou étatique. précisent les auteurs.
En concluant, les deux auteurs nous disent qu'il y'a autant de
leçons à apprendre ou à réapprendre de
l'Afrique.
Les deux auteurs nous ont fourni dans leur étude
beaucoup d'informations sur les tontines concernant leur signification, leur
objet et leur valeur sociale en Afrique. Elle présente toutefois des
limites pour notre étude dans le sens où elle n'insiste pas sur
des aspects importants pour nous comme l'engagement des femmes
défavorisées dans les tontines et son impact sur leurs conditions
de vie ainsi que le rapport entre ces tontines et les institutions de
microfinance.
Bernard Taillefer (1996),
dans un ouvrage intitulé « Guide de la banque pour
tous », montre que depuis plusieurs années, des
expériences souvent réussies de petits crédits à
destination des populations démunies se sont multipliées dans
divers pays du monde (Grameen Bank au Bengladesh, Bancosol en Bolivie...) et
notamment dans les pays africains. Ces multiples initiatives vont des grands
réseaux d'épargne et de crédit aux tontines de villages en
passant par les banques populaires, caisses d'épargne et de
crédit, banques villageoises...L'auteur affirme que ces initiatives sont
généralement les héritiers de deux traditions : l'une
initiée à la fin du XIX ème siècle en Allemagne par
Raiffeisen et au Canada par Desjardins, l'autre il y'a une vingtaine
d'année au Bengladesh par Mohamed Yunus avec comme lien commun de sortir
les populations défavorisées de la pauvreté. Il aboutit
à un constat pour dire que partout dans le monde, des femmes et des
hommes ont su s'organiser seuls, massivement, pour tenter d'apporter des
solutions à leurs problèmes et que les êtres humains,
même pauvres, même illettrés, peuvent s'organiser pour
prendre en charge leurs besoins.
Il nous explique qu'aujourd'hui, en Afrique, des millions de
personnes, en situation de survie, exclues du système classique
bancaire, sont en attente de financement, condition de leur
développement. C'est le cas des femmes africaines, qui depuis la
dévaluation du Francs CFA qui a provoqué des
déflatés, des ?conjoncturés?, sont obligées de se
lancer dans des activités de petit commerce pour payer la
scolarité des enfants, les frais de santé et les dépenses
courantes du ménage.
L'auteur demande une relecture des expériences de
Raiffensen , Desjardin et Yunus pour trouver l'outil nécessaire pour sa
communauté ou pour un public déterminé d'autant plus
qu'informe -t-il, tous ceux qui ont monté des systèmes
financiers pour les pauvres n'étaient pas banquiers. Ces derniers ne le
peuvent pas parce qu'ils sont dans une logique de profit et non de service.
Taillefer explique aussi en termes simples le fonctionnement
de la banque mutualiste et les contraintes de la gestion de l'argent. Puis, il
parle des mécanismes de gestion de l'épargne, du crédit et
du contrôle de l'ensemble de l'édifice bancaire. Il
présente également les différents types de systèmes
mutualistes : mutuelles de solidarité (caisses d'épargne,
mutuelles...), banques communautaires qui appuient et contrôlent les
mutuelles, les sociétés d'investissement, les réseaux. Les
différents outils de gestion de ces structures des populations
défavorisées sont aussi passés au peigne fin (capital,
épargne, prêts, organes, sécurité...) ;
Enfin, l'auteur demande de sortir de ce cadre en montrant que
l'épargne et le crédit seuls n'ont jamais développé
personne. « Il faut dépasser le cadre des outils de
financement pour atteindre celui des moyens vivre dans une dynamique
communautaire de développement » dit -il. Et à ce
niveau, il n'y a qu'une racine du développement : la production.
L'ouvrage de Taillefer présente un grand
intérêt pour notre étude. En effet, ce guide pratique de la
microfinance nous des informations détaillées sur la
création et le fonctionnement d'une IMF après nous avoir
retracé les grandes expériences du mouvement mutualiste à
travers le monde.
L'un des points faibles de cet ouvrage pour nous,
réside dans l'insuffisante corrélation entre les institutions de
microfinance et les activités des femmes surtout dans la lutte contre la
pauvreté.
Darombaye DJERAREOU (2006), dans son
mémoire de maîtrise soutenu à Institut de Formation et de
Recherche en Population Développement et Santé de la Reproduction
(I.P.D.S.R), intitulé « Micro finance et renforcement des
capacités des femmes au Sénégal : Rôle du
crédit accordé par la FDEA au groupe des femmes
défavorisées de HLM Montagne », décrit
d'abord les caractéristiques sociodémographiques des femmes
défavorisées membres de cette institution (âge, niveau
d'étude...). Elle montre ensuite que la majorité de sa cible est
composée de jeune avec un niveau d'étude relativement bas,
s'activant majoritairement dans le secteur informel. Son étude indique
que les revenus générés par leurs activités sont
utilisés pour la famille, les cérémonies sociales,
l'épargne et l'investissement. Elle aboutit ainsi à la conclusion
qui montre que les petits crédits reçus de la FDEA sont bien
à l'origine de changements et d'impacts socio- économiques sur
les femmes défavorisées.
Le travail de Darombaye dans son mémoire de
maîtrise est celui qui nous a présenté le plus
d'intérêt dans notre recherche. Il nous a permis d'avoir beaucoup
d'informations sur la situation socio-économique des femmes
défavorisées, sur leurs charges, sur leur appréciation des
services d'une IMF et sur l'utilisation qu'elles font de leurs revenus.
Ce mémoire présente toutefois des limites pour
nous en ce qui concerne surtout l'étude de la satisfaction des femmes
défavorisées par rapport aux services des IMF.
Susy Cheston et Lisa Kuhn(2002), étude
intitulée « Le renforcement du pouvoir
d'action des femmes par la microfinance ».
Dans ce document, les deux auteurs démontrent que
même si la microfinance n'abaisse pas toutes les barrières contre
le pouvoir d'action des femmes, les programmes de microfinance, quand ils sont
bien conçus, peuvent apporter une
contribution importante au renforcement de ce pouvoir,
notamment chez les femmes défavorisées. Ils commencent par
examiner des théories en faveur du ciblage de cette catégorie
sociale par la microfinance et les conséquences qui en résultent
en termes de renforcement de leur pouvoir d'action. A partir d'études et
d'expériences menées en Afrique, en Asie et en Amérique
Latine, ce document montre l'impact de la microfinance sur les femmes en termes
à la fois de pouvoir d'action et d'accroissement du bien-être.
Tout en reconnaissant qu'il n'existe pas d'indicateurs universels permettant de
mesurer le renforcement du pouvoir d'action, le document présente
certains types de changements qui sont importants et significatifs quelque soit
la culture. Les auteurs s'appuient sur une étude de cas
détaillée de l'organisation Sinapi Aba Trust (SAT), partenaire
d'Opportunity International au Ghana. A partir de cette étude et des
expériences d'autres IMF, ils identifient une variété de
facteurs et de stratégies qui peuvent apporter une contribution
significative au renforcement du pouvoir d'action tels que la formation en
gestion, les discussions sur des questions sociales, l'aide et le conseil, la
prise de décision et le leadership, la gestion et le contrôle
d'une IMF. Ils étudient également comment la contribution
économique des femmes au foyer et à la communauté renforce
leur pouvoir d'action. Les auteurs de cette étude proposent aussi
certaines stratégies tirées de l'expérience d'IMF à
travers le monde pour soutenir le renforcement du pouvoir d'action des femmes
ainsi que leurs résultats, en insistant sur celles qui sont les plus
prometteuses. Les auteurs terminent enfin en ressortant des axes
stratégiques pour l'amélioration des conditions de vie des femmes
défavorisées.
L'étude de Cheston et kuhn nous
permet de savoir pourquoi le ciblage des femmes par les IMF et quels sont les
changements que peut apporter le pouvoir d'action des femmes. Elle nous indique
que la microfinance renforce le pouvoir d'action des femmes en particulier
celui de leur contribution dans leur foyer. Toutefois, les auteurs ne donnent
pas la parole aux femmes afin qu'elles ressortent leur difficultés mais
aussi les limites des institutions de microfinance pour le renforcement de
leurs capacités.
La Commission Economique pour l'Afrique (CEA, 1999)
a présenté à la sixième conférence
régionale africaine sur les femmes, à mi-parcours de la plate -
forme de Dakar et du programme d'action de Beijing, un rapport
d'évaluation portant sur « Le rôle vital de la femme
dans la famille, la culture et la socialisation ».
Dans ce rapport, la commission montre d'abord que les femmes
sont confrontées à des contraintes et obstacles qui ont pour
noms : urbanisation croissante, crise de modernisation, culture de
consommation, pauvreté, relations de pouvoir
inéquitables...Ainsi, les femmes jouent un rôle crucial au sein de
la famille et des sociétés africaines mais n'ont
généralement aucun pouvoir.
Le rapport affirme que certaines pratiques culturelles
favorisent la propagation de maladies comme le VIH/SIDA ; l'accès
à l'information des femmes impact aussi sur l'exercice de leurs droits
ainsi que sur leur capacité de négociation et de communication.
Le document a insisté sur la nécessité
d'analyser les structures et les dispositifs institutionnels qui favorisent
l'assujettissement des femmes pour pouvoir la combattre efficacement
(environnement national, législation, économie, politique).
Enfin, la CEA propose plusieurs recommandations parmi
lesquelles :
- Encourager la paix et la stabilité, conditions
premières du bien-être continu des sociétés et des
familles, dans tous les pays.
- Eliminer dans toutes les institutions sociales, au moyen de
l'éducation, les attitudes culturelles négatives et les pratiques
traditionnelles néfastes qui entravent la participation des femmes
à la vie politique et publique.
- Renforcer la solidarité et les structures ayant pour
mission d'améliorer la stabilité familiale et les systèmes
d'appui social. Ceci pour apporter une solution à l'isolement des
familles urbaines surtout des nouveaux couples.
- Encourager la recherche sur la famille et renforcer le
rôle des médias dans la promotion de l'égalité entre
les sexes.
L'intérêt que nous trouvons dans ce rapport
d'évaluation de la CEA réside dans le fait qu'il procède
à une analyse des fondements culturels qui entravent l'exercice par les
femmes d'un rôle de premier ordre dans les familles et
sociétés africaines.
Il nous propose également des recommandations très
intéressantes pour renforcer ce rôle dans le sens où elles
placent l'éducation et la solidarité au centre de la promotion de
la femme. Toutefois, un manque d'analyse plus poussée des rôles
des femmes et de l'impact des IMF sur ces rôles fait que ce document
comporte des limites pour notre recherche.
La loi n° 95-03 du 5 janvier 1995
portant réglementation des institutions mutualistes ou
coopératives d'épargne et de crédit (loi PARMEC)
adoptée par l'Assemblée nationale en sa séance du vendredi
23 décembre 1994.
Cette loi comporte six (06) titres et soixante (60) articles.
Les six titres sont relatifs aux aspects suivants :
- Définitions
- Champs et modalités d'application
- Institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne et de crédit à la base :
· Organisation
· Fonctionnement
· Incitations fiscales
· Fusion, scission, dissolution et liquidation
- Institution mutualistes ou coopératives
faîtières
· Types de regroupements
· Dispositions communes aux unions,
fédérations et confédérations
· Organes financières
- Surveillance et contrôle
· Contrôle interne
· Contrôle et surveillance externe
· Administration provisoire
- Infractions et sanctions
- Dispositions transitoires et finales
La loi PARMEC nous a permis de connaître, au moment de
faire notre étude, les définitions données à
certains termes dans le milieu de la microfinance mais également les
obligations des IMF dans la zone UEMOA.
DROY Isabelle « Femme et
développement », Paris, Karthala, 1990, 182 p.
Dan son ouvrage, l'auteur nous rappelle la diversité
des activités productives des femmes (petit commerce, cultures
vivrières et commerciales, travaux domestiques) ainsi que leur pouvoir
économique très faible dû aux effets de la croissance..
Elle analyse l'échec de la situation économique et sociale en
Afrique et se demande si « l'oubli » des femmes ne peut pas
être une raison de la faillite des programmes de développement.
Elle retrace l'histoire et l'évolution de la condition
inférieure des femmes en Afrique et révèle les contraintes
spécifiques des femmes liées à la production et à
la reproduction. Il propose des solutions parmi lesquelles l'organisation des
femmes en groupements. Le groupement constitue en effet pour elle une source
d'autonomie pour les femmes. Les groupements féminins d'origine
traditionnelle et spontanée revêtent un degré de
collectivisation significative même s'ils peuvent avoir des
intérêts collectifs ou individuels ; selon l'auteur, il est
essentiel de prendre en compte le dynamisme et les intérêts des
femmes pour la réussite des intervenants en leur faveur, sinon elles
peuvent elles-mêmes bloquer les projets, accentuant ainsi leur
marginalisation. Elle ouvre un champ de réflexion sur la forme
d'organisation à promouvoir pour que les femmes puissent exprimer et
valoriser leurs capacités. Son ouvrage présente beaucoup
d'intérêts pour notre étude car il analyse la situation
socio-économique des femmes et leur nécessaire prise en compte
dans les projets de développement afin de renforcer leurs
capacités et leur pouvoir de décision. Seulement, nous lui
reprochons de n'insister que sur les groupements féminins d'origine
traditionnelle et de passer sous silence les structures de micro finance
actuelles qui, par leur structuration et leur dynamisme, constituent de
véritables leviers de développement. Elle ne précise pas
également les raisons de « l'oubli » des femmes dont elle
parle.
1. 4- Cadre de Référence
Dans cette partie, il s'agit de clarifier certains concepts
qui relèvent de notre question de recherche mais aussi d'établir
la relation entre eux. Il s'agit des concepts de :
- Capacité de réponse
- Besoin
- Accompagnement
- Groupement de femmes
Selon le petit Robert, la capacité
est la puissance de faire quelque chose.
|
Quant au dictionnaire virtuel Encarta 2009, il
définit la capacité comme étant
l'aptitude dans le domaine de la pensée, du sentiment ou de
l'action ; c'est aussi le potentiel de production.
Le concept de réponse est
défini par le dictionnaire virtuel Encarta comme étant
un Elément qui constitue une solution.
Pour le petit Robert,
réponse signifie une solution, une explication
apportée à quelqu'un par le raisonnement, par un dogme ou une
science.
Dans notre étude, capacités de
réponse désigne les aptitudes et le potentiel
qu'à l'IMCEC pour apporter une solution aux besoins d'accompagnement des
des femmes de Mbour sud bénéficiaires de financement de
l'IMCEC.
Le concept de besoin est défini par
Encarta 2009 comme étant une nécessité
impérieuse (de quelque chose, de quelqu'un ou de faire quelque
chose).Rejetant le concept de développement dominant au nord, une
équipe inter pluridisciplinaire de chercheurs latino - américaine
dirigée par Manfred Max - Neuf, économiste
chilien, a formulé le concept de besoins fondamentaux.
Selon cette équipe, les besoins fondamentaux sont communs à tous
les peuples, dans toutes les cultures. Ils sont au nombre de neufs :
Protection, Affection, Compréhension, Participation, Création,
Sérénité, détente, Identité,
Liberté.
Pour qu'un groupe se développe, en tant que
communauté humaine, il faut que tous les besoins de ses membres soient
reconnus et acceptés. Les besoins sont limités mais les moyens
de satisfaction peuvent être illimités et dépendent de
chaque culture qui se fixe ses propres moyens.
Le développement humain se crée par la
combinaison harmonieuse entre ces besoins et les moyens de les satisfaire.
De son côté, A MASLOW a développé
la théorie de la hiérarchie des besoins34(*) de l'homme. Ces
besoins sont au nombre de cinq catégories:
- Les besoins physiologiques (manger, boire,
dormir...) ;
- les besoins de sécurité (se sentir à
l'abri des dangers présents et futurs)
- les besoins d'appartenance (donner et recevoir de
l'affection, de l'amitié et de l'amour ; faire partie d'un groupe
quelconque)
- les besoins d'estime (s'estimer soi - même, être
estimé par les autres)
- les besoins d'actualisation (utiliser et développer
tout son potentiel, croître, grandir, s'améliorer)
Selon MASLOW, ces cinq
besoins sont hiérarchisés et vont de bas en
haut. Lorsque les besoins d'un niveau inférieurs sont satisfaits, ils
cessent d'être des motivateurs et l'homme cherche alors à
satisfaire les besoins du niveau qui suit. Ainsi les besoins non satisfaits
peuvent servir de motivateurs du comportement de l'homme.
Dans notre recherche, le concept de besoins
correspond, tel qu'indiqué par Maslow, aux besoins d'actualisation qui
permettent aux femmes défavorisées de Mbour sud de
développer tout leur potentiel pour croître et s'améliorer.
Il s'agit en outre des besoins reconnus et acceptés par ces femmes comme
cela est défini par Max Neuf.
Le petit Robert définit la
capacité comme étant la puissance, le pouvoir de faire
quelque chose, l'aptitude, la force. Nous appelons
capacité dans notre étude, l'aptitude des IMF
à apporter des réponses face aux besoins de financement des
femmes défavorisées de Mbour sud.
Le concept de défavorisée est défini
dans Encarta 2009 comme quelqu'un qui est privé d'un bien ou d'un
intérêt.
Nous appuyant sur cette définition, nous
considérons dans notre étude, comme femmes
défavorisée, toute personne de sexe féminin,
privée d'un bien ou d'un intérêt qui peut être
économique ou social et qui soit sociétaire de l'IMCEC.
En définitive, il s'agit dans le cadre de cette
étude, d'identifier les aptitudes et le potentiel qu'à l'IMCEC
pour apporter une solution à l'impérieuse nécessité
pour les femmes défavorisées de Mbour sud, privés d'un
intérêt économique ou social, de disposer de financements
afin de développer tout leur potentiel pour croître et
s'améliorer.
|
1-5- 0bjectifs de la recherche
1-5-1- Objectifs
général :
Etudier la capacité de réponse de l'IMCEC Mbour
face au besoin de financement des femmes défavorisées de Mbour
sud.
1-5-2-Objectifs
spécifiques :
- OS1 : Identifier le profil socio-
économique des femmes défavorisées de Mbour sud,
sociétaires de l'IMCEC.
- OS2 : Identifier les services offerts
aux femmes défavorisées par l'IMCEC Mbour.
- OS3 : Analyser le niveau de
satisfaction des femmes défavorisées en rapport avec les services
offerts par l'IMCEC.
2-1- Méthode et type de recherche
Nous avons décliné à ce niveau la
méthode de recherche et le type de recherche.
2-1-1- Méthode de recherche
Pour arriver à une connaissance optimale de notre
sujet, nous avons choisi la méthode de recherche qualitative. Pour
Taylor et Bogdan (1984), la méthode qualitative
« désigne ordinairement la recherche qui produit et analyse
des données descriptives, telles que les paroles écrites ou
dites, et le comportement observable des personnes ».
Le choix de cette méthode se justifie par le fait que
notre préoccupation est de comprendre de façon absolue et
élargie, la capacité de l'IMCEC à répondre au
besoin de financement des femmes défavorisées de Mbour.
2-1- 2- Type de recherche
Notre recherche est de type exploratoire descriptif. Elle
consiste à décrire, nommer et caractériser les
capacités de réponse de l'IMCEC face au besoin de financement
des femmes défavorisées de Mbour.
Le choix de ce type de recherche se justifie par le fait que
nous tentons dans cette recherche de décrire les faits tels qu'ils se
présentent.
2-2- Univers de la recherche
Il englobe le cadre d'étude et la population parent.
2-2-1- Le cadre d'étude :
Nous abordons d'abord le cadre global de l'étude,
à travers la présentation du Sénégal dans ses
aspects physiques, démographiques, politiques, économiques ainsi
que la politique dans le secteur de la microfinance.
Ensuite, nous présentons la région de
Thiès et enfin de la commune de Mbour.
2-2-1-1- Présentation du Sénégal
Nous nous intéressons ici aux aspects physiques,
démographiques, politiques et économiques et à la
politique nationale dans le secteur de la microfinance.
? Aspects géographiques
Le Sénégal se situe à l'avancée la
plus occidentale du continent africain dans l'Océan atlantique, au
confluent de l'Europe, de l'Afrique et des Amériques, et à un
carrefour de grandes routes maritimes et aériennes. D'une superficie de
196 722 km2, il est limité au nord par la Mauritanie, à l'est par
le Mali, au sud par la Guinée et la Guinée Bissau, à
l'ouest par la Gambie, et à l'ouest par l'Océan Atlantique sur
une façade de 500 km. Pays plat aux sols sablonneux ne dépassant
pas 130 m d'altitude sauf à la frontière sud-est vers la
Guinée, le Sénégal est traversé par trois fleuves
d'est en ouest : (1700 km) au nord, la Gambie (750 km) et la Casamance
(300 km) au sud.
? Aspects démographiques
Avec un rythme d'accroissement annuel de 2,7 %, la population
du Sénégal est estimée à près de 12
171 265 habitants (projection de 2009). (ANSD, 2009)
C'est une population relativement jeune, avec environ 58 % qui
ont moins de 20 ans et en majorité rurale (61 % des
Sénégalais vivent en milieu rural). Les femmes sont au nombre
total de 6 150 750 alors que les hommes font 6 020 515.
La population est inégalement répartie sur
l'espace national. Les ¾ de la population vivent sur une superficie
représentant 18 % de l'ensemble du territoire. Toutefois, elle varie
entre 3659 habitants au Km2 à Dakar et près de 9 habitants au Km2
dans la région de Tambacounda. (Ibid.).
Le pays compte quatorze régions: Dakar, Diourbel,
Fatick, Kaffrine, Kédougou, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint Louis,
Sédhiou, Tambacounda, Thiès, Ziguinchor.
Les principaux groupes ethniques sont les Wolof (43 %), les
Pulaar (24 %), les Serer (15 %), les Joola (9 %) et les Manding (5 %). On note
également d'autres groupes ethniques comme les Balante, les Bassari,
etc. (Ibid.)
? Aspects économiques
La mise en oeuvre de politiques de stabilisation depuis la fin
des années 70, suivies des premiers programmes d'ajustement structurel
au milieu des années 80, a certes contribué à
améliorer le cadre macro-économique du Sénégal,
mais les performances économiques sont restées en
deçà des espérances. De manière
générale, la période 1979 - 1993 a été
marquée, au plan macroéconomique par un net ralentissement de la
croissance économique en termes réels, voire même une
contraction en 1993, entraînant la mise en place d'un « Plan
d'urgence » de restauration des capacités financières de
l'État. (Ministère de l'économie et des finances,
2010).
A la suite de la dévaluation du franc CFA en janvier
1994, l'économie sénégalaise a renoué avec la
croissance, le PIB réel ayant crû de 2,9% en 1994 et de plus de 5%
par an en moyenne entre 1995 et 2001.
Cependant, le retour de la croissance enregistré sur la
période 1995-2001 n'a pas contribué à améliorer
les conditions de vie des populations et à garantir une réduction
significative de la pauvreté.
Le Sénégal est ainsi considéré
comme un pays pauvre et a regagné le rang des pays moins avancés
(PMA), avec un indice de développement humain (IDH) de 0,499
(PNUD, 2005), un taux de croissance qui est tombé en
2008 à 3,3 % et un PIB de 5 944 milliards de FCFA (2008).
En somme, la faiblesse de l'investissement, l'atonie de
l'agriculture et de l'industrie expliquent le nombre modeste d'emplois
générés par la croissance économique et sa faible
propagation vers les populations les plus pauvres notamment les femmes.
(ANSD, 2010).
2-2-1-2- La Politique Nationale de
Microfinance
Les premières expériences d'institutions
mutualistes Financières (IMF) en Afrique de l'ouest datent des
années 70. Elles ont ensuite connu une croissance très rapide
dans les années 1990 dans les pays de l'UEMOA et au
Sénégal. (AQUADEV- 1999).
L'évolution des Institutions Mutualistes
Financières (IMF) est marquée au Sénégal par deux
périodes:
· une première période
caractérisée par l'émergence du système et la mise
en place du cadre juridique régissant les institutions, entre 1993-1997.
· une deuxième période de consolidation qui
a débuté avec le regroupement de certaines structures en vue de
se doter d'institutions faîtières (unions,
fédérations, confédération). Elle va de 1997
à nos jours.
Au cours de la première période a
été adopté un dispositif transitoire relatif à
l'organisation, aux conditions d'agrément et de fonctionnement des
structures mutualistes d'épargne et de crédit
(Arrêté n°1702 du 23/02/1993).
Une nouvelle loi est venu compléter cette disposition
afin d'élargir le domaine d'intervention de la législation sur
les IMF. Il s'agit de la loi 95 - 03 du 05 janvier 1995 portant
réglementation des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargne et de crédit et dont le décret d'application ne
sera publié qu'en novembre 1997.
Le secteur est ainsi dans une dynamique de consolidation de
1997 à nos jours. Quand à l'expansion du système, il s'est
traduit par une augmentation du nombre de structures et une réelle
performance financière. Les IMF passent en effet de 120 en 1997
à 833 en fin décembre 2005. Ces structures qui comptaient 442 650
membres, ont mobilisé un montant de 34,909 milliards de francs CFA de
dépôt et distribué 33,312 milliards FCFA de crédit
en fin 2003. (APIMEC, 2003).
Aujourd'hui, l'analyse de la situation des IMF du
Sénégal fait ressortir trois tendances :
ü Une solide implantation des grands réseaux tels
que CMS, ACEP et PAMECAS ;
ü Des réseaux qui émergeant : U-IMCEC,
RECEC, UMECU DEF, REMECU, etc. ;
ü des Institutions de base qui connaissent une
évolution mitigée
Le gouvernement a ensuite élaboré, en 2004, une
Stratégie Nationale de Microfinance (SNMF),
validée à travers la Lettre de Politique sectorielle de la
microfinance.
La Stratégie Nationale de Microfinance définit
les principes directeurs d'intervention de l'Etat et des différents
acteurs ainsi que les grandes orientations de développement de la
microfinance. Les Institutions de Microfinance, leur association et leur
clientèle, le Gouvernement et les collectivités locales, la
BCEAO, les Bailleurs de Fonds, les ONG et autres structures d'appui technique
ont tous travaillé, dans une démarche participative, à
l'élaboration de SNMF. La vision future du secteur, retenue par ces
acteurs, reflète ainsi la diversité de leurs attentes ; il
s'agit de : "disposer d'un secteur de la microfinance professionnel, viable et
pérenne, diversifié et innovant, intégré au secteur
financier, assurant une couverture satisfaisante de la demande du territoire et
opérant dans un cadre légal, réglementaire, fiscal et
institutionnel adapté".
Ainsi, l'objectif de développement de la SNMF est
de favoriser l'accès à des services de microfinance viables et
durables à une majorité des ménages pauvres ou à
faibles revenus et des micro - entrepreneurs sur l'ensemble du territoire
d'ici à 2015, grâce à des IMF viables s'intégrant
dans le système financier national. Quatre (4) objectifs
immédiats sont reliés à cet objectif de
développement. Ils sont relatifs à l'environnement légal
et réglementaire, au cadre institutionnel dans lequel évoluent
les IMF, à leur professionnalisation et à l'articulation de la
microfinance au secteur bancaire classique.
L'activité de microfinance est par ailleurs
actuellement soumise à un contrôle tant de la part de l'Etat du
Sénégal que de la BCEAO dans le cadre d'une politique commune
adoptée par l'ensemble des pays membres de l'UEMOA, à travers la
loi n° 95-03 du 5 janvier 1995 portant réglementation des
institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de
crédit plus connu sous le nom de loi PARMEC (Projet
d'Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d'Epargne et de
Crédit dans l'UMOA).
Parallèlement à la loi bancaire, qui
régit les banques et les établissements financiers, la loi PARMEC
gouverne les structures spécialisées dans les services bancaires
destinés au plus grand nombre, et dont une des caractéristiques
principales est la faible taille des transactions.
Le secteur de la microfinance, malgré des limites
montrées par certaines institutions, a beaucoup contribué
à l'augmentation des revenus des populations sénégalaises
par un accès à des services financiers. Cependant, pour
être un instrument efficace de lutte contre la pauvreté, la
Microfinance doit savoir s'adapter aux conditions économiques et
sociales spécifiques rencontrées dans le monde rural, dans les
zones urbaines et au niveau les femmes pauvres.
2-2-1-3- Présentation de la région
de Thiès
La région de Thiès s'étend sur une
superficie de 6 601 km². Elle est limitée au Nord par la
région de Louga, au Sud par la région de Fatick, à l'Est
par celles de Diourbel et Fatick, à l'Ouest par la région de
Dakar et l'Océan Atlantique. (ANSD, 2008).
Sur le plan administratif, la région est
découpée en trois (03) départements (Thiès, Mbour
et Tivaouane) et dix (10) arrondissements.
Avec une population estimée à 1 413 448
habitants en 2006(ANSD, 2006), la région de
Thiès se situe à la deuxième place après la
région de Dakar. Les femmes constituent la majorité de cette
population avec 50.1% contre 49.9% pour les hommes. La densité de la
population y est de 219 habitants au km². L'analyse de la densité
révèle que le département de Mbour arrive en tête
avec 296 habitants au km² suivi de Thiès, 264 habitants au km²
et de Tivaouane 198 habitants au km².
La région est également en deuxième
position après Dakar en ce qui concerne l'économie. Elle dispose
en effet d'un potentiel économique important, avec des secteurs
dynamiques tels que l'agriculture, l'élevage, la pêche, le
tourisme, l'artisanat, le commerce et des mines.
Au niveau de l'agriculture, la région de Thiès
présente des atouts importants, particulièrement dans le domaine
de la production maraîchère (2ème pôle de production
après Dakar) et de l'arboriculture fruitière (2ème
après la Casamance).
Le secteur de la pêche occupe une place de choix dans le
poids économique de la région du fait de l'étendue de ses
côtes.
L'étendue de la façade maritime, la richesse et
la diversification des produits offertes concourent à la promotion du
secteur touristique dans la région. Ce secteur qui peut être,
à coup sûr, une rampe de croissance pour les autres secteurs
(agriculture, pêche, élevage et artisanat) sur lesquels il exerce
une forte demande, et devrait pouvoir contribuer ainsi de manière
substantielle au relèvement du niveau de vie des populations de la
région. Il est toutefois en récession depuis quelques
années.
Le secteur du commerce, particulièrement celui du
détail, constitue une réponse pertinente à la lutte contre
la pauvreté parce que fournissant des opportunités de
création de richesse. Cependant, celui-ci souffre de multiples
contraintes qui devront être levées pour permettre aux acteurs de
sortir de leur situation de précarité.
La région de Thiès a l'avantage d'être
relativement bien pourvue en infrastructures éducatives, ce qui en fait
une des régions se situant au premier plan dans l'offre éducative
et de formation professionnelle. (ANSD, 2008).
La région de Thiès possède aussi
d'importantes infrastructures sanitaires qui lui confèrent la
deuxième position dans ce domaine, après la région de
Dakar.
S'agissant de l'assainissement, le réseau
d'égouts, bien que sensiblement amélioré dans la Commune
de Thiès notamment, présente tout de même quelques limites.
(Ibid.).
2-2-1-4- La commune de Mbour
La ville de Mbour chef lieu du département du
même nom est à 83 km de Dakar, la capitale de la république
du Sénégal ; La ville de Mbour s'étend sur 6 km en
bordure de mer.
Cette situation lui confère de nombreux atouts au vue
du développement des activités touristiques tout le long de la
petite côte et surtout grâce aux fortes potentialités
offertes par les activités de pêche, la transformation et la
commercialisation des produits halieutiques. (DIOP, 2009).
Elle joue également un rôle d'échange et
de commerce très important, dont le rayonnement va au-delà de la
région de Thiès.
Traversée par la route nationale n°1 Dakar
Kaolack, et la route départementale n°101 vers Joal - Fadiouth,
Mbour est reliée à la ville de Thiès par plusieurs
ébranchements dont la route régionale qui passe par Ndiass. La
ville assume ainsi un rôle de relais et de carrefours dans les
échanges avec les autres parties du Sénégal.
Erigée en commune depuis le 04 Décembre 1926,
Mbour est aujourd'hui l'une des 15 collectivités locales du
département. Son développement spatial connaît des
entraves, enserrée qu'elle est entre la communauté rurale de
Malicounda au Nord, à l'Est et au Sud et l'océan atlantique
formant sa façade ouest. Ce qui fait que ses possibilités
d'extension se sont depuis longtemps épuisées.
La population de Mbour était de 176 277 habitants
en 2002. Son estimation est de 193 368 habitants en 2009 et de
232 296 en 2015. (ANSD, 2006).
Selon cette agence, le taux d'accroissement de la population
tournait autour de 6,6% entre 1976 et 1998
Selon le forum pour le développement de Mbour, tenu en
2002, la ville développe plusieurs des fonctions commerciale,
touristique, halieutique, artisanale, culturelle et sportive, de transport,
administration, d'Education et de santé (Commune de Mbour,
2004).
La fonction halieutique avec le secteur de la pêche qui
a longtemps occupé une place prépondérante dans du PNB et
le PIB se heurte actuellement à de nombreuses contraintes. Les mises
à terre se réduisent de plus en plus à cause de la
rareté de la ressource, des mauvaises pratiques de pêche, de la
pollution marine et de la vétusté de l'armement.
Cette situation du secteur plonge actuellement de nombreuses
familles dans une pauvreté croissante.
Le tourisme qui employait une bonne partie des jeunes et des
femmes, connaît depuis quelques années une situation de crise
plongeant ces derniers dans le chômage.
La commune de Mbour compte 27 quartiers officiels dont
les plus grands et les plus peuplés se trouvent dans la
périphérie de la ville. Une démographie galopante et mal
maîtrisée pose en ce moment des problèmes d'organisation,
de gestion de ces fonctions précitées et du cadre de vie.
La zone de Mbour sud est située sur un axe allant de la
préfecture à la sortie de la ville en passant par la route de 44
jusqu'au ?robinet Dimi NDOYE?. Elle regroupe les quartiers Mbour
sérère souf, Mbour Maure, Mbour Toucouleur, Mbour
sérère Kaw, Zone Sonatel, Gouye Mouride et Darou salam.
2-2-1-5- Présentation de l'IMCEC
Mbour
1- Identification de l'organisation
L'Institution Mutualiste Communautaire d'Epargne et de
Crédit (IMCEC) est une structure financière
décentralisée crée en 2005 et reconnue par la
décision N°TH 1.05.00430 de l'AT-CPEC avec comme objectifs
proclamés :
· collecter l'épargne de ses membres et de leur
octroyer du crédit.
· favoriser la solidarité et la coopération
entre les membres.
· promouvoir des activités d'éducation, de
santé, socio-économiques et coopératives de ses
membres.
L'IMCEC compte deux caisses dans la commune de Mbour.
Les quartiers de Mbour Sud dans lesquels se déroule
notre étude sont polarisés par la caisse de Mbour Thiocé,
située sur la route de Kaolack.
Elle est membre de l'union des IMCEC (l'U- IMCEC) dont elle
abrite la direction régionale de Mbour.
Aujourd'hui, les objectifs de départ de l'IMCEC ont
connu une grande évolution. En effet, le plan d'affaire 2009-2014 se
fixe comme objectifs :
- De faire de l'IMCEC un réseau mature.
- De faire de l'IMCEC une institution viable, fiable qui se
positionne dans l'environnement de la microfinance.
La caisse compte deux (2) salariés, un agent de
crédit et un caissier. L'agent de crédit est au coeur du
dispositif de l'IMCEC. Ses activités sont :
ü L'accueil et l'information
ü Le montage des dossiers des membres, l'analyse de ces
dossiers et leur transmission au coordonnateur
ü Donner des recommandations claires et présenter
les dossiers au comité de crédit.
ü Suivre les crédits octroyés aux membres
et procéder au recouvrement des prêts en retard. Il
présente mensuellement un rapport.
Le caissier est chargé de gérer
les dépôts et les retraits des membres, d'enregistrer les
adhésions, les autres produits liés au crédit. Il effectue
les déboursés de prêts et reçoit les remboursements
de crédit. En dehors des opérations quotidiennes, le caissier
doit tenir la comptabilité de l'institution financière par la
mise à jour des livres comptables.
La caisse est dotée de matériel informatique et
multimédia ainsi que d'une moto pour l'agent de crédit. Elle peut
utiliser également de la logistique de la direction régionale.
2- Les organes de la Mutuelle
Les organes de la Mutuelle sont : l'Assemblée
générale, le Conseil d'administration, le comité de
crédit et le Conseil de Surveillance.
Ø L'Assemblée
générale : Elle
regroupe l'ensemble des membres de l'institution. Elle est l'instance
suprême et est habilitée à prendre des décisions sur
la vie de l'institution.
Ø Le Conseil d'administration : Il est
chargé de contrôler le respect des prescriptions légales et
statutaires.
Ø Le comité de crédit
C'est l'organe de décision pour l'octroi ou non du
crédit. Il se compose d'au moins trois membres.
Ø Le Conseil de Surveillance :
Il est chargé de la surveillance et de la
régularité des opérations.
Tous ces organes sont autonomes les uns des autres. Chaque
organe se réunit sur convocation de son président. Les membres de
ces structures bénéficieront à l'IMCEC d'une formation
continue, d'un encadrement et du suivi-formation.
4- L'environnement spatial :
La caisse, située au quartier Thiocé Ouest, sur
la route de Kaolack, reste excentrée pour une bonne partie de la
population notamment celle habitant les quartiers situés au sud de
Mbour. Ceci constitue une contrainte pour leur adhésion massive à
la mutuelle.
5- Le financement :
L'IMCEC élabore un budget en octobre qui est
validé en Décembre. L'exercice budgétaire va de Janvier
à Décembre. .
Le budget 2009 s'élève à
229 056 504 millions dont 64 280 000 en investissement et
164 776 504 en fonctionnement.
Ce budget est financé sur fonds propres.
L'encours de crédit représentant l'actif
productif s'élève à 1 044 000000 dont
156 000 000 d'emprunt au niveau de l'union.
Ceci donne à l'institution une autonomie
financière très appréciable.
Toutefois, avec l'union, elle bénéficie de
l'apport de plusieurs partenaires parmi lesquels : le Fonds KIVA, le fonds
Unsolmundo , le Programme d'Appui à la Lettre de Politique Sectorielle,
Planet Finance, le PROMER, le PAM,FIDA 2009.
6- Relation avec la
clientèle :
Un travail important est effectué par les agents de
crédit au niveau de l'accueil et de l'information des clients. Cela est
relevé par ces derniers comme étant l'un des points de
satisfaction auprès de la mutuelle et qui permet de suppléer le
manque de communication externe.
7- Le fonctionnement et
l'organisation:
A l'IMCEC, l'écart aux principes formels de
fonctionnement constitue l'exception et la conformité à ces
principes, la règle. Cela est dû à plusieurs raisons parmi
lesquels : le style de management participatif, la motivation et
l'engagement des agents, la rigueur et le contrôle et surtout une
supervision très rapprochée. Ainsi, nous notons un grand respect
des dispositions du règlement intérieur de l'institution.
Toutefois, un débordement sur l'heure de descente est
très fréquent et les agents de crédit sont soumis à
un rythme de travail très intense.
Ce rythme de travail pourrait constituer une contrainte pour
une appréciation sereine des dossiers de crédit par les agents de
crédit.
En ce qui concerne l'organisation, l'organigramme de la
direction et de la caisse de Mbour Thiocé se présente comme suit
:
COORDONNATEUR
ASSISTANT COORDONNATEUR
SUPERVISEUR
DE ZONE
Chauffeur
COMPTABLE
DE LA CAISSE
AGENT DE CREDIT
DE LA CAISSE
Organigramme IMCEC Mbour
8- Le processus de décision
L'analyse du processus de décision montre qu'il existe
un partage adéquat du pouvoir entre les gestionnaires de la dimension
entreprise et de celle associative.
En effet, la grille des acteurs de la prise de
décision du CERISE administrée à l'institution ressort que
les choix stratégiques (Mission, vision, implantation
géographique des caisses, choix et nomination cadres, taux
d'intérêts ...) relèvent à la fois des membres /
clients à travers les organes de l'association (AG, CA) et des cadres de
l'entreprise.
Les questions stratégiques sont en fait
discutées à la base et remontent au niveau national en passant
par les instances régionales.
Par contre, les choix de gestion (grille de salaires, offre de
produits financiers, octroi/modalités de remboursement....)
relèvent plus des techniciens (directeur et cadres) que des membres.
Leur exécution est toutefois soumise au regard du CA pour validation.
9- Relations informelles avec
l'environnement
L'essentiel des relations que l'IMCEC entretient avec son
environnement son formelles. Toutefois, des relations non formalisées ne
manquent pas telles que celles que le directeur entretien avec ses
collègues des autres mutuelles, avec certaines autorités
administratives, coutumières et récemment avec le CDIS.
D'ailleurs, avec l'accord de la direction nationale, il a donné cette
année du « soukeurou kor », (acte traditionnel de
don de sucre très bien apprécié à l'occasion du
ramadan) à toutes ces autorités.
Par ailleurs, un partenariat informel a été
noué avec le Collectif pour le Développement et la Défense
des Intérêts de Mbour Sud (CDIS) qui regroupe des OCB des sept
quartiers situés au sud de la ville, à l'issu d'une rencontre
entre le coordonnateur régional de la mutuelle et le bureau du
collectif.
10- Réseaux d'appartenance :
L'IMCEC Mbour appartient au réseau national des IMCEC
crée en 2006 ; Ce réseau compte aujourd'hui 40 caisses au
niveau national et se trouve ainsi en quatrième place parmi les
institutions de microfinance au Sénégal après l'ACEP, le
CMS et le PAMECAS. Le réseau envisage avec son plan de
développement 2009 - 2014 de se positionner comme l'un des principaux
acteurs dans ce secteur.
Diagnostic organisationnel :
L'Institution Mutualiste Communautaire d'Epargne et de
Crédit de Mbour (IMCEC - Mbour) est une structure financière
décentralisée qui a pour fonction de collecter l'épargne
et de distribuer le crédit. Elle est reconnue par décision
N°TH 1.05.00430 du ministère de l'économie et des finances.
Les objectifs de l'institution fixés à la
naissance de la mutuelle étaient de collecter l'épargne,
d'octroyer du crédit, de favoriser la solidarité et la
coopération entre les membres, de promouvoir des activités
d'éducation, de santé, socio-économique et
coopérative pour eux.
Aujourd'hui, l'IMCEC envisage de devenir un réseau
mature, une institution viable, fiable qui se positionne dans l'environnement
de la microfinance.
L'IMCEC est une entreprise associative. La dimension
entreprise est gérée par une équipe technique
constituée d'un agent de crédit et d'un caissier.
L'agent de crédit est au coeur du dispositif
de l'IMCEC. Il assure l'information et la communication, accueil la
clientèle, monte les dossiers de crédit, gère les
déboursés et les recouvrements.
Le caissier est le principal acteur des
opérations financière de l'institution.
Il effectue l'enregistrement quotidien des
dépôts, retraits, adhésions, déboursés...Il
gère en même temps la comptabilité et établi les
situations journalières et mensuelles.
L'une des forces des agents résident dans leur
capacité d'accueil qui est très apprécié par la
clientèle. En plus, le traitement des dossiers se fait de manière
professionnelle (Rigueur, objectivité et impartialité).
Le principal problème se situe au niveau du
recouvrement.
L'agent de crédit est en effet mensuellement
évalué par rapport à son travail en général
mais surtout sur la base du taux de recouvrement. Ce taux ne doit pas aller
au-delà de la norme BCEAO (PAR = 2,5%).
L'agent de crédit semble être surchargé
par toutes les taches à accomplir. Néanmoins, nous remarquons une
absence de planification des activités (mensuelle, hebdomadaire ou
journalière) qui favorise le pilotage à vue et
l'inorganisation.
Il bénéficie néanmoins de primes
trimestrielles en cas de résultats satisfaisants. Ce qui constitue une
source supplémentaire de motivation.
Le caissier est chargé d'enregistrer les
opérations journalières (dépôts et retraits), de
faire les déboursés, de faire les états journaliers. Il
utilise deux outils (SAF et OSIH V1) qu'il juge performants et
complémentaires.
Le caissier vit, en fin de journée, un moment de stress
lié à la vérification de la concordance entre
l'encaissement réel et l'encaissement théorique.
La caisse est équipée en matériel
informatique, en moyens de déplacement (véhicules, moto) et en
groupes électrogènes.
La dimension associative de l'institution est
gérée par l'assemblée générale, le conseil
d'administration, le comité de crédit et le comité de
surveillance.
L'assemblée générale est l'instance
suprême de l'IMCEC. Elle est constituée de l'ensemble des membres
convoqués et réunis à cette fin.
Le conseil d'administration est chargé de veiller au
bon fonctionnement et à la bonne marche de la mutuelle. A cet effet, il
est chargé de contrôler le respect des prescriptions
légales et statutaires, de rendre compte régulièrement de
son mandat à l'assemblée générale.
Le comité de crédit est l'organe de
décision pour l'octroi ou non du crédit. Il est élu en
assemblée générale.
Le comité de surveillance est chargé de la
surveillance et de la régularité des opérations. Les
membres du CS doivent veiller au respect des dispositions
réglementaires, légales et statutaires par les autres organes et
les employés.
Toutes ces organes sont autonomes les uns des autres. Leur
fonctionnement est satisfaisant en général mais il se pose un
problème de déficit de formation mais aussi de profil des membres
(Des leaders capables d'assumer leurs responsabilités).
La viabilité et la pérennité de
l'institution dépendent beaucoup de la bonne gestion des dimensions
entreprise et associative par les techniciens et les élus. Ces derniers
sont des propriétaires -usagers de la mutuelle. Ils assument un triple
rôle de décideurs, de gestionnaires, et de contrôleurs.
La communication et la complémentarité entre eux
devront être de mise pour une bonne promotion de l'institution et de ses
produits.
L'IMCEC compte neuf produits. Les produits les plus
sollicités sont le dépôt à vue et le crédit
ordinaire.
Les critères d'éligibilité au
crédit tiennent compte des besoins en crédit selon le type
d'activité exercée, de la capacité de remboursement et
d'épargne des bénéficiaires, des garanties disponibles et
du respect des plafonds exigés.
Aujourd'hui, il est envisagé la création de
nouveaux produits plus spécifiques (éducation...) en partenariat
avec Planet finance, dans le cadre du business plan 2009 - 2014.Ceci pourrait
constituer une réponse à la forte demande de la clientèle
dans ce sens.
Certains clients jugent les frais liés au crédit
chers particulièrement les frais de gestion dont ils demandent la
suppression.
L'octroi du crédit suit un circuit allant du montage du
dossier, des recommandations de l'agent de crédit à la
décision du comité de crédit en passant par l'avis du
coordonnateur. Ce circuit prend en général deux semaines. Si le
travail des techniciens est bien fait en général, selon le
coordonnateur, nous avons constaté que l'étude sur le fonds et la
forme des dossiers n'est pas toujours effectuée par les membres des
comités de crédit ; exception faite du comité
régional qui, du fait de sa composition et de l'expérience de ses
élus, examine chaque dossier avant de se décider. Cette
défaillance des comités de crédit pourrait s'expliquer par
l'insuffisance des formations (une seule session en 2009) et la non prise de
leurs responsabilités par certains élus mais aussi par une
très grande confiance accordée aux techniciens.
La formation des élus est d'autant plus importante
qu'ils doivent participer au recouvrement surtout lorsque les remboursements
connaissent un certain retard.
Dans ce cas, une procédure particulière est
déclenchée. Celle - ci comprend, de façon
progressive :
- Un Premier avis de rappel à l'ordre,
- Une visite au client,
- Un ultimatum,
- La réalisation de la garantie,
- Une Procédure judiciaire,
En fait, selon la réglementation de la BCEAO le
portefeuille à risque (PAR) ne doit pas dépasser 2%. La caisse
de Mbour Thiocé se situe à 4,88% au 30 septembre2009.Ce taux
très élevé est dû aux raisons suivantes :
- Familiarité avec les clients.
- Suivi non régulier des crédits
octroyés.
- Surcharge de travail de l'agent de crédit
- Pilotage à vue et absence de planification qui
crée une surcharge de travail empêchant l'agent de crédit
de trouver du temps suffisant pour suivre les prêts.
Pour renverser cette tendance, l'agent de crédit s'est
proposé de raccourcir les procédures de suivi des crédits
en retard et d'accélérer les poursuites au niveau de la police,
de l'huissier de justice et du tribunal
Les procédures policières et judiciaires
constituent une exception au niveau du recouvrement. Toutefois, après
plusieurs tentatives infructueuses, Mbour Thiocé est en contentieux avec
certains clients aussi bien à la police que devant le tribunal
départemental de Mbour.
Nous constatons par ailleurs un rythme moins intense de
fréquentation du terrain par l'agent de crédit.
Cela peut être dû à sa difficile
mobilité liée surement aux problèmes techniques de
conduite de sa moto. Ceci peut influer fortement sur les rendements au niveau
du recouvrement.
Les activités de la caisse sont suivies de très
prés par la direction régionale. Des objectifs annuels sont
fixés de manière participative et un système d'information
permet de collecter des informations afin de calculer, chaque mois, le niveau
de performance (sociétariat, épargne, déboursé,
portefeuille de crédit...).
Un contrôle est fait à plusieurs niveaux :
au niveau de la caisse, au niveau de la direction régionale, par les
élus et par l'union des IMCEC.
La supervision quasi quotidienne de la caisse par la direction
constitue toutefois, l'une des principales forces de l'IMCEC Mbour.
L'Etat, un des partenaires de l'IMCEC, porte
également un regard sur le travail de l'institution.
2-2-2- La population parent
Notre population parent concerne toutes les femmes
défavorisées de Mbour Sud qui sont membres de l'IMCEC
Mbour. Nous nous intéressons non seulement aux personnes physiques mais
aussi aux organisations de femmes comme les tontines, GIE ou groupements
féminins qui ont la possibilité d'adhérer en groupe
à l'institution. Nous avons collecté auprès d'elles des
données pour ressortir leur profil socio - économique mais aussi
pour appréhender de façon précise leur appréciation
des services offerts par l'IMCEC.
Pour les besoins de la triangulation, nous avons jugé
nécessaire de diversifier les sources de l'information. Ainsi, nous
avons eu recours à des personnes ressources notamment un agent de
crédit, un responsable technique et un élu au niveau
régional.
2-3- Stratégie de recherche
La stratégie de recherche s'articule autour de la
recherche documentaire, de l'échantillonnage, de la collecte des
données.
2-3-1- La recherche documentaire
Pour une meilleure compréhension de notre sujet
d'étude, nous nous sommes rendus dans certaines institutions pour
recueillir l'information. Il s'agit de la bibliothèque de l'ENTSS, de
l'ENEA, du CODESRIA, de la bibliothèque de ENDA Tiers monde, de l'ANSD,
du CRDI et de la direction régionale de l'IMCEC Mbour. Nous avons
également profité des nombreuses ressources documentaires sur
internet.
Nous avons consulté des ouvrages
généraux, des publications officielles de centres de recherche,
des rapports, des mémoires, des revues, des périodiques ainsi que
des journaux afin d'obtenir des données sur notre sujet de
recherche.
Cette étape nous a permis de construire la
problématique et la revue critique de la littérature.
2-3-2- L'échantillonnage
Dans notre étude, nous avons utilisé
l'échantillonnage.
L'échantillonnage consiste à prélever
à l'intérieur d'une population, généralement
appelée base de sondage, un certain nombre de personnes afin de les
observer systématiquement à l'aide d'instruments liés soit
à des méthodes quantitatives, soit à des méthodes
qualitatives de recherche.
2-3-2-1- Méthode et techniques
d'échantillonnage
Nous parlerons dans cette partie de la méthode
d'échantillonnage et des techniques d'échantillonnage.
2-3-2-1-1- Méthode
d'échantillonnage
Nous avons utilisé la méthode non probabiliste.
Cette méthode n'est pas basée sur la théorie des
probabilités, donc ne relève pas du hasard.
« Dans cette méthode, le choix des
unités n'est pas fait selon un tirage aléatoire et il n'est pas
nécessaire d'avoir une base de sondage. Il suffit de connaître la
répartition de cette population selon certaines variables. Pour
l'échantillon, on choisit des unités qui présentent des
caractéristiques précises relatives à ces
variables ».
L'adoption de la méthode non probabiliste se justifie
par le choix d'une méthode qualitative pour notre recherche.
2-3-2-1-2- Techniques
d'échantillonnage
Parmi les techniques de la méthode
d'échantillonnage non probabiliste, nous avons utilisé
l'échantillon par quotas et le choix raisonné.
2-3-2-1-2-1-L'échantillon par quotas
Elle consiste à former des strates de la population
sur la base de certaines caractéristiques et à faire en sorte
qu'elles soient représentées dans des proportions semblables
à celles qui existent dans la population. Le quota est en quelque sorte
une forme de strate, mais non probabiliste : le chercheur choisit qui il
veut dans ses quotas.
Le choix de cette technique est guidé par un souci de
représentation des femmes de tous les quartiers de Mbour sud dans notre
échantillon.
En effet, Mbour sud compte sept quartiers. Nous avons alors
considéré chaque quartier comme une strate que nous avons
représentée dans notre échantillon par une (01) femme
répondant aux caractéristiques de notre population parent. Cela
nous a donné un échantillon de sept (07) femmes habitant les sept
quartiers de Mbour sud.
Pour les organisations, nous avons procédé de la
même façon. Nous avons travaillé ainsi sur la base d'un
échantillon de sept organisations de femmes dont trois (03)
associations, deux (02) groupements et deux (02) GIE dans les mêmes
quartiers.
2-3-2-1-2-2- Le choix
raisonné
L'échantillon par choix raisonné est une
technique qui repose sur le jugement du chercheur pour constituer un
échantillon de sujets en fonction de leurs caractères typiques.
Cette technique exige le respect de certaines règles
(Javeau 1985 : 50) :
- Ne pas choisir les individus dans son entourage.
- Choisir un site d'enquête qui ne lui est pas
familier.
- S'imposer un itinéraire (connaître au
préalable les endroits où il faut réaliser une
entrevue).
Le choix de cette technique s'explique ainsi par notre
volonté d'inclure certaines caractéristiques de la population au
sein de l'échantillon.
Ainsi, les caractéristiques que nous avons retenues
sont :
- Pour les personnes physiques :
· Adhérer à l'IMCEC depuis au moins douze
mois.
· Habiter dans l'un des quartiers de Mbour sud.
· Ne pas habiter dans une maison en terrasse ou à
étages
· Etre une femme au ménage ou mener un petit
métier (petit commerce, lingère, domestique...)
· Avoir obtenu ou non un prêt à l'IMCEC.
- Pour les personnes morales :
· Adhérer à l'IMCEC depuis au moins douze
mois.
· Etre basé dans un des quartiers de Mbour sud.
· Avoir obtenu ou non un prêt à l'IMCEC.
2-3-2-1-3- Taille de
l'échantillon
Lors des entrevues, nous avons atteint un seuil de saturation
à quatre (4) femmes après avoir interviewé les sept femmes
de l'échantillon. Elles habitent les quartiers Mbour toucouleur, gouye
mouride, Mbour sérér Kaw et zone sonatel.
Concernant les organisations, nous avons atteint un seuil de
saturation après avoir rencontré trois (03) organisations de
femmes des quartiers, mbour toucouleur, et zone sonatel, Darou salam. Nous
avons alors procédé à une étude exhaustive de leur
besoin de financement.
2.3.3- Collecte des
données
Pour collecter les informations, nous avons utilisé
les techniques et instruments que nous présentons ci- dessous.
2.3.3.1- Techniques de collecte de
données
Les techniques utilisées sont l'entretien et
l'observation libre.
2.3.3.1.1. L'entretien semi
structuré
L'entretien ou entrevue est « un rapport oral en
tête- à- tête entre deux (2) personnes dont l'une transmet
à l'autre des informations sur un sujet
prédéterminé ». (1999) cité par MBODJI
(M) (1999).
Elle nous a permis d'aller au-delà de l'observation
pour collecter des données pertinentes ; Il est ici semi- directif
c'est-à-dire que nous avons choisi les thèmes mais que le contenu
a été donné par les femmes.
2.3.3.1.2. L'observation
libre
L'observation a été libre. Nous avons
procédé directement au recueil des informations sur les items de
notre recherche, sans nous adresser aux sujets concernés, en les
observant dans leurs domiciles et dans la mutuelle
Le choix de cette technique se justifie par la méthode
qualitative de recherche adoptée dans notre étude. L'observation
nous a permis de vérifier la véracité de certaines
informations recueillies auprès de nos cibles et de recueillir des
données complémentaires.
2.3.3.2- Instruments de collecte de
données
Notre étude étant essentiellement qualitative,
nous avons utilisé deux instruments de recueil de données, le
guide d'entretien et la grille d'observation.
2-3-3-2-1- Le guide d'entretien
Le guide d'entretien nous a permis de recueillir le maximum
d'informations sur les différents items de notre recherche auprès
des personnes interviewées.
Pour son administration, nous avons ressorti les points
essentiels de notre étude pour y porter des questions ouvertes. Nous
avons utilisé le guide pour les personnes ressources et le guide pour
les institutions afin d'interviewer les personnes physiques et les personnes
morales.
Nous avons utilisé un nombre de huit (08) guides pour
les personnes individuelles. L'essentiel des points contenus dans ces guides
sont :
- Profil socio - économique des femmes
défavorisées
- Satisfaction des femmes en rapport avec les services de
l'IMCEC
- Difficultés rencontrées par les femmes
- Suggestions à l'IMCEC
- Les réponses apportées par l'IMCEC
Pour les organisations, nous avons administré trois
(03) guides d'entretien dont le contenu est structuré autour des points
suivants :
- Identification
- Satisfaction de l'organisation par rapport aux services de
l'IMCEC
- Difficultés rencontrées
- Suggestions à l'IMCEC
2-3-3-2-2-Grille d'observation
Nous avons utilisé la grille d'observation pour avoir
des informations sur :
- le comportement des femmes
- l'habillement des femmes
- les signes extérieurs de richesse ou de
pauvreté
- le mobilier dans les maisons
- L'équipement
2.3.4- Administration proprement dit
L'administration de l'instrument s'est faite domicile des
personnes à entretenir mais aussi dans les locaux de l'institution
mutualiste.
2.3.5- Modèle d'analyse
Comme modèle d'analyse, nous avons opté pour
l'analyse de contenu. Il s'agit, selon Berelson (1964) « d'une
technique caractérisée par la description objective,
systématique et qualitative du contenu manifeste des communications dans
le but de les interpréter ».
Une fois nos entretiens terminés, nous avons
consigné les informations recueillies et avons fait d'abord une analyse
cas par cas avant de procéder à une analyse horizontale de
l'ensemble des entretiens en procédant à une comparaison et une
intégration entre les différentes rubriques et sous-
rubriques.
Pour identifier nos différents répondants et
leurs opinions, nous avons attribué les lettres FD aux femmes
défavorisées et PR aux personnes ressources .Nous avons
attribué un chiffre qui correspond au rang dans le déroulement de
l'enquête.
2.4- Limites et difficultés de la
recherche
Nous ressortirons dans cette partie les limites liées
à la réalisation de notre recherche.
La première limite est liée à la
méthode qualitative de recherche adoptée pour cette étude.
En effet, une telle méthode ne permet pas de généraliser
les résultats qui sont ainsi spécifiques aux femmes
défavorisées de Mbour sud qui constituent notre population
parent.
La seconde limite est l'impossibilité d'aborder dans
notre recherche d'autres aspects du problème qui seraient liés
aux femmes ou à la microfinance.
Notre étude s'est confrontée aussi à une
difficulté qui était l'impossibilité de trouver parmi les
femmes défavorisées de Mbour sud, membres l'IMCEC, un élu
qui pouvait nous renseigner sur le renforcement de capacités
destinés spécifiquement à ces derniers. En effet, parmi
les élues, aucune femme n'habite dans notre zone d'étude.
3-1- profil socio- économique des femmes
défavorisées sociétaires de l'IMCEC Mbour.
Nous avons le profil social et le profil économique.
3-1-1- Le profil social :
Le profil social s'apprécie à travers la
situation personnelle et la situation familiale et la situation
communautaire.
3-1-1-1- La situation personnelle
Cette situation se décline en âge, niveau scolaire
et formation.
3-1-1-1-1- L'âge :
L'âge des femmes interviewées varie entre trente
trois (33) ans et cinquante et un (51) ans ; La moyenne d'âge
est de quarante ans (40). Une seule femme a atteint la cinquantaine. Les autres
se situent entre trente et quarante ans.
Nous constatons ainsi une relative jeunesse de la population
étudiée. Ce qui est en phase avec la réalité
démographique de la population sénégalaise qui se compose
en majorité de jeunes. Les femmes interrogées ont toutefois
atteint un âge assez mûr car elles sont toutes situées au
dessus de la trentaine. Selon Darombaye DJARAREOU (2006), ceci s'explique
sûrement par le fait que c'est à partir de cette période de
leur vie qu'elles sentent plus la nécessité de mener des
activités génératrices de revenus du fait des charges
familiales. Elles gardent encore à ce moment la capacité de mener
des activités qui nécessitent un grand d'investissement
énergétique et une bonne aptitude physique.
3-1-1-1-2- Niveau scolaire :
Le niveau scolaire est très faible car deux femmes
seulement sont entrées à l'école et la plus avancée
dans les études s'est arrêtée au CEM, à
l'élémentaire.
FD1 : « Je n'ai pas pu
dépassé l'école élémentaire. C'est pourquoi,
je lis mal et je ne peux même pas écrire une
lettre ».
La lecture et l'écriture de FD1 sont en effet,
très médiocres. Aucune des femmes n'est
alphabétisée dans une autre langue.
Ceci pose le problème récurent de la
scolarisation des filles notamment celui de leur maintien à
l'école malgré tous les efforts et les moyens
déployés par les pouvoirs publics dans ce sens.
Cette situation illustre ainsi les affirmations de la
sociologue Fatou SARR qui indique que l'analphabétisme frappe
près de 70% des femmes au Sénégal du fait qu'elles sont
« prédestinées » à des tâches
ménagères qui font qu'elles sont exclus dès leur plus
jeune âge des systèmes d'éducation formelle.
3-1-1-1-3- Formation :
Les femmes n'ont pas reçu de formation, ni de
renforcement de capacités. Elles mènent leurs activités
sur la base d'une expérience acquise dans la pratique. Cette absence de
formation révèle l'absence de compétence professionnelle
chez les femmes défavorisées. Ce problème est
relevée d'ailleurs par Bernard Taillefer (1996), comme
étant l'une des principales contraintes à la réussite des
activités de production des femmes défavorisées du fait
qu'elles sont incapables de mettre sur le marché des produits de
qualité pouvant de résister à la concurrence.
3-1-1-2- Situation
familiale
Dans la situation familiale, nous avons : la composition
du ménage, la situation matrimoniale, le nombre d'enfants et la
scolarité des enfants.
3-1-1-2-1- Taille des familles :
Les femmes vivent dans des familles de grande taille. En
effet, la famille qui a le plus petit nombre de membre est composée de
sept (07) personnes alors le maximum se situe à vingt cinq (25)
personnes. Le nombre moyen de personnes par ménage est ainsi de quinze
(15) personnes. Les causes de l'importance de ces nombres sont de deux ordres.
La première est d'ordre économique et est liée à
l'activité de production pratiquée par la famille. En effet, la
famille qui a le plus grand nombre de membre ( 25) est une famille de
pêcheurs. La femme interrogée déclare que cette
dernière a besoin de bras pour mener à bien son activité.
C'est également le cas de la seconde famille qui se compose de quatorze
(14) personne et qui s'adonne à l'agriculture dans la communauté
rurale de Malicounda.
La deuxième explication est d'ordre social.
FD1 : « Nous avons amené mes
deux beaux parents du village pour qu'ils puissent se reposer ici
auprès de leur fils. »
En effet, les femmes rencontrées vivent dans des
familles constituées non seulement des deux conjoints et de leurs
enfants mais également des beaux parents et de beaucoup d'autres
personnes ayant des liens de parenté plus ou moins
éloignés avec la famille. Cela est l'une des
caractéristiques essentielles des familles défavorisées,
qui, avec l'exode rural, se recomposent dans les quartiers péri- urbains
des grandes villes africaines telle que l'a si bien expliqué
Jacques Bignicourt (1993).
La grande taille des familles augmente le volume de travaille
des femmes qui sont obligées de s'occuper de tous (nourriture,
hygiène, assainissement...). C'est le sens des propos suivants, tenus
par une des femmes interviewées.
FD3 : « Je suis obligée de faire le
linge deux fois par semaine et à chaque fois, ce travail me prend deux
journées entière »
3-1-1-2-2-Statut matrimonial :
La population étudiée ne compte qu'une seule
femme célibataire. Toutes les autres sont mariées dont deux
vivants dans des ménages polygames à deux et à trois.
Ainsi, au cours de la semaine, chaque femme a son tour pour s'occuper de son
mari et des travaux ménagers. Du fait de la crise qui sévit dans
( secteur de la pêche et de l'agriculture) qui emploie majoritairement
les chefs des ménages de ces femmes, celles- ci sont obligées de
mener une activité génératrices de revenus et de
s'adresser aux IMF pour son financement. Leur disponibilité pour cette
activité est toutefois limitée par l'importance des tâches
ménagères comme l'indique ci- dessus, les propos de FD3.
3-1-1-2-3-Nombre d'enfants :
Les femmes rencontrées vivent chacune avec au moins
deux enfants. Le nombre d'enfants par femme est en moyenne de quatre (04).
Toutefois, certaines femmes ont soit avorté soit perdu un enfant
à bas âge. Toutefois, deux femmes parmi celles rencontrées
ont, l'une, avortée, l'autre perdu un enfant.
FD2: « j'ai avorté une fois. J'ai
également perdu un garçon à l'âge de trois
ans. J'ai deux garçons, le troisième enfant de la maison est
une fille que m'a donné ma soeur.»
Ce constat confirme la fonction de reproduction
assignée encore par les sociétés africaine à la
femme surtout si elle a un niveau d'études et des revenus faibles.
Selon A.B.DIOP (1985, 247), cité par Darombaye
DJERAREOU (2006 : 55), « c'est cette fonction
procréatrice, nécessaire à la reproduction du groupe, qui
serait le fondement de l'importance de la femme et en même temps de son
infériorité sociale, dans la mesure où son contrôle,
nécessaire pour la communauté, réduirait la femme à
un état de soumission ».
3-1-1-2-4-Scolarité des
enfants :
La majorité des enfants vont à l'école.
Ils sont soit au préscolaire, au primaire ou au collège. Le taux
de scolarisation élémentaire au niveau des familles
rencontrées est de 61% soit 08 enfants inscrits à l'école
sur les 13 recensés. Il est encore très faible comparé au
taux du département de Mbour et de la région de Thiès qui
se situent respectivement à 87% et 86,11%. Les raisons indiquées
plus haut et qui sont relatives à l'orientation de ces familles dans des
activités du secteur primaire (pêche et agriculture) où le
besoin de main d'oeuvre est important, peuvent expliquer ce fait. Ainsi, il se
pose de façon réelle le problème du travail des enfants.
Les derniers vont en effet en mer à un âge précoce.
Même s'ils sont consignés dans des tâches beaucoup moins
dures que les adultes, l'expérience nous montre que les conditions de
séjour en mer sont très difficiles pour un enfant. En plus, ils
sont pour la plupart du temps laissés à eux -même, en
dehors des heures de travail. Seuls au bord de la mer, ils sont dans leur
« petite société », avec leurs normes et
leurs règles dans une régulation collatérale qui favorise
la déviance et la délinquance juvénile (Momar
Mbaye GUEYE, 2009, cours de déviance délinquance,
ENTSS).Ce milieu est ainsi fortement marqué par l'usage de la
drogue et des stupéfiants qui crée aujourd'hui des
conséquences dramatiques sur la santé mentale des jeunes de la
petite côte selon une étude du centre Jacques Chirac et du Basket
Club de Mbour (2005).
Par ailleurs, le problème de la scolarisation des
filles est encore noté à ce niveau. Le taux de scolarisation chez
les filles se situe en effet 40%, très en dessous des taux du
département et de la région qui sont de 48,66% et 49%. Les filles
restent à la maison pour aider leurs mères dans les tâches
ménagères.
3-1-1-3- Situation communautaire
Toutes les femmes rencontrées sont membres soit d'une
ou de deux organisations communautaires à la fois. Ces organisations
vont de la tontine ou du « mbotaye » du quartier à
l'association des ressortissants de leur région d'origine en passant par
le « dahira » (regroupement confrérique musulman),
le GPF...
FD1 : « Je suis membre de
deux ?mbotyay?. Je vais aussi chaque jeudi au dahira? tidiane du
quartier Mbour toucouleur. Moi et mon mari sommes également membre de
l'association des mariés de leur génération qui organise
un ? tour ? chaque mois. Ces activités sont très importantes
car elles nous permettent de nous retrouver, d'échanger et de se
soutenir les unes, les autres. »
Cela dénote d'un grand dynamisme communautaire et de
l'intensité du réseau relationnel des femmes
défavorisées. Ces liens sont jugées très importants
par les femmes car ces groupes font partie de leur identité individuelle
mais aussi collective. Cette dynamique illustre parfaitement le concept de
personne -groupe développé par Hapi
(1991) qui permet à la personne d'éviter de s'isoler
seul face à ses malheurs.
Ainsi, l'affirmation de Mbodji (1998)
dans la note conceptuelle des assises de l'action sociale tenues en
2008, prend ici tout son sens: « la capacité de
résolution d'un problème par une personne - groupe relève
de son degrés d'intégration dans la société et de
la densité de son environnement relationnel ».
A cet effet, devient-il pertinent de se demander si ces femmes
défavorisées peuvent être considérées comme
pauvres si « la pauvreté prend la définition
d'un défaut ou d'une insuffisance d'intégration dans le tissu de
solidarité ». Les femmes, même si elles se disent
pauvres reconnaissent qu'elles arrivent à régler beaucoup de
leurs problèmes à travers leurs groupes d'évolution.
3-1-2- Profil économique
Nous nous intéressons dans le profil économique
à l'activité professionnelle et à celle de production.
3-1-2-1- Activité professionnelle
Toutes les femmes interviewées se déclarent
être des commerçantes et des restauratrices. Deux femmes
pratiquent le petit commerce à titre individuel et deux autres
s'activent dans la préparation et la vente de repas (petit
déjeuner et repas de midi).
3-1-2-2- Domaine d'activité :
Les femmes s'adonnent à un commerce de produits
différents et très variés. Certaines femmes vendent des
produits alimentaires de consommation courante (riz, huile, légumes...)
et sont installées devant leur domicile ; d'autres vendent des
produits halieutiques (sardinelle, poisson fumé ou séché)
tandis que certaines transforment le mil en bouillie qu'elles vendent comme
petit déjeuner devant la boutique du quartier la plus
fréquentée ou à la porte du collège de la zone sud.
Une femme vend également le déjeuner à côté
de ?l'arrêt car? de Tripano, sur la route de Joal.
Les femmes s'approvisionnent au marché central de Mbour
et au quai de pêche en empruntant les charrettes qui assurent l'essentiel
du trafic vers les quartiers périphériques de cette zone.
FD3 : « Je m'approvisionne au
marché central chaque matin de très bonne heure. J'emprunte au
retour les charrettes mais elle causent trop d'accidents.
J'ai perdu plusieurs fois des produits sans compter une
blessure au bras que cela a occasionné ».
Les femmes disent se contenter de ce moyen de transport car ne
pouvant pas se permettre de payer un taxi à mille francs CFA du fait de
la faiblesse de leur capital. Cela pose un problème de
sécurité pour leur personne mais aussi pour leurs produits.
Les revenus journaliers que génèrent ces
activités commerciales tournent entre deux mille (2000) francs pour la
vendeuse de bouillie à six mille (6000) francs pour la celle qui vend
des produits alimentaires. Les bénéfices journaliers sont
toutefois maigres du fait des multiples frais et charges supportés si
bien qu'aucune femme ne dépasse la somme de six cent (600) francs.
3-1-2-3- Les Charges des femmes
défavorisées :
Nous distinguons ici les charges familiales et sociales ainsi
que l'investissement et l'épargne.
3-1-2-3-1- Les charges familiales et
sociales
Les femmes supportent plusieurs charges au sein de leurs
familles. Elles effectuent sur leurs maigres revenus des dépenses pour
améliorer les repas, pour payer certains frais et matériels
scolaires des enfants, leurs frais de santé et leur habillement.
FD3 : « Je dépense tout l'argent de
mon commerce entre la nourriture de la famille, les besoins d'habillement et
les frais de santé de mes enfants, la santé de ma mère et
mes effets personnels.»
Ces charges sont jugées incontournables même si
les femmes indiquent qu'elles pèsent lourd sur leurs activités.
L'éducation des enfants occupe ainsi une place importante dans leur
budget même si les moyens ne sont pas suffisants. Elles veulent en effet
offrir à leurs enfants des conditions d'étude correctes dans
l'espoir qu'une future réussite permettrait de sortir la famille de la
situation de pauvreté.
Il arrive aussi que les femmes, lorsque le chiffre d'affaire
le permet, précisent-elles, donnent de petits cadeaux à leurs
beaux parents.
3-1-2-3-2- L'épargne et l'investissement
FD1 : « Je cotise dans deux tontines.
L'une à 100F par jour et l'autre à 500F chaque samedi.
Ces deux tontines m'ont rapporté la somme de 35 000F qui m'a
permis de modifier mon frigo afin d'augmenter sa capacité de
congélation de produits alimentaires que je vends. »
Toutes les femmes interviewées sont membres d'une
tontine ou « Mbotaay » dans lequel elles cotisent soit de
façon hebdomadaire ou mensuelle. Les sommes cotisées varient de
50F à 1000FCFA. Ces tontines sont ainsi un moyen d'accumulation de
capital mais aussi d'investissement et de mutualisation des avoirs financiers.
Elles permettent en effet d'épargner une certaine somme
d'argent que l'on pourra récupérer avec la participation des
autres membres afin de procéder à des investissements plus ou
moins importants.
Toutefois, selon Darombaye, on passe aujourd'hui d'une logique
d'acquisition à une tontine de commercialisation qui fait du groupe un
instrument de production du capital qui permet aux femmes d'utiliser à
tour de rôle et individuellement, les ressources du groupe.
3-2- services offerts aux femmes
défavorisées par l'IMCEC Mbour.
Deux types de services sont offerts par l'IMCEC aux femmes
défavorisées. Il s'agit des services financiers et des
services non financiers.
3-2-1- Les services financiers :
Les services financiers se composent de la nature de
l'épargne, du type de crédit, du transfert et de l'assurance.
3-2-1-1- La nature de
l'épargne :
L'épargne est de deux nature : l'épargne DAT
(dépôt à terme) et l'épargne DAV (dépôt
à vue).
Ø L'épargne DAT :
C'est un compte d'épargne rémunéré,
ouvert aux membres pour leur permettre de placer leurs fonds en vue de
réaliser une activité future.
Ø L'épargne DAV :
Le compte d'épargne à vue permet aux membres de
sécuriser leurs fonds et d'en disposer à tout moment.
3-2-1-2-Le type de
crédit
Nous avons cinq types de
crédit :
Ø Le Crédit
ordinaire : Le crédit ordinaire est
destiné à financer toute activité économique/
sociale des membres de l'UIMCEC.
Ø Le Crédit
d'urgence : C'est un crédit destiné
à financer les besoins sociaux des membres de l'UIMCEC qui ont un
caractère urgent.
Ø Le Crédit
spécial : Le crédit spécial
est un crédit qui permet de financer les membres dont les besoins en
financement dépassent 7 500 000 F.
Ø Le Crédit
express : C'est un crédit permettant
à un membre de saisir une opportunité d'affaires ou de relancer
son activité.
Ø Le Crédit KIVA
conventionné : Le crédit KIVA, est
destiné aux membres des structures signataires de convention avec
l'UIMCEC.
3-2-1-3- Le
transfert : Le transfert d'argent sert à
envoyer ou de recevoir de l'argent rapidement et en toute
sécurité.
3-2-2- Les services non
financiers :
L'IMCEC offre des services non financiers aux membres qui
sont :
L'information, la formation et l'assurance sociale.
3-2-2-1-
L'information :
L'agent de crédit accueille les clients et leur donne
toutes les informations concernant la mutuelle (objectifs, organisation,
produits et services).
3-2-2-2- La
formation :
La mutuelle organise renforce les capacités des membres
des comités de crédit, de surveillance et du CA en matière
de gestion d'une mutuelle d'épargne et de crédit.
3-2-2-3-
L'assurance : L'IMCEC, en partenariat avec Allianz fait
bénéficier le client d'une assurance en cas de
décès ou d'Invalidité Absolue et Définitive (IAD)
à concurrence des sommes restants dues sur le prêt à
hauteur de 0, 65% (montant compris entre 0 - 14 000 000) et 1,6%
(montant supérieur à 14 000000.
3-3- satisfaction des femmes
défavorisées en rapport avec les services offerts par
l'IMCEC
Nous abordons la satisfaction des femmes en rapport avec les
services offerts par l'IMCEC sur le plan social et sur celui
économique.
3-3-1- Satisfaction sur le plan social
La satisfaction est étudiée ici sur le plan de
la revalorisation du statut de la femme en famille et sur la revalorisation de
son statut en communauté.
3-3-1-1- Revalorisation du statut en
famille :
Les services offerts par l'IMCEC aux femmes
défavorisées de Mbour sud ont eu des effets de revalorisation de
leur statut dans leur famille.
FD1: « le financement reçu m'a permis de
mener une activité qui génère des revenus certes modeste
mais qui m'aident à prendre en charge certains de mes besoins, des
besoins des enfants et d'améliorer quelquefois le repas. Je
dépanne aussi fréquemment ma coépouse lorsqu'elle
prépare. J'ai constaté ainsi un plus grand respect de leur part.
Mon mari est content lorsque mon ?tour? arrive car
j'améliore toujours les plats. C'est d'ailleurs durant ?mes tours
?qu'il lui arrive d'inviter ses amis à manger à la
maison. »
FD3 affirme : « lorsqu'un problème
se pose à la maison et que notre mari est absent, c'est à moi que
l'on s'adresse maintenant alors que ce n'était pas le cas avant que je
ne commence mon petit commerce. Certaines femmes, dans la maison sont
même devenues mes confidentes. Elles me disent tous leurs
problèmes et espèrent recevoir de ma part quelque chose, ne
serait - ce qu'un petit conseil. Auparavant, personne ne s'occupait de moi,
aujourd'hui, un problème me concernant est rapidement partagé par
tous. Ce travail a vraiment changé ma position dans la
famille. »
Cela montre que les crédits reçus, malgré
leur modicité, ont beaucoup participé à la revalorisation
du statut de ces femmes défavorisées au sein de leurs familles
malgré des problèmes que ne manquent pas de poser ces mêmes
femmes.
3-3-1-2- Revalorisation du statut en
communauté
Les femmes interviewées ressentent une certaine
amélioration de leur revenu du fait des services financiers de l'IMCEC.
L'amélioration de ce revenu impacte positivement sur leur statut dans
leur communauté d'évolution. En fait, pour ces femmes, le regard
de la société a non seulement évolué du fait du
travail exercé mais elles ont acquis plus de responsabilité et de
respect dans la communauté. Le cas de FD1 illustre
très bien cela. « Après avoir
bénéficié d'un crédit de l'IMCEC, je suis devenue
plus régulière dans les cotisations dans ma tontine allant
même jusqu'à acquérir deux « mains »
(deux parts). J'ai fini par être nommée trésorière
du fait de la grande crédibilité dont je
bénéficiais désormais de la part des autres
membres. » nous raconte- elle.
Par ailleurs, FD1 continue pour dire :
« ladite tontine qui a fini par adhérer à la
mutuelle, a bénéficié d'un crédit collectif qui lui
a permis d'organiser des chants religieux. Cette manifestation a non seulement
généré des recettes qui ont renforcé la caisse
mais qui ont surtout permis d'organiser un séjour au
« Gamou » annuel de Tivaouane (évènement
religieux musulman du Sénégal).Ce voyage nous a valu une
adhésion massive de femmes au lendemain du « gamou »
du fait de la grande crédibilité de la tontine. Aujourd'hui, ces
chants religieux constituent un grand rendez -vous annuel auquel prennent part
plusieurs autorités religieuses, coutumières, administratives et
politiques de Mbour et même de Tivaouane. »
Elle conclut en affirmant : « Nous n'avons
pas beaucoup de moyen individuellement prise mais nous avons réussi
grâce à la mutuelle à bâtir une organisation qui nous
a permis d'être reconnues dans toute la ville et
au-delà ».
FD3 quant à elle, déclare avoir constaté
beaucoup d'amélioration dans ses relations avec certains membres de la
famille alors qu'avant de bénéficier du crédit et
d'exercer son activité, celles- ci étaient en mauvais
état.
FD3 : « Mes relations avec mes beaux
parents étaient exécrables. Mais depuis que j'ai commencé
à travailler avec mon crédit et commencé à
régler certains problèmes de la maison, en plus des petits
cadeaux que je leur offrais, nos relations se sont beaucoup
améliorées ».
En somme, les femmes défavorisées
témoignent d'une certaine satisfaction quant aux services financiers
reçus de la mutuelle du fait que ces derniers ont réellement
participé à améliorer leur statut tant au niveau de leur
famille que de la communauté toute entière malgré par
ailleurs, les nombreuses difficultés.
3-3-2- Satisfaction sur le plan du renforcement des
capacités Nous distinguons ici le
renforcement technique de production, le renforcement des capacités
managériales et le renforcement des capacités d'organisation.
3-3-2-1-Renforcement des capacités techniques
de production Les femmes
défavorisées ayant bénéficié de prêt
de l'IMCEC n'ont pas reçu de formation sur les techniques de production.
Les femmes rencontrées ont toutefois exprimé le besoin de
formation sur les techniques de production.
3-3-2-2- Renforcement des capacités
managériales Nous avons ici
le renforcement des capacités managérial des activités de
production et Apprentissage de la gestion d'une IMF.
3-3-2-2-1- Renforcement des capacités
managériales des activités
A ce niveau aussi, le service n'est pas offert par
l'institution.
3-3-2-2-2- Apprentissage de la gestion d'une
IMF
Les formations dans ce sens sont destinées aux
élus (membres des comités de crédit, de surveillance, du
CA). Cet aspect n'a pu ainsi être étudié du fait de
l'absence d'élues de l'IMCEC dans notre population parent.
3-3-3- Satisfaction sur le plan
économique
Nous étudions la satisfaction des femmes
défavorisées sur le plan économique à travers le
développement des activités génératrices de revenus
et l'amélioration des conditions de vie des femmes
défavorisées.
3-3-3-1- Développement d'une activité
génératrice de revenu
Trois des quatre femmes rencontrées mènent des
activités génératrices de revenu à partir du
crédit octroyé par la mutuelle. Ce crédit leur a
été utile de diverses manières. Il a permis le
démarrage d'un petit commerce pour l'une, le renforcement d'un commerce
de produits alimentaires pour l'autre et la reprise d'une activité de
vente de poisson longtemps abandonnée, faute de moyens, pour la
dernière.
En effet, FD2 est une femme divorcée à deux
reprises mais reprise à chaque fois par son mari. C'est un couple qui
a des relations très souvent conflictuelles. Nous pouvons même
penser que c'est une famille de type imprévoyante car l'essentiel de
leurs problèmes proviennent de leurs difficultés
financières. C'est pour remédier à cette situation que la
femme a décidé de mener une AGR. Elle a ouvert un compte
personnel à l'IMCEC et a bénéficié d'un premier
crédit ordinaire de 50 000FCFA avec lequel elle a
démarré un commerce de bouillie de mil en guise de petit
déjeuner, profitant ainsi de l'opportunité que lui offrait
l'ouverture du CEM Zone sud dans son quartier. Elle a investi aussi dans le
commerce de bois de chauffe.
L'expérience de FD2 montre ainsi que le crédit, si
petit soit-il, peut aider effectivement au démarrage d'une
activité génératrice de revenu même si cette
dernière, à long terme risque de s'essouffler si elle n'est pas
suivi d'un crédit plus consistant pour l'accroître.
FD2 affirme : « je sais que je vais droit
vers la faillite si je n'obtiens pas un second financement car du fait des
charges qui deviennent de plus en plus nombreux dans ma famille et mes parents,
j'arrive difficilement à obtenir des bénéfices de cette
vente de petit déjeuner. ».
Il apparaît ainsi dans les affirmations de FD2 que le
statut de la femme défavorisée dans la famille et la
communauté augmente proportionnellement à son revenu et que plus
ce revenu s'améliore plus ses charges deviennent plus grandes. Ce qui
pose le problème de l'autonomie financière de ces femmes. Cela
est certainement l'une des raisons qui ont poussé FD1, qui tenait une
table devant son domicile, à recourir à un prêt de l'IMCEC
pour renforcer son activité commerciale. Elle tient actuellement une
petite boutique dans le quartier et vend divers produits de consommation.
Il ressort de ces constats que les femmes ont pu
développer des activités génératrices de revenu
à partir des financements de la mutuelle. Toutefois, plusieurs
contraintes restent liées à ce financement et à la mise en
oeuvre des activités.
3-3-3-2- Amélioration des conditions de vie
Les petits prêts octroyés aux femmes n'ont pas
permis de changer fondamentalement leurs conditions de vie.
FD1 : « Les prêts sont trop petits
pour pouvoir mener des activités capables de générer assez
de revenus pour améliorer nos conditions de vie. Nos activités
actuelles nous permettent juste de vivre au quotidien en gérant nos
problèmes au jour le jour. Je crois qu'elles ne me permettront jamais de
réaliser mon ambition qui est d'acheter un terrain et de
m'équiper.».
Cette affirmation vient confirmer ce qu'en dit Sylvie Brunel
(2000), son article intitulé :
« Micro crédit : Fiction et Réalité. En
effet, pour lui, « ce ne sont pas les vrais pauvres qui
peuvent tirer profit de la microfinance car les IMF, soucieuses de leur
viabilité financière, évitent de prendre des risques en ne
leur octroyant que de petits crédit. Les bénéfices
générés sont très insuffisants pour leur permettre
de franchir le seuil de pauvreté. Il continue pour préciser
que « même si leurs revenus augmentent très
nettement au cours des premières années, ils plafonnent
très vite voir même s'essoufflent du fait des nombreuses
contraintes qui pèsent sur les femmes défavorisées qui
sont laissées en rade par les IMF. »
Cette question pose le véritable problème de la
microfinance dans son intervention envers les couches les plus
défavorisées de la population en général et sur la
situation des femmes en particulier c'est-à-dire l'impact positive
de son action sur la pauvreté. Des évaluations sérieuses
s'imposent afin de rendre les actions efficaces et les résultats
profonds et durables.
3-4- Difficultés rencontrées par les
femmes
Nous relevons ici les difficultés que les femmes
défavorisées de Mbour sud rencontrent par rapport à
l'accès au financement soit comme premier financement ou comme
renouvellement.
FD4 : « Le fait que le prêt soit
conditionné à l'épargne rend très difficile mon
accès au crédit. En effet, je suis sans ressources et je suis
tenaillé par des besoins incompressibles de nourriture, de santé
et d'éducation de la famille. C'est pourquoi, je ne suis pas capable
aujourd'hui d'épargner pendant au moins deux mois pour solliciter un
crédit. »
FD2 : « Il m'est en
ce moment très difficile d'obtenir un second prêt du fait des
conditions que je ne peux pas encore remplir. Je ne pourrais pas en effet
réunir la caution et les nombreux frais liés au crédit
pour pouvoir y prétendre. Ceci du simple fait que mes nombreuses charges
ont englouti toutes mes recettes. Il faut que la mutuelle nous comprenne et
qu'elle ne nous applique pas les mêmes conditions que les femmes riches.
Il faut qu'elle nous accompagne jusqu'à ce que nous soyons un peu
solide ».
Ces deux affirmations montrent d'abord la grande
difficulté pour les femmes défavorisées d'accéder
à un premier crédit. La contrainte serait liée ici au
conditionnement du crédit à une épargne de deux mois mais
aussi au paiement par le demandeur d'une caution de 20% du montant
sollicité sans compter la solvabilité qui est toujours
vérifiée par des calculs minutieux effectués par l'agent
de crédit.
Elles révèlent ensuite une quasi -
impossibilité des femmes défavorisées de sortir du gouffre
dés le premier crédit qui, de surcroît, est souvent
très petit. A ce stade, elles ont encore besoin d'être soutenu,
accompagnées pour s'édifier. En effet, leur activité est
déstabilisée dès que les réalités du
marché changent (s'approvisionner en poisson à Joal du fait de la
rareté du produit à Mbour...). Ceci n'est toutefois pas le cas
car l'institution mutualiste cristallise tous ses efforts sur le remboursement
en négligeant les conditions de développement de
l'activité financée, en termes de formation, de conseil et
d'accompagnement ou de fluctuation du secteur d'activité. Ce qui fait
que le retard de paiement, en plus des pénalités, provoque un
rejet de la demande de prêt ou la diminution du montant demandé.
C'est pourquoi, elles apparaissent aux yeux des femmes comme des
commerçants et non comme des promoteurs d'un développement
solidaire. C'est tout le sens qu'il faut donner aux affirmations ci-
après faites par une de nos interviewées.
FD1 : « Ils disent qu'ils nous aident
à nous en sortir ; mais s'ils voulaient vraiment nous aider, ils
devraient adapter leurs façons de faire à nos moyens. Ils ne
regardent pas l'activité, ils ne regardent que le remboursement. Je
pense qu'ils font au contraire plus de commerce que d'aide.»
3-5- Suggestions faites par les femmes
Les femmes ont fait plusieurs suggestions afin d'adapter les
mécanismes de financement de la mutuelle à leurs conditions et
réalités.
FD1 : « Nous proposons
à la mutuelle de mettre en place un mécanisme de financement et
de solidarité pour les femmes défavorisées avec des
prêts qui ne soient pas conditionnés au paiement d'une caution. Il
faut aussi augmenter la durée des prêts ou des
différés pour nous.
Il faudra que la mutuelle institue aussi un moyen
solidaire de prise en charge des besoins familiaux qui empêchent les
femmes d'épargner notamment en ce qui concerne la nourriture,
l'éducation, la santé. Par exemple, la mutuelle pourrait financer
la production des aliments enrichis que les relais communautaires
distribuent aux enfants des familles pauvres des quartiers
défavorisées de Mbour. »
FD2 : « Les
prêts sont très petits ; nous proposons à la mutuelle
de les augmenter ou à défaut de donner automatiquement un second
prêt si la femme en a besoin pour renforcer son activité sans
poser des conditions qu'elle ne peut pas encore supporter du fait de la
faiblesse de ses recettes. Il faut aussi revoir les frais de dossiers et de
gestion qui sont très élevés alors que la mutuelle
n'assure pas le suivi et l'accompagnement des bénéficiaires de
prêts qui ont besoin d'un grand encadrement au
départ ».
FD3 : « Beaucoup
de femmes sont dans le secteur de la pêche et ont besoin de prêts
pour mener un petit commerce de poisson. Mais ce secteur est fluctuant. Lorsque
le poisson est rare à Mbour, elles sont obligées de se rabattre
sur Joal. Mais le prêt obtenu ne leur permet pas de supporter les frais
de transport du produit. La mutuelle doit prévoir une augmentation du
crédit si de telles situations arrivent car cela se fait dans le secteur
informel et ça marche très bien »
Ces femmes, à travers leurs différentes
suggestions, montrent la nécessité pour la mutuelle d'avoir une
politique de discrimination positive pour les femmes
défavorisées. En effet, il ressort de leurs propositions que ces
dernières ne peuvent pas être traitées de la même
façon que le reste de la clientèle qui a plus de moyens. Cette
proposition de politique discriminatoire devrait ainsi toucher l'ensemble des
aspects liés à l'accès à la mutuelle et à
ses services mais également ceux liés aux besoins des femmes. Les
femmes défavorisées dépensent en effet une grande partie
des revenus de leurs activités dans la satisfaction des besoins
essentiels de base de la famille (nourriture, santé,
habillement...) ; ceci empêche souvent la croissance du petit
commerce auquel elles s'adonnent. L'institution d'un système de
mutualité et de solidarité dans le sens de ces besoins
permettrait effectivement aux institutions mutualistes de les soulager
économiquement.
3-5-Réponses apportées par l'IMCEC
Nous traiterons ici des réponses de l'IMCEC aux
difficultés posées par les femmes et aux suggestions qu'elles ont
formulées. Il s'agit des réponses des réponses
apportées dans le passé, de celles en cours et des
réponses que l'institution envisage de mettre en oeuvre. Ces
réponses ont été données par des personnes
ressources de l'institution que nous avons appelées PR1, PR2 et PR3.
PR1 : « L'IMCEC est
intimement liée aux familles défavorisées car étant
né d'un programme d'appui à ces familles. C'est pourquoi,
beaucoup de choses ont été faites pour non seulement leur
faciliter l'accès au crédit mais aussi leur faciliter le
remboursement. Par exemple pour les crédits individuels
inférieurs à 100 000 F et ceux de groupement
inférieurs à 500000F, nous ne demandons aucune garantie. Car nous
savons que ces montants sont souvent sollicités par des
catégories sociales défavorisées n'ayant pas beaucoup de
moyens. En plus, nous avons établi une convention qui offre des
conditions spéciales d'octroi de crédit aux personnes
déshérités membres des PDEFS (Programme de
Développements des Enfants et des Familles) affiliés au Child
Fund Agency (CFA). Le crédit leur est accordé par exemple
à un taux très bas de 1% et les frais de gestion et de dossiers
leur sont reversés, entre autres. »
PR 2 : « L'IMCEC, pour
faciliter d'avantage l'accès des populations pauvres en
général et des femmes en particulier, a encore baissé son
taux d'intérêt en 2009, le ramenant de 1, 5 à 1,3%.Mieux,
il n'existe pas de frais de tenue de compte ni d'agios dans la mutuelle et si
le prêt est remboursé avant échéance, le restant
dû des intérêts est purement et simplement
épongé. Nous venons aussi de signer en 2010, un contrat groupe
avec Allianz pour la prise en charge de l'assurance décès plus
l'Invalidité Absolue et Définitive(IAD) suite à un
accident à concurrence des sommes restant dues sur le prêt
considéré. L'excédent sera reversé à son
conjoint, à défaut ses enfants nés ou à
naître, à défaut ses héritiers »
PR 3 : L'IMCEC a signé avec
KIVA, une organisation américaine un partenariat qui permet aujourd'hui
à de nombreux sociétaires de la mutuelle qui sont
défavorisés, de bénéficier de plus de
crédit. Ainsi, à ce jour 794, 025 dollars leur ont
été octroyé sans compter notre propre capacité
financière à répondre aux demandes de nos clientes qui n'a
jusqu'ici pas failli.
Une intense réflexion est également en cours
pour participer à la satisfaction de certains besoins sociaux de nos
clients comme l'éducation et la santé. A ce propos, une
étude pour la création de service de microassurance santé
a été menée par Planet Finance et la mise en oeuvre du
projet est pour bientôt. »
Il est à noter dans les différentes
déclarations de ces trois personnes ressources que des efforts
réels ont été faits par l'IMCEC pour apporter des
réponses aux difficultés évoquées par les femmes et
à leurs suggestions. Il faut dire toutefois que les mesures les plus
fortes sont en faveur des membres des PDEFs et que ces cadres ne touchent
qu'une infime partie des familles défavorisées de Mbour.
En plus, les propositions de suppression des frais de gestion
ainsi que la possibilité de donner un second crédit à la
femme pour faire face aux perturbations du marché n'ont pas connu de
réponses explicites. Nous pouvons juste retenir à ce propos les
affirmations de l'une des personnes ressources.
PR2 : « Il faut savoir
aussi que le secteur de la microfinance est réglementé et que
dans la zone UEMOA, la BCEAO exige un taux de portefeuille à risque
(PAR), c'est-à-dire les crédits en souffrance des IMF ne doit pas
dépasser 2,5% de l'encours des prêts. L'U- IMCEC contrôle ce
pourcentage au niveau de toutes ces agences régionales et de ses caisses
et le dépassement de ce taux peut entraîner l'arrêt
immédiat de l'octroi de nouveaux crédits de l'union allant de un
à trois mois. Pour les frais, ils servent au fonctionnement de la
mutuelle (frais administratifs, rémunération de l'épargne
à terme des sociétaires, salaires, frais de recouvrement...). Il
faut toutefois dire que certaines décisions appartiennent aux
élus et non aux techniciens que nous sommes. Actuellement, notre social
s'arrête à l'accès au crédit ; au-delà,
il n'y a pas de sentiment pour le remboursement car nous avons des
impératifs de viabilité ».
Les affirmations de PR2 montrent clairement que la
réglementation du secteur de la microfinance ne facilite pas la
souplesse des IMF quand à la mise en oeuvre de mesures en faveur des
femmes défavorisées. A ce sujet, nous constatons l'existence
d'une perpétuelle opposition entre les exigences des deux dimensions que
comporte une entreprise associative : l'exigence de viabilité de la
dimension entreprise et celle de solidarité de la dimension associative.
La première est constamment surveillée par les techniciens alors
que la seconde est la préoccupation permanente des
sociétaires.
4-1- Suggestions
La partie analyse et interprétation des données
nous a permis d'appréhender les efforts de l'IMCEC pour le financement
des activités des femmes défavorisées de Mbour.
Toutefois, pour mieux renforcer ses interventions,
l'organisation doit apporter des améliorations dans certains domaines.
Il s'agit de celui de l'accès, de la communication et du partenariat.
4-1-1- L'accès des femmes
Nous nous intéressons à l'accès
géographique et à l'accès financier.
4-1-1-1- accès géographique
L'IMCEC devra réaliser son projet d'ouverture d'une
caisse dans la zone sud de Mbour afin de rapprocher l'institution et ses
services des femmes défavorisées de cette partie de la ville qui
est trop éloignée des deux caisses existantes.
En effet, les sociétaire habitants les quartiers de
Mbour sud sont obligés de payer deux fois le taxi pour même pour
aller juste faire un dépôt ou faire un retrait de mille (1000)
francs.
4-1-1-2- Accès financier
Nous proposons ici la mise en oeuvre d'une politique de
discrimination positive en faveur des femmes défavorisées en
créant des produits spécifiques pour elles et la capitalisation
et l'extension de l'expérience avec les PDEF.
4-1-1-3- Politique de discrimination
positive
Nous avons relevé dans les difficultés
ressorties par les femmes défavorisées certaines
inadéquations entre les produits proposés et leur profil
socio-économique. Ainsi, serait -il préférable, à
notre avis, que l'IMCEC mette en place des produits spécifiques et mieux
adaptés à ce profil socio- économique. L'institution
pourrait ainsi adopter le principe de la discrimination positive en rapport
avec la taille du prêt, le renouvellement du crédit....
4-1-1-4- Capitalisation et extension de
l'expérience des PDEF
La convention liant l'IMCEC au Child Fund Agency (CFA) permet
aux bénéficiaires du PDEF d'accéder au crédit
suivant des conditions plus douces. Une telle expérience pourrait
être évaluée, capitalisée et étendue aux
femmes défavorisées.
4-1-2- Communication
Un réel problème de communication externe et de
marketing se pose au niveau de l'IMCEC si bien que l'institution et ses
produits sont mal connus par les populations notamment celles
défavorisées qui en ont plus besoin. Un plan de communication en
faveurs des populations défavorisées en général et
des femmes en particulier pouvoir améliorer la connaissance de la
mutuelle et de ses produits et services. L'expérience très
réussie d'une émission radio animée par le coordonnateur
régional de Mbour illustre cela.
4-1-3- Partenariat
Nous proposons de développer le partenariat avec le
CDIS mais aussi d'explorer les opportunités qu'offre la présence
d'autres IMF à Mbour.
4-1-3-1- Partenariat avec le CDIS
Le CDIS a un projet de création d'une mutuelle de
solidarité pour les femmes défavorisées de Mbour sud.
Cette mutuelle sera constituée par les différentes organisations
communautaires de base des femmes des sept quartiers de Mbour sud. L'IMCEC,
dans le cadre de son partenariat avec le collectif, pourrait accompagner la
réalisation de ce projet en faisant du refinancement mais aussi en
apportant son expertise.
4-1-3-2- Cadre de coordination et de concertation des
élus des IMF de Mbour
Les institutions mutualistes sont des entreprises associatives
qui comportent deux dimensions : la dimension entreprise et la dimension
associative.
La dimension associative est gérée par les
élus en assemblée générale et qui siègent
dans les conseils d'administration, les comités de crédit et les
comités de surveillance entre autres organes. Un cadre de concertation,
regroupant ces élus au niveau de la commune, pourrait prendre en charge
certaines questions qui trouvent aujourd'hui difficilement des solutions avec
les exigences de la dimension entreprise des IMF. En effet, un plan d'action
concerté, appuyé par tous les acteurs locaux de la microfinance
(Mairie, Etat, ONG...) permettrait de prendre correctement en charge le
problème de la formation, du renforcement des capacités, du suivi
et de l'accompagnement des bénéficiaires de crédits, entre
autres. L'IMCEC pourrait susciter la création d'un tel cadre.
4-2- Rôle du travailleur social
En abordant le rôle du travailleur social, dans le cadre
de ce travail de recherche, nous tenterons de montrer en quoi, ce dernier peut
jouer sa partition dans la problématique de la prise en charge par les
institutions mutualistes de Mbour, des besoins de financement des femmes
défavorisées.
Dans le principe d'abord, il s'agit pour nous de nous placer
dans une perspective globale de lutte contre la pauvreté qui s'inscrit
dans la dynamique de lutte contre les inégalités et l'injustice.
La microfinance devrait ainsi intéresser au plus haut point le
travailleur social car l'engagement pour les droits humains est une valeur
fondamentale de la profession.
Ainsi, le rôle du travailleur social est d'une grande
importance dans la mutualisation des moyens financiers des femmes
défavorisées. En effet, il s'agira pour lui d'informer, de
sensibiliser, d'organiser, d'accompagner et de conseiller. Il peut dans ce sens
user du modèle de réhabilitation, du modèle à buts
sociaux mais aussi et surtout de l'approche interactionnelle.
Parlant de cette approche, William Schwartz
cité par NDIAYE (2009 : 94), part du postulat
« qu'il y a une relation d'interdépendance entre
l'individu et son milieu. Chacun ayant besoin de l'autre pour sa propre
croissance et chacun cherchant à atteindre l'autre de toutes ses forces,
à un moment donné.»
Le champ d'interaction du travailleur social est au point
où ces deux forces se rencontrent.
De manière plus opérationnelle, l'intervention
du travailleur social peut s'inscrire dans les axes suivants :
Ø Information et sensibilisation :
A ce niveau, le travailleur social devra informer et
sensibiliser aussi bien les techniciens que les élus sur les
caractéristiques et les besoins spécifiques des femmes
défavorisées en matière de financement.
Ø Organisation :
Le travailleur social devra mener des animations en vue de la
création d'un cadre de coordination et de concertation des élus
des IMF de Mbour. Ce cadre devant mettre en oeuvre des stratégies de
prise en charge des besoins spécifiques des femmes
défavorisées qui ne peuvent être supportés par les
institutions mutualistes.
Ø Accompagnement :
Le travailleur social peut participer à la
réalisation d'activités d'accompagnement des financements
octroyées aux femmes défavorisées. Ces activités
peuvent être : la formation à la gestion, l'études et
la maîtrise du marché, l'élaboration et mise en oeuvre de
stratégies de commercialisation...
Ø Suivi /Evaluation :
Le travailleur social aidera ici au suivi et à
l'évaluation des activités déclinées ci - dessus en
mesurant les forces et les faiblesses afin de rectifier ou de
réorienter.
CONCLUSION
La problématique de financement des activités
des femmes défavorisées se pose à l'ensemble des acteurs
de la microfinance. Les institutions mutualistes financières (IMF) font
ainsi de ces femmes une cible prioritaire afin d'apporter des réponses
pertinentes à leurs besoins en ressources financières.
Aujourd'hui, malgré le grand nombre d'intervenants et
la diversité des stratégies, la situation socio-
économique de ces femmes défavorisées n'a pas connu de
profonds changements aussi bien dans le monde, en Afrique et au
Sénégal. C'est cette même situation qui prévaut dans
la capitale de la petite côte, Mbour, où, l'Institution Mutualiste
Communautaire d'Epargne et de Crédit (IMCEC), se positionne de plus en
plus comme l'un des leaders de la microfinance.
C'est au regard de cela que nous nous sommes proposé de
nous pencher sur les réponses apportées par les IMF afin de
trouver une solution.
Ainsi, notre question de recherche était la
suivante : Quelle est la capacité de
réponse de l'IMCEC face au besoin de financement des femmes
défavorisées de Mbour ?
Nous avons d'abord, pour traiter cette question, fixé
un objectif général qui était d'étudier la
capacité de réponse de l'IMCEC face au besoin de financement des
femmes défavorisées de Mour. Cet objectif général
a été décliné en objectifs spécifiques qui
sont :
- Identifier le profil socio-économique des femmes
défavorisées sociétaires de l'IMCEC Mbour.
- Identifier les services offerts aux femmes
défavorisées par l'IMCEC Mbour.
- Analyser le niveau de satisfaction des femmes
défavorisées en rapport avec les services offerts par l'IMCEC.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons adopté une
méthode qualitative de recherche dont la démarche
méthodologie nous a amené à choisir un type de recherche
exploratoire, à ressortir un univers de recherche ainsi qu'une
stratégie de recherche. Nous avons enfin ressorti les limites et
difficultés rencontrées lors de l'étude.
Dans la phase suivante de la recherche, nous avons mis en
lumière des éléments qui ont été
analysés et interprétés en utilisant la technique de
l'analyse du contenu.
Ainsi, nous avons ressorti le profil socio-économique
des femmes défavorisées de Mbour sud à travers
différents items. En effet, les femmes sont relativement jeunes mais
d'un âge mûr avec un niveau scolaire très bas. Elles vivent
dans des ménages parfois polygames et ont à leur charge un nombre
d'enfant assez élevé. Elles sont toutefois
intégrées dans divers réseaux sociaux qui leur permettent
d'atténuer leurs problèmes.
Les femmes mènent pour
l'essentiel des activités commerciales de produits alimentaires,
halieutiques et de restauration. Les revenus sont néanmoins faibles et
ne peuvent prendre en charge qu'une partie de leurs besoins personnels ou
familiaux. Elles n'arrivent pas ainsi à accumuler de l'épargne.
Cela justifie les prêts sollicités par certaines d'entre elles
auprès de l'IMCEC.
La mutuelle a ensuite retenu notre attention à travers
l'identification des services qu'elles offrent aux femmes
défavorisées.
A partir de ce moment, nous avons mis en relation lesdits
services avec le profil socio- économique des femmes de Mbour sud afin
d'analyser leur niveau de satisfaction.
A ce propos, nous pouvons dire que les services ont eu des
effets satisfaisants sur les femmes défavorisées car ils ont
permis une revalorisation de leur statut tant sur le plan social
qu'économique. Cela, en dépit des énormes
difficultés qui perdurent et qui les empêchent de se sortir de la
pauvreté.
C'est pourquoi, nous avons recueilli les suggestions des
femmes pour apporter des solutions à ces difficultés mais
également les réponses apportées ou proposées par
l'IMCEC.
Enfin, nous avons de notre part formulé des
recommandations en mettant surtout l'accent sur le rôle et la place du
travailleur social dans la prise en charge des besoins de financement des
femmes défavorisées de Mbour.
BIBLIOGRAPHIE
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participation des groupements féminins au développement de la
collectivité locale », mémoire
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« Micro crédit : Fiction et
Réalité. », Article dans le n° 90 de Aventure
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27- SAKHO Daouda (2004), « Le
SIG et la microfinance », magazine M&D.
§ Textes inédits
28- ADJIBADE Awa (2008), « Le
rôle et besoins de la femme et de la fille africaine : une
réflexion personnelle ». CRDI.
29- CGAP (2004), « Mettre en
place les systèmes adaptés aux besoins des
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30- CHESTON Susy et Lisa Kuhn (2002),
« Le renforcement du pouvoir d'action des femmes par la
microfinance ».
31- DUFRICHE Odile (2000), « La
contribution des femmes au développement en Afrique
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communication à la chaire Quételet Lourain - la -
Neuve.
35- SHAH Anup (2010), « droits
de femme », Globalissues.
§ Textes législatifs et
réglementaires
36- Nouvelle Politique de crédit de l'IMCEC,
2009.
37- Règlement intérieur de l'IMCEC,
2005.
38- La loi PARMEC, 1995. (loi n° 95 -03
du 05 -01- 1995)
39- Les instructions de la BCEAO, 1998.
§ Conférence
40- Me Malika HAMIDI, « Le
rôle de la femme dans notre société
actuelle », le 15/02/2008 à Paris, rue
guillaume.
§ Webographie
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES FEMMES
DEFAVORISEES
· Profil socio- économique des femmes
défavorisées membres de l'IMCEC
*Profil social
Situation personnelle :
- L'âge
- Niveau scolaire
- Formation
Situation familiale :
-Taille des familles
- Statut matrimoniale
- Nombre d'enfants
- Scolarité des enfants
Situation communautaire
* Profil économique
*Charges des femmes défavorisées
· Les services offerts aux femmes
défavorisées par l'IMCEC Mbour
*Les services financiers
*Les services non financiers
· Satisfaction des femmes défavorisées
membres de l'IMCEC
*Satisfaction sociale
* Satisfaction sur le renforcement des capacités
*Satisfaction économique
· Difficultés rencontrées par les
femmes
· Suggestions faites par les femmes pour solutionner
ces difficultés
GRILLE D'OBSERVATION DES FEMMES
DEFAVORISEES
A l'IMCEC
|
Dans le domicile
|
- Descente en Voiture
- la mine (Souriante, inquiète)
- Habillement
- Comportement
|
- Equipement
- Mobilier
- Nourriture
- Construction
|
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PERSONNES
RESSOURCES
· Identification de l'organisation
· Description des principes formels
· Description du fonctionnement informel
· Caractérisation de l'organisation
· Réponses apportées par l'IMCEC
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Guérin, Microfinance et autonomie féminine -
P F S - Document de travail N° 32 - Lyon, 2002
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www.wikipédia.org : Me Malika Hamidi - Conférence sur le
thème : « Le rôle de la femme dans notre
société actuelle ? » - Paris, le 15
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* 5 Ibid.
* 6 Agency Inter Press
Service (www.ipsinternational.org)
* 7 Awa Adjibade :
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Afrique subsaharienne » - Avril 2000 Département de
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Horus Development Finance - KFW.
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Communication à la rencontre d'information avec le CDIS tenue
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1ere année ENTSS- 2007 -2008
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