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Le productivisme et le droit international de l'environnement

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par Carlos NGOUFACK
Université de Limoges - Master II 2010
  

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Conclusion......................................................................................................................60

DEDICACES

Je dédie ce travail à ma mère. Madame TONFACK Christine

PRODUCTIVISME ET DROIT INTERNATIONAL DE L'ENVIRONNEMENT

Introduction

La protection de l'environnement est en ce début de millénaire le point central de tout débat sur l'évolution de la vie sur terre. Certains scientifiques et chercheurs prédisent même parfois la disparition de l'espèce humaine due notamment au fait que la terre deviendra inhabitable à cause de l'irréversibilité des dommages qui sont et qui continuent d être causés à l'environnement.

Par ailleurs, à coté de ces débats doctrinaux, se pose avec acuité le problème de la dégradation de l'environnement. Et la chasse aux responsables est lancé, il convient toujours de se poser cette question au combien importante : Qu'est-ce qui est à l'origine de la dégradation de l'environnement?

Les réponses à cette question fusent de toutes part et aussi différentes les unes que les autres; on citera les pays industriels, les pays riches, les secteurs d'activités tels que l'agriculture, l'industrie... entrent directement en ligne de compte. Mais difficilement on évoquera la réponse d'un point de vue systémique. Ne serait-il pas possible que ce soit le système de fonctionnement et l'idéologie de gouvernance qui favorise une telle dégradation de l'environnement.

En effet, si pendant longtemps une guerre acharnée a divisée la scène mondiale quant à savoir quel serait le meilleur système de gestion et de fonctionnement ou encore la meilleure idéologie, un aspect fut cependant occulté, aspect qui peut se révéler aujourd'hui déterminant.

Le capitalisme et le communisme se sont longtemps affrontés avec des rattachements à l'un ou l'autre de ces systèmes le marxisme, le socialisme et d'autres systèmes dérivés. Mais si la chute du bloc soviétique a sonné le glas du communisme, et intronisa le capitalisme comme idéologie dominante, il existe cependant une autre idéologie rarement présenter comme tel mais qui va au fil du temps prendre le pas sur le capitalisme et s'imposer au fil des années comme l'idéologie dominante : c'est le productivisme.

Le productivisme est une notion assez complexe et qui jusqu'à ce jour n'a pu trouvé de définition unanime encore moins une définition universellement reconnue. Cela tient sans doute du fait que le productivisme n'a jamais été considéré comme autonome, il lui a toujours été attribué un caractère subsidiaire; et cela ressort clairement de l'analyse de son historique et de son évolution.

Avant d'envisager son historique et son évolution, il convient d'abord de s'appesantir sur les diverses définitions et sens qui lui ont été reconnus.

Le productivisme a été défini comme la tendance à rechercher systématiquement l'amélioration ou l'accroissement de la productivité1(*). Cette définition démontre à suffire la situation déguisée du productivisme qui est ainsi présenté comme une simple tendance et non comme le système qu'il est réellement.

Le productivisme veut aussi dire produire pour produire. Ainsi, dans l'idéologie productiviste, la « croissance économique » est le seul facteur de progrès, il faut produire plus toujours plus. Le productivisme est donc un système dont le leitmotiv est la croissance quantitative à tout prix et à tous les prix.

S'il est vrai que le productivisme a toujours été rattaché au capitalisme, cela vient sans nul doute du fait que celui-ci a été le système à travers lequel le productivisme a connu sa plus grande ascension. Mais il convient de noter ici que le productivisme n'est pas la fille du capitalisme comme cela se verra dans l'analyse de son évolution.

Le productivisme qui est aussi défini comme la volonté de croissance de la production ; c'est une survalorisation de l'accumulation et l'idée que plus de biens matériels accroît le bonheur2(*)

De ce point de vue, on peut dire que le productivisme voit le jour à l'antiquité car l'idée de progrès et d'abondance est déjà présente chez les sumériens mille sept cents (1700) ans avant J.C comme l'avait montré Hammourabi.

On peut donc envisager l'historique du productivisme en fonction de son évolution et on verra qu'elle s'est faite en trois temps.

D' abord le productivisme s'est basée sur une perception d'un Monde infini. Même si on détecte quelques traces de productivisme dans les économies agricoles des civilisations babyloniennes, égyptienne, juive, grecque et romaine qui dégageaient déjà des surplus, il ne s'agissait nullement d'accumulation à caractère productif. De même que si l'on retrouve dans la Genèse de l'ancien testament dont l'origine est datée entre le onzième et le deuxième siècle avant J.C une injonction de domination de la nature: «soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ». Des auteurs tels Aristote ont également traiter du productivisme ou de ce qui en tenait lieu à leur époque, notamment dans son ouvrage intitulé politique.

Mais malgré cette origine lointaine, c'est à la Renaissance que de nombreux auteurs avec l'avènement de la modernité se sont de plus en plus penchés sur le sujet en s'appuyant sur la démesure. Le monde pensait-on à l'époque était infini et les biens illimités. Il s'agissait à cette époque d'un véritable arraisonnement économique du monde3(*). Cette idée de l'infini va connaître un pic avec les découvertes de Copernic et de Galilée.

Ensuite les découvertes et les inventions scientifiques ont entraînés la montée en puissance du scientisme4(*) qui après la chute du mythe de l'infinitude du Monde et du caractère illimité des ressources qu'il contient ont fait croire que la techno science pouvait tout arranger et tout réparer. Et cette philosophie était sous-tendu par l'idée d'accumulation de plus en plus ancrée dans les moeurs et soutenus par des auteurs tels Charles de Montesquieu qui soutenait à l'époque que plus de Biens matériels accroît le bonheur. Cette idée sera ensuite théorisée au dix-huitième et au dix-neuvième siècle par des auteurs tels Smith et Ricardo qui vont prôner la « reproduction élargie »5(*)de l'économie qui s'oppose à la « reproduction simple »6(*)

Le productivisme à cette époque s'appuie sur le développement technique pour accroître le rythme de production et augmenter la vitesse de croissance. Il s'agit de ce qu'on a appelé à l'époque « le développement des forces productives », et comme l'écrit d'ailleurs fort à propos Gilbert Rist : « Ainsi s'est propagé à l'intérieur du corps social une croyance diffuse- qui même si elle n'est pas sans cesse explicitement réaffirmée -inspire l'ensemble des pratiques productivistes qui prévalent depuis le début de la révolution industrielle. Quelle qu'en soit la variante retenue, libérale ou marxiste, c'est le « développement des forces productives » qui importe d'abord»

Enfin il y a le productivisme moderne ou « le productivisme cognitif ». Ici tout tourne autour de l'argent ; il est dématérialisé, dévient un principe autosuffisant, entéléchie7(*). On est passé ici de la marchandisation à la monétarisation8(*). Cette politique a fait dire a Jean ZIN que : « ce système contraint à ce que l'investissement [...] augmente la productivité du travail, en diminuant grâce aux machines, le temps socialement nécessaire à la production des marchandises afin de profiter d'un coût de production inférieur à la concurrence et bénéficier d'une rente de situation pendant un certain temps». Et ce productivisme cognitif associé au capitalisme tous azimuts en vigueur de nos jours ont donné un cocktail explosif

Avec le productivisme cognitif tout devient marchandise, et avec le passage à la monétarisation, ce principe s'est encore un peu plus accentué et « l'échange marchand n'est plus une fin en soi mais devient l'instrument du principe monétaire » Et lorsque les problèmes environnementaux ont commencé à se poser, les solutions apportées ont évolués en fonction de l'étape de développement du productivisme

A l'époque de la vision limitée du monde, il ne se posait pas de problèmes environnementaux. Mais avec l'évolution et la perception infinie du Monde, les choses ont changées. Les problèmes ont commencé à naître, mais l'avènement du scientisme a proposée comme solution le pouvoir absolu de la science et la faculté reconnue à celle-ci de réparer tous les dommages. L'évolution vers la monétarisation a entraîné la réparation ; à défaut de pouvoir arranger les situations dommageables, on se propose de les réparer, de les compenser.

Comme on peut le constater, le productivisme est d'origine lointaine et a connu une évolution certaine et une certaine adaptation aux problèmes qu'il a rencontré au fil de son histoire même si on peut dire sans risque de se tromper -on l'espère- qu'il a connu de nombreuses contre-finalités9(*) et n'a jamais su s'adapter ou encore les adapter.

Cette incapacité du productivisme à gérer les contre-finalités nous amène à s'interroger sur son action quant à ce qui concerne son influence sur la protection de l'environnement. Celle-ci nous conduit à l'interrogation sur l'influence du productivisme sur le droit international de l'environnement ; et partant est-ce que le productivisme peut influencer le Droit International de l'environnement, et réciproquement ? Surtout comment le droit international de l'environnement peut contrer l'influence du productivisme s'il s'avérait exact que celui-ci (le productivisme) pouvait influencer celui-là (le droit international).

La question qui nous interpelle ici porte sur les interactions du productivisme et du droit international de l'environnement ; autrement dit comment le droit international peut-il et doit-il réagir aux attaques du productivisme ?

Si l'on prend en compte que le but principal du droit international de l'environnement est la protection de l'environnement, et que l'on considère que le productivisme est le système qui sous- tend les déviations qui mènent à la dégradation de l'environnement, il nous parait opportun donc d'envisager la réaction du droit international de l'environnement face aux attaques du productivisme.

Ce travail visera donc à montrer que le productivisme est la principale cause de la dégradation de l'environnement que nous connaissons aujourd'hui, de même que la vitesse de cette dégradation lui est aussi pleinement imputable. Il s'agira donc ici de tirer la sonnette d'alarme sur les dérives du productivisme et d'informer les différents acteurs qui interviennent ou qui devraient intervenir dans la protection de l'environnement à savoir d'abord les dirigeants politiques dotés d'un pouvoir de représentation des Etats, aussi infime soit-il car ce sont eux (Etats) qui ont favorisé de part leur laxisme l'installation cette anarchie et par le parallélisme des formes ils sont les plus à même de faire changer positivement la tendance et éviter la catastrophe. Ensuite, il s'adresse aux autres acteurs du droit international de l'environnement. Il s'agira donc de démontrer que la protection de l'environnement ne consistera désormais plus à prendre quelques mesures éparses et ponctuelles, mais bien évidemment de changer radicalement de cap, en effectuant une remise en cause du système car c'est d'une révolution systémique qu'il est ici question.

Notre travail se fera en respectant le plus possible la méthodologie juridique, mais a cela on associera dans une certaine mesure les méthodologies sociologique et anthropologique car il s'agira dans une moindre mesure d'une étude analytique de la société mondiale.

Nous envisagerons ainsi d'une part le productivisme comme vecteur primordial de destruction de l'environnement (première partie), et d'autre part la nécessité, certes improbable d'une conciliation entre le productivisme et le droit international de l'environnement.

Cette configuration a pour but de démontrer l'impact négatif des activités productivistes sur l'environnement rendant ainsi difficile toutes réactions et transformant les actions du droit international de l'environnement en simple velléité, ensuite, de démontrer qu'il existe des solutions pour ralentir le vaisseau sinon l'arrêter ou le faire changer de cap et essayer de contredire François ISELIN qui pense qu' «il est vain de freiner et de faire reculer un bolide fou qui va droit dans le mur et s'y trouve déjà à moitié embouti ! »10(*)

Première partie: Le productivisme, obstacle majeur à la protection de l'environnement

Le productivisme a été défini comme ce système qui a pour moteur l'accroissement à tout prix et à tous les prix de la production, et cette fâcheuse tendance s'est toujours accompagnée de conséquences qui malheureusement se sont montées de plus en plus importantes et de plus en plus dangereuses voire irréversibles sur l'environnement.

Ces atteintes sont la résultante des pratiques productivistes d'une part (chap. 1) et sont favorisées par la conjoncture internationale qui est elle-même tributaire du système internationale (chap. 2)

* 1 Dictionnaire Larousse édition 2009. Consulté sur Larousse.fr le 26 juin 2010

* 2 Élise LOWY : petite histoire du productivisme. Article consulté le 18 mars 2010 sur le site http://economie-social.lesverts.fr/spip.php?article281

* 3 Pour utiliser les propos de Heidegger

* 4 Conception philosophique fondée sur l'idée que les progrès de la science constituent la clef de tous les problèmes humains.

* 5 Il s'agit d'une économie avec création d'un surplus, d'un excédent de richesse par rapport à la quantité nécessaire au maintien de l'économie dans son état initial.

* 6 Recommencement à l'identique d'une année sur l'autre d'un système économique donné

* 7 Dans la philosophie aristotélicienne, se dit du principe actif qui fit passer une chose qui n'est encore qu'en puissance à l'état de réalisation, à l'état d'acte, ainsi que cet acte final lui-même

* 8 Élise LOWY op. Cit.

* 9 Il s'agit du fait que les effets bénéfiques d'un progrès technique soi plus que compensés par ce que les économistes appellent ses « effets pervers », effets négatifs, non désirés, qui accompagne fatalement les effets bénéfiques.

* 10 Extrait du journal Solidarités du 17 septembre 2005.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo