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Le productivisme et le droit international de l'environnement

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par Carlos NGOUFACK
Université de Limoges - Master II 2010
  

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Paragraphe 1: Les symptômes du système productiviste

L'une de principaux dangers du système productiviste est sa faculté a dérégler l'homme, à en faire tantôt un producteur invétéré, tantôt un consommateur insatiable. Ainsi, le productivisme se marque par une montée sans cesse croissante de la production accompagnée par une montée comparable et relative de la consommation.

A: La montée incessante et incontrôlée de la production

Si le productivisme a été défini comme ce système qui a pour moteur l'accroissement à tout prix et à tous les prix de la production, rien d'étonnant donc qu'on connaisse aujourd'hui cette montée folle du niveau de production. Non seulement la production n'a de cesse de croître, mais en plus de nouveaux producteurs s'ajoutent progressivement.

1: Produire pour produire, produire toujours plus

Le système productiviste a pour finalité l'accroissement de la production. Or selon une opinion ancienne, l'homme apparaît toujours comme la finalité de la production, quel que soit le caractère borné de ses déterminations nationales. Ainsi, selon cette thèse soutenue par Marx, le but de la production est la satisfaction des besoins de l'homme. Mais au regard du monde moderne, c'est la production qui apparaît comme la finalité de l'homme, et la richesse comme finalité de la production. Cette évolution négative est parfaitement illustré par l'exemple suivant: En économie traditionnelle (pre productiviste), l'échange part d'une marchandise M dont le possesseur n'a plus l'usage, la convertit en argent A pour ensuite acheter une autre marchandise M', qui elle, lui sera utile. L'échange est donc M1-A-M2. Dans cette formule, on a toujours M1=M2. Si l'échange est utile en dépit de cette égalité, c'est que les marchandises sont ici en réalité des choses utiles. L'économie moderne consiste au contraire à partir d'une certaine somme d'argent, à l'investir en achetant des marchandises, pour à la fin obtenir de l'argent : l'échange est donc A-M-A'. L'argent acquiert donc le statut d'instance et de fondement du système de production quand il en constitue également la finalité. Dans la formule A-M-A', on a toujours A' > A, et le moteur de ce système de production est donc le différentiel entre A' et A, c'est-à-dire «cet incrément, l'excédent qui dépasse la valeur primitive» que Marx appelle «plus-value» ou plus littéralement «survaleur».29(*)

Cette thèse démontre le penchant à la « survalorisation » que prône le productivisme. Il faut produire toujours plus, la finalité n'étant plus la satisfaction des besoins de l'homme. Ici c'est l'homme qui doit maintenant s'adapter aux besoins de production, c'est l'homme qui aujourd'hui est le moyen pour arriver à la production. On note également une hausse permanente du niveau de production des pays industrialisés. Et à cela il faut ajouter la montée galopante du niveau de production des pays émergents.

2: La montée en puissance de nouveaux acteurs de la production tous azimuts : les pays émergents

La production est le fer de lance du productivisme, on l'a déjà dit. Mais lorsque l'on connait le niveau de production des pays industrialisés ou développés, et que l'on voit le taux de croissance des pays dits émergents, il y a de quoi s'inquiéter.

Les pays émergents sont des pays dont le PIB par habitant est inférieur à celui des pays développés, mais qui vivent une croissance économique rapide, et dont le niveau de vie ainsi que les structures économiques convergent vers ceux des pays développés. Le premier à utiliser le terme « émergent » est Antoine van Agtmael, économiste néerlandais à la Société financière internationale en 1981 pour parler de pays en développement offrant des opportunités pour les investisseurs.

La place sans cesse croissante que les pays émergents occupent progressivement n'est plus à démontrer. Ainsi, parmi les 2000 plus importantes sociétés cotées dans le monde, par niveau de capitalisation, d'après la liste établie par le magazine Forbes, figuraient, en 2009, 91 groupes chinois (contre 25 en 2004), 47 indiens (contre 27), 31 brésiliens (15), 28 russes (12), 19 sud-africains (11), 19 malaisiens (16), 18 mexicains (17), 17 singapouriens (16) et 15 saoudiens.30(*)

En plus de cette place sans cesse croissante dans le domaine des entreprises, il y a la hausse de leur part de marché dans le commerce international. Ainsi, la production totale des pays émergents égale déjà celle des pays développés.31(*)

Si la détermination des pays émergents n'est pas aisée, et dépend généralement de certains critères subjectifs, les principaux pays émergents sont ceux du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). A ceux là s'ajoutent d'autres pays qui varient en fonction de l'institution ayant fait le classement.32(*)

La banque d'investissement Goldman Sachs dans un rapport publié en 2003 prévoyait que les quatre principales économies émergentes devraient à l'horizon 2050, dépasser la plupart des économies des pays occidentaux (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie).

A ce propos Ivan Illich écrivait que: « au stade avancé de la production de masse, la société produit sa propre destruction ». Cette montée de la production a pour effet corollaire la montée de la consommation.

B: Le culte de la consommation

Plus qu'une simple montée de la consommation, on pourrait parler aujourd'hui d'un culte de la consommation. A commencer par l'énergie. Ainsi, l'AIE (L'Agence internationale de l'énergie) prévoit une augmentation de la consommation des énergies fossiles de près de 65 % sur la période 2000-2030, si aucune mesure n'est prise dans ce domaine.

L'idée est donc de consommer toujours plus, et à cela il faut ajouter le nombre sans cesse croissant de consommateurs.

1: Consommer toujours plus

Pour ce qui est de la consommation proprement dite, celle-ci a menée aujourd'hui à un véritable gaspillage. La consommation n'est plus la satisfaction d'un besoin, mais l'assouvissement d'un désir. Et les désirs sont de plus en plus nombreux et généralement imaginaire. Cette situation a conduit à la consommation ostentatoire.

La consommation ostentatoire est une consommation destinée soit à montrer un statut social, un mode de vie ou une personnalité, soit à faire croire aux autres que l'on possède ce statut social, mode de vie ou personnalité. La consommation est statutaire, elle sert à celui qui en fait un usage ostentatoire à indiquer un statut social. En d'autres mots, quelqu'un qui achète une voiture de luxe peut indiquer à celui qui achète une voiture familiale, "par mon statut, je n'ai pas besoin que ma consommation reflète mes besoins". La consommation ostentatoire permet de montrer ou de faire croire que l'on a les moyens, et chaque groupe social copie le cycle de vie du groupe qui est situé juste au dessous de lui, appelé groupe de référence. Cela lui permet de se démarquer du groupe qui se trouve juste en dessous de lui. C'est l'effet Duesenberry.

La dépense ostentatoire peut être associé avec le gaspillage. Timothy Jones, chercheur au département d'anthropologie de l'université d'Arizona, a démontré que de 30% à 50% de la production alimentaire se retrouve aux poubelles et plus de 25% de la consommation américaine en eau potable et environ 300 millions de barils d'huile sont nécessaires annuellement pour produire ces aliments gaspillés. De plus, ces déchets ne servent qu'à produire une quantité importante de méthane. Les recherches du Dr Timothy Jones démontrent également qu'au cours d'une production annuelle, 350 000 tonnes de feuilles de laitue, 130 000 tonnes de brocoli, 40 000 tonnes de carottes et 50 000 tonnes de choux-fleurs sont perdus sur les fermes américaines, 50% de ces pertes ne sont jamais récoltés. Et cette situation n'est pas l'apanage des seuls américains.

Une étude menée par le programme d'action sur les ressources et le déchets (WRAP), qui fut crée par le gouvernement britannique afin de mener à bien des recherches sur les déchets et les emballages, révèle que les déchets alimentaires britanniques totalisent 6,6 millions de tonnes par année. Le rapport mené par le WRAP conclu que « si nous cessions de gaspiller de la nourriture qui pourrait encore être mangé, nous pourrions réduire notre émission de dioxine de carbone d'au moins 15 millions de tonnes par année ». Il ajoute que « la majeure partie de ces émissions sont associées aux énergies enclavés, toutefois, une proportion significative résulte des déchets alimentaires non triés qui se retrouvent dans les dépotoirs ».

A cette consommation sans cesse croissante dans les pays occidentaux, s'ajoute aujourd'hui celle des pays émergents.

2: La montée du niveau de consommation pour de nouveaux consommateurs

La consommation en elle même n'est pas une aberration, mais elle le devient lorsqu'elle devient ostentatoire. Et c'est la consommation ostentatoire qui soutient le productivisme. Et de nos jours de nombreuses autres poches de consommation voient le jour.

Un scénario économique prudent suggère que les pays émergents contribueraient à plus de 50 % de la croissance de consommation mondiale d'ici à 201533(*). Cela rappelle la pensée qui dit que le pays le plus développé est suivi par les autres aussi bien dans son niveau que dans son mode de consommation : c'est "l'américanisation des modes de vie". Et cette tendance se confirme avec la montée en puissance des pays émergents. Mais le danger de l'américanisation est que pour vivre selon le modèle américain- de consommation il s'entend- il nous faudrait cinq planètes, trois sur le modèle français.

A cela il faut ajouter les incertitudes qui jouent malheureusement en la défaveur de l'humanité. Ainsi les pays émergents d'aujourd'hui seront les pays développés de demain, les pays pauvres d'aujourd'hui seront peut-être aussi les pays émergents de demain et finalement des pays développés.

La tendance à l'évolution est une des pierres angulaires du productivisme et est également l'un des fléaux du productivisme car s'en prend directement aux ressources et dans une certaine mesure à la population. Mais il existe des conséquences directes sur les populations ou alors les conséquences des atteintes qui touchent directement les populations.

* 29 Jean Vioulac, L'époque de la technique, Marx, Heidegger et l'accomplissement de la métaphysique, Paris, Puf, 2009 (Épiméthée), 328 p., p. 269-271.cité par un article paru sur le site http://atelierprepa.over-blog.com/article-l-argent-comme-commencement-et-comme-fin-38302190.html

* 30 Article consulté en ligne le 25 juillet 2010 sur le site http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/25/les-pays-emergents-dans-le-monde_1296196_3234.html

* 31 Article paru en ligne et consulté le 25 juillet2010 à l'adresse http://www.scienceshumaines.com/index.php?id_article=14674&lg=fr#

* 32 Article paru en ligne à l'adresse http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/25/les-pays-emergents-dans-le-monde_1296196_3234.html et consulté le 20 août 2010

* 33 Article consulté en ligne le 14 juillet 2010 à l'adresse http://www.societegenerale.com/actiorama/consommation-mondiale-les-pays-emergents-prennent-definitivement-le-dessus

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus