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L'intelligence territoriale

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par Elhabib Stati
Hassan 1.Settat - Master en politique publique 2009
  

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Introduction :

L'évolution des contextes économiques et des faits de société, conjuguées aux nouvelles préoccupations d'aménagement des territoires et de développement durable, conduisent à définir de nouvelles approches pour la gestion du développement locale. Ainsi, la connaissance du territoire, la veille stratégique et évaluation des politiques entrainent la nécessité d'un outil capable de quantifier les phénomènes locaux et d'analyser les évolutions et anticiper les risques possibles.

En effet, dans ce contexte et face aux transformations engendrées par l'économie de savoir, les décideurs au sein des collectivités locales se doivent de comprendre les évolutions de l'environnement afin d'envisager les actions communes qui s'imposent de plus en plus. L'intelligence territoriale s'impose comme un des leviers permettant d'améliorer un tel apprentissage.

A l'mage des entreprises, les collectivités sont amenées à l'aide de l'intelligence territoriale à assurer une veille stratégique pour apporter aux décideurs publics les informations utiles au développement de leur territoire. Qu'est-ce que donc l'intelligence territoriale ? Quels sont ses enjeux et ses objectifs ? et quels sont ses principes ? Comment peut-elle servir le développement local ?et enfin, Où et comment positionner une démarche d'intelligence territoriale ?

Pour répondre à ces questions, nous adopterons le plan suivant :

1. Champ contextuel et conceptuel d'intelligence territoriale.

2. L'intelligence territoriale et l'intelligence économique.

3. Les enjeux et les objectifs de l'intelligence territoriale.

4. Principes d'intelligence territoriale.

5. L'intelligence territoriale au service du développement local.

6. Où et comment positionner une démarche d'intelligence territoriale ?

7. la mise en application opérationnelle d'intelligence territoriale.

ÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜÜ

1. Champ contextuel et conceptuel d'intelligence territoriale:

Face à la mondialisation, la recherche et la diffusion d'informations stratégiques deviennent une nécessité, que ce soit pour les pouvoirs publics, les entreprises ou les territoires. Depuis quelques décennies, les économistes ont utilisé la notion d'intelligence économique, qui se définit comme un dispositif de gestion pour la prise de décision, un dispositif issu des renseignements fournissant de l'information stratégique à la gouvernance1(*). La définition de ce concept d'intelligence économique prend cependant différentes orientations en fonction des structures observées : entreprises ou État. Toutefois, l'intelligence économique est un concept complexe et multidimensionnel qui est né et a évolué au travers de plusieurs champs disciplinaires, notion qui englobe et dépasse le simple dispositif de veille2(*). Aujourd'hui, tout débat sur la gouvernance se produit dans un nouveau contexte, celui de la société de la connaissance3(*). Dans cette société globalisée, la combinaison de ressources avec l'innovation technologique et organisationnelle permet une plus grande compétitivité. La connaissance se présente dès lors comme le principal facteur productif, celui qui va donner une valeur économique déterminante. L'importance de ce facteur est telle que Serres résume son rôle dans le monde actuel comme « la connaissance est aujourd'hui l'infrastructure »4(*). La société de la connaissance va plus loin que la société de l'information. L'information est un outil de la connaissance, mais non la connaissance en elle-même. Pour de nombreux auteurs, la notion de société de la connaissance établit un lien avec le développement humain, et cela dans un double sens : création d'opportunités et développement de la liberté de choix. La société de l'information fait référence plutôt à l'aspect technologique, tandis que la société de la connaissance comprendrait une dimension sociale, éthique et politique plus ample.

C'est dans ce contexte qu'apparaît le concept d'intelligence territoriale qui, comme toute notion en construction, est un concept polysémique. Ce concept, provenant de différentes définitions d'intelligence territoriale, met l'accent sur différents aspects liés à la connaissance du territoire. Girardot met en relief l'ensemble des connaissances pour comprendre le territoire : « Le concept d'intelligence territoriale désigne l'ensemble des connaissances pluridisciplinaires qui, d'une part, contribuent à la compréhension des structures et des dynamiques territoriales et d'autre part, prétendent être un instrument au service des acteurs du développement durable des territoires »5(*). Dumas(2004) parle des processus de connaissance ou d'autoconnaissance du territoire6(*). Yann Bertacchini7(*)définit l'intelligence territoriale de manière plus précise : « un processus informationnel et anthropologique, régulier et continu, initié par des acteurs locaux physiquement présents et/ou distants qui s'approprient les ressources d'un espace en mobilisant puis en transformant l'énergie du système territorial en capacité de projet. De ce fait, l'intelligence territoriale peut être assimilée à la territorialité qui résulte du phénomène d'appropriation des ressources d'un territoire puis aux transferts des compétences entre des catégories d'acteurs locaux de culture différente »8(*).

D'un point de vue des S.I.C9(*), Selon Bertacchini, ce processus informationnel autant que anthropologique suppose la conjonction de trois hypothèses pour arriver à initier, à construire le capital formel entre territoire:

o Les acteurs échangent de l'information (génération d'énergie à titre individuel et/ou collectif);

o Ils accordent du crédit à l'information reçue (captation-échange de l'information);

o Le processus de communication ainsi établi, les acteurs établissent les réseaux appropriés et transfèrent leurs compétences (mobilisation et transfert d'énergie : formulation du projet).

Ajoutant que Lorsque ces hypothèses sont réunies et vérifiées, les gisements de compétences peuvent être repérés à l'aide d'une action d'information et de communication territoriales puis mobilisés dans la perspective d'un projet de développement.

Ainsi, l'intelligence territoriale pour Bouchet est un nouveau processus permettant l'échange d'informations stratégiques au niveau local. Dès lors, le système territorial s'approprie un processus d'apprentissage social et la territorialité devient un système apprenant10(*) .

Selon Damien Bruté de Rémur, maître de conférences à l'université de Montpellier, l'intelligence territoriale ne se résume pas, à la territorialisation de l'intelligence économique qui n'est pas finalement que la déclinaison au niveau des découpages territoriaux de la politique nationale d'intelligence économique11(*).

Christian Marcon et N.Moinet définissent l'intelligence territoriale comme « l'ensemble des actions d'intelligence économique conduites de manière coordonnée par des acteurs publics et privés(marchands et non marchands) localisé dans un territoire, afin d'en renforcer la performance économique, et par ce moyen, le bien être de la population locale »12(*).Aussi, Jean-Jacques Girardot la définit, d'une part, comme « l'ensemble des connaissances pluridisciplinaires nécessaires pour agir sur les territoires »,et comme « un processus de gouvernance que les communautés élaborent pour garantir le développement équitable et soutenable de leurs territoires »,d'autre part13(*).

Mais J.M Bruneau proposait une autre définition. Pour lui, l'intelligence territoriale répond spécifiquement aux des organisations territoriales telles que les communes, les départements, les régions....Elle n'est la simple déclinaison locale de la politique nationale ; elle n'est pas un dispositif d'intérêt collectif privé-public. Elle représente « la capacité d'anticipation, la maitrise du renseignement économique et technique et l'utilisation organisée des réseaux d'influence et d'actions au profit d'un projet d'une collectivité locale par des élus et des cadres territoriaux»14(*).

Malgré les différentes dimensions et définitions de l'intelligence territoriale présentent quatre points en commun :

Ø une organisation mutualisée d'acteurs qui forment un réseau implanté sur le territoire ;

Ø un processus de travail basé sur la collecte, l'échange et le traitement d'informations et de connaissances ;

Ø une attention particulière portée au développement durable et à l'attractivité des territoires ;

Ø un travail collectif impliquant les parties prenantes du territoire.

Selon Girardot15(*) , la capacité d'apprentissage dépend d'abord des acteurs qui ont, d'une part, différents accès à l'information et, d'autre part, différentes capacités pour transformer cette information en connaissance. En ce sens, les auteurs cités expliquent que cet apprentissage permettra de concevoir les territoires comme systèmes (ou groupes de systèmes) intelligents, dotés d'une certaine capacité de mobilisation des connaissances, et dotés d'une capacité d'adaptation des actions aux nouvelles circonstances.

Reprenant la définition du territoire que nous donnent Leloup, Moyart et Pecqueur16(*) , le territoire est vu comme un espace d'acteurs où se génèrent une production et une appropriation des ressources. Dans la société de la connaissance, la première ressource nécessaire, objet de cette production et appropriation, sera la connaissance existante du territoire ainsi que les processus qui se développent au sein de celui-ci. Mise en relation avec la gouvernance territoriale, on peut donc définir l'intelligence territoriale comme un ensemble de connaissances relatives à la compréhension des structures et dynamiques territoriales, ainsi que des instruments utilisés par les acteurs publics et privés afin de générer, utiliser et partager cette connaissance.

Enfin et suivant Corbineau17(*) « qu'est-ce que l'intelligence territoriale, si ce n'est l'intelligence de vivre ensemble dans un espace-temps donné ? ».

* 1 Dolores REDONDO-TORONJO, TERRITOIRE, GOUVERNANCE ET INTELLIGENCE TERRITORIALE, Bulletin de la Société géographique de Liège, 49, 2007, p : 27.

* 2 Bouchet, Y. (2006). La confiance lors de la construction d'un processus d'intelligence économique territoriale, V Colloque Tic et territoire : quels développements, Université de Franche Comté, isdm.univ-tln.fr/PDF/isdm26/YBouchet.pdf

* 3 La notion de « société de la connaissance » a été utilisée en 1969 par l'universitaire Peter Drucker et,

dans les années 1990, cette notion a été approfondie par des chercheurs comme Robin Mansell et Nico Stehr. Ce concept est né presqu'en même temps que les concepts de « société de l'apprentissage » et de l'éducation tout au long de la vie, ce qui n'est pas qu'une simple coïncidence (UNESCO, 2005).

* 4 Lévy, P. (1994). L'Intelligence collective. Pour une anthropologie du cyberespace, Paris : La Découverte.

* 5 Girardot, J.-J. (2004). Intelligence territoriale et participation, ISDM 16, Article 161, TIC et Territoire.

* 6 Dolores REDONDO-TORONJO, TERRITOIRE, GOUVERNANCE ET INTELLIGENCE TERRITORIALE, Bulletin de la Société géographique de Liège, 49, 2007, p : 28.

* 7 Pour une recherche plus approfondie de ce terme, consultez les différents textes de la page Web du

projet CAENTI (Coordination Action of the European Network of Territorial Intelligence), http://www.territorial.intelligence.eu.

* 8 Bertacchini, Y. (2004). Entre information et processus de communication : l'intelligence territoriale, ISDM 16, Article n° 156, Mai 2004, p : 11.

* 9 Sciences de l'information et de la communication

* 10 Bouchet, Y. (2003). Dispositif d'intelligence économique territoriale et gouvernance hybride, isdm.univ-fr/PDF/isdm27/isdm27_bouchet.pdf.

* 11 Monica Moldovan, et Christian Marcon, « Intelligence économique et territoriale au service d'une stratégie de développement régional. La délicate question de la formation des acteurs »,16ème Colloque de l'Association de Science Régionale de Langue française, 2008.

* 12 Christian Marcon et N.Moinet « L'intelligence économique ».Paris : Dunod, 2006.

* 13 Jean-Jacques GIRARDOT, coordinateur scientifique de la CAENTI, et Cyril MASSELOT, leader du groupe développement des outils, Université de Franche-Comté. Colloque TIC & Territoires, Université de Lyon, 14 juin 2007.

* 14 J.M Bruneau, « intelligence territoriale : de l'approche théorique à la mise en oeuvre stratégique ».Thèse de doctorat, Université de Poitiers, 2007.

* 15 Girardot, J.-J. (2004). Intelligence territoriale et participation, ISDM 16, Article 161, TIC et Territoire.

* 16 LELOUP, F., MOYART, L., PECQUEUR, B. (2004). La gouvernance territoriale comme nouveau mode de coordination territoriale ?, Actes des 4e journées de la proximité : Proximité, réseaux et coordinations, 17-18 juin, p : 15.

* 17 Corbineau, B. (2005). Intelligence territoriale et société en réseau - Les médiathèques de proximité, portails

de la connaissance, Colloque 4e TIC et Territoire : quels développements ? Île Rousse.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille