DEUXIEME PARTIE : L'Inspection du
Travail au vue de la réalité.
Cette Deuxième partie a pour objet d'étudier
l'inspection du travail, qu'est un acteur du monde du travail, face
à la réalité c'est-à-dire comment l'inspecteur du
travail exerce ses missions (I) ; ensuite, les moyens ou la
nécessité de développer l'Inspection du travail et de lui
donner la grande importance qu'elle mérite (II).
I_ la situation réelle de l'Inspection du
travail
à Djibouti.
En réalité, les inspecteurs du travail n'exercent
pas toutes les fonctions qui leur confiées par les textes et ne
disposent pas des moyens prévus par ces textes.
A_ Les fonctions exercées par l'Inspection du
travail.
L'inspection du travail n'exerce pas toutes les fonctions qui lui
sont confiées par les textes internationales (convention
n°81) et nationales (code du travail). Ainsi à
Djibouti, l'inspection du travail effectue très rarement des visites
d'entreprise et
L'Inspection du Travail
à Djibouti. Page 19
consacre l'essentiel de son temps de travail à la
conciliation des litiges individuels et collectifs et autres taches
administratives.
Au cours de l'année 2009 seulement 04
établissements ont été visités alors que le nombre
de conflits traités par ce service est de 2220.
(8) Cela va à l'encontre de
l'article 16 de la convention n° 81 qui stipule que «
les établissements doivent être inspectés aussi souvent et
aussi soigneusement qu'il est nécessaire pour assurer l'application
effective des dispositions légales en question », de
l'alinéa 2 de l'article 3 du texte précité qui
précise que « si d'autres fonctions sont confiées aux
inspecteurs du travail, celles-ci ne devront pas faire obstacle à
l'exercice de leurs fonctions principales ni porter préjudice d'une
manière quelconque à l'autorité et à
l'impartialité nécessaires aux inspecteurs dans leurs relations
avec les employeurs et les travailleurs. >> Et de la recommandation
n° 81 aux termes duquel « les fonctions des inspecteurs du travail ne
devrait pas comprendre la fonction d'agir en qualité de conciliateur ou
d'arbitres dans les différends du travail. >> 5
De même l'Inspecteur du travail n'exerce pas
réellement sa fonction d'information et conseils aux partenaires
sociaux, étant donné qu'il effectue très peu de visites
d'entreprises.
1) Sur le plan de ressources.
Il existe à Djibouti une inspection
généraliste. L'inspecteur et Les contrôleurs du travail ne
sont spécialisé dans un domaine particulier ce qui fait qu'ils
rencontrent des difficultés dans leur missions (de contrôle en
particulier). Les inspecteurs du travail doivent être en mesure
d'identifier les facteurs de risque professionnel afin de les prévenir,
les éliminer ou les réduire. Un facteur de risques est
définit comme toute situation de travail qui peut causer un dommage.
Parmi les facteurs de risques professionnels on retrouve, de facteurs chimique
c'est-à-dire les gaz toxique, les pesticides, des facteurs biologique
à savoir les poussières minérales, végétales
ou animales et des facteurs physico-chimiques qui sont parasitaires ou
bactériennes. Il faut donc être chimiste ou biologiste pour
pouvoir détecter ces facteurs de risque.
Lors des visites d'entreprises les inspecteurs du travail doivent
prélever et emporter aux fins d'analyse des échantillons de ces
matières et substances. Pour cela ils doivent connaitre ces
matières et substances et être capable de les analyser ; ce qui
n'est pas le cas des inspecteurs et contrôleurs du travail à
Djibouti qui n'ont pas des connaissances dans ce domaine.
(8) : voir « Rapport d'activité
de l'année 2009 »
De même il faut savoir les mesures et disposer des outils
nécessaires pour le contrôle de certains facteurs. Ainsi la
température (froid, chaleur) la lumière, le bruit, les vibrations
et trépidations ne sont nuisible pour la santé des travailleurs
qu'à un certain degré, il faut donc disposer des outils
permettant de mesurer ce degré, il faut donc disposer des outils
permettant de mesurer ce degré.
Enfin, l'article 197 du code du travail prévoit des
médecins du travail. Cependant il n'existe actuellement aucun
médecin du travail au service de l'inspection du travail ce qu'il fait
qu'il est difficile pour les inspecteurs du travail de se pencher sur la
question de santé des travailleurs.
2) Au niveau de la réglementation du
travail.
Le code du travail a prévu la création des
nombreux organes consultatifs à savoir le conseil national du travail,
de l'emploi et de la formation professionnelle ; le conseil national paritaire
des conventions collectives ; la commission nationale de sécurité
et de la santé au travail. En matière de santé et
sécurité au travail, la C.N.S.S au travail qui est un organe
tripartite a pour rôle l'étude des problèmes relatifs
à l'hygiène et à la sécurité en milieu de
travail. Elle est à ce titre chargée d'émettre toutes
suggestions et tous avis sur la réglementation en matière
d'hygiène et de sécurité du travail, ainsi que sur
l'orientation et la mise en application de la politique nationale de
prévention des risques professionnels. (9) 6
Malheureusement le décret fixant l'organisation et le
fonctionnement de cette commission n'a pas encore été
adopté.
De même le code du travail en son article 125
prévoit la prise des arrêtés en matière de
sécurité et travail mais cela suppose l'avis de cette commission
qui existe légalement mais qui n'est pas encore instituée.
Enfin, l'article 205 de ce même texte stipule que «
toute personne qui se propose d'ouvrir une entreprise ou un
établissement de quelque nature que ce soit doit, en faire la
déclaration à l'Inspection du travail du ressort. Un
arrêté pris sur proposition du ministre chargé du travail,
après avis du Conseil National du Travail, de l'Emploi et de la
Formation Professionnelle détermine les modalités de cette
déclaration. » Et d'ailleurs, tout ceci n'ont pas encore vu le jour
à Djibouti. Ainsi, l'adoption de ces textes faciliterait à
l'Inspection du travail le contrôle des dispositions relatives à
la santé et sécurité au travail.
(9) : Art 283 du code du travail
L'Inspection du Travail
à Djibouti. Page 21
B_ Les moyens dont dispose l'Inspection du
travail.
1) Dans le domaine de ressources Humaines.
L'inspection du travail dispose d'une inspectrice du travail,
8 contrôleurs du travail (dont une femme), une secrétaire et 2
secrétaires stagiaires, un planton chauffeur et une femme de
ménage. (Voir organigramme)
Ce sous effectif est dû au programme d'Ajustement
Structurelle (P.A.S) et le gel de recrutement, et également au fait que
les agents admis à la retraite, les agents décédés,
et ceux mutés dans des autres services n'ont pas été
remplacés.
Malgré le nombre insuffisant des inspecteurs et des
contrôleurs du travail, les agents de l'ITLS agissent efficacement et
remplissent leur mission. D'ailleurs, à Djibouti, un seul
contrôleur de travail a bénéficié d'une formation de
contrôleur de travail au Centre Régional Africain D'Administration
du Travail (C.R.A.D.A.T), les autres ont été formés sur le
tas.
Ces agents peuvent être des femmes aussi bien que des
hommes (art 8 du C L) et de plus, l'art 10 du même code stipule que le
nombre des inspecteurs du travail doit être suffisant pour permettre
d'assurer leurs fonctions.
A titre d'exemple ; en France, en 2003, les sections d'Inspection
du Travail disposaient de 2052 agents tandis qu'à Djibouti le nombre est
restreint soit dans les dizaines d'agents.
Quant à la motivation, elle est nulle du fait des
conditions de travail et de vie que connaissent les inspecteurs (salaires peu
élevés, aucun avantage, absence de perspective de carrière
etc.....), si bien que certain nombre d'entre eux choisissent les autres
administrations ou des entreprises après quelque temps d'exercice de la
profession.
2) Domaine de Ressources matériels et
Financières.
En ce qui concerne les Ressources matériels, il existe un
seul service d'Inspection du travail crée en 1947 et localisé
à Djibouti ville. Le local composé de 9 bureaux nécessite
une réhabilitation. L'inspection dispose actuellement comme
matérielles de bureaux de 3 ordinateurs, 3 imprimante, 6 armoires
métalliques, des chaises et des bureaux dont la plupart sont dans un
état déplorable. De plus, le service d'Inspection ne dispose pas
d'un véhicule de service ce qui fait que ce service effectue rarement
des contrôles.
En effet, sur le plan de ressources financières, le
budget alloué à ce service ne permet même plus de couvrir
les besoins en fourniture de bureaux ce qui fait que ce service ne peut
acquérir des matériels de bureaux.
Les moyens très limités mis à la disposition
des inspecteurs du travail pour l'accomplissement de leur tâche,
reflètent la situation générale d'un pays en
développement confrontés à d'insolubles problèmes
économiques qui contraignent à choix de priorités, parfois
difficiles.
Malgré tout, Comment peut-on développer cette
Inspection qui, d'ores et déjà, souffre de solidité ?
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