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Double juridiction de la forêt gabonaise : cas de la forêt de Mondah

( Télécharger le fichier original )
par Mnuela MINTSA
Unibersité Omar Bongo - DEA (Master Recherche) 2010
  

Disponible en mode multipage

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    Université OMAR BONGO

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    Faculté des Lettres et Sciences Humaines

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    Département d'Anthropologie

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    Double juridiction de la forêt gabonaise : cas de la forêt de Mondah

    Cas de la forêt classée de la Mondah

    Présenté et soutenu par

    Manuéla MINTSA

    Sous la direction du :

    Professeur Raymond MAYER

    Octobre 2010

    DEDICACE

    Les voeux de tout être humain est de réussir dans sa vie, aller toujours de l'avant et surtout, réaliser les rêves des êtres qui lui sont chers.

    A mon défunt Père

    A ma défunte mère

    Même dans la douleur d'une disparition précoce, je continue à nourrir l'espoir que vous êtes fiers de moi, de la où vous êtes. Continuer à guider nos pas et regarder ce que nous sommes devenus.

    REMERCIEMENTS

    Nous adressons nos sincères remerciements à notre directeur le professeur Raymond Mayer, pour sa disponibilité, malgré ses nombreuses occupations professionnelles, de nous avoir encadré dans l'élaboration de ce travail avec toute la rigueur scientifique. A Paulin Kialo, pour avoir accordé une attention particulière à ce travail. Au corps professoral du département d'Anthropologie, pour les enseignements reçus durant ces années.

    Nos remerciements vont ensuite à l'endroit des parents et amis : mes grands-parents, mes tantes et oncles, toutes mes soeurs, et mes trois filles : Lyvane, Lywine, Divine, pour leur attachement et l'harmonie qui nous anime. Sans oublier Meyong Allogho Emmanuel pour l'amour et attention qui nous ont aidés dans l'élaboration de ce mémoire. Tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire à travers les informations, les conseils, les finances et le soutien logistique. Je pense particulièrement, à Babongui Reine Davilas, Simbou Ida et Maloko Loudit Séraphin.

    SOMMAIRE

    Introduction 2

    Première partie: Approche Théorique et Méthodologique 17

    Chapitre 1 : Approche théorique et méthodologique 18

    Section 1: Approche théorique 18

    Section 2 : Approche méthodologique 26

    Chapitre 2 : Etat de la documentation 32

    Section 1 : Etudes d'autres régions du monde 32

    Section 2 : Etudes africaines 37

    Deuxième partie: juridiction traditionnel de la forêt 53

    Chapitre 3 : Présentation de la forêt classée de la Mondah 54

    Section 1 : Historique et Rapports de l'homme à la forêt ...54

    Section 2 : Ressources de la forêt 83

    Chapitre 4 : Juridiction traditionnelle de la forêt 88

    Section 1 : Les règles coutumières 88

    Section 2 : Les règles de gestion traditionnelle 91

    Troisième partie: Juridiction étatique de la forêt 96

    Chapitre 5 : L'Etat et le bouleversement territorial 97

    Section 1 : La naissance de l'Etat 97

    Section 2 : L'Etat et la forêt 111

    Chapitre 6 : Politiques étatiques de conservation de biodiversité 115

    Section 1 : Les politiques étatiques 115

    Section 2 : La législation des ressources halieutiques et fauniques 123

    Quatrième Partie: Relation Conflictuelles et Constats 127

    Chapitre 7 : Relations conflictuelles 128

    Section : Les pratiques en vigueur 128

    Section 2 : Les constats 137

    Chapitre 8 : Analyse du conflit juridictionnel 141

    Conclusion 146

    Références documentaires 148

    Introduction

    Le présent mémoire a pour ambition de démontrer que dans la gestion au quotidien de la forêt gabonaise, deux modèles juridiques s'affrontent. Le droit moderne a travers la loi n°16/01 portant Code forestier en République Gabonaise est pour l'Etat et les exploitants forestiers, le seul cadre juridique qui aurai dû s'appliquer aux populations rurales si l''on tien compte du caractère générale et coercitif de la loi, mais celles-ci préfèrent s'en tenir à la gestion traditionnelle des forêts comme du temps de leurs ancêtres. Le cas de la forêt classée de la Mondah nous servira de cadre pour illustrer cette problématique.

    En effet, à cheval entre deux logiques, les sociétés anciennement colonisées d'Afrique noire ont hérité d'un modèle juridique, (le droit moderne), dont la coexistence avec le droit coutumier rend problématique la production et la mise en pratique du droit moderne dans les politiques environnementales.

    Le premier modèle est à l'antipode du second. Non écrit, transmis de générations en générations par des pratiques éducatives et justifié par l'éternel hier, le droit traditionnel trouve son support dans les us et coutumes, ce modèle est caractérisé par deux particularités ; le droit traditionnel est spécifique à un groupe ethnique ou tribal déterminé et est variable dans son application suivant le statut de ses membres. C'est ce qui fait de lui un droit statutaire, autrement dit se référant à l'âge et au sexe dans la détermination des droits des individus et du milieu. Le second modèle, est fondé sur la « légalité rationnelle » legs colonial, il est le fondement même de la création d'Etats souverains et a une caractéristique principale : la loi est universel et impersonnelle. Elle s'applique indistinctement à tous les citoyens.

    Notre objectif ici, n'est pas de faire une étude de plus sur le droit africain. Notre recherche s'inscrit plutôt dans la lignée des travaux consacrés aux conceptions traditionnelles et juridictions actuelles de la forêt. En somme, la gestion traditionnelle et actuelle ou la sauvegarde traditionnelle et actuelle de la forêt. La « nature », notion plus large que celle d'environnement constitue une lecture culturelle du rapport de l'individu à son environnement. Se préoccuper de l'environnement, c'est aussi se préoccuper de la relation dialectique entre l'homme et la nature, et donc de respecter les conceptions culturelles de ceux qui vivent en contact, ce qui débouche sur le respect des identités socioculturelles.

    Abordant dans le même sens que lui, Philippe Descola (1989) pose la question de la protection de la nature. Celle-ci fait face aux difficultés d'impositions ou d'adaptations. Pour cerner ces difficultés, l'auteur nous oriente vers la différence culturelle. La protection de la nature pose un problème de culture, l'Occident moderne pense la nature comme une entité qui est en dehors de l'homme. Par contre les peuples non occidentaux retrouvent de la culture dans la nature et la nature dans la culture. C'est là, deux conceptions divergentes de la nature. Les peuples non occidentaux intègrent les ancêtres ou les humains dans la gestion de la nature. Ils « ont su intégrer l'environnement à leur vie sociale de telle façon que les humains et les non humains soient traités sur un pied d'égalité » (Philippe Descola, 1989, p 220). Ces difficultés proviennent aussi du progrès technique que l'occident a apporté. Ainsi, l'atteinte dans le contexte de ces sociétés non occidentales, renvoie à une atteinte aux conditions de vie et d'épanouissement des sociétés en cause. Cette atteinte est d'autant plus gravement ressentie que ces sociétés ont développé un mode de vie adapté à un contexte donné, voire attribué a certains sites une valeur culturelle ou symbolique. Or, ces populations plus ou moins dépossédées de leur foncier ou de leur liberté d'accès ou d'usage exclusif de leurs forêts, puisent leur identité dans ces espaces socioculturels dont elles se sentent issues.

    Par delà la variété des situations qui traduisent la force des mythes dans la construction du lien à la terre (terme plus universel que notre notion de droit réel), la réparation du préjudice environnemental impose de prendre en compte les mécanismes de fonctionnement des communautés par rapport aux milieux physique pour en comprendre la dynamique. Ainsi, sans verser dans les errements de l'écologie radicale, on peut pousser l'universalisation inhérente à l'idéal des Droits de l'homme jusqu'a ses limites extrêmes, en se préoccupant du cadre naturel des générations présentes et surtout futures, rejoignant en cela la conception traditionnelle de la responsabilité lignagère dont parle Norbert Rouland en citant la sagesse des Indiens iroquois toute entière tournée vers l'avenir : « selon un principe fondamental de notre culture, il nous faut penser constamment au bien être des sept générations à venir ». Nous rejoignons ici une problématique similaire à celle qu'envisage le « développement durable », qui intègre tout autant la contrainte environnementale que son jumeau l'identité socioculturelle.

    En réalité, c'est en second lieu qu'on reconnait à travers cette problématique environnementale l'existence du pluralisme juridique au-delà du pluralisme des modes d'organisations sociales ; puisque ce qui va nous intéresser c'est la lecture culturelle de la nature, la façon dont l'homme fait sien son environnement (comme son rapport à la forêt) et le traduit dans sa culture hier et aujourd'hui. C'est en définitive ce qui fait que l'atteinte à l'environnement culmine si souvent dans une atteinte à la civilisation, la civilisation de l'autre. Le problème posé n'est finalement pas aussi marginal qu'il pourrait y paraître à première vue. Ces conceptions qui modifient radicalement la perspective classiquement envisagée et se limitent aux atteintes subies par les choses qui nous entourent, comme si l'homme par l'effet de quelques abstractions ne faisait pas partie du « milieu » dans lequel il vit, conduit à un constat, et de ce constat nait un défi. Cette approche (constat) oblige à concevoir plus largement les formes traditionnelles de l'homme dans le milieu naturel sur le fond, dissociables au regard occidental (juridiction actuelle) de celui-ci dans son milieu inhérent. Ce changement de paradigme, voire même à reconnaitre d'autres normes juridiques pour parvenir à sauvegarder la nature, fera l'objet de cette recherche.

    Dans cette optique, nous avons trouvé judicieux d'articuler ce texte en quatre parties. Nous comptons mettre en oeuvre dans la première partie l'approche théorique et méthodologique, dans la deuxième partie, nous présentons la juridiction traditionnelle de la forêt, puis dans la troisième partie, nous examinerons la juridiction étatique de la forêt, et dans la quatrième et dernière partie, nous verrons les relations conflictuelles, les constats et l'analyse du phénomène étudié.

    Objet d'étude

    Avant de se lancer dans une entreprise de recherche en sciences sociales dont en Anthropologie, la première mission est d'identifier l'objet de l'étude qui sera problématisé, car aucun fait ne se laisse appréhender tel qu'il nous apparait spontanément. Il ya donc nécessité d'une rupture avec les opinions connues, comme le dit Gaston Bachelard (1989, p, 14)  « quand il se présente à la culture scientifique l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. L'opinion pense mal, elle ne pense pas, elle traduit les besoins en connaissances. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas ». Voila pourquoi, il n'est d'études qui ne nécessitent que l'on définisse au préalable son objet, ainsi que les objectifs à atteindre.

    La définition même sommaire, consiste dans les grandes lignes à limiter le champ de la recherche et à désigner les phénomènes. La construction de l'objet de notre étude sera donc de découvrir derrière « le langage commun et les apparences, à l'intérieur de la société globale, des points sociaux liés par le système de relation propre au secteur étudié » M. Grawitz (1993, p. 331) de dépouiller le fait social de toute la sociologie spontanée qui voile la visibilité analytique du chercheur et à le transformer en fait anthropologique.

    L'objet de notre étude s'inscrit dans la problématique de l'utilisation par l'Etat, les exploitants forestiers et les populations rurales d'une double juridiction contradictoire, dans la forêt classée de la Mondah.

    En somme, il va s'agir pour nous de rendre compte du rôle de l'Etat d'une part et celui des populations rurales vis-à-vis de la forêt d'autre part.

    Cette étude est d'autant plus actuel que les scientifiques interpellent les gouvernements quant aux dangers que cour notre planète a cause de la pollution et du non respect de l'environnement. La prise en compte d'une double juridiction quant à la gestion de la forêt classée de Mondah, rend compte d'une incompréhension entre l'Etat et les populations quant à la manière de gérer de façon durable cette forêt.

    En somme, notre objet empirique est constitué des informations et des comportements des populations rurales, urbaines et de l'Etat face aux deux juridictions appliquées à la forêt classée de la Mondah (juridiction traditionnelle et moderne de la forêt). Mais notre objet scientifique est construit sur l'identification des conceptions culturelles et les comportements sociopolitiques relatifs à l'utilisation ou à la conservation des ressources forestières dans la Mondah. C'est en effet une perspective proprement Anthropologique, que nous appliquons à notre objet empirique en cherchant à travers le terrain et dans la théorie, comme nous le verrons plus bas, lorsque nous aborderons la question relative à notre grille de lecture.

    Notre travail consistera à montrer que la forêt de la Mondah connait une situation conflictuelle : entre les populations locales, urbaines qui exercent leurs activités coutumières et l'Etat qui selon la loi n°16 /01 portant code forestier en République gabonaise « toute forêt relève du domaine forestier national et constitue la propriété exclusive de l'Etat »décida de la classée en vue d'une explication future et de la conservation durable de la biodiversité.

    Champ d'étude

    Toute science recherche à définir son domaine à mettre en évidence des faits envue d'établir des lois Milaret (1985, p ,73). Portant notre étude, sur l'application de deux modèles juridiques, dans la gestion de la forêt classée de la Mondah, nous nous situons dans le champ de l'Anthropologie de la forêt.

    S'il est clair que l'Anthropologie de la forêt est le champ de nos investigations, ce choix ne se limitera pas exclusivement à ce seul choix, dans la mesure où nous faisons des incursions ailleurs notamment en Anthropologie juridique.

    En somme, l'Anthropologie de la forêt et l'Anthropologie juridique, nous permettent de tenir compte des représentations sociales et traditionnelles dans la gestion de la forêt d'une part, ainsi que l'application effective de la loi 16/01 portant code forestier en république gabonaise.

    En mettant l'accent sur les conditions économiques, nous voyons que la forêt apporte à ceux qui l'exploitent des moyens de subsistances ainsi que, des gros capitaux financier pour les industriels. Les raisons économiques sont alors au centre des intérêts que l'Etat, les exploitants forestiers et les populations rurales ont de la forêt.

    Construction du modèle d'analyse

    En sciences sociales comme en Anthropologie, toute recherche scientifique suppose un problème à la base, qui de par sa spécificité dans le contexte qui est le sien à le conceptualiser et donc à le construire.

    En effet, la construction d'une problématique impose une revue de la littérature sur les travaux réalisés sur le sujet étudié comme nous allons le voir au chapitre 2 lorsque nous aborderons l'état de la documentation. Cette revue de la littérature se présente comme un niveau de prise de conscience à l'effort que le chercheur doit fournir dans l'élaboration de son objet d'étude.

    Définition des concepts

    Les juridictions forestières que nous étudions aujourd'hui, sont illustrées ici par des conceptions traditionnelles et modernes de la forêt. Autrement dit, la représentation de la forêt par les populations et celle de l'Etat appliquée à la forêt aujourd'hui. Tous se désigne par un substantif commun : le droit ; et un des qualificatifs suivant : juridique, coutumier, traditionnel.

    Notion de Droit

    Selon le dictionnaire encyclopédique de droit Afrique Bordas, Paris 1990, le droit est un ensemble des règles qui régissent les rapports des membres d'une même société et qui sont sanctionnées par la puissance publique. Aussi, c'est la faculté d'exécuter un acte, de disposer de quelque chose. Prérogative, pouvoir reconnus aux hommes soit de manière collective soit individuellement.

    Historique du droit

    La notion de droit français est apparue de manière doctrinale au XVIe siècle. L'Edit de Saint-Germain-en-Laye d'avril 1679 décida de rendre obligatoire un enseignement du droit français dans les facultés et créa des « professeurs de droit français» dans les Universités du royaume. La notion de droit français désignait alors « le droit qui n'était ni canonique, ni romain, essentiellement constitue par les ordonnances royales, les coutumes et la jurisprudence des parlements »1(*).

    Avec la Révolution Française et l'émergence des nationalismes, la définition du droit français perd son caractère matériel au profit d'un double critère géographique et idéologique.

    D'un point de vue géographique, le droit français est le droit applicable en principe sur le territoire de la France, sous la réserve de l'application résiduelle des statuts indigènes dans les territoires colonisés. D'un point de vue idéologique, le droit français est le droit codifié et ordonné issu du premier empire, qui s'oppose au droit coutumier et au droit romain qui caractérise le droit allemand, en particulier sous l'influence de Savigny.

    Aujourd'hui, la notion de droit français conserve cette double composante matérielle et Idéologique. D'un point de vue matériel il désigne au sens strict l'ensemble des règles de droit positifs applicable en France. D'un point de vue idéologique, le droit français désigne un système juridique fondé sur une structure écrite et codifié, qui s'oppose tout à la fois aux autres droits européens influencés par le droit romano-germanique.

    Définitions juridiques du droit

    Le droit appartient à la famille assez étendue des concepts qui ne sont clairs qu'entrevus de loin. Certains ne définissent le droit que par la manière dont il se présente, définition formelle tandis que d'autres s'attachent a son fond, définition substantielle.

    a) Définition formelle

    Les définitions formelles, définissent le droit comme un ensemble de règles pourvus de la sanction étatique. Selon Gérard Cornu, dans son vocabulaire juridique c'est un « ensemble de règles de conduite socialement éditées et sanctionnées, imposés aux membres de la société ». Et Boris Stark, dans son introduction au droit dit que c'est un « ensemble des règles de conduite qui gouvernent les rapports entre les hommes et dont le respect est assuré par l'autorité publique ». Cette définition est reprise par Bonnard qui ajoute que ce serait plus simple de dire que le droit est un ensemble de lois mais que ce serait inexact car le droit (donc les règles) peut avoir d'autres sources.

    Effectivement, cette définition s'applique très bien à un droit comme le droit français par exemple. Et c'est là ou il y a la différence, car cette définition ne correspond pas au droit de toutes les sociétés. Il ya de nombreuses sociétés ou les règles sont beaucoup moins valorisées, où le droit est plutôt compose de modèle de comportement. Peut-on dire que ce n'est pas du droit? Non! La maxime romaine ubis societas, ibi jus, où il y a une société il ya du droit, n'est plus conteste par personne et l'homme étant un « animal politique» c'est-a-dire un être social, qui vit toujours en société2(*). Cela signifie qu'il y a partout du droit mais il n'est pas composé de règles. Cette première définition formelle du droit n'est donc pas adéquate pour définir le phénomène juridique dans son universalité. De nombreuses sociétés ou les règles sont beaucoup moins valorisées, où le droit est plutôt composé de modèle de comportement.

    Selon les juristes, la spécificité de la règle de droit c'est d'une part, son caractère obligatoire, c'est-a-dire que son non respect est nécessairement sanctionne, et que cette sanction est étatique, autrement dit le droit est lie a l'Etat. On peut lire a la page 24/25, dans l'ouvrage des Mazeaud: «la règle de droit est sanctionnée par la contrainte, il y a la un caractère spécifique de la règle de droit. Une règle qui ne serait pas obligatoire ne serait pas une règle de droit ». Et, M.J.L Aubert dit sensiblement la même chose: p20« la caractéristique décisive de la règle de droit consiste en ce qu'elle est une règle à la fois obligatoire et sanctionnée par l'Etat». Pourtant, on a montre que la sanction n'est pas inhérente au droit, qu'il peut y avoir du droit sans sanction aussi bien dans le système occidental que dans d'autres traditions plus dignes. Comme par exemple le Président de le République est tenu de promulguer les lois votées par le parlement. Or aucune sanction n'est prévue en cas de non promulgation de la loi. Aussi, il y avait, il y a peu, une obligation, pour toute personne majeur de s'inscrire sur les listes électorales, mais aucune sanction n'est prévue en cas de non respect. De même, la sanction n'était pas ignorée dans les systèmes juridiques non occidentaux, qu'ils soient étatiques (Chine, Japon) ou non étatiques (Afrique, etc.) mais là non plus elle n'est pas omniprésente. Les conflits sont souvent réglés de manière négociée. L'application des sanctions obéit à un principe de flexibilité: des infractions similaires n'entraînent pas les mêmes réactions sociales. En outre on y trouve des sanctions psychologiques, blâme, mise en quarantaine...

    En effet, toutes les sociétés ne sont pas des sociétés étatiques, ou n'ont pas toujours étés des sociétés étatiques (d'autant plus que l'Etat tel que nous l'envisageons aujourd'hui, apparait a la Renaissance seulement) et pourtant ce ne sont pas des sociétés sans système juridique. Comme l'écrivent A. Weill et F. Terre « ...une règle n'est pas juridique parce qu'elle est sanctionnée d'une certaine manière par le groupe; elle est sanctionnée de cette manière par le groupe parce qu'elle est juridique.»

    Les définitions «formelles» du droit ne sont donc pas des définitions« du droit» mais des définitions du droit français et des droits qui s'y rapprochent.

    b) Définition substantielle

    On peut également tenter de définir le droit en s'attachant soit à son contenu, soit a ses finalités. En effet, les définitions quant au contenu sont celles qui se rattachent aux doctrines que l'on a appelées idéalistes ou du droit naturel ou juste naturalistes. Ces doctrines postulent que le droit effectivement appliqué doit être conforme à un idéal de justice. Mais il y a une divergence sur le contenu de ce que doit être le droit. Pour les uns le droit naturel est celui qui est voulu par Dieu et s'imposant aux Hommes. Il trouve son expression dans les dogmes entremêlement vrais qui sont à la base de la civilisation chrétienne: respect dû à la parole donnée, force obligatoire des contrats, réparation des dommages injustement causes à autrui, intangibilité du droit de la famille, du droit de propriété individuelle, du respect du droit de la personnalité, etc.

    Mais, un autre courant (XVe siècle, Ecole du droit de la nature et des gens) la notion de droit naturel est infléchi dans une direction individualiste. On part de la nature de l'Homme (toujours et partout le même) pour en déduire qu'il a des droits fondamentaux qui lui appartiennent en tant qu'Homme et qui doivent être reconnus par le droit positif. Cette école a beaucoup influencé les révolutionnaires et les rédacteurs du code civil; ils font entrer dans le droit naturel des institutions entières, telles que l'obligation alimentaire, le mariage, la puissance paternelle. En outre, cela signifie que le droit devrait être partout et toujours le même, or on le sait ce n'est pas le cas, les contenus des différents droits varient, dans le temps et dans l'espace et il n'est pas possible de disqualifier les uns au profit des autres. S'il est une définition du droit qui ne tient pas la route, c'est celle qui entend définir le droit par son contenu. Cependant, les définitions du droit par ses finalités paraissent a priori plus fiables. Charles Leben a donné pour titre à sa contribution. M. Terre écrit a la revue Droits, la phrase: Droit: quelque chose qui n'est pas étranger à la justice que le droit est d'abord justice mais qu'il n'est pas que justice car «il doit satisfaire» dit-il, « le juste et le sage ».

    En effet, si tous les auteurs s'accordent pour dire que le droit a pour but de faire régner l'ordre, en général ils ne pensent pas que ce soit par n'importe quel moyens. On peut résumer l'opinion générale en disant que : le droit a pour but de garantir l'ordre et de réaliser la justice. Certains insistant un peu plus sur l'ordre que sur la justice car cette dernière peut être considérée comme subjective. Mais, les sociétés dites traditionnelles n'opèrent pas comme les sociétés occidentales, une rupture radicale entre l'ordre et le désordre; elles mettent fréquemment en oeuvre d'autres moyens que la justice pour parvenir au rétablissement de l'ordre et de l'harmonie.

    Définition anthropologique du Droit

    Il n'existe aucune théorie interculturelle du droit qui fasse l'unanimité parmi les chercheurs. Cependant, les théories anthropologiques du droit ont au moins l'avantage de tenter de saisir ce qu'est le droit à travers les expériences de sociétés très diverses: en ce sens, même incertaines, au moins sont-elles, par leur généralité, plus scientifiques.

    Si on admet que le droit est inhérent à toute forme de vie en société, deux voix s'offrent pour le découvrir, le rechercher dans ses modalités ou analyser son contenu. On identifiera alors que le droit a des normes ou, des procédures de règlement de conflits où l'on combinera les deux, on étudiera les règles a travers le conflit. En effet, l'approche normative correspond à la conception dominante du droit telle qu'elle est enseignée dans les pays de tradition civiliste : le droit consiste essentiellement en un certain nombre de normes explicites et écrites, contenues dans des textes le plus souvent rassemblé dans des codes. Cette préférence pour les normes se traduit par un certain point de vue quant à la nature de la violation de ces normes et des processus conflictuels. Pour les normativistes, la vie sociale étant gouvernée par des règles, le comportement normal consiste a s'y conformer, et le conflit apparaît comme une conduite pathologique.

    Ainsi Radcliffe-Brown et Roscoe Pound définissent le droit comme «un type de contrôle social qui s'exerce par l'emploi systématisé» et pour Hoebel, «une norme sociale est juridique si le fait de la négliger ou de l'enfreindre est régulièrement contrecarré, par la seule menace ou dans les faits, par l'application de la force physique par un individu ou un groupe jouissant du privilège socialement reconnu de pouvoir se comporter ainsi»3(*).

    Cette identification du droit a un corpus de règles abstraites et explicites, associées a un appareil de droit n'est pas général. Mis à part l'Occident, peu de sociétés possèdent une conception normative du droit.

    Cette doctrine a du mal à s'appliquer non seulement dans les sociétés acéphales, mais aussi dans certaines sociétés étatiques. Même quand elles existent de manière explicite, les règles n'en sont pas pour autant automatiquement suivies, certaines sont caduques, certaines ne sont appliquées que de manières irrégulière. L'analyse normative ne peut rendre compte que d'une partie des phénomènes Juridiques et seulement dans certaines sociétés; celles qui connaissent une organisation politique centralisée et un appareil judiciaire clairement identifiable. En outre, l'approche processuelle est surtout utilisée à propos des sociétés acéphales, ou les conflits sont plutôt réglés par des voies non judiciaires, découle des conceptions du droit de Malinowski Bronislaw (1884-1942)4(*).

    Selon Malinowski le droit doit être défini par sa fonction et non par les modalités de ses manifestations. Or, pour lui, le droit assume avant tout une fonction de réciprocité : la force qui lie les individus, les groupes et permet la vie en société résulte de rapports réciproques ; c'est la réciprocité de ces obligations qui assure la cohérence de la société et non pas une quelconque sanction. Le comportement d'un individu est plus modèle par les relations sociales que par les normes et les institutions, autrement dit, le droit est plus explicite par les processus; les modalités de règlement des conflits que par des normes.

    Les auteurs explorent ainsi tous les aspect du conflit, l'histoire du conflit en cause, la nature des relations unissant les parties, la nature du règlement (assuré par les parties elles-mêmes, par l'intervention d'un médiateur, d'un arbitre ou d'un juge), la façon dont la décision est appliquée ou contournée, etc. Mais cette méthode ne peut prétendre restituer le phénomène juridique dans sa totalité, car le droit n'est pas réductible aux seuls processus conflictuels. L'obéissance au droit constitue la forme la plus courante d'observation du droit: contrairement a ce que pensait Malinowski, l'homme n'a pas toujours conscience d'appliquer une stratégie pour défendre ses intérêts, il obéit à la règle parce que son expérience de vie ou l'éducation la lui fait intérioriser, ou parce qu'il redoute une sanction, ou parce qu'il la trouve raisonnable.

    La notion de tradition et l'adjectif « traditionnel ».

    Selon le grand Larousse de la langue française, le mot tradition vient de « traditio (remise, livraison, enseignement) qui découle de traditum, supin de tradere, qui signifie transmettre, remettre ;le découpage du verbe tradere donne : trans (au-delà de, par delà) et dere (donner) » Et l'on donne les définitions suivantes , « transmission orale de légendes, de faits , de doctrines, d'opinions, de coutumes, d'usages, etc. au cours d'un long espace-temps » et « manière de vivre ou de penser, transmise de génération en génération ». La notion de tradition renvoie donc aux idées de transmission et de perpétuation des pratiques d'une génération à celle qui lui succède.

    En effet, appliquée au contexte des sociétés africaines ; la notion de tradition, d'où dérive le qualificatif traditionnel, est toujours envisagée par opposition à la modernité (la modernité renvoyant dans la pensée populaire à l'occident). Est traditionnel au sens commun, ce qui relève des modes de vie précoloniaux, « ce que nos ancêtres nous ont légué » Si nous disons conceptions traditionnelles nous pensons à la manière dont les populations précoloniales construisaient, se représentaient leur univers forestier avant l'arrivée des occidentaux. Ainsi la qualification traditionnelle est connotée idéologiquement, car il intervient dans la problématique évolutionniste tradition /modernité, avec à l'arrière plan, la valorisation de la modernité et la volonté de faire disparaitre la tradition. Et, réciproquement la valorisation des traditions contre la culture étrangère.

    La notion de coutume et l'adjectif « coutumier »

    Le terme coutume a un sens juridique et un sens commun. Au sens juridique, la coutume fais partie des sources du droit ; c'est un corps de règles élaborées par la pratique, la vie courante, par opposition aux lois écrites, édictées par les organes spécialisés, comme l'assemblée nationale. Ainsi, dans une première approche, la notion tribunal coutumier fait référence au fait que le droit qui est en vigueur est oral, tandis que les instances occidentales ou d'inspiration occidentale s'appuient sur le droit écrit. Jacques Vanderlinden fait d'ailleurs remarquer que « les colonisateurs européens, abusés par le caractère oral des droits originellement africains et considérant erronément que l'oralité est nécessaire et suffisante pour identifier la coutume, source formelle de droit, ont couvert ces droits des vocables coutumes ou encore droit coutumier ». En général, la coutume au sens usuel, désigne « la manière d'être, de se comporter, de manger etc. ».

    Droit Coutumier ou Droit Traditionnel

    Dans le contexte africain, coutume est pratiquement synonyme de tradition et désigne les usages en vigueur avant l'introduction de l'occident. Nous pensons que c'est surtout dans ce sens que l'on parle de tribunal coutumier ou tribunal traditionnel, c'est dire, qui règle les conflits relatifs aux coutumes ou aux traditions, ce qui ressort du droit coutumier ou droit traditionnel. Les sociétés africaines précoloniales sont essentiellement des sociétés paysannes, à large prédominance agricole, dans lesquelles priment les rapports entre l'homme et la terre, autrement dit, l'homme et la nature (environnement). La conséquence de ce fait est que le droit est, ici foncièrement paysan. Les règles qui le forment sont en effet marquées par les nécessités de la civilisation agraire.

    En effet, les droits coutumiers ne sont que l'expression de ces civilisations d'agriculteurs (peuples de forêt) et de paysans (peuples du désert).Ils sont pour leur part élaborés depuis des millénaires et fondent leur existence sur les rapports sociaux établis entre les hommes d'une même communauté dont le travail agricole constitue l'activité principale. Ces règles ne font qu'exprimer et sanctionner les moeurs de ces groupes d'individus à l'occasion de leur travail. Ainsi l'analyse des faits juridiques propres à ces populations tend à consacrer l'originalité des droits coutumiers entant que droit agraire et non écrit. Elles ont une origine qui se confond tantôt avec des préceptes religieux, tantôt avec des préceptes moraux. On ne peut valablement soutenir que les droits coutumiers constituent un corps de règles statistiques et immuables. Il convient alors de dégager les caractères des droits précoloniaux africains avant de nous prononcer sur ce qu'ils sont devenus au contact de l'extérieur, singulièrement de l'Europe.

    Les caractères du droit coutumier (traditionnel)

    Les caractères des droits coutumiers tiennent tant à l'homme qu'à la terre qui demeure le centre de l'activité de l'homme précolonial. Les droits coutumier sont essentiellement agraire, générés à l'occasion et à travers les activités liées à la terre. Ce caractère prépondérant des droits coutumiers marque de façon profonde le sort des systèmes juridiques précoloniaux. La terre étant inaliénable du fait qu'elle n'appartient pas à un seul individu, les droits coutumiers en tirent un caractère collectiviste. Comme le déclarait un informateur « la terre appartient à une grande famille dont beaucoup de membres sont mort, quelques-uns vivants et dont le plus grand nombre est encore à naitre » (Essono Nto'o)5(*).

    Ce caractère découle aussi directement de la nature de la société africaine. Elle est essentiellement collectiviste en ce sens que l'homme africain ne saurait se considérer comme un individu distinct du groupe social auquel il appartient. Il ne saurait exister en dehors du cercle familial, du clan ou de la tribu. Par voie de conséquence, il est d'abord le produit, et un maillon de la chaine communautaire. Il ne peut donc s'assumer en dehors d'elle. Sa vie et son existence s'incrustent dans un large calendrier dont les supports demeurent à jamais la texture communautaire.

    Ceci ne semble pas avoir échappé à R. Verdier lorsqu'il écrit qu' « individu et groupe sont complémentaire l'un de l'autre. Le groupe n'est pas une entité abstraite, pas plus que l'individu n'est en réalité autonome...il ya d'un coté les droits des groupes en tant que ses membres le constituent ; de l'autre coté, il ya les individus qui tiennent leur devoirs de leur appartenance au groupe ». Ainsi, agraires, collectivistes, inégalitaires, religieux et oraux, les droits coutumiers connaitront une mutation certaine au contact de l'extérieur.

    La métamorphose des droits coutumiers au contact de l'Europe.

    La domination politique née de la colonisation provoque de profondes mutations économiques et sociales chez les peuples africains. Ces métamorphoses réagissent inévitablement sur les droits traditionnels. Elles ont influencés profondément la conception, les techniques de création et le contenu des droits traditionnels d'une part, et enfin le destin de ceux-ci d'autre part.

    Les influences de la colonisation sur la conception, les techniques de création et le contenu des droits traditionnels

    Au niveau de la notion de droit, les droits traditionnels ne sont plus seulement des droits agraires. Ils prennent dorénavant en compte les autres activités de la vie rurale notamment le commerce. Ainsi, apparaissent de nouveaux contrats commerciaux et le contrat de travail. En effet, le nouveau droit s'articulera autour de l'individu au détriment de la communauté qui était jusque-là le sujet de son objet. L'homme, la personne devient la fin suprême du droit nouveau. Il ne s'agit plus d'une conception collectiviste, mais individualiste du droit. Le droit nouveau est un droit laïc dépourvu de toute connotation religieuse qu'elle soit islamique ou animiste. Les mutations intervenues dans les droits traditionnels sont évidentes, et on peut s'interroger sur le devenir des droits coutumiers.

    Le destin des droits coutumiers

    Le destin des droits coutumiers est lié à une double interrogation. Doit-on maintenir les systèmes juridiques épurés, parallèlement au droit moderne comme pendant la période coloniale ? Ou bien créera-t-on un droit nouveau, synthèse du droit coutumier et du droit de la puissance tutélaire ? L'opinion quasi générale est de créer un droit nouveau constitué des apports non négligeables des coutumes, adaptés au progrès et a l'évolution du monde. Mais il faut reconnaitre que les résultats des travaux de refonte sont encore mitigés. Et, jusqu'ici, l'apport des droits traditionnels aux droits nouveaux est assez minime. Il est insignifiant dans les matières de droit public, ou d'ailleurs les droits coutumiers ont secrétés peu de normes, et quasi nul dans « celles qui sont à la frontière du droit public et du droit privé », comme le droit forestier, et bien d'autres.

    En effet, son recul est remarquable en matière d'organisation judiciaire où on constate que très souvent les tribunaux coutumiers sensés appliquer les droits traditionnels sont purement et simplement supprimés. Il en est ainsi dans les pays d'Afrique et notamment au Gabon. Ainsi, la ligne d'évolution est claire. Le droit coutumier aura de plus en plus tendance à perdre pied devant la préférence accordée au droit moderne. En réalité, la situation n'est aucunement liée au hasard des choses. Elle est la résultante d'un progrès technique et du développement auquel la coutume ne participe que de façon subsidiaire. En ce sens, il n'est pas douteux que l'évolution exclura de plus en plus de son champ les coutumes.

    Notion de Forêt

    Pour les africains, c'est de la forêt que vient la nourriture (agriculture, chasse pêche, cueillette) et les plantes nécessaires aux traitements des malades. C'est aussi dans la forêt que vivent les ancêtres et les génies. La forêt est dont pour les africains en général et pour les gabonais en particulier un univers sans laquelle la vie en société est inconcevable. Pour les occidentaux, la forêt est une richesse et regorge d'autre richesse qu'il faut exploiter, le rapport des occidentaux à la forêt est donc un rapport économique. L'exploitation nécessite la destruction de la forêt même quand les mesures de protection de l'environnement sont prises. C'est un capital. Mais pour le gabonais, la forêt est une richesse ; La forêt n'est pas une donnée passive, elle est une donnée « active », elle est culturellement construite selon les usages que l'on en fait. Remarquons l'occident donne une définition notionnelle de la forêt par contre l'africain (le paysans, villageois) lui donnera une définition fonctionnelle.

    Etymologie du mot forêt et ses dérivées

    Dans le Robert 2001, dictionnaire français, la forêt est définie comme une « grande étendue d'arbres, l'ensemble des arbres qui sont sur cette étendue ». Le même dictionnaire définit la forêt comme étant celle qui n'a jamais été modifiée par l'homme. Cette définition générale ne cadre pas forcement avec celle des spécialistes, de même que, sur le plan de l'approche historique, le dictionnaire ne fait pas état d'une dynamique définitionnelle de la forêt. Selon Robert Harrison, le mot « forêt », écrit-il, est à l'origine un terme juridique. Tout comme ses nombreux dérivés dans les langues européennes (foresta, forest, forst..), il vient du latin foresta. Le mot latin n'apparait pas avant la période mérovingienne. Dans les documents romains et les premiers actes du moyen âge le terme usuel pour désigner les bois et les régions boisées était « nemus ».

    En effet, cette reconstitution du vocabulaire apporte des informations capitales pour la l'élaboration scientifique d'un vocabulaire applicable à la forêt, dans son acceptation française actuelle. Aussi, il faut noter que l'histoire du terme « forêt » lui-même n'est pas neutre. Car c'est un terme daté. Il n'est originel que si l'on remonte à l'époque romaine. Il s'agit donc d'une réalité construite socialement au cours de l'histoire européenne. D'ailleurs, Robert Harrison précise que le mot foresta apparait pour la première fois dans les lois des lombards et les capitulaires de charlemagne, pour désigner non tant la région boisée en général que les réserves de chasse royale. Ainsi, nous voila arrivé à l'opposé de la définition contemporaine de la forêt. Alors qu'une forêt en France appartient aujourd'hui le plus souvent au domaine public et qu'elle est accessible à tous les promeneurs et randonneurs, voici qu'historiquement elle est reconstruite comme un domaine privé « réservé ».Certes l'activité cynégétique fais bien encore partie des activités pratiquées en milieu forestier, mais elle n'est pas constitutive du terme, dans sa définition première. Pour ce terme de base « forêt », la « quête des origines » nous fais remonter non seulement jusqu'aux origines de la langue française, mais jusqu'aux substrats latins sou jacents au lexique français actuel.

    Si nous parlons des étymologies latines, nous trouvons non pas un terme unique pour signifier forêt, mais trois termes successifs et sémantiquement « décalés » : nemus, foresta et Silva. Le premier terme, nemus serait en fait celui qui correspond à l'acceptation actuelle du terme « forêt » : bois et régions boisées. Le deuxième, foresta, est lié, comme nous venons de le voir, à la définition d'un domaine réservé de chasse, et se trouve étymologiquement en porte-à-faux avec l'usage que nous privilégions aujourd'hui. Le troisième, silva, est à l'origine « l'espace compris dans l'enceinte des murs du jardin royal » et se trouve en contraste sémantique avec forestis Silva qui suppose un espace extérieur aux murs de la cité royale (Harrison 1992, p.112). Si l'on s'en réfère à l'étymologie, le terme qui a survécu de manière dominante est celui qui est le plus connoté juridiquement.

    Première partie.

    Approche théorique et méthodologique

    Chapitre 1.

    Approche Théorique et Méthodologique

    Il s'agit de déterminer les préalables théoriques et méthodologiques de notre recherche. Nous nous attelons donc à définir le cadre théorique, à démontrer l'intérêt de la recherche, élaborer une problématique et décrire la démarche méthodologique utilisée, dans un premier temps. Ensuite il sera question du questionnement, à savoir comment nous nous sommes pris pour réaliser notre recherche les difficultés rencontrées, et la méthode utilisée. Pour finir, nous Présenterons le plan de notre travail.

    Section 1 : Approche Théorique

    1.1. Cadre théorique

    Pour mieux expliquer notre hypothèse nous avons fait référence au fonctionnalisme. Cette grille de lecture nous permettra de rendre compte des différentes et multiple fonctions que joue la forêt. En effet, la forêt n'a pas la même représentation selon qu'on est population rurale, représentant de l'Etat où exploitant forestier. Pour les populations rurales la forêt joue la fonction de mère nourricière, c'est en effet dans la forêt que les populations autochtones trouvent à manger à travers l'agriculture, la pêche, chasse et la cueillette, c'est aussi dans la forêt que les tradi-praticiens prélèvent les essences médicinales. Pour les exploitants forestiers, la forêt joue la fonction de biens économiques, en effet, la forêt est pour eux une richesse qu'il faut exploiter. Pour l'Etat la forêt joue la fonction de souveraineté, autrement dit, l'Etat exerce sa souveraineté sur la forêt, il peut la céder aux exploitants forestiers, la concéder aux populations rurales, la classer ou protéger en fonction de ces intérêts.

    Notre recherche portant sur les Conceptions traditionnelles et juridictions actuelles de la forêt a été abordé par de nombreux auteurs et chercheurs, nous citons entre autres : Claude Lévi-Strauss (1962), Georges Dupré (1982), Philippe Descola (1989), Paulin Kialo (2005).

    Lévi-Strauss (1962) a abordé l'étude des rapports entre les représentations sociales des sociétés traditionnelles et les êtres de la nature. Autrement dit, les rapports ou les conceptions des populations à leur environnement dans une perspective structuraliste, en critiquant la thèse selon laquelle « le sauvage est gouverné exclusivement par des raisons organiques ». Il va construire une nouvelle façon d'apprécier et de comprendre la pensée exotique. Kialo Paulin (2005) dans l'esquisse d'une anthropologie comparée de la forêt va développer la perspective d'une anthropologie comparée des modes d'exploitation de la forêt avant et après le contact des sociétés traditionnelles du Gabon et les exploitants forestiers occidentaux. Ainsi, selon lui, il y aurait deux modèles d'exploitation de la forêt contradictoire « l'un serait anti-forêt et l'autre pro-forêt ».

    Pour notre part, le cadre théorique général qui sied à notre étude est l'anthropologie juridique, il est question dans ce domaine d'étude de mètre en présence dans une mouvance sociale les systèmes juridiques ce domaine de recherche et de questionnement anthropologique porte son intérêt sur les différentes expressions juridiques qui puissent exister relatif aux droits des sociétés. Cette étude s'inscrit dans quatre approches : le pluralisme juridique, le fonctionnalisme, car ici il s'agit d'appréhender l'objet que l'on se propose d'étudier du point de vue fonctionnelle, voir les conceptions et l'utilisation de la forêt de la Mondah par les populations riveraines, urbaines et étatiques, le rôle ou la fonction rempli par celle-ci dans leur mode de vie d'hier et d'aujourd'hui. En effet, ce courant nous permet, non seulement, de connaitre le rôle joué par chacune des forces en présence, mais surtout, de rendre compte des notions de fonction et dysfonction qui existent et déterminent l'élément fondamental de notre travail.

    Le culturalisme aussi rentre en compte dans ce champ d'étude. C'est le cas de Merton, il va démonter son efficacité en mettant en exergue les mécanismes d'adaptation et d'intégration d'un individu dans les rapports d'interdépendance qu'il a avec son environnement. A ce titre il dira que : « les fonctions sont parmi les conséquences observées, celle qui gênent l'adaptation ou l'ajustement d'un système ».

    Comme l'étudie Philippe Descola, une société ou l'imaginaire donne à la nature toutes les apparences des sociétés humaines. Il estime que c'est une écologie symbolique, non illusoire de la réalité, qui établit une filiation réelle entre la société et la nature. Aussi partant du fait que la forêt de la Mondah soit classée, et que tout développement est avant tout participatif et culturel, avant d'être économique et politique. Il faut a ce titre une intégration absolue des populations locales avec leur savoir et savoir-faire ; Henri-Paule Bourobou Bourobou (1990, p. 62), botaniste dira à ce sujet que : « celui qui compte se développer en mettant la tradition à la poubelle se trompe. Aucun pays ne s'est développé sans tradition, aussi, faut-il prendre en considération les réalités locales c'est-à-dire les facteurs endogènes autrement dit la coutume ».

    1.2.1. Problématique

    La sauvegarde de la nature a toujours été au coeur des sociétés africaines à travers les modes d'exploitations et de conservation traditionnelle des ressources naturelles. A cet égard les initiatives endogènes se sont partout manifestées. Chaque société a voulu pérenniser les techniques de gestion de son écosystème. Des peuples d'Afrique en général et du Gabon en particulier ont pu ainsi assurer leur survie en concevant que la forêt est une donnée « active », elle est culturellement construite selon les usages que l'on en fait, et lui donnera une définition fonctionnelle, pour qui l'homme fait partie de la forêt : « détruire la forêt, c'est se détruire soi-même ». Ainsi, les représentations que les populations rurales ont de la forêt ne relèvent pas seulement d'un savoir-faire, mais le respect qu'elles ont pour elle est avant tout un sentiment « croyance ». Ce lien entre l'homme et la forêt serait une alliance originelle, et à ce titre, elle doit être préservée de toute violence.

    L'équilibre dynamique entre l'homme, faune et flore, aurait pu encore se poursuivre pendant des siècles. Mais tout a prit fin avec la mise en dépendance par la colonisation européenne qui a dicté brutalement son mode opératoire. Désormais, les terres qui étaient la propriété des communautés et servaient à leur survie, ont été exploitées sans plus tarder.

    En effet, le débat relatif à la juridiction forestière, a été posé dès la colonisation. Mais il a pris des ampleurs différentes au fil des temps. Lors de la colonisation, les européens ont rencontré des difficultés à mettre en place leur système juridique dans les colonies. Henry Solus écrivait à ce propos : « si la conquête ou les traités permettent au peuple colonisateur d'imposer à la colonie son mode de gouvernement, et son administration, il ne lui donnent pas la même emprise sur le droit privé des indigènes ». Ceci s'explique par la nouveauté du contact avec l'occident et le fait que les populations n'étaient pas instruites du droit qui leur était appliqué. Selon Nicolas Metegue N'na (1981, tome 1, p. 52) « entre 1839 et 1920 la société gabonaise, malgré les progrès de l'emprise coloniale, a subi peu de changements. Elle est demeurée, pour l'essentiel, un agrégat de peuple inconsistant, fortement imprégnés encore de caractères dominants des sociétés précoloniales ». Ainsi, un ensemble de lois vit le jour, partant de l'arrêté du 19/09/1924 qui fixe les modalités du droit d'exploiter la forêt. Puis un nouveau annula l'ancien le 23 /04 /1939.

    Ainsi, au moment des indépendances, c'est la question de l'unification du droit dans les nouveaux états souverains qui mettait en obvie la présence du droit coutumier. L'Etat ignorant le droit coutumier, retire aux communautés villageoises l'héritage des espaces forestiers ancestraux et limite en même temps, leur droit d'exercice dans les forêts. Comme le stipule l'article 13 de la loi n° 16/01 portant code forestier en République gabonaise « toute forêt relève du domaine forestier national et constitue la propriété exclusive de l'Etat ». Cette loi n° 16/01 de décembre 2001 vient annuler une ancienne loi n° : 01/82 du 22 juillet 1982 devenue caduque. Au sein du bloc forestier, de vastes espaces ont été convertis en chantiers, la terre des parcs nationaux ou des forêts classées ont été réquisitionnée sans l'avis des populations qui y vivent, pour être présentée à la communauté mondiale comme un facteur essentiel à la sauvegarde de la planète. Tandis que, séparés de ce qui faisait leur fond de vie et leurs donnaient un sens, les populations locales sont invitées à courir après les idées, les traditions, les approches étrangères de conservation de biodiversité, au risque d'une aliénation matérielle et mentale. Ainsi, toutes les superficies d'aires protégées sont sous la juridiction étatique autrement dit dispose d'un statut émanant de l'extérieur. Ce statut n'induit pas la réécriture des règles de droit coutumiers, ou plutôt, il requiert un transfert des outils juridiques des pays extérieur.

    Présentant la nature comme la condition de tout inspiration et création humaine, Philippe Descola (1989, p.380) dans une pensée presque similaire à celle de Lévi-Strauss(1962) écrit : « la finalité d'un bon usage de nature (chez les jivaros achuars) n'est pas la cumulation infinie d'objet de consommation, mais l'obtention d'un état d'équilibre » Ceci pour dire que bien que la forêt soit la mère nourricière de l'homme, mais elle concoure à son équilibre. Cette perception à la fois économique, religieuse, mystique et parfois mystérieuse de la forêt se matérialise dans la conception des modes de gestion de la forêt par les populations locales devenue un « capital », un fonds de commerce aujourd'hui.

    Etant donné qu'une partie de la forêt de la Mondah est classée, et qu'il existe une forte identification des populations locales, urbaines et étatiques envers cette forêt eu égard à toutes les activités qu'elles y mènent, il ya lieu de se demander si les valeurs héritées du passé par les populations peuvent se perpétuer en procédant à la fusion entre les conceptions traditionnelles et moderne de la forêt. Autrement dit, pourquoi les conceptions traditionnelles des populations connaissent-elles des difficultés face à la juridiction actuelle de la forêt qui est un grenier pour l'homme ?

    A cette principale question vient s'ajouter celle de savoir comment les conceptions traditionnelles et modernes de la forêt, appliqués à la forêt de la Mondah parviennent à gérer celle-ci ?

    Au delà de ces interrogations, il convient de noter qu'un centre d'intérêt retient notre attention. La forêt de la Mondah ne connait- elle pas de modification structurelle, face a ces deux juridictions qui lui sont appliquées ?

    Ce sont là des questions qui nous invitent assurément aux modes de gestions forestières et leur impact sur la forêt de la Mondah et les populations qui y vivent, en partant des origines des deux juridictions mise en vigueur dans cette forêt. Ainsi, nous avons pour but essentiel de montrer, à travers les activités humaines, les lois misent en application dans ce périmètre et les discours des informateurs, si cette forêt est toujours la même et joue pleinement ses rôles.

    1.2.2. Hypothèse

    La double juridiction persiste parce que les populations rurales ne se retrouvent pas dans les politiques de gestion de la forêt par l'Etat ; La forêt est pour elles une mère nourricière que le droit coutumier préserve mieux que la loi considéré comme étant contra legen(contraire à la coutume) d'une part. L'Etat et les exploitants forestiers, préfèrent s'en tenir à la loi à cause de son caractère général et contraignant sur la protection de la forêt, car nul n'est sensé ignorer la loi d'autre part.

    Notre hypothèse ainsi formulée, va nous amener à comprendre les différents types de rapports que les populations rurales, l'Etat et les exploitants entretiennent avec la forêt.

    En effet, la forêt a toujours fait l'objet de protections des sociétés dites traditionnelles, et cela passait par le biais des interdits. Mais aujourd'hui, dans nos sociétés dites « modernes », c'est par le canal des lois forestières que cette protection est assurée. Bien que les procédures ne soient pas les mêmes, le but reste la préservation de l'écosystème forestier pour les besoins présent et futurs des sociétés. C'est ainsi que dira Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies « la protection des forêts est un investissement essentiel pour l'avenir des hommes et de la planète ».

    La spécialité de chaque relation entre société et biodiversité est notamment une gestion spécifique de leur écosystème liée à la vision du monde et aux représentations d'un groupe social. Ainsi, tout un chacun exploite la forêt de la Mondah selon sa culture, mais surtout pour des besoins nutritionnels, sanitaires ou financiers. Autrement dit-il ya une gestion individualisée et disharmonieuse de la forêt de la Mondah. Enfin, la conception traditionnelle se heurte à la juridiction actuelle de la forêt par la non-prise en compte des besoins réels des populations par les politiques étatiques ce qui entraine une situation conflictuelle, entre les deux acteurs en présence.

    1.3. Intérêt anthropologique et zone d'étude

    1.3.1. Intérêt Anthropologique

    Les espaces qui composent le territoire villageois sont régis par le Ministère de l'intérieur qui a travers les chefs de cantons, les chefs de regroupements et les chefs de villages gèrent au quotidien les aspects administratifs qui se posent dans leur localité. Mais l'organisation de la vie socio-économique et culturelle ne relève pas de l'administration publique, les populations elles même s'organisent pour subvenir à leur besoins. Cette organisation diffère d'une société à une autre. Celles qui vivent dans les villages avoisinant la forêt classée de la Mondah ont leur particularité quant à la gestion économique, sociale et culturelle, c'est là notre intérêt anthropologique voir comment cette organisation s'inbrigue avec la gestion administrative de la forêt classée de la Mondah.

    L'organisation des activités socio-économiques, politiques et culturelles apparemment fondée sur les rapports de production et de parenté, semblent être la conséquence des connaissances ésotériques que ces populations accumulent sur la forêt. On la voit ainsi revêtir un caractère comme une source de vie qui exige une réglementation, des lois et des devoirs pour une exploitation rationnelle. C'est dans ce système de représentation que l'on retrouve la forêt dans l'économique, le social, le culturel, le rituel et même les politiques environnementales prônées par l'Etat.

    Ainsi, l'autre dimension de la forêt, celle qui relève du sacré et du religieux, la préserve des intérêts égoïste qui pourrait-on déjà entamer la primauté de l'immatière (le sacré) sur la matière (économique).Cette première conception a toujours bénéficié à la forêt dans la mesure où elle lui permet de régénérer naturellement. Mais le monde appartenant aujourd'hui à la matière, la forêt devient un lieu de confrontation conceptuelle.

    Il est important de noter que : « Les nouvelles politiques des forêts tropicales émanent des interactions entre ces différents savoirs culturels et scientifique, plus concrètement, elles sont formulées dans l'espaces culturel et industriel des experts et administrateurs de l'époque coloniale se heurtent aujourd'hui aux dynamiques activistes et capitaliste »6(*). Ainsi, façonnées en tant que « politique environnementale », sont transplantés et appliquées dans des régions colonisées, entrainant avec eux des modifications culturelles auprès des populations pour qui la forêt est leur source de vie.

    1.3.2. Zone d'étude

    Pour mieux circonscrire notre champ d'étude et le réaliser, nous avons choisi les zones du Cap-Estérias, Malibé 1 et 2, le Cap Santa-Clara, le Premier Campement et Libreville ou nous avons identifié plusieurs informateurs, à savoir: tradipraticiens, pharmacologues, agents du ministère de l'économie forestière, exploitants, les villageois et citadins (cultivateurs, Commerçants), tous rattachés à la forêt de la Mondah à travers leurs activités respectives.

    Nous avons choisi cette zone parce que les populations qui y vivent sont en étroite collaboration avec cette forêt et surtout parce qu'elles peuvent nous expliquer certains constats et faits antérieurs auxquelles elles ont peut-être assistés ou participés.

    - Situation géographique de la forêt de la Mondah

    La forêt de la Mondah qui est la zone de cette étude est localisé au Nord de Libreville, entre la latitude 0°30 et 0°37 Nord et entre les longitudes 9°25 Est. Cette forêt est limitée au Nord par la baie de Corisco, au Sud par l'Estuaire du Gabon, à l'Ouest par l'océan Atlantique et à l'Est par les marais maritimes. Sa végétation est de type des forêts pluvieuses avec une forte présence d'Aucoumea klaneana (okoumé). On y rencontre quelques savanes herbeuses sur des dunes de sables. La forêt couvrait 10200 ha en 1959, date à laquelle l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts a été construite.

    Aujourd'hui, pour les raisons de dégradations, elle est estimée à 3000 ha. La forêt classée de la Mondah constitue une part intégrante de cette forêt au statut juridique de forêt classée qui pose tant de mal d'accès aux populations locales pour l'exercice de leurs usages coutumiers.

    -Le climat

    Située au Nord-est de Libreville, la forêt de la Mondah présente un climat de type équatorial chaud et humide caractérisé par quatre saisons : deux pluvieuses (petite : mi-septembre à mi-décembre ; grande : mi-février à mi- mai) et deux saisons sèches (petites : mi- décembre à mi-février ; grande : mi-mai à mi- septembre). La température moyenne est de 26°à 28° avec un maximum qui ne dépasse guère les 32°c. L'humidité relative moyenne varie entre 80 et 100% en saison de pluies. C'est la période à la quelle il fait extrêmement chaud. Mais la saison des pluies a aussi ses difficultés il pleut souvent le soir ou la nuit laissant un ciel plus bleu et plus dégagé pendant la journée, les routes souvent impraticable. En saison sèche (Juin, à Août)) le temps est plutôt agréable, le ciel est souvent couvert de brume, les routes redeviennent praticables : c'est le temps des vacances.

    Section 2 : Approche méthodologique

    « La préoccupation première est de ne plus séparer le terrain de la théorie » J. Copans, (1996, p. 22). Pour savoir pourquoi la forêt de la Mondah fait l'objet de conflit entre ses exploitants, notre recherche a été organisée en tenant compte de deux aspects méthodologiques primordiaux a savoir: la pré-enquête et l'enquête de terrain et la recherche documentaire.

    2.1. La pré-enquête

    2.1.1. Lecture préalable

    « Bien que l'ethnologue privilégie l'observation des pratiques concrètes et le recueil des données de terrain elle incline également à s'appuyer sur toutes sortes d'autres matériaux parmi lesquels ceux qui lui fournissent la littérature » (Sylvie Fainzang, 2002).

    De plus en plus « faire de la documentation écrite» c'est-a-dire la présentation de tout ce qui a été écrit sur le même sujet devient saillant et pertinent dans les sciences sociales notamment en anthropologie. Il paraît alors judicieux de prendre connaissance au maximum de ce qui a été écrit non seulement sur notre objet d'étude, mais aussi sur le champ et l'orientation théorique dans lequel s'inscrit l'étude.

    Ainsi, pour notre étude, nous avons eu recours premièrement à l'analyse des travaux qui traitent de la biodiversité, du droit forestier, lesquels seront présentés dans le chapitre consacré a l'état de la documentation. Nous avons également exploité les données géographiques sur la zone d'étude afin d'avoir des préalables théoriques, nous permettant de localiser l'état actuel des activités sur la forêt.

    L'état de la documentation a servit également dans l'élaboration de notre problématique, laquelle nous a conduit à avoir une hypothèse de recherche qui nous a permit de collecter les premières données sur le terrain.

    2.1.2. Pré-enquête de terrain

    L'objectif de notre pré-enquête était de tester le questionnaire et l'hypothèse de recherche. Au cours de la pré-enquête sur le terrain nous avons pris contact avec nos potentiels informateurs et voir comment nous devrions entreprendre notre recherche. Nous avons ainsi recensé les personnes-ressources capables de nous fournir des informations.

    Cette étape nous a permis de tester notre questionnaire et le réajuster, pour une meilleure exploitation de l'enquête. C'est grâce à la pré-enquête que nous avons pu sélectionner nos potentiels informateurs ainsi que les différentes classes sociales susceptibles de nous fournir les informations sur l'objet étudié.

    Ainsi, nous avons établi des relations de sympathie avec ces derniers. Notre pré-enquête a commencé au Cap-Estérias au près des populations villageoises et des administrateurs de l'ENEF. Ensuite, pour étendre notre zone d'étude et élargir notre échantillonnage, notre pré-enquête s'est poursuivit à Libreville auprès des personnes qui utilise la forêt de la Mondah pour diverses raisons.

    Au sortir de cette pré-enquête, nous avons élaboré un guide d'entretien en fonction de nos premières informations sur le phénomène d'exploitation des ressources naturelles dans la Mondah. Nous avons dressé la liste des informateurs potentiels ou réels. Cette étape nous a permis de revoir notre problématique et notre hypothèse principale

    2.2. Enquête

    Nous entamons ici le côté pratique de notre étude à savoir la campagne de terrain, étape cruciale dans tout projet ethnographique visant les matrices ou modèles sous-jacents aux savoirs et savoir-faire anciens et contemporains liés à n'importe quel phénomène social.

    Depuis les classiques de l'anthropologie, l'expérience du terrain a toujours été un instrument central de la démarche. Malgré les débats qui y ont cours, cette question d'expérience du terrain comme critère de validité reste prégnante. Surtout depuis l'apport de Kaspar Bronislaw Malinowski et son « observation participante» le terrain devient un préalable systématique à toute étude.

    Malinowski dit d'ailleurs « Qu'en ce qui concerne le terrain anthropologique, nous exigeons une nouvelle méthode de recueil de matériaux. L'anthropologue doit abandonner sa confortable position dans une chaise longue sur véranda d'une mission, d'un poste gouvernemental ou du bungalow d'un planteur ou arme d'un crayon, il s'est habitue à des déclarations d'informateurs à mettre par écrit des listes et à noircir des feuilles de papier de textes sauvages. Il doit aller au village et regarder les indigènes au travail (...) » Malinowski, (1968, p. 23).

    Comme disait Jean Copans : « L'enquête de terrain reste le symbole par excellence des sucées en anthropologie ... » (Malinowski, 1968, p 23). Sa conduite exige donc une attention particulière et minutieuse, une organisation rationnelle et méthodique. Cette exigence se justifie par le fait que le corpus rapporté du terrain est un matériau soumis à l'analyse. Cette exigence de terrain se justifie par le fait que le corpus rapporté du terrain est un matériau soumis à l'analyse, Ainsi, comme le disait François Laplantine « La présence de l'ethnologue sur le terrain, est la seule voie d'accès au mode de connaissance ».

    Nous avons réalisé notre enquête de terrain au Cap-Estérias, au Cap Santa-Clara, à Malibé 1 et 2, Avorbam, Marseille 1 et 2 et dans certains quartiers de Libreville. Nous nous sommes d'abord rapprochés des personnes avec lesquelles nous avons pris contact lors de la pré-enquête. Nous avons enquêté auprès de vingt trois personnes-ressources dont l'âge varie entre 27 et 68 ans c'est grâce à l'entretien semi-directif que nous avons pu recueillir des corpus en langue officielle (française) sur les activités, le statut juridique, la conception de la forêt auprès des populations et des agents de l'Etat.

    Ainsi exposées et déterminées dans ce cadre les conditions générales de collecte des textes ethnographiques notamment les lieux et moments d'enquête, les techniques et matériels utilisés, les types de matériaux ethnographiques recueillis, les corpus en langue vernaculaire et en langue officielle (française), sur les différentes conceptions de la forêt de la Mondah et son état actuel.

    Représentation graphique des effectifs

    Par âge et par sexe

    Tableau n°1. Effectifs des informateurs

     

    Hommes

    Femmes

    Total

    Effectifs des Informateurs

    17

    6

    23

    Effectifs des informateurs en pourcentage

    73.91%

    26.09%

    100%

    2.2.1. Difficultés

    Les difficultés rencontrées lors de la pré-enquête et l'enquête étaient multiples. Aujourd'hui, presque la totalité des détenteurs de connaissances, l'information est payante. Peu importe le niveau d'instruction ou son rang social. Nous avons eu de sérieux problèmes avec les commerçants d'écorces et de plantes au premier campement et au marché Mont-Boute, certains nous ont qualifié de politicien et d'autre ont refusé de se faire enregistrer de peur qu'ont ne prennent leur voix, il a fallu les rassurer que nous ne leur enregistrons pas, et nous sommes passée par entretien écrit. Ce qui ne nous a pas été facile et a prit beaucoup de temps par rapport a l'enregistrement avec le magnétophone.

    Même pendant l'entretien il y avait certains commerçants qui venaient crier autour de nous avec les propos mal saints, d'autres ont pris nos coordonnées qu'au cas où il arrivait quelque chose à leurs collègues enquêtes dans les jours qui suivent (une semaine après) ils sauront comment nous joindre. Pendant l'enquête, nous avons aussi été renvoyé par certains informateurs disant qu'ils n'avaient pas de temps à consacrer aux projets de recherche qui n'ont jamais amélioré leurs conditions de vie, D'autres par contre en dépit de leurs occupations et la fatigue, se sont efforcés de nous donner des informations qui nous ont permis d'avancer dans notre travail. Enfin, l'enquête s'étant effectuée dans une zone enclavée de l'Estuaire (Cap-Esterias), nous avions été confrontés au problème de locomotion, Une fois nous sommes resté tardivement au Cap-Esterias sans moyen de transport jusqu'a 22 h 00, c'est à 23 h que nous avons eu par chance une voiture sur Libreville, Connaissant les dangers de cette zone c'est dans une peur terrible que nous avons effectue ce voyage.

    Sur cette images on voit trois individus principalement, elle a été prise sur le site de fabrication de charbon en forêt à bolokoboué .

    On peut y distinguer un arbre qui est abattu et couper en morceaux, La tombée de l'arbre a entraîne une trouée. Derrière la première personne, à gauche, on voit un arbuste penché. Les morceaux de bois qui sont devant et derrière la première fille sont fait pour la fabrication du charbon.

    2.3. Méthodes d'exploitation des corpus

    Pour pouvoir rendre compte des représentations d'usage sociales liées à la forêt â l'échelon des populations rurales, urbaine et l'Etat exploitant la forêt de la Mondah, nous proposons d'appliquer deux méthodes.

    2.3.1 Méthode 1

    Notre premier niveau de lecture des corpus ethnologiques sera la lecture élémentaire encore appelée « lecture de surface de l'énoncé ». Par lecture de « surface» d'énoncé, nous entendons non seulement que l'énoncé lui-même est un phénomène de rapports de nature et société et par le fait même un problème de culture. Mais encore et surtout que l'énoncé est la présentation formelle de l'objet (phénomène) étudié.

    Ce premier niveau de lecture constitue pour nous une sorte de résumé autonome de chaque séquence visant à identifier les traits fondamentaux du corpus ethnologique et leur mise en rapport. Ici, on ne vise que les narrateurs.

    2.3.2. Méthode 2

    Dans son essai sur le totémisme aujourd'hui, Claude Lévi-Strauss (1962, p 134) précise qu' « il est impossible de dissocier la forme du contenu. La forme n'est pas en dehors, mais au-dedans ». Pour cela, notre deuxième niveau de traitement des corpus, s'appuiera sur l'analyse du contenu dans sa variante thématique. Selon Macc Gordon, (1991, p 96) l'analyse de contenu est: « une technique d'analyse des données visant à décrire et à interpréter de manière systématique le contenu manifeste des communications, c'est une technique que l'on utilise pour répondre à cinq questions soulevées par l'analyse interne d'une communication: qui parle? Pour qui? Pour dire quoi? Par quels procèdes? À qui? Avec quel effet recherche? ».

    À cela s'ajoute Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt (1995, p 75) pour qui « l'analyse du contenu a donc une fonction essentielle heuristique, c'est-à-dire qui sert à la découverte d'idées et de pistes de travail (..). Elle aide le chercheur à éviter les pièges de l'illusion de la transformation, et surtout à découvrir ce qui se dit derrière les mots, entre les lignes, et à Travers les stéréotypes. Elle permet de dépasser, au moins dans une certaine mesure, la subjectivité de nos propres interprétations ».

    Notre plan

    D'une manière générale, on dira que ce travail est scindé en quatre parties: De ce fait, dans une première nous avons l'exploitation des arguments de contenu et de méthode des sources documentaires.

    Nous allons présenter la juridiction traditionnelle de la forêt dans la deuxième partie, puis nous nous proposons de voir la juridiction actuelle de la forêt, dans la troisième partie et enfin dans la quatrième partie, nous tenterons d'établir par la biais du rapport Homme-Nature, les risques (conséquences) entre les deux conceptions appliquées à la forêt de la Monda , les constats et l'analyse.

    Chapitre II

    Etat de la documentation

    Dans ce chapitre, il sera question de présenter l'analyse des différents ouvrages que nous avons parcourue tout au long de notre étude et qui nous ont permis de bien orienter nos recherches. Nous l'avons structuré en deux sections : les études d'autre régions du monde d'une part et celles faites en Afrique d'autre part.

    Section 1 : Etudes d'autres régions du monde

    Sabine Rabourdin, 1996. Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes, Paris, Delachaux, 223 p.

    Sabine Rabourdin, Ingénieur et diplômée en ethnologie, est journaliste-écrivain. Son travail s'oriente sur la réaction de la société face aux changements globaux d'environnement.

    Dans cet ouvrage, l'auteur part du fait que la terre des sociétés modernes est fragile et ne peut plus aujourd'hui répondre aux sollicitations demeurées des hommes. Comment alors concilier « modernité» et écologie?

    À travers un tour du monde des savoirs écologiques traditionnels chez les Yanomanis, les Ladakhis, les inuit, Sabine Rabourdin montre que ces sociétés ont su développer des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement et se fixent des limites. Ces « bons sauvages» auraient beaucoup à apprendre aux « civilisés»: depuis leur rapport homme/nature aux techniques novatrices de préservation des ressources naturelles. C'est alors de multiples concepts occidentaux que l'auteur nous amène à réviser la pauvreté, le bonheur, la place de l'homme sur terre. Il conclura en disant qu'entre ethnologie et écologie, cet essai montre que les sociétés traditionnelles peuvent constituer une source d'inspiration précieuse pour les sociétés occidentales, si chacun se donne la peine de considérer la modernité autrement.

    Cet ouvrage nous guide dans notre réflexion dans la mesure où si 1 `homme adopte un comportement aussi dominateur vis-à-vis de la nature, c'est certes pour s'en protéger, mais c'est également pour l'exploiter. Dans tous les pays du monde, la tendance est d'accroître l'exploitation des ressources naturelles, pour soutenir l'évolution démographique mais aussi pour tenter de répondre à une exigence grandissante de confort (p. 31).

    Aussi, dans les sociétés modernes, la gestion de l'environnement n'implique pas l'individu, devenu un service régi par l'État, cette manière de déléguer la gestion de la nature empêche la prise de conscience par chaque individu de ses possibilités d'action et élargit encore le fossé (p. 32).

    Dans le chapitre 1 l'écologie à la lumière des peuples traditionnels: « pour le sauvage, le monde en général est animé: arbres et plantes ne font pas exception à la règle 1`homme croit qu'ils ont des âmes comme la sienne, et il les traite en conséquence. » (p. 44). Ainsi, quand vous détruisez un site, vous créez une ride qui va tout sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit l'équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la maladie et la mort des gens et de la nature.

    Les populations autochtones de la Mondah (Benga) ont une gestion de la forêt que ce qui leur ait nécessaire à la survie. Car les sociétés traditionnelles ont connu le développement durable bien avant que ce terme n'ait été inventé, dans le domaine des relations entre l'homme et la nature, ces sociétés peuvent venir au secours des sociétés modernes, parce qu'elles ont des réponses à apporter aux maux de la modernité, parce qu'elles peuvent constituer un exemple qui nous permette de nous situer à la hauteur des exigences écologiques et sociales de notre époque. Car pour qu'il ait une bonne gestion de l'écosystème forestier et penser un développement durable, il faut tenir compte des opinions des peuples autochtones (riverains).

    Descola Philippe, 1986. La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris, Fondation Singer-Polignac, Maison des Sciences de l'Homme, 450 p.

    Anthropologue français, il a fait des études de philosophie à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud et d'ethnologie à l'École Pratique des Hautes Études où il a passé sa thèse sous la direction de Lévi-Strauss. Actuellement, il est directeur d'étude d'« Écologie symbolique» et directeur du laboratoire d'Anthropologie Sociale à l'École des Hautes Études en sciences sociales et professeur au Collège de France (Chaire de l'Anthropologie de la nature).

    Considéré comme l'ouvrage qui donna naissance à l'anthropologie de la nature, la nature domestique a fait date dans 1 `histoire de la discipline. Les principales raisons qui ont conduit l'auteur vers l'anthropologie écologique étaient de déconstruire son caractère réductionniste ainsi que de relier les aspects symboliques et les aspects matérialiste dans une étude des relations entre les Achuar et leur environnement. En effet, sont bordées, dans cette monographie, à la fois les modalités d'usage du milieu et leurs formes de représentation.

    Pour ce qui est des Achuar, il s'agit d'un groupe appartenant à l'ensemble Jivaro, situé dans le haut Amazone, à la frontière entre le Pérou et l'équateur. Il est important de noter qu'il constitue également un des derniers groupes Jivaro à n'avoir pas encore subit les effets déstructurant du contact avec le monde Occidental. Philippe Descola et son épouse, Anna Christine Taylor ont réalisé leur terrain parmi eux (les Achuar du Pérou) entre 1976 et 1979, y réalisant plusieurs séjours prolongés. En découvrant l'ethnologie et les sociétés exotiques, Descola se détourne progressivement de ce discours qu'il qualifie au passage de "léthargie dogmatique" (p. 3). Il se familiarise alors à l'approche structurale des mythologies amérindiennes de Claude Lévi-Strauss et s'initie aux arcanes de l'anthropologie économique de Maurice Godelier. Ces derniers vont l'accueillir, l'orienter et le soutenir dans son projet ethnologique. De retour en France en 1984, il rédige une thèse dont ce livre est le fruit.

    Dans cet ouvrage, l'auteur passe aisément de la description de la cosmologie achuar à des explications scientifiques rigoureuses, l'objectif étant de déconstruire la théorie écologique déterministe. Il va alors examiner les dynamiques et processus de socialisation de la nature sous leurs formes techniques et symboliques, matériels et idéelles. Son projet étant de « montrer comment la pratique sociale de la nature s'articule à la fois sur l'idée qu'elle se fait de son environnement matériel et sur l'idée qu'elle se fait de son intervention sur cet environnement » (p. 12).

    Pour Philippe Descola, « lorsqu'une société conçoit l'usage de la nature comme homologue à un type de rapport entre les hommes, toute modification ou intensification de cet usage devra passer par une réorganisation profonde tant de la représentation de la nature que du système social qui sert à penser métaphoriquement son exploitation ». Autrement dit on ne peut séparer les déterminations techniques des déterminations mentales. Dans le cas des Achuar il constate que ces derniers ont « une connaissance pragmatique et théorique de la diversité de leur environnement connaissance qui est instrumentalisée dans leurs modes d'usage de nature et notamment, dans les techniques agricoles » (p 60).

    Ici, on voit apparaître la primauté du symbolique sur la pratique, car pour Philippe Descola, on ne peut pas penser l'un sans l'autre. Toute son étude repose en effet sur l'étude de la pratique, ou plus précisément de la praxis, selon lui, il est illusoire de vouloir séparer les dimensions matérielles des dimensions mentales, elles sont en effet intrinsèquement liées. Ainsi, le coeur de la nature domestique consiste avant tout en une description détaillée des relations qu'entretiennent les Achuar avec leur environnement naturel et des représentations qu'ils en font.

    Or, l'idée que la nature est un champ des phénomènes qui se réalisent indépendamment de l'homme est évidemment complètement étranger aux Achuar. Car, chaque plante et chaque animal se voient doté par les Achuar d'une vie autonome aux affects très humain. Tous les êtres de la nature ont ainsi une personnalité singulière qui les distingue de leur congénère.

    Philippe Descola, montre dans cet ouvrage qu'il existe une continuité sociale entre humain et non humain, de même qu'une forme d'hiérarchie à l'intérieur de la place des agents (êtres de langage). Aux humains s'opposent les choses muettes et inaccessibles. Descola remarque également qu'à l'intérieur des non-humains avec lesquels la communication est possible (par le langage de l'âme, exprimé chez les Achuar sou forme de chants) des différences sont instaurées. Il y a d'abord les esprits qui ont une sociabilité exemplaires, identiques à celle des humains (Tsunki) esprit tutélaire des jardins, certains animaux et certaines plantes. Ensuite viennent des êtres qui bafouent les règles sexuelles d'exogamie. En dernier lieu, on trouve les êtres solitaires.

    A la lumières des faits recueillis par l'auteur chez les Jivaro de la forêt du Haut Amazonie, nous retenons que les éléments architecturaux, les techniques de productions en rapport avec les lieux ou elles s'exercent (horticulture, chasse, pêche et cueillette) sont en relative à la sous exploitation des ressources, aux habitudes alimentaires et nutritionnelles des Achuar. Le plus important étant que « l'écologie d'une société apparaissait comme un fait social total synthétisant les éléments techniques, économiques et religieux, selon un mode de combinaison dont la structure profonde était isomorphe aux autres structures régissant la totalité sociale ».

    L'intérêt de cet ouvrage est d'avoir étudié à la fois les réalités culturelles et naturelles, d'avoir souligné l'importance d'une production symbolique qui entraîne le bon usage de la nature et son respect. Ce qui nous renvoi à l'exploitation de la forêt de la Mondah par les populations rurales endogènes et aux techniques d'exploitation précaires comme la société d'achuar.

    Descola Philippe, 2002. « L'anthropologie de la nature » in Annales histoire, Sciences sociales, Paris, EHESS, Armand Colin, 925 p.

    Philippe Descola, est professeur au Collège de France, titulaire de la Chaire d'anthropologie de la nature, directeur d'étude à l'École des Hautes Études en sciences sociales et directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS-EHESS/CNRS/Collège de France).

    Ses thèmes de recherche sont l'ethnologie des sociétés amérindiennes, d'anthropologie comparative des modes de socialisation de la nature, l'épistémologie et la philosophie des sciences sociales et l'anthropologie cognitive. Dans cet ouvrage, l'auteur a pour objectif de montrer comment ce courant a ouvert de nouvelles pistes dans la réflexion anthropologique. « Parler de la nature c'est avant tout parler de la culture. Parce que la nature ne peut plus être considéré comme extérieure au monde des hommes. La manière dont les différents peuples sont entrés en relation avec elles, l'ont appréhendé et conceptualisé a donné naissance n'ont pas à une nature extérieure, régis par des lois que la science peut nous révéler, mais il plusieurs natures, aussi diverses que les cultures ».

    Ce travail sera donc organisé en plusieurs temps. Premièrement, le contexte dans lequel l'anthropologie de la nature a émergé (une anthropologie en crise). Les grandes lignes de ce nouveau champ seront ensuite abordées de manière générale. Troisièmement, une explication des liens que l'anthropologie de la nature entretient avec Claude Lévi-Strauss. Le chapitre six nous fera entrer dans le coeur de la question: les théories et terrains de quatre grands penseurs en anthropologie de la nature. Il reviendra notamment sur la crise de l'anthropologie, établir un lien plus clair entre l'anthropologie de la nature et l'anthropologie dynamique. Pour terminer, à la lumière de toutes ces théories, courantes et perspectives, l'auteur dessinerait les grands signes d'une anthropologie de la nature personnelle, une « anthropologie perspective de la nature ». D'après lui, on ouvre les limites de l'anthropologie de la nature actuelle seront dépassées dans une volonté d'inscrire l'anthropologie de la nature dans la dynamique actuelle des relations entre sociétés et environnement.

    Cet ouvrage nous est capital dans la mesure où l'exploitation commune dans la forêt trouvera sa justification dans ce que Philippe Descola appuie par une description devenue aujourd'hui célèbre du musée d'histoires naturelles de la Plata au Brésil. Il montre combien ce musée illustre le point de vue selon lequel il y a un ordre dans le monde depuis l'univers naturel très ordonné (rez-de-chaussée) jusqu'à la diversité humaine confuse (du premier étage). Descola ici, utilise cette description comme une caricature du monde tel que nous le voyons. La séparation du champ de la nature et du champ de la culture est en effet devenue un automatisme dans notre société, dû à notre intégration profonde du schème dualiste. Dans cette perspective, le monde serait entre une nature et plusieurs cultures, la forêt de la Mondah (nature) exploitée par plusieurs ethnies de culture différentes.

    Section 2 : Etudes africaines.

    Suzanne Jean, 1975. Les Bandjabi, les jachères en Afrique tropicale. Interprétation technique et foncière, Musée de l'Homme, pp. 97-131.

    Suzanne Jean est docteur en géographie (études rurales) et licenciée en droit. Après avoir obtenu à la Sorbonne les certificats d'Ethnologie et d'Histoire, elle a fréquenté le centre de formation aux recherches Ethnologiques (Musée de 1 `Homme) et a bénéficié de la formation de l'École Pratique des Hautes Études (II section, Sciences Économiques et Sociales). Ayant collaboré pendant de longues années à un organisme de coopération, l'auteur a eu l'occasion d'acquérir une grande expérience de terrain et de faire de nombreuses observations sur l'agriculture et les systèmes fonciers africains.

    Dans cet ouvrage, l'auteur envisage d'étudier le rôle de la jachère en agronomie tropicale puis s'emploie à définir ce qu'on attend par interprétation foncière de la jachère dans les communautés villageoise du point de vue théorique. D'autre part, travaillant sur le terrain, elle analyse quelques cas d'interprétations foncières à travers l'exemple des Banzèbi du Gabon et autres communautés humaines du Dahomey (actuel Bénin), de Côte-d'Ivoire, du Cameroun et du Nigeria. En dehors de l'introduction qui restitue le cadre général de l'histoire du peuple Zébie tout en donnant des informations sur sa situation démographique, géographique que scolaire. Nous avons porté un accent particulier au chapitre V qui comprend trois parties. La première partie est consacrée à l'organisation familiale et scolaire du groupe Zébie. Celle-ci est construite autour des principes de la matrilinéarité et de la patrilocalité. En fonction de la matrilinéarité, l'auteur examine les structures parentales, leur rôle et l'origine. De leur formation. Ce sont les clans (ibandu), le sous-clan (nzo), le lignage (nzo pour les hommes libres et dibura pour les serviteurs d'après l'auteur) qui sont examinés. En fonction de la patrilocalité l'accent est mis sur les groupements familiaux basés non plus sur la communauté des clans mais sur la continuité territoriale à l'exemple du groupe de production appelé itsuku.

    Cette partie montre que la société zébie a pour fondement la parenté et la solidarité et ce sont elles qui conduisent à une certaines organisation sociale et familiale. Dans cette même. Partie, l'auteur traite également des associations à caractères d'intégrations dont, le nimbe, le mwiri et le bwiti. Dans la deuxième partie, l'auteur traite du système cultural zébie. Celui-ci donne lieu à une alternance bisannuelle des cultures de cucurbitacées et solanacées. Autrement dit, « à une année de la courge ilem sia nzaka, succède une année d'aubergine ilem sia mbongolo ce qu'il faut surtout comprendre c'est que le phénomène de l'alternance bisannuelle a pour conséquence immédiate l'exclusion dans le temps et dans l'espace de l'une ou de l'autre plante. L'auteur précise par exemple qu'en 1961 c'était l'année des courges et 1962 celle des aubergines. Dans cette partie, l'auteur montre aussi que le système cultural zébie donne lieu à une division sexuelle des tâches et que certaines cultures sont toujours accompagnées de rites religieux et interdits telle que la récolte des courges.

    Enfin, dans la dernière partie, l'auteur examine les règles d'appropriation, de transmission et de gestion du sol en se plaçant au niveau du village, du lignage et de l'individuel. Au niveau du village par exemple, il parle d'« inanga villageoise» pour dire « Étendue de surface variable dont les limites sont connues et généralement marquées par des repères naturels du terrain: rivière, colline, forêt ou bien certains arbres » (p. 112). La Transmission du droit d'usage du sol se fait différemment: par voie successorale, par le fait d'appartenir au clan, par le lien familial ou bien par l'alliance passée entre deux familles.

    Cet ouvrage nous est important car il permet de comprendre l'installation et les activités du peuple zébie qui vit au Cap-Estérias et Santa-Clara et qui exploite la forêt de la Mondah. Nous comprenons plus que, c'est par solidarité et familiarité que ces populations ont occupé cette espace qui auparavant appartenait aux Benga. Étant un peuple culturellement structuré, les populations rurales de ladite zone pratiquent l'exploitation forestière selon leurs pratiques culturelles. Nous trouvons aussi l'implantation des temples de « bwiti» qui montre les socialisations à caractères d'intégrations dont l'auteur fait appelle dans la deuxième partie.

    Laplantine François et Nouss Alexis, 1997. Le métissage, Paris, Dominos, 142 p.

    Ces deux auteurs français appartiennent à deux sphères scientifiques aux objets d'étude différents. François Laplantine est anthropologue alors qu'Alexis Nouss est linguiste. La rédaction conjointe de cet ouvrage s'explique par le fait que ces auteurs partagent la même passion pour l'étude des phénomènes métis. Nouss en tant que linguiste s'oriente sur la question de bilinguisme alors que l'anthropologue Laplantine s'oriente dans celle des constructions des identités culturelles métisses. Cette assertion trouve bien sa légitimité à travers sa conférence tenue à Libreville au mois de juillet sur l'Afrique Bantu au Brésil.

    Cet ouvrage qui regroupe les connaissances anthropologiques et linguistiques fonde son argumentaire sur la reconstruction des identités des sociétés immigrées ou celles vivants au Contact d'autres sociétés. Ces auteurs parviennent à démontrer a partir de leurs disciplines respectives qu'avec les déplacements et les contacts, les sociétés se reconstruisent des nouvelles identités qui parfois combinent à une nouvelle culture. Pour étayer cela, ils prennent plusieurs exemples parmi lesquels la domination d'une langue ou d'une culture sur une autre, mais le produit d'une association de langues et de cultures hétérogènes. Autrement dit, une culture prend forme à partir d'un assemblage d'éléments hétérogènes.

    En cela, cet ouvrage nous guide beaucoup dans notre réflexion sur le changement de comportements des populations rurales et urbaines. Le brassage de culture a fait que les Benga peuple marin au contact des populations venant de l'intérieur du pays (zébi, fang, punu) qui sont des peuples forestiers et pratiquent l'extraction du vin de palme le font aussi. De même les peuples zébi, fang, punu aujourd'hui pratiquent la pêche en mer en dehors des activités forestières. La monétarisation, la recherche du gain pousse les populations à exploiter les ressources forestières sans lendemain pour s'adapter au nouveau monde dans lequel il se trouve.

    Dupré Georges, 1982. Un ordre et sa destruction, Paris, ORS TOM, 446 p.

    Ce livre a été conçu sur la base des sources écrites, archives et enquête de terrains menés en pays zébie au Congo dans la région de Mossendjo. Dans cet ouvrage, l'auteur prend comme objet d'étude l'analyse de la situation de dépendance dans laquelle se trouvent les sociétés rurales congolaises. Et principalement la société zébie à un moment donné de son histoire. Bien plus, il tente de «relever, à l'intérieur de la situation de dépendance ou se trouvent les sociétés rurales congolaises, toutes les possibilités même si elles sont vaincues qui doivent être prises en compte par tous ceux qui s'attellent à la tache immense mais surmontable de mettre fin à une domination qui n'est nullement inscrite à jamais dans l'ordre des choses» (p. 12). Pour résumer, cet ouvrage est une présentation du rapport de force entre la culture zébie (culture dominée) et la culture occidentale (culture dominante).

    Dans la première partie intitulée: Coordonnées, l'auteur livre quelques points généraux au sujet, mais nécessaires a sa saisie. Il présente l'espace zébie, le parcourt migratoire de ce peuple, ses rapports avec les autres groupes avoisinants, etc.

    La deuxième partie qui traite de l'ordre zébie analyse la société zébie précoloniale, c'est-a-dire avant les formes précédant la production capitaliste. Pour Dupré: « avant de considérer les sociétés africaines immergées dans les eaux d'une histoire qui les domine, il faut montrer comment se reproduisent elles-mêmes, comment, ce faisant, elles s'orientent dans le temps, c'est-a-dire comment elles produisent leur histoire » (p. 12). Dans cette perspective, l'auteur passe en revue les diverses structures socio-économiques des zébie (chasse, pêche, cueillette, agriculture, élevage, travail du fer, artisanat, etc.), leur système clanique et lignager, leur formes de mariage, les systèmes d'attitude, leur vision du monde, leurs habitudes alimentaire.

    Il insiste sur la gestion de la forêt. La jachère était un élément primordial dans cette gestion et était toujours respectée. En fait, dans cette partie qui constitue le point de départ de la démarche de l'auteur, il livre accès à la réalité économique et sociale de la société zébie puis montre comment la production matérielle affecte la production sociale. C'est dire que l'analyse des productions matérielles n'est pas simplement d'ordre économique. Elle est aussi d'ordre social, il existait déjà la division sexuelle du travail.

    Dans la troisième partie intitulée la destruction l'auteur analyse la destruction de l'ordre ancien suite aux regroupements des villages, aux recrutements forcés et suite à l'introduction du salariat au coeur de la culture zébie. Il s'interroge donc sur le sens précis des changements et transformations socioculturelles, économiques et politiques depuis la traite jusqu'à l'installation de l'administration française en 1911 en passant par le système concessionnaire.

    Il résume ce rapport de force en ces termes: « A cette époque, le de part de presque tous les jeunes hommes des villages vers les chantiers (chemin de fer Comilog) et l'arrivée massive dans la région de travailleurs célibataires furent à l' origine d'une instabilité matrimoniale importante » (p. 177). Aussi, ces regroupements ont causé de lourds préjudices à la production agricole et la concentration de la population va contribuer à accroître sa fragilité (p. 276).

    Il notera aussi que la pression démographique sur les terres va accentuer la dégradation des sols dans les zones proches de la route à la fois par l'allongement des durées de culture et la diminution de la jachère forestière; et cela à un moment où le salariat concurrence l'agriculture (p. 290).

    Il conclura en disant: « Désormais la permanence dans laquelle s'installe l'économie nzébi est celle de sa soumission au capitalisme dont les interventions successives ne sont que l'écho de sa croissance, de l'expansion a l'échelle planétaire de ses contradictions et de ses stratégies impérialistes. La conquête coloniale installe le peuple nzébi dans la division internationale du travail en faisant de lui l'argent d'une économie d'extraction dont les nécessités vont modèleer directement l'infrastructure administrative et économique et l `équipement dont le colonisateur pourvoit le peuple nzébi » (p. 281).

    Pour l'essentiel, retenons que cet ouvrage est d'un intérêt considérable à en juger par la qualité de sa richesse et ses informations renseignant presque sur tous les savoirs et savoir faire du peuple nzébie. Il ressort en rapport avec notre thème que les populations de l'intérieur du pays immigrant à Libreville à la recherche d'un emploi rémunéré sont' à la base de la pression démographique dans la capitale et est à l'origine de l'exploitation abusive des forêts environnantes pour la satisfaction des besoins alimentaires, sanitaires, monétaires, religieux, etc., sans cesse croissants. Tout comme la société nzébie lors de sa destruction, la forêt classée de la Mondah court un danger.

    Kialo Paulin, 2005. Pové et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquisse d'une anthropologie comparée de la forêt, Thèse de doctorat. Université Paris V René Descartes, 380 p.

    Anthropologue de formation, Paulin Kialo est attaché de recherche à l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (I.R.S.H) du Gabon. Il intervient en tant que vacataire au département d'anthropologie de l'Université Omar Bongo.

    Les travaux de cet auteur s'inscrivent dans la perspective d'une anthropologie comparée des modes d'exploitation de la forêt avant et après le contact des sociétés traditionnelles du Gabon et les exploitants forestiers occidentaux. En d'autres termes avant et après la période coloniale. De cette comparaison, il relève l'existence de deux modèles d'exploitation de la forêt contradictoire. Pour un européen, la forêt est constituée d'arbres, ce qui intéresse les forestiers ce sont les bois utiles à leur industrie. Ses origines dans 1 `histoire des rapports entre l'occident et la forêt y sont présents les systèmes de pensée religieux; y sont en pratique la science et le capitalisme. La forêt n'était plus le lieu ou habitent les démons, elle n'était plus le lieu symbole de la non-civilisation, elle était devenue un capital. De l'autre côté la forêt nourrit l'homme. Pour le Pové, la mort de l'homme vient du village et non de la forêt. Ici, c'est la terre qui fait fonction de grenier.

    Il poursuit en disant que l'un est anti-forêt et l'autre est pro-forêt. Son analyse des rapports de l'homme à la forêt va plus loin en ce qu'il arrive à démontrer que la gestion de l'espace forestier obéit à une logique cyclique qui oscille entre les modèles déjà énoncés. Cloisonnées jusqu'à une certaine époque dans un mode de vie propre fait des croyances et des valeurs culturelles respectueuses de la nature, pour les sociétés pro-forêt. Par contre, la civilisation occidentale dont l'exploitant forestier est le symbole vu l'outillage utilisé contre la forêt et les objectifs de profits qui l'animent serait anti-forêt. Aujourd'hui, les deux civilisations (sociétés africaines / sociétés occidentales) sont anti-forêt. Ainsi, donc le mode de vie actuel des sociétés modernes inscrit l'humanité dans une spirale anti-forêt. Une tendance que les organismes non gouvernementaux tendent à renversé en optant pour la protection et la conservation de l'environnement.

    Cette thèse nous guide dans notre travail sur les comportements des africains en général et ceux des gabonais en particulier, mais aussi des occidentaux face au patrimoine forestier. Il ressort clairement aujourd'hui que le modèle anti-forêt gagne du terrain, et que l'usage actuel des potentiels forestiers passe nécessairement par les besoins financiers. Par ailleurs, plus la pression démographique croit dans la capitale (Libreville), plus les besoins alimentaires peuvent requérir des formes d'intensifications de culture ou de coupes excessives de bois qui éloignerait la forêt de la Mondah d'une gestion douce comme celle qu'elle a connu autrefois avec les Benga. Ainsi, à travers les analyses faites par les auteurs, nous pouvons pour le moment, approcher notre thème avec un esprit scientifique.

    Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO), 1998. Acte du Séminaire les formes traditionnelles de gestion des écosystèmes au Gabon, in Revue Gabonaise des Sciences de l'Homme n°5, PUG, Libreville, UOB, 331 p.

    Cet ouvrage est une compilation de communications au cours du séminaire, qui a été réalisé par un ensemble de chercheurs provenant de disciplines diverses: Sciences Humaines et Sociales, Science de la Vie et de la Terre, et autres. Tout en prenant en compte les connaissances traditionnelles du Gabon.

    En effet, la réflexion au cours de ces débats tournait autour des patrimoines identifiés et constitutifs de l'écosystème forestier, notamment les patrimoines botaniques, animal, aquatique, foncier et humain. Cet acte visait plus précisément l'identification et l'invention des techniques traditionnelles de gestion de l'environnement mises en oeuvre par les ethnocultures gabonaises. Toutes ces différentes pratiques visent à préserver les différents patrimoines identifiés. De même, les croyances et prescriptions relatives à l'application de ces pratiques et techniques n'ont pas été laissées en marge. « Même sur les représentations très élémentaires, tout un processus d'élaboration cognitive et symbolique prend place et va orienter les comportements » (Jodelet 1980 : 334 p.), il ressort que, l'homme d'Afrique avant l'arrivée des Blancs, au moins dans l'intérieur de la forêt, vivait dans un véritable équilibre biologique avec tous les êtres végétaux et animaux, qu'il connaît et qu'il savait utiliser, ou dont il pouvait se défendre sans aller jusqu'à l'abus et jusqu'à la destruction (Chevalier 1934).

    Le chapitre sur le patrimoine botanique (pp. 3-39), nous présente les relations de l'homme avec son environnement. L'importance que le peuple gabonais accordait à la forêt celle-ci qu'il considère comme leur mère nourricière. Même étant en ville, la forêt occupe toujours une place importante pour les citadins. Aux fonctions sociales culturelles vient s'ajouter la fonction économique. C'est ce que la population gabonaise investie comme valeur essentielle dans son rapport à la nature et aux hommes.

    Il y a comme une sorte de retour aux sources. La population de Libreville est formée à près de 80% des paysans et cela expliquerait le retour aux sources, aux origines. 70% de cette population a fréquenté la forêt pendant l'enfance et quand elle vient à Libreville, elle tend à avoir un contact avec la forêt. C'est ainsi qu'elle prend le risque d'affronter les agents des eaux et forêt dans la forêt protégée du Cap-Estérias (Mondah).

    Cet acte du séminaire est particulièrement intéressant pour nous en ce sens qu'il montre l'utilisation rationnelle de quelques végétaux utiles aux populations rurales au Gabon, aussi la représentation mentale de la forêt par le citadin au Gabon. Il nous ait aussi important dans le sens ou il nous présente les formes traditionnelles de gestion de l'écosystème du village du Cap-Estérias qui est l'une de nos zones d'enquête.

    Projet forêt Environnement (PFE), 2000. Étude de faisabilité des forêts communautaires au Gabon Rapport final, LUTO, Université Omar Bongo, 156 p.

    Cette étude est initiée par le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO) en partenariat avec le Ministère de l'économie forestière. Elle était composée d'une équipe interdisciplinaire: d'un juriste (Zeh Ondoua Jean), d'un anthropologue (Kiola Paulin), de deux économistes (Okoué Metogo Fabien et Zomo Yebe Gabriel), d'un écologue (Ngoye Alfred). Elle était assistée de trois agents du Ministère des Eaux et Forêts. L'étude s'est déroulée dans cinq provinces du Gabon: Estuaire (Oyan, et Ekouk), Ngounié (Yétsou), Ogooué Lolo (Baniati et Bassegha), Ogooué Maritime (Idjembo M'pivié, Diombou) et Woleu-Ntem (Nkang).

    Elle a consisté à déceler, parmi les modes de gestion traditionnelle des forêts qui existent, un mode de gestion qui correspondrait au concept de « forêt communautaire ». La mission a simplement constaté qu'il existe une diversité de modes de gestions villageois des espaces et des ressources forestières.

    Le premier est une gestion individualisée; le deuxième est une gestion lignagère (Baniati et Nkang) ; le troisième est une association (Bassegha) ; le quatrième est une gestion locale mixte (Yestou).

    Ainsi, l'inexistence d'un modèl unique de gestion traditionnelle rend problématique la mise en place d'une gestion de type communautaire des forêts du Gabon au sens défini par la Banque mondiale: « Mon village est plus vieux que le Gabon » dit un informateur aux hommes de sciences au cours de cette enquête, pour dire que l'État du Gabon n'a pas de prérogatives sur les terres des villages ou encore « Mon grand père, c'est l'État » pour dire que les lignages n'existent plus dans la Mondah comme structures qui veillent sur les terres, puisqu'elles sont contrôlées par l'État. Ce qui expliquerait peut-être le « désordre », le « non respect des limites de la partie classée dans la Mondah » constaté dans la gestion de cette forêt.

    Les experts étaient confrontés au problème de l'identification d'un mode de gestion standard pouvant garantir la gestion durable des espaces forestiers. Le texte se termine par des recommandations à l'endroit du Ministère des Eaux et Forêts et par la proposition d'un cadre juridique relatif aux forêts communautaires de la gestion individualisée étant la mode qui prime, chacun cherche à satisfaire ses besoins dont la source principale est la forêt. Et, ainsi nous assistons à une désarticulation des ressources forestières et une diminution des espèces car le prélèvement, l'utilisation, et la conservation ne sont pas harmonieusement suivit.

    Lévi-Strauss Claude, 1962. La pensée sauvage, Paris, Plon 389 p.

    Anthropologue Français, Lévi-Strauss Claude est né à Bruxelles de parents français, le 28 novembre 1908, il a étudié le droit à Paris jusqu'en licence, et la philosophie. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en 1931. Sa carrière d'ethnologue débute 3 ans après, lorsqu'il est invité à venir enseigner la sociologie à Sao Paulo, où il restera jusqu'en 1939. C'est à cette occasion qu'il séjourne parmi les populations indiennes (Nambikwara, Caduvéos et Borors) et mène ses seules enquêtes de terrain. D'abord, maître de recherches au CNRS puis sous-directeur du musée de l'homme il est ensuite nommé directeur des études à la section de l'école pratique des hautes études, à l'ancien chaire de Marcel Mauss. Il est élu à la chaire d'anthropologie sociale du collège de France, et y fonde le laboratoire d'anthropologie sociale et revue de l'homme.

    C'est en 1960 que Lévi-Strauss va commencer sans relâche la rédaction de la pensée sauvage. C'est « un livre d'une grande technicité consacré pour l'essentiel aux modalités et aux méthodes des taxinomies populaires étudiées par l'ethnologue » p.14. Il manifeste sa volonté d'interpréter la vie des sociétés et des cultures en termes de logique inconsciente. Il est évident que les propriétés de ce qu'il va qualifier de « pensée sauvage» sont à la fois structurées et structurantes. Le primat des formes inconscientes vient de ce qu'elles fonctionnent comme langage, donc comme une structure, mais aussi de ce qu'elles expriment le mode de lecture, voire de fabrication du monde. Le rôle de l'inconscient s'explique par la nature de la réalité institutionnelle (la parenté) ou matérielle (l'esthétique des objets).

    Dans cet ouvrage, l'expression pensée sauvage est employée pour décrire le fonctionnement de la pensée à l'état brut, « naturel », « sauvage» en quelque sorte, telle qu'on peut l'observer même dans les sociétés ou se développe une pensée scientifique et non pour qualifier celle des peuples dits sauvages.

    Suzanne Jean, 1973. La jachère en Afrique tropicale. Interprétation technique et foncière, Paris, Musée de l'Homme, 168 p.

    D'après l'auteur, la grande majorité des cultivateurs d'Afrique au sud du Sahara abandonnent à la jachère des terres qui ont été cultivées pendant une ou plusieurs années. Ce procédé semble être le plus économique. En apparence simple, ce procédé soulève plutôt des problèmes tant sur le plan agronomique que sur le plan foncier et donc humain. D'après lui la jachère est liée à la pratique de la culture itinérante dont elle n'est qu'une étape. Cette technique permet le maintien d'une fertilité certaine de la terre en favorisant sa reconstitution.

    En plus de ces données, l'auteur nous dit de tenir compte des plantes cultivées, des rotations des cultures, de l'outillage, de techniques de débroussage, etc. Ceci pour dire que la reconstitution de la terre n'est jamais totale ce qui amène les populations à procéder à des ajustements. Sur le plan foncier par exemple, tous les droits sur les jachères ont pour fondement leur caractère religieux, variable selon la position sociale du détenteur, l'impérieuse nécessité de confirmer perpétuellement ce droit par les travaux qui y sont accomplis: entretien, nouvelle plantation, etc. L'auteur ajoute aussi le fait que ce droit est limité dans le temps.

    Ce droit est ébranlé par l'incursion et l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à peu l'idée de propriété foncière au sens occidental du terme fait jour.

    Mais en ce qui concerne les pays à faible densité de population, l'intérêt de terre est fonction de ce qu'elle nourrit les hommes. Ce qui fait dire à l'auteur que quiconque contrôle la terre contrôle égaille les hommes. Ce qui implique que le contrôle de la terre ou du foncier constitue en même temps un essort important politiquement. La conséquence est que la course à l'occupation de la terre se manifeste à travers des tactiques d'occupation des terres.

    L'auteur n'a (pas) analysé la problématique de la terre que par rapport à l'agriculture, il n'a pas fait allusion à l'exploitation des essences de bois tels que l'okoumé, l'ozigo, etc. qui fait également changer l'image que renvoie le droit foncier africain. Ainsi il est fait interdiction aux populations de disposer de leurs terres telles que le faisaient leurs ancêtres. Relativement à la forêt classée de la Mondah c'est dans cette optique que les populations ne disposants plus totalement de leur terre, vont en l'encontre des politiques étatique. L'Etat, s'auto proclament propriétaire des terres.

    Kabala, Matuka avec la coll. de Souindoula, Simao, 1985. « Rapport entre l'homme et les écosystèmes dans le monde bantu », Racines bantu - Bantu roots, CICIBA, Libreville, pp. 49-66.

    La vision et les rapports entre le bantu et l'écosystème est l'aboutissement d'un long processus du fait qu'ils tiraient tout ce qu'ils consommaient de la nature. Il s'est établi alors entre eux et l'écosystème « des interrelations étroites et dynamiques » (p. 49) Les auteurs relève la difficulté de faire une évaluation de l'impact de telles mutations sur les cultures et les langues. Ils notent par ailleurs qu'il y a deux choses à faire ressortir : une influence interne et une influence externe des valeurs due aux relations entretenues avec l'histoire, l'écosystème, l'économie, le social et le psychologique.

    Les auteurs passent en revue la présentation des traits physiques généraux de l'espace géographique occupé par le Bantu, notamment la structure et le relief, le climat et enfin la végétation. Il poursuit l'analyse des écosystèmes, en rapport avec sa problématique générale- part du constat que les modifications récentes du milieu écologique menées en, Afrique depuis un siècle, ont modifié les rapports entre les populations et leur milieu qui ont une incidence sur les sociétés et leurs cultures. A cet effet des groupes de chasseurs/cueillette ont pu devenir cultivateurs ou pasteurs ; d'autres éleveurs de gros bétail ont pu devenir des agriculteurs ou se livrent à la cueillette. L'histoire semble ces derniers. S'emballer. On récence pour l'essentiel deux Impacts des « influences /extérieures sur les cultures traditionnelles, elles-mêmes en évolution constante. Et une dégradation des écosystèmes et en particulier des forêts tropicales humides, entraînant des graves conséquences sur le sol, le climat, les régimes hydrologiques et la faune sauvage » (p. 53)

    La problématique des interrelations entre l'homme et ses écosystèmes s'analyse sous deux angles: la richesse et l'intérêt des cultures et les langues et ensuite des facteurs qui sont internes aux populations elle-même tels que la démographie et son impact sur l'écosystème. L'auteur continue son analyse en faisant remarquer qu'une uniformisation est entrain de s'opérer. On constate partout une entropie tant sur le plan des écosystèmes que sur celui des cultures humaines

    La problématique se complique quand on mesure la folie interaction qui existe entre nature et culture compte tenu du fait que toutes les cultures traditionnelles sont ébranlées. L'auteur rappelle que «les systèmes de production, déterminent les modes de vie qui retentissent à leur tour sur les cadres de vie, sur l'environnement ». La problématique ne réside pas dans le choix entre le maintien ou le rejet des changements mais plutôt dans l'harmonisation des impératifs entre ce développement tant voulu par les uns et les autres, la gestion pensée de l'environnement et la sauvegarde de certains traits fondamentaux de la spécificité culturelle. La problématique est complexe ce qui explique le peu de cohérence dans tout ce qui a été proposé jusque-là.

    Finalement il n'y a aucune réponse satisfaisante pendant ce temps constate l'auteur les équilibres millénaires sont entrain de voler en éclats surtout depuis les dix dernières décennies.

    L'auteur passe ensuite en revu les représentations de la forêt chez les Bantu. Ce point est fondamental car «la manière d'utiliser les ressources naturelles et le milieu est largement influencer, dans les modes de production traditionnels, par la culture» (p. 55) L'auteur regroupe ces représentations dans six (6) chapitres. Ainsi l'on a :

    Celle des naturalistes, de panthéistes, des animistes et les préanimistes Celle des mânistes, des animistes, de la mythologie et religieuse

    3. Celle de magiciens ;

    4. Celle de la science;

    5. Celle des philosophes."

    L'auteur regroupe ensuite ce découpage en trois catégories dont «les trois premières supposent des croyances, tandis que la quatrième est basée sur l'observation et l'expérimentation et enfin la dernière suppose des convictions sur la base de tout ce qui précède». Il lève une équivoque en précisant que toutes ces réalités coexistent mais à des degrés divers. Mais en ce qui concerne l'Africain, la multiplicité des liens entre ces instances et leur diversité «met en réappropriation constante des textes anciens, à commencer par ceux provenant de l'inter culturalité contrairement aux approches classiques qui semblent statiques et passéiste. Il fait une tentative de dépassement du rejet des corpus issus de la période coloniale visés particulièrement dans cette thèse, la démarche générale de l'auteur tend plutôt au contraire à fonder leur actualisation permanente en imaginant des approches de « contre-corpus de la culture endogène répondant aux corpus de la culture exogène, des lectures séquentielles permettant de dégager des «items centraux », ainsi que des inventaires systématiques formalisant a la fois des bilans contrastes et la nécessite de prendre en charge, sous forme de patrimoine socialement reconnu, l'ensemble des données léguées par les auteurs de corpus. La recherche s'appuie sur une documentation de 1200 (mille deux cents) références, 85 (quatre vingt-cinq) récits de fondation de villages de première main et des corpus spécialises de 100 (cent) icones, 40 (quarante) cartes et 20 (vingt) manuscrits tous originaux. »

    Notre travail voudrait faire un dépassement par rapport à cette approche. Ceci parce que les différents corpus ne sont pas traités de part en part avec la même intensité. Si l'histoire de vie de Balandier est lue ou restituée rigoureusement, il n'en est pas de même de celles des Delikat ou des informateurs interrogés par les étudiants relatifs aux récits de fondation des villages ou des villes. Nous pensons pour notre part que l'analyse aurait été plus profonde si elle traitait les histoires de vie des informateurs endogènes au même pied d'égalité que les «informateurs exogènes».

    Bruce, John, 1991. Foresterie communautaire. Evaluation rapide des droits fonciers et propriété de l'arbre et la terre, Rome, F A O, 54 p.

    Le régime foncier est question de "droits", droits que l'on détient vis-à-vis de la terre et des arbres. Etudier un régime foncier consiste à examiner la nature de ces droits, leur origine, leur exercice et la façon dont ils interagissent avec d'autres facteurs notamment la plantation et la conservation des arbres.

    L'auteur entend par régime foncier l'ensemble des droits qu'une personne physique ou morale, privé ou publique, peut détenir sur la terre et les arbres. C'est un ensemble de dispositions régissant les relations qu'entretiennent entre eux les individus et les groupes en ce qui concerne le statut et l'usage de la terre. Les droits sur la terre participent du bon fonctionnement d'ensemble du système social. Partage et mise en valeur dépendent d'abord des éléments constitutifs fondamentaux, matériels et idéels, de toute société territorialisée : écologie, démographie, technologie, attitudes envers la nourriture et le travail;

    Idéologie religieuse et système d'autorité souvent imbriques, relation de parenté et de solidarité. Le système foncier représente l'ensemble de modes de jouissances fonciers dans une société donnée.

    La diversité des systèmes fonciers interdits, il faut le signaler, toute généralisation facile sur la jouissance foncière et son incidence sur l'arbre, mais elle n'exclut pas de tracer quelques grands axes par rapport auxquels orienter, la réflexion de l'auteur de façon pertinente. La majorité des unités agricoles se caractérise par la conduite individuelle ou familiale des opérations agricoles. Les forêts communautaires sont des terres d'utilisation collective. La jouissance foncière et la gestion reviennent à la collectivité qui s'entend comme un lignage, un village, un groupe d'âge, etc.

    Les collectivités territoriales peuvent être propriétaires des forêts et chercher en protéger les ressources. La réserve peut ériger pour plusieurs raisons: forêt naturelle qui pourrait abriter des ressources biologiques et ligneux diversité génétique de grande valeur; elle peut être aménagée à des fins commerciales, avec coupe et reboisement par alternance. Les pouvoirs publics se sont convaincus de la nécessité de créer des réserves forestières pour protéger la forêt d'une utilisation qui la condamnerait là où elle est accessible à tous ou lorsque la gestion du bien collectif n'est pas une assise. » Et les forêts interdites à quoi elles servent dans nos villes en général et les villages en particulier? On constate que dans la plupart des cas les populations sont exclues de la prise des décisions

    Il est nécessaire de préciser que les arbres et les terres ne bénéficient pas des mêmes droits. Ceux qui ne connaissent que les formes occidentales les plus courantes du droit qui régit la propriété croient souvent que les arbres font partie de la terre sur laquelle ils poussent. Mais en fait les arbres peuvent, comme les ressources minérales et les eaux, faire l'objet et de droits de propriété distincts de ceux qui régissent la terre sur laquelle ils se trouvent.

    Les droits de propriété ou de jouissance sur les arbres ne sont nullement une curiosité issue de l'imaginaire des peuples du bout du monde et ne devraient jamais être traités comme étant l'exception, comme on pourrait facilement le croire. Il convient alors de s'interroger sur les droits forestiers en même temps que l'on cherche à connaître quels sont les droits de la terre, et s'assurer de comprendre la relation entre les deux types de droits.

    Cet article ne nous situe pas dans des études de cas qui nous aurait aidé a mieux comprendre l'articulation des ces différents droits dans le temps et dans l'espace.

    Eitsma, Jean Marie. 1988. Végétation forestière du Gabon. Forest vegetation of Gabon, Netherland, Tropenbos toundation, 142 p.

    Cet ouvrage est le compte rendu d'un séminaire écologique quantitatif détaille fait au Gabon sur la période allant de 1985 à 1987 dans quatre parcelles d'une superficie d'un hectare chacun. Cet inventaire fait partie d'un programme d'inventaire des forêts denses tropicales. Les quatre sites sont repartis à travers les pays et se situent à Movengui, Doussala, Lope et Ekobakoba.

    Ces sites qui sont couverts de forêts vierges et de plaines n'auraient pas été exploités dans le passé. Sur chaque site, les lianes possédant un diamètre minimum de dix centimètres ont été pourvues des plaquettes en aluminium, mesurés et intensifiés. Les mesures ont porté sur la hauteur, le diamètre de la couronne et la position de la parcelle. L'auteur a enregistré les données relatives à la morphologie et à la phénologie. A chaque fois que cela était possible des feuilles, fruits et fleurs étaient prélèves.

    Les sites d'étude présente d'importantes différences dans la répartition en espèces. La plus grande similarité au point de vue composition floristique pour les arbres et les lianes a été notée. L'auteur constate que seule une partie des vastes zones forestières sont encore vierges. Les majorités des forêts sont exploitées à des degrés divers soit pour les bois d'oeuvre, soit pour l'exploitation agricole de manière itinérante. La forêt vierge est essentiellement confinée dans la partie du Gabon où poursuit-il les travaux d'exploitation n'ont pas encore débutés. L'auteur passe en revu les hypothèses qui ont trait a cette problématique.

    Ainsi, Ma.ckinnon et Mackinnon affirmaient en 1986 que des vastes étendues de forêt sont encore intactes mais ils ne les situent pas géographiquement. Pour Nicoll et Langrand 37% de la forêt sont encore à l'état primitif et prévoient que ce pourcentage serait réduit à 20% avant 1997. Ils situent ces forêts vierges à l'est de l'aire de distribution de l'okoumé. Cependant que pour Myers les vastes zones forestières du Gabon ne subiront que peu de changement d'ici l'an 2000. Le rythme de déboisement au Gabon pendant la période qui s'étend de 1976 à 1980 a été de 27000 ha par an, soit 0,13% de la zone forestière. Mais l'opinion générale semble être que la dégradation forestière sera moins rigoureuse au Gabon que dans bien d'autres pays tropicaux

    De manière générale le point de vue des botanistes est essentiellement exogène. En effet, Aubreville qui est forestier et botaniste entreprendra des études sur plusieurs territoires de l'Afrique. Tout au long de son exploration, il ne s'intéresse jamais aux usages indigènes de la forêt encore moins aux relations profondes entre cet espace et le Noir, même s'il préconise la protection des bois sacres. Nous remettons en cause le concept de forêt primaire au sens où elle n'a jamais été exploitée, car cet espace dans son acception signifierait qu'il n'appartient à personne ou comme le dit Aubréville « les forêts primaires sont celles dans lesquelles les indigènes n'ont jamais exercé d'autre droit de jouissance que celui de quelques usages secondaires, tels la récolte de fruits et produits. Elles ont donc indubitablement le caractère de forêts vacantes et sans maître » (Aubréville, 1937, pp. 106-107) Or dans la conception négro-africaine en général et, en particulier, la notion de terres vacantes n'a pas de sens. Toute terre appartient à un clan, un lignage avec des limites géographiques bien définies.

    Bergeret, Anne. 1993. « Discours et politiques forestières coloniales » in Colonisation et Environnement, Paris, l'Harmattan, pp. 23-47.

    L'auteur, historienne de formation, est chargé de recherche au CNRS.

    La perception des forêts tropicales fut, durant la période coloniale, et singulièrement à partir de l'Algérie, imprégnée tout à la fois de l'imaginaire lié a la culture d'origine, et des doctrines économiques de l'époque qui fournirent le soubassement de la construction de l'idéologie coloniale. La vision du monde dominante en France modèlea et prédétermina en quelque sorte la perception de la forêt coloniale.

    Dans un premier temps cependant, les conquérants eurent affaire à une nature méditerranéenne non étrange, parce que liée aux origines de leur propre culture. Aussi est.-ce en toute connaissance de cause que les officiers donnaient l'ordre de couper tous les arbres utiles afin d'en priver la population kabyle ou arabe. Mais bien vite, la prise de conscience aigue du danger d'un manque d'arbres se manifesta. La ligue pour le reboisement, née en Algérie, préfigure le discours écologiste.

    Face à la forêt tropicale, étrange parce que réellement étrangère, la perception des colonisateurs oscille entre l'impression «d'enfer vert », de désordre, d'hostilité permanente, et l'impression inverse: éblouissante profusion, richesse sans limite, opulence de l'âge d'or d'une forêt qui sera longtemps perçue comme vierge. Les indigènes qui vivent dans ce milieu inhumain ne peuvent que participer à la sauvagerie.

    Quant aux forestiers, avec une étonnante constante, dans la forêt tropicale ils ne voient que du bois, et surtout des essences précieuses à exploiter. Pour exploiter, il importe de mettre de l'ordre, c'est-a-dire réglementer et séparer le capital forestier des ennemis invétérés: l'agriculteur et plus encore le pasteur. Ainsi, de nombreuses «réserves » seront mises en place dans toutes les colonies tropicales afin de dissocier la forêt des indigènes et de leurs droits d'usage immémoriaux.

    De nos jours encore, la plupart des forestiers tropicaux français ne voient que du bois dans les forêts tropicales, et leur sylviculture continue à ignorer largement les essences locales et leurs multiples usages. Les populations autochtones restent méconnues, car le pouvoir exclusif sur le territoire reste leur principale préoccupation.

    Ce texte est fort intéressant car il fait l'histoire des rapports qui ont toujours existe entre le forestier et les populations autochtones. Mais nous regrettons tout de même l'absence de textes originaux qui pouvaient être par exemple des interviews de ceux qui ont vécu ces moments. Il y a eu des guerres par exemples à Madagascar entre ces populations et les forestiers. L'ouvrage de Dominique Des jeux consacré à ce problème est à ce propos fort éloquent.

    Le texte souffre aussi de l'insuffisance de ne pas avoir parlé des relations entre les forestiers et les ouvriers dans les chantiers, notamment à travers les travaux forcés qui ont particulièrement marqué les pays d'outre-mer dans leur chaire. Ils se verront alors non seulement spoliés leurs terres et leurs arbres, mais aussi transformés en bêtes de sommes pour payer l'impôt. Enfin l'auteur aurait pu nous présenter le forestier noir, comment il se comporte devant la forêt à travers l'intermédiaire qu'est l'argent.

    Mais au-delà de ces critiques, ce texte nous permet de comprendre et nous saisir des enjeux de l'exploitation forestière pendant la colonisation. En effet de l'Algérie à Madagascar, de la Cote d'Ivoire au Gabon, la forêt a été un enjeu majeur et une motivation primordiale qui a marqué de son sceau le fait colonial.

    Deuxième Partie

    Juridiction traditionnelle de la forêt

    Chapitre III

    Présentation de la forêt classée de la Mondah

    Nous allons présenter la forêt de la Mondah, en partant de son historique. D'abord, les populations qui exploitent cette forêt et qui y vivent, ensuite les différents rapports que ceux-ci ont avec cette forêt, à commencer par les rapports, socio-économiques et les rapports culturels, il sera question les différentes ressources de cette forêt.

    Section 1 : Historique et Rapport de l'homme à la forêt

    Dans cette partie du travail, nous allons présenter la forêt de la Mondah en partant de son historique. D'abord les populations qui exploitent cette forêt et qui y vivent, ensuite les ressources de la forêt et enfin la juridiction traditionnelle de la forêt.

    La forêt de la Mondah est située sur la presqu'île entre Libreville et le Cap-Esterias. Les Portugais qui l'investirent les premiers, échangèrent cette terre avec les Espagnol en 1778 par le traité Pardo. Ce n'est qu'avec les traités de 1900 que les frontières furent fixées entre les possessions Espagnoles et Françaises.

    1.1. Populations en présence

    1.1.1. Les Benga

    Les Benga selon la tradition la plus répandue, tireraient leur nom du verbe Ibenga qui signifie suivre. Ils auraient été, en effet, curieux de découvrir le coucher du soleil (djoba), ce qui les conduisit jusqu'à la mer. Aussi, une autre tradition remonterait à un couple primordial cette origine des Benga et les autres peuples apparentés de Mbina et Modouga. Ils seraient issu des jumeaux comme ancêtre commun: Nowe ya Mboumba et Ndowe ya Modougu, ceux-ci à leur tour eurent une nombreuse progéniture, dont parmi les quelles les Benga sont issus.

    Situé sur la rive droite de l'estuaire du Gabon entre la pointe Pongara au Sud-Est et Cocobeach au nord, le pays Benga comprend les caps Boloko bouèt, Estérias et Santaclara, soit une superficie d'environ 30 km2 il est baigné au nord et à l'ouest par l'océan atlantique.En effet, des trois caps, c'est le Cap-Estérias qui abrite la plus grande concentration de Benga.Déjà installé vers les années 50, la presque île de la Mondah était peuplée initialement par les Benga au Cap - Estérias et les Sékiani de Santa-clara.

    Le peuple Benga a des techniques, des règles et des pratiques culturelles en vue de protéger l'écosystème. Ce peuple marin revêt une importance capitale aux espèces marines, comme disait Nkolo « la mer nous donnes la vie, nous la respectons ... ».

    Comme toute organisation sociale, le peuple Benga exploite ses milieux naturels, gère son espace, administre son groupe en référence à ses pratiques culturelles. La végétation naturelle est généralement utilisée pour les besoins de nutrition, de construction d'habitation Ou des objets, et aussi pour des raisons médicinales. Nous avons l'exemple de l'okoumé qui est utilisé dans le domaine médicinal de la construction d'habitation ou des pirogues. Le chocolat indigène est par exemple consommé et utilisé dans les domaines thérapeutiques

    Aussi, la plante marepu (plante à forte odeur pourvue des vertus médicinales servant aussi d'épice) serait par exemple un excellent ingrédient et remède efficace contre les règles douloureuses, elle purifie le lait de la femme allaitante, soigne des angines et calme la fièvre. La pratique culture est plutôt saisonnière chez les Benga, ici, on plante vers la fin de la saison sèche. Il y a des plantations sur brulis et sans brulis (maviha) mavih consiste à débrousser, à nettoyer et à planter sans bruler. Cette pratique dit-on sert à préserver la forêt des désastres du feu et à économiser les sels minéraux qui fertilisent le sol. C'est ainsi que l'on remarquera que sur brulis, la jachère dure sept à huit ans et sans brulis, elle dure seulement trois à quatre ans.

    Cependant, le Benga ne se livre pas à la chasse de manière continue, parce qu'il n'apprécie pas trop la viande de brousse, aussi, la forêt de la Mondah est préservée de l'exploitation abusive. La pêche par contre constitue l'activité principale du Benga. Il faut noter qu'il s'agit de la pêche marine. Car, il convient de souligner ici que le Benga utilise les ressources halieutiques pour les besoins de consommation, pharmaceutiques et quelque fois pour la commercialisation. Les rivières (Ijovi) regorgent de beaucoup de poisons. Rappelons que le Benga ne raffole que du poisson d'eau douce ce qui explique le fait qu'il n'en pêche pratiquement pas dans le principal réseau hydrographique terrestre traversant la forêt de la Mondah; Ivounè, Ebandjè, et Idokogo qui se jettent dans l'océan atlantique. Notons que, la pêche des poissons d'eau douce, lorsqu'elle est pratiquée, elle est l'oeuvre des femmes. La pêche au barrage est la forme la plus pratiquée ici. Elle obéit à un cycle qui se conforme à la répartition saisonnière de l'année, la grande saison sèche est indiquée pour la circonstance.

    La forme de pêche la plus pratiquée par les femmes benga s'appelle ngom (Megaphrynium macrostachyuum). Elle consiste à pilé en grande quantité des feuilles de la plante ngom qui contient un doux poison capable de troubler les poissons du font de l'eau en vue de les ramené à la surface. Après avoir dressé un barrage en amont, la technique revint à mélanger le produit en aval et attendre pendant une trentaine de minutes. La suite n'est rien d'autre que la prise de poisson de son choix.

    Récit7(*) n°1-Akanda Jean-Marie8(*) Sur l'implantation des benga au Cap-Esterias

    1. Nos aïeuls sont les premiers à s'installer ici dans cette zone du Cap-Esterias. Voila pourquoi, le Cap nous appartient. Avant il était difficile d'avoir un terrain ici, chaque lignage et chaque personne connaît ses limites. Mais aujourd'hui ce n'est plus la même chose, il suffit de voir un chef benga avec un peu d'argent et vous avez la parcelle.

    2. Mais seulement, ces étrangers qui arrivent n'ont pas assez d'espace pour planter et surtout qu'ils plantent sur brulis ou la jachère est plus longue. Sauf si celui qui t'a vendu la place te permet, comme c'est le cas des ouvriers permanents de l'ENEF9(*) qui sont déjà installés ici. C'est vrai qu'il y a une partie de la forêt qui est classée, mais cela ne nous empêche pas d'aller chercher nos plantes médicales à l'intérieur de cette forêt.

    Akanda Jean-Marie commence par nous situer comment se faisait l'occupation de l'espace au Cap-Estérias. Il poursuit en montrant les changements qui se sont opérés ces dernières années dans l'installation des personnes autres que les Benga et leur manière de gérer la forêt. Il poursuit en montrant la différence du fait que les nouveaux arrivants pratiquent l'agriculture sur brulis qui demande plus de temps pour que la terre se reconstitue. Aussi il note la présence d'une forêt classée qui ne leur empêche pas d'y accéder.

    En effet, les populations Benga sont nombreuses vers la zone du Cap- Estérias. Arrivée les premiers, on trouve les villages Benga vers le Cap-Santa Clara, et au Cap- Estérias . Ce qui n'est pas facile sinon impossible de voir un village benga où Sékiani sur la nationale. Avec l'implantation des hommes dans cette partie de la ville, les benga perdent la main mise sur leurs terres. Tout ceci favorisé par la pénétration de l'argent dans nos sociétés, entranant le changement de comportement.

    Récit 10(*)n°2 - Nkolo Jean11(*) Sur la conception et l'utilisation des deux écosystèmes qui les entourent

    1. La chasse et la pèche en forêt ne sont vraiment pas notre fort (homme benga). Nous Pratiquons ces activités mais juste pour les besoins d'argent. La mer est un patrimoine pour nous les benga. Elle nous donne la vie nous la respectons. Chaque lignage benga a son front de mer, mais la pèche est autorisée a tout le monde. Chez nous, des l'âge de 8 a 10 ans l'enfant commence à faire la pèche, au bord de l'eau et ils cherchent les couteaux de mer. La mer est une richesse. Elle donne du poisson, couteaux de mer, des coquillages, les algues... Le plus important c'est son eau. Elle fait beaucoup de chose on utilise l'eau salée pour le lavement par exemple. C'est une eau sacrée, le sel que nous utilisons provient d'elle. Cette eau mélangée aux plantes de la forêt soigne mais elle peut aussi soigner sans plante.

    2. L'eau salée est un grand médicament, elle nous protège des épidémies surtout celles de la peau. C'est un vaccin pour nous. Elle soigne aussi l'esprit, lorsque celui-ci est malade. Le cas des visites de mauvais esprits ou de mauvais sort qui rendent malheureux. Pour ce genre de cas, on prend les écorces et les feuilles d'arbre qu'on mélange avec l'eau salée pour le bain du malade. Il Y a aussi les algues qui soignent et qui sont un merveilleux engrain pour les cultures. Il y a aussi les mollusques qui soignent bien les brulures sans laisser les traces il faut aussi savoir que nous avons des interdits et des pratiques rituelles à faire pour le respect de la mer et nos ancêtres lorsqu'on veut une bonne pèche par exemple.

    Nkolo Jean nous informe que les activités forestières sont pratiquées par les Benga, mais à des fins commerciales. L'homme benga vit pour la mer. C'est elle qui lui donne la vie, toutes les parties maritimes sont connues par celui-ci. Loin de la mer, celui-ci ne trouve pas de quoi vivre. A partir de l'eau, les poissons, jusqu'aux algues, tout est utile et chaque élément de l'écosystème marin est primordiale pour le benga. Par rapport à l'écosystème forestier, l'écosystème marin est mieux maîtrisé et apprécié par le benga.

    A côté du benga, la forêt ne court aucun risque, mais se sont les populations qui arrivent qui en fond un.

    Récit12(*) n°3 - AYO Nicolas13(*) Sur la conception et les activités forestières des Benga

    1. Chez nous les Benga, le village n'est pas une affaire de famille, mais de lignage. C'est le chef de lignage qui décide du lieu et qui s'occupe de repartir les terres à ses frères mais n'empêche que deux ou trois lignages peuvent se retrouver sur place. C'est le cas ici au Cap-Esterias qui nous appartient et où on trouve plusieurs lignages. Nous sommes les premiers habitants du Cap-Esterias, ce qui a favorise cela c'est la proximité de la mer. Tout Benga a pour idéal de vivre à côté de la mer. Mais cela ne veut pas dire que la forêt ne représente rien. Pour nous, la forêt est très importante, sans elle, il devient très difficile de vivre.

    2. Nous utilisons les plantes pour faire beaucoup de choses. Comme manger, se soigner construire ou sculpter des objets d'art, etc. La liste est longue. Ce qui est vrai, c'est que le Benga ne peut pas vivre la ou il n y a pas la forêt. Le plus souvent, nous disposons nos maisons face au vent du sud et non celui du nord, parce que, le premier est moins violent et le deuxième est plus violent. Comme partout la cuisine est toujours derrière la grande maison. Et derrière elle, il y a souvent un jardin où on peut avoir les plantes médicinales, les ingrédients et les bananiers, les femmes plantent aussi le manioc et la canne à sucre, tout cela pour faciliter la cuisson ou l'obtention des aliments.

    3. Pendant la saison sèche, les femmes pratiquent la pèche dans les rivières, ces poissons sont souvent vendus, et les plantations ne sont pas aussi grandes on cultive juste pour manger. Le plus souvent, on plante après avoir débroussé, sans bruler, à ce moment la terre garde tout son humus de fertilité et les récoltes sont bonnes. Mais très peu, brulent leurs plantations avant de planter.

    Il ressort dans ce récit d'Ayo Nicolas que, le lignage chez l'homme Benga est très important. Dans les villages avant, c'est le chef de lignage qui s'occupait de la distribution des terres à ses frères. Tout titre foncier devait passer par lui, en quelque sorte le travail du cadastre dans les villes. A partir d'un chef de lignage, tu pouvais avoir les renseignements des lieux d'habitation des autres.

    Aussi, bien que ces villages soient bien structurés foncièrement, l'homme benga ne peut vivre sans forêt d'ou sa gestion parcimonieuse. Celui-ci ne tire de la forêt que le strict minimum, que tout ce qui lui est utile sans chercher à transformer ou à la surexploiter à d'autres fins, commerciales par exemple. Ils ont même développé une technique culturale qui n'est pas le brulis et qui leur permet d'avoir de bonnes récoltes.

    Enfin, comme toutes les autres ethnies du Gabon, les Benga, ont la culture du jardin de maison, de techniques de pêche dans les rivières que le plus souvent les poissons sont vendus car ils aiment plus le poisson de la mer. Nous pouvons observer à ce niveau que la forêt du Cap (Mondah) par la gestion des autochtones (benga) n'était pas menacée et ne faisait pas l'objet d'une exploitation abusive.

    1.1.2. Population flottante

    L'expression population flottante est un concept populaire au Gabon, utilisé par les populations « autochtones» pour faire la différence avec les populations» allochtones » qui sont nouvellement installés dans leur région. En effet les flottants, désignent tous ceux qui partent de leur environnement d'origine pour s'installer de manière durable sur une région étrangère et qui coupent tout contacte avec leur région d'origine, ne bénéficiant que d'un nombre assez de droit sur les lieux ou ils sont installés. Car, la philosophie traditionnelle africaine accorde au patrimoine foncier une valeur inestimable.

    L'imaginaire du peuple bantu est nourri par une conception unique du territoire, lieu de mémoire berceau de l'histoire du clan et terre de nos aïeux, il est par conséquent sa propriété exclusive. Un étranger n'a pas le droit d'afficher des ambitions incontrôlées ou des privilèges contre l'avis des propriétaires des lieux. Cette optique que Jean-Émile Mbot (1997, p 15) en parlant du territoire dira: « la transmission du patrimoine foncier obéit ainsi aux règles de filiation matrilinéaire ou patrilinéaire », c'est selon qu'on appartient à l'une ou l'autre des filiations.

    Toutefois par le biais des alliances et particulièrement par la constitution des États modernes, il y a la libre circulation des biens et des personnes, autrement dit, les personnes non natives d'une région donnée mais citoyennes du même État peuvent en toute latitude s'installée dans un quelconque espace du cet État et jouir de tout les droits. Ainsi, aux yeux du groupe originaire, de telles personnes resteront toujours des étrangers. Mais cette conviction qui voit en autrui un « flottant » ne véhicule pas nécessairement des signaux tribaliste d'exclusion puisque le terme est attribué à tout groupe étranger, on peut être flottant dans son pays qu'ailleurs.

    Lorsque le Gabon accédait à la souveraineté nationale en 1960, la majorité de sa population habitait en zone rurale. Aujourd'hui, à cause de l'exode, la tendance s'est totalement inversée. En effet, vers les années 1970, à la suite du boom économique consécutive à l'exploitation de son pétrole le Gabon a connu un grand flux migratoire vers les grandes villes du pays qui représentent des lieux d'un développement socio- économiques.

    Cette situation aggravée par l'absence des structures socio-économiques en zone rurales, a poussé les populations de ses zones vers les grands centres urbains (Libreville, Port-Gentil).Se sont des milliers des personnes qui ont ainsi rejoint Libreville, qui a vu sa population quadrupler dans la décennie 1970-1980, passant de moins 100.000 à plus de 400.000 habitants. Libreville concentre près de 2/5 de la population Gabonaise venant de tous les horizons du territoire national (Ministère du Plan).

    Peu à peu, des populations issues de la plupart des ethnies du Gabon et des pays voisins, attirées par Libreville et les chantiers se sont retrouvés « à chercher la vie» dans la forêt et dans la baie de la Mondah. Pour la première fois Libreville a vu sa forêt diminuer les coupes des bois ont augmentées, la chasse, la pèche, la cueillette, de même que l'agriculture.

    Ces peuples nouvellement installés, sont majoritairement forestiers, et ont des conceptions et des pratiques autres que celles des autochtones (benga). La chasse et la pêche vont prendre d'autres dimensions, sans oublier l'agriculture la majorité des produits vont être destinée à la vente. En effet, le bois de chauffage est abattu sur pied, les séchages se faisant plus tard; la récolte des fruits comestibles entraînent l'abattage des arbres entiers pour remplir suffisamment des paniers, cas de Musigou; l'extraction du miel oblige les récolteurs à abattre automatiquement les arbres, le bois amère qui est l'espèce la plus menacée à cause de la consommation du vin de palme; le walé (Garcinia kola ineana).

    Le gibier est chassé à des fins économiques, les pièges et les fusils commencent à décimer l'espèce animale. En ce qui concerne l'agriculture, les grandes plantations sur bru1lis sont faites, la grande partie de la récolte est destinée à la vente. Les plantations sont répétées sur place, d'après madame Mitangu.

    Récit14(*) n°4- Mitamkou Salomé le 17 avril 200615(*) sur les plantations dans la forêt de la Mondah33.

    1. La forêt du Cap ma fille est classée et déclassée, c'est dans la partie déclassée qu'on fait les plantations mais aujourd'hui on trouve même mes plantations dans la forêt classée de la Mondah. C'est grâce à la forêt que je nourris mes enfants, moi-même ma fille j'ai grandi à l'aide de la forêt quand nos mamans vivaient, nous n'avions pas de marchés, c'est dans la forêt qu'on allait prendre tout ce qu'il fallait pour nourrir les familles, les plantations, la chasse, la pèche, la cueillette tout c'est en forêt. Sans forêt, je ne pouvais pas nourrir toute cette marmaille là, j'ai 8 gosses, 21 petits-fils, c'est grâce à la forêt (plantations et pèche, chasse) qui m'aide à nourrir tout ce monde puisqu'on n'a pas assez d'argent mon mari est retraite, même avant la retraite les produits des plantations nous aidaient déjà beaucoup. (Les tubercules, la banane, les taros...) c'est grâce à la forêt que nous vivons.

    2. Je trouve la place, mon mari débrousse et parfois je l'aide à abattre des arbres. Je pratique la jachère pour la fertilité du sol. Si je fais une plantation ici à l'an 2000, je peux la renouveler à l'an 2006, il faut 6 ans pour que la terre retrouve tous ses éléments nutritionnels puisqu'on n'utilise pas les engrais et je fais de grandes plantations, la production est bonne, je peux faire trois a quatre plantations par année. Je plante tout le manioc, les aubergines, le piment, la banane, le taro...) mais nous sommes confrontés à un problème. Les tubercules pourrissent. Cela est dû à l'état du sol, la terre plus riche.

    3. Ma fille la forêt n'est plus la même. Quand nous sommes arrivés ici en 1978, la forêt était vierge. Même près de la maison tu faisais ta plantation les hommes n'avaient pas besoin d'aller loin pour chasser, il y avait de ces animaux ah ma fille dans les rivières le poisson. Mais aujourd'hui, c'est la fougère, ce que vous voyez à la route là, ce n'est qu'une couverture à l'intérieur il y a plus rien. Tout a commence avec la société forestière qui s'était implantée ici, c'est là que la forêt a commencé à perdre sa vitalité, nous faisions des plantations c'est vrai, mais la forêt n'était pas près. Il faut arrêter l'exploitation forestière, car elle ne nous apporte rien même pas au pays. Elle nous prive de nos forêts natales et nous rend pauvre, puisque pour avoir un animal aujourd'hui dans cette forêt c'est devenu dur, les animaux quittent les parties défrettées, partent ailleurs et le sol reçoit un coup, la récolte n'est plus la même. Tu sais que l'Ombre des arbres et les feuilles mortes des forêts jouent un rôle important dans la récolte.

    4. En ce qui concerne les plantes médicinales, ma fille les tradipraticien et même nous autres qui avons un peu de connaissance, (tu sais une bonne mère d'enfant dans nos villages doit, savoir quelques petits remèdes qui peuvent aider) nous sommes en difficulté. Parce que certaines plantes ont disparu et les autres deviennent rares, comme je te disais pour les animaux. Il y a en plus la fabrication du charbon à Malibé 2 et de l'extraction du sable. Ma fille la fabrication du charbon détruit plus le bois parce qu'ils utilisent même le bois qui n'a pas encore sèche. L'endroit où ils fabriquent ce charbon, est dévasté, le sol détruit et en plus ils le font à l'intérieur de la forêt classée. Sans oublier ceux qui fendent le bois, les scieurs qui non seulement ne paient pas les taxes, mais en plus ils coupent les arbres en désordre. Tout ce monde est en train de nous tuer car la forêt est pour nous une cachette, un hôpital et une mère qui nourrit ses enfants.

    Le récit précédent que nous a rapporté Mitamkou Salomé montre combien la forêt est très importante dans la survie de l'homme. Car celui-ci peux se passer de tout sauf de la forêt qui lui procure la majorité de bien pour sa survie (nourriture, médicaments, vêtements, logement) aussi nous voyons que ce bien naturelle est en train de disparaitre avec la mauvaise utilisation de l'homme. Finalement l'homme est la cause principale de sa mort.

    Pour avoir une terre au Cap-Estérias, il fallait demander au chef des lignages Benga. Certains ont commencé à vendre des terrains et donné aussi un espace pour cultiver, pour ceux là ils sont obligés de faire de la pluriculture. Dans les pratiques médicinale, les détenteurs de savoir ne prélèvent que ce qui leurs étaient nécessaires pour constituer leur breuvages: une écorce pouvait suffire comme ingrédient. Toutes les précautions étaient prises pour que l'arbre ne subisse aucun dommage; on prenait soins par exemple de mètre un peu de terre pour aider l'écorce à se régénérée. Mais cette sur population apporte avec elle des vrais et faux tradipraticiens, certains connaisseurs et d'autres non connaisseurs qui font du suivisme et une mauvaise imitation

    1.1.3. Population Urbaine

    Cette population est essentiellement constituée par des personnes qui vivent â Libreville. Il ressort de notre enquête qu'il y a deux sortes de citadin: le « citadin autochtone» et le « citadin migrant ». Nous appelons citadin autochtone, le citadin originaire de la ville de Libreville, alors que le citadin migrant est celui qui habite la ville de Libreville par fait de migration ou de sa situation professionnelle, ses origines lointaines ou récente sont paysannes, origine qu'il entretient périodiquement par des visites fréquentes ou espacé dans son village d'origine et surtout dans les forêts environnantes de Libreville. Ainsi près de 80% de la population gabonaise de Libreville a des origines paysannes (Document Argument de base Séminaire du LUTO 1989). Au Gabon, particulièrement à Libreville, le citadin d'aujourd'hui est le paysan d'hier.

    Pour leur survie personnelle et familiale, certains agents de l'état et d'autres citadins doivent s'adapter, trouver les moyens nécessaires à la satisfaction de leurs besoins, mais aussi préserver la dignité de leur statut de fonctionnaire. Ainsi plus de la moitié des ménages à Libreville possèdent au moins une plantation même quand ils sont salariés, certains habitants préfèrent un ou deux champs, faire la chasse, la pêche dans les forêts environnantes afin d'améliorer leur condition de vie. C'est ainsi qu'ont peut voir chaque week-end (samedi et dimanche) une intense circulation routière sur l'axe Libreville/Cap Estérias/Cap Santa-Clara, et aussi sur la nationale. Ces hommes et femmes abord des véhicules divers pour ces localités reviendrons sur Libreville avec des produits diverses en provenances de la forêt.

    Ici, l'étiquette de fonctionnaire n'affecte en rien la nature propre (la culture) du citadin Gabonais. Né et grandit à proximité de la forêt, celui-ci entretient des rapports affectifs avec elle. Certains se souviennent des pièges à oiseaux qu'ils tendaient, des moment de pêches, de chasses et de promenades qu'il passaient soit avec leurs parents, soit avec leurs frères, soeurs et amies, des séances de ramassage de noisette de cueillette des fruits sauvages et surtout des contes, légendes, mythes et épopée sur la forêt, faisant ressortir que la littérature orale a contribué de manière solide à l'acquisition d'une culture traditionnelle et à l'éducation en générale du respect de la nature. Aussi, des lieux thérapeutiques tels que la rivière ou certains notamment ont reçus des soins thérapeutiques. Toutes ces personnes gardent de très bon souvenir de cette époque. Cette culture fait qu'il y a toujours un retour aux sources, peu importe le milieu dans lequel on se trouve, ou le poste qu'on occupe. La forêt est, et restera le moyen de survie pour « arrondir» les fins de mois.

    Aussi, un grand nombre de personnes auront un champ à proximité immédiat de la capital ou le coup de transport n'est pas très élevé, notamment dans la forêt de la Mondah et sur la nationale (un peu plus loin s'il dispose d'un véhicule). Les vivriers, manioc, bananes, ignames, ananas, maïs, patates. ", Assurent une partie au moins de la nourriture en légume. Certaines quantités peuvent également être vendues. La plus grande partie du travaille agricole est accomplit par les femmes. Pour les ménages qui ne possèdent pas encore les champs, il aimerait en avoir et ce, le plus rapidement possible.

    Tableau n°2. Les ethnies rencontrées dans la Mondah

    Lieu

    Population en présences

     

    benga, fang, punu, nzebi, pove, masango, mitsogho, kota, sekyani, akele, etc.

    La Mondah

    Nationalités étrangères: malienne, sénégalaise, mauritanienne, nigérienne, nigériane, camerounaise, équato-guinéenne, congolaise, burkinabé, etc.

    Source: Mintsa Manuéla, 2007

    Tableau n°3. Quelques villages environnants de la Mondah

    Lieux

    Villages

    Sur l'axe de Libreville

    Avorebam, Marseille 1, Marseille 2, 1 er campement, Malibé 1, Malibé 2, etc.

    Cap-Estérias

    Miondi (le village du Cap-Estérias et du 1er chef Ibado du clan

    Bobudja), Obania (2e village), Madjengui (3e village), Boka

    village), BoIIokoboué (campement devenu village) etc.

    Cap-Santa-Clara

    Mboma mabandja, Doumia, Makwangué ou Bagdad (où se trouve la ferme), la Colline, Okoya, Akwengo etc.

    Source : Mintsa Manuéla, 2007.

    1.2. Rapports socio-économiques

    La végétation de la forêt de la Mondah n'est pas homogène, c'est une forêt ombrophile Guinéo-Congolaise (GTZ, ENEF, 1997) qui couvrait jadis la quasi-totalité de la presqu'Île de la Mondah. Les conditions édaphiques sont propices à l'agriculture, qui est l'une des activités plus prisées dans la contrée. A cela s'ajoute également la vente du bois et l'extraction du vin de palme. Elle est aussi le siège et le théâtre d'une exploitation des carrières de sable, dont l'extension des superficies est enregistrée ces derniers temps.

    Dans son évolution, la forêt de la Mondah a été et demeure l'objet d'une exploitation intense, due aux nombreuses activités qui s'y déroulent et la forte demande en ressources naturelles de Libreville.

    1.2.1. L'agriculture

    L'homme se charge du repérage de l'endroit à ériger en champ. C'est un travail fort important en ce sens que la productivité en dépend. Toutes les opérations qui précédent la mise en terre des plantes sont l'oeuvre de l'homme. Le nettoyage de l'espace pour ce qui est du champ d'arachide (obo ya) est la tâche qui lui revient, la mise en terre des plantes et le désherbage et la récolte. L'homme pendant ce temps s'occupe des travaux domestiques, tel que la réfection de la toiture de la maison, du nettoyage de la concession et le corps de garde devient en permanence son lieu de repos. Il s'adonne aux autres activités telles que la pêche, la chasse, le piégeage visant à protéger les plantes contre les animaux dévastateurs.

    En effet la forêt de la Mondah en générale et la partie classée (FCM) en particulier, constitue une réserve naturelle propice aux activités agricoles. Localisée à moins d'une demi-heure de l'aéroport Internationale Léon Mba, elle est l'une des zones les plus fréquentées par les populations rurales. De nombreux villages et campements s'y localisent.

    Parmi les produits agricoles recensés sur le marché du premier campement, nous notons la vente de fruits sauvages (mangues, noisettes, ananas, avocats, ...). Et de vivre frais (bananes, feuilles et tubercules de manioc, aubergines, piment, tarot, etc.). La totalité de la production est destinée à alimenter les populations urbaines de Libreville. Une autre particularité liée à cette production est le cout relativement bas de produits, comparativement à ceux importés des pays voisins, tel la Guinée-Équatoriale, le Cameroun, le Sao- Tomé et Principe.

    Les populations qui pratiquent l'agriculture au niveau de cette forêt, ne sont pas uniquement résidantes du Cap. Une bonne partie proviendrait de Libreville, c'est la raison pour laquelle nous pouvons observer une très forte migration des populations urbaines vers la forêt de la Mondah, durant le week-end et les jours fériés.

    Récit16(*) n°5 - Mboumba Koula Perrine17(*) sur La pauvreté du sol dans la forêt de Mondah.

    1. Je suis eschira de Fougamou du village Kessi. J'avais appris à faire les plantions depuis petite avec ma mère. Étant femme de maître, je faisais toujours mes plantations. Pour faire une plantation, on ne débrousse pas n' importe où. On choisit les places bien mure, là où la forêt est bien fermée. Je faisais d'abord les plantations à Marseille 2 vers le premier campement, mais je suis maintenant après Kango à Woubele, là-bas on trouve encore une bonne forêt, la terre est encore très fertile et la nourriture pousse bien. Ce qui m'a fait partir si loin, c'est parce qu'a Marseille là-bas les cultures ne donnaient plus bien, la banane, le manioc, le piment, l'oseille, le gombo etc. il y a l'érosion, les cultures ne tiennent plus et puis la terre devient jaune et dure.

    2. Je n'avais plus une bonne récolte, les gens que tu vois avec les aubergines ou le piment ce sont ceux qui utilisent les engrains mais nous autres, nous n'avons rien. Tu peux respecter la jachère (neyi), il n y aura pas de changement. Quand j'ai vu ça, j'ai vu ma soeur qui habite a Woubele et lui a demande si je pouvais aller faire des champs là-bas, elle ma présente aux gens du village qui m'ont demande si je voulais m'installer comme ça il me donne une place et la forêt. Depuis deux ans que je suis là-bas, ma première plantation donne déjà de bon régime de banane et les gros tubercules de manioc. Cette année j'ai fais une grande plantation pour produire plus, parce que je ne vais plus me limiter à ravitailler la maison, mais je veux vendre la banane, le manioc, les ananas, les patates, en faite une partie de ce que je produis.

    3. Il Y a deux manières de planter. Tu débrousses, tu abats, tu brules et enfin tu plante pour les plantations de manioc et de banane, pour l'arachide après bruler tu nettoies et ensuite tu plante. Mais tu peux aussi planter après avoir débrousse, ceci pour la banane et bruler après. Même si les bananerais se brulent avec l'action du feu, ce n'est pas grave, tu verras comment ça va bien pousser avec les feuilles toutes verte et tu peux me croire ça va donner des gros régimes de bananes. Là où je suis là-bas, il ya le Nkumu (Gnetum africanum) en abondance, les femmes viennent même cueillir pour venir vendre a Libreville et d'autre viennent d'ici pour venir prendre les écorces des bois et les feuilles. J'apporte même souvent à maman Germaine certaines écorces qu'elle me demande. Il y a encore la viande de brousse beaucoup mais seulement, les écureuils (sepe) nous mangent la banane et ils peuvent finir un régime de banane.

    Le récit que nous présente Mme Mboumba Koula Perrine montre la pauvreté du sol dans la forêt de la Mondah. Elle commence par montrer comment faire une plantation et quel site choisir. Et donnera les raisons pour lesquelles elle est partie de la forêt de la Mondah, pour aller planter aujourd'hui à Woubélé.

    Elle terminera par nous donner les différentes manières de planter qui existent en agriculture, et le rendement que cela produit. A travers ce récit, il ressort que la forêt de la Mondah est devenue très pauvre au niveau du sol. Ce qui pousse certaines personnes aujourd'hui à se diriger vers la route nationale à la recherche d'autres endroits pour planter et avoir de bonne récolte, pour nourrir la famille et quelque fois vendre.

    En effet, les sols fertiles du Cap, aux superficies autrefois réduites dans la forêt classée de la Mondah, connaissent aujourd'hui une extension remarquable, liée à la pratique de l'agriculture.

    Tableau n°6 : Les produits agricoles de la Mondah

    Nom usuel

    Nom scientifique

    Oseille

    Hibiscus gabdai

    Chou pomme

    Brassca olelacea

    salade

    Lacatus sativa

    Aubergine

    Solanum spp

    Tomate

    Salamum lylopersium

    Piment

    Capsicum sp

    Amarante

    amaranthus

    Gombo

    Lubiscus esculentus

    Oignon

    Allium cepa

    Tarot

    Colocasia esculenta

    Tubercule de manioc

    Afanhiot esculenta

    Igname

    Discorea sp

    Courge

    Sicana odoriftra

    Banane Plantin

    Alusea balbisiana

    MaÏs

    Zea mays

    Concombre

    lpomea batatas

    Canne à sucre

    Saccharum officinanum

    Ananas

    Annanas comosus

    Arachide

    Arachis hypogea

    Source : Mintsa Manuéla, 10 Mars 2010

    Photo : Les tubercules de manioc

    Mintsa Manuéla, 10 Mars 2010

    Cette image nous présente, un produit de l'agriculture. Les tubercules de manioc après leur maturité et après les avoir déterré. Ici, la grosseur de chaque tubercule varie selon la fertilité du sol dans lequel a été évolué. Lors de la récolte, les tubercules déterrés sont rassemblés si l'objectif est de les vendre. Mais par contre, si le produit agricole sert d'alimentation, la récolte des tubercules se fait au fur et à mesure pour les besoins alimentaires de la famille, ou de la communauté

    Ce produit agricole ne cause aucun problème conflictuel entre l'administration des Eaux et Forêts et les populations locales. Les problèmes se situent en amont lorsqu'il faut occuper un terrain pour faire une plantation.

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    Enfin, à l'arrière plan, nous avons une forêt claire ou il y a la présence de grands arbres desséchés. Plus bas, nous avons la présence de palétuviers et d'autres espèces arborescentes très jeunes, âgés au moins de deux ans. Cette image présente une forêt secondaire dont la jachère n'est pas respectée (5 à 10 ans). Aussi, dans une telle forêt serait-il possible de trouver des animaux tels que: les éléphants; le gorille etc., si ce n'est plus souvent les rat palmistes, les reptiles et d'autres petits animaux.

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    Cette image nous présente une jeune plantation de manioc de 3 mois au plus. Ici, nous remarquons la présence des grands arbres coupés et brûlés, ce qui témoigne qu'il s'agit d'une agriculture sur brulis. Le manioc tient une place importante dans cette plantation, bien qu'il ait la présence des bananiers.

    En effet, l'image est divisée en trois, plus la présence de la cabane plus au fond. Nous avons d'abord la plantation à l'extrême droite, que nous avons décrite plus haut. Ensuite, à l'extrême gauche, du même côté que la plantation, la limite avec elle étant le tronc d'arbre couché au sol derrière celui qui est brûlé mais debout. De ce côté, nous avons la présence des petits arbres et herbes, sans oublier le palmier à huile. Un peu plus devant nous avons une cabane qui sert de coin de repos pour le propriétaire de la plantation et un campement pour les autres activités. La troisième partie est l'autre côté de la plantation, différencié par la hauteur des arbres, nous avons une forêt en plein essor, très jeune apparemment touffu, ayant des caractéristiques d'une forêt déjà exploitée et mise en repos (jachère).

    Enfin, dans cette image, nous n'avons pas la présence de grand arbres, mais d'une espèce médicinale très important (miane en fang), cette plante qui se trouve près du bananier. Nous remarquons que la culture du manioc va de paire avec celle de la banane, nous sommes en présence d'une plantation pluriculturale.

    La présente image est une ancienne plantation pluriculturale. Nous pouvons diviser cette image en trois niveaux. Le premier niveau est avant les bananiers, il y a la présence d'herbes, ce qui signifie que cette partie de terre avait déjà été exploitée il n'y a pas longtemps. Ensuite nous avons la plantation actuelle qui sert à prendre les tubercules de manioc, mais les bananiers sont encore sans régimes. Les feuilles de manioc sont jaunes et ils ont atteint une bonne hauteur pour son exploitation. Aussi il y a une différence entre le manioc de l'extrême droite et celui de l'extrême gauche. Pour les bananiers, ce sol est trop pauvre pour leur évolution, on croirait qu'il y en a qu'on a planté trois mois avant les autres.

    Nous avons une trouée entre le manioc à droite, ce sont quelques tubercules de manioc qui ont été fouillés à cet endroit. Derrière le manioc, toujours dans la plantation, nous avons le palmier à huile, avec des branches de couleurs verte. Nous avons aussi la présence de troncs d'arbres séchés qui ont été victimes du feu lors du brulis.

    Enfin, le dernier niveau est celui de la forêt qui est visible derrière la plantation. Cette forêt n'est toujours pas touffue, mais il y a la présence des arbres. Enfin, dans cette image, nous n'avons pas la présence de grand arbres, mais d'une espèce médicinale très important (miane en fang).

    Une plantation de manioc au Cap-Esterias.

    Cliché de Mintsa Manuéla, le 10 mars 2010.

    L'image que nous apercevons a été prise dans une plantation de manioc au Cap Esterias. On peut remarquer que l'image présente une jeune plantation de manioc qui a à peine 7 à 9 mois d'existence mais à cet âge de la plantation les feuilles de la plante sont déjà comestibles, contrairement aux tubercules qui ne sont pas assez mur pour être consommé. Le manioc étant l'aliment de base de la plus part des personnes vivant aux caps, ils mettent tout leur sérieux dans la production de celui-ci, puis que sa vente est un moyen sur de se faire de l'argent. Pour cela, les agriculteurs mettent la rigueur pour que leurs jeunes feuilles comestibles et les tubercules attendent l'âge qu'il faut pour être exploité.

    Contrairement à la logique des Benga et tous les habitants du Cap, l'administration des Eaux et Forêts gèrent la forêt du Cap sans tenir compte de la vie des communautés qui y vivent. Ainsi, elle (administration) interdit même les usages coutumiers dans les entours de la forêt classée. Les villageois qui s'obstinent à faire leurs plantations dans les environs de cette forêt se créent des problèmes avec ces agents. Le plus souvent, ce genre de situation génère des conflits entre les villageois et les administrateurs des Eaux et Forêts.

    1.2.2. La chasse

    Les peuples de forêt ont fait preuve d'une grande ingéniosité dans l'art de la chasse. Connaissance des animaux, habileté à les pister et à poser des pièges font partie de ce stock de savoir indispensable à l'appropriation du milieu. En parlant économiquement, la chasse est une des activités conscientes de l'homme par laquelle celui-ci tend à accroître les biens destinés à satisfaire ses besoins en affinant les modes et les méthodes de travail.

    Pour ce qui concerne la chasse coutumière utilitaire, elle ne vise pas l'extermination du gibier mais, assure un apport soutenu de la viande destinée à la consommation familiale. La chasse professionnelle quant à elle permet au chasseur de soutenir sa trésorerie par la vente des produits issus des animaux tués. Outre, ces fonctions alimentaires et économiques, la chasse a occupé une place centrale dans la socialisation: elle est un des fondements de l'initiation des jeunes garçons qui apprennent la forêt aux côtés de leurs aînés, en même temps qu'ils s'ouvrent à la connaissance de leur rôle en s'éloignant des fillettes cantonnées dans les girons maternels.

    Au cours de nos enquêtes qui se sont déroulées dans les villages (Marseille 1 et 2, Malibé 1 et 2, le Cap Santa-Clara et les villages environnants de même que le Cap-Estérias) et les campements (Le premier campement, Bollokoboué), nous avons pu distinguer deux types de chasseurs dans la zone de la Mondah : les chasseurs allogènes et les chasseurs autochtones. Un chasseur allogène est une personne qui vient de l'extérieur qui n'est pas originaire du village où est basé pour sa chasse. La chasse effectuée par ces chasseurs constitue une menace pour la faune sauvage. La majeure partie des chasseurs est composée des populations forestières provenant de l'intérieur du pays et des ressortissants Equato-guinéen, Camerounais, etc. et, par les citadins parfois nantis. Plusieurs d'entre eux sont dans les campements de chasse et village, ils sont tous impliqués dans la chasse à but commercial.

    La viande de brousse est une nourriture très appréciée de nos populations surtout dans les régions forestières. Elle constitue l'aliment de base des populations. Autrefois, cette chasse était destinée essentiellement à nourrir la famille, les individus parcouraient rarement dix ou quinze kilomètres pour avoir le gibier. Aujourd'hui dans la Mondah, avec l'ouverture des pistes, des campements, les activités agricoles, l'exploitation du sable et du charbon, cette chasse devient très difficile. Car, la fréquentation régulière des hommes dans cette forêt détruit l'habitat naturel des animaux qui prennent la fuite vers d'autres horizons.

    Les moyens par lesquels le gibier est abattu diffèrent selon les localités et l'espèce d'animal chassé. Au sein de la forêt de la Mondah nous avons identifié deux types de chasse, les plus pratiqués par les chasseurs: le piégeage au moyen des câbles métalliques et les armes à feux. Le piège est un dispositif destiné à prendre vivant ou mort les animaux terrestres. C'est une méthode très utilisée par les autochtones et les populations flottantes. D'après les informateurs eux-mêmes, le piégeage est une méthode économique, un seul piège peut-être utilisé plusieurs fois. D'après Owono Phulbert (1999, p 45) : « Cette méthode menace toutes les espèces de gibier sans distinction, elle est construite à partir du câble, composée de sept (7) brins que le chasseur sépare pour fabriquer son colt et composé de un (1) à quatre (4) brins selon la force et la taille de l'espèce à capturer et les pièges sont tendus sur les pistes d'animaux convoites».

    En outre, plusieurs armes peuvent être utilisées pour la chasse au gibier. Le fusil (Calibre 12, Carabine 375 et 458), est l'arme la plus utilisée par les chasseurs au sein de la forêt de la Mondah, les boîtes des cartouches vides en témoignent par leur présence. La chasse au fusil est très avantageuse, à cause du rendement maximum recherché; elle peut se pratiquer à tout moment, le jour comme la nuit et en toutes saisons (pluie ou sèche). Elle donne la possibilité de tuer les petits et les gros gibiers.

    Récit18(*) n°6 - Massala Claude Alain19(*) , sur La chasse de nuit et la commercialisation du gibier

    1. Je suis de Tchibanga au quartier commercial, je travaillais à Magamode à l'époque, vers les années 1979. Des qu'on a fermé le magasin je suis allé SODUCO. Vers les années (1985-1986), le blanc m'a enlevé du travail et je suis chasseur depuis la. J'ai une femme et huit enfants, je devais trouver quelque chose pour les nourrir. Je ne pouvais pas repartir au village je partais de temps en temps trouver mon frère qui a épouser une fille benga d'ici jusqu'à ce que je me suis installe avec ma petite famille, ils m'ont donne cette parcelle et librement je pouvais chasser et ma femme faire des plantations ou la pèche comme chez nous. Je pratique deux sortes de chasses, je fais les pièges et je chasse aussi au fusil. Je fais souvent la chasse de nuit parce qu'elle est bénéfique que celle du jour. La nuit, on tue beaucoup plus de gibiers par rapport au jour.

    2. Les animaux se baladent plus la nuit. La nuit l'animal est maboule, et on le voit de loin, ces yeux brille, il y en a qui dorme, et le plus souvent, j'attrapais les bébés singes, quand tu déranges un groupe de singes la nuit, en prenant la fuite il y en a qui oubli les enfants, et tu profite à les attraper. Mais le jour est consacre aux pièges. Je regarde mes pièges la journée et je ne pouvais pas revenir sans rien, parce que les pièges attrapent toujours quelque chose. Oui les eaux et forêt défendent la chasse, mais on a notre partie et puis les pièges je les fais dans notre partie, mais il arrivait que la nuit je dépasse les limites sans le savoir, c'est peut être au retour que je m'en rends compte. Mais quand tu as la malchance de te croiser avec eux en brousse, ils te prennent ton fusil et le gibier. Pour reprendre ce fusil tu vas payer les centaines de mille et parfois quand tu trouves un méchant, il ne te le rend plus. Ils m'ont déjà pris un fusil comme ça. Et parfois vous pouvez vous arranger, tu lui donnes de temps en temps du gibier.

    3- C'est vrai qu'on ne gagne plus beaucoup de gibier et aussi facilement qu'avant, mais je ne peux pas laisser la chasse. C'est tout ce que je sais faire, je ne sais pas pécher comme les autres ici. C'est grâce à la chasse que je paye les enfants les écoles à Libreville et je leur nourris. Mon premier fils a eu le Bac l'année dernière, les trois autres sont au Lycée et les plus petits sont avec moi ici. C'est grâce a la vente du gibier et aux produits des plantations de leur mère qu'on arrive à les nourrir. Maintenant il arrive que je reviens de la brousse je ne tue rien. Il y a déjà trop de gens qui rentrent en forêt. Et puis la forêt n'est plus comme avant quand je venais d'arriver ici. Les gens ont construit partout, il y a des champs un peu partout, hors les animaux fuient la ou l'homme est en permanence, ils se sentent en danger et vont plus loin, c'est le cas de cette forêt. C'est l'antilope cheval qu'on trouve encore en abondance ici, dans bientôt plus rien, les autres animaux sont la mais c'est difficile. Je fais aussi d'autres activités, ce qui me permet de vivre.

    Le récit de Monsieur Massala Claude Alain montre la pratique de la chasse de nuit et la commercialisation du gibier. Malgré la présence des agents du ministère des eaux et forêts, la chasse se pratique toujours dans la forêt de la Mondah. Car pour les populations riveraines, le gibier ne connaît pas la limite de la forêt, en le chassant, il peut arriver que vous rentrer dans la partie classée sans le faire exprès. Aussi la chasse de nuit est plus fructueuse que celle du jour, même si ce n'est plus du tout comme avant. Cette activité est rentable et il est rare de voir le gibier faire plusieurs jours sans être acheter, certaines personnes font même des commandes. Mais l'utilisation du fusil est pour beaucoup dans la disparition des animaux, il y a aussi des gens qui reviennent de Libreville juste pour chasser.

    Recit20(*) n°7 - Ondo Nzoghe Joseph21(*) Sur la chasse du jour dans la forêt de la Mondah

    1. Je suis fils de chasseur, je suis née, j'ai grandi et vie de la chasse. Je n'ai jamais cessé de faire la chasse les week-ends et les jours fériés, avec les amis ou les frères. Au paravent quand nous allions chasser dans la forêt du Cap, la chasse était bonne. C'était souvent le jour, parce qu'on disait que cette forêt était dangereuse la nuit. Nous rentrons toujours avec du gibier, d'ailleurs il arrivait même qu'on vende deux ou trois en chemin (au premier campement). Le reste était pour la consommation à la maison. Je n'avais pas de problèmes avec les agents des eaux et forêts, peut être parce que j'étais moi-même policier et que les rares fois que j'en ai rencontré quelques agents on s'est toujours entendu, je ne faisais pas la chasse commerciale ou que je vivais uniquement d'elle.

    2. La chasse pour moi n `était là que pour me remémorer les souvenirs et étancher la soif qui était en moi. Parce qu'il arrive que je mange tout, mais l'envie de manger la viande de brousse est unique et rien d'autre ne peut l'arrêter. Il est vrai qu'on en vend au marche, mais cette viande est formolisées, elle n'a plus de véritable goût, peut importe la manière dont on peut la préparer. Et puis pourquoi dépenser pour ce que moi-même je sais faire. Je sais que cette forêt est classée, mais je ne pratique pas la chasse d'une manière régulière, je peux le faire deux fois en six mois voir même trois fois par an. Les grandes chasses on allait les faire vers Ndjole ou a Medouneu, la on a pour trois a cinq jours, et comme ça on met du temps puis qu'on garde le gibier dans le congélateur et parfois on boucane. D'ailleurs c'est cette chasse que je pratique maintenant en dehors du temps des vacances quand je suis au village ou je peux chasser presque tous les jours. Parce que la forêt du Cap n'a plus grand chose, vous pouvez partir le matin et revenir le soir avec les écureuils, les iguanes, les hérissons.

    3. Avoir une gazelle, un porc-épic ou un pangolin devient difficile ce n'est pas qu'il n y a plus, mais il y a trop de gens qui partent dans cette forêt aujourd'hui qu'au paravent pour le commerce après la chasse. I1 serait difficile à l'État de conserver cette forêt. L'idée n'est pas mal mais vu le développement de la ville et l'emplacement de cette forêt, elle est dan une zone littorale et le plus souvent elle attire les gens, et même le gouvernement le projet sur le nouvel aéroport c'est l'abas, pourquoi pas il Ntoum pourtant il y a de l'espace. Tu comprends que la faute n'est pas à nous seul, il faut aussi voir que ce n'est pas n'importe qui, qui peut avoir un terrain vers Agondjé par exemple, jusqu'au premier campement les terrains sont réserves. Toute cette zone, juste après l'aéroport ce qui a fait disparaître cette partie de forêt, le fera pour l'autre. S'il faut conserver les forêts, ce ne sont pas les forêts qui nous manquent au Gabon, c'est juste la politique qu'il faut changer.

    Le récit de Monsieur Ondo Nzoghe Joseph, parle de la chasse du jour. Il ressort que dans les années passées, la chasse était fluctueuse. Cette activité est l'une de celle qui font parties des meurs du Gabonais.-Habitué depuis son jeune âge, celui-ci ne peut s'en passer peu importe le milieu. Cette culture lui pousse à avoir des comportements de prédateur et avoir toujours un attachement à la chasse pour ceux qui savent la pratiquer. Mais aujourd'hui la chasse dans la Mondah n'est plus ce qu'elle était avant et ne fourni plus aux populations cette variété en produit animalier qu'elle leur offrait.

    1.2.3. La pèche

    La pèche était en grande partie une activité féminine. Mais, les hommes étaient parfois associés. Dans la Mondah, la pèche est pratiquée par les deux sexes. La pèche des femmes dans sa manifestation sociale la plus riche, se déroule dans le cadre collectif. Parentes et amies se réunissent pour organiser les parties de pèche où la dimension ludique s'ajoute à la quête de la nourriture. La technique la plus courante consiste il barrer un fond des animaux à l'aide des terres ou des claies végétales, puis à vider l'eau avec des paniers jusqu'à ce que les Poissons puissent être capturés à la main. A côté de cette technique profondément conviviale mais, qui se décline sous les effets d'un exode rural des populations différentes. La pèche devient individuelle, celle-là à laquelle s'adonnent hommes et femmes est plus pratiquée dans les cours d'eaux de la Mondah.

    Elle fait appel à un arsenal technique à la fois simple et divers, différents types de nasses et pièges en vannerie, filets, barrages, empoisonnement des cours d'eaux à l'aide de nombreuses plantes ichtyotoxiques. L'outillage est confectionné avec le matériel végétal que fournit l'environnement, rotin, liane, fronde de fougère; il est à la portée de tous. Cette pèche pratiquée dans les rivières n'est pas une spécialité de tel ou tel groupe ethnique. Elle diffère de celle pratiquée en mer, c'est une activité tout à fait irrégulière qui dépend de l'humeur des gens, du temps dont ils disposent, du temps qu'il fait, des variations hydrauliques.

    Enfin, une autre technique pratiquée mais, le plus souvent, à la recherche d'un genre de poisson ou un petit repas. Cette technique nous ait rapporté par: Biloghe Blanche.

    Récit22(*) n°8 - BilIoghé Blanche23(*) Sur la technique à la traîne

    1- « J'avais l'enfant malade et le nganga demandait deux crevettes enceintes et un crabe d'eau douce pour lui faire les médicaments. Je suis allé à la pèche avec ma belle soeur, nous avons avec nous deux nasses pour faire la technique a la traîne qui est la plus rapide dans ce cas. Mais, on ne peut pas avoir beaucoup de poisson jusqu'à vendre. Une fois tu as ce que tu cherches, tu retournes à la maison. Le point de départ c'est l'aval du cours d'eau, puis, vous vous appliquez au fur et à mesure que vous vous déplacez de l'aval vers l'amont, à débusquer les poissons en fouillant tous les recoins du lit de la rivière. Surtout la où les branchages ou les feuilles se sont accumulées.

    2- Tout le lit de la rivière ne cache pas forcement du poisson, il faut savoir reconnaitre les cachettes. Pour une personne inexpérimentée cela peut paraître difficile, difficulté amplifiée par le fait qu'il faille attraper le poisson avec la nasse. Car, ce procédé demande beaucoup d'habileté. Si tu remarques un coin où peut se cacher le poisson, tu dispose ta nasse juste en dessous de l'endroit, le coté ouvert tourne vers l'amont du cours d'eau. Apres avoir débusqué tout ce qui s y trouve, en prenant soin de n y laisser échapper aucune proie, tu soulèves ta nasse et procèdes a la fouille. Cette technique s'appelle ontsiana en obamba et messama chez nous les fang ».

    Toutes ces trois techniques de pèche sont pratiquées dans la Mondah. En ce qui concerne la pèche à la traîne, c'est une technique qui n'est pas dévastatrice et concoure à la bonne gestion des cours d'eaux. Par rapport à l'empoisonnement ou au séchage des rivières qui n'épargne pas souvent les jeunes poissons. Ce poisson issu de la pèche est souvent installé le long de la route du Premier campement en tas de 1500, 2000 et 2500 FCFA.

    1.2.4. L'exploitation du rotang

    Les cannes de rotin à diamètre réduit de l'espèce et Eremospatha macrocarta sont très utilisées pour la fabrication du panier. Dans l'industrie de meuble, on les utilise pour assembler des cannes plus grosses ou pour tresser des chaises. Les cannes de gros diamètre de l'espèce Laccosperma secundiflorum, après avoir été recourbé au moyen d'un chalumeau, sont utilisées comme structure dans la fabrication de meubles. Les réseaux d'approvisionnement du rotin sont bien organisé: des hommes le récolte de manière intensive dans les forêts autour de Libreville particulièrement celle de la Mondah pour le vendre ensuite dans les comptoirs de grossistes ou dans les ateliers des artisans du rotin.

    Des ressortissants Africains (généralement originaire du Niger, de Guinée Équatoriale ou du Cameroun) ont ouvert des ateliers dans lesquels ils ont engagés des jeunes Gabonais. Etant donné que les artisans travaillent exclusivement sur commission, il est difficile de quantifier la consommation mensuelle du rotin. Cependant, on peu dire que la transformation du rotin est très lucrative pour les artisans. Outre l'exploitation des tiges du rotin, le bourgeon terminal est aussi largement récolté et mangé.

    1.2.5. Exploitation du vin de palme

    Le palmier à huile est une espèce originaire de l'Afrique tropicale: Kenya, Tanzanie, Ouganda, République du Congo, Bénin, Nigeria, Sénégal, Sierra Léone, Togo. Son foyer d'origine semble se situer le long du golf de la guinée, ou subsistent des palmeraies naturelles.

    Il mesure 20 à 25m de haut, appelé élaeis guinéen sis, son tronc est le type caractéristique des palmiers, cylindrique, vertical, non ramifié et de diamètre constant. Les feuilles pennées mesures de 5 à 7 m de long, le pétiole très robuste et épineux. Elles forment une couronne symétrique en haut du stipe, en tournant et protégeant le bourgeon végétatif. Le fruit est une drupe charnue. La pulpe de couleur jaune orangé renferme près de 50 % de liquide qui constitue l'huile de palme. Les noix de palme sont groupées en régime. Un régime peut porter jusqu'à quinze cent drupes.

    Il contient un noyau très dur. Ce noyau est constitué de l'amande et de la coque. A l'intérieur du noyau, la graine ou l'amande, appelée palmiste, est également riche en liquide et fournit l'huile de palmiste.

    Enfin nous retiendrons que, le palmier à l'huile est largement cultivé dans toutes les zones tropicales du globe. Notamment en Asie, mais aussi au Gabon. Et on tire de cette espèce deux huiles et un vin à savoir: ce vin qui est le résultat de la fermentation de la sève de la plante.

    L'image présente un homme entrain de percer un palmier pour la fabrication du vin de palme. Le palmier au sol, a été dépouillé de toutes ces branches pour éviter que ceux-ci ne soient encombrants pour le producteur. Le deuxième homme débout se charge d'apporter les outils nécessaires pour le travail.

    Derrière les deux hommes, nous avons des branches de palmier qui ont déjà séché. Car, ce n'est pas le jour ou l'on coupe (abat) le palmier qu'on le perse, on peut le débarrasser de ses branches le même jour, mais attendre une semaine pour le percer et recueillir le jus quelques heures après. Se qui fait que les branches coupées sèchent, lorsqu'on revient pour percer le palmier.

    Il s'agit de l'activité qui s'exerce sur l'extraction du vin issu du palmier à huile présentée plus haut. Pour se faire, la destruction de ce dernier est la condition préalable. La forêt de la Mondah compte parmi les forêts de la zone de l'Estuaire où cette espèce est encore fortement représentée, car même au niveau de la zone urbaine, celles qui servent à décorer nos espaces verts sont parfois clandestinement exploités. C'est d'ailleurs le vin le plus apprécié par les populations aussi bien rurales qu'urbaines, à tel point qu'en dépit de la vente des produits énumérés précédemment, ce vin constitue une source de revenu majeure pour les populations de la forêt de la Mondah et de la ville de Libreville.

    Récit24(*) n°9 - Nzengué Evelin25(*) sur la fabrication, la production, la vente du vin de palme

    1. La fabrication du vin de palme c'est avec mon grand père et mes frères au village j'ai l'ai apprit. Cette activité rapporte de l'argent et me permet de satisfaire les besoins financiers. Ce n'est pas un travail facile comme on peut le croire mais il faut beaucoup de patience et de force. Ici ce n'est pas comme au village ou tu peux fabriquer ton vin de palme sans dépenser. Tout ici est payant, le palmier coûte cinq mille (5000), si tu as besoins de dix (10) palmiers pour commencer, tu prépare cinquante mille (50000), la tu es sûr d'avoir quinze litres (15) par jour sinon plus.

    2. Je fabrique le vin de palme à Malibé 1. Dans cette forêt il y a beaucoup de palmiers, comme je le disais, ils appartiennent aux gens il faut forcement payer pour fabriquer le vin. Pour ce travail il faut avoir les outils pour bien exercer cette activité (la pioche, la houe, la hache, la machette, etc.). Apres avoir payé le palmier, tu le fouilles avec la pioche, la houe, la machette. Tu peux aussi le couper, ça dépend du palmier, avec la hache, la machette. Ensuite, tu le perces après une semaine. Ce n'est pas tout de suite après avoir perce que le vin coule, il peut venir six (6) à sept (7) heures après. On perce en même temps tu place le tuyau dans lequel le liquide va couler et aller directement dans le récipient qui contient le bois amer.

    3. On paye le (bois amer)) au marché, le paquet à cinq cent francs (500f ), mais la contenance d'un palmier est un paquet et demi parfois deux. Pour que le vin soit bien fermenté, il faut attendre au moins une semaine. La production varie selon les palmiers, un palmier peut produire trois à dix litres cela dépend de la grosseur du palmier. Mais celui qui ne produit rien peu produire un à deux litres par jour. La production du palmier se fait à l'envers. Si le palmier a commence à donner quatre litres au départ, au fur et à mesure la production diminue. Il produira maintenant trois, deux, un litre vers la fin. La production d'un palmier peut durée un mois, on exploite le palmier au fur et il mesure on n'attend pas qu'il tarisse.

    4. La production en saison de pluie n'est pas la même qu'en saison sèche pour les palmiers. En saison de pluie les palmiers produisent beaucoup plus qu'en saison sèche, le bénéfice aussi est très élève. Le prix des litres varie, au dépôt le litre coute sept cent (700f), mais les gens qui livrent font le litre à cinq cent (500 f). Ce qui nous encourage dans cette activité, c'est que, si tu fais un bon vin tu auras des abonnes et ton vin ne pourra pas chômer, tu auras de l'argent en permanence. Le plus intéressant dans tout cela c'est qu'on ne paye pas les taxes et on ne nous contrôle pas. Le coût de transport n'est pas très élève, parce que la forêt n'est pas loin de la route je vends ici au clan do.

    Ce récit de Nzengué Evelin nous renseigne sur la production du vin de palme. Il commence par nous donner des informations sur ce travail, puis il va nous donner la différence entre la pratique de cette activité au village et à Libreville. La production du vin de palme ne demande pas grand-chose mais il faut être outillé. Aussi c'est un travail qui demande de la force, pour faire tomber le palmier et le percer, mais de la patience car, il faut de temps en temps passer pour récolter le peu de litres qui sont sortis, recouper le bout du palmier et attendre quelques heures encore pour revenir récolter le vin. Cela pendant toute la durée de production du palmier.

    Pour la fermentation, il faudra attendre une semaine au moins, ainsi la vente peut commencer. Il poursuit en donnant les prix du litre par le détaillant et le livreur. Il ressort que le détaillant à deux cent (200 francs) de plus que le livreur. Nzengué vend à sept cent francs (700 francs) au prix du détaillant bien qu'il soit producteur. Il termine en donnant les raisons pour lesquelles il préfère exercer cette activité.

    Dans ce récit, il ressort que l'on ne peut produire le vin de palme sans que l'on ne détruise totalement le palmier en mettant en péril tous les produits ressortissant du palmier à huile. Aussi, que cette activité connaît un succès grâce au non payement des taxes et de contrôles sur les producteurs, les vendeurs et les consommateurs, sans oublier le prix qui est à la portée de toutes les bourses. À cette allure, les palmiers qui sont dans la Mondah courent un danger et risque de disparaître à la longue.

    1.2.6. La récolte des essences

    Cette activité est liée aux essences floristiques. Les populations rurales ainsi qu'urbaines pratiquent cette activité pour arrondir leurs ressources financières et, elle est aussi exercée par les tradipraticiens et les pharmacologues pour la fabrication de leurs médicaments traditionnels. Il s'agit de prélever sur les arbres, les écorces ainsi que les feuilles et les racines en grande quantité afin de venir vendre au marché ou conserver pour les traitements futures. Des malades. Pour ce qui est de la vente, les produits sont exposés dans la plus part des marchés de la place, notamment la Peyrie, ou la majorité des produits proviennent de la forêt de la Mondah.

    Photo prise par Mintsa Manuéla dans le cadre de la constitution d'un corpus photographique pour notre enquête. L'image présente une table sur laquelle sont étalés les différents produits des plantes (écorces, racines, résine d'okoumé, etc.). Il Y a aussi les produits pharmacologiques (bouteilles conservant les écorces et feuilles mélangées avec de l'eau, pour restaurer la virilité des hommes, il y a aussi des flacons à l'extrême droits). On observe à l'arrière- plan, la barrière de la Peyrie, la chaise de la vendeuse, une liane composée de deux tiges qui s'enrobent l'une après l'autre, (cas de désenvoutement)

    L'analyse que nous pouvons faire de cette image est que les produits forestiers particulièrement ceux provenant de la flore sont de plus en plus sollicités par les populations locales pour les besoins médicinaux et les pratiques rituelles. Ce qui justifie la présence de la peau de bête plus haut sur l'image

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    1.3. Rapports culturels

    En marge de réserve nourricière, la forêt de la Mondah est également considérée comme étant un temple ou les aspects du sacré règnent en maître. Les tradi-praticiens connaissent les vertus de nombreuses écorces, feuilles et l'exode rural que connait les provinces avoisinantes vers la capitale Libreville, est à l'origine de la revalorisation de nos pratiques et cultures traditionnelles qui est essentiellement axée sur les ressources forestières.

    Dans le cas précis de Libreville et ses environs, il se trouve que la forêt n'est manifestement présentée qu'au niveau du Cap-Estérias. Ce qui justifie alors la forte attraction de la population de Libreville vers cette dernière.

    1.3.1. Les pratiques fétichistes

    Le "Fétichisme" que nous prenons pour équivalent du terme "maraboutage" utilisé en Afrique de l'ouest, ouvre aux guérisseurs un champ de travail de plus en plus large. Une distinction doit être posée entre ces pratiques, auxquelles on attribue une pathologie propre et la sorcellerie. Celle-ci est un processus explicatif du malheur. Elle implique des procédures de recherche de la cause que nous avons déjà mentionnées, tandis que le fétichisme semble impliquer des opérations réelles, la mise en oeuvre de moyens physiques, voire d'actes criminels, dont le but serait la valorisation purement individuelle. Ce sont des moyens utilisant les rituels magiques pour s'approprier la puissance en dehors de toute régulation sociale.

    En effet, la différence fondamentale avec la sorcellerie serait dont l'absence de dimension mystique. Les "charlatans" sont ceux qui usent de leur magie pour pouvoir leur consultant de forces dont, par eux-mêmes, ils ne sont pas capables.

    Dans la Mondah, les fétiches trouves font usage du sacrifice. Le sacrifice renvoie au sang et le sang c'est la vie. De notre vie, mais c'est de la vie d'autrui que coulera à volonté et pour le bénéfice de quelqu'un d'autre, le sang du sacrifice. Le sang du sacrifice, c'est le pouvoir, le pouvoir de gouverner, l'ardeur, la combativité, la violence.

    Pour le sacrifice, on utilise la volaille, les animaux domestiques. Mais il semblerait aujourd'hui que ces sacrifices ne soient plus efficaces, et surtout, ils sont désormais destinés à ce que l'on pourrait même qualifier de « broutilles ». Il apparaît en revanche que le sacrifice humain semble avoir pris une place particulièrement importante, ainsi que celui de l'argent. Dans cela, on peut utiliser les parties du corps telles que: les cheveux, les ongles, les yeux, etc. de même que les sommes importantes d'argent. La recherche à tout prix du pouvoir, des produits de luxe apparaît désormais guider les comportements de certains.

    Ainsi, la présence dans la forêt de la Mondah des poules vivantes, des poussins, des coqs vivants en toute liberté dans la forêt et n'appartenant à personne, n'est rien d'autre que les objets de sacrifice. De même les liasses d'argent attachées au pied d'un arbre et les pièces trouvées dans les rivières les morceaux de linge ou sous vêtements attachés ici et là aux arbres sont la manifestation du fétichisme sacrificiel. Ils sont pratiqués dans cette forêt non seulement par les particuliers mais surtout par certains tradi-praticiens appelés communément nganga et la plupart étant des charlatans, venus majoritairement de Libreville les week-ends et parfois les jours ordinaires.

    1.3.2. Les soins thérapeutiques

    Pour les tradi-praticiens, la forêt est un lieu sacré. Car la majorité des soins thérapeutiques se fait en forêt, particulièrement dans la rivière ou au bord de celle-ci. Nous avons le phénomène de malchance par exemple qui ne s'explique ou ne se soigne pas à l'hôpital. Pour cela, il va falloir recourir à la médecine traditionnelle pour qui «la malchance» désigne la part d'incompréhension qui se glisse dans l'esprit lorsque la conduite, l'attitude dans la vie quotidienne, entraîne des conséquences inattendues et néfastes. Dont la guérison nécessite les bains en forêt.

    Ainsi, chaque week-end, on pourra voir les groupes de personnes se diriger vers la route du cap. En effet, le guérisseur et ses patients, chacun d'entre eux aura préparé les ustensiles de la cure: un seau en plastique, quelques boissons, des pagnes... Ensuite, une fois arrivé, une marche d'approche permet d'atteindre l'emplacement des soins. C'est une donnée devenue fréquente que les tradipraticiens gabonais, les seuls à vraiment utiliser, parmi les autres qui les entourent, les ressources forestières, se voient contraints de devoir dénicher les lambeaux résiduels de leur grande brousse aux abords des agglomérations, tel est le cas de la forêt de la Mondah.

    Pour d'autres «les charlatans », venus de quelques autres régions de l'Afrique, ceux-là se font expédier des végétales desséchées dans le meilleur des cas. Sinon ils utilisent les vertus de quelques formules cabalistiques écrites sur un papier replié. Cette remarque souligne combien, pour le guérisseur gabonais, le pouvoir de soigner reste lié à l'appartenance à sa terre et aux forces de la nature, séjour mixte des esprits défunts et des descendants.

    Cette photo nous présente l'image d'un patient qui se fait traiter en forêt et dont les soins nécessitent un traitement à la rivière. Ici le tradipraticien est debout dans la rivière avec son assistant et le malade est assis sur le barrage vêtu d'un pagne blanc.

    Récit28(*) n°11 - Nkene Marie- Louise29(*) Sur le traitement des Malades dans la forêt de la Mondah

    1- Je m'appelle Nkene Marie-Louise, je suis d'Oyem du village Eba'a sur la route de Bissok. Je suis maitresse de formation et mon mari travaille dans une société privée de la place. Je suis guérisseuse et je garde parfois mes malades ici. Ce n'est pas tout d'un coup que je le suis devenue, c'est depuis mon jeune âge. ma grand-mère était une grande saignante de même que mon grand-père. Je ne le fais pas pour m'enrichir, je le fais pour ma sante et celle des autres.

    2- Je consulte ici à la maison, il y a aussi certains soins que je peux faire sur place. Mais la majeure partie je la fais en brousse cela dépend des cas je ne peux pas dire que je soigne toutes, les maladies, sinon, je connais beaucoup de plantes. Il Y a certaines personnes qui ont une dette spirituelle depuis leur jeune âge, et d'autres qui souffrent de la malchance. Oui la malchance est une maladie pire que certaines maladies éprouvantes tu ne souffres pas dans ta chaire. Par exemple ces deux cas, il faut aller nécessairement en forêt avec le patient.

    3- Le plus souvent je vais les week-ends. Je préfère les amener en équipe, surtout la ou je fais les soins là-bas dans la forêt du Cap. C'est vrai la forêt la n'est plus riche, puisque moi-même je quitte souvent ici avec certains écorces d'arbres qu'on ne trouve plus là-bas. Tel qu'Alebamane, Okora, esop. Ce que je suis c'est la forêt et les rivières, car pour enlever la malchance a quelqu'un, il faut l'amener a la rivière, tu lui fais asseoir sur le barrage que vous avez fais, en regardant en amont, tout en parlant et en lui frottant les médicaments sur le corps elle se lève, tu lui verses de l'eau au corps et tu casses le barrage toute la saleté qui était sur lui descend, tu lui déshabille, tout ce qu'elle avait sur elle est je te (le pagne noir), et tu lui met le pagne blanc, elle quitte la rivière sans se retourner.

    4- C'est aussi dans la forêt qu'on va faire des sacrifices, donner les offrandes aux morts. Vous amenez tous: boissons, nourriture, feu. Vous allez préparer sur place en forêt là-bas, les personnes concernées peuvent préparer ou non, si elles ne préparent pas, elles sont allongées dans l `Etoke au bord de la rivière et les gens qu'elles ont amènes préparent. C'est dans la forêt que je fais les protections et les cachettes du corps aux malades. Parce qu'il a certains endroits ou les arbres qui sont propices a ce genre de chose, en ville ici, ou tout est fouille, tu viens de voir la brousse quelque part, demain c'est une maison qui est déjà la, ce n'est pas sur.

    5- On les enlève de la avec le sacrifice que les esprits ont demande, ensuite, vous les amenez a l'arbre que je ne peux donner son nom ici pour la libération de leur esprit puis par la suite, on donne a manger aux esprits qui sont venus travailler. Pour les gens qui vont laver le corps, l'esprit peut leur demander de faire les pièces d'argent de 20.000 FCFA ou plus parfois moins que vous allez jeter dan la rivière. Les offrandes et les sacrifices dépendent de l'erat ou la maladie de la personne.

    Le récit de Madame Nkene Marie-Louise sur le traitement des malades en forêt, nous montre que la forêt est très utile dans la santé de l'homme.

    Cette maîtresse de formation ne peut se passer de son activité de tradi-praticienne, car cela dépend à la fois de sa santé et celle des autres. La forêt est un élément primordial dans le traitement et la guérison des malades. C'est dans celle-ci que se trouvent des rivières qui concourent au lavage du corps et à d'autres pratiques. Certains arbres de la forêt servent de protection et d'autre de médicament. Enfin c'est dans la forêt que se fait certain sacrifice et je rentre en contact avec des esprits. Il ressort que, autant l'homme a besoin de la forêt pour sa nourriture autant elle lui sert de pharmacie pour se soigner afin d'avoir une bonne santé développement étatique. Il poursuit en donnant les conséquences qui nous attendent si la forêt venait à disparaître, argumente en s'appuyant sur la différence climatique des années passées et celle d'aujourd'hui.

    Par la suite, il explique les causes de la surexploitation dans forêt de la Mondah et donne quelques raisons. Pour finir, il reconnaîtra leur impuissance face à l'exploitation qui est faite aujourd'hui dans la Mondah, mais tient à sauver malgré tout une partie entant que souvenir des vestiges du passé.

    Ce récit nous est important, dans la mesure où il nous sert de guide. Il retrace les conséquences et les inconvénients de la déforestation de la seule forêt de proximité que nous avons. Il ressort aussi la perte que le Gabon en général, mais que les gabonais en particulier auront en la détruisant. En gros, on peut dire que ce récit est une prise de conscience pour toute personne de bonne foi. Et aussi, montre combien de fois l'homme lui-même se met en danger en maltraitant la nature. Une fois de plus, cela démontre que l'homme dépend de la nature, la destruction de celle-ci entraîne la mort de l'homme.

    Section2 : Ressources de la forêt

    2.1. La végétation.

    Les hautes futaies tamisent la lumière du jour parmi les luxuriances des essences d'arbres où l'okoumé tient une place de choix. La flore qu'on y trouve est représentative d'une série d'espèce des régions méridionale et septentrional; de nombreuses espèces y poussent à l'état endémique, d'autre qu'on y trouve en abondances, et on une valeur économique certaine. A proximité de la capitale, ce " sanctuaire" permet d'appréhender la grande forêt dense et humide. Peuplée des essences caractéristiques de la forêt littorale (Okala, Evino, Ngom, Ngaba) ainsi que des hauts arbres de la forêt primitive (Ozouga, Ozobé andoug, Izop).

    De cette végétation, à l'étage supérieure, on observe les essences suivantes: okoumé (Aukoumea klaineana P.), ilomba (Pyenanthus Angolensis), Sorro (Scyphocephlum chocoa), clé (Canarium Schweinfurthii), etc. aussi, parmi les plantes du sous- étage non-arborescente, on remarque par sa fréquence le palmier à huile (Elaeis guineensis) qui est exploité surtout pour la production du vin de palme, l'alimentation et des cérémonies.

    2.2. La faune

    En dehors de la végétation, nous avons des espèces phoniques qui vivent aussi dans cette forêt. Il est actuellement difficile de rencontrer un animal, dans la forêt de la Mondah, qu'il soit protégé ou pas. On ne connaît la faune de ce site que par ce qu'en disent les populations.

    Potto de bosman

    Perodicticus

     

    Eléphant de forêt

    Loxodonta africana cyclitis

     

    Petit écureuil

    Acthoscirnus poensis subviridescens

     

    Olivâtre

    Heloiosciurus gambianus aubryi

     

    Lamantin

    Trichechus senegalensis

     

    Daman arboricole

    Dendrohyrax dorsales nigricans

     

    Funisciure rayé à dos brun roux

    Funiscius lemniscatus

     

    Source : Fond documentaire, E.N.E F 2000

    2.3. Rapports ville/ forêt

    Les forêts se changent en villes. Les villes sont humaines et les forêts sauvages. Pour Harrison (1992 p 22,), l'humanité dans son essence même est un phénomène historique, c'est-a-dire radicalement opposée aux forets. C'est un phénomène tourné vers l'avenir, alors que la forêt est tournée vers le passé. Une fois définitivement installées, les familles vont construire des villages qui progressivement deviennent des villes.

    Dans la forêt, on n'était personne. Le res nullius se dressait contre la res publica, de sorte que la bordure des bois délimitait les frontières naturelles de l'espace «civil ». La pierre remplaçait a jamais l'arbre. L'industrie, fille de la ville, se développe contre la forêt, la fonte du fer, de l'aluminium et des autres métaux nécessitait quantité de bois de chauffage de plus en plus importante causant des déboisements nécessaire a leur extraction.

    Dès l'aube de temps en Europe un besoin en bois apparut. Plus près historiquement, les Gaulois eurent besoin de bois pour faire face aux besoins de l'armement, de construction de navires, de l'érection des huttes, de l'édification des remparts, de la fabrication d'outils agricoles et d'autres objets. La technique étant fille de nécessité, durant des siècles, toute une civilisation s'est développée sur une économie du bois (Boullard 1992).

    Les villes, gourmandes en bois de construction, se sont jointes aux fours, forges et fourneaux dévoreurs de bois, ainsi qu'aux chantiers navals, avec leurs bois de marine, aux vignerons pour solliciter intensément le monde de la forêt. L'époque romaine ne fit que renforcer cette dépendance, car il s'y ajouta le besoin du bois de forge, et l'approvisionnement en bois pour les constructions de plus en plus important et diversifié (Boullard 1992, p 150).

    Ainsi, vers les années 1970, à la suite du boom économique consécutif à l'exploitation de son pétrole, le Gabon a connu un grand flux migratoire vers les grandes villes du pays qui représentent des lieux d'un développement socio-économiques. Cette situation, aggravée par l'absence des structures socio-économiques en zones rurales, a poussée les populations de ces zones à venir à Port-Gentil et à Libreville. Ce sont des milliers de personnes qui ont ainsi rejoint Libreville qui a vu sa population quadrupler dans la décennie 1970-1980, passant de moins 100.000 à plus de 400.000 habitants.

    Les forêts environnantes de Libreville telles que la forêt classée de la Mondah du Cap-Esterias, et de Santa-Clara, sont de plus en plus exploités par ces populations qui, paysans hier et citadins aujourd'hui ne peuvent ce passer de la forêt. Sans oublier qu'au fur et à mesure les forêts publiques sont aménagées, saccagées et investies. A la place on y a installé un parc des loisirs et de somptueuses villas. C'est parfois, l'administration elle-même qui commence à tout brader : c'est le cas de la forêt de la Peyrie, ou les agents des Eaux et Forêts ont été les premiers à tout détruire. Aujourd'hui c'est la forêt classée de la Mondah, de déclassement en déclassement, sa superficie diminue au profit des constructions des villas privés et édifices de l'Etat. En général au fur et à mesure que la ville s'agrandit, la forêt diminue. La ville est vue comme un espace développé à entretenir, et la forêt un espace sauvage à éliminé.

    Photo 1 - Une passerelle dans la forêt de la Mondah

    Source : www.brainforest.org.

    Cette photo présente l'un des passages menant dans la forêt de la Mondah. Ici, nous ne sommes pas dans la partie classée. On peut voir les marques de pneu des véhicules, ce qui montre que cette route est praticable. Elle est empruntée par les différents acteurs exercer leurs activités, soit pour des parties de pêche, de chasse, de soins ou encore ceux qui vont dans leurs plantations. Mais également les exploitants de sable et de charbon.

    Il y a aussi des militaires français et gabonais qui passent par cette voie pour effectuer des manoeuvres dans la forêt de Mondah. Aux abords du passage, on peut constater de fortes trouées, causées par l'exploitation ancienne, ce qui veut dire que nous sommes en présence d'une forêt secondaire qui serait une jachère. Cela explique que les villageois et les citadins venus de Libreville ont toujours fait des usages coutumiers dans cette forêt mais la pratique de la jachère est toujours un moyen pour eux de réguler ce type d'exploitation forestière.

    Cette partie de forêt est située dans la zone non classée qui est jouste avant la partie classée ou les communautés villageoises sont autorisées à effectuer des usages coutumiers. Mais cela n'exclut par la présence des agents des Eaux et Forêts, car ils veillent à ce que les règles de bonne gestion et de protection soient respectées. Surtout, contrôler l'abattage des arbres qui répondent aux normes de la réglementation forestière au Gabon. Vérifier la pêche et la chasse des animaux qui sont dans cette zone.

    L'utilisation des plantes médicinales est très répandue dans la zone de la Mondah. L'augmentation de la population entraîne aussi une forte augmentation de l'utilisation des plantes médicinales, dont la survie est menacée car les arbres qui sont utilisés pour des fins médicinales sont généralement écorcés, les rendant vulnérables et entraînant parfois leur mort. L'augmentation de l'usage des plantes et animaux pour la pharmacopée locale a en effet des impacts irréversibles

    Chapitre IV.

    Juridiction traditionnelle de la forêt

    Il est important de signaler qu'il existe une juridiction traditionnelle, qui permet de réglementer le couvres végétal depuis les temps. C'est ce qui fera l'objet de ce chapitre. Nous commencerons par les règles coutumières, pour terminer par les règles de gestion traditionnelle.

    Section 1 : Les règles coutumières

    1.1. Le régime foncier traditionnel

    1.1.1. Le droit de la terre

    Le droit de la terre est inséparable du caractère sacré attaché à celle-ci. La terre occupe une place spéciale parmi les divinités secondaires, intermédiaires entre le dieu suprême et les hommes. Elle est l'objet de vénération et, en tant que source de fécondité, lui sont dédiés certains rituels. Par conséquent l'occupation d'une terre, sa mise en exploitation, n'est pas un simple phénomène juridique ou économique, c'est un acte empreint de sacralité qui a pour base un pacte passé entre les premiers occupants et les esprits du sol. De la même façon, la propriété individuelle de type romain n'est pas concevable; le pacte a été passé au nom de la collectivité et c'est celle-ci qui exerce sur la terre des droits essentiels. Toutefois, cette conception communautaire ne signifie pas que la terre ne puise pas être soumise à l'exploitation d'un individu, qu'il n'existe pas de droits individuels.

    1.2. Les droits collectifs

    La terre, d'une manière générale, n'est, pas l'objet d'appropriation privée. Elle voit s'exercer sur elle des droits !appartenant aux villages, aux familles ou à l'unité politique toute entière.

    Le mot lui-même de « droit de propriété est inadapté. Comme pour le Moyen Âge européen, on ne peut dire plus justement que s'exercent sur la terre des droits de maitrise, d'usage, d'exploitation; attribués à certaines communautés, et des droits dont la nature juridique n'est qu'imparfaitement traduite par les catégories juridiques « à la romaine » : la terre est un bien communautaire.

    De même, aucune institution n'existe qui permette de l'aliéner; les communautés se sont « appropriées » le sol par occupation pacifique ou non. Elles peuvent « l'abandonner », mais il ne saurait être question de l'aliéner, c'est-a-dire d'y renoncer. Les migrations fréquentes font que la notion de terres vacantes et sans maître n'est pas reçue par la coutume, les communautés ayant un droit imprescriptible à s'installer sur des terres vierges ou à se réinstaller sur des terres abandonnées. Bref, la terre est un bien inaliénable.

    1.2.1. La terre, bien communautaire

    Sur le territoire d'une société politique africaine s'exercent plusieurs droits; les droits de la société toute entière, représentée par son chef politique ou par un maître de la terre, ensuite les droits de communautés plus réduites telles que les villages, enfin les droits des différentes familles.

    Selon que la société politique est de conquête ou de fondation, certains droits fonciers sont exercés par le chef politique ou par le maître de la terre.

    Celui-ci est toujours le descendant du premier occupant qui, au nom du groupe, a conclu le pacte d'alliance. Partout il administre la terre, juge les litiges ayant pour objet des droits fonciers, préside aux rituels. Administrateur, il distribue la terre aux différents chefs de famille, récupère les terres délaissées, attribue des parcelles aux étrangers qui veulent s'installer. Lui seul a le pouvoir de décision pour tout ce qui concerne la terre et il connaît seul les litiges relatifs à la délimitation des domaines respectifs. Prêtre enfin, il joue le rôle d'intermédiaire entre les hommes qui exploitent la terre et les esprits qui 1`habitent; à l'occasion des cultes dus à la terre, il intervient pour l'ensemencement des champs, pour les moissons et, après les récoltes, pour les offrandes. La sacralité ne concerne pas seulement le droit de la terre, mais aussi l'ensemble de l'économie; celle-ci demeure subordonnée aux croyances et aux pratiques religieuses.

    Chaque chef de, famille, gère son étendue des terres laissées par ses ancêtres et celles récemment acquises par défrichement. Sur ces terres s'opère le travail en commun, les travaux les plus durs étant à la charge des hommes, les autres (mise en graines ou boutures) étant laissés aux femmes. Mais au sein de la famille étendue, elles mettent à leur disposition des parcelles du patrimoine familial dont l'exploitation leur fourni les moyens de subsistance. En effet, l'exploitation des parcelles communes ne répond qu'aux besoins essentiels tandis que les parcelles attribuées à chaque famille permettent de dégager des surplus, consommés par ces familles.

    Enfin, et bien que les auteurs soient, en désaccord, il semble que certaines terres soient, presqu'inexploitées, laissées à l'usage libre des habitants d'un même village. Ce sont généralement des forêts permettant le ramassage de bois, la cueillette ou la chasse, ou encore les rivières autorisant la pêche, bref de véritables « communaux », objets de pratiques communautaires excluant toute monopolisation d'usage par un groupe quelconque.

    1.2.2. La terre, un bien inaliénable

    Aucun des groupes précédents n'ont le pouvoir d'aliéner la terre. Pouvoirs d'administration, de justice, de culte, d'usage et d'exploitation, n'emportent pas sur le droit de céder la terre. Que certains chefs politiques aient prétendu être propriétaires absolus des terres soumises a leur autorité, que certains aient vu dans les redevances qu'ils percevaient une espèce de loyer ou une taxe recognitive de souveraineté et non une compensation aux servitudes de leurs charges, ni ces prétentions ni ces interprétations n'ont en rien modifié l'esprit du droit coutumier. De même, les chefs de famille ou les autorités villageoises ne peuvent pas davantage céder une parcelle de terres à titre total et définitif, mais seulement à titre temporaire: attribution a une famille, usage précaire, mise en gage.

    Bien des raisons expliquent cette règle ; le caractère sacré de la terre qui n'est pas un bien économique (c'est le travail qu'on y effectue qui donne des droits), les migrations des sociétés qui ne favorisent pas la perpétuation des droits, l'idée aussi qui veut que la famille et la terre soient liées par leur caractère commun de perpétuité. Or, nous l'avons vu, la famille ne comprend pas seulement les vivants, elle comprend aussi les morts et les enfants à naître. Les vivants ne sauraient disposer de la terre car les ancêtres jouent un rôle primordial; si l'on voulait user de termes juridiques approximatifs, nous dirions qu'est réalisée une situation qui rappelle, au niveau des autorités politiques, l'inaliénabilité du domaine, au niveau des familles, la pratique, des substitutions; les ancêtres ont cédé les terres à leurs descendants. Mais à bien y regarder, il n'en est rien; les terres, nouvellement acquises, sont elles aussi inaliénables ? Les patrimoines familiaux peuvent varier et ne sont pas intégralement transmis.

    La terre voit donc peser sur elle un faisceau de droits, détenus par des collectivités, et qui sont des droits de propriété diminuée. Mais existent aussi sur elle des droits individuels.

    1.3. Les droits individuels

    Les terres de culture appartiennent aux, familles étendues, les terres de pâture à la communauté villageoise, mais ce caractère collectif ne s'oppose pas à ce que des droits individuels puissent s'exercer sur les terres. D'abord parce que l'individu n'est pas exclusivement soumis à la primauté de la communauté; il devra soumettre à celle-ci certains de ses actes qui peuvent avoir des répercussions sur l'équilibre ou le patrimoine de la communauté familiale mais il reste libre de son activité, s'exposant seulement à des sanctions ou il perdre l'appui de la famille. Ensuite, chaque chef de groupe a un patrimoine bien défini, qu'il peut exploiter et chaque individu est, en général, reconnu comme propriétaire de sa maison, du jardin qui l'entoure, des animaux et des instruments de récolte, comme de tous ses biens mobiliers.

    Il a donc une capacité juridique et peut exercer des droits individuels; mais sur la terre, ceux-ci ne lui seront reconnus que parce qu'il est membre d'une communauté: parenté avec l'ancêtre fondateur ou captif. S'il est étranger, les droits qui lui seront reconnus sont tout différents, concédés à titre d'hospitalité, précaires et révocables; ainsi certaines coutumes (Ashanti par exemple) précisent que l'étranger ne peut planter des arbres, ne peut faire de cultures autres que saisonnières, afin qu'à tout moment les terres, après les récoltes, puissent être reprises.

    Tout autres sont les droits individuels reconnus aux membres de la communauté: le droit de culture emporte des prérogatives particulières et quelques charges.

    1.3.1. Le droit de culture

    L'individu dispose d'une parcelle du domaine collectif qu'il met en valeur pour son compte personnel. Il ne pourra pas en disposer, interdiction contrôlée et sanctionnée par la communauté elle-même. Mais l'attribution de cette parcelle, et le travail qu'il y accomplit, fait naître à son bénéfice des droits privatifs. La concession elle-même lui en garantit la libre jouissance et le droit d'en partager l'usage avec qui il veut. Il pourra aussi la clore ou établir des bornes la délimitant.

    Son travail ensuite est a l'origine d'un droit de propriété sur les cultures qu'il a faites, c'est lui qui justifie cette propriété. L'auteur des cultures, des plantations, a sur elle un véritable droit de propriété, il peut en disposer soit pour les vendre, soit pour les donner et, a sa mort, elles ne font pas retour a la famille mais sont transmises a ses héritiers. Privé, de son vivant, de sa parcelle, il conserve sur les plantations les mêmes droits alors qu'il perd les droits sur les plantes naturelles.

    Section 2. Les règles de gestion traditionnelle

    2.1. Les interdis liés à la forêt

    On peut classer les interdits par patrimoine. La notion de patrimoine est importante parce qu'elle permet de situer l'homme dans des relations étroites avec la forêt: le patrimoine c'est ce qui est transmis de génération en génération et qui a de la valeur. Une institution humaine est toujours rationnelle si l'on cherche à connaître le postulat d'ou elle tire son origine, c'est-à-dire la conception que se font les membres d'une société donnée du problème qu'elle cherche à résoudre. Les interdits de la forêt, comme les autres interdits qui organisent la société, obéissent à ce principe. C'est pourquoi, les interdits existent dans différents contextes: la femme enceinte, les adeptes d'un culte, les membres d'un clan ou d'un lignage; ils peuvent être temporaires ou définitifs. Une personne peut aussi, dans sa singularité, et en rapport avec un événement douloureux, s'interdire de consommer telle plante ou tel animal.

    Ces interdits s'accompagnent fréquemment de mythes d'origine expliquant à la fois, la source de l'interdit et ses fonctions. Pour l'interdit lignager, on se réfèrera par exemple l'interdit alimentaire : le fait d'avoir été secouru par l'animal dont on s'interdira par la suite toute consommation tel que chez les Benga il est interdit de manger l'antilope car celui-ci leur a aidé lors de la traversée de la rivière , d'après le mythe. On ne peut envisager la gestion de l'environnement sans aborder le statut de l'homme et la place qu'il s'est attribué dans son environnement, forêt ou savane. Il n'est pas lieu ici de s'arrêter sur l'observation stricte ou non des interdits, sur leur efficacité sociale, encore moins de juger des fondements de leur respect. Mais pour ceux qui concernent la forêt, ils permettent de mieux appréhender les modes de gestion des écosystèmes traditionnels, car on peut retrouver dans l'énoncé, les sanctions et les obtentions sociales avouées, les domaines auxquels ils sont lies: humains, botanique, anima], ha1ieutique, cynégétique.

    Au total, s'il y a un tel système d'interdits, c'est que la forêt est essentiellement conçue comme vivante, et non comme morte. Chaque interdit rappelle la fonctionnalité de la forêt. Chaque interdit rappelle les différentes fonctions inscrites dans la forêt. Chaque interdit rappelle les fonctions multiples de la forêt. Plus il y a d'interdits, plus la forêt est riche.

    L'exploitation industrielle de la forêt vit sur une notion de forêt quantifiée en termes économiques, alors que l'usage traditionnel en faisait une forêt totale, visible et invisible, qualifiée en termes écologiques, dans le sens d'un habitat humain exploité économiquement, socialement et spirituellement. Face à la conception traditionnelle de la forêt, il nous faut à présent prendre en compte l'arrivée de nouveaux acteurs dans la forêt gabonaise et expliciter leur conception spécifique de la forêt.

    De plus, la littérature orale apprend à connaitre l'environnement et définit les rapports de l'homme avec son milieu naturel, elle apparait aussi comme un outil de gestion de l'environnement. Nombreux sont les récits qui parlent des forets interdites aux hommes et gardées par un ogre, un génie ou un être aux pouvoirs surnaturels. C'est le cas du mythe fang de l'evus (maux, sorcellerie) ou du conte mahongwè de l'enfant enlevé par l'ogre (élolongo). Ces forêts sont le plus souvent présentées à travers le regard du personnage qui s'y aventure comme des lieux d'abondance. On serait tenté de comprendre ici que cette abondance est une conséquence du respect de l'interdit qui vise la préservation de la forêt de toutes actions socioculturelles de l'homme. Dans le conte mahongwè cité plus haut, la femme qui pêche seule dans la forêt interdite attrape beaucoup de poissons mais elle se fait enlever son enfant par l'ogre. L'accomplissement de se méfait conduit à la sanction sociale de la mère : elle n'a plus d'enfant ; elle est délaissée par son époux ; son entourage la méprise, la traite de mère indigne et de femme gourmande.

    2.2. La jachère forestière

    La grande majorité des cultivateurs d'Afrique et du Gabon en particulier, pratiquent la jachère des terres qui ont été cultivées pendant une ou plusieurs années. Ce procédé semble être le plus économique. En apparence simple, ce procédé soulève plutôt des avantages tant sur le plan agronomique que sur le plan foncier et donc humain. La jachère est liée à la pratique de la culture itinérante dont elle n'est qu'une étape. Cette technique permet le maintien d'une fertilité certaine de la terre en favorisant sa reconstitution.

    En plus de cela, il faut tenir compte des plantes cultivées, des rotations des cultures, de l'outillage, de techniques de débroussage, etc. Ceci pour dire que la reconstitution de la terre n'est jamais totale ce qui amène les populations à procéder à des ajustements. Sur -le plan foncier par exemple, tous les droits sur les jachères ont fondement leur caractère religieux, variable selon la position sociale du détenteur, l'impérieuse nécessité de confirmer perpétuellement ce droit par les travaux qui y sont accomplis: entretien, nouvelle plantation, etc. Mais en générale, il faut noter que ce droit est limite dans le temps.

    Ce droit est ébranlé par l'incursion et l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à peu l'idée de propriété foncière au sens occidental voie le jour.

    Mais en parlant de la forêt classée de la Mondah, l'intérêt ici est fonction de ce qu'elle nourrit les hommes et constitue une réserve d'exploitation future des politiques gouvernementales du pays. Ce qui fait dire que l'Etat étant le contrôleur des terres (Art 13 du code forestier gabonais), il contrôle également les hommes. Ce qui implique que le contrôle de la terre ou foncier constituent en même temps un, ressort important politiquement. La conséquence ici est que la forêt classée de la Mondah, étant mise en jachère et que l'occupation des terres se manifeste à travers des techniques d'occupations des terres des membres du gouvernement, ils sont les premiers à violer leur loi et s'y installer en la déclassant de partie en partie. La problématique ici, n'est pas par rapport à l'agriculture et à l'exploitation des essences de bois seulement, ou à l'occupation des terres. Mais, aux populations de disposer de leurs terres telles que le faisaient leurs ancêtres.

    2.3. Les codes sociaux de la forêt

    La littérature orale des sociétés gabonaises est très riche et variée en genre selon les attributs, il ya les contes, les récits épiques, les mythes, les récits historico-légendaires, les joutes oratoires liées à la palabre, les proverbes, les généalogies, les devises, les devinettes, les comptines, les prières, les formules rituelles, les champs associés à des activités telles que la pêche, la chasse, l'agriculture, ou qui accompagnent des cérémonies telles que le mariage, la circoncision, la naissance de jumeaux, les funérailles etc.

    Ces nombreux genres assurent de multiples fonctions qui concourent au maintient de l'équilibre social. Ils perpétuent les valeurs culturelles du groupe et transmettent des enseignements portant non seulement sur la langue, la morale sociale en vigueur, les pratiques sociales, les coutumes, les croyances mais aussi sur le milieu naturel dans lequel évoluent les individus.

    En effet, c'est le plus souvent au moyen des devinettes que les jeunes apprennent à connaître les caractéristiques des plantes et des animaux. La méthode consiste à présenter la plante ou l'animal à découvrir à partir de traits facilement observables, comme par exemple :

    - « Une personne qui vagabonde avec sa maison ? »-La tortue

    - « Veux-tu me désigner l'arbre dont le tronc est tout perforé ? »-L'épervier.

    - « Connais-tu un enfant qui est né barbu ? »-le maïs

    - « Un tronc d'arbre lisse comme un assiette ? »-Le silure

    Chez les Myènè, tanga-tanga (compter, compter) est un jeu verbal pratiqué par les enfants qui consiste à citer en comptant rapidement les noms d'animaux vivant sur terre, dans les airs ou dans l'eau. A travers cet exercice l'enfant apprend non seulement à compter mais aussi à connaitre et à distinguer les animaux selon leurs écosystèmes. Le jeu s'ouvre par la question, go ntyé ? Go mbene ? gigono ? (sur terre ? sous l'eau ? dans les airs ?), et il peut se poursuivre par la réponse : gigono (dans les airs). Ainsi l'enfant va énumérer les espèces qu'il connait tout en comptant. Comme par exemple :

    - Ogulungu,mori (touraco,un)

    - Ibembe,mbani (pigeon,deux) etc .

    Ainsi, l'enfant va continuer à citer et à compter jusqu'au nombre qu'il connait. Le même jeu se poursuit, mais cette fois-ci l'enfant ne compte plus à la fin, mais va se rassurer qu'il ne se répète pas les noms des animaux déjà citer. Alors à la réponse go ntyé (sur terre), on aura par exemple :

    -Nkambi gnama tanga (l'antilope est un animal, compté)

    -Embongo gnama tanga (le lion est un animal, compté) etc.

    Aussi, par le canal des cotes qui donnent l'origine d'une espèce végétale et expliquent le comportement ou la les particularités morphologiques des animaux s'exerce également une pédagogie sur le milieu naturel. Ainsi le conte fang sur la création du palmier présente les variétés de palmiers et met en évidence les bienfaits que cette arbre apporte à l'homme : pour faire le feu (l'enveloppe de noix de palme séchée) ; pour se nourrir (le choux palmiste) ; pour les soins corporelles quotidiens et pour l'usage rituel (l'huile d'amande) ; pour la toiture des cases (la paille), etc. Devinette recueillies par Zame Avezo'o Léa au village Etsiela(Mékambo) en 1990.

    Troisième partie

    Juridiction étatique de la forêt

    Chapitre V.

    L'Etat et le bouleversement territorial

    Avec l'avènement de l'Etat, les pays colonisés ont connu des multiples changements dans des secteurs différents. Ainsi, Nous verrons dans ce chapitre : la naissance de l'Etat en premier, puis son rapport avec la forêt

    Section 1. La naissance de l'Etat

    1-1. L'avènement de l'Etat : Le changement de modes de vie

    Outre le mode de production capitaliste, la mission civilisatrice de l'Occident a introduit dans les colonies l'Ecole, la Bible, et tous les "accessoires" de la« modernité ». Ces éléments, combinés au dénigrement systématique des valeurs ancestrales des colonisés, ont entraîné des changements dans les moeurs de ces derniers. Les conséquences en sont manifestes: à quelques exceptions près, les générations de gabonais qui se sont succédé depuis la colonisation sont instruites dans la pensée occidentale et entretiennent un rapport inconsistant avec leurs traditions.

    Par le phénomène de l'exode rural, les campagnes se dépeuplent, surtout des jeunes. Ceux qui restent ne se soucient pas toujours d'acquérir auprès des anciens les enseignements et valeurs fondamentales de leurs communautés. Et, même si c'est le cas, la probabilité pour que cet ensemble de connaissances soit partagé par un plus grand nombre "est relativement minime. Cela est surtout dû aux préoccupations quotidiennes. Les gabonais n'ont pas toujours du temps à consacrer aux problèmes culturels. Ce désintérêt s'exprime par le constant cri d'alarme: "les gens ne s'intéressent pas aux traditions".

    Un autre aspect est le fait d'entretenir une relation de profit avec les pratiques ancestrales. Le Président Léon Mba par exemple avait interdit la dot en 1963 après avoir constaté les dérives auxquelles cette coutume donnait lieu, Aujourd'hui encore, nous dirons sans risque de nous tromper que la dot est un moyen d'engranger des biens en quantité et de qualité considérables. Certaines ethnocultures sont très souvent indexées dans le sens commun pour faire de la surenchère, en soulignant par exemple le niveau d'études de la future épouse. Nous prendrons également l'exemple de l'héritage. Cette question devient depuis quelques temps un véritable phénomène social au Gabon.

    1.2. Dénaturation du régime foncier traditionnel

    1.2.1. L'occupation de l'espace

    1.1.1. L'aménagement

    L'accroissement démographique auquel la ville de Libreville est confrontée à un effet d'entraînement sur ses environs on assiste depuis quelques années à l'extension de la ville vers les zones du Cap, de Ntoum et d'Owendo. Pour ce qui est de la zone du Cap. Cette extension se manifeste par les implantations de campements, de villages, la construction de routes et de pistes. Comme il a été dit précédemment, la zone du Cap est de plus en plus sollicitée pour la pratique de cultures vivrières. D'après le dernier recensement de la population et de 1'habitat de 1993 (RGPH), la population de ce district atteignait 1229 âmes, réparties selon le tableau ci -dessous. Il est évident que des changements s'y soient opérés en nombre depuis lors.

    En dehors des activités présentées, s'agissant de l'activité paramilitaire, des patrouilles militaires sont rencontrées aux abords immédiats de la FCM. Elle est un site propice aux activités d'entraînements militaires. Par le biais d'accord tacites, entre le Ministère des eaux et forêts, la Défense Nationale et le 6eme BIMA de l'armée française, des entraînements para-commandos s'y déroulent.

    L'occupation de l'espace dans la Mondah se fait d'une manière anarchique et abusive au fil des années. En 1960, la forêt secondaire était encore très importante, les champs et les sols nus étaient peu visibles. Les plantations d'Okoumé évoluaient sans trouées. En 1986, la forêt commence à subir les changements avec l'activité humaine. Cette occupation se poursuit dans les années 90 ou la plantation d'Okoumé devient peu visible et apparaît dans la forêt de la Mondah une importante trouée d'activité. La forêt secondaire diminue de plus en plus. Sur la quatrième carte, la forêt secondaire apparaît par endroit, le sol nu prend une place importante. Nous avons une faible présence de la mangrove. Nous notons que, cette forêt qui a été classée dans les années 1950 n'est plus la même, près de 70% de sa superficie a été détruite par les activités de 1 `homme comme le montrent les cartes. Car après le dernier déclassement de 2004, il ne reste plus que 4930 ha de forêt dans la Mondah, sur les 10200 ha classés en 1951.

    Tableau n° .Population résidente dans la forêt de la Mondah

     

    Population Totale

    Villages

    Homme

    Femme

    Total

    Malibé l

    119

    94

    213

    Malibé 2

    77

    60

    137

    Cap Santa Clara

    66

    47

    113

    Cap Estérias

    393

    373

    766

    Total

    655

    574

    1229

    Source: RGPH, 2003

    Le panneau présenté sur cette photo révèle la présence des Forces Armées dans la forêt de la Mondah. Présence matérialisée par des entrainements en pleine forêt des groupes d'agents des Forces Armée Française. Les écritures sur le panneau sont de couleur jaune pour mieux faire voir et comprendre à tous ceux qui exploitent cette forêt qu'il n y a pas que les populations qui l'occupe il y a aussi l'armée française qui est propriétaire d'une parcelle (parcelle des conservateurs).

    1.2. Capitalisme forestier

    1.2.1. L'exploitation forestière

    La plus ancienne richesse du Gabon, et la plus évidente, c'est la forêt qui couvre 21 millions d'hectares, soit 85% de la superficie du pays. Les premiers européens avaient d'abord été attirés par la présence de l'« ébène », bois extrêmement côté par les artistes du meuble depuis la renaissance. Charles de Chavanne, compagnon de Savorgnan de Brazza avait vainement tenté d'intéresser les firmes françaises à l'okoumé, cet arbre miraculeux, tendre, facile à dérouler utilisable en ébénisterie comme pour la transformation en contreplaqué.

    Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle qu'un allemand, Schultz, consul de son pays à Libreville, comprit quel bénéfice on pouvait tirer de son exploitation et incite une société de son pays à prospecter les régions qui en contenaient. Les exportations d'okoumé atteignaient 91000 tonnes par an. Dès qu'arriva l'époque de la seconde guerre mondiale, l'exportation de cette essence, située en abondance en bordure de l'estuaire et des rives de l'Ogooué se faisait a grande échelle. Ce qui fait qu'actuellement la plus ancienne zone d'exploitation s'étend de l'estuaire à gamba au sud et à Lambaréné à l'est.

    XIXe siècle. C'est la Société de Bois de la Mondah (SBM) qui se chargea de cette exploitation sur permis industriel de 12.400 hectares. La SBM incapable de résister à la crise économique et aux irrégularités sanctionnées par le service forestier, abandonna sa concession qui fit retour au domaine public et fut mise en réserve par le décret du 21 février 1934 en vue d'une étude d'un plan d'aménagement:

    De 1934 à 1938: d'importants travaux de sylvicole anéantis par la guerre et ses répercussions au Gabon. En 1944, il y a eu reprise des travaux (travaux de plantations en zones pauvres qui se poursuivirent jusqu'en 1953). De 1955-1957, les travaux d'améliorations en zone de forêt naturelle. Après le départ de la SBM, l'exploitation reprit dans la forêt de la Mondah grâce aux exploitants gabonais. Ils parcouraient la forêt de 1959 à 1970, seule les parties riches en plantation d'okoumé furent épargnées.

    1.2.2. L'exploitation des carrières de sable

    Les besoins en sable pour les bâtiments et travaux publics (BTP) sont tels que, les carrières de sable la FCM sont l'objet d'une exploitation sans précédent. De nombreuses sociétés de la place se partagent les permis d'exploitation dans ce domaine. Parmi elles, nous notons l'existence de sociétés d'exploitations agrées et de clandestins.

    En 1999, Ces exploitants agrées sont majoritairement des particuliers. C'est ainsi que de 1960 à 1998, ils détenaient 70,21 % des permis d'exploitation des carrières accordés par la Direction des Mines et Carrières, soit 51,37 % pour les particuliers gabonais et 18,9 % pour les particuliers étrangers. On notait également pour les entrepreneurs privés et publiques; 24,32 des permis et enfin, les administrations publiques; 51,41 % sur un total de 37 concédés durant la période 1960-1998.

    Aussi, malgré le décret du Président de la République interdisant l'extraction du sable dans la dite zone (2004), nous nous retrouvons aujourd'hui avec des particuliers ayant des permis présidentiels leur autorisant d'extraire le sable dans cette forêt.

    L'image présente une sablière en pleine forêt de la Mondah. Nous avons la présence des engins (Caterpillar) qui raclent tout à leur passage et servent aussi à charger les camions. Ici avec l'extraction du sable, il n'y a pas que la forêt (les arbres) qui est menacée, la mangrove aussi. A l'extrême droite nous avons la forêt et à gauche la mangrove. Nous avons aussi la présence des palétuviers, ce qui signifie que cette forêt a déjà été exploitée par l'homme et aujourd'hui va encore faire l'objet d'une double exploitation, celle-ci qualifiée d'abusive car elle n'épargne aucune espèce végétale.

    Nous avons aussi la présence des flaques d'eaux, ce qui confirme la position littorale de cette forêt et la fragilité de celle-ci. Des hectares de forêt détruits, il est difficile de croire qu'à cet endroit, existait une forêt et pour en avoir, combien d'année faut-il attendre? Enfin nous avons la présence de deux personnes, l'une filme la mangrove et l'autre l'observe. L'engin à droite est entrain de racler la forêt et agrandir le site, la deuxième à gauche attend charger le sable dans les camions et le sable de ce côté paraît plus propre que celui du côté du premier engin.

    Nous avons en image un camion de six roues, venant de Libreville allant pour le chargement de sable. Derrière celui-ci un homme en bleu. Sur le site, nous avons la présence de la forêt touffue d'un coté et de l'autre des racines d'arbre et de troncs, déracinés et découpés par l'engin. Le sable à. ce niveau n'est pas encore propre et par conséquent on ne peut pas le charger dans les camions car il faut encore enlever une couche, celle qui contient de la terre et toutes ces petites racines que nous observons. Cette image montre combien de fois l'extraction du sable est destructeur de la nature. Ces arbres déracinés pouvaient servir à autre chose tel que la pharmacopée ou la vente. Car nous avons la présence de l'Okoumé sur cette image du coté de la forêt. Ainsi, les exploitants illégaux, appelé vulgairement trafiquant, sont ceux qui prélèvent illégalement le sable. Ils le font souvent les dimanches et autres jours de la semaine. Ces exploitants sont inconnus de la Direction des Mines et Carrières.

    Recit 30(*)n°12 - Ndambo Jean Pierre31(*), sur L'exploitation du sable à Malibé 2 et les conséquences.

    1. J'ai commencé l'exploitation de sable depuis 1992. Pour reconnaitre qu'il y' a du sable à cet endroit, on a des machines. D'autres viennent avec des boussoles et les bulles pour inspecter les lieux. Une fois on est sur qu'il y a du sable, il faut nettoyer la première couche, on l'appelle le remblé, ensuite on rase la deuxième couche, c'est le sable. Ce que vous voyez tout blanc c'est du sable mais pas du bon, il n'est pas propre.

    2. Je travaille pour un particulier, un monsieur fang, qui se charge des ventes et de contacter les clients, mais comme il est déjà connu, ce sont les clients qui vont maintenant faire des commandes. Les camions de sable varient selon les voitures et les chargements. Un camion de 6 roues coûte 40000 FCFA celui de 10 roues coute 60000. Ici à la carrière. Du moment où il paie les taxes au ministère des mines et ceux-ci lui délimitent la zone à exploiter, on n'a pas souvent les problèmes avec les eaux et forêts.

    3. Il est vrai que l'on exerce dans la partie classée de la forêt et que le chef de l'État avait demande de ne plus extraire le sable dans cette partie de Malibé, mais mon patron a un permis signe du Président de la République. En fait moi je fais seulement mon travail, lui il est en haut là-bas je ne sais pas comment il s'arrange souvent avec les eaux et forêts, mais ils ne nous dérangent pas. Pour extraire le sable nous sommes obliges de tous nettoyer, il faut dire qu'il n'y a pas une partie dans cette forêt qui n'ait pas de sable. Même là ou vous dite forêt il y a du sable et du bon sable. C'est vrai, nous sommes obliges de déraciner les arbres et les arbustes mais ce qui nous importe c'est le sable c'est tout.

    4. Il n'est pas probable que la forêt rasée revienne aussitôt il faudrait attendre des années. Et puis nous sommes entrain de vous déblayer les terrains d'habitations, revient dans deux ans ce site sera transforme en terrain personnel. Sans oublier que l'aéroport doit venir vers ici il faut d'abord un travail de fond. Oui la mangrove est très importante, mais si la zone à exploiter s'étend jusqu'à elle, nous allons l'enlever. Il n'y a pas que les arbres, si il y a une plantation dans le site qui nous ait donne, on n `a pas le temps de demander la permission au propriétaire, on déracine tout et il constate seulement les dégâts le lendemain. L'extraction du sable est rentable, par jour on peut extraire 406 75 voir 80 camions de sables. C'est ainsi que l'on repousse au fur et mesure la forêt.

    Ce récit de Monsieur Ndambo Jean-Pierre nous explique comment se fait l'extraction du sable. C'est l'activité la plus dévastatrice des activités qui sont exercées dans la forêt de la Mondah. Elle est aussi celle qui produit une grosse importante d'argent. Par des besoins en construction de l'homme, la forêt décime, car c'est dans celle-ci que l'on va extraire le sable, le bois gravier.

    Malgré le classement de la forêt de la Mondah, les permis d'exploitations sont livrés pour exercer dans certaines zones. À la longue, nous allons avoir affaire à une étendue de terrain ouvert et non à une forêt.

    1.2.3. Exploitation du charbon de bois

    Sur cette photo, nous voyons la présence des morceaux de bois devant servir à la fabrication du charbon. Il y a aussi des branches d'arbres au sol et d'autres troncs d'arbres. Nous sommes en pleine forêt de la Mondah, il y a des arbustes et quelques plantes, sans oublier les quatre troncs d'arbres. Ici, ces morceaux de bois sont la première étape de la fabrication du charbon. Apres l'abattage de l'arbre, celui-ci est mis en morceaux. Quelques jours plus tard `Ces morceaux seront mis dans un four à charbon. Ainsi, pour fabriquer le charbon de bois, l'arbre est coupe sur pied, on n'attend pas que celui-ci sèche. Il n'y a pas un type d'arbre particulier pour cette activité. Mais, la conséquence est qu'en tombant, l'arbre abattu entraîne avec lui d'autres arbres et arbustes, d'où la présence des autres troncs d'arbres couchés au sol et cela favorise la trouée dans la forêt et le desséchement de certains arbres.

    Sur cette image, nous sommes en pleine forêt, ou se fait la fabrication du charbon. Il y a le four qui produit le charbon (ce gros tas de terre soutenu de part et d'autre par les piquets en bois). Ce four est allume, voilà pourquoi il y a la présence de la fumée au-dessus du four. Il y a des cheminées qui permettent à la fumée de sortir et au feu de s'activer à l'intérieur. Pour une consommation complète on peut attendre un mois.

    A l'extrême droite il y'a un homme qui tient une machette. À son extrême gauche, nous avons une jeune étudiante tenant un caméscope, avec un sac au dos. Devant elle se trouve des sacs de charbon déjà charges, produit par le premier four (14 sacs). Derrière ces sacs se trouve le fabricant de charbon (Mamadou) qui surveille son four.

    Un peu plus au fond à l'extrême gauche se trouve la cabane qui sert de case d'habitat au propriétaire du four. On peut aussi voir une petite hutte faite en sachet, dont une partie est couverte et le souci principal est de s'abriter quand il pleut. Derrière cette cabane, un peu plus loin, nous avons la présence d'une forêt fermée, ou il y a la présence des arbres ayant un âge moyen, tel que celui qu'on observe au fond à droite.

    La plus part des fours sont tenus par les Ouest africains, qui pourtant déclarent qu'ils n'ont jamais exercé ce métier chez eux, et qu'ils viennent le découvrir ici au Gabon. Bien que pénible, ce travail rapporte de l'argent. En effet, il faut faire des mois et des mois dans la forêt, dans des conditions pas confortables et surtout exposé à la fumée et à la chaleur. Il arrive souvent que ces hommes tombent gravement malade, mais grâce aux essences de la forêt, et des connaissances qu'ils ont sur la médecine traditionnelle, ils arrivent à se faire soigner.

    L'image présente les sacs de charbon prêt à être embarqués pour la vente à Libreville (près de 80 sacs) d'un prix variant de 10 000 à 15000 Francs CFA le sac. Ceux-ci sont posés dans un ancien site d'exploitation de sable à Malibé 2, ce qui justifie la présence du tas de sable couvert par les herbes derrières les sacs de charbon. Nous avons la poussée des jeunes arbres après l'exploitation de sable. Cette silhouette sur l'extrême gauche est celle du camion venu embarquer les sacs de charbons.

    Récit32(*) n°13 - Aboubacar33(*) sur l'exploitation du charbon de bois, dans la FCM

    1. Au début, quand je suis arrive ici, il y avait encore beaucoup de forêt, nous étions plus haut là-bas vers le poste. Au fur et à mesure que l'activité du sable avance, nous aussi nous avançons. Nous avançons les exploitants de sable, parce que les engins qui extraient le sable, déracinent tous a leur passage et nos, nous abattons le bois quand il est encore debout, y a des bois qu'il faut. Un charbon qui se casse vite et qui ne garde pas le jeu n'est pas bon. Je ne connais pas les noms des arbres mais je sais reconnaître le bon bois, et le mauvais. En fait il faut le bois dur et non le bois léger.

    2. Debout, on le découpe comme vous voyez (Photo n°) ensuite on le met dans de four, pour faire le charbon. Comme ça, quand ils arrivent la ou on a déjà coupe, nous on avance. Et puis, on ne prend pas n'importe quel bois pour fabriquer le charbon. Pour un bon charbon, il 1. Je fais l'activité du charbon depuis un an. Je n'en ferais pas au pays, mais au Gabon, je ne pouvais pas rester les mains croisées, il fallait gagner ma vie, et j'ai appris avec mes frères qui connaissaient. Ce travail n'est pas facile, et les risques sont nombreux. Un arbre peut tomber sur toi quand tu l'abat, ou bien tu peux avoir la diarrhée par ce que nous buvons l'eau des flaques d'eaux, il n:v a pas de rivière près d'ici. Tu dors à la belle étoile, mieux encore quand il ne le peut pas.

    3. Apres l'abattage de l'arbre, on le découpe en morceaux puis on le laisse dormir deux a trois jours, ensuite on le met au feu. Pour faire un four a charbon, tu prends les morceaux de bois coupes, tu creuse un trou pas trop profond, tu poses les bois les uns sur les autres, tu les monte en erage, puis tu ajoute de l'herbe ou les feuille mortes au fur et à mesure, la tu couvre le tout avec la terre, mais en laissant les petits trous pour que l'air rentre a l'intérieur et pour laisser sortir la fumée une fois que le four est allume. Un four peut durer un mois pour que le bois se brule bien et avoir un bon charbon. Mais il faut éviter qu'il ait des flammes, parce que les flammes brulent malle bois et le charbon sera fragile. Il ne doit non plus s'éteindre, mais doit bruler à feu doux jusqu'au dernier morceau de bois.

    4. Un four peut prendre trois à quatre arbres et si ça a donne, tu peux avoir 10 à 15 sacs de charbon. Mais le grand problème ici ce sont les eaux et forêts, si tu as de la chance et que tu vends sans qu'ils t'aient arrière, tu n'as pas moins de 15.000 f mais si ils t'attrapent, ils peuvent te prendre tout ton charbon ou bien tu n'ans pas moins de 80 000 f d'amende à payer. Pour vendre, on a des abonnes qui prennent et paient sur place et d'autres prennent et paient un peu un peu. C'est vrai, la forer est très importante pour nous, mais les gens qui gaspillent la forer ce sont ceux qui exploitent la sable. Parce qu'ils coupent tout sur leur passage et ne laissent pas la chance aux petits arbres de grandir ce que nous ne faisons pas. Nous ne prenons que les arbres murs et durs.

    Ce récit est de Monsieur Aboubacar. Il nous montre comment se fait l'exploitation du charbon de bois. Aboubacar est un expatrié de nationalité guinéenne, qui exerce au Gabon sans permis d'exploitation. Partant de chez lui, cette activité lui était inconnue, il l'a apprise sur place. Il ressort que cette exploitation décime la forêt et appauvrit aussi le sol. Car, les fours de charbon demandent de la terre pour être fabriqués et supportent le feu pendant un mois. Ce n'est pas n'importe quelle essence qu'on utilise pour fabriquer du charbon et ce ne sont non plus des arbustes mais des arbres d'un certain âge. Ces exploitants de charbon sont majoritairement des expatriés et n'ont pas cet amour de la forêt qu'ils détruisent. Ce qui compte pour eux, c'est de l'argent pour sortir de leur situation de pauvreté et envoyer un peu au pays. Peu importent les conditions dans lesquelles ils travaillent.

    1.2.4. Le sciage de bois

    Elle est liée à la quête de revenus substantiels, les populations rurales de la FM pratiquent la vente de bois de chauffage prélevé sur les arbres morts et parfois coupés et laisser quelques semaines séché ensuite mis en fagots pour la vente. Cette activité contribue à arrondir les ventes de fruits et légumes. Elle est cependant un peu développée. Sur le marché et les villages avoisinants peu de fagots de bois visibles.

    Il Y a une autre activité issue de l'usage des arbres c'est le sciage de bois. Celui-ci est exercé parfois sur les arbres tombés par l'orage ou l'abattage pur et simple de l'arbre. Il est sillé en planche, latte, ou chevron, et certains fabriquent des rondelles pour en faire des tablettes. Tous ces produits sont acheminés vers Libreville la capitale ou les potentiels clients attendent.

    L'image présente la photographie d'un arbre scié. Dans les deux extrémités de la photo, nous avons de l'herbe et au fond, il y a de jeunes arbres, une forêt très jeune.

    A l'extrême droite nous avons deux hommes, le scieur en noir avec un haut rayé un observateur devant lui avec un haut bleu et un pantalon kaki. Au pied de l'arbre abattu, nous avons trois personnes, dont une femme et deux hommes. Les deux hommes sont des aides scieur, ils sont torse nu. La jeune fille est une étudiante qui est là pour les raisons d'enquête.

    Cette activité ne date pas d'aujourd'hui dans la forêt classée de la Mondah, mais devient un peu plus rare à cause de la rareté des « bois durs». La présence de copeau au sol et les coupures en rondelle des morceaux de bois, témoigne de l'outil qui a été utilisé abattre cet arbre. Il ne s'agit pas d'une hache, mais d'une scie à moteur, le résultat de l'évolution technologique.

    Enfin nous avons l'exploitation du charbon, en dépit de la réglementation en vigueur et du statut de la forêt classée, dont de telles activités sont prohibées et réprimées.

    Récit34(*) n°14 - Nzengue Flavien35(*), Sur l'activité de sciage de bois dans la forêt de la Mondah

    1. Je ne suis pas clandestin, j'ai mon permis livré au domaine, après que j'ai payé 100.000 FCFA, ils m'ont donne la quittance, je suis allé a STFO, eux ils m'ont encore donne une autre quittance, mais il faut seulement renouveler les papiers après un an. Je suis Nzebi de Koula-Moutou. C'est mon défunt oncle qui m'a apprit ce métier de bois. Depuis mon jeune âge, il m'amenait souvent transporter les planches. Puis un jour j'ai commence à observer comment il faisait, puis de temps en temps il me montrait, et comme il se faisait aussi de l'argent je me suis vraiment intéressé, et j'en ai fait mon travail.

    2. Quand je suis venu a Libreville, je travaillais d'abord au port à bois à Owendo, mais là-bas le travail est dur et ce n'est pas tous les jours que vous avez les conteneurs a décharger. Avec l'aide de mon frère je me suis paye une tronçonneuse pour siller le bois à mon compte. Je scie le bois à Avorbame et Malibe. Je ne rentre pas dans la partie classée, sauf si quelqu'un me demande d'aller l'abattre une plantation et que je peux profiter a siller les arbres coupes.

    3. Je ne crains rien je suis en règle, les eaux et forêts ne m'embêtent pas trop. Je nourri ma petite famille avec ce travail et je vis mieux que lorsque je travaillais au port. Parce qu'un bois peut me sortir 3 à 4 m3 de planches cela dépend des dimensions de l'arbre, une planche de 2,5 m coute 700 FCFA et moins de 2,5 coûte 500 FCFA, et une latte de 4 m coûte 500 f CFA et moins entre 400 et 450 FCFA. Aujourd'hui, 1 m3 de bois, mélange planche, latte, chevron coute 30.000 f CFA en gros, les prix ont augmentes.

    4. Le grand problème qu'on rencontre ici c'est l'Okoumé est par rapport aux autres arbres. Il est difficile de trouver le bois dur ici. C'est parce qu'il y a eu l'exploitation forestière dans cette forêt, et quand les eaux et forêts ont reboisé, ils ont plus plante l'Okoumé pour les causes commerciales. J'ai mes abonnés de planche, de latte et chevron, je livre les scieries, les particuliers aussi. C'est vrai quand j'ai besoin du bois dur je vais vers Kango ou à Meba après Ntoum. Il est vrai que je dépense beaucoup pour le transport, quand c'est une société, le plus souvent elle donne les moyens de transport, et on s'arrange sur la main-d'oeuvre.

    5. C'est vrai que je vis de la forêt, mais nous ne détruisons pas la forêt. Il faut que le gouvernement regarde d'abord le genre d'activité que la personne doit aller exercer dans la forêt avant de livrer un permis d'exploitation, si l'activité est nuisible pour la forêt, la personne doit assurer le reboisement après exploitation. Dans le cas de la Mondah ce sont les exploitants de sable et les gens qui remblaient les terrains. Il y a une qui vend les terrains ici au sable, puis que ce sont des terrains marécageux et rase les palétuviers puis elle remblai, ensuite elle les revend chers, elle a des engins qui coupent tout à leur passage.

    Le récit de Moupindi Marius nous montre comment se fait l'activité de sciage dans la Mondah. Il va nous donner d'abord ses motivations pour ce travail. Il ressort que ce scieur n'est pas originaire de la province de l'Estuaire, mais de l'intérieur du pays (Koula-Moutou). Ce dernier est en règle avec les taxes demandées par l'Etat et exerce tranquillement son activité. Ce travail lui permet de s'occuper de sa petite famille par les rendements issus de la vente de ses planches.

    Mais, il ressort que la forêt de la Mondah est plus peuplée par l'Okoumé que d'autres essences. Cela est le résultat du faite qu'elle soit l'une des premières forêts qui a fait l'objet de plantation d'Okoumé. Cela n'est pas très profitable pour son activité, ce qui lui pousse à aller plus loin chercher le bois dur.

    Section 2 : L'Etat et la forêt

    2.1. Institutionnalisation de la Mondah

    Avant 1934, début de l'exploitation de la forêt de la Mondah, peuplements riches d'okoumé: un permis industriel de 12400ha, attribué à la société forestière de la Mondah (SFM) 1934, retrait de cette concession par le service forestier et mise en réserve de 12.400 ha par arrêté « Gubematorial » du 22 février 1934. Une parcelle de forêt d'environ 10.200 hectares, située dans la région de la rivière Mondah, au nord de Libreville, est constituée en forêt domaniale classée et dénommée « forêt classée de la Mondah » par arrêt du 16 février 1951. Ainsi, le domaine classé est essentiellement la « forêt de la Mondah », qui est la première forêt gabonaise a avoir été constituée en réserve forestière, en raison de la diversité des espèces animale et végétale que regorgeait cette foret à cette époque.

    Le fondement juridique est l'article 4 du décret du 20 mai 1946 : la forêt est soustraite à l'exercice des droits d'usages coutumier. Elle est classée pour être d'abord protégée contre les défrichements agricoles et non contre l'exploitation forestière. Ses limites sont modifiées, par le décret présidentiel du 24 octobre 1967, par le déclassement de trois parcelles, soit 2.225 hectares au profit des populations locales. Sa superficie passant alors à 7.975 hectares. De nouveaux déclassements faits en 1977 et en 1980 sont annulés par le décret numéro 1403/PR/MEFCR du 17 octobre 1983, texte qui régit actuellement la forêt classée de la Mondah. Pour les besoins du parc d'activités scientifiques du Ministre Léon AUGE, une superficie de 500hectares fut déclassée.

    Si le concept de "forêt classée" à un sens en 1946, il n'est pas une catégorie juridique précise dans la loi de 1982, c'est un ensemble de catégories. Mais le décret du 17 octobre 1983 précise les restrictions d'utilisation, notamment les défrichements de toutes nature, la chasse, la pêche et l'exploitation sans titre des produits forestiers. Le statut de forêt de protection ou de forêt récréative préciserait ces objectifs, par rapport à la loi de 1982 et au projet du code forestier.

    La forêt de la Mondah a été affectée à l'Institut National d'Études Forestières (INEF), qui est l'actuelle École Nationale des Eaux et Forêts (ENEF), par le décret du 24 juin 1969 pour les besoins de son enseignement, comme zone expérimentale et d'aménagement. Le décret du 08 juin 1974 définit son mode de gestion: traitée en futaie d'okoumé mélangée de quelques essences diverses, elle peut faire l'objet de coupes, réalisées par l'école au cours de son enseignement, ou vendues par adjudications publiques.

    2.2. L'Etat et le foncier forestier

    La main mise de l'Etat rend anecdotiques les droits coutumiers des populations réduites et dispersées dans les massifs forestiers. On peut se demander si les réglementations forestières appliquées à la Forêt ont suffisamment considéré les populations rurales face à leurs besoins.

    Au Gabon, le foncier forestier est d'abord très largement un foncier de l'Etat. Les codes forestiers successifs, comme le code foncier actuels issus de la colonisation reprennent explicitement le principe du décret de 1935 qui exclut les produits forestiers de la catégorie des produits agricoles et fixe le principe: « Tous les biens vacants et sans maître appartiennent au domaine public ». Ayant ainsi limité, précarisé et réduit la légitimité de la gestion foncière traditionnelle des populations locales, l'Etat possède, en zone de forêt dense comme en zone de savane, la maîtrise et l'exerce de la gestion de la grande majorité des espaces de végétation naturelle.

    Mais il n'est pas exclut que dans l'article 253 du nouveau code forestier n° 016/1 du 31 Décembre 2001, il est stipulé que : « Article 253: L`exercice des droits d'usages coutumiers est libre et gratuit dans le domaine forestier rural pour les membres de la communauté villageoise vivant traditionnellement à proximité de ce domaine et sous réserve du respect des règlements restrictifs pour nécessiter d'aménagement ou de protection d'aménagement ». Il est effectivement autorisé aux populations rurales d'exercer des usages coutumiers dans les 5 km réservés à partir de la route et autres voies de transport. Dans cette surface, il n'est pas autorisé aux populations rurales d'abattre des essences qui répondent aux critères exploitables. Les populations rurales peuvent chasser des animaux partiellement protégés en respectant les périodes d'ouvertures et fermetures de la chasse. Elles peuvent également faire des usages coutumières dans des rivières en pratiquant la pêche à condition de ne pas empoisonner les cours d'eau avec des produits toxiques. Les problèmes que nous avons souvent avec les villageois ne peuvent pas être vu comme conflit car si les populations reconnaissent l'autorité de leur pays c'est une façon de reconnaître également les lois qui régissent cet État, elles ne doivent plus contester les lois édictées. Il y a peut-être une incompréhension ou un manque d'information aux populations rurales. Ainsi monsieur Nganga,36(*) directeur des études de l'E.N.E.F. déclare :

    « Dans le nouveau code forestier il n'est dit nul part que les villageois ne doivent pas effectués leurs usages coutumiers dans la forêt. Au contraire l'article 25 du nouveau code forestier n° 016/1 du 31 Décembre 2001. Il est effectivement autorisé aux populations rurales d'exercer des usages coutumiers dans les 5km réservés à partir de la routière. Dans cette surface, il n'est pas autorisé aux populations rurales d'abattre des essences qui répondent aux critères exploitables. Les populations rurales peuvent chasser des animaux partiellement protégés en respectant les périodes d'ouvertures et fermetures de la chasse. Elles peuvent également faire des usages coutumières dans des rivières en pratiquant la pêche à condition de ne pas empoisonner les cours d'eau avec des produits toxiques ».

    Il ajoute

    Les problèmes que nous avons souvent avec les villageois ne peuvent pas être vus comme des conflits car si les populations reconnaissent l'autorité de leur pays ils doivent également reconnaissance et respect aux lois qui régissent cet État, elles doivent plus contester ces lois édictées. Il y a peut-être une incompréhension ou un manque d'information aux près des populations rurales. »

    2-3 La dénaturation sous l'effet de la colonisation

    La colonisation a constitué pour les peuples qui l'ont subie une véritable révolution. C'est pourquoi, avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de décrire les caractères généraux du contexte colonial.

    Georges Balandier écrit que «... les rapports de domination et de soumission existant entre société coloniale et société colonisée caractérisent la situation coloniale »36. Et il définit ainsi la situation coloniale : «la domination imposée par une minorité étrangère, radicalement et culturellement différente, au nom d'une supériorité raciale (ou ethnique) et culturelle dogmatiquement affirmée, à une majorité autochtone, matériellement inférieure.»37

    Philippe Lechat, parlant des différentes conceptions de l'administration des colonies (notamment l'autonomie, l'assujettissement et l'assimilation), conclut que «en réalité il y aura beaucoup d'assujettissement, très peu d'autonomie et un soupçon d'assimilation.». Qu'entend t-il par assujettissement? «L'assujettissement subordonne totalement les intérêts de la Colonie il ceux de la métropole, la domination étant économique (système du pacte colonial ou de l'exclusif), culturelle (la métropole impose sa civilisation, ses valeurs jugées supérieures à celle des pays d'outre-mer), et également politique et juridique, complémentaire des deux autres types de domination. L'appareil politique et juridique de la Métropole est en effet nécessaire pour asseoir sa domination économique et culturelle. Cette conception conduit à l'annexion pure et simple du pays colonisé ou à l'établissement d'un Protectorat, forme d'annexion déguisée. ». Ceci nous donne une idée du type de rapports qui existait entre la France et ses colonies et qui constituent la toile de fond de ses entreprises.

    Voulant s'assurer un meilleur contrôle des territoires conquis, les Européens et en l'occurrence les Français dans le cas du Gabon, ont investi tous les aspects de la vie des peuples colonisés. Dans le domaine juridique, la puissance coloniale a opéré de deux manières: au niveau formel, par l'importation des modèles occidentaux d'institutions judiciaires et, au niveau pratique, par l'imposition des concepts et conceptions juridiques en vigueur en France.

    Du point de vue formel, l'implantation effective des Français au Gabon et ailleurs s'étant déroulée dans un vide juridique, le développement des rapports franco-autochtones et la naissance de conflits y relatifs ont mis en évidence la nécessité d'administrer la justice dans les colonies. L'ordre judiciaire institué à cet effet n'était qu'une reproduction de celui en vigueur dans la métropole, avec sa hiérarchie, son personnel, ses procédures. C'est ce que l'on a appelé justice indigène.

    Celle-ci comportait, en vertu de la catégorie d'indigène concernée, deux juridictions: celle des citoyens français et celle des gabonais. Cette dernière se composait: des Tribunaux de conciliation, des Tribunaux du premier degré, des Tribunaux du deuxième degré, une Chambre spéciale d'homologation qui jouait le rôle de la Cours de cassation. Le premier degré comportait des tribunaux coutumiers et des tribunaux du premier degré.

    Cette structuration de l'ordre judiciaire portait atteinte aux ordres locaux en ce qu'elle les inscrivait dans une nouvelle donne. Chaque peuple a, en effet, son expérience particulière de l'institution judiciaire avec ses hiérarchies, ses autorités compétentes, ses instances et ses règles de fonctionnement. Apathi-Bassah écrit que la justice a toujours été un sous-produit de la culture et de la civilisation. Son organisation et son fonctionnement sont tributaires des conceptions philosophiques qui animent les peuples concernés.

    A quel niveau donc pouvons-nous lire la dénaturation d'un système juridique? La dénaturation apparaît dans un premier temps au niveau des conceptions juridiques des populations. Mais bien plus encore elle se lit dans leur vision du monde. Parce que ce sont les populations qui portent ridée de l'ordre et qui le transmettent par divers moyens (éducation, écrits, pratique quotidienne, enseignement, etc.) à leurs descendants.

    En conclusion, dire que le droit africain est dénaturé, c'est dire que dans la pensée africaine (c'est à dire les conceptions, les croyances, les convictions, les idéologies, etc.), son principe fondamental a été démantelé et remplacé par un autre principe. Cette dénaturation procède, de deux facteurs: l'entreprise coloniale et son corollaire, les modes de vie actuelles.

    Chapitre VI

    Politiques étatiques de conservation de biodiversité

    Les forêts gabonaises bénéficient d'un traitement a par, allant jusqu'à la création des lois pour sa sauvegarde. En effet, dans ce chapitre, nous verrons en premier lieu, les politiques mises en place par l'Etat, puis la législation des ressources halieutiques et fauniques.

    Section 1 : Politiques étatique.

    1.1. Les différentes conceptions de la forêt.

    1.1.1. La forêt vue par L'ENEF

    L'Ecole Nationale des Eaux et Forêt est Une structure de l'Etat qui a vu le jour en 1959 au Nord de Libreville en milieu Benga. Cette structure de formation supérieure a pour principal objectif de former des techniciens de la sous-région dans le domaine de la protection de la nature forestière et aussi une formation sur la botanique des essences végétales et animales qui sont disponibles dans nos forêts tropicales. L'ENEF a une vue scientifique de la forêt. A travers cette école nous avons une « surveillance scientifique »de notre forêt avec la présence des agents des Eaux et Forêts dans toutes les localités du pays, et notamment dans la forêt de la Mondah.

    1.1. 2. La forêt vue par les ONG

    Les organismes internationaux conçoivent la forêt comme un écosystème qui mérite d'être protégé contre des agressions. Autrement dit, tout programme exogène qui ne s'appuie pas sur les motivations endogènes des populations locales est d'avance voué à l'échec. C'est un ectoplasme sur une jambe de bois. Toutes les ONG développant des protections dans le cadre de la mise en place des forêts non agressés sans s'appuyer sur les communautés locales développent des programmes consciemment et rationnement voués à l'échec, car les seuls acteurs qui étaient sur le terrain avant des ONG et même avant l'Etat et qui seront sur le terrain après les ONG, nous n'oserons pas dire après l'Etat, sont les communautés locales.

    Les charges que sont tenues de réaliser les agents des ONG sont de protéger au sein des communautés le respect symbolique des totems et autres stratégies de gestion durable de l'environnement. Cette protection se réalise aussi à travers des tenures foncières, c'est à dire la gestion et la transmission des terres. Elle est aussi faite à travers les incitations de la tradition orale; Par ce moyen l'enfant apprendra à reconnaître la dénomination des éléments constitutifs de la faune et de la flore caractéristiques de son environnement des relations écologiques.

    1.1.3. La forêt vue par les agents du reboisement.

    Le reboisement est l'activité qui consiste à replanter des arbres lorsqu'une parcelle en est dépourvue soit à cause d'une calamité comme la désertification, soit à cause d'une surexploitation du bois dans le milieu forestier. Ce besoin manifeste des écologistes à soigner la nature, montre la volonté des uns à vouloir garder intact ce patrimoine qui nous été légué par nos ancêtres dont nous sommes chargés de protéger pour qu'à notre tour, nous puissions le transmettre aux générations futures dans un parfait état. Le droit ne nous est pas donné de détruire la forêt pour se satisfaire car se serait égoïste de priver à nos enfants ce que nous avons reçu de nos parents.

    1.1.4. La forêt vue par les Benga

    Pour les Benga, la forêt est une source importante de l'imaginaire. En ce sens qu'elle est le monde phénoménal ambiant ou ils puisent des signifiants, mais aussi ou ils lisent des signes (proverbes, chants devinettes, comptines, divination, etc.). La forêt reflète une sémantique faite d'ordre, d'harmonie et de rythme; l'homme s'y intègre en jouant ce rythme, pour éviter qu'il ne disparaisse (Houis 1973). Le rythme de la nature, c'est celui de la société et qui, en définitif, rythme l'homme. Pour les Benga, il ya une juxtaposition entre l'univers physique et celui de l'invisible.

    1.2. Création des réserves et forêt classées

    1.2.1. Ministère des Eaux et Forêts

    - La loi 1/82

    A l'analyse, on peut noter que la législation forêt au Gabon poursuit un objectif majeur: pérenniser les ressources forestières. Cette loi a été mise en place pour promouvoir et développer, dans le cadre global et cohérent d'aménagement rationnel du territoire, une gestion que l'on pourrait qualifier d'orthodoxe des ressources forestières, faunistiques et halieutiques. Cette loi vise plus précisément les objectifs suivants:

    - faire l'inventaire des ressources dans le but d'améliorer les connaissances, tant sur le plan quantitatif que qualitatif;

    - aménager les ressources afin d'assurer l'équilibre entre l'exploitation et le renouvellement;

    - reconstituer les ressources afin d'en assurer la pérennité;

    - exploiter rationnellement les ressources afin d'une utilisation optimale et contrôlée ; - promouvoir l'industrie de la filière bois

    - protéger et inciter les gabonais à s'y investir;

    - faire de la recherche et la formation afin d'en accroître la productivité;

    - informer et vulgariser en vue de sensibiliser et éduquer les usagers et les populations.

    Tous ces objectifs pour louables qu'ils sont ne mettent pas en avant ce que pensent les populations qui sont au contact de ces forêts. On ne peut véritablement protéger qu'en s'inspirant déjà des pratiques des populations, or ici semble-t-il, on reste dans cet Etat non seulement englobant, mais pire encore exogène. Les méthodes traditionnelles de gestion des terres, des arbres, des eaux sont tout simplement mises entre parenthèses.

    1.2.2. De la protection de la forêt économique à la protection de l'écosystème

    Un avertissement est nécessaire: on doit prendre garde à ne pas faire de mauvaise interprétation ou de confusion entre les termes utilisés. Cette confusion est née de l'évolution des différents textes qui ont réglementé, depuis 1946, le régime forestier. Ce qui est aujourd'hui défini comme forêt domaniale classée et forêt domaniale protégée par la Loi d'orientation du 22 juillet 1982 n'implique pas toujours un statut de protection. On pourrait même dire que la forêt domaniale protégée ne bénéficie d'aucune protection formelle.

    En 1946, le décret fixant le régime forestier en Afrique Équatoriale Française, signée le 20 mai, prévoit que les forêts appartiennent au domaine privé de l'État et qu'elles sont réparties en deux catégories:

    - Les forêts classées qui constituent le domaine forestier classé;

    - Les forêts protégées qui constituent le domaine forestier protégé.

    Les forêts classées gérées directement par le service des Eaux et Forêts, comprennent:

    a) Les anciennes réserves forestières qui existaient avant le 20 mai l946.

    b) Les forêts classées qui font l'objet d'un classement après le 20 mai 1946.

    Les forêts protégées sont celles qui n'ont pas fait l'objet d'un arrêté de classement.

    Ainsi, ce que le décret veut protéger (d'abord en plaçant les forêts dans le domaine privé de l'État), c'est la forêt contre les autres utilisations, principalement les droits d'usage et l'agriculture, impliquant des défrichements à titre permanent ou temporaire. De ce fait, les forêts ne sont pas classées pour être soustraites à l'exploitation forestière, on pourrait même dire, qu'au contraire, dans les forêts classées, l'exploitation est faite en régie (c'est-a-dire, par les services des Eaux et Forêts ou par les services publics, pour leurs besoins propres) ou par vente de coupes en adjudication publique (après que le service forestier aura effectué l'estimation des lots et si possible le martelage).

    En 1955, le décret du 20 mai relatif à la protection des forêts développe une autre préoccupation en vue de sauvegarder l'intérêt général, et pour tenir compte de l'influence du boisement, notamment sur la protection du sol, le régime des eaux et le climat, mais maintenir les deux notions juridiques: les forêts sont soumises soit à un classement, soit à une protection. En effet, selon le décret du Code forestier 16/10 du 22 juillet 1982, les rédactions du nouveau code forestier ont nettement amélioré les définitions: le domaine forestier permanent de l'État est constitué des forêts domaniales classées et les forêts domaniales productives enregistrées (le terme ambigu de forêt domaniale protégée disparaît). Les forêts domaniales classées présentent des intérêts de préservation, par contre, les forêts domaniales productives sont affectées à la production (ce sont les forêts attribuées et réserves forestières de production). A ceci vient s'ajouter dans le nouveau code forestier, le domaine forestier rural, dont la jouissance est réservée aux communautés villageoises.

    De ce fait, les forêts classées assurent la protection, les forêts productrices la production, ainsi, les incohérences et les ambiguïtés de la Loi de 1982 sont levées. Nous sommes arrivés aux antipodes de la définition des forêts classées de 1946, puisqu'en cette époque, ces forêts sont celles qui devaient être affectées à la production de bois et classées pour leur potentiel économique, après avoir fait l'objet d'un plan d'aménagement.

    1.2.3. Les réserves

    Les réserves forestières se distinguent par leur caractère temporaire: ce sont des réserves de la ressource-bois, et non des zones de protection de l'écosystème forestier. Ces ressources provisoires se distinguent des réserves forestières du décret de 1946, lesquelles pouvaient être définitivement placées dans le domaine classé sous l'appellation de " forêts classées"

    En effet, elle maintient les réserves provisoires, zone de protection ou l'abatage des okoumés est interdit, et introduit les réserves d'enrichissements, créées sur proposition du ministre des Eaux et Forêts, dans les parties de permis d'exploitation forestière déjà parcourues par les coupes et mises en réserve pour être enrichies en essences de valeur commerciale. Mais la loi du 22 juillet ne les mentionne que brièvement. Elles réapparaissent avec plus de vigueur dans le projet de code forestier, comme moyen de gestion et d'aménagement de la forêt. Elles appartiennent aux forêts domaniales productives enregistrées sous le nom de "réserves forestières de production", ce ne sont donc pas des forêts classées.

    Ainsi, l'arrêté ou la décision créant une réserve forestière ne fixait pas généralement la durée de celle-ci. Le procédé de la réserve forestière a récemment été remis en vigueur par l'Arrêté du 15 avril 1993 portant mise en réserve de peuplements naturels d'okoumés, au sud-est de l'Estuaire du Gabon, pour la mise en oeuvre d'un plan d'aménagement. On a vu que le décret du 20 mai 1946 transformait, sous conditions, les réserves forestières existantes en" forêts classées", et qu'il prévoyait la création de nouvelles forêts classées.

    1.2.4. Les forêts classées

    Après 1946, de nouvelles zones de forêts devaient être classées pour être soustraites aux droits d'usage coutumiers dans des régions peuplées ou les risques de défrichements sont le plus élevés, ou pour faire un plan d'aménagement pour les services chargées des forêts, préalable à une exploitation future. Elles pouvaient également constituer des périmètres de protection de sources et de cours d'eaux, ou de sauvegarde du littoral.

    En fait seul le décret de classement donne des informations sur les restrictions d'usage prévues à l'intérieur de la zone classée. C'est ainsi que le décret du 17 octobre 1983 interdit les défrichements de toute nature, la chasse et la pêche à l'intérieur de la forêt de la Mondah, et que le décret du 10 janvier 1972 prévoit que la forêt classée de la Haute Lébombi est soustraite à l'exercice du droit de chasse et l'exercice du droit d'usage autres que le ramassage du bois mort, la récolte des fruits et des plantes alimentaires et médicinales.

    Récit37(*) de Nguema Essono Jean-Baptiste38(*), sur la conception de forêt classée.

    « Si, la forêt du Cap-Estérias, aujourd'hui est érigée en forêt classée, c'est à cause de la forte exploitation forestière allant des années 1932 vers 1975. Après cette première exploitation, la première zone s'est retrouvée ruinée et les autorités ont pensé reboiser pour que plus tard le phénomène d'exploitation recommence. Avec la construction de l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF) dans les environs, cette forêt, sert non seulement aux expériences scientifiques des étudiants en attendant que les essences reboisées atteignent les dimensions réglementaires pour une nouvelle exploitation, mais aussi une base d'entrainement pour les militaires.

    Il est vrai, qu'au regard de tout cela, la vie des villageois vivant dans les environs de cette forêt prend un coup. Ils ne peuvent plus pratiquer leurs travaux agricoles normalement. Ils ne peuvent plus se vêtir comme autrefois et ne peuvent plus se soigner avec les éléments de la nature comme auparavant car le peu de terre qui leur reste, non seulement ne suffit plus pour toute la démographie galopante mais aussi elle est surexploitée au point que la production agricole devienne faible pour toute la population. »

    « Nous Agents des Eaux et Forêts sont conscients que c'est le classement de la forêt de la Mondah qui est la cause de nombreux problèmes entre administrateurs et les habitants des villages environnent. Bien que nombreux de ses populations ont le regard tourné vers la mer mais elles vivent au quotidien sur la terre ferme. »

    Je suppose que l'Etat, a pris une décision sage de classer la forêt de la Mondah pour satisfaire les exploitations futures et la curiosité expérimentale des chercheurs de l'E.N.E.F.Il faut aussi savoir qu'elle est située proche de la ville, il lui fallait bien une couver ture. Mais, il savait également que les zones tampons laissées à la disposition des villageois n'allaient pas satisfaire ces derniers avec une démographie galopante qui nécessite une grande production et une grande superficie. »

    1.3. Implication des O.N.G

    La participation de ces acteurs (organisations non gouvernementales), n'est pas obligatoire, mais nécessaire à la réussite des politiques de protection ou de classement des forêts. En effet, ils peuvent jouer un rôle très important dan la conservation et le développement de la biodiversité, la sensibilisation et l'appui à la formulation et même au suivi des éventuelles réclamations des populations.

    La forêt représente une importante source de richesses pour le développement socioéconomique du Gabon. Le classement de celle-ci trouve sa raison dans la nécessité de planifier le développement forestier d'une manière harmonieuse et concordante en tenant compte des capacités réelles des ressources en place. Il faut s'assurer que l'impact des activités humaines actuelles ne provoque pas de dégradations catastrophiques des ressources naturelles, afin que celle-ci soit transmise aux générations futures. Il est donc question de rationaliser l'occupation des terres pour une gestion équilibrée et durable.

    Les objectifs d'une forêt classée peuvent être de plusieurs ordres, comprenant la production, la protection, la récréation ou des buts multiples englobant la production, la protection de l'environnement et la conservation de la diversité biologique du patrimoine national, en effet, la gestion d'une forêt classée ne se fait pas au hasard. La loi prévoit que la forêt du domaine national doit être dotée d'un plan d'aménagement définissant les objectifs et règles de gestion de cette forêt, ainsi que les moyens qui sont mis en oeuvre pour atteindre ces objectifs, puis la proposition de droits d'usage qui resteront accordés aux communautés locales. Ce plan d'aménagement doit être régulièrement révisé et toute activité qui sera menée dans la forêt classée devra respecter les prescriptions du plan d'aménagement.

    Récit39(*) n°15 - Assam Arsène40(*) sur Le danger que courent les populations rurales et urbaines face il la destruction de la forêt classée de la Mondah

    1. Le problème de la forêt classée de la Mondah c'est d'abord la proximité de Libreville. Si ce n'était que les populations locales, la forêt serait gérée d'une manière durable. Il y a aussi la pauvreté des populations rurales et urbaines qu'il ne faut pas oublier. C'est ce qui pousse les gens vers la forêt pour chercher de quoi vivre. Ces populations qui reviennent en masse de Libreville sont les principaux pionniers, les destructeurs de cette forêt. Il y en a qui vont chasser, d'autres des plantations pour ensuite vendre les récoltes, avoir un peu d'argent, pour vivre sans oublier ceux qui vont pour pécher et prendre les essences forestières en ce qui concerne les nganga.

    2. Pour le moment, il y a deux ONC qui interviennent dans la forêt classée de la Mondah. Il y a le CRASNA T et le CADDE, le WCS intervient mais il est plus présent dans les parcs et réserves à l'intérieur du pays. Nous avons presque la même politique, celle de la sauvegarde de cette forêt. Ce n'est pas nous qui pouvons bloquer les projets de développement de l'État. Mais il faut dire aussi que ces projets ne sont pas en conformité avec leur loi. Celle qui interdit toute installation dans la zone classée. Je ne suis pas la pour parler politique.

    3. Mais, si cette forêt venait à disparaître, nous courrons tous un grand danger. Sur le plan écologique, on parle de changement climatique. Quand j'allais au Cap en 1988, il pleuvait tous les jours, même pendant la saison sèche. Mais aujourd'hui, le manque de pluies, la chaleur on dirait que le soleil est au dessus de nos têtes, tout cela provient de la de déforestation de la forêt classée de la Mondah. Sur le plan économique, si cette forêt venait a mourir, c'est une grande perte pour le Gabon, car c'était l'une des premières forêts a faire des essais de plantation d'Okoumés cela date de 1930.

    4. Nous pouvons dire que les premiers déclassements ont favorise l'entrée des populations dans la forêt, de même que les autres déclassements. Le déclassement de 2004 par exemple a déclassé près de deux mille hectares (2000 ha). La conséquence s'est que, une fois on déclassé, les populations s'installent sur la partie et les activités poussent plus loin dans la forêt. Toute la partie Sud de la forêt est partie du pont Avorbam jusqu'il la route Malibe 2, qui fait la limite actuelle de la forêt classée de la Mondah.

    5. Tout cela fait partie de notre mauvaise politique ou de la mauvaise conservation des ressources naturelles et comme je le disais, c'est une forêt qui n'a pas été aménage entant que tel. Il y a des projets d'aménagements mais qui n'ont jamais vu le jour, ils restent sur papier.

    6. Il est difficile aujourd'hui de dire aux populations de Libreville d'arrêter l'exploitation. Car même si l'État pense que cela ne vaut plus la peine et qu'il n y a plus rien à sauver, puisqu'il ne reste que 4930 ha sur la superficie classée au départ (10 200 ha). Ce que nous voulons, c'est garder un noyau, qui sera comme un parc urbain. Je le redis, nous ne pouvons pas arrêter les projets de développement de l'État, mais nous voulons simplement avoir un souvenir de ce patrimoine forestier. Car, dans cinq ans, si rien n'est fait, cette forêt va complètement disparaitre.

    Ce récit d'Assam Arsène nous entretient sur le danger que courent les populations rurales et urbaines face el la destruction de la forêt de la Mondah. Il commence par montrer combien d'ONG intervient dans cette forêt et donne leur position face aux projets de celui-ci. Le problème de cette forêt commence par son approximité de la ville, puis la pauvreté qui est sans cesser grandissante. Les populations sont obligées de se rabattent dans les forêts les plus proche, notamment celle de la Mondah, d'où sa surexploitation des ressources.

    Les ONG et les politiques gouvernementales s'affrontent sur le terrain, du fait que les ONG n'approuvent pas les politiques mis en place par les autorités étatiques. Dans ce récit nous avons une fois de plus l'hypothèse de pro-forêt (ONG) et d'anti-forêt (autorité étatiques).

    Récit41(*) n°16 - Allogho Eyi Clavers42(*), Sur la politique de gestions durable de Biodiversité au Gabon

    1-Nous pouvons dire qu' entre le parc et la forêt classée, il n y a pas de différence entant que telle, mais se sont les statuts qui différent. Un parc ne doit avoir aucune activité, et a une surveillance intensive, par contre, une forêt classée peut avoir un certain nombre d'activités qui sont admises. Aussi, l'implantation de l'armée est très bénéfique pour cette forêt, parce qu'il protège une grande partie de la forêt. Eux, ils ne détruisent pas la forêt, au contraire, ils ont besoin de celle-ci pour leur entrainement, pas comme ceux qui ont des intensions dévastateurs tel que: les agriculteurs, les exploitants du sable et du charbon, etc.

    2- Aucune politique ne réussit mieux au Gabon. Car, on crée un parc aujourd'hui, il suffit qu'on ait un intérêt économique, on le case. C'est de même avec la forêt classée. Nous avons le parc de Loango ou se font des recherches pétrolières, la même chose avec le parc de l'Ivindo, donc vous voyez qu'il n y a pas que la Mondah qui est en danger. La Lope, qui, parfois les espèces fauniques font l'objet de chasse pour les cérémonies de certaines personnes et ou les populations locales sont souvent taxes de braconniers. Un parc est d'arbre général et non personnel.

    4- Comme je le disais, le problèmes, ce sont les décideurs et leurs politiques qui sont il revoir, pour la bonne marche des choses. Nous les ONG, nous ne pouvons pas décider. Se sont les décideurs qui disent ce qu'ils entendent faire, et nous, nous posons seulement les actes qui vont dans le sens de la conservation de la forêt. Comme nous l'avons fait lorsqu'on s'est oppose au projet sur la forêt classée de la Mondah. Nous nous sommes constitues en association avec les autres ONG environnementales.

    5- Nous avons montre les inconvénients, à savoir que nous serons à la merci des vents marins et pourquoi pas s'attendre à une catastrophe, comme dans les pays asiatiques. Il ne faut pas oublier que même la mangrove est touchée par cette exploitation, et la mangrove pour une zone côtière est d'une grande protection et d'un grand apport. Le couvert végétal est très important pour l'homme et le protège de beaucoup ils ne le savent pas encore.

    Dans ce récit M. Allogho nous a entretenus sur les politiques de conservation au Gabon. Il commence en montrant l'importance de la présence d'une base militaire dans la forêt de la Mondah, celle-ci protège une partie de la forêt surtout celle qui entoure leur camp. Puis, il va faire une différence entre un parc et une forêt classée en partant du fait qu'ils ne sont vraiment pas aussi distinct qu'on peut le croire sauf au niveau des statuts. Il poursuit en donnant des explications sur la politique de conservation et leur manque de réussite au Gabon. Il en sortira que le véritable problème sera les décideurs et leur politique d'intérêt personnel qui soit à l' origine de cet échec.

    En continuant, il donnera la position des ONG face à cela. Il ressort qu'ils sont impuissants face à ce phénomène, mais qu'ils ne sont pas obligés de suivre. Il termine en donnant l'importance que cette forêt à être a cet endroit, une importance d'ordre général et donc national car, s'il arrive une catastrophe a Libreville, c'est toute la nation qui est touchée.

    Ce récit nous renseigne beaucoup sur le comportement de nos dirigeants. Il ressort que l'affaire des conservations ou de protection de l'environnement n'est pas une affaire nationale (générale), mais plutôt personnelle et que l'intérêt économique prime sur l'intérêt politique.

    Récit43(*) n°17 - Assam Séraphin44(*) Sur les ambitions du GRASNAT45(*) sur la Mondah

    1. Notre organisation a été crée en mars 1998, notre objectif est la sauvegarde des reliquats forestiers de la forêt classée de la Mondah suite à la mise en place d'aménagement de cette forêt qui prévoyait des prochains aménagements d'un plan d'éducation et du tourisme. C'est ce plan que l'ONG a récupéré pour l'éducation dans la forêt classée de la Mondah. Au total, cinq sentiers d'environ 12 km ont été aménages.

    2. Nous organisons depuis 1999 des sorties de classe nature avec les élèves de Libreville ainsi que les adultes. On peut dire que l'objectif principal est l'éducation en milieu forestier, apprendre aux jeunes comment sauvegarder la forêt.

    3. Pour l'instant, l'ONG travaille avec WCS sur un rapport d'évolution qui se déroule dans la forêt classée de la Mondah, suite à une mission effectuée en janvier - mars 2006. A la suite, nous aurons pu identifier un projet, celui de mettre en place un centre d'éducation en milieu forestier dans forêt classée de la Mondah, ce projet verra le jour en janvier 200B.

    4. Un centre d'interprétation de la forêt, pas avec des investissements lourds. Une salle avec des projecteurs, des hangars ou les gens pourront s'abriter, des pistes et des parcelles d'observation de la canopée, avec comme but la sauvegarde car, nous allons intégrer ce centre dans la forêt.

    Ce récit de M. Assam Séraphin comprend quatre paragraphes. Dans le premier, l'interlocuteur nous situe selon la date de création de l'ONG et nous donne les principaux objectifs de celui-ci. Il poursuit dans le deuxième paragraphe avec les différentes réalisations sur le terrain. Un peu plus loin dans le troisième paragraphe, il parlera de leur collaborateur actuel et leur politique. Enfin, il fini avec des explications concernant leur future réalisation dans la forêt de la Mondah.

    Ce corpus est particulièrement important pour nous car, vu la pression humaine qui s'abat sur la Mondah, il y a un peu d'espoir de sauvegarder quelques espèces que nos générations futures pourront peut être pas en bénéficier, mais voir. Il est aussi important en ce sens qu'il ressort que l'investissement de 1 `ONG ne sera pas nuisible pour la forêt, mais peut être un parc d'attraction touristique, et un lieu ou les gens pourront apprendre à respecter la nature (forêt), qui nous protège.

    Section 2 : Législation des ressources halieutiques et fauniques

    2-1. Ressources halieutiques

    Les ressources halieutiques sont réparties en quatre unités ou zones de gestion, chacune ayant des lois et règlements spécifiques d'exploitation. Ainsi, la première zone qui couvre les eaux continentales jusqu'aux embouchures, est réservée aux pêcheurs gabonais se livrant à la pêche artisanale. Les autres zones, caractérisées par leur distance respective par rapport à la côte, s'ouvrent à d'autres utilisateurs. C'est le cas de la quatrième zone, située au delà de six mille marins, qui est réservée à tout Gabonais et expatrié désireux de pratiquer la pêche industrielle.

    De façon globale, à l'exception de la pêche coutumière et de la pêche scientifique, nul ne peut se livrer à une activité de pêche dans les eaux gabonaises sans autorisation préalable de l'administration compétente. De la même façon, nul ne peut importer ou exporter des produits aquatiques sans certificat d'origine signé par les autorités compétentes. Sont également interdits toute pratique et tout instrument de pêche ayant un effet dévastateur sur la faune halieutique (explosifs, filets mono filaments, drogues etc.). Afin de mieux gérer et conserver la faune et la flore aquatique, la création de réserves demeure de mise.

    Récit46(*) n°18 en benga de Bolingo Jean47(*).Sur les ressources halieutiques

    odibawango, tina hue ediake, kabelo, mia manga oviameke, momo wuepi wua benga a hue y yobo andiwa me pago, omboka, na betoko. tina te di ya hukue baba ya kuakidi de hue yobo. ogombo teyene hudiaka name tores.

    Nous sommes des peuples côtiers et nous ne vivons que des produits et des aliments prélevés en mer. La vie en mer est notre première activité, nous pêchons depuis notre jeune âge, un homme qui ne maîtrise pas la pêche en mer a tous les problèmes d'insertion dans notre communauté. Il va de ce fait avoir des problèmes pour stabiliser son ménage. C'est pour nos parents d'autrefois nous initiaient le plus tôt possible à l'activité de la pêche. A cette époque on n'avait pas besoin des pirogues à moteurs comme aujourd'hui qui permettent de faire de longues distances pour choisir des sites les plus fructueux en poissons laissant les bordures de la plage aux jeunes qui apprennent à pêcher

    obua, hua wua y o lope ovala kayabo bo. nana mekabo medi, na y banga dja me tunda. lobotelone lodiadi bedia ka beite opele y a y valako yobo ovone ovekendime tunda di daga tene, babonga bavenke me tunda

    Aujourd'hui le nouveau découpage administratif des eaux de mer, nous nous trouvons dans une nouvelle configuration qui voudrait que les villageois que nous sommes ne puissent pas dépasser une certaine distance de pêche. D'après ce que les agents des Eaux et Forêt nous disent que notre pêche couvre la première zone qui va des eaux continentales jusqu'à l'embouchure on a pas droit de dépasser ses limites de peur d'être verbalisé d'une amende. Comme vous pouvez le comprendre, ses indiquer sont celles qui n'ont plus assez de poissons aujourd'hui. Maintenant, pour accéder dans la zone ou il y a beaucoup de poissons; il faut payer des taxes, ce qui n'est pas possible pour nous autre villageois.

    2.2. La ressource faunique

    Au titre de la gestion des ressources fauniques, on distingue deux grandes catégories de zones d'exploitation. La première concerne les aires d'exploitation rationnelle situées au sein des forêts domaniales classées alors que la seconde touche les aires d'exploitation non protégées. A l'intérieur des aires d'exploitation rationnelle de faune (parcs nationaux, jardins zoologiques, réserves intégrales de faune, sanctuaires de faune, etc....), la chasse, sous toutes ses formes est proscrite, au même titre que la création des villages, des campements, les usages coutumiers, les manoeuvres militaires, etc.

    Dans les aires d'exploitation non protégées, la chasse et les usages coutumiers sont autorisés en autant qu'ils se conforment à certains règlements. Ainsi, l'exercice de la chasse moderne requiert un permis de chasse délivré sur présentation d'un permis de port d'arme. Ce type de chasse interdit toute pratique et utilisation d'engin ne permettant pas la conservation et le renouvellement des espèces animales. S'agissant de la chasse traditionnelle au moyen d'armes de fabrication locale, elle est autorisée uniquement pour des animaux non protégés.

    De façon globale, la commercialisation, la détention et la circulation d'animaux sauvages vivants, de dépouilles et des trophées sont interdites au Gabon. Ce Récit48(*) n°19 nous a été livré par Mbereno Michel49(*).Sur la commercialisation du gibie.r

    mambo dja hu obeudjo oka hue dja kepe tito na djo diabato, ma fosterias. bayeneke na tito te diney nagudi epumake ohiteyene edjadi himbo yene na y via kadja bedja, odina pahua ehea ke djo. ohuombo, mua hu odiani di ma lambo opele ya buea dja tito y bi.

    Ici dans nos villages du Cap, nous ne pratiquons plus la chassée comme par le passé. Depuis que la forêt classée existe. on a plus droit de manger de la viande brousse. De peu qu'on te voit avec un animal de brousse, les agents des Eaux et Forêts viennent arracher en prétextant qu'il a été tué dans la forêt classée. Ne peuvent-ils pas imaginer un seul instant que les animaux peuvent sortir de la forêt classée pour des zones tampons dans lesquelles nous plantons tubercules. Nous avons le droit de protéger nos plantations contre les animaux.

    y la wuaki adi y nuna wuadiape toto, dja hiki, kabo, ba toto vakie ovia, opombue, na mbudji bu na madjiali djatine ya ba forestier eha himbadibo, nikena, bodi bahueyake tito dia ehi te y ene.

    La seule chasse que nous effectuons actuellement est la pratique cynégétique qui consiste à poser des pièges tout autour de nos plantations afin d'éviter que nos produits agricoles soient à la portée des animaux sauvages. je peux vous dire franchement que, nous qui habitons le Cap nous ne chassons plus, il n'y a que les hommes revenant de la ville qui font soit pour la chasse aux chiens ou la chasse aux fusils. Ce qui est curieux, c'est que les agents des Eaux et Forêts ne leurs font pas un contrôle strict comme ils le font pour nous, pourtant se sont eux qui font le braconnage des animaux protégés.

    2-3.Le fermage

    Le fermage c'est (La Sous-traitance des concessions forestières)une pratique par laquelle le propriétaire d'un permis qui n'est pas en mesure d'exploiter, ou qui ne peu le faire, cède des droits à une tierce partie, en échange du versement d'une rente. Cette pratique est préjudiciable à une gestion forestière durable car elle encourage une mentalité de rentier et la passation d'accords incertains à court terme. Le fermage est largement pratique en raison de deux lacunes du droit gabonais. L'article 20 de la loi 1/82 stipulait que toute personne souhaitant se lancer dans l'exploitation forestière doit obtenir l'agrément du Ministère des Eaux et Forêts.

    L'article 21, quant à elle disait que « les permis d'exploitation et les autorisations d'exploiter sont strictement personnels » et ne peuvent attribués que par le Ministère des Eaux et Forêts. Ces deux articles clés font allusions à des décrets d'application ultérieurs relatifs aux démarches pour obtenir l'agrément et les autorisations nécessaires. Toutefois, ces décrets n'ont jamais été rédigés, ce qui a donné lieu à diverses interprétations de loi et à une prolifération d'accords de fermage. Beaucoup s'accordent à dire que le fermage est illégal, même s'il est largement tolère. Cette pratique est largement répandue dans la zone 1 mais elle devient également fréquente dans la zone 2.

    Récit50(*) n°20 Lekouma Brice51(*).Sur la pratique du fermage

    ehiki eyove mete odinapahua ehambakiide, yo. namo totemato aveko ve dole y te,elombo, edi ovela bato buambako edi elombe eyamu, ombanka, nana ohobena manda ma beha no, obe le ya idia dia buamu, batoba forestier badikaka hue, eganbe; ya ehia hu mete.

    Le fermage est une pratique qui consiste à concéder son permis d'exploitation à quelqu'un d'autre plus nanti financièrement qui en retour vous donne de l'argent liquide. Cette pratique est pour nous les locaux, le seul moyen de se faire de l'argent étant donné qu'ici au village nous ne disposons pas des sociétés pour avoir un emploi, pour le bien vivre. seulement les agents des Eaux et Forêts ne nous laissent pas la liberté totale de jouir de notre patrimoine forestier

    opuwa uviedi, y duanaki, na mepako. nabato ba forestier nana y hambakidedi,ehiame, namo adjan djake ehiki, bavekiba utunda, bomete bapangakie, bavahadi; odjabone buamu buamu bemuahiki bahayehue elombo opele y a beno bia hu y neni meto oyene nanga ma dja ma dja djongo liango goveni abena koko nohue tombe hue me to ova hake ova ha elondo ope ya mboka ho.

    L'année dernière j'ai eu de sérieux problème avec la Ministère des Eaux et Forêts pour avoir concédé mon permis à un exploitant forestier. Cela m'a valu une amende. parce que les autorités administratives veulent seul bénéficier es revenus de nos forêts sans que nous n'ayons rien et sans qu'il n'aménage nos conditions de d'existences qui restent toujours précaires. Vous même, vous pouvez voir comment nos routes sont défectueuses. L'Etat n'a aucun souci pour nous, même lorsque nous voulons nous-même faire quelque chose qui reste profitable à nous et à toute la communauté.

    Quatrième partie.

    Relation conflictuelles et constats

    Chapitre VII

    Relations conflictuelles

    Il faut noter que, la forêt classée de la Mondah, en marge d'être la mère nourricière des populations qui l'exploitent, elle est au centre du conflit qui opposent ces populations aux agents de l'Etat (Eaux et Forêts, membres du gouvernement, soldats français, des O.N.G. et d'autres exploitants). Ainsi, dans la première section nous aurons les raisons de cette inadéquation, puis par la suite nous verrons les constats faites sur le terrain.

    Section 1 les pratiques en vigueur

    1.1. Inadéquation des conceptions

    Les activités dans la Mondah ne sont pas sans conséquences. Dans ce chapitre nous allons parler des impactes de ces activités sur le milieu. Nous verrons premièrement les conséquences des politiques de classements au niveau social, ensuite le contraste qu'il y a entre la politique environnementale et la forêt classée de la Mondah. Enfin, les effets des activités entropiques sur la forêt. Les conséquences sociales des politiques de classement. Ce sont tous ces facteurs qui concourent à des relations conflictuelles, entre les populations, l'Etat, et la forêt de la Mondah.

    La forêt gabonaise est à l'évidence soumise à une destruction d'avantage corrélée aux indices qui naissent avec le phénomène urbain d'une part, d'autre part, une autre corrélation existe avec l'économie moderne; l'économie forestière comme la nouvelle économie agricole peuvent ne pas mobiliser une forte population et affecter pourtant profondément la forêt.

    À défaut de surpopulation, l'exploitation intensive de la forêt, favorisée par les progrès techniques peut entraîner une déforestation massive. Depuis que la problématique de l'environnement est à jour, nombreux sont ceux qui ont pris conscience de la gravité de cette situation, en se référant à la zone côtière, notamment la forêt de la Mondah qui a subit l'exploitation forestière sur plusieurs vagues, aujourd'hui presque appauvrie. Cet état de choses a des conséquences non seulement sur la forêt elle-même, mais également sur les populations qu'en dépendent. Car, le bien-être de ces autochtones en dépend.

    Les facteurs socio-économiques utilisés en milieu rural sont dépendants des modes de production assortis au degré de développement de ces populations et de l'attachement a leurs traditions ancestrales. Au cours de nos investigations dans la forêt de la Mondah, nous avons remarqué que la création des forêts classées peut par moment perturber l'organisation socio-économique des populations qui y vivent, sans pour autant apporter des solutions durable.

    Par conséquent, les politiques actuelles de conservation de la forêt mettent en péril l'avenir des populations locales. Elles apportent des besoins nouveaux dans leurs soucis de développement et désorganisent les structures sociales existantes.

    Sans exagérer, elles sont à l' origine de l'augmentation du niveau de vie et le changement des habitudes alimentaires des paysans dont la survie dépendait entièrement des produits locaux, désormais classés. Ayant découvert certains aspects de la société moderne, elle va au devant de la satisfaction de ces nouveaux besoins, malgré leur coût élevé. Ces besoins sont également superflus.

    De tout temps, les produits de la forêt ont joué un rôle primordial dans la santé et l'alimentation des habitants. La forêt satisfait à leurs besoins de subsistance (le logement, les outils, les aliments). Pour les populations (locales et urbaines), les forêts riveraines sont une assurance, plutôt qu'une source régulière de revenus. Étant au départ pauvre et assurant l'autosuffisance alimentaire grâce aux ressources forestières, son classement sans tenir compte des besoins et des opinions des populations, ne fait qu'accentuer leur état de pauvreté entraînant avec elle des divisions sociales. Nous avons alors pu observer qu'ils sont de plus en plus confrontés à l'exiguïté de l'espace agraire. Un bosquet dans lequel ces femmes ont mis une plantation deux années de suite voire même trois ans, qui a perdu ses grands arbres, se transforme en savane. Cette conséquence explique le rapprochement des champs près des villages.

    1.1.1. Politiques environnementales et la FCM : un rapport contrasté

    L'aspect juridique et institutionnel en vigueur. En effet, le statut juridique a été soumis à une rude épreuve par le gouvernement jusqu'en 1980. Le décret n°01403/PRlMEFCR du 17 mars 1983, portant annulation des arrêtés n0956/PR du 4 août 1977 et n0692/PR du 24 mars 1980 n'ont pas atténués les dégâts causés à la forêt classée de la Mondah. Car aucune application de ces textes ne sera faite, c'est le cas notamment des articles 2, 3, 4, 5 et 6 dudit décret prohibant et sanctionnant tout acte, tel que: les défrichements de toute nature; l'implantation des cases, de campements, de villages, de routes et de piste; les constructions de toute nature; les manoeuvres militaires; la chasse; la pèche et l'empoisonnement des rivières; l'exploitation sans titre des productions forestières de toute nature.

    Aussi, le non application de ces articles est lourd de conséquence, selon le constat désolant que nous avons fait dans cette forêt. La brigade des eaux et forêts a pour but spécifique de préserver la forêt de la Mondah de toute activité susceptible de dégrader le milieu. Cependant, pour répondre pleinement à son rôle, de gardien de ce sanctuaire naturel, ne dispose que d'une dizaine d'agent et de deux véhicules, soit un agent pour 797,5 ha de forêt à surveiller. Cet état de fait n'est pas propice à une surveillance efficace de la forêt de la Mondah.

    La configuration au fil des années de la forêt classée de la Mondah change au vue de l'accroissement du nombre d'intervenants et, aussi par rapport à l'extension de l'espace soumis aux activités agricoles, les terres sont surexploitées, la production diminue et le temps de jachères aussi. Compte tenu des dispositions légales devant régir l'utilisation des terres, la brigade des eaux et forêts devait s'atteler a faire appliquer la réglementation dans l'usage des ressources naturelles dans la forêt classée de la Mondah.

    L'exploitation par exemple du palmier a huile, pour la fabrication du vin de palme, prend une telle ampleur que l'équilibre écosystémique est menacé. Car la pénétration des hommes dans les sites internes de la forêt classée de la Mondah, favorise l'ouverture de pistes et le déséquilibre écologique à la suite de la destruction de cette espèce (palmier a huile).

    A ceux-ci, s'ajoutent les incidences de l'exploitation des carrières de sables et charbon. L'emprise de l'exploitation des sablières sur le milieu forestier de la Mondah est désastreuse, nous avons pu observer une destruction de la forêt. Une analyse des photographies des différentes étapes sur le terrain nous a permis de constater et d'apprécier l'ampleur des dégâts subis par le milieu.

    Il s'avère que le présent bilan repose sur un double point de vue, à savoir les aspects quantitatifs et qualitatifs. Du point de vue quantitatif, la surface de la forêt détruite par l'exploitation des sablières n'a cessé de croître. Constat fait depuis 1999 par Makanga Moussavou L. B. et qui est réel aujourd'hui, on distingue deux périodes: une période de relatives destructions qui va de 1955 a 1973, et une période de forte destruction de la forêt allant 1973 il nos jours. Les sablières autant que les défrichements et le charbon participent grandement il la déstabilisation de la forêt de la Mondah. Sur le plan qualitatif, la destruction dense a cédé la place à la forêt claire et fortement dégradée, à des savanes et à des sols nus, qui étaient faiblement représentés dans les années 50 et 60 et qui sont devenus courant après les années 70.

    Aussi, un prélèvement important de bois mort pour le chauffage et l'abattage des arbres pour la fabrication du charbon, est de nature à créer un déséquilibre écologique dans la forêt classée de la Mondah, par l'aridité des sols qui s'en suit. Car le bois mort a pour rôle principal de régénérer l'équilibre écologique, par sa transformation en humus et les arbres servent de couverture pour les vents marins.

    En outre, l'implantation du camp militaire dans cette forêt a un impact non négligeable à long terme sur cette dernière. Il n'est pas évident (possible) d'entrer en possession des munitions utilisées, ni du type de manoeuvres qui s'y déroulent. Il est également possible de faire un état sur les rejets en présence, tels que les emballages vides non biodégradables trouvé. En dépit du statut juridique de la forêt classée de la Mondah, interdisant toute manoeuvre. La présence de ce camp militaire suscite donc de nombreuses interrogations et devient à terme un puissant agent de dégradations des ressources de la forêt classée de la Mondah sur ce périmètre.

    Enfin, la législation est insuffisante quand il s'agit de combattre l'abattage illégal. D'autre part, les normes de protection sont faiblement appliquées par un gouvernement qui fait preuve de carences en moyens financiers, et en ressources humaines et logistiques. Par exemple, la loi forestière établit que les forêts classées doivent être soumises à un plan de gestion, mais les formalités et les réglementations de ces plans n'ont pas encore été définies.

    Récit52(*) n°21 Nvoula Clément53(*) sur les différents sur la Mondah.

    1- « Nous sommes conscients que la forêt classée est la cause de nombreux problèmes entre administration et les habitants des villages du Cap-Estérias, bien que nombreux de ses populations environnantes ont le regard tourné vers la mer mais leur vie quotidienne est plus en forêt. La chasse, la pêche, les plantations leurs permet de couvrirent leurs besoins alimentaires et financiers.»

    2- « J'estime que l'Etat, après avoir évalué l'importance des cultures des populations rurales en général et celles du Cap-Estérias en particulier a pris une décision sage de classer cette forêt de la Mondah pour satisfaire les exploitations futures et la curiosité expérimentale des chercheurs de l'E.N.E.F. Mais, il savait également que les zones tampons laissées à la disposition des villageois n'allaient pas satisfaire ces derniers avec une démographie galopante qui nécessite une grande production et une grande superficie. »

    Ici les Agents des Eaux et Forêt sont conscients des problèmes qui existent entre les populations locales et l'Etat à travers leur canal. La décision prise par l'Etat sur le classement de la forêt de la Mondah n'est autre que la gestion durable de l'écosystème forestier, qui ne peut se faire sans conséquences sur les populations environnante.

    1.2. Inadéquation des politiques étatique et les besoins réels des populations

    1.2.1. Projet étatique sur la Mondah

    Le site retenu pour le projet intégré dans la zone dite classée: « la forêt classée de la Mondah ». La baie de la Mondah est une zone humide côtière du nord-ouest du Gabon, dont de larges parties ont été incluses août 2002 dans le parc national d'Akanda. La baie de la Mondah est un véritable domaine estuarien qui comprend 53.720 ha de superficie. Elle s'étend sur une profondeur nord-sud d'environ 40 km et une largeur est-ouest de 25 km. Elle forme la partie méridionale de la baie de Corisco.

    Sur le plan international, ce site constitue un échantillon important de l'écorégion des mangroves d'Afrique centrale. Le rôle de la mangrove dans la suivie des espèces est très important. Les grandes racines échasses des palétuviers constituent des nurseries idéales pour les poissons. La petite faune participe activement à la décomposition des matières organiques et est à son tour consommée par les crabes, les crevettes et les poissons.

    D'autre part, elle capte d'énormes quantités de sédiments qui auraient tapissées le fonds des océans. Elle stabilise les côtes et les protèges des tempêtes et érosions. Les mangroves sont encore considérées à tort comme des espaces perdus, insalubres et n'appartenant à personne. Pourtant, des millions de personnes vivent directement, souvent sans même le savoir.

    D'autre part, elle capte d'énormes quantités de sédiments qui auraient tapissées le fonds des océans. Elle stabilise les côtes et les protèges des tempêtes et érosions. Les mangroves sont encore considérées à tort comme des espaces perdus, insalubres et n'appartenant à personne. Pourtant, des millions de personnes vivent directement, souvent sans même le savoir, de ses ressources. La baie de la Mondah est particulière, du fait de la présence de nombreuses espèces, des structures peu communes dans les mangroves d'Afrique centrale.

    Sur le plan zoologique, ce site représente une station de migration et d'hivernage d'importance internationale pour les limicoles d'origine paléarctique. D'après Jean Pierre Vande Weghe (Wildlife Conservation Society), la baie de la Mondah abrite environ 60% des limicoles hivernants au Gabon (30.000-35.000). La baie de la Mondah est par ailleurs aussi importante pour les populations gabonaises de la sterne naine, le bec-en-ciseaux d'Afrique et la grande aigrette qui nichent en saison sèche sur le Bas-Ogooué. Les concentrations des becsen-ciseaux observés dans la baie de la Mondah sont les plus importantes d'Afrique. Cette baie renferme aussi des échantillons importants de forêts côtières très humides.

    Sur le plan morphologique, on a affaire à une plaine située dans une zone d'atterrissage sédimentaire: les zones alluviales (ou se déposent les sédiments issus des transports par les rivières). Ici, c'est la Ntsini qui est le principal émissaire hydraulique alimentant le bassin de la rive gauche de l'Estuaire de la Mondah.

    Par ailleurs, le secteur allant de Avorbam jusqu'au village Bollokoboué (en passant par Marseille I et II, Malibé I et II) sont des zones marécageuses. L'omniprésence de l'eau dans ce secteur est liée aux nappes phréatiques qui affleurent sur l'ensemble du milieu. La capacité d'absorption de ces terrains est aussi rendue difficile par l'abondance des nappes d'eaux, et la teneur en argile est relativement plus importante en profondeur qu'en surface où les sables sont plus importants. Cette situation rend difficile le drainage des eaux de ruissellement, avec une pente quasi nulle, favorisant ainsi la formation d'une chapelle de zones humides.

    1.2.3. Réalités sur le site

    Le statut juridique de la Mondah été soumis à une rude épreuve par le gouvernement jusqu'en 1980. Mais, aucune application de ces textes ne sera faite, c'est le cas notamment des articles 2, 3, 4,5 et 6 du dit décret prohibant et sanctionnant tout acte, tel que:

    -Les défrichements de toute nature, l'implantation de cases, de campements, de villages, de routes et de pistes, l'exploitation sans titre de produits forestiers de toute nature...

    De déclassement en déclassement, la forêt dite classée de la Mondah cessera d'exister, si tous les projets retenus sur ce site (à savoir le nouvel aéroport de Libreville, la bretelle du chemin de fer Ntoum-Santa Clara et le port en eau profonde de Santa Clara) venaient à se réaliser. En effet, le projet du nouvel aéroport de Libreville à Malibé 2, la bretelle de chemin de fer Ntoum-Santa Clara et le futur port en eau profonde de Santa Clara ont un dénominateur commun, la destruction de la forêt classée de la Mondah, un cadre laboratoire pour les étudiants de l'E.N.E.F., une école à vocation sous régionale dont la réputation n'est plus à démontrer et un véritable poumon des populations de Libreville.

    Aussi, la forêt du Cap constitue un bouclier naturel contre les agressions des vents marins sur les populations de Libreville. Elle participe à atténuer l'effet de serre. Cette unique forêt à la périphérie de Libreville constitue un trésor pour le tourisme de proximité avec le circuit de la parcelle du conservateur, la forêt sacrée du Cap ou les communautés Mpongwé, Fang, Benga et autres exercent leurs rites spirituels traditionnels. Elle constitue un véritable sanctuaire pour ces populations.

    1.2.4. La lecture des activités anthropiques sur la forêt

    Au Gabon, la pression faite sur la forêt est généralement l'oeuvre des personnes qui vivent dans les centres urbains et dont la perception de la forêt est quelque peu entamée par la réalité urbaine. Le rapport à la forêt est définit par des raisons économiques, nutritionnelles et médicales uniquement. Il s'établit alors une perception mitigée de la forêt, par les habitants d'une même aire culturelle, selon qu'on s'adresse à un rural ou à un habitant du périphérique urbain.

    Par ailleurs, l'appât du gain est à considérer parmi les effets destructeurs de la forêt. Les populations rurales, qui vivent plus des produits de la forêt que de leur pouvoir d'achat, maîtrisent mal les besoins nés de "l'économie mercantile". Autour et dans les exploitations forestières, elles remettent en cause les règles élémentaires de protection de la forêt, au profit du gain monétaire. L'introduction des éléments modernes, souvent mal connus des populations rurales est autant une source de développement que d'appauvrissement des forêts. Elle le devient à partir du moment où l'homme fonde son raisonnement sur la satisfaction de ses nouveaux besoins.

    La forêt de la Mondah subit de menaces de plus en plus graves à cause de l'exploitation des ressources forestières, auxquels s'ajoutent les techniques agricoles traditionnelles (brulis) et modernes (effet de labour). Le couvert forestier régresse et par endroit apparaissent des formations végétales de type savanicole. Les activités humaines induisent des perturbations et des changements climatiques qui portent atteinte à la biodiversité.

    En effet, les méfaits de l'agriculture et la pression urbaine sont plus que visible dans la forêt classée de la Mondah. En nous basant sur l'évolution diachronique de la forêt classée de la Mondah, nous remarquons d'emblée que cette dernière a connu de grandes mutations. Depuis 1967, la forêt classée de la Mondah couvre une aire de 7975 ha, selon les textes en vigueur, mais de manière concrète, cette étendue s'est fortement régressée dû à la vue de l'impact des différentes activités humaines. L'agriculture traditionnelle sur brulis s'est accrue ces dernières années, pour répondre aux besoins alimentaires de Libreville, qui connaît une augmentation de sa population (1970, 77.000 habitants, 1985 : 246.000 habitants et 1999 : 496.000 habitants). Cette situation a crée une nouvelle configuration de cette forêt, liée à une forte dégradation du milieu.

    Les activités agricoles pratiquées par les populations aussi bien des villages que celles de Libreville, participent à la dégradation de la forêt à travers les défrichements et l'altération des sols. Non seulement ces activités agricoles ont une part importante dans le développement économique, mais il faut tout de même dire que le prix à payer dans le contexte environnemental est aussi lourd de conséquences à long terme.

    La configuration au fil des années de la forêt classée de la Mondah change au vue de l'accroissement du nombre d'intervenants et, aussi par rapport a l'extension de l'espace soumis aux activités agricoles, les terres sont surexploitées, la production diminue et le temps de jachères aussi. Compte tenu des dispositions légales devant régir l'utilisation des terres, la brigade des eaux et forets devait s'atteler a faire appliquer la réglementation dans l'usage des ressources naturelles dans la forêt classée de la Mondah.

    L'exploitation par exemple du palmier a huile, pour la fabrication du vin de palme, prend une telle ampleur que l'équilibre écosystémique est menacé. Car la pénétration des hommes dans les sites internes de la forêt classée de la Mondah, favorise l'ouverture de pistes et le déséquilibre écologique à la suite de la destruction de cette espèce (palmier a huile).

    A ceux-ci, s'ajoutent les incidences de l'exploitation des carrières de sables et charbon. L'emprise de l'exploitation des sablières sur le milieu forestier de la Mondah est désastreuse, nous avons pu observer une destruction de la forêt. Une analyse des photographies des différentes étapes sur le terrain nous a permis de constater et d'apprécier l'ampleur des dégâts subis par le milieu.

    Il s'avère que le présent bilan repose sur un double point de vue, à savoir les aspects quantitatifs et qualitatifs. Du point de vue quantitatif, la surface de la forêt détruite par l'exploitation des sablières n'a cessé de croître. Constat fait depuis 1999 par Makanga Moussavou L.B. et qui est réel aujourd'hui, on distingue deux périodes: une période de relatives destructions qui va de 1955 à 1973, et une période de forte destruction de la forêt .Allant 1973 a nos jours. Les sablières autant que les défrichements et le charbon participent grandement à la déstabilisation de la forêt de la Mondah. Sur le plan qualitatif, la forêt dense a cédé la place a la forêt claire et fortement dégradée, a des savanes et a des sols nus, qui étaient faiblement représentés dans les années 50 et 60 et qui sont devenus courant après les années 70.

    Aussi, un prélèvement important de bois mort pour le chauffage et l'abattage des arbres pour la fabrication du charbon, est de nature à créer un déséquilibre écologique dans la foret classée de la Mondah, par l'aridité des sols qui s'en suit. Car le bois mort a pour rôle principal de régénérer l'équilibre écologique, par sa transformation en humus et les arbres servent de couverture pour les vents marins.

    En outre, l'implantation du camp militaire dans cette forêt a un impact non négligeable long terme sur cette dernière. Il n'est pas évident (possible) d'entrer en possession des munitions utilisées, ni du type de manoeuvres qui s'y déroulent. Il est également possible de faire un état sur les rejets en présence, tels que les emballages vides non biodégradables trouvé. En dépit du statut juridique de la forêt classée de la Mondah, interdisant toute manoeuvre. La présence de ce camp militaire suscite donc de nombreuses interrogations et devient à terme un puissant agent de dégradations des ressources de la forêt classée de la Mondah sur ce périmètre.

    Enfin, la législation est insuffisante quand il s'agit de combattre l'abattage illégal. D'autre part, les normes de protection sont faiblement appliquées par un gouvernement qui fait preuve de carences en moyens financiers, et en ressources humaines et logistiques. Par exemple, la loi forestière établit que les forêts classées doivent être soumises à un plan de gestion, mais les formalités et les réglementations de ces plans n'ont pas encore été définies54(*).

    1.3. Conflit Etat / ONG

    L'évolution juridique tient au contexte mondial de développement durable imposé à la fois par les ONG environnementales, les gouvernements et les bailleurs de fonds. Les ONGs constituent des moyens de pression puissants qui installent leur force coercitive à l'intérieur des gouvernements et des bailleurs de fonds. Les Etats qui n'ont que la forêt et l'environnement comme richesse ont tout intérêt à en faire des alliés.

    Récit55(*) n°22 - Allogho Obame Constané56(*) sur le refus du projet gouvernemental par l'ONG CADDE57(*)65

    1- Notre ONG à plus de dix (la) ans et nous sommes une ONG nationale et non internationale. Je suis allé plusieurs fois dans la forêt de la Mondah, c'est l'une des forêts qui est au centre de nos préoccupations, car elle est très importante pour les populations. Mais elle connait un véritable assaut d'exploitation par les populations.

    2- Nous avons opte pour l'éducation liée a l'environnement par les enfants. Faire connaitre la forêt, la faire découvrir pour mieux la protéger auprès des enfants. Nous faisons des excursions avec eux dans la Mondah. Ce qu'il faut, c'est une éducation à l' envers. Éduquer les adultes par les enfants. Pour nous c'est une politique durable vu que se sont les enfants qui sont l'avenir d'un pays et pour mieux préserver la forêt, il faut leurs faire connaitre ce trésor pour qu'ils éprouvent de l'amour aussi qu'il n'est pas cet esprit dévastateur. À part les enfants, faire connaitre cette forêt à d'autres personnes et sensibiliser les autorités sur l'importance de la préserver.

    3- Géographiquement, la zone est bien, parce que ça fait beau lorsque l'aéroport est construit a cote de la mer. Mais du fait de l'importance de cette forêt dans notre vie a tous, on se dit que ce n'est pas opportun et en plus il y a la proximité du parc d'Akanda, qui a la long sera en danger ou encore détruit. Aussi, le port minéralier de Santa Clara amènera la construction d'un bras de chemin de fer, mais la route est nettement mieux et bénéfique pour les villages et les habitants, parce qu'elle passe devant les maisons, ce n'est pas comme le chemin de fer qui passe derrière les maisons (villages). Voila pourquoi on s'est oppose au projet du gouvernement sur ce lieu, ce ne sont pas des terres qui manquent.

    4- Si le sol est devenu pauvre, c'est parce qu'il est surexploite et ils font une chasse désordonnée et abusive. Il y a une franche de la population qui a des problèmes, c'est celle de Libreville. Ils n'arrivent pas a vivre avec les réalités de la ville, si bien que plus de la majorité des plantations qu'on trouve dans cette forêt appartiennent aux gens de Libreville, il n'y a qu'aller un week-end vous verrez. Tout cela porte préjudice aux plantations rurales. Quand on se comporte en ville comme si on errait au village, c'est ça le drame et la majorité des Librevillois se comportent ainsi. Ce qu'il faut c'est sensibiliser toutes les couches sociales et même les populations rurales.

    5- Nous pouvons dire que c'est le gouvernement le premier responsable de cette affaire, du moment ou il ne respecte pas leur loi et déclasse la forêt quand ça leur enchante, cela favorisant la pénétration des activités et le non respect des limites. On envisage créer un parc qui permettra de sensibiliser les gens qui décident pour cette forêt la : le parc national Raponda Walker. Est-ce que ça va marcher, est-ce que ça ne va pas marche, je ne peux vous le certifier.

    Ce récit d'Allogho Obame Constant du 3 août 2007 traite de la politique de sauvegarde de la forêt classée de la Mondah par l'ONG CADDE qui est une ONG nationale. Allogho, commence par nous donner la principale préoccupation des activités de leur organisation. En suite, il va nous faire part de leur politique de sauvegarde, qui pour lui est à long terme. Il va présenter les atouts de cette politique, l'enfant qui fait l'avenir d'une famille et aujourd'hui sur le plan national un atout pour le pays. Ainsi, selon l'ONG CADDE pour assumer l'avenir de demain, il faut former son élite.

    Aussi, il va poursuivre en nous éclairant sur l'opposition des ONG sur le projet de la construction de l'aéroport et du port minéralier à Santa Clara. Il va poursuivre avec les explications sur l'appauvrissement du sol et la rareté des animaux dans la forêt de la Mondah, il va conclure que la population urbaine est la principale cause de dégâts enregistrés dans cette forêt. Il termine en relativisant les tords et en donnant le projet que l'ONG a sur la Mondah.

    Ce récit nous apprend beaucoup sur ce qui est de la politique de sauvegarde, il nous est important car, nous pouvons espérer la sauvegarde de cette forêt par l'action des ONG et aussi, une meilleure considération et attention pour les générations futures. Car cette politique prônée l'ONG CADDE est une politique de développement durable vis-à-vis de la nature à qui nous devons la vie.

    Section 2 Les constats

    2.1. L'essence de la tradition africaine

    La tradition orale s'est chargée de transmettre une multitude de savoirs accumulés sur les propriétés et les usages des végétaux de la forêt. Seulement, toutes ces connaissances sont dispersées. Ainsi, les guérisseurs sont attentifs au nom de la plante, à ce qu'il signifie, aux particularités physiques du végétal: sa couleur, son écorce, son parfum. Chacun peut aujourd'hui constater qu'ont disparu de la pharmacopée européenne, les connotations linguistiques qui font la richesse de la pharmacopée gabonaise. Cet appauvrissement des jeux de l'esprit autour des plantes pourrait bien constituer une perte culturelle au même titre que la disparition des récits oraux. Mais il ne suffit pas que ces relations soient inscrites quelque part, si elles ne demeurent pas vives dans la conscience populaire, ce qui est certainement encore le cas du Gabon. Sans doute, la différence repose sur des assises anthropologiques profondes que la médecine moderne s'efforce toujours de localiser.

    Par rapport aux drogues animales ou minérales, la plante occupe incontestablement une place privilégiée. Dans la majorité des pharmacopées traditionnelles, plus de 80 % des médicaments sont à base des plantes. Il n'est donc pas étonnant de constater que pour la population gabonaise, qui de plus vit dans une forêt équatoriale exubérante, la grande majorité des moyens thérapeutiques employés relève du règne végétal. Surexploitée et mal gérées, les forêts dépérissent. L'exploitation abusive de la forêt classée de la Mondah met en danger le massif forestier entraînant la raréfaction des espèces qui sont capitales pour la médecine traditionnelle et fait partir des savoirs faires africain.

    1.2. La compatibilité conceptuelle

    Ancienne doctrine économique fondés sur le profit monétaire de l'Etat. On aura bien remarqué que la non réglementation forestière se note exclusive en ce qu'elle se donne comme objectif d'exclure le plus possible d'usagers pour limiter la pression sur les ressources. Les lois forestières se résument donc a une succession d'interdits. Elles reposent sur le postulat que plus on restreint l'accès des populations rurales au bois, plus on garantit les conditions forestiers. Cette philosophie générale pousse l'administration à favoriser l'exploitation de ses ressources forestières de moins en moins. Ce qui fait que le forestier est davantage un gendarme qu'un technicien.

    La répression exercée par le Code forestier a pour objet de sanctionner les contrevenants aux règles fixées. Ces règles prônent l'intervention technique et économique dans la forêt, dans le cadre de l'intérêt général ou les usages des paysans n'entrent pas puisqu'ils n'intègrent pas la politique d'approvisionnement stratégique des autochtones. La conception policière qui s'en dégage confirme le fait, dont est convaincu Gérard Buttoud (1954, p 44), que plus que de les réglementer, il s'agit donc surtout de les restreindre du mieux qu'on peut. Les problèmes liés a la déforestation croissante des régions équatoriales du globe ont provoqué une prise de conscience internationale, qui conduit à rechercher des voies nouvelles devant assurer à la fois un développement rural plus équilibré et une perpétuation des écosystèmes forestiers en conservant la biodiversité, source potentielle pour le futur. Les institutions internationales, et en premier lieu la Commission Européenne (ECOFAC), se sont donné comme but la définition d'une stratégie globale de protection de la forêt équatoriale. Il est désormais indéniable que la prise en compte des réalités socioculturelles locales est le principal garant de la réussite des projets forestiers; qu'il s'agisse de projets de développement intégré ou de projets de conservation des ressources.

    En effet, une méconnaissance des intérêts des populations locales a toujours comme conséquence un rejet du projet, pouvant entraîner dans certains cas une perturbation de son déroulement, voire une destruction des réalisations. Si l'on commence à s'intéresser désormais aux aspirations économiques des populations impliquées, et à leur participation aux projets les concernant, il reste encore à prendre en compte leurs aspirations spirituelles.

    Les recherches en sciences humaines de cette dernière décennie ont en effet montré toute l'importance des représentations mentales, en premier lieu, des phénomènes religieux et des processus cognitifs, dans la vie quotidienne de toute société humaine. Aussi, dans le rapport qu'entretient une société avec la nature, trois facteurs interviennent: un milieu, une pratique, et un système économique et symbolique. L'écologisme occidental, dans le vocabulaire institutionnel en usage à l'échelle internationale, à partir des concepts tels que développement durable, biodiversité, etc. tente, colloque après colloque, séminaire après séminaire, d'imposer la représentation unique d'une finalité dynamique aux concertations élaborées et aux décisions prises par eux et leur vision du monde.

    L'engendrement des risques provoque une peur collective et stimule en même temps la puissance de réflexivité des sociétés. Comme par exemple : dans les villes européennes, des mesures de restriction de la circulation des véhicules sont prises et appliquées quand la situation de la pollution de l'air est jugée critique. Les automobilistes obtempèrent et n'empruntent pas leur véhicule. Se soumettent-ils avec scepticisme à une telle interdiction? Ou bien faut-il penser que les préoccupations écologiques sont plus aptes à donner un sens plus concret à l'idée de bien public? L'automobile représente un mythe moderne de la liberté et la privation de son usage, au nom d'un bien supposé commun (l'air).

    Récit58(*) n° 23: Assonouet Jacque59(*), sur les avantages des deux concepts unis

    Ma fille, depuis ma naissance, j'ai toujours été en contact avec la forêt. Si je dis sa c'est parce que je suis née en brousse, Sous un gros arbre. Pour moi, la manière qu'on exploite la forêt, ne peut pas poser problème. Toute notre richesse se trouve en brousse (forêt), voila pourquoi on ne l'exploite pas en désordre.

    Il ya des règles établit depuis nos alleux que nous devons obligatoirement respecter. Pour la bonne marche de la société. Tu sais il ya des choses que nos sociétés connaissent aujourd'hui, que nos grands parents n'ont pas connu. Tout simplement parce qu'ils communiquaient avec la nature et les êtres qui la compose. Tous vivaient en harmonie. C'est pourquoi il ya toujours à manger et à boire dans la forêt. Il faut simplement respecter les génies.

    Avec la politique du blanc, c'est pareil. Ils protègent la forêt, peut être pas de la même manière que nous, mais on a les même objectifs. Ce qui n'est pas bien, c'est parce qu'ils nous imposent leur façon de faire. Ils ne veulent pas savoir comment nous vivons avec la forêt avant leur arrivée. Je crois que si on associe les deux façons de faire nous serons gagnants et les politiques vont avoir un succès. Mais ce qui n'est pas le cas aujourd'hui dans les forêts protégées de l'Etat, il n'y a pas que cette forêt de la Mondah dans cette situation.

    D'après le récit de monsieur Assonouet, il ressort qu'aucune conception n'est au dessus de l'autre. Il serait mieux d'avoir les deux, car les objectifs sont les mêmes, la sauvegarde de l'écosystème forestier. Alors il est important de tenir compte des deux politiques, pour avoir un résultat positif.

    CHAPITRE VIII

    Analyse du Conflit Juridictionnel

    L'avènement des aires protégées ou des parcs nationaux, ainsi que l'existence des forêts classées comme celle de la Mondah, révèlent le souci majeur de préserver la biodiversité, facteur de développement et de réduction de la pauvreté. En effet, la complexité et la dynamique des interventions en milieu forestier au Gabon rendent difficiles la gestion de ce secteur.

    La problématique que nous avons développée dans ce mémoire, nous a permis de comprendre que s'il y a conflit, c'est parce que l'Etat ne veut pas reconnaître aux villageois la totalité de l'exercice du droit coutumier dans la forêt. L'Etat conçoit le code forestier de sorte qu'il génère des capitaux budgétaires pour son bon fonctionnement .Or, les populations rurales qui n'ont que cette forêt comme source de vie et de revenu, se trouvent privés de leur ressource principale. Il faut noter qu'en droit traditionnel, toute forêt appartient à un groupe d'individus, à une collectivité, à un clan, à un village, ou à une famille. Ce droit est théorique, car dans ce domaine, le droit n'est pas écrit.

    Par contre, il faut noter que le droit moderne a été défini comme étant un « système de règles» , un « concept d'interprétation pour atteindre la justice », « une autorité pour concilier les intérêts des personnes », et comme le commandement d'un souverain, sauvegardé par la menace d'une sanction. C'est également la traduction d'un projet politique. En effet, c'est l'ensemble des lois et normes, définies et acceptées par les personnes, afin de régir les rapports sociaux, et garanties, sanctionnées, par l'intervention de la puissance étatique c'est-à-dire de l'État. La sanction attachée à la règle de droit est ce qui distingue cette dernière des autres règles, telles que les règles morales ou coutumières, ce qui fait que la règle de droit « est meilleure que la première et qui fait leur différence, c'est qu'elle est écrite et impersonnelle», car elle a été créée dans l'intérêt général, pour le bien commun.

    En effet, tout homme qui vit dans un milieu établit un lien avec celui-ci. La forêt est l'espace dans lequel l'homme retrouve un ensemble de valeurs, économiques, spirituelles, culturelles, et chaque communauté qui y vit quelque soit son origine est amenée à respecter et à pratiquer ses modes de gestions pour déterminer la façon dont les ressources forestières doivent être utilisée pour vivre et satisfaire leurs besoins (alimentaire, médicinale, rituel, etc.). Mais le différend qui oppose l'Etat (agents des Eaux et Forêts) aux populations locales aujourd'hui, se situe sur le droit d'usages coutumiers dans la forêt classée de la Mondah, autrement-dit la gestion de cette forêt. L'exploitation rationnelle doit être l'objectif des deux acteurs en présence. Essayer de résorber l'exploitation abusive qui peut nous conduire plus tard à une situation de désertification. On ne devrait pas interdire une communauté vivant dans un milieu forestier d'exploiter les ressources mises à sa disposition par la nature. Mais leur proposer une exploitation intelligente, celle qui tient compte de la survivance des essences végétales.

    Ainsi, l'Etat est clair dans son nouveau Code Forestier aux articles 251 et 252 qui autorisent aux populations rurales à exploiter la forêt pour leur survie. Ayant la lourde charge de veiller sur la sécurité des hommes et des biens présents dans son territoire, il sait pertinemment que les populations rurales n'ont de vie qu'à travers la forêt. Un villageois qui ne pratique pas l'agriculture est voué à mourir de faim. Celui qui ne prélève pas les feuilles et les écorces d'arbres dans la forêt pour se soigner est condamné à mourir. L'activité de chasse qui procure aux villageois une alimentation très riche en protéines animales qui les fortifient à garder une meilleure santé contre les maladies et autres phénomènes climatiques est capitale pour ceux-ci. Autant d'usages coutumiers que le villageois exerce dans la forêt pour sa survie.

    Par contre, la réalité des aires protégées traduit une situation totalement différente que celle évoquée plus haut. En effet, toute surface protégée par l'Etat est un périmètre strictement interdit d'accès. Aucune activité ne peut être exercée en ce milieu : ni pêche, ni chasse et encore moins les travaux champêtres, ou soins thérapeutiques. Toute personne s'obstinant à transgresser les lois qui régulent le bon fonctionnement de ces aires protégées est passible d'une condamnation ou d'une amende en fonction du délit.

    Pour le cas de la forêt classée de la forêt classée de la Mondah, ce massif forestier a été classé par arrêté présidentiel après l'exploitation des bois commercialisables dans cette région et suite à la volonté de l'Etat de reboiser le site pour envisager plus tard une nouvelle exploitation et aussi pour doter l'E.N.E.F d'un outil pédagogique expérimental. Le problème ici est tel que, les populations environnantes sont privées de leur patrimoine forestier. Devant cet état de chose, les villageois, pour se nourrir, traversent les limites de la forêt classée pour effectuer des travaux champêtres, des parties de chasse et de pêche à l'intérieur de la partie classée. Les Agents des Eaux et Forêts, qui sont chargés de veiller à la protection de l'environnement répriment sévèrement ceux-ci selon la loi, en interceptant au cours de leurs patrouilles les outils qui servent aux villageois de moyen de destruction de la forêt. Il y a également certains individus qu'ils conduisent devant les tribunaux pour répondre de leurs actes.

    En réalité, l'Etat voudrait que les populations locales exploitent la forêt en ce référant au code forestier et ceux-ci n'entendent pas abandonner leur patrimoine forestier au bénéfice de l'administration qui ne contribue pas de près ou de loin à l'amélioration de leurs conditions de vie. Henri Paul Bourobou Bourobou en convient avec nous lorsqu'il affirme (dans son cours d'initiation à l'écologie humaine de première année anthropologie) que « la biodiversité est mal gérée parce que les intérêts et les modes d'exploitation sont différents. Cette exploitation anarchique entraîne une disparition des espèces animales et végétales ».

    La forêt classée de la Mondah comme dans la plupart des forêts exploitées au Gabon fait l'objet d'une double juridiction liée à la gestion de ses ressources naturelles forestières. Et le conflit que nous vivons actuellement est un conflit de représentation. Deux sociétés différentes pour une même forêt. Si on ne peut pas faire confiance aux populations rurales pour défendre la biodiversité, quelle autre institution est alors fiable. Ces populations vivent en harmonie avec leur environnement naturel, ils en sont « les meilleurs gardiens »; c'est là un argument que les populations elles-mêmes utilisent pour soutenir leurs revendications en faveur de la reconnaissance de leurs droits territoriaux. Aujourd'hui le massif forestier de la Mondah est pratiquement habité depuis avant la pénétration coloniale, ces peuples ont toujours pratiqué l'usage coutumier sans nuire gravement à la forêt. Alors, on peut ainsi comprendre que la logique des forêts protégées est donc une logique d'exclusion.

    Car, d'une part, les populations rurales, exploitent leur patrimoine forestier sous plusieurs formes, dont les plus importantes sont l'agriculture sur brûlis, la chasse, la pêche et les soins thérapeutiques. En effet, La protection de l'environnement se réalise au sein de ces communautés à travers les interdits, totems, et autres stratégies de gestion durable telles que la jachère forestière, les forêts sacrées etc, puis, elle se réalise aussi à travers les tenures foncières, c'est-à-dire la gestion et la transmission des terres se fait de famille en famille, et de même à travers les incitations de la littérature orales. Par le moyen des jeux, des récits, des contes, des chants etc., ici l'enfant apprendra à reconnaître les dénominations des éléments constitutifs de la faune et de la flore caractéristiques de son environnement dans les relations écologiques. D'autre part, avec la pénétration coloniale, une nouvelle forme d'exploitation forestière fait son apparition. Elle consiste à couper des billes ou des grumes pour les revendre auprès des industriels européens, afin de satisfaire leurs besoins, l'exploitation du sable et du charbon, cela sous le contrôle de l'Etat via l'administration des Eaux et Forêts

    Au regard de cette exploitation parfois abusive, un ensemble de lois vit le jour, partant de l'arrêté du 19/09/1924 fixant les modalités du droit d'exploiter la forêt, puis un nouveau annula l'ancien le 23 avril 1938. Mais avant que la loi n°16/01 de décembre 2001 ne soit votée, celle-ci annula la loi n°1/82 du 22 juillet 1982 devenue caduque, tout cela dans l'intérêt de la conservation durable de la biodiversité au Gabon. Selon ces dispositions juridiques, Les populations se sentent dépossédées de leur bien car tout un patrimoine culturel se lit à travers un milieu habité par des populations: cimetière sacrées, forêts sacrées, culte des ancêtres, de guérison et d'initiation, etc. Autrement dit, ils se sentent léser au profit de l'Etat.

    Au delà de ce qui précède et fort de ce que nous avons annoncé dans notre hypothèse, il se trouve que l'Etat mène une politique qui vise à réduire la valeur du droit coutumier au profit du droit moderne. Comme il le stipule dans son article 13 du code forestier n° 16/01 « la forêt est la propriété exclusive de l'Etat ». L'Etat ignorant le droit coutumier, retire aux villageois l'héritage des espaces forestiers ancestraux et limite en même temps, leur droit d'exercer dans la forêt, au bénéfice des exploitants forestiers, qui lui versent de grosses sommes d'argent.

    Ce travail que nous avons effectué a été évalué avec des outils méthodologiques anthropologiques. La constitution des récits collectés nous a permis d'asseoir notre analyse à partir d'une historicité de la forêt classée de la Mondah et son double aspect juridique, au problème de conflit opposant l'Etat (agents des Eaux et Forêts), aux populations rurales dans cette zone. En outre, La politique de conservation initiée par le gouvernement gabonais, à savoir la protection des forêts à travers des aires protégées et des forêts classées est une très bonne chose pour des générations futures, mais elle doit être accompagné des mesures qui permettent aux populations vivantes dans et aux abords de ses forêts de bénéficier de certains avantages, ou des mesures qui favorisent l'éclosion du bien être social de ces communautés; telles que la construction d'une nouvelle route, des centres de santés, des écoles, autant de choses qui améliorer les conditions de vie des Benga et de toutes les populations vivant dans ce milieu ( Mondah).

    Les textes juridiques en matière de gestion de ressources naturelles ne manquent pas, mais elles ne suffisent pas parce qu'il y a un vide entre l'administration des Eaux et Forêts et les populations locales par l'absence d'informations et de communications permanentes. Les autorités doivent instaurer une campagne de sensibilisation permanente auprès des villageois sur la nouvelle logique de la gestion des forêts. Car, sans préparer la conscience des villageois, il sera difficile aux autorités de faire asseoir leur politique de gestion et de conservation de la biodiversité.

    Conclusion

    La forêt devient le patrimoine de plusieurs nationalités. Chez les Européens (pouvoir centraliser) - on observe un choix exclusif, chez les Bantu (pouvoir diffus) - on observe un choix inclusif. L'Etat ne s'embarrasse pas de raser la forêt sauvage pour la remplacer par des « forêts» utiles à son économie. En d'autres termes, le prix de la centralisation du pouvoir est la destruction de la forêt. On peut dire que l'équation finale est: plus il y a d'espace «civilisé», moins il y a de forêt «sauvage ». Ce n'est pas pour rien que l'Afrique comme «forêt vierge» est, dans l'imaginaire occidental, le symbole permanent de la nature «sauvage».

    En réalité, la forêt n'est pas dépréciée, mais elle est traitée à part, elle est exploitée. C'est ici que la notion « d'exploitation totale », mise en honneur par Mbot (1989), est à son tour très éclairante sur la compréhension des différents modes d'exploitation. A l'exploitation «totale» s'oppose, selon lui, l'exploitation « parcimonieuse ». Avec l'exploitation résultant d'une économie prédatrice par essence se multipliaient les chantiers forestiers qui mettaient la grande forêt en coupe réglée, qui provoquaient la déportation des jeunes hommes afin d'en peupler les camps de travailleurs; il en subsistait ces enclaves sociales de vie rude et brutale ou l'on tolérait mal l'incursion des curieux.

    Et puis la persévérance des agronomes coloniaux avait fini par fonder dans le nord du pays tout un monde de petits planteurs indigènes attachés à leurs cacaoyers (Balandier 1997, p,356). La forêt est donc passée des mains des druides à celles des rois pour terminer dans celles des instances économiques et financières. On passe donc de structure à pouvoir diffus à des structures à pouvoir centraliser. Afin d'augmenter leur rentabilité, les forêts naturelles vont être remplacées par des forêts « artificielle» plus productives. Dans les sociétés capitalistes, le calcul économique fondé sur la rationalité et la recherche du profit constitue la base de la société positive. Cela a été le cas de la forêt de la Mondah, après l'exploitation de la société de bois de la Mondah (SBM), un reboisement des essences telle que l'okoumé, le moabi, a vu le jour pour une exploitation future.

    IL ya une réalité de nos jours que l'on rencontre pratiquement dans toutes les civilisations, où l'on passe successivement de la forêt religieuse à la forêt politique, et finalement à la forêt économico-financière. Chez les Français, on est passé de la forêt des druides à la forêt royale (domaine de chasse du roi) et finalement à l'exploitation de la ressource ligneuse. Chez les Africains, en particulier les gabonais, un raccourci saisissant, la forêt religieuse, encore actuelle, est simultanément devenue la réserve d'un Etat centralisateur (colonial et post colonial) et en même temps la matière d'une spéculation financière qui s'impose sous nos yeux. Comment ne pas croire, dans ces conditions, que la forêt ne passe pas partout par une sorte de déterminisme historique qui confine à une reproduction systématique des trois stades: forêt religieuse, puis politique et enfin économico-financière.

    Bien sur toutes les postures intermédiaires se maintiennent, mais comme dans un groupe de transformations, de Lévi-Strauss, d'une manière parfaitement minoritaire et sans action véritable sur les pôles extrêmes de notre modèle: pro-forêt et anti-forêt, le modèl dominant pro-forêt en passant au stade politique centralisateur et au stade économico-financier, devient anti-forêt. Ainsi, il ya une transformation tant au niveau politique que social. La forêt qui hier était protectrice, nourrissante, guérisseuse etc., devient simplement une source de revenu, un placement à long terme. Ce qui veut dire, que la conception traditionnelle de la forêt bien qu'existante encore de nos jours, perd de l'effet au profit de la juridiction actuelle, qui cadre avec les attentes, politiques, économiques, du pouvoir en place (l'Etat).Alors nous assistons a un ensemble de rapports contrasté.

    Il va de soi que ces rapports ne sont pas d'ordre psychologique, ils sont d'ordre structural, et on n'a l'impression que c'est la structure qui commande l'histoire et non l'inverse. Nous ne disons pas que les populations autochtones sont entièrement soumises à la forêt, ils l'exploitent pour vivre. Ils l'exploitaient selon une seule modalité. Mais depuis quelques années, la Population est entré dans une autre phase de l'exploitation de la forêt, celle de l'exploitation totale; favorisée par les exploitants forestiers et l'Etat. Le symbolique se trouve aussi soumis à la tentation du gain financier. Nous avons donc en présence deux acteurs en un: l'un tourné vers l'exploitation industrielle de la forêt (juridiction actuelle) et l'autre toujours attiré par l'exploitation endogène de la même forêt (gestion traditionnelle). Que constatons-nous: la forêt est surexploitée, détruite, appauvrit. Ce qui n'est pas bénéfique pour l'Homme, et constitue un danger pour l'humanité.

    Ce Code forestier obéit à ce niveau à deux valeurs: le temps, l'espace et l'argent. En réalité ce qui motive l'Etat-forestier-législateur c'est la quantité: la quantité de temps (mois, années), la quantité d'espace (superficie) et la quantité d'argent (ce que doit payer le titulaire potentiel du permis, les bénéfices qu'en tire l'Etat et les impôts des travailleurs).Les contraintes physiques, écologiques ou sociales ne sont pas pensées par elles- mêmes (Article 144). L'une des grandes innovations mentionnées par le nouveau Code forestier.

    Références documentaires

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    5. Angue Marie-Thérèse, âgée de 44 ans originaire du village Nkoume (Oyem), ethnie fang, clan Yengui, veuve et mère de 10 enfants, 6 petits-fils, commerçante d'écorces au marché, Mont-Bouet. Entretien sur Les plantes vendues au marché, le 18 avril 2006, durée 1 h 45.

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    13. Massala Claude-Alain, âge 44 ans, ethnie punu, marié, père de 5 enfants, 2 petits-fils.Entretien sur La chasse de nuit et la commercialisation du gibier. Le 24 juin 2007 au Cap Santa-Clara à 11h. Durée 45 mn.

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    15. Mboumba Koula Pérrine, âge 47 ans, veuve, 5 enfants, 3 petits-fils, ethnie gisir de Fougamou. Entretien sur La pauvreté du sol dans la forêt de la Mondah, le 23 avril 2007 a 10h.

    16. Mitamkou Salomé, 53 ans, originaire du village Moulesilikégni (Lastoursville), clan kambou, ethnie Bakélé, marié à monsieur Mavandzi Grégoire, ethnie Bawanji du clan Bokondzo, ancien agent des Eaux et Forêt s (retraité), mere de 8 enfants, 21 petits-fils, cultivatrice. Vivant au Cap-Esterias depuis 1978, entretien sur Les plantations dans la forêt de la Mondah, le 17 avril 2006 durée 1 h 30.

    17. Ndambo Jean-Pierre, âge 27 ans, ethnie bakota, célibataire, 1 enfant. Entretien sur L'exploitation du sable il Malibe 2 et les conséquences. Le 06 avril 2007 il 13h.

    18. Nganga, agent des Eaux et forêts, entretien le 23 Juin 2010 sur le nouveau code forestier

    19. Nguema Essono Jean-Baptiste, agent technique des Eaux et Forêt. Entretien le 25 Juin 2010 à 11h sur la conception des forêts classées.

    20. Nkene Marie-Louise, âge 41 ans, ethnie fang, village Eba'a sur la route de Bissock (Oyem), tradipraticienne et maîtresse de formation, mariée et mere de 6 enfants et 4 petits-fils, du clan Essangui. Entretien sur Le traitement des malades dans la forêt de la Mondah. Le 25 juillet 2007 à son domicile à Akébé-Plaine, durée 45 mn.

    21. Nkolo Jean-Marie, âgé de 53 ans, clan Bomakwe, lignage Badiaka, ethnie benga, marié, 12 enfants, 16 petits-fils. Entretien sur La conception et l'utilisation des deux écosystèmes qui les entourent, le 20 mars 2007 à 13h au Cap-Estérias

    22. Nvoula Clément, âge 41ans, marié, père de trois enfants, Agent des Eaux et Forêt, ethnie Obamba. Entretien sur les différents sur la Mondah. Le 27 Avril 2010 à L'économie Forestière.

    23. Nzengué Evelin, âge 28 ans, ethnie nzébi, célibataire, 2 enfants, vendeur et producteur de vin de palme. Entretien sur La fabrication, la production et la vente du vin de palme. Le 13 septembre 2007.

    24. Nzengue Flavien, âge 32 ans, marié, père de 3 enfants, ethnie nzébi, du clan Chéyi. Entretien sur L'activité du sciage de bois dans la forêt de la Mondah.

    25. Ondo Nzoghe Joseph, âge 43 ans, clan Yengui, du village Nkoum, (Oyem), résidant à Libreville et au Cap Santa-Clara, marié, père de 8 enfants. Entretien sur La chasse du jour dans la forêt de la Mondah. Le 24 juin 2007 à 16h. Durée 35 mn.

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    Collection particulière

    Ockoye Elingu Symplice

    Photo n° 1 : Obstacles

    Photo n°8 : La fabrication du charbon de bois dans la FCM

    Medzoboui Rolyne

    Photo n°13 : Traitement d'un malade en foret

    Mintsa Manuéla

    Photo n°2 : Une plantation après brulis dans la forêt classée de la Mondah

    Photo n°3 : Une jeune plantation de manioc

    Photo n°4 : Une ancienne plantation de manioc

    Photo n°5: Le site d'extraction de sable à Malibe 2

    Photo n°6 : Une forme de déforestation à Malibé 2

    Photo n°7 : Des morceaux de bois coupés dans la forêt de la Mondah : Malibé 2

    Photo n°9 : Les sacs de charbon

    Photo n°10 : La production du vin de palme (bollokoboue)

    Photo n°11 : Le sciage de bois à Malibe

    Photo n°12 : Les écorces de plantes vendues au marché de Mont-Bouet

    Ogandagas C. et Agondogo M.

    Photo n°14 : Panneau indicateur du camp militaire de la FCM

    Table des tableaux

    Tableau n°1 : Les effectifs des informateurs

    Tableau n°2 : Les ethnies rencontrées dans la Mondah

    Tableau n°3 : Quelques villages environnent de la Mondah

    Tableau n°4 : Les principales essences forestières rencontrées dans la foret de la Mondah

    Tableau n°5: La faune de la forêt de la Mondah

    Tableau n°6 : Les produits agricoles de la Mondah

    Tableau n°7 : La population résidante dans la forêt classée de la Mondah

    4. Sources cartographiques

    Carte n°1 : Laboratoire ENEF

    Cartes n°2, 3: L 'INC

    Carte n°4, 5 : L'INC

    Tableau de graphique

    Graphique n°1 : L'effectif des enquêtés par âge et par sexe

    Table des Matières

    Introduction 2

    Définition de l'objet (définition de concepts clés) 4

    Première partie : Approche Théorique et Méthodologique 17

    Chapitre l : Approche théorique et méthodologique 18

    Section 1: Approche théorique 18

    1-1 Cadre théorique 19

    1-2 Problématique et hypothèses 20

    1-3 Intérêt Anthropologique et zone d'étude. 23

    Section 2 : Approche méthodologique 26

    2-1 Pré-enquête 26

    2-2 Enquêtes 27

    2-3 Méthode d'exploitation de corpus 30

    Chapitre ll : Etat de la documentation 32

    Section 1 : Etudes africaines 32

    Section 2 : Etudes d'autres régions du monde 37

    Deuxième partie: juridiction traditionnel de la forêt 53

    Chapitre III : Présentation de la forêt classée de la Mondah 54

    Section 1 : Historique et Rapports de l'homme à la forêt 54

    1-1 Populations en présence 54

    1-2 Rapports socio-économiques 62

    1-3 Rapports culturels 79

    Section 2 : Ressources de la forêt 83

    2-1 La végétation 83

    2-2 La faune 85

    2-3 Rapports ville/forêt 85

    Chapitre IV Juridiction traditionnelle de la forêt 88

    Section 1 : Les règles coutumières 88

    1-1 Le régime foncier traditionnel 88

    1-2 Le droit collectif 88

    1-3 Le droit individuel 90

    Section 2 : Les règles de gestion traditionnelle 91

    2-1 les interdis liés à la forêt 91

    2-2 La jachère forestière 93

    2-3 les codes sociaux de la forêt 94

    Troisième partie: Juridiction étatique de la forêt 96

    Chapitre V : L'Etat et le bouleversement territorial 97

    Section 1 : La naissance de l'Etat 97

    1-1 L'avènement de l'Etat 97

    1-2 Dénaturation du régime foncier traditionnel 98

    1-2 Capitalisme forestier 102

    Section 2 : L'Etat et la forêt 111

    2-1 Institutionnalisation de la Mondah 111

    2-2 L'Etat et le foncier forestier 112

    2-3 Dénaturation sous l'effet de la colonisation 113

    Chapitre VI Politiques étatiques de conservation de biodiversité 115

    Section 1 : Les politiques étatiques 115

    1-1 Les différentes conceptions de la forêt 115

    1-2 Création des réserves et foret classées 116

    1-3 Implication des O.N.G 120

    Section 2 : La législation des ressources halieutiques et fauniques 123

    2-1 Ressources halieutiques 123

    2-2 Ressources fauniques 125

    2-3 Le fermage 126

    Quatrième Partie: Relation Conflictuelles et Constats 127

    Chapitre VII : Relations conflictuelles 128

    Section 1 : Les pratiques en vigueur 128

    1-1 Inadéquation des conceptions 128

    1-2 Inadéquation des politiques étatique et les besoins réels des populations 132

    1-3 Conflit Etat / O.N.G 136

    Section 2 : Les constats 137

    Chapitre VIII : Analyse du conflit juridictionnel....................................141

    Conclusion 146

    Référence documents 148

    * 1 http://books.google.ga/books?id=f1

    Une Anthropologie juridique des droits de l'homme: Les chemins de l'océan indien par Laurent Sermet.

    * 2 Cours de monsieur Joseph John Nambo

    * 3 http://www.agirledroit.org/es/

    Population locale et forêt en Afrique, problème d'une génération.

    * 4 Cours de Josehp John Nambo (DEA, 2008)

    * 5 Essono Nto'o, 68ans, marié (polygame), père de 14 enfants et grand-père de 26 petits-fils, natif du village Essong-Abame (Oyem, canton Bissok), résident au quartier Ewénassi (Oyem).

    * 6 http://gaboneco.com/show_article.php?IDActu=19820

    Comment évaluer les bénéfices de la biodiversité locale?

    * 7 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 09h au Cap-Estérias.

    * 8 Akanda Jean-Marie, 56 ans, marié, ethnie benga, père de huit enfants, grand-père de six petits-fils, clan bobundja.

    * 9 Ecole des Eaux et Forêts

    * 10 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 13h au Cap-Estérias.

    * 11Nkolo Jean, 53 ans ans, marié, ethnie benga, père de douze enfants, grand-père de seize petits-fils, clan bomakuwé (village badiaka).

    * 12 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 16 h au Cap-Estérias.

    * 13 Ayo Nicolas, marié, âgé de 50 ans, ethnie benga ; père de neuf enfants, grand-père de dix petits-fils.

    * 14 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 17 avril 2006 à 15 h au Cap-Estérias.

    * 15 Mintamkou Salomé, marié, mère de huit enfants, âgé de 51 ans, ethnie batéké.

    * 16 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 23 avril 2006 10h au quartier Soduco.

    * 17 Mboumba Koula Perrine, veuve, mère de cinq enfants, trois petit-fils, âgé de 47 ans, ethnie Punu.

    * 18 Récit collecté par Mintsa manuéla le 24 juin 2007 à 11h au cap-santa-clara.

    * 19 Massala Claude Alain, âge 44ans, ethnie punu, marié, père de cinq enfants, deux petits fils.

    * 20 Récit collecté par Mintsa manuéla le 24 juin 2007 à 16h au cap-santa-clara.

    * 21 41 Ondo Nzoghe Joseph, âge 43ans, ethnie fang, Cap Santa Clara, marié, père de huit enfants

    * 22 Récit collecté par Mintsa manuéla le 27 Aout 2007 à 13h au cap-santa-clara.

    * 23 Billoghé Blanche, 32ans, étudiante à l'Université des Sciences et Techniques de Masuku(USTM), célibataire, deux enfants.

    * 24 Récit collecte par Mintsa Manuela, le 13 septembre 2007 ci 18 h 05' au clando aéroport.

    * 25 Nzengue Evelin, ethnie Nzebi, âge 28 ans, célibataires, deux enfants, producteur et vendeur de vin de palme.

    * 26 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 18 avril 2006 à la peyrie (mardi Mont-Bouet).

    * 27 Angué Obame Marie Thérèse, âge 47 ans, Nkoume , clan Yénguign, veuve, vendeuse de plantes.

    * 28 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 25 juillet 2007 à 18h 45 au quartier Akébé Plaine.

    * 29 Nkene Marie-Louise, âge 41 ans, village Eba'a, clan Essangui, mariée, domicilier à Akébé Plaine.

    * 30 Recit collecte par Mintsa Manuela le 06 Avril 2007 à 15h sur le site d'exploitation du sable à Malibe 2, le 06 avril 2007.

    * 31 Ndambo Jean Pierre, age 27ans, ethnie bakota domicilié à Akébé plaine, un enfant, célibataire

    * 32 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 06 Avril 2007 à 17h à Malibé.

    * 33 Aboubacar, âge 33 ans, nationalité Guinéen, domicilier à Malibé 2 célibataire.

    * 34 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet a Marseille 1.

    * 35 Moupindi Marus, âge 32ans, marié, père de trois enfants, scieur de bois, ethnie Nzébi.

    * 36 Nganga, Agent des Eaux et Forêts.

    * 37 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 25 Juin 2010 à 11h, à l'économie forestière

    * 38 Nguema Essono Jean-Baptiste, Agent technique des Eaux et Forêt.

    * 39Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 8 Février 2010 à 10 h 00' au trois quartier.

    * 40 Assam 70 Arsene marié, père de 3 enfants, présidant du G. RASNA T.

    * 41 Récit collecté par Mintsa Manuéla, au Haut de Guégué le 03 Mai 2010 a 09 h 30'.

    * 42 Allogo Eyi Clavers, ethnie Fang, célibataire, père trois enfants, Agent du CADDE.

    * 43 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 7 août 2007 à 10 h 30' au trois quartier.

    * 44 Assam Séraphin, marié, père de 3 enfants, Président du GRASNAT.

    * 45 Groupe des Amis du Sentier Nature.

    * 46 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet 2009 au Cap Estérias.

    * 47 Bolingo jean, âge 42ans, marié, père de six enfants, pêcheur, ethnie benga.

    * 48 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet 2009 au Cap Estérias.

    * 49 Mbereno Michel, âge 46ans, marié, père de deux enfants, pêcheur, ethnie benga.

    * 50 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 22 Octobre 2009 au Cap Santa Clara.

    * 51 Lekouma Brice, âge 52ans, marié, père de quatre enfants, pêcheur, ethnie benga.

    * 52 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 27 Avril 2010 à L'économie Forestière.

    * 53 Nvoula Clément, âge 41ans, marié, père de trois enfants, Agent des Eaux et Forêt, ethnie Obamba.

    * 54 Htt://www.wrm.org.uy/countries/affica/menacees6.html

    * 55Récit collecté par Mintsa Manuéla, au Haut de Guégué le 3 aout 2007 a 10 h 30'.

    * 56 Allogho Obame Constant, ethnie Fang, célibataire, père d'un enfant, Directeur exécutif du CADDE.

    * 57 Centre d'Action pour le Développement Durable de l'Environnement.

    * 58 Récit collecté par Mintsa Manuéla, le 20 Mars 2010 au Cap estérias.

    * 59 Assonouet Jacque, âge 41ans, marié, père de cinq enfants, ethnie Myèné.






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe