Université OMAR BONGO
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Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
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Département d'Anthropologie
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Double juridiction de la forêt gabonaise :
cas de la forêt de Mondah
Cas de la forêt classée de la
Mondah
Présenté et soutenu par
Manuéla MINTSA
Sous la direction du :
Professeur Raymond MAYER
Octobre 2010
DEDICACE
Les voeux de tout être humain est de réussir
dans sa vie, aller toujours de l'avant et surtout, réaliser les
rêves des êtres qui lui sont chers.
A mon défunt Père
A ma défunte mère
Même dans la douleur d'une disparition
précoce, je continue à nourrir l'espoir que vous êtes fiers
de moi, de la où vous êtes. Continuer à guider nos pas et
regarder ce que nous sommes devenus.
REMERCIEMENTS
Nous adressons nos sincères remerciements
à notre directeur le professeur Raymond Mayer, pour sa
disponibilité, malgré ses nombreuses occupations
professionnelles, de nous avoir encadré dans l'élaboration de ce
travail avec toute la rigueur scientifique. A Paulin Kialo, pour avoir
accordé une attention particulière à ce travail. Au corps
professoral du département d'Anthropologie, pour les enseignements
reçus durant ces années.
Nos remerciements vont ensuite à l'endroit
des parents et amis : mes grands-parents, mes tantes et oncles, toutes mes
soeurs, et mes trois filles : Lyvane, Lywine, Divine, pour leur
attachement et l'harmonie qui nous anime. Sans oublier Meyong Allogho Emmanuel
pour l'amour et attention qui nous ont aidés dans l'élaboration
de ce mémoire. Tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de ce mémoire à
travers les informations, les conseils, les finances et le soutien logistique.
Je pense particulièrement, à Babongui Reine Davilas, Simbou Ida
et Maloko Loudit Séraphin.
SOMMAIRE
Introduction 2
Première partie: Approche Théorique et
Méthodologique 17
Chapitre 1 : Approche théorique et
méthodologique 18
Section 1: Approche théorique 18
Section 2 : Approche méthodologique 26
Chapitre 2 : Etat de la documentation
32
Section 1 : Etudes d'autres régions du monde 32
Section 2 : Etudes africaines 37
Deuxième partie: juridiction traditionnel de la
forêt 53
Chapitre 3 : Présentation de la forêt
classée de la Mondah 54
Section 1 : Historique et Rapports de l'homme à la
forêt ...54
Section 2 : Ressources de la forêt 83
Chapitre 4 : Juridiction traditionnelle de la
forêt 88
Section 1 : Les règles coutumières 88
Section 2 : Les règles de gestion traditionnelle
91
Troisième partie: Juridiction étatique
de la forêt 96
Chapitre 5 : L'Etat et le bouleversement
territorial 97
Section 1 : La naissance de l'Etat 97
Section 2 : L'Etat et la forêt 111
Chapitre 6 : Politiques étatiques de
conservation de biodiversité 115
Section 1 : Les politiques étatiques 115
Section 2 : La législation des ressources
halieutiques et fauniques 123
Quatrième Partie: Relation Conflictuelles et
Constats 127
Chapitre 7 : Relations conflictuelles 128
Section : Les pratiques en vigueur 128
Section 2 : Les constats 137
Chapitre 8 : Analyse du conflit juridictionnel
141
Conclusion 146
Références documentaires 148
Introduction
Le présent mémoire a pour ambition de
démontrer que dans la gestion au quotidien de la forêt gabonaise,
deux modèles juridiques s'affrontent. Le droit moderne a travers la loi
n°16/01 portant Code forestier en République Gabonaise est pour
l'Etat et les exploitants forestiers, le seul cadre juridique qui aurai
dû s'appliquer aux populations rurales si l''on tien compte du
caractère générale et coercitif de la loi, mais celles-ci
préfèrent s'en tenir à la gestion traditionnelle des
forêts comme du temps de leurs ancêtres. Le cas de la forêt
classée de la Mondah nous servira de cadre pour illustrer cette
problématique.
En effet, à cheval entre deux logiques, les
sociétés anciennement colonisées d'Afrique noire ont
hérité d'un modèle juridique, (le droit moderne), dont la
coexistence avec le droit coutumier rend problématique la production et
la mise en pratique du droit moderne dans les politiques environnementales.
Le premier modèle est à l'antipode du second.
Non écrit, transmis de générations en
générations par des pratiques éducatives et
justifié par l'éternel hier, le droit traditionnel trouve son
support dans les us et coutumes, ce modèle est caractérisé
par deux particularités ; le droit traditionnel est
spécifique à un groupe ethnique ou tribal déterminé
et est variable dans son application suivant le statut de ses membres. C'est ce
qui fait de lui un droit statutaire, autrement dit se référant
à l'âge et au sexe dans la détermination des droits des
individus et du milieu. Le second modèle, est fondé sur la
« légalité rationnelle » legs colonial, il
est le fondement même de la création d'Etats souverains et a une
caractéristique principale : la loi est universel et impersonnelle.
Elle s'applique indistinctement à tous les citoyens.
Notre objectif ici, n'est pas de faire une étude de
plus sur le droit africain. Notre recherche s'inscrit plutôt dans la
lignée des travaux consacrés aux conceptions traditionnelles et
juridictions actuelles de la forêt. En somme, la gestion traditionnelle
et actuelle ou la sauvegarde traditionnelle et actuelle de la forêt. La
« nature », notion plus large que celle d'environnement
constitue une lecture culturelle du rapport de l'individu à son
environnement. Se préoccuper de l'environnement, c'est aussi se
préoccuper de la relation dialectique entre l'homme et la nature, et
donc de respecter les conceptions culturelles de ceux qui vivent en contact, ce
qui débouche sur le respect des identités socioculturelles.
Abordant dans le même sens que lui, Philippe Descola
(1989) pose la question de la protection de la nature. Celle-ci fait face aux
difficultés d'impositions ou d'adaptations. Pour cerner ces
difficultés, l'auteur nous oriente vers la différence culturelle.
La protection de la nature pose un problème de culture, l'Occident
moderne pense la nature comme une entité qui est en dehors de l'homme.
Par contre les peuples non occidentaux retrouvent de la culture dans la nature
et la nature dans la culture. C'est là, deux conceptions divergentes de
la nature. Les peuples non occidentaux intègrent les ancêtres ou
les humains dans la gestion de la nature. Ils « ont su
intégrer l'environnement à leur vie sociale de telle façon
que les humains et les non humains soient traités sur un pied
d'égalité » (Philippe Descola, 1989, p 220). Ces
difficultés proviennent aussi du progrès technique que l'occident
a apporté. Ainsi, l'atteinte dans le contexte de ces
sociétés non occidentales, renvoie à une atteinte aux
conditions de vie et d'épanouissement des sociétés en
cause. Cette atteinte est d'autant plus gravement ressentie que ces
sociétés ont développé un mode de vie adapté
à un contexte donné, voire attribué a certains sites une
valeur culturelle ou symbolique. Or, ces populations plus ou moins
dépossédées de leur foncier ou de leur liberté
d'accès ou d'usage exclusif de leurs forêts, puisent leur
identité dans ces espaces socioculturels dont elles se sentent
issues.
Par delà la variété des situations qui
traduisent la force des mythes dans la construction du lien à la terre
(terme plus universel que notre notion de droit réel), la
réparation du préjudice environnemental impose de prendre en
compte les mécanismes de fonctionnement des communautés par
rapport aux milieux physique pour en comprendre la dynamique. Ainsi, sans
verser dans les errements de l'écologie radicale, on peut pousser
l'universalisation inhérente à l'idéal des Droits de
l'homme jusqu'a ses limites extrêmes, en se préoccupant du cadre
naturel des générations présentes et surtout futures,
rejoignant en cela la conception traditionnelle de la responsabilité
lignagère dont parle Norbert Rouland en citant la sagesse des Indiens
iroquois toute entière tournée vers l'avenir :
« selon un principe fondamental de notre culture, il nous faut
penser constamment au bien être des sept générations
à venir ». Nous rejoignons ici une problématique
similaire à celle qu'envisage le « développement
durable », qui intègre tout autant la contrainte
environnementale que son jumeau l'identité socioculturelle.
En réalité, c'est en second lieu qu'on reconnait
à travers cette problématique environnementale l'existence du
pluralisme juridique au-delà du pluralisme des modes d'organisations
sociales ; puisque ce qui va nous intéresser c'est la lecture
culturelle de la nature, la façon dont l'homme fait sien son
environnement (comme son rapport à la forêt) et le traduit dans sa
culture hier et aujourd'hui. C'est en définitive ce qui fait que
l'atteinte à l'environnement culmine si souvent dans une atteinte
à la civilisation, la civilisation de l'autre. Le problème
posé n'est finalement pas aussi marginal qu'il pourrait y paraître
à première vue. Ces conceptions qui modifient radicalement la
perspective classiquement envisagée et se limitent aux atteintes subies
par les choses qui nous entourent, comme si l'homme par l'effet de quelques
abstractions ne faisait pas partie du « milieu » dans
lequel il vit, conduit à un constat, et de ce constat nait un
défi. Cette approche (constat) oblige à concevoir plus largement
les formes traditionnelles de l'homme dans le milieu naturel sur le fond,
dissociables au regard occidental (juridiction actuelle) de celui-ci dans son
milieu inhérent. Ce changement de paradigme, voire même à
reconnaitre d'autres normes juridiques pour parvenir à sauvegarder la
nature, fera l'objet de cette recherche.
Dans cette optique, nous avons trouvé judicieux
d'articuler ce texte en quatre parties. Nous comptons mettre en oeuvre dans la
première partie l'approche théorique et méthodologique,
dans la deuxième partie, nous présentons la juridiction
traditionnelle de la forêt, puis dans la troisième partie, nous
examinerons la juridiction étatique de la forêt, et dans la
quatrième et dernière partie, nous verrons les relations
conflictuelles, les constats et l'analyse du phénomène
étudié.
Objet d'étude
Avant de se lancer dans une entreprise de recherche en
sciences sociales dont en Anthropologie, la première mission est
d'identifier l'objet de l'étude qui sera problématisé, car
aucun fait ne se laisse appréhender tel qu'il nous apparait
spontanément. Il ya donc nécessité d'une rupture avec les
opinions connues, comme le dit Gaston Bachelard (1989, p, 14)
« quand il se présente à la culture scientifique
l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a
l'âge de ses préjugés. L'opinion pense mal, elle ne pense
pas, elle traduit les besoins en connaissances. L'esprit scientifique nous
interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons
pas ». Voila pourquoi, il n'est d'études qui ne
nécessitent que l'on définisse au préalable son objet,
ainsi que les objectifs à atteindre.
La définition même sommaire, consiste dans les
grandes lignes à limiter le champ de la recherche et à
désigner les phénomènes. La construction de l'objet de
notre étude sera donc de découvrir derrière « le
langage commun et les apparences, à l'intérieur de la
société globale, des points sociaux liés par le
système de relation propre au secteur étudié »
M. Grawitz (1993, p. 331) de dépouiller le fait social de toute la
sociologie spontanée qui voile la visibilité analytique du
chercheur et à le transformer en fait anthropologique.
L'objet de notre étude s'inscrit dans la
problématique de l'utilisation par l'Etat, les exploitants forestiers et
les populations rurales d'une double juridiction contradictoire, dans la
forêt classée de la Mondah.
En somme, il va s'agir pour nous de rendre compte du
rôle de l'Etat d'une part et celui des populations rurales
vis-à-vis de la forêt d'autre part.
Cette étude est d'autant plus actuel que les
scientifiques interpellent les gouvernements quant aux dangers que cour notre
planète a cause de la pollution et du non respect de l'environnement. La
prise en compte d'une double juridiction quant à la gestion de la
forêt classée de Mondah, rend compte d'une incompréhension
entre l'Etat et les populations quant à la manière de
gérer de façon durable cette forêt.
En somme, notre objet empirique est constitué des
informations et des comportements des populations rurales, urbaines et de
l'Etat face aux deux juridictions appliquées à la forêt
classée de la Mondah (juridiction traditionnelle et moderne de la
forêt). Mais notre objet scientifique est construit sur l'identification
des conceptions culturelles et les comportements sociopolitiques relatifs
à l'utilisation ou à la conservation des ressources
forestières dans la Mondah. C'est en effet une perspective proprement
Anthropologique, que nous appliquons à notre objet empirique en
cherchant à travers le terrain et dans la théorie, comme nous le
verrons plus bas, lorsque nous aborderons la question relative à notre
grille de lecture.
Notre travail consistera à montrer que la forêt
de la Mondah connait une situation conflictuelle : entre les populations
locales, urbaines qui exercent leurs activités coutumières et
l'Etat qui selon la loi n°16 /01 portant code forestier en
République gabonaise « toute forêt relève du
domaine forestier national et constitue la propriété exclusive de
l'Etat »décida de la classée en vue d'une
explication future et de la conservation durable de la biodiversité.
Champ d'étude
Toute science recherche à définir son domaine
à mettre en évidence des faits envue d'établir des lois
Milaret (1985, p ,73). Portant notre étude, sur l'application de
deux modèles juridiques, dans la gestion de la forêt
classée de la Mondah, nous nous situons dans le champ de l'Anthropologie
de la forêt.
S'il est clair que l'Anthropologie de la forêt est le
champ de nos investigations, ce choix ne se limitera pas exclusivement à
ce seul choix, dans la mesure où nous faisons des incursions ailleurs
notamment en Anthropologie juridique.
En somme, l'Anthropologie de la forêt et l'Anthropologie
juridique, nous permettent de tenir compte des représentations sociales
et traditionnelles dans la gestion de la forêt d'une part, ainsi que
l'application effective de la loi 16/01 portant code forestier en
république gabonaise.
En mettant l'accent sur les conditions économiques,
nous voyons que la forêt apporte à ceux qui l'exploitent des
moyens de subsistances ainsi que, des gros capitaux financier pour les
industriels. Les raisons économiques sont alors au centre des
intérêts que l'Etat, les exploitants forestiers et les populations
rurales ont de la forêt.
Construction du modèle d'analyse
En sciences sociales comme en Anthropologie, toute recherche
scientifique suppose un problème à la base, qui de par sa
spécificité dans le contexte qui est le sien à le
conceptualiser et donc à le construire.
En effet, la construction d'une problématique impose
une revue de la littérature sur les travaux réalisés sur
le sujet étudié comme nous allons le voir au chapitre 2
lorsque nous aborderons l'état de la documentation. Cette revue de la
littérature se présente comme un niveau de prise de conscience
à l'effort que le chercheur doit fournir dans l'élaboration de
son objet d'étude.
Définition des concepts
Les juridictions forestières que nous étudions
aujourd'hui, sont illustrées ici par des conceptions traditionnelles et
modernes de la forêt. Autrement dit, la représentation de la
forêt par les populations et celle de l'Etat appliquée à la
forêt aujourd'hui. Tous se désigne par un substantif commun :
le droit ; et un des qualificatifs suivant : juridique, coutumier,
traditionnel.
Notion de Droit
Selon le dictionnaire encyclopédique de droit Afrique
Bordas, Paris 1990, le droit est un ensemble des règles qui
régissent les rapports des membres d'une même
société et qui sont sanctionnées par la puissance
publique. Aussi, c'est la faculté d'exécuter un acte, de disposer
de quelque chose. Prérogative, pouvoir reconnus aux hommes soit de
manière collective soit individuellement.
Historique du droit
La notion de droit français est apparue de
manière doctrinale au XVIe siècle. L'Edit de
Saint-Germain-en-Laye d'avril 1679 décida de rendre obligatoire un
enseignement du droit français dans les facultés et créa
des « professeurs de droit français» dans les
Universités du royaume. La notion de droit français
désignait alors « le droit qui n'était ni canonique, ni
romain, essentiellement constitue par les ordonnances royales, les coutumes et
la jurisprudence des parlements »1(*).
Avec la Révolution Française et
l'émergence des nationalismes, la définition du droit
français perd son caractère matériel au profit d'un double
critère géographique et idéologique.
D'un point de vue géographique, le droit
français est le droit applicable en principe sur le territoire de la
France, sous la réserve de l'application résiduelle des statuts
indigènes dans les territoires colonisés. D'un point de vue
idéologique, le droit français est le droit codifié et
ordonné issu du premier empire, qui s'oppose au droit coutumier et au
droit romain qui caractérise le droit allemand, en particulier sous
l'influence de Savigny.
Aujourd'hui, la notion de droit français conserve cette
double composante matérielle et Idéologique. D'un point de vue
matériel il désigne au sens strict l'ensemble des règles
de droit positifs applicable en France. D'un point de vue idéologique,
le droit français désigne un système juridique
fondé sur une structure écrite et codifié, qui s'oppose
tout à la fois aux autres droits européens influencés par
le droit romano-germanique.
Définitions juridiques du droit
Le droit appartient à la famille assez étendue
des concepts qui ne sont clairs qu'entrevus de loin. Certains ne
définissent le droit que par la manière dont il se
présente, définition formelle tandis que d'autres s'attachent a
son fond, définition substantielle.
a) Définition formelle
Les définitions formelles, définissent le droit
comme un ensemble de règles pourvus de la sanction étatique.
Selon Gérard Cornu, dans son vocabulaire juridique c'est un
« ensemble de règles de conduite socialement
éditées et sanctionnées, imposés aux membres de la
société ». Et Boris Stark, dans son introduction au
droit dit que c'est un « ensemble des règles de conduite
qui gouvernent les rapports entre les hommes et dont le respect est
assuré par l'autorité publique ». Cette
définition est reprise par Bonnard qui ajoute que ce serait plus simple
de dire que le droit est un ensemble de lois mais que ce serait inexact car le
droit (donc les règles) peut avoir d'autres sources.
Effectivement, cette définition s'applique très
bien à un droit comme le droit français par exemple. Et c'est
là ou il y a la différence, car cette définition ne
correspond pas au droit de toutes les sociétés. Il ya de
nombreuses sociétés ou les règles sont beaucoup moins
valorisées, où le droit est plutôt compose de modèle
de comportement. Peut-on dire que ce n'est pas du droit? Non! La maxime romaine
ubis societas, ibi jus, où il y a une société il
ya du droit, n'est plus conteste par personne et l'homme étant un «
animal politique» c'est-a-dire un être social, qui vit toujours en
société2(*).
Cela signifie qu'il y a partout du droit mais il n'est pas composé de
règles. Cette première définition formelle du droit n'est
donc pas adéquate pour définir le phénomène
juridique dans son universalité. De nombreuses sociétés ou
les règles sont beaucoup moins valorisées, où le droit est
plutôt composé de modèle de comportement.
Selon les juristes, la spécificité de la
règle de droit c'est d'une part, son caractère obligatoire,
c'est-a-dire que son non respect est nécessairement sanctionne, et que
cette sanction est étatique, autrement dit le droit est lie a l'Etat. On
peut lire a la page 24/25, dans l'ouvrage des Mazeaud: «la
règle de droit est sanctionnée par la contrainte, il y a la un
caractère spécifique de la règle de droit. Une
règle qui ne serait pas obligatoire ne serait pas une règle de
droit ». Et, M.J.L Aubert dit sensiblement la même
chose: p20« la caractéristique décisive de la
règle de droit consiste en ce qu'elle est une règle à la
fois obligatoire et sanctionnée par l'Etat».
Pourtant, on a montre que la sanction n'est pas inhérente au droit,
qu'il peut y avoir du droit sans sanction aussi bien dans le système
occidental que dans d'autres traditions plus dignes. Comme par exemple le
Président de le République est tenu de promulguer les lois
votées par le parlement. Or aucune sanction n'est prévue en cas
de non promulgation de la loi. Aussi, il y avait, il y a peu, une obligation,
pour toute personne majeur de s'inscrire sur les listes électorales,
mais aucune sanction n'est prévue en cas de non respect. De même,
la sanction n'était pas ignorée dans les systèmes
juridiques non occidentaux, qu'ils soient étatiques (Chine, Japon) ou
non étatiques (Afrique, etc.) mais là non plus elle n'est pas
omniprésente. Les conflits sont souvent réglés de
manière négociée. L'application des sanctions obéit
à un principe de flexibilité: des infractions similaires
n'entraînent pas les mêmes réactions sociales. En outre on y
trouve des sanctions psychologiques, blâme, mise en quarantaine...
En effet, toutes les sociétés ne sont pas des
sociétés étatiques, ou n'ont pas toujours
étés des sociétés étatiques (d'autant plus
que l'Etat tel que nous l'envisageons aujourd'hui, apparait a la Renaissance
seulement) et pourtant ce ne sont pas des sociétés sans
système juridique. Comme l'écrivent A. Weill et F. Terre «
...une règle n'est pas juridique parce qu'elle est
sanctionnée d'une certaine manière par le groupe; elle est
sanctionnée de cette manière par le groupe parce qu'elle est
juridique.»
Les définitions «formelles» du droit ne sont
donc pas des définitions« du droit» mais des
définitions du droit français et des droits qui s'y
rapprochent.
b) Définition substantielle
On peut également tenter de définir le droit en
s'attachant soit à son contenu, soit a ses finalités. En effet,
les définitions quant au contenu sont celles qui se rattachent aux
doctrines que l'on a appelées idéalistes ou du droit naturel ou
juste naturalistes. Ces doctrines postulent que le droit effectivement
appliqué doit être conforme à un idéal de justice.
Mais il y a une divergence sur le contenu de ce que doit être le droit.
Pour les uns le droit naturel est celui qui est voulu par Dieu et s'imposant
aux Hommes. Il trouve son expression dans les dogmes entremêlement vrais
qui sont à la base de la civilisation chrétienne: respect
dû à la parole donnée, force obligatoire des contrats,
réparation des dommages injustement causes à autrui,
intangibilité du droit de la famille, du droit de
propriété individuelle, du respect du droit de la
personnalité, etc.
Mais, un autre courant (XVe siècle, Ecole du
droit de la nature et des gens) la notion de droit naturel est infléchi
dans une direction individualiste. On part de la nature de l'Homme (toujours et
partout le même) pour en déduire qu'il a des droits fondamentaux
qui lui appartiennent en tant qu'Homme et qui doivent être reconnus par
le droit positif. Cette école a beaucoup influencé les
révolutionnaires et les rédacteurs du code civil; ils font entrer
dans le droit naturel des institutions entières, telles que l'obligation
alimentaire, le mariage, la puissance paternelle. En outre, cela signifie que
le droit devrait être partout et toujours le même, or on le sait ce
n'est pas le cas, les contenus des différents droits varient, dans le
temps et dans l'espace et il n'est pas possible de disqualifier les uns au
profit des autres. S'il est une définition du droit qui ne tient pas la
route, c'est celle qui entend définir le droit par son contenu.
Cependant, les définitions du droit par ses finalités paraissent
a priori plus fiables. Charles Leben a donné pour titre à sa
contribution. M. Terre écrit a la revue Droits, la
phrase: Droit: quelque chose qui n'est pas étranger à la
justice que le droit est d'abord justice mais qu'il n'est pas que justice
car «il doit satisfaire» dit-il, « le juste et le sage
».
En effet, si tous les auteurs s'accordent pour dire que le
droit a pour but de faire régner l'ordre, en général ils
ne pensent pas que ce soit par n'importe quel moyens. On peut résumer
l'opinion générale en disant que : le droit a pour but de
garantir l'ordre et de réaliser la justice. Certains insistant un peu
plus sur l'ordre que sur la justice car cette dernière peut être
considérée comme subjective. Mais, les sociétés
dites traditionnelles n'opèrent pas comme les sociétés
occidentales, une rupture radicale entre l'ordre et le désordre; elles
mettent fréquemment en oeuvre d'autres moyens que la justice pour
parvenir au rétablissement de l'ordre et de l'harmonie.
Définition anthropologique du Droit
Il n'existe aucune théorie interculturelle du droit qui
fasse l'unanimité parmi les chercheurs. Cependant, les théories
anthropologiques du droit ont au moins l'avantage de tenter de saisir ce qu'est
le droit à travers les expériences de sociétés
très diverses: en ce sens, même incertaines, au moins sont-elles,
par leur généralité, plus scientifiques.
Si on admet que le droit est inhérent à toute
forme de vie en société, deux voix s'offrent pour le
découvrir, le rechercher dans ses modalités ou analyser son
contenu. On identifiera alors que le droit a des normes ou, des
procédures de règlement de conflits où l'on combinera les
deux, on étudiera les règles a travers le conflit. En effet,
l'approche normative correspond à la conception dominante du droit telle
qu'elle est enseignée dans les pays de tradition civiliste : le droit
consiste essentiellement en un certain nombre de normes explicites et
écrites, contenues dans des textes le plus souvent rassemblé dans
des codes. Cette préférence pour les normes se traduit par un
certain point de vue quant à la nature de la violation de ces normes et
des processus conflictuels. Pour les normativistes, la vie sociale étant
gouvernée par des règles, le comportement normal consiste a s'y
conformer, et le conflit apparaît comme une conduite pathologique.
Ainsi Radcliffe-Brown et Roscoe Pound définissent le
droit comme «un type de contrôle social qui
s'exerce par l'emploi systématisé» et pour Hoebel,
«une norme sociale est juridique si le fait de la négliger ou
de l'enfreindre est régulièrement contrecarré, par la
seule menace ou dans les faits, par l'application de la force physique par un
individu ou un groupe jouissant du privilège socialement reconnu de
pouvoir se comporter ainsi»3(*).
Cette identification du droit a un corpus de règles
abstraites et explicites, associées a un appareil de droit n'est pas
général. Mis à part l'Occident, peu de
sociétés possèdent une conception normative du droit.
Cette doctrine a du mal à s'appliquer non seulement
dans les sociétés acéphales, mais aussi dans certaines
sociétés étatiques. Même quand elles existent de
manière explicite, les règles n'en sont pas pour autant
automatiquement suivies, certaines sont caduques, certaines ne sont
appliquées que de manières irrégulière. L'analyse
normative ne peut rendre compte que d'une partie des phénomènes
Juridiques et seulement dans certaines sociétés; celles qui
connaissent une organisation politique centralisée et un appareil
judiciaire clairement identifiable. En outre, l'approche processuelle est
surtout utilisée à propos des sociétés
acéphales, ou les conflits sont plutôt réglés par
des voies non judiciaires, découle des conceptions du droit de
Malinowski Bronislaw (1884-1942)4(*).
Selon Malinowski le droit doit être défini par sa
fonction et non par les modalités de ses manifestations. Or, pour lui,
le droit assume avant tout une fonction de réciprocité : la force
qui lie les individus, les groupes et permet la vie en société
résulte de rapports réciproques ; c'est la
réciprocité de ces obligations qui assure la cohérence de
la société et non pas une quelconque sanction. Le comportement
d'un individu est plus modèle par les relations sociales que par les
normes et les institutions, autrement dit, le droit est plus explicite par les
processus; les modalités de règlement des conflits que par des
normes.
Les auteurs explorent ainsi tous les aspect du conflit,
l'histoire du conflit en cause, la nature des relations unissant les parties,
la nature du règlement (assuré par les parties elles-mêmes,
par l'intervention d'un médiateur, d'un arbitre ou d'un juge), la
façon dont la décision est appliquée ou contournée,
etc. Mais cette méthode ne peut prétendre restituer le
phénomène juridique dans sa totalité, car le droit n'est
pas réductible aux seuls processus conflictuels. L'obéissance au
droit constitue la forme la plus courante d'observation du droit: contrairement
a ce que pensait Malinowski, l'homme n'a pas toujours conscience d'appliquer
une stratégie pour défendre ses intérêts, il
obéit à la règle parce que son expérience de vie ou
l'éducation la lui fait intérioriser, ou parce qu'il redoute une
sanction, ou parce qu'il la trouve raisonnable.
La notion de tradition et l'adjectif
« traditionnel ».
Selon le grand Larousse de la langue française, le mot
tradition vient de « traditio (remise, livraison,
enseignement) qui découle de traditum, supin de tradere, qui
signifie transmettre, remettre ;le découpage du verbe
tradere donne : trans (au-delà de, par
delà) et dere (donner) » Et l'on donne les
définitions suivantes , « transmission orale de
légendes, de faits , de doctrines, d'opinions, de coutumes, d'usages,
etc. au cours d'un long espace-temps » et « manière
de vivre ou de penser, transmise de génération en
génération ». La notion de tradition renvoie donc aux
idées de transmission et de perpétuation des pratiques d'une
génération à celle qui lui succède.
En effet, appliquée au contexte des
sociétés africaines ; la notion de tradition, d'où
dérive le qualificatif traditionnel, est toujours envisagée par
opposition à la modernité (la modernité renvoyant dans la
pensée populaire à l'occident). Est traditionnel au sens commun,
ce qui relève des modes de vie précoloniaux, « ce que
nos ancêtres nous ont légué » Si nous disons
conceptions traditionnelles nous pensons à la manière dont les
populations précoloniales construisaient, se représentaient leur
univers forestier avant l'arrivée des occidentaux. Ainsi la
qualification traditionnelle est connotée idéologiquement, car il
intervient dans la problématique évolutionniste
tradition /modernité, avec à l'arrière plan, la
valorisation de la modernité et la volonté de faire disparaitre
la tradition. Et, réciproquement la valorisation des traditions contre
la culture étrangère.
La notion de coutume et l'adjectif
« coutumier »
Le terme coutume a un sens juridique et un sens commun. Au
sens juridique, la coutume fais partie des sources du droit ; c'est un
corps de règles élaborées par la pratique, la vie
courante, par opposition aux lois écrites, édictées par
les organes spécialisés, comme l'assemblée nationale.
Ainsi, dans une première approche, la notion tribunal coutumier fait
référence au fait que le droit qui est en vigueur est oral,
tandis que les instances occidentales ou d'inspiration occidentale s'appuient
sur le droit écrit. Jacques Vanderlinden fait d'ailleurs remarquer que
« les colonisateurs européens, abusés par le
caractère oral des droits originellement africains et considérant
erronément que l'oralité est nécessaire et suffisante pour
identifier la coutume, source formelle de droit, ont couvert ces droits des
vocables coutumes ou encore droit coutumier ». En
général, la coutume au sens usuel, désigne « la
manière d'être, de se comporter, de manger etc. ».
Droit Coutumier ou Droit Traditionnel
Dans le contexte africain, coutume est pratiquement synonyme
de tradition et désigne les usages en vigueur avant l'introduction de
l'occident. Nous pensons que c'est surtout dans ce sens que l'on parle de
tribunal coutumier ou tribunal traditionnel, c'est dire, qui règle les
conflits relatifs aux coutumes ou aux traditions, ce qui ressort du droit
coutumier ou droit traditionnel. Les sociétés africaines
précoloniales sont essentiellement des sociétés paysannes,
à large prédominance agricole, dans lesquelles priment les
rapports entre l'homme et la terre, autrement dit, l'homme et la nature
(environnement). La conséquence de ce fait est que le droit est, ici
foncièrement paysan. Les règles qui le forment sont en effet
marquées par les nécessités de la civilisation agraire.
En effet, les droits coutumiers ne sont que l'expression de
ces civilisations d'agriculteurs (peuples de forêt) et de paysans
(peuples du désert).Ils sont pour leur part élaborés
depuis des millénaires et fondent leur existence sur les rapports
sociaux établis entre les hommes d'une même communauté dont
le travail agricole constitue l'activité principale. Ces règles
ne font qu'exprimer et sanctionner les moeurs de ces groupes d'individus
à l'occasion de leur travail. Ainsi l'analyse des faits juridiques
propres à ces populations tend à consacrer l'originalité
des droits coutumiers entant que droit agraire et non écrit. Elles ont
une origine qui se confond tantôt avec des préceptes religieux,
tantôt avec des préceptes moraux. On ne peut valablement soutenir
que les droits coutumiers constituent un corps de règles statistiques et
immuables. Il convient alors de dégager les caractères des droits
précoloniaux africains avant de nous prononcer sur ce qu'ils sont
devenus au contact de l'extérieur, singulièrement de l'Europe.
Les caractères du droit coutumier
(traditionnel)
Les caractères des droits coutumiers tiennent tant
à l'homme qu'à la terre qui demeure le centre de
l'activité de l'homme précolonial. Les droits coutumier sont
essentiellement agraire, générés à l'occasion et
à travers les activités liées à la terre. Ce
caractère prépondérant des droits coutumiers marque de
façon profonde le sort des systèmes juridiques
précoloniaux. La terre étant inaliénable du fait qu'elle
n'appartient pas à un seul individu, les droits coutumiers en tirent un
caractère collectiviste. Comme le déclarait un informateur
« la terre appartient à une grande famille dont beaucoup
de membres sont mort, quelques-uns vivants et dont le plus grand nombre est
encore à naitre » (Essono Nto'o)5(*).
Ce caractère découle aussi directement de la
nature de la société africaine. Elle est essentiellement
collectiviste en ce sens que l'homme africain ne saurait se considérer
comme un individu distinct du groupe social auquel il appartient. Il ne saurait
exister en dehors du cercle familial, du clan ou de la tribu. Par voie de
conséquence, il est d'abord le produit, et un maillon de la chaine
communautaire. Il ne peut donc s'assumer en dehors d'elle. Sa vie et son
existence s'incrustent dans un large calendrier dont les supports demeurent
à jamais la texture communautaire.
Ceci ne semble pas avoir échappé à R.
Verdier lorsqu'il écrit qu' « individu et groupe sont
complémentaire l'un de l'autre. Le groupe n'est pas une entité
abstraite, pas plus que l'individu n'est en réalité autonome...il
ya d'un coté les droits des groupes en tant que ses membres le
constituent ; de l'autre coté, il ya les individus qui tiennent
leur devoirs de leur appartenance au groupe ». Ainsi, agraires,
collectivistes, inégalitaires, religieux et oraux, les droits coutumiers
connaitront une mutation certaine au contact de l'extérieur.
La métamorphose des droits coutumiers au
contact de l'Europe.
La domination politique née de la colonisation provoque
de profondes mutations économiques et sociales chez les peuples
africains. Ces métamorphoses réagissent inévitablement sur
les droits traditionnels. Elles ont influencés profondément la
conception, les techniques de création et le contenu des droits
traditionnels d'une part, et enfin le destin de ceux-ci d'autre part.
Les influences de la colonisation sur la conception,
les techniques de création et le contenu des droits
traditionnels
Au niveau de la notion de droit, les droits traditionnels ne
sont plus seulement des droits agraires. Ils prennent dorénavant en
compte les autres activités de la vie rurale notamment le commerce.
Ainsi, apparaissent de nouveaux contrats commerciaux et le contrat de travail.
En effet, le nouveau droit s'articulera autour de l'individu au
détriment de la communauté qui était jusque-là le
sujet de son objet. L'homme, la personne devient la fin suprême du droit
nouveau. Il ne s'agit plus d'une conception collectiviste, mais individualiste
du droit. Le droit nouveau est un droit laïc dépourvu de toute
connotation religieuse qu'elle soit islamique ou animiste. Les mutations
intervenues dans les droits traditionnels sont évidentes, et on peut
s'interroger sur le devenir des droits coutumiers.
Le destin des droits coutumiers
Le destin des droits coutumiers est lié à une
double interrogation. Doit-on maintenir les systèmes juridiques
épurés, parallèlement au droit moderne comme pendant la
période coloniale ? Ou bien créera-t-on un droit nouveau,
synthèse du droit coutumier et du droit de la puissance
tutélaire ? L'opinion quasi générale est de
créer un droit nouveau constitué des apports non
négligeables des coutumes, adaptés au progrès et a
l'évolution du monde. Mais il faut reconnaitre que les résultats
des travaux de refonte sont encore mitigés. Et, jusqu'ici, l'apport des
droits traditionnels aux droits nouveaux est assez minime. Il est insignifiant
dans les matières de droit public, ou d'ailleurs les droits coutumiers
ont secrétés peu de normes, et quasi nul dans « celles
qui sont à la frontière du droit public et du droit
privé », comme le droit forestier, et bien d'autres.
En effet, son recul est remarquable en matière
d'organisation judiciaire où on constate que très souvent les
tribunaux coutumiers sensés appliquer les droits traditionnels sont
purement et simplement supprimés. Il en est ainsi dans les pays
d'Afrique et notamment au Gabon. Ainsi, la ligne d'évolution est claire.
Le droit coutumier aura de plus en plus tendance à perdre pied devant la
préférence accordée au droit moderne. En
réalité, la situation n'est aucunement liée au hasard des
choses. Elle est la résultante d'un progrès technique et du
développement auquel la coutume ne participe que de façon
subsidiaire. En ce sens, il n'est pas douteux que l'évolution exclura de
plus en plus de son champ les coutumes.
Notion de Forêt
Pour les africains, c'est de la forêt que vient la
nourriture (agriculture, chasse pêche, cueillette) et les plantes
nécessaires aux traitements des malades. C'est aussi dans la forêt
que vivent les ancêtres et les génies. La forêt est dont
pour les africains en général et pour les gabonais en particulier
un univers sans laquelle la vie en société est inconcevable. Pour
les occidentaux, la forêt est une richesse et regorge d'autre richesse
qu'il faut exploiter, le rapport des occidentaux à la forêt est
donc un rapport économique. L'exploitation nécessite la
destruction de la forêt même quand les mesures de protection de
l'environnement sont prises. C'est un capital. Mais pour le gabonais, la
forêt est une richesse ; La forêt n'est pas une donnée
passive, elle est une donnée « active », elle est
culturellement construite selon les usages que l'on en fait. Remarquons
l'occident donne une définition notionnelle de la forêt par contre
l'africain (le paysans, villageois) lui donnera une définition
fonctionnelle.
Etymologie du mot forêt et ses
dérivées
Dans le Robert 2001, dictionnaire français, la
forêt est définie comme une « grande étendue
d'arbres, l'ensemble des arbres qui sont sur cette étendue ».
Le même dictionnaire définit la forêt comme étant
celle qui n'a jamais été modifiée par l'homme. Cette
définition générale ne cadre pas forcement avec celle des
spécialistes, de même que, sur le plan de l'approche historique,
le dictionnaire ne fait pas état d'une dynamique définitionnelle
de la forêt. Selon Robert Harrison, le mot
« forêt », écrit-il, est à l'origine un
terme juridique. Tout comme ses nombreux dérivés dans les langues
européennes (foresta, forest, forst..), il vient du latin
foresta. Le mot latin n'apparait pas avant la période
mérovingienne. Dans les documents romains et les premiers actes du moyen
âge le terme usuel pour désigner les bois et les régions
boisées était « nemus ».
En effet, cette reconstitution du vocabulaire apporte des
informations capitales pour la l'élaboration scientifique d'un
vocabulaire applicable à la forêt, dans son acceptation
française actuelle. Aussi, il faut noter que l'histoire du terme
« forêt » lui-même n'est pas neutre. Car c'est
un terme daté. Il n'est originel que si l'on remonte à
l'époque romaine. Il s'agit donc d'une réalité construite
socialement au cours de l'histoire européenne. D'ailleurs, Robert
Harrison précise que le mot foresta apparait pour la
première fois dans les lois des lombards et les capitulaires de
charlemagne, pour désigner non tant la région boisée en
général que les réserves de chasse royale. Ainsi, nous
voila arrivé à l'opposé de la définition
contemporaine de la forêt. Alors qu'une forêt en France appartient
aujourd'hui le plus souvent au domaine public et qu'elle est accessible
à tous les promeneurs et randonneurs, voici qu'historiquement elle est
reconstruite comme un domaine privé
« réservé ».Certes l'activité
cynégétique fais bien encore partie des activités
pratiquées en milieu forestier, mais elle n'est pas constitutive du
terme, dans sa définition première. Pour ce terme de base
« forêt », la « quête des
origines » nous fais remonter non seulement jusqu'aux origines de la
langue française, mais jusqu'aux substrats latins sou jacents au lexique
français actuel.
Si nous parlons des étymologies latines, nous trouvons
non pas un terme unique pour signifier forêt, mais trois termes
successifs et sémantiquement
« décalés » : nemus, foresta et
Silva. Le premier terme, nemus serait en fait celui qui correspond
à l'acceptation actuelle du terme
« forêt » : bois et régions
boisées. Le deuxième, foresta, est lié, comme
nous venons de le voir, à la définition d'un domaine
réservé de chasse, et se trouve étymologiquement en
porte-à-faux avec l'usage que nous privilégions aujourd'hui. Le
troisième, silva, est à l'origine « l'espace
compris dans l'enceinte des murs du jardin royal » et se trouve en
contraste sémantique avec forestis Silva qui suppose un espace
extérieur aux murs de la cité royale (Harrison 1992, p.112). Si
l'on s'en réfère à l'étymologie, le terme qui a
survécu de manière dominante est celui qui est le plus
connoté juridiquement.
Première partie.
Approche théorique et
méthodologique
Chapitre 1.
Approche Théorique et
Méthodologique
Il s'agit de déterminer les préalables
théoriques et méthodologiques de notre recherche. Nous nous
attelons donc à définir le cadre théorique, à
démontrer l'intérêt de la recherche, élaborer une
problématique et décrire la démarche méthodologique
utilisée, dans un premier temps. Ensuite il sera question du
questionnement, à savoir comment nous nous sommes pris pour
réaliser notre recherche les difficultés rencontrées, et
la méthode utilisée. Pour finir, nous Présenterons le plan
de notre travail.
Section 1 : Approche Théorique
1.1. Cadre théorique
Pour mieux expliquer notre hypothèse nous avons fait
référence au fonctionnalisme. Cette grille de lecture nous
permettra de rendre compte des différentes et multiple fonctions que
joue la forêt. En effet, la forêt n'a pas la même
représentation selon qu'on est population rurale, représentant de
l'Etat où exploitant forestier. Pour les populations rurales la
forêt joue la fonction de mère nourricière, c'est en effet
dans la forêt que les populations autochtones trouvent à manger
à travers l'agriculture, la pêche, chasse et la cueillette, c'est
aussi dans la forêt que les tradi-praticiens prélèvent les
essences médicinales. Pour les exploitants forestiers, la forêt
joue la fonction de biens économiques, en effet, la forêt est pour
eux une richesse qu'il faut exploiter. Pour l'Etat la forêt joue la
fonction de souveraineté, autrement dit, l'Etat exerce sa
souveraineté sur la forêt, il peut la céder aux exploitants
forestiers, la concéder aux populations rurales, la
classer ou protéger en fonction de ces intérêts.
Notre recherche portant sur les Conceptions traditionnelles et
juridictions actuelles de la forêt a été abordé par
de nombreux auteurs et chercheurs, nous citons entre autres : Claude
Lévi-Strauss (1962), Georges Dupré (1982), Philippe Descola
(1989), Paulin Kialo (2005).
Lévi-Strauss (1962) a abordé l'étude des
rapports entre les représentations sociales des sociétés
traditionnelles et les êtres de la nature. Autrement dit, les rapports ou
les conceptions des populations à leur environnement dans une
perspective structuraliste, en critiquant la thèse selon laquelle
« le sauvage est gouverné exclusivement par des raisons
organiques ». Il va construire une nouvelle façon
d'apprécier et de comprendre la pensée exotique. Kialo Paulin
(2005) dans l'esquisse d'une anthropologie comparée de la forêt va
développer la perspective d'une anthropologie comparée des modes
d'exploitation de la forêt avant et après le contact des
sociétés traditionnelles du Gabon et les exploitants forestiers
occidentaux. Ainsi, selon lui, il y aurait deux modèles d'exploitation
de la forêt contradictoire « l'un serait anti-forêt
et l'autre pro-forêt ».
Pour notre part, le cadre théorique
général qui sied à notre étude est l'anthropologie
juridique, il est question dans ce domaine d'étude de mètre en
présence dans une mouvance sociale les systèmes juridiques ce
domaine de recherche et de questionnement anthropologique porte son
intérêt sur les différentes expressions juridiques qui
puissent exister relatif aux droits des sociétés. Cette
étude s'inscrit dans quatre approches : le pluralisme juridique, le
fonctionnalisme, car ici il s'agit d'appréhender l'objet que l'on se
propose d'étudier du point de vue fonctionnelle, voir les conceptions et
l'utilisation de la forêt de la Mondah par les populations riveraines,
urbaines et étatiques, le rôle ou la fonction rempli par celle-ci
dans leur mode de vie d'hier et d'aujourd'hui. En effet, ce courant nous
permet, non seulement, de connaitre le rôle joué par chacune des
forces en présence, mais surtout, de rendre compte des notions de
fonction et dysfonction qui existent et déterminent
l'élément fondamental de notre travail.
Le culturalisme aussi rentre en compte dans ce champ
d'étude. C'est le cas de Merton, il va démonter son
efficacité en mettant en exergue les mécanismes d'adaptation et
d'intégration d'un individu dans les rapports d'interdépendance
qu'il a avec son environnement. A ce titre il dira que :
« les fonctions sont parmi les conséquences
observées, celle qui gênent l'adaptation ou l'ajustement d'un
système ».
Comme l'étudie Philippe Descola, une
société ou l'imaginaire donne à la nature toutes les
apparences des sociétés humaines. Il estime que c'est une
écologie symbolique, non illusoire de la réalité, qui
établit une filiation réelle entre la société et la
nature. Aussi partant du fait que la forêt de la Mondah soit
classée, et que tout développement est avant tout participatif et
culturel, avant d'être économique et politique. Il faut a ce titre
une intégration absolue des populations locales avec leur savoir et
savoir-faire ; Henri-Paule Bourobou Bourobou (1990, p. 62), botaniste
dira à ce sujet que : « celui qui compte se
développer en mettant la tradition à la poubelle se trompe. Aucun
pays ne s'est développé sans tradition, aussi, faut-il prendre en
considération les réalités locales c'est-à-dire les
facteurs endogènes autrement dit la coutume ».
1.2.1. Problématique
La sauvegarde de la nature a toujours été au
coeur des sociétés africaines à travers les modes
d'exploitations et de conservation traditionnelle des ressources naturelles. A
cet égard les initiatives endogènes se sont partout
manifestées. Chaque société a voulu pérenniser les
techniques de gestion de son écosystème. Des peuples d'Afrique en
général et du Gabon en particulier ont pu ainsi assurer leur
survie en concevant que la forêt est une donnée
« active », elle est culturellement construite selon les
usages que l'on en fait, et lui donnera une définition fonctionnelle,
pour qui l'homme fait partie de la forêt :
« détruire la forêt, c'est se détruire
soi-même ». Ainsi, les représentations que
les populations rurales ont de la forêt ne relèvent pas seulement
d'un savoir-faire, mais le respect qu'elles ont pour elle est avant tout un
sentiment « croyance ». Ce lien entre l'homme et la
forêt serait une alliance originelle, et à ce titre, elle doit
être préservée de toute violence.
L'équilibre dynamique entre l'homme, faune et flore,
aurait pu encore se poursuivre pendant des siècles. Mais tout a prit fin
avec la mise en dépendance par la colonisation européenne qui a
dicté brutalement son mode opératoire. Désormais, les
terres qui étaient la propriété des communautés et
servaient à leur survie, ont été exploitées sans
plus tarder.
En effet, le débat relatif à la juridiction
forestière, a été posé dès la colonisation.
Mais il a pris des ampleurs différentes au fil des temps. Lors de la
colonisation, les européens ont rencontré des difficultés
à mettre en place leur système juridique dans les colonies. Henry
Solus écrivait à ce propos : « si la
conquête ou les traités permettent au peuple colonisateur
d'imposer à la colonie son mode de gouvernement, et son administration,
il ne lui donnent pas la même emprise sur le droit privé des
indigènes ». Ceci s'explique par la nouveauté du
contact avec l'occident et le fait que les populations n'étaient pas
instruites du droit qui leur était appliqué. Selon Nicolas
Metegue N'na (1981, tome 1, p. 52) « entre 1839 et 1920 la
société gabonaise, malgré les progrès de l'emprise
coloniale, a subi peu de changements. Elle est demeurée, pour
l'essentiel, un agrégat de peuple inconsistant, fortement
imprégnés encore de caractères dominants des
sociétés précoloniales ». Ainsi, un
ensemble de lois vit le jour, partant de l'arrêté du 19/09/1924
qui fixe les modalités du droit d'exploiter la forêt. Puis un
nouveau annula l'ancien le 23 /04 /1939.
Ainsi, au moment des indépendances, c'est la question
de l'unification du droit dans les nouveaux états souverains qui mettait
en obvie la présence du droit coutumier. L'Etat ignorant le droit
coutumier, retire aux communautés villageoises l'héritage des
espaces forestiers ancestraux et limite en même temps, leur droit
d'exercice dans les forêts. Comme le stipule l'article 13 de la loi
n° 16/01 portant code forestier en République gabonaise
« toute forêt relève du domaine forestier national
et constitue la propriété exclusive de l'Etat ».
Cette loi n° 16/01 de décembre 2001 vient annuler une ancienne
loi n° : 01/82 du 22 juillet 1982 devenue caduque. Au sein du bloc
forestier, de vastes espaces ont été convertis en chantiers, la
terre des parcs nationaux ou des forêts classées ont
été réquisitionnée sans l'avis des populations qui
y vivent, pour être présentée à la communauté
mondiale comme un facteur essentiel à la sauvegarde de la
planète. Tandis que, séparés de ce qui faisait leur fond
de vie et leurs donnaient un sens, les populations locales sont invitées
à courir après les idées, les traditions, les approches
étrangères de conservation de biodiversité, au risque
d'une aliénation matérielle et mentale. Ainsi, toutes les
superficies d'aires protégées sont sous la juridiction
étatique autrement dit dispose d'un statut émanant de
l'extérieur. Ce statut n'induit pas la réécriture des
règles de droit coutumiers, ou plutôt, il requiert un transfert
des outils juridiques des pays extérieur.
Présentant la nature comme la condition de tout
inspiration et création humaine, Philippe Descola (1989, p.380) dans une
pensée presque similaire à celle de Lévi-Strauss(1962)
écrit : « la finalité d'un bon usage de nature
(chez les jivaros achuars) n'est pas la cumulation infinie d'objet de
consommation, mais l'obtention d'un état
d'équilibre » Ceci pour dire que bien que la
forêt soit la mère nourricière de l'homme, mais elle
concoure à son équilibre. Cette perception à la fois
économique, religieuse, mystique et parfois mystérieuse de la
forêt se matérialise dans la conception des modes de gestion de la
forêt par les populations locales devenue un
« capital », un fonds de commerce aujourd'hui.
Etant donné qu'une partie de la forêt de la
Mondah est classée, et qu'il existe une forte identification des
populations locales, urbaines et étatiques envers cette forêt eu
égard à toutes les activités qu'elles y mènent, il
ya lieu de se demander si les valeurs héritées du passé
par les populations peuvent se perpétuer en procédant à la
fusion entre les conceptions traditionnelles et moderne de la forêt.
Autrement dit, pourquoi les conceptions traditionnelles des populations
connaissent-elles des difficultés face à la juridiction actuelle
de la forêt qui est un grenier pour l'homme ?
A cette principale question vient s'ajouter celle de savoir
comment les conceptions traditionnelles et modernes de la forêt,
appliqués à la forêt de la Mondah parviennent à
gérer celle-ci ?
Au delà de ces interrogations, il convient de noter
qu'un centre d'intérêt retient notre attention. La forêt de
la Mondah ne connait- elle pas de modification structurelle, face a ces deux
juridictions qui lui sont appliquées ?
Ce sont là des questions qui nous invitent
assurément aux modes de gestions forestières et leur impact sur
la forêt de la Mondah et les populations qui y vivent, en partant des
origines des deux juridictions mise en vigueur dans cette forêt. Ainsi,
nous avons pour but essentiel de montrer, à travers les activités
humaines, les lois misent en application dans ce périmètre et les
discours des informateurs, si cette forêt est toujours la même et
joue pleinement ses rôles.
1.2.2. Hypothèse
La double juridiction persiste parce que les populations
rurales ne se retrouvent pas dans les politiques de gestion de la forêt
par l'Etat ; La forêt est pour elles une mère
nourricière que le droit coutumier préserve mieux que la loi
considéré comme étant contra legen(contraire à la
coutume) d'une part. L'Etat et les exploitants forestiers,
préfèrent s'en tenir à la loi à cause de son
caractère général et contraignant sur la protection de la
forêt, car nul n'est sensé ignorer la loi d'autre part.
Notre hypothèse ainsi formulée, va nous amener
à comprendre les différents types de rapports que les populations
rurales, l'Etat et les exploitants entretiennent avec la forêt.
En effet, la forêt a toujours fait l'objet de
protections des sociétés dites traditionnelles, et cela passait
par le biais des interdits. Mais aujourd'hui, dans nos sociétés
dites « modernes », c'est par le canal des lois
forestières que cette protection est assurée. Bien que les
procédures ne soient pas les mêmes, le but reste la
préservation de l'écosystème forestier pour les besoins
présent et futurs des sociétés. C'est ainsi que dira Kofi
Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies
« la protection des forêts est un investissement essentiel pour
l'avenir des hommes et de la planète ».
La spécialité de chaque relation entre
société et biodiversité est notamment une gestion
spécifique de leur écosystème liée à la
vision du monde et aux représentations d'un groupe social. Ainsi, tout
un chacun exploite la forêt de la Mondah selon sa culture, mais surtout
pour des besoins nutritionnels, sanitaires ou financiers. Autrement dit-il ya
une gestion individualisée et disharmonieuse de la forêt de la
Mondah. Enfin, la conception traditionnelle se heurte à la juridiction
actuelle de la forêt par la non-prise en compte des besoins réels
des populations par les politiques étatiques ce qui entraine une
situation conflictuelle, entre les deux acteurs en présence.
1.3. Intérêt anthropologique et zone
d'étude
1.3.1. Intérêt Anthropologique
Les espaces qui composent le territoire villageois sont
régis par le Ministère de l'intérieur qui a travers les
chefs de cantons, les chefs de regroupements et les chefs de villages
gèrent au quotidien les aspects administratifs qui se posent dans leur
localité. Mais l'organisation de la vie socio-économique et
culturelle ne relève pas de l'administration publique, les populations
elles même s'organisent pour subvenir à leur besoins. Cette
organisation diffère d'une société à une autre.
Celles qui vivent dans les villages avoisinant la forêt classée de
la Mondah ont leur particularité quant à la gestion
économique, sociale et culturelle, c'est là notre
intérêt anthropologique voir comment cette organisation s'inbrigue
avec la gestion administrative de la forêt classée de la
Mondah.
L'organisation des activités socio-économiques,
politiques et culturelles apparemment fondée sur les rapports de
production et de parenté, semblent être la conséquence des
connaissances ésotériques que ces populations accumulent sur la
forêt. On la voit ainsi revêtir un caractère comme une
source de vie qui exige une réglementation, des lois et des devoirs pour
une exploitation rationnelle. C'est dans ce système de
représentation que l'on retrouve la forêt dans
l'économique, le social, le culturel, le rituel et même les
politiques environnementales prônées par l'Etat.
Ainsi, l'autre dimension de la forêt, celle qui
relève du sacré et du religieux, la préserve des
intérêts égoïste qui pourrait-on déjà
entamer la primauté de l'immatière (le sacré) sur la
matière (économique).Cette première conception a toujours
bénéficié à la forêt dans la mesure où
elle lui permet de régénérer naturellement. Mais le monde
appartenant aujourd'hui à la matière, la forêt devient un
lieu de confrontation conceptuelle.
Il est important de noter que : « Les
nouvelles politiques des forêts tropicales émanent des
interactions entre ces différents savoirs culturels et
scientifique, plus concrètement, elles sont formulées dans
l'espaces culturel et industriel des experts et administrateurs de
l'époque coloniale se heurtent aujourd'hui aux dynamiques activistes et
capitaliste »6(*). Ainsi, façonnées en tant que
« politique environnementale », sont transplantés et
appliquées dans des régions colonisées, entrainant avec
eux des modifications culturelles auprès des populations pour qui la
forêt est leur source de vie.
1.3.2. Zone d'étude
Pour mieux circonscrire notre champ d'étude et le
réaliser, nous avons choisi les zones du Cap-Estérias,
Malibé 1 et 2, le Cap Santa-Clara, le Premier Campement et Libreville ou
nous avons identifié plusieurs informateurs, à savoir:
tradipraticiens, pharmacologues, agents du ministère de
l'économie forestière, exploitants, les villageois et citadins
(cultivateurs, Commerçants), tous rattachés à la
forêt de la Mondah à travers leurs activités
respectives.
Nous avons choisi cette zone parce que les populations qui y
vivent sont en étroite collaboration avec cette forêt et surtout
parce qu'elles peuvent nous expliquer certains constats et faits
antérieurs auxquelles elles ont peut-être assistés ou
participés.
- Situation géographique de la
forêt de la Mondah
La forêt de la Mondah qui est la zone de cette
étude est localisé au Nord de Libreville, entre la latitude
0°30 et 0°37 Nord et entre les longitudes 9°25 Est. Cette
forêt est limitée au Nord par la baie de Corisco, au Sud par
l'Estuaire du Gabon, à l'Ouest par l'océan Atlantique et à
l'Est par les marais maritimes. Sa végétation est de type des
forêts pluvieuses avec une forte présence d'Aucoumea klaneana
(okoumé). On y rencontre quelques savanes herbeuses sur des dunes
de sables. La forêt couvrait 10200 ha en 1959, date à laquelle
l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts a été construite.
Aujourd'hui, pour les raisons de dégradations, elle est
estimée à 3000 ha. La forêt classée de la Mondah
constitue une part intégrante de cette forêt au statut juridique
de forêt classée qui pose tant de mal d'accès aux
populations locales pour l'exercice de leurs usages coutumiers.
-Le climat
Située au Nord-est de Libreville, la forêt de la
Mondah présente un climat de type équatorial chaud et humide
caractérisé par quatre saisons : deux pluvieuses
(petite : mi-septembre à mi-décembre ; grande :
mi-février à mi- mai) et deux saisons sèches
(petites : mi- décembre à mi-février ;
grande : mi-mai à mi- septembre). La température
moyenne est de 26°à 28° avec un maximum qui ne dépasse
guère les 32°c. L'humidité relative moyenne varie entre 80
et 100% en saison de pluies. C'est la période à la quelle il fait
extrêmement chaud. Mais la saison des pluies a aussi ses
difficultés il pleut souvent le soir ou la nuit laissant un ciel plus
bleu et plus dégagé pendant la journée, les routes souvent
impraticable. En saison sèche (Juin, à Août)) le temps est
plutôt agréable, le ciel est souvent couvert de brume, les routes
redeviennent praticables : c'est le temps des vacances.
Section 2 : Approche méthodologique
« La préoccupation première est de ne
plus séparer le terrain de la théorie » J. Copans,
(1996, p. 22). Pour savoir pourquoi la forêt de la Mondah fait l'objet de
conflit entre ses exploitants, notre recherche a été
organisée en tenant compte de deux aspects méthodologiques
primordiaux a savoir: la pré-enquête et l'enquête de terrain
et la recherche documentaire.
2.1. La pré-enquête
2.1.1. Lecture préalable
« Bien que l'ethnologue privilégie
l'observation des pratiques concrètes et le recueil des données
de terrain elle incline également à s'appuyer sur toutes sortes
d'autres matériaux parmi lesquels ceux qui lui fournissent la
littérature » (Sylvie Fainzang, 2002).
De plus en plus « faire de la documentation
écrite» c'est-a-dire la présentation de tout ce qui a
été écrit sur le même sujet devient saillant et
pertinent dans les sciences sociales notamment en anthropologie. Il
paraît alors judicieux de prendre connaissance au maximum de ce qui a
été écrit non seulement sur notre objet d'étude,
mais aussi sur le champ et l'orientation théorique dans lequel s'inscrit
l'étude.
Ainsi, pour notre étude, nous avons eu recours
premièrement à l'analyse des travaux qui traitent de la
biodiversité, du droit forestier, lesquels seront
présentés dans le chapitre consacré a l'état de la
documentation. Nous avons également exploité les données
géographiques sur la zone d'étude afin d'avoir des
préalables théoriques, nous permettant de localiser l'état
actuel des activités sur la forêt.
L'état de la documentation a servit également
dans l'élaboration de notre problématique, laquelle nous a
conduit à avoir une hypothèse de recherche qui nous a permit de
collecter les premières données sur le terrain.
2.1.2. Pré-enquête de terrain
L'objectif de notre pré-enquête était de
tester le questionnaire et l'hypothèse de recherche. Au cours de la
pré-enquête sur le terrain nous avons pris contact avec nos
potentiels informateurs et voir comment nous devrions entreprendre notre
recherche. Nous avons ainsi recensé les personnes-ressources capables de
nous fournir des informations.
Cette étape nous a permis de tester notre questionnaire
et le réajuster, pour une meilleure exploitation de l'enquête.
C'est grâce à la pré-enquête que nous avons pu
sélectionner nos potentiels informateurs ainsi que les
différentes classes sociales susceptibles de nous fournir les
informations sur l'objet étudié.
Ainsi, nous avons établi des relations de sympathie
avec ces derniers. Notre pré-enquête a commencé au
Cap-Estérias au près des populations villageoises et des
administrateurs de l'ENEF. Ensuite, pour étendre notre zone
d'étude et élargir notre échantillonnage, notre
pré-enquête s'est poursuivit à Libreville auprès des
personnes qui utilise la forêt de la Mondah pour diverses raisons.
Au sortir de cette pré-enquête, nous avons
élaboré un guide d'entretien en fonction de nos premières
informations sur le phénomène d'exploitation des ressources
naturelles dans la Mondah. Nous avons dressé la liste des informateurs
potentiels ou réels. Cette étape nous a permis de revoir notre
problématique et notre hypothèse principale
2.2. Enquête
Nous entamons ici le côté pratique de notre
étude à savoir la campagne de terrain, étape cruciale dans
tout projet ethnographique visant les matrices ou modèles sous-jacents
aux savoirs et savoir-faire anciens et contemporains liés à
n'importe quel phénomène social.
Depuis les classiques de l'anthropologie, l'expérience
du terrain a toujours été un instrument central de la
démarche. Malgré les débats qui y ont cours, cette
question d'expérience du terrain comme critère de validité
reste prégnante. Surtout depuis l'apport de Kaspar Bronislaw Malinowski
et son « observation participante» le terrain devient un
préalable systématique à toute étude.
Malinowski dit d'ailleurs « Qu'en ce qui concerne le
terrain anthropologique, nous exigeons une nouvelle méthode de recueil
de matériaux. L'anthropologue doit abandonner sa confortable position
dans une chaise longue sur véranda d'une mission, d'un poste
gouvernemental ou du bungalow d'un planteur ou arme d'un crayon, il s'est
habitue à des déclarations d'informateurs à mettre par
écrit des listes et à noircir des feuilles de papier de textes
sauvages. Il doit aller au village et regarder les indigènes au
travail (...) » Malinowski, (1968, p. 23).
Comme disait Jean Copans : « L'enquête de terrain
reste le symbole par excellence des sucées en anthropologie ... »
(Malinowski, 1968, p 23). Sa conduite exige donc une attention
particulière et minutieuse, une organisation rationnelle et
méthodique. Cette exigence se justifie par le fait que le corpus
rapporté du terrain est un matériau soumis à l'analyse.
Cette exigence de terrain se justifie par le fait que le corpus rapporté
du terrain est un matériau soumis à l'analyse, Ainsi, comme le
disait François Laplantine « La présence de l'ethnologue
sur le terrain, est la seule voie d'accès au mode de connaissance
».
Nous avons réalisé notre enquête de
terrain au Cap-Estérias, au Cap Santa-Clara, à Malibé 1 et
2, Avorbam, Marseille 1 et 2 et dans certains quartiers de Libreville. Nous
nous sommes d'abord rapprochés des personnes avec lesquelles nous avons
pris contact lors de la pré-enquête. Nous avons
enquêté auprès de vingt trois personnes-ressources dont
l'âge varie entre 27 et 68 ans c'est grâce à l'entretien
semi-directif que nous avons pu recueillir des corpus en langue officielle
(française) sur les activités, le statut juridique, la conception
de la forêt auprès des populations et des agents de l'Etat.
Ainsi exposées et déterminées dans ce
cadre les conditions générales de collecte des textes
ethnographiques notamment les lieux et moments d'enquête, les techniques
et matériels utilisés, les types de matériaux
ethnographiques recueillis, les corpus en langue vernaculaire et en langue
officielle (française), sur les différentes conceptions de la
forêt de la Mondah et son état actuel.
Représentation graphique des
effectifs
Par âge et par sexe
Tableau n°1. Effectifs des
informateurs
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Effectifs des Informateurs
|
17
|
6
|
23
|
Effectifs des informateurs en pourcentage
|
73.91%
|
26.09%
|
100%
|
2.2.1. Difficultés
Les difficultés rencontrées lors de la
pré-enquête et l'enquête étaient multiples.
Aujourd'hui, presque la totalité des détenteurs de connaissances,
l'information est payante. Peu importe le niveau d'instruction ou son rang
social. Nous avons eu de sérieux problèmes avec les
commerçants d'écorces et de plantes au premier campement et au
marché Mont-Boute, certains nous ont qualifié de politicien et
d'autre ont refusé de se faire enregistrer de peur qu'ont ne prennent
leur voix, il a fallu les rassurer que nous ne leur enregistrons pas, et nous
sommes passée par entretien écrit. Ce qui ne nous a pas
été facile et a prit beaucoup de temps par rapport a
l'enregistrement avec le magnétophone.
Même pendant l'entretien il y avait certains
commerçants qui venaient crier autour de nous avec les propos mal
saints, d'autres ont pris nos coordonnées qu'au cas où il
arrivait quelque chose à leurs collègues enquêtes dans les
jours qui suivent (une semaine après) ils sauront comment nous joindre.
Pendant l'enquête, nous avons aussi été renvoyé par
certains informateurs disant qu'ils n'avaient pas de temps à consacrer
aux projets de recherche qui n'ont jamais amélioré leurs
conditions de vie, D'autres par contre en dépit de leurs occupations et
la fatigue, se sont efforcés de nous donner des informations qui nous
ont permis d'avancer dans notre travail. Enfin, l'enquête s'étant
effectuée dans une zone enclavée de l'Estuaire (Cap-Esterias),
nous avions été confrontés au problème de
locomotion, Une fois nous sommes resté tardivement au Cap-Esterias sans
moyen de transport jusqu'a 22 h 00, c'est à 23 h que nous avons eu par
chance une voiture sur Libreville, Connaissant les dangers de cette zone c'est
dans une peur terrible que nous avons effectue ce voyage.
Sur cette images on voit trois individus principalement, elle
a été prise sur le site de fabrication de charbon en forêt
à bolokoboué .
On peut y distinguer un arbre qui est abattu et couper en
morceaux, La tombée de l'arbre a entraîne une trouée.
Derrière la première personne, à gauche, on voit un
arbuste penché. Les morceaux de bois qui sont devant et derrière
la première fille sont fait pour la fabrication du charbon.
2.3. Méthodes d'exploitation des
corpus
Pour pouvoir rendre compte des représentations d'usage
sociales liées à la forêt â l'échelon des
populations rurales, urbaine et l'Etat exploitant la forêt de la Mondah,
nous proposons d'appliquer deux méthodes.
2.3.1 Méthode 1
Notre premier niveau de lecture des corpus ethnologiques sera
la lecture élémentaire encore appelée « lecture de
surface de l'énoncé ». Par lecture de « surface»
d'énoncé, nous entendons non seulement que l'énoncé
lui-même est un phénomène de rapports de nature et
société et par le fait même un problème de culture.
Mais encore et surtout que l'énoncé est la présentation
formelle de l'objet (phénomène) étudié.
Ce premier niveau de lecture constitue pour nous une sorte de
résumé autonome de chaque séquence visant à
identifier les traits fondamentaux du corpus ethnologique et leur mise en
rapport. Ici, on ne vise que les narrateurs.
2.3.2. Méthode 2
Dans son essai sur le totémisme aujourd'hui, Claude
Lévi-Strauss (1962, p 134) précise qu' « il est
impossible de dissocier la forme du contenu. La forme n'est pas en dehors, mais
au-dedans ». Pour cela, notre deuxième niveau de
traitement des corpus, s'appuiera sur l'analyse du contenu dans sa variante
thématique. Selon Macc Gordon, (1991, p 96) l'analyse de contenu est:
« une technique d'analyse des données visant à
décrire et à interpréter de manière
systématique le contenu manifeste des communications, c'est une
technique que l'on utilise pour répondre à cinq questions
soulevées par l'analyse interne d'une communication: qui parle? Pour
qui? Pour dire quoi? Par quels procèdes? À qui? Avec quel effet
recherche? ».
À cela s'ajoute Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt
(1995, p 75) pour qui « l'analyse du contenu a donc une fonction
essentielle heuristique, c'est-à-dire qui sert à la
découverte d'idées et de pistes de travail (..). Elle aide le
chercheur à éviter les pièges de l'illusion de la
transformation, et surtout à découvrir ce qui se dit
derrière les mots, entre les lignes, et à Travers les
stéréotypes. Elle permet de dépasser, au moins dans une
certaine mesure, la subjectivité de nos propres interprétations
».
Notre plan
D'une manière générale, on dira que ce
travail est scindé en quatre parties: De ce fait, dans une
première nous avons l'exploitation des arguments de contenu et de
méthode des sources documentaires.
Nous allons présenter la juridiction traditionnelle de
la forêt dans la deuxième partie, puis nous nous proposons de voir
la juridiction actuelle de la forêt, dans la troisième partie et
enfin dans la quatrième partie, nous tenterons d'établir par la
biais du rapport Homme-Nature, les risques (conséquences) entre les deux
conceptions appliquées à la forêt de la Monda , les
constats et l'analyse.
Chapitre II
Etat de la documentation
Dans ce chapitre, il sera question de présenter
l'analyse des différents ouvrages que nous avons parcourue tout au long
de notre étude et qui nous ont permis de bien orienter nos recherches.
Nous l'avons structuré en deux sections : les études d'autre
régions du monde d'une part et celles faites en Afrique d'autre part.
Section 1 : Etudes d'autres régions du
monde
Sabine Rabourdin, 1996. Les
sociétés traditionnelles au secours des sociétés
modernes, Paris, Delachaux, 223 p.
Sabine Rabourdin, Ingénieur et diplômée en
ethnologie, est journaliste-écrivain. Son travail s'oriente sur la
réaction de la société face aux changements globaux
d'environnement.
Dans cet ouvrage, l'auteur part du fait que la terre des
sociétés modernes est fragile et ne peut plus aujourd'hui
répondre aux sollicitations demeurées des hommes. Comment alors
concilier « modernité» et écologie?
À travers un tour du monde des savoirs
écologiques traditionnels chez les Yanomanis, les Ladakhis, les inuit,
Sabine Rabourdin montre que ces sociétés ont su développer
des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement et se
fixent des limites. Ces « bons sauvages» auraient beaucoup à
apprendre aux « civilisés»: depuis leur rapport homme/nature
aux techniques novatrices de préservation des ressources naturelles.
C'est alors de multiples concepts occidentaux que l'auteur nous amène
à réviser la pauvreté, le bonheur, la place de l'homme sur
terre. Il conclura en disant qu'entre ethnologie et écologie, cet essai
montre que les sociétés traditionnelles peuvent constituer une
source d'inspiration précieuse pour les sociétés
occidentales, si chacun se donne la peine de considérer la
modernité autrement.
Cet ouvrage nous guide dans notre réflexion dans la
mesure où si 1 `homme adopte un comportement aussi dominateur
vis-à-vis de la nature, c'est certes pour s'en protéger, mais
c'est également pour l'exploiter. Dans tous les pays du monde, la
tendance est d'accroître l'exploitation des ressources naturelles, pour
soutenir l'évolution démographique mais aussi pour tenter de
répondre à une exigence grandissante de confort (p. 31).
Aussi, dans les sociétés modernes, la gestion de
l'environnement n'implique pas l'individu, devenu un service régi par
l'État, cette manière de déléguer la gestion de la
nature empêche la prise de conscience par chaque individu de ses
possibilités d'action et élargit encore le fossé (p.
32).
Dans le chapitre 1 l'écologie à la
lumière des peuples traditionnels: « pour le sauvage, le monde
en général est animé: arbres et plantes ne font pas
exception à la règle 1`homme croit qu'ils ont des âmes
comme la sienne, et il les traite en conséquence. » (p. 44).
Ainsi, quand vous détruisez un site, vous créez une ride qui va
tout sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit
l'équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la
maladie et la mort des gens et de la nature.
Les populations autochtones de la Mondah (Benga) ont une
gestion de la forêt que ce qui leur ait nécessaire à la
survie. Car les sociétés traditionnelles ont connu le
développement durable bien avant que ce terme n'ait été
inventé, dans le domaine des relations entre l'homme et la nature, ces
sociétés peuvent venir au secours des sociétés
modernes, parce qu'elles ont des réponses à apporter aux maux de
la modernité, parce qu'elles peuvent constituer un exemple qui nous
permette de nous situer à la hauteur des exigences écologiques et
sociales de notre époque. Car pour qu'il ait une bonne gestion de
l'écosystème forestier et penser un développement durable,
il faut tenir compte des opinions des peuples autochtones (riverains).
Descola Philippe, 1986. La nature
domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris,
Fondation Singer-Polignac, Maison des Sciences de l'Homme, 450 p.
Anthropologue français, il a fait des études de
philosophie à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud et
d'ethnologie à l'École Pratique des Hautes Études
où il a passé sa thèse sous la direction de
Lévi-Strauss. Actuellement, il est directeur d'étude d'«
Écologie symbolique» et directeur du laboratoire d'Anthropologie
Sociale à l'École des Hautes Études en sciences sociales
et professeur au Collège de France (Chaire de l'Anthropologie de la
nature).
Considéré comme l'ouvrage qui donna naissance
à l'anthropologie de la nature, la nature domestique a fait date dans 1
`histoire de la discipline. Les principales raisons qui ont conduit l'auteur
vers l'anthropologie écologique étaient de déconstruire
son caractère réductionniste ainsi que de relier les aspects
symboliques et les aspects matérialiste dans une étude des
relations entre les Achuar et leur environnement. En effet, sont
bordées, dans cette monographie, à la fois les modalités
d'usage du milieu et leurs formes de représentation.
Pour ce qui est des Achuar, il s'agit d'un groupe appartenant
à l'ensemble Jivaro, situé dans le haut Amazone, à la
frontière entre le Pérou et l'équateur. Il est important
de noter qu'il constitue également un des derniers groupes Jivaro
à n'avoir pas encore subit les effets déstructurant du contact
avec le monde Occidental. Philippe Descola et son épouse, Anna Christine
Taylor ont réalisé leur terrain parmi eux (les Achuar du
Pérou) entre 1976 et 1979, y réalisant plusieurs séjours
prolongés. En découvrant l'ethnologie et les
sociétés exotiques, Descola se détourne progressivement de
ce discours qu'il qualifie au passage de "léthargie dogmatique" (p. 3).
Il se familiarise alors à l'approche structurale des mythologies
amérindiennes de Claude Lévi-Strauss et s'initie aux arcanes de
l'anthropologie économique de Maurice Godelier. Ces derniers vont
l'accueillir, l'orienter et le soutenir dans son projet ethnologique. De retour
en France en 1984, il rédige une thèse dont ce livre est le
fruit.
Dans cet ouvrage, l'auteur passe aisément de la
description de la cosmologie achuar à des explications scientifiques
rigoureuses, l'objectif étant de déconstruire la théorie
écologique déterministe. Il va alors examiner les dynamiques et
processus de socialisation de la nature sous leurs formes techniques et
symboliques, matériels et idéelles. Son projet étant de
« montrer comment la pratique sociale de la nature s'articule à
la fois sur l'idée qu'elle se fait de son environnement matériel
et sur l'idée qu'elle se fait de son intervention sur cet
environnement » (p. 12).
Pour Philippe Descola, « lorsqu'une
société conçoit l'usage de la nature comme homologue
à un type de rapport entre les hommes, toute modification ou
intensification de cet usage devra passer par une réorganisation
profonde tant de la représentation de la nature que du système
social qui sert à penser métaphoriquement son exploitation
». Autrement dit on ne peut séparer les déterminations
techniques des déterminations mentales. Dans le cas des Achuar il
constate que ces derniers ont « une connaissance pragmatique et
théorique de la diversité de leur environnement connaissance qui
est instrumentalisée dans leurs modes d'usage de nature et notamment,
dans les techniques agricoles » (p 60).
Ici, on voit apparaître la primauté du symbolique
sur la pratique, car pour Philippe Descola, on ne peut pas penser l'un sans
l'autre. Toute son étude repose en effet sur l'étude de la
pratique, ou plus précisément de la praxis, selon lui, il est
illusoire de vouloir séparer les dimensions matérielles des
dimensions mentales, elles sont en effet intrinsèquement liées.
Ainsi, le coeur de la nature domestique consiste avant tout en une description
détaillée des relations qu'entretiennent les Achuar avec leur
environnement naturel et des représentations qu'ils en font.
Or, l'idée que la nature est un champ des
phénomènes qui se réalisent indépendamment de
l'homme est évidemment complètement étranger aux Achuar.
Car, chaque plante et chaque animal se voient doté par les Achuar d'une
vie autonome aux affects très humain. Tous les êtres de la nature
ont ainsi une personnalité singulière qui les distingue de leur
congénère.
Philippe Descola, montre dans cet ouvrage qu'il existe une
continuité sociale entre humain et non humain, de même qu'une
forme d'hiérarchie à l'intérieur de la place des agents
(êtres de langage). Aux humains s'opposent les choses muettes et
inaccessibles. Descola remarque également qu'à l'intérieur
des non-humains avec lesquels la communication est possible (par le langage de
l'âme, exprimé chez les Achuar sou forme de chants) des
différences sont instaurées. Il y a d'abord les esprits qui ont
une sociabilité exemplaires, identiques à celle des humains
(Tsunki) esprit tutélaire des jardins, certains animaux et certaines
plantes. Ensuite viennent des êtres qui bafouent les règles
sexuelles d'exogamie. En dernier lieu, on trouve les êtres solitaires.
A la lumières des faits recueillis par l'auteur chez
les Jivaro de la forêt du Haut Amazonie, nous retenons que les
éléments architecturaux, les techniques de productions en rapport
avec les lieux ou elles s'exercent (horticulture, chasse, pêche et
cueillette) sont en relative à la sous exploitation des ressources, aux
habitudes alimentaires et nutritionnelles des Achuar. Le plus important
étant que « l'écologie d'une société
apparaissait comme un fait social total synthétisant les
éléments techniques, économiques et religieux, selon un
mode de combinaison dont la structure profonde était isomorphe aux
autres structures régissant la totalité sociale ».
L'intérêt de cet ouvrage est d'avoir
étudié à la fois les réalités culturelles et
naturelles, d'avoir souligné l'importance d'une production symbolique
qui entraîne le bon usage de la nature et son respect. Ce qui nous renvoi
à l'exploitation de la forêt de la Mondah par les populations
rurales endogènes et aux techniques d'exploitation précaires
comme la société d'achuar.
Descola Philippe, 2002.
« L'anthropologie de la nature » in Annales
histoire, Sciences sociales, Paris, EHESS, Armand Colin, 925
p.
Philippe Descola, est professeur au Collège de France,
titulaire de la Chaire d'anthropologie de la nature, directeur d'étude
à l'École des Hautes Études en sciences sociales et
directeur du Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS-EHESS/CNRS/Collège
de France).
Ses thèmes de recherche sont l'ethnologie des
sociétés amérindiennes, d'anthropologie comparative des
modes de socialisation de la nature, l'épistémologie et la
philosophie des sciences sociales et l'anthropologie cognitive. Dans cet
ouvrage, l'auteur a pour objectif de montrer comment ce courant a ouvert de
nouvelles pistes dans la réflexion anthropologique.
« Parler de la nature c'est avant tout parler de la culture.
Parce que la nature ne peut plus être considéré comme
extérieure au monde des hommes. La manière dont les
différents peuples sont entrés en relation avec elles, l'ont
appréhendé et conceptualisé a donné naissance n'ont
pas à une nature extérieure, régis par des lois que la
science peut nous révéler, mais il plusieurs natures, aussi
diverses que les cultures ».
Ce travail sera donc organisé en plusieurs temps.
Premièrement, le contexte dans lequel l'anthropologie de la nature a
émergé (une anthropologie en crise). Les grandes lignes de ce
nouveau champ seront ensuite abordées de manière
générale. Troisièmement, une explication des liens que
l'anthropologie de la nature entretient avec Claude Lévi-Strauss. Le
chapitre six nous fera entrer dans le coeur de la question: les théories
et terrains de quatre grands penseurs en anthropologie de la nature. Il
reviendra notamment sur la crise de l'anthropologie, établir un lien
plus clair entre l'anthropologie de la nature et l'anthropologie dynamique.
Pour terminer, à la lumière de toutes ces théories,
courantes et perspectives, l'auteur dessinerait les grands signes d'une
anthropologie de la nature personnelle, une « anthropologie perspective de
la nature ». D'après lui, on ouvre les limites de l'anthropologie
de la nature actuelle seront dépassées dans une volonté
d'inscrire l'anthropologie de la nature dans la dynamique actuelle des
relations entre sociétés et environnement.
Cet ouvrage nous est capital dans la mesure où
l'exploitation commune dans la forêt trouvera sa justification dans ce
que Philippe Descola appuie par une description devenue aujourd'hui
célèbre du musée d'histoires naturelles de la Plata au
Brésil. Il montre combien ce musée illustre le point de vue selon
lequel il y a un ordre dans le monde depuis l'univers naturel très
ordonné (rez-de-chaussée) jusqu'à la diversité
humaine confuse (du premier étage). Descola ici, utilise cette
description comme une caricature du monde tel que nous le voyons. La
séparation du champ de la nature et du champ de la culture est en effet
devenue un automatisme dans notre société, dû à
notre intégration profonde du schème dualiste. Dans cette
perspective, le monde serait entre une nature et plusieurs cultures, la
forêt de la Mondah (nature) exploitée par plusieurs ethnies de
culture différentes.
Section 2 : Etudes africaines.
Suzanne Jean, 1975. Les Bandjabi,
les jachères en Afrique tropicale. Interprétation technique et
foncière, Musée de l'Homme, pp. 97-131.
Suzanne Jean est docteur en géographie (études
rurales) et licenciée en droit. Après avoir obtenu à la
Sorbonne les certificats d'Ethnologie et d'Histoire, elle a
fréquenté le centre de formation aux recherches Ethnologiques
(Musée de 1 `Homme) et a bénéficié de la formation
de l'École Pratique des Hautes Études (II section, Sciences
Économiques et Sociales). Ayant collaboré pendant de longues
années à un organisme de coopération, l'auteur a eu
l'occasion d'acquérir une grande expérience de terrain et de
faire de nombreuses observations sur l'agriculture et les systèmes
fonciers africains.
Dans cet ouvrage, l'auteur envisage d'étudier le
rôle de la jachère en agronomie tropicale puis s'emploie à
définir ce qu'on attend par interprétation foncière de la
jachère dans les communautés villageoise du point de vue
théorique. D'autre part, travaillant sur le terrain, elle analyse
quelques cas d'interprétations foncières à travers
l'exemple des Banzèbi du Gabon et autres communautés humaines du
Dahomey (actuel Bénin), de Côte-d'Ivoire, du Cameroun et du
Nigeria. En dehors de l'introduction qui restitue le cadre
général de l'histoire du peuple Zébie tout en donnant des
informations sur sa situation démographique, géographique que
scolaire. Nous avons porté un accent particulier au chapitre V qui
comprend trois parties. La première partie est consacrée à
l'organisation familiale et scolaire du groupe Zébie. Celle-ci est
construite autour des principes de la matrilinéarité et de la
patrilocalité. En fonction de la matrilinéarité, l'auteur
examine les structures parentales, leur rôle et l'origine. De leur
formation. Ce sont les clans (ibandu), le sous-clan (nzo), le
lignage (nzo pour les hommes libres et dibura pour les
serviteurs d'après l'auteur) qui sont examinés. En fonction de la
patrilocalité l'accent est mis sur les groupements familiaux
basés non plus sur la communauté des clans mais sur la
continuité territoriale à l'exemple du groupe de production
appelé itsuku.
Cette partie montre que la société zébie
a pour fondement la parenté et la solidarité et ce sont elles qui
conduisent à une certaines organisation sociale et familiale. Dans cette
même. Partie, l'auteur traite également des associations à
caractères d'intégrations dont, le nimbe, le mwiri et le
bwiti. Dans la deuxième partie, l'auteur traite du
système cultural zébie. Celui-ci donne lieu à une
alternance bisannuelle des cultures de cucurbitacées et
solanacées. Autrement dit, « à une année de la courge
ilem sia nzaka, succède une année d'aubergine
ilem sia mbongolo ce qu'il faut surtout comprendre c'est que
le phénomène de l'alternance bisannuelle a pour
conséquence immédiate l'exclusion dans le temps et dans l'espace
de l'une ou de l'autre plante. L'auteur précise par exemple qu'en 1961
c'était l'année des courges et 1962 celle des aubergines. Dans
cette partie, l'auteur montre aussi que le système cultural zébie
donne lieu à une division sexuelle des tâches et que certaines
cultures sont toujours accompagnées de rites religieux et interdits
telle que la récolte des courges.
Enfin, dans la dernière partie, l'auteur examine les
règles d'appropriation, de transmission et de gestion du sol en se
plaçant au niveau du village, du lignage et de l'individuel. Au niveau
du village par exemple, il parle d'« inanga villageoise»
pour dire « Étendue de surface variable dont les limites
sont connues et généralement marquées par des
repères naturels du terrain: rivière, colline, forêt ou
bien certains arbres » (p. 112). La Transmission du droit
d'usage du sol se fait différemment: par voie successorale, par le fait
d'appartenir au clan, par le lien familial ou bien par l'alliance passée
entre deux familles.
Cet ouvrage nous est important car il permet de comprendre
l'installation et les activités du peuple zébie qui vit au
Cap-Estérias et Santa-Clara et qui exploite la forêt de la Mondah.
Nous comprenons plus que, c'est par solidarité et familiarité que
ces populations ont occupé cette espace qui auparavant appartenait aux
Benga. Étant un peuple culturellement structuré, les populations
rurales de ladite zone pratiquent l'exploitation forestière selon leurs
pratiques culturelles. Nous trouvons aussi l'implantation des temples de «
bwiti» qui montre les socialisations à caractères
d'intégrations dont l'auteur fait appelle dans la deuxième
partie.
Laplantine François et Nouss Alexis, 1997.
Le métissage, Paris, Dominos, 142 p.
Ces deux auteurs français appartiennent à deux
sphères scientifiques aux objets d'étude différents.
François Laplantine est anthropologue alors qu'Alexis Nouss est
linguiste. La rédaction conjointe de cet ouvrage s'explique par le fait
que ces auteurs partagent la même passion pour l'étude des
phénomènes métis. Nouss en tant que linguiste s'oriente
sur la question de bilinguisme alors que l'anthropologue Laplantine s'oriente
dans celle des constructions des identités culturelles métisses.
Cette assertion trouve bien sa légitimité à travers sa
conférence tenue à Libreville au mois de juillet sur l'Afrique
Bantu au Brésil.
Cet ouvrage qui regroupe les connaissances anthropologiques et
linguistiques fonde son argumentaire sur la reconstruction des identités
des sociétés immigrées ou celles vivants au Contact
d'autres sociétés. Ces auteurs parviennent à
démontrer a partir de leurs disciplines respectives qu'avec les
déplacements et les contacts, les sociétés se
reconstruisent des nouvelles identités qui parfois combinent à
une nouvelle culture. Pour étayer cela, ils prennent plusieurs exemples
parmi lesquels la domination d'une langue ou d'une culture sur une autre, mais
le produit d'une association de langues et de cultures
hétérogènes. Autrement dit, une culture prend forme
à partir d'un assemblage d'éléments
hétérogènes.
En cela, cet ouvrage nous guide beaucoup dans notre
réflexion sur le changement de comportements des populations rurales et
urbaines. Le brassage de culture a fait que les Benga peuple marin au contact
des populations venant de l'intérieur du pays (zébi, fang, punu)
qui sont des peuples forestiers et pratiquent l'extraction du vin de palme le
font aussi. De même les peuples zébi, fang, punu aujourd'hui
pratiquent la pêche en mer en dehors des activités
forestières. La monétarisation, la recherche du gain pousse les
populations à exploiter les ressources forestières sans lendemain
pour s'adapter au nouveau monde dans lequel il se trouve.
Dupré Georges, 1982. Un ordre et sa
destruction, Paris, ORS TOM, 446 p.
Ce livre a été conçu sur la base des
sources écrites, archives et enquête de terrains menés en
pays zébie au Congo dans la région de Mossendjo. Dans cet
ouvrage, l'auteur prend comme objet d'étude l'analyse de la situation de
dépendance dans laquelle se trouvent les sociétés rurales
congolaises. Et principalement la société zébie à
un moment donné de son histoire. Bien plus, il tente de «relever,
à l'intérieur de la situation de dépendance ou se trouvent
les sociétés rurales congolaises, toutes les possibilités
même si elles sont vaincues qui doivent être prises en compte par
tous ceux qui s'attellent à la tache immense mais surmontable de mettre
fin à une domination qui n'est nullement inscrite à jamais dans
l'ordre des choses» (p. 12). Pour résumer, cet ouvrage est une
présentation du rapport de force entre la culture zébie (culture
dominée) et la culture occidentale (culture dominante).
Dans la première partie intitulée:
Coordonnées, l'auteur livre quelques points généraux au
sujet, mais nécessaires a sa saisie. Il présente l'espace
zébie, le parcourt migratoire de ce peuple, ses rapports avec les autres
groupes avoisinants, etc.
La deuxième partie qui traite de l'ordre zébie
analyse la société zébie précoloniale, c'est-a-dire
avant les formes précédant la production capitaliste. Pour
Dupré: « avant de considérer les
sociétés africaines immergées dans les eaux d'une histoire
qui les domine, il faut montrer comment se reproduisent elles-mêmes,
comment, ce faisant, elles s'orientent dans le temps, c'est-a-dire comment
elles produisent leur histoire » (p. 12). Dans cette
perspective, l'auteur passe en revue les diverses structures
socio-économiques des zébie (chasse, pêche, cueillette,
agriculture, élevage, travail du fer, artisanat, etc.), leur
système clanique et lignager, leur formes de mariage, les
systèmes d'attitude, leur vision du monde, leurs habitudes
alimentaire.
Il insiste sur la gestion de la forêt. La jachère
était un élément primordial dans cette gestion et
était toujours respectée. En fait, dans cette partie qui
constitue le point de départ de la démarche de l'auteur, il livre
accès à la réalité économique et sociale de
la société zébie puis montre comment la production
matérielle affecte la production sociale. C'est dire que l'analyse des
productions matérielles n'est pas simplement d'ordre économique.
Elle est aussi d'ordre social, il existait déjà la division
sexuelle du travail.
Dans la troisième partie intitulée la
destruction l'auteur analyse la destruction de l'ordre ancien suite aux
regroupements des villages, aux recrutements forcés et suite à
l'introduction du salariat au coeur de la culture zébie. Il s'interroge
donc sur le sens précis des changements et transformations
socioculturelles, économiques et politiques depuis la traite
jusqu'à l'installation de l'administration française en 1911 en
passant par le système concessionnaire.
Il résume ce rapport de force en ces termes: «
A cette époque, le de part de presque tous les jeunes hommes des
villages vers les chantiers (chemin de fer Comilog) et l'arrivée massive
dans la région de travailleurs célibataires furent à l'
origine d'une instabilité matrimoniale importante » (p.
177). Aussi, ces regroupements ont causé de lourds préjudices
à la production agricole et la concentration de la population va
contribuer à accroître sa fragilité (p. 276).
Il notera aussi que la pression démographique sur les
terres va accentuer la dégradation des sols dans les zones proches de la
route à la fois par l'allongement des durées de culture et la
diminution de la jachère forestière; et cela à un moment
où le salariat concurrence l'agriculture (p. 290).
Il conclura en disant: « Désormais la permanence
dans laquelle s'installe l'économie nzébi est celle de sa
soumission au capitalisme dont les interventions successives ne sont que
l'écho de sa croissance, de l'expansion a l'échelle
planétaire de ses contradictions et de ses stratégies
impérialistes. La conquête coloniale installe le peuple
nzébi dans la division internationale du travail en faisant de lui
l'argent d'une économie d'extraction dont les nécessités
vont modèleer directement l'infrastructure administrative et
économique et l `équipement dont le colonisateur pourvoit le
peuple nzébi » (p. 281).
Pour l'essentiel, retenons que cet ouvrage est d'un
intérêt considérable à en juger par la
qualité de sa richesse et ses informations renseignant presque sur tous
les savoirs et savoir faire du peuple nzébie. Il ressort en rapport avec
notre thème que les populations de l'intérieur du pays immigrant
à Libreville à la recherche d'un emploi
rémunéré sont' à la base de la pression
démographique dans la capitale et est à l'origine de
l'exploitation abusive des forêts environnantes pour la satisfaction des
besoins alimentaires, sanitaires, monétaires, religieux, etc., sans
cesse croissants. Tout comme la société nzébie lors de sa
destruction, la forêt classée de la Mondah court un danger.
Kialo Paulin, 2005. Pové
et forestiers face à la forêt gabonaise. Esquisse d'une
anthropologie comparée de la forêt, Thèse de doctorat.
Université Paris V René Descartes, 380 p.
Anthropologue de formation, Paulin Kialo est attaché de
recherche à l'Institut de Recherche en Sciences Humaines (I.R.S.H) du
Gabon. Il intervient en tant que vacataire au département
d'anthropologie de l'Université Omar Bongo.
Les travaux de cet auteur s'inscrivent dans la perspective
d'une anthropologie comparée des modes d'exploitation de la forêt
avant et après le contact des sociétés traditionnelles du
Gabon et les exploitants forestiers occidentaux. En d'autres termes avant et
après la période coloniale. De cette comparaison, il
relève l'existence de deux modèles d'exploitation de la
forêt contradictoire. Pour un européen, la forêt est
constituée d'arbres, ce qui intéresse les forestiers ce sont les
bois utiles à leur industrie. Ses origines dans 1 `histoire des rapports
entre l'occident et la forêt y sont présents les systèmes
de pensée religieux; y sont en pratique la science et le capitalisme. La
forêt n'était plus le lieu ou habitent les démons, elle
n'était plus le lieu symbole de la non-civilisation, elle était
devenue un capital. De l'autre côté la forêt nourrit
l'homme. Pour le Pové, la mort de l'homme vient du village et non de la
forêt. Ici, c'est la terre qui fait fonction de grenier.
Il poursuit en disant que l'un est anti-forêt et l'autre
est pro-forêt. Son analyse des rapports de l'homme à la
forêt va plus loin en ce qu'il arrive à démontrer que la
gestion de l'espace forestier obéit à une logique cyclique qui
oscille entre les modèles déjà énoncés.
Cloisonnées jusqu'à une certaine époque dans un mode de
vie propre fait des croyances et des valeurs culturelles respectueuses de la
nature, pour les sociétés pro-forêt. Par contre, la
civilisation occidentale dont l'exploitant forestier est le symbole vu
l'outillage utilisé contre la forêt et les objectifs de profits
qui l'animent serait anti-forêt. Aujourd'hui, les deux civilisations
(sociétés africaines / sociétés occidentales) sont
anti-forêt. Ainsi, donc le mode de vie actuel des sociétés
modernes inscrit l'humanité dans une spirale anti-forêt. Une
tendance que les organismes non gouvernementaux tendent à
renversé en optant pour la protection et la conservation de
l'environnement.
Cette thèse nous guide dans notre travail sur les
comportements des africains en général et ceux des gabonais en
particulier, mais aussi des occidentaux face au patrimoine forestier. Il
ressort clairement aujourd'hui que le modèle anti-forêt gagne du
terrain, et que l'usage actuel des potentiels forestiers passe
nécessairement par les besoins financiers. Par ailleurs, plus la
pression démographique croit dans la capitale (Libreville), plus les
besoins alimentaires peuvent requérir des formes d'intensifications de
culture ou de coupes excessives de bois qui éloignerait la forêt
de la Mondah d'une gestion douce comme celle qu'elle a connu autrefois avec les
Benga. Ainsi, à travers les analyses faites par les auteurs, nous
pouvons pour le moment, approcher notre thème avec un esprit
scientifique.
Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale
(LUTO), 1998. Acte du Séminaire les formes
traditionnelles de gestion des écosystèmes au Gabon, in
Revue Gabonaise des Sciences de l'Homme n°5, PUG, Libreville, UOB, 331
p.
Cet ouvrage est une compilation de communications au cours du
séminaire, qui a été réalisé par un ensemble
de chercheurs provenant de disciplines diverses: Sciences Humaines et Sociales,
Science de la Vie et de la Terre, et autres. Tout en prenant en compte les
connaissances traditionnelles du Gabon.
En effet, la réflexion au cours de ces débats
tournait autour des patrimoines identifiés et constitutifs de
l'écosystème forestier, notamment les patrimoines botaniques,
animal, aquatique, foncier et humain. Cet acte visait plus
précisément l'identification et l'invention des techniques
traditionnelles de gestion de l'environnement mises en oeuvre par les
ethnocultures gabonaises. Toutes ces différentes pratiques visent
à préserver les différents patrimoines identifiés.
De même, les croyances et prescriptions relatives à l'application
de ces pratiques et techniques n'ont pas été laissées en
marge. « Même sur les représentations très
élémentaires, tout un processus d'élaboration cognitive et
symbolique prend place et va orienter les comportements »
(Jodelet 1980 : 334 p.), il ressort que, l'homme d'Afrique avant
l'arrivée des Blancs, au moins dans l'intérieur de la
forêt, vivait dans un véritable équilibre biologique avec
tous les êtres végétaux et animaux, qu'il connaît et
qu'il savait utiliser, ou dont il pouvait se défendre sans aller
jusqu'à l'abus et jusqu'à la destruction (Chevalier 1934).
Le chapitre sur le patrimoine botanique (pp. 3-39), nous
présente les relations de l'homme avec son environnement. L'importance
que le peuple gabonais accordait à la forêt celle-ci qu'il
considère comme leur mère nourricière. Même
étant en ville, la forêt occupe toujours une place importante pour
les citadins. Aux fonctions sociales culturelles vient s'ajouter la fonction
économique. C'est ce que la population gabonaise investie comme valeur
essentielle dans son rapport à la nature et aux hommes.
Il y a comme une sorte de retour aux sources. La population de
Libreville est formée à près de 80% des paysans et cela
expliquerait le retour aux sources, aux origines. 70% de cette population a
fréquenté la forêt pendant l'enfance et quand elle vient
à Libreville, elle tend à avoir un contact avec la forêt.
C'est ainsi qu'elle prend le risque d'affronter les agents des eaux et
forêt dans la forêt protégée du Cap-Estérias
(Mondah).
Cet acte du séminaire est particulièrement
intéressant pour nous en ce sens qu'il montre l'utilisation rationnelle
de quelques végétaux utiles aux populations rurales au Gabon,
aussi la représentation mentale de la forêt par le citadin au
Gabon. Il nous ait aussi important dans le sens ou il nous présente les
formes traditionnelles de gestion de l'écosystème du village du
Cap-Estérias qui est l'une de nos zones d'enquête.
Projet forêt Environnement (PFE), 2000.
Étude de faisabilité des forêts communautaires
au Gabon Rapport final, LUTO, Université Omar Bongo, 156
p.
Cette étude est initiée par le Laboratoire
Universitaire de la Tradition Orale (LUTO) en partenariat avec le
Ministère de l'économie forestière. Elle était
composée d'une équipe interdisciplinaire: d'un juriste (Zeh
Ondoua Jean), d'un anthropologue (Kiola Paulin), de deux économistes
(Okoué Metogo Fabien et Zomo Yebe Gabriel), d'un écologue (Ngoye
Alfred). Elle était assistée de trois agents du Ministère
des Eaux et Forêts. L'étude s'est déroulée dans cinq
provinces du Gabon: Estuaire (Oyan, et Ekouk), Ngounié (Yétsou),
Ogooué Lolo (Baniati et Bassegha), Ogooué Maritime (Idjembo
M'pivié, Diombou) et Woleu-Ntem (Nkang).
Elle a consisté à déceler, parmi les
modes de gestion traditionnelle des forêts qui existent, un mode de
gestion qui correspondrait au concept de « forêt communautaire
». La mission a simplement constaté qu'il existe une
diversité de modes de gestions villageois des espaces et des ressources
forestières.
Le premier est une gestion individualisée; le
deuxième est une gestion lignagère (Baniati et Nkang) ; le
troisième est une association (Bassegha) ; le quatrième est une
gestion locale mixte (Yestou).
Ainsi, l'inexistence d'un modèl unique de gestion
traditionnelle rend problématique la mise en place d'une gestion de type
communautaire des forêts du Gabon au sens défini par la Banque
mondiale: « Mon village est plus vieux que le Gabon »
dit un informateur aux hommes de sciences au cours de cette enquête, pour
dire que l'État du Gabon n'a pas de prérogatives sur les terres
des villages ou encore « Mon grand père, c'est
l'État » pour dire que les lignages n'existent plus dans
la Mondah comme structures qui veillent sur les terres, puisqu'elles sont
contrôlées par l'État. Ce qui expliquerait peut-être
le « désordre », le « non respect des limites de la
partie classée dans la Mondah » constaté dans la gestion de
cette forêt.
Les experts étaient confrontés au
problème de l'identification d'un mode de gestion standard pouvant
garantir la gestion durable des espaces forestiers. Le texte se termine par des
recommandations à l'endroit du Ministère des Eaux et Forêts
et par la proposition d'un cadre juridique relatif aux forêts
communautaires de la gestion individualisée étant la mode qui
prime, chacun cherche à satisfaire ses besoins dont la source principale
est la forêt. Et, ainsi nous assistons à une
désarticulation des ressources forestières et une diminution des
espèces car le prélèvement, l'utilisation, et la
conservation ne sont pas harmonieusement suivit.
Lévi-Strauss Claude, 1962. La pensée
sauvage, Paris, Plon 389 p.
Anthropologue Français, Lévi-Strauss Claude est
né à Bruxelles de parents français, le 28 novembre 1908,
il a étudié le droit à Paris jusqu'en licence, et la
philosophie. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en
1931. Sa carrière d'ethnologue débute 3 ans après,
lorsqu'il est invité à venir enseigner la sociologie à Sao
Paulo, où il restera jusqu'en 1939. C'est à cette occasion qu'il
séjourne parmi les populations indiennes (Nambikwara, Caduvéos et
Borors) et mène ses seules enquêtes de terrain. D'abord,
maître de recherches au CNRS puis sous-directeur du musée de
l'homme il est ensuite nommé directeur des études à la
section de l'école pratique des hautes études, à l'ancien
chaire de Marcel Mauss. Il est élu à la chaire d'anthropologie
sociale du collège de France, et y fonde le laboratoire d'anthropologie
sociale et revue de l'homme.
C'est en 1960 que Lévi-Strauss va commencer sans
relâche la rédaction de la pensée sauvage. C'est « un
livre d'une grande technicité consacré pour l'essentiel aux
modalités et aux méthodes des taxinomies populaires
étudiées par l'ethnologue » p.14. Il manifeste sa
volonté d'interpréter la vie des sociétés et des
cultures en termes de logique inconsciente. Il est évident que les
propriétés de ce qu'il va qualifier de « pensée
sauvage» sont à la fois structurées et structurantes. Le
primat des formes inconscientes vient de ce qu'elles fonctionnent comme
langage, donc comme une structure, mais aussi de ce qu'elles expriment le mode
de lecture, voire de fabrication du monde. Le rôle de l'inconscient
s'explique par la nature de la réalité institutionnelle (la
parenté) ou matérielle (l'esthétique des objets).
Dans cet ouvrage, l'expression pensée sauvage est
employée pour décrire le fonctionnement de la pensée
à l'état brut, « naturel », « sauvage» en
quelque sorte, telle qu'on peut l'observer même dans les
sociétés ou se développe une pensée scientifique et
non pour qualifier celle des peuples dits sauvages.
Suzanne Jean, 1973. La
jachère en Afrique tropicale. Interprétation technique et
foncière, Paris, Musée de l'Homme, 168 p.
D'après l'auteur, la grande majorité des
cultivateurs d'Afrique au sud du Sahara abandonnent à la jachère
des terres qui ont été cultivées pendant une ou plusieurs
années. Ce procédé semble être le plus
économique. En apparence simple, ce procédé soulève
plutôt des problèmes tant sur le plan agronomique que sur le plan
foncier et donc humain. D'après lui la jachère est liée
à la pratique de la culture itinérante dont elle n'est qu'une
étape. Cette technique permet le maintien d'une fertilité
certaine de la terre en favorisant sa reconstitution.
En plus de ces données, l'auteur nous dit de tenir
compte des plantes cultivées, des rotations des cultures, de
l'outillage, de techniques de débroussage, etc. Ceci pour dire que la
reconstitution de la terre n'est jamais totale ce qui amène les
populations à procéder à des ajustements. Sur le plan
foncier par exemple, tous les droits sur les jachères ont pour fondement
leur caractère religieux, variable selon la position sociale du
détenteur, l'impérieuse nécessité de confirmer
perpétuellement ce droit par les travaux qui y sont accomplis:
entretien, nouvelle plantation, etc. L'auteur ajoute aussi le fait que ce droit
est limité dans le temps.
Ce droit est ébranlé par l'incursion et
l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que
l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures
pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que
celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à
peu l'idée de propriété foncière au sens occidental
du terme fait jour.
Mais en ce qui concerne les pays à faible
densité de population, l'intérêt de terre est fonction de
ce qu'elle nourrit les hommes. Ce qui fait dire à l'auteur que quiconque
contrôle la terre contrôle égaille les hommes. Ce qui
implique que le contrôle de la terre ou du foncier constitue en
même temps un essort important politiquement. La conséquence est
que la course à l'occupation de la terre se manifeste à travers
des tactiques d'occupation des terres.
L'auteur n'a (pas) analysé la problématique de
la terre que par rapport à l'agriculture, il n'a pas fait allusion
à l'exploitation des essences de bois tels que l'okoumé, l'ozigo,
etc. qui fait également changer l'image que renvoie le droit foncier
africain. Ainsi il est fait interdiction aux populations de disposer de leurs
terres telles que le faisaient leurs ancêtres. Relativement à la
forêt classée de la Mondah c'est dans cette optique que les
populations ne disposants plus totalement de leur terre, vont en l'encontre des
politiques étatique. L'Etat, s'auto proclament propriétaire des
terres.
Kabala, Matuka avec la coll. de Souindoula, Simao,
1985. « Rapport entre l'homme et les
écosystèmes dans le monde bantu », Racines
bantu - Bantu roots, CICIBA, Libreville, pp. 49-66.
La vision et les rapports entre le bantu et
l'écosystème est l'aboutissement d'un long processus du fait
qu'ils tiraient tout ce qu'ils consommaient de la nature. Il s'est
établi alors entre eux et l'écosystème « des
interrelations étroites et dynamiques » (p. 49) Les auteurs
relève la difficulté de faire une évaluation de l'impact
de telles mutations sur les cultures et les langues. Ils notent par ailleurs
qu'il y a deux choses à faire ressortir : une influence interne et une
influence externe des valeurs due aux relations entretenues avec l'histoire,
l'écosystème, l'économie, le social et le
psychologique.
Les auteurs passent en revue la présentation des traits
physiques généraux de l'espace géographique occupé
par le Bantu, notamment la structure et le relief, le climat et enfin la
végétation. Il poursuit l'analyse des écosystèmes,
en rapport avec sa problématique générale- part du constat
que les modifications récentes du milieu écologique menées
en, Afrique depuis un siècle, ont modifié les rapports entre les
populations et leur milieu qui ont une incidence sur les sociétés
et leurs cultures. A cet effet des groupes de chasseurs/cueillette ont pu
devenir cultivateurs ou pasteurs ; d'autres éleveurs de gros
bétail ont pu devenir des agriculteurs ou se livrent à la
cueillette. L'histoire semble ces derniers. S'emballer. On récence pour
l'essentiel deux Impacts des « influences /extérieures sur
les cultures traditionnelles, elles-mêmes en évolution constante.
Et une dégradation des écosystèmes et en particulier des
forêts tropicales humides, entraînant des graves
conséquences sur le sol, le climat, les régimes hydrologiques et
la faune sauvage » (p. 53)
La problématique des interrelations entre l'homme et
ses écosystèmes s'analyse sous deux angles: la richesse et
l'intérêt des cultures et les langues et ensuite des facteurs qui
sont internes aux populations elle-même tels que la démographie et
son impact sur l'écosystème. L'auteur continue son analyse en
faisant remarquer qu'une uniformisation est entrain de s'opérer. On
constate partout une entropie tant sur le plan des écosystèmes
que sur celui des cultures humaines
La problématique se complique quand on mesure la folie
interaction qui existe entre nature et culture compte tenu du fait que toutes
les cultures traditionnelles sont ébranlées. L'auteur rappelle
que «les systèmes de production, déterminent les modes de
vie qui retentissent à leur tour sur les cadres de vie, sur
l'environnement ». La problématique ne réside pas dans le
choix entre le maintien ou le rejet des changements mais plutôt dans
l'harmonisation des impératifs entre ce développement tant voulu
par les uns et les autres, la gestion pensée de l'environnement et la
sauvegarde de certains traits fondamentaux de la spécificité
culturelle. La problématique est complexe ce qui explique le peu de
cohérence dans tout ce qui a été proposé
jusque-là.
Finalement il n'y a aucune réponse satisfaisante
pendant ce temps constate l'auteur les équilibres millénaires
sont entrain de voler en éclats surtout depuis les dix dernières
décennies.
L'auteur passe ensuite en revu les représentations de
la forêt chez les Bantu. Ce point est fondamental car «la
manière d'utiliser les ressources naturelles et le milieu est largement
influencer, dans les modes de production traditionnels, par la culture»
(p. 55) L'auteur regroupe ces représentations dans six (6) chapitres.
Ainsi l'on a :
Celle des naturalistes, de panthéistes, des animistes
et les préanimistes Celle des mânistes, des animistes, de la
mythologie et religieuse
3. Celle de magiciens ;
4. Celle de la science;
5. Celle des philosophes."
L'auteur regroupe ensuite ce découpage en trois
catégories dont «les trois premières supposent des
croyances, tandis que la quatrième est basée sur l'observation et
l'expérimentation et enfin la dernière suppose des convictions
sur la base de tout ce qui précède». Il lève une
équivoque en précisant que toutes ces réalités
coexistent mais à des degrés divers. Mais en ce qui concerne
l'Africain, la multiplicité des liens entre ces instances et leur
diversité «met en réappropriation constante des textes
anciens, à commencer par ceux provenant de l'inter culturalité
contrairement aux approches classiques qui semblent statiques et
passéiste. Il fait une tentative de dépassement du rejet des
corpus issus de la période coloniale visés
particulièrement dans cette thèse, la démarche
générale de l'auteur tend plutôt au contraire à
fonder leur actualisation permanente en imaginant des approches de
« contre-corpus de la culture endogène répondant
aux corpus de la culture exogène, des lectures séquentielles
permettant de dégager des «items centraux », ainsi que des
inventaires systématiques formalisant a la fois des bilans contrastes et
la nécessite de prendre en charge, sous forme de patrimoine socialement
reconnu, l'ensemble des données léguées par les auteurs de
corpus. La recherche s'appuie sur une documentation de 1200 (mille deux cents)
références, 85 (quatre vingt-cinq) récits de fondation de
villages de première main et des corpus spécialises de 100 (cent)
icones, 40 (quarante) cartes et 20 (vingt) manuscrits tous originaux.
»
Notre travail voudrait faire un dépassement par rapport
à cette approche. Ceci parce que les différents corpus ne sont
pas traités de part en part avec la même intensité. Si
l'histoire de vie de Balandier est lue ou restituée rigoureusement, il
n'en est pas de même de celles des Delikat ou des informateurs
interrogés par les étudiants relatifs aux récits de
fondation des villages ou des villes. Nous pensons pour notre part que
l'analyse aurait été plus profonde si elle traitait les histoires
de vie des informateurs endogènes au même pied
d'égalité que les «informateurs exogènes».
Bruce, John, 1991. Foresterie
communautaire. Evaluation rapide des droits fonciers et propriété
de l'arbre et la terre, Rome, F A O, 54 p.
Le régime foncier est question de "droits", droits que
l'on détient vis-à-vis de la terre et des arbres. Etudier un
régime foncier consiste à examiner la nature de ces droits, leur
origine, leur exercice et la façon dont ils interagissent avec d'autres
facteurs notamment la plantation et la conservation des arbres.
L'auteur entend par régime foncier l'ensemble des
droits qu'une personne physique ou morale, privé ou publique, peut
détenir sur la terre et les arbres. C'est un ensemble de dispositions
régissant les relations qu'entretiennent entre eux les individus et les
groupes en ce qui concerne le statut et l'usage de la terre. Les droits sur la
terre participent du bon fonctionnement d'ensemble du système social.
Partage et mise en valeur dépendent d'abord des éléments
constitutifs fondamentaux, matériels et idéels, de toute
société territorialisée : écologie,
démographie, technologie, attitudes envers la nourriture et le travail;
Idéologie religieuse et système
d'autorité souvent imbriques, relation de parenté et de
solidarité. Le système foncier représente l'ensemble de
modes de jouissances fonciers dans une société donnée.
La diversité des systèmes fonciers interdits, il
faut le signaler, toute généralisation facile sur la jouissance
foncière et son incidence sur l'arbre, mais elle n'exclut pas de tracer
quelques grands axes par rapport auxquels orienter, la réflexion de
l'auteur de façon pertinente. La majorité des unités
agricoles se caractérise par la conduite individuelle ou familiale des
opérations agricoles. Les forêts communautaires sont des terres
d'utilisation collective. La jouissance foncière et la gestion
reviennent à la collectivité qui s'entend comme un lignage, un
village, un groupe d'âge, etc.
Les collectivités territoriales peuvent être
propriétaires des forêts et chercher en protéger les
ressources. La réserve peut ériger pour plusieurs raisons:
forêt naturelle qui pourrait abriter des ressources biologiques et
ligneux diversité génétique de grande valeur; elle peut
être aménagée à des fins commerciales, avec coupe et
reboisement par alternance. Les pouvoirs publics se sont convaincus de la
nécessité de créer des réserves forestières
pour protéger la forêt d'une utilisation qui la condamnerait
là où elle est accessible à tous ou lorsque la gestion du
bien collectif n'est pas une assise. » Et les forêts interdites
à quoi elles servent dans nos villes en général et les
villages en particulier? On constate que dans la plupart des cas les
populations sont exclues de la prise des décisions
Il est nécessaire de préciser que les arbres et
les terres ne bénéficient pas des mêmes droits. Ceux qui ne
connaissent que les formes occidentales les plus courantes du droit qui
régit la propriété croient souvent que les arbres font
partie de la terre sur laquelle ils poussent. Mais en fait les arbres peuvent,
comme les ressources minérales et les eaux, faire l'objet et de droits
de propriété distincts de ceux qui régissent la terre sur
laquelle ils se trouvent.
Les droits de propriété ou de jouissance sur les
arbres ne sont nullement une curiosité issue de l'imaginaire des peuples
du bout du monde et ne devraient jamais être traités comme
étant l'exception, comme on pourrait facilement le croire. Il convient
alors de s'interroger sur les droits forestiers en même temps que l'on
cherche à connaître quels sont les droits de la terre, et
s'assurer de comprendre la relation entre les deux types de droits.
Cet article ne nous situe pas dans des études de cas
qui nous aurait aidé a mieux comprendre l'articulation des ces
différents droits dans le temps et dans l'espace.
Eitsma, Jean Marie. 1988. Végétation
forestière du Gabon. Forest vegetation of Gabon, Netherland,
Tropenbos toundation, 142 p.
Cet ouvrage est le compte rendu d'un séminaire
écologique quantitatif détaille fait au Gabon sur la
période allant de 1985 à 1987 dans quatre parcelles d'une
superficie d'un hectare chacun. Cet inventaire fait partie d'un programme
d'inventaire des forêts denses tropicales. Les quatre sites sont repartis
à travers les pays et se situent à Movengui, Doussala, Lope et
Ekobakoba.
Ces sites qui sont couverts de forêts vierges et de
plaines n'auraient pas été exploités dans le passé.
Sur chaque site, les lianes possédant un diamètre minimum de dix
centimètres ont été pourvues des plaquettes en aluminium,
mesurés et intensifiés. Les mesures ont porté sur la
hauteur, le diamètre de la couronne et la position de la parcelle.
L'auteur a enregistré les données relatives à la
morphologie et à la phénologie. A chaque fois que cela
était possible des feuilles, fruits et fleurs étaient
prélèves.
Les sites d'étude présente d'importantes
différences dans la répartition en espèces. La plus grande
similarité au point de vue composition floristique pour les arbres et
les lianes a été notée. L'auteur constate que seule une
partie des vastes zones forestières sont encore vierges. Les
majorités des forêts sont exploitées à des
degrés divers soit pour les bois d'oeuvre, soit pour l'exploitation
agricole de manière itinérante. La forêt vierge est
essentiellement confinée dans la partie du Gabon où poursuit-il
les travaux d'exploitation n'ont pas encore débutés. L'auteur
passe en revu les hypothèses qui ont trait a cette
problématique.
Ainsi, Ma.ckinnon et Mackinnon affirmaient en 1986 que des
vastes étendues de forêt sont encore intactes mais ils ne les
situent pas géographiquement. Pour Nicoll et Langrand 37% de la
forêt sont encore à l'état primitif et prévoient que
ce pourcentage serait réduit à 20% avant 1997. Ils situent ces
forêts vierges à l'est de l'aire de distribution de
l'okoumé. Cependant que pour Myers les vastes zones forestières
du Gabon ne subiront que peu de changement d'ici l'an 2000. Le rythme de
déboisement au Gabon pendant la période qui s'étend de
1976 à 1980 a été de 27000 ha par an, soit 0,13% de la
zone forestière. Mais l'opinion générale semble être
que la dégradation forestière sera moins rigoureuse au Gabon que
dans bien d'autres pays tropicaux
De manière générale le point de vue des
botanistes est essentiellement exogène. En effet, Aubreville qui est
forestier et botaniste entreprendra des études sur plusieurs territoires
de l'Afrique. Tout au long de son exploration, il ne s'intéresse jamais
aux usages indigènes de la forêt encore moins aux relations
profondes entre cet espace et le Noir, même s'il préconise la
protection des bois sacres. Nous remettons en cause le concept de forêt
primaire au sens où elle n'a jamais été exploitée,
car cet espace dans son acception signifierait qu'il n'appartient à
personne ou comme le dit Aubréville « les forêts
primaires sont celles dans lesquelles les indigènes n'ont jamais
exercé d'autre droit de jouissance que celui de quelques usages
secondaires, tels la récolte de fruits et produits. Elles ont donc
indubitablement le caractère de forêts vacantes et sans
maître » (Aubréville, 1937, pp. 106-107) Or dans la
conception négro-africaine en général et, en particulier,
la notion de terres vacantes n'a pas de sens. Toute terre appartient à
un clan, un lignage avec des limites géographiques bien
définies.
Bergeret, Anne. 1993.
« Discours et politiques forestières
coloniales » in Colonisation et Environnement, Paris,
l'Harmattan, pp. 23-47.
L'auteur, historienne de formation, est chargé de
recherche au CNRS.
La perception des forêts tropicales fut, durant la
période coloniale, et singulièrement à partir de
l'Algérie, imprégnée tout à la fois de l'imaginaire
lié a la culture d'origine, et des doctrines économiques de
l'époque qui fournirent le soubassement de la construction de
l'idéologie coloniale. La vision du monde dominante en France
modèlea et prédétermina en quelque sorte la perception de
la forêt coloniale.
Dans un premier temps cependant, les conquérants eurent
affaire à une nature méditerranéenne non étrange,
parce que liée aux origines de leur propre culture. Aussi est.-ce en
toute connaissance de cause que les officiers donnaient l'ordre de couper tous
les arbres utiles afin d'en priver la population kabyle ou arabe. Mais bien
vite, la prise de conscience aigue du danger d'un manque d'arbres se manifesta.
La ligue pour le reboisement, née en Algérie, préfigure le
discours écologiste.
Face à la forêt tropicale, étrange parce
que réellement étrangère, la perception des colonisateurs
oscille entre l'impression «d'enfer vert », de désordre,
d'hostilité permanente, et l'impression inverse: éblouissante
profusion, richesse sans limite, opulence de l'âge d'or d'une forêt
qui sera longtemps perçue comme vierge. Les indigènes qui vivent
dans ce milieu inhumain ne peuvent que participer à la sauvagerie.
Quant aux forestiers, avec une étonnante constante,
dans la forêt tropicale ils ne voient que du bois, et surtout des
essences précieuses à exploiter. Pour exploiter, il importe de
mettre de l'ordre, c'est-a-dire réglementer et séparer le capital
forestier des ennemis invétérés: l'agriculteur et plus
encore le pasteur. Ainsi, de nombreuses «réserves » seront
mises en place dans toutes les colonies tropicales afin de dissocier la
forêt des indigènes et de leurs droits d'usage immémoriaux.
De nos jours encore, la plupart des forestiers tropicaux
français ne voient que du bois dans les forêts tropicales, et leur
sylviculture continue à ignorer largement les essences locales et leurs
multiples usages. Les populations autochtones restent méconnues, car le
pouvoir exclusif sur le territoire reste leur principale
préoccupation.
Ce texte est fort intéressant car il fait l'histoire
des rapports qui ont toujours existe entre le forestier et les populations
autochtones. Mais nous regrettons tout de même l'absence de textes
originaux qui pouvaient être par exemple des interviews de ceux qui ont
vécu ces moments. Il y a eu des guerres par exemples à Madagascar
entre ces populations et les forestiers. L'ouvrage de Dominique Des jeux
consacré à ce problème est à ce propos fort
éloquent.
Le texte souffre aussi de l'insuffisance de ne pas avoir
parlé des relations entre les forestiers et les ouvriers dans les
chantiers, notamment à travers les travaux forcés qui ont
particulièrement marqué les pays d'outre-mer dans leur chaire.
Ils se verront alors non seulement spoliés leurs terres et leurs arbres,
mais aussi transformés en bêtes de sommes pour payer
l'impôt. Enfin l'auteur aurait pu nous présenter le forestier
noir, comment il se comporte devant la forêt à travers
l'intermédiaire qu'est l'argent.
Mais au-delà de ces critiques, ce texte nous permet de
comprendre et nous saisir des enjeux de l'exploitation forestière
pendant la colonisation. En effet de l'Algérie à Madagascar, de
la Cote d'Ivoire au Gabon, la forêt a été un enjeu majeur
et une motivation primordiale qui a marqué de son sceau le fait
colonial.
Deuxième Partie
Juridiction traditionnelle de la
forêt
Chapitre III
Présentation de la forêt classée de
la Mondah
Nous allons présenter la forêt de la Mondah, en
partant de son historique. D'abord, les populations qui exploitent cette
forêt et qui y vivent, ensuite les différents rapports que ceux-ci
ont avec cette forêt, à commencer par les rapports,
socio-économiques et les rapports culturels, il sera question les
différentes ressources de cette forêt.
Section 1 : Historique et Rapport de l'homme
à la forêt
Dans cette partie du travail, nous allons présenter la
forêt de la Mondah en partant de son historique. D'abord les populations
qui exploitent cette forêt et qui y vivent, ensuite les ressources de la
forêt et enfin la juridiction traditionnelle de la forêt.
La forêt de la Mondah est située sur la
presqu'île entre Libreville et le Cap-Esterias. Les Portugais qui
l'investirent les premiers, échangèrent cette terre avec les
Espagnol en 1778 par le traité Pardo. Ce n'est qu'avec les
traités de 1900 que les frontières furent fixées entre les
possessions Espagnoles et Françaises.
1.1. Populations en présence
1.1.1. Les Benga
Les Benga selon la tradition la plus répandue,
tireraient leur nom du verbe Ibenga qui signifie suivre. Ils auraient
été, en effet, curieux de découvrir le coucher du soleil
(djoba), ce qui les conduisit jusqu'à la mer. Aussi, une autre tradition
remonterait à un couple primordial cette origine des Benga et les autres
peuples apparentés de Mbina et Modouga. Ils seraient issu des jumeaux
comme ancêtre commun: Nowe ya Mboumba et Ndowe ya Modougu, ceux-ci
à leur tour eurent une nombreuse progéniture, dont parmi les
quelles les Benga sont issus.
Situé sur la rive droite de l'estuaire du Gabon entre
la pointe Pongara au Sud-Est et Cocobeach au nord, le pays Benga comprend les
caps Boloko bouèt, Estérias et Santaclara, soit une superficie
d'environ 30 km2 il est baigné au nord et à l'ouest
par l'océan atlantique.En effet, des trois caps, c'est le
Cap-Estérias qui abrite la plus grande concentration de
Benga.Déjà installé vers les années 50, la presque
île de la Mondah était peuplée initialement par les Benga
au Cap - Estérias et les Sékiani de Santa-clara.
Le peuple Benga a des techniques, des règles et des
pratiques culturelles en vue de protéger l'écosystème. Ce
peuple marin revêt une importance capitale aux espèces marines,
comme disait Nkolo « la mer nous donnes la vie, nous la respectons ...
».
Comme toute organisation sociale, le peuple Benga exploite ses
milieux naturels, gère son espace, administre son groupe en
référence à ses pratiques culturelles. La
végétation naturelle est généralement
utilisée pour les besoins de nutrition, de construction d'habitation Ou
des objets, et aussi pour des raisons médicinales. Nous avons l'exemple
de l'okoumé qui est utilisé dans le domaine médicinal de
la construction d'habitation ou des pirogues. Le chocolat indigène est
par exemple consommé et utilisé dans les domaines
thérapeutiques
Aussi, la plante marepu (plante à forte odeur
pourvue des vertus médicinales servant aussi d'épice) serait par
exemple un excellent ingrédient et remède efficace contre les
règles douloureuses, elle purifie le lait de la femme allaitante, soigne
des angines et calme la fièvre. La pratique culture est plutôt
saisonnière chez les Benga, ici, on plante vers la fin de la saison
sèche. Il y a des plantations sur brulis et sans brulis (maviha) mavih
consiste à débrousser, à nettoyer et à planter sans
bruler. Cette pratique dit-on sert à préserver la forêt des
désastres du feu et à économiser les sels minéraux
qui fertilisent le sol. C'est ainsi que l'on remarquera que sur brulis, la
jachère dure sept à huit ans et sans brulis, elle dure seulement
trois à quatre ans.
Cependant, le Benga ne se livre pas à la chasse de
manière continue, parce qu'il n'apprécie pas trop la viande de
brousse, aussi, la forêt de la Mondah est préservée de
l'exploitation abusive. La pêche par contre constitue l'activité
principale du Benga. Il faut noter qu'il s'agit de la pêche marine. Car,
il convient de souligner ici que le Benga utilise les ressources halieutiques
pour les besoins de consommation, pharmaceutiques et quelque fois pour la
commercialisation. Les rivières (Ijovi) regorgent de beaucoup de
poisons. Rappelons que le Benga ne raffole que du poisson d'eau douce ce qui
explique le fait qu'il n'en pêche pratiquement pas dans le principal
réseau hydrographique terrestre traversant la forêt de la Mondah;
Ivounè, Ebandjè, et Idokogo qui se jettent dans l'océan
atlantique. Notons que, la pêche des poissons d'eau douce, lorsqu'elle
est pratiquée, elle est l'oeuvre des femmes. La pêche au barrage
est la forme la plus pratiquée ici. Elle obéit à un cycle
qui se conforme à la répartition saisonnière de
l'année, la grande saison sèche est indiquée pour la
circonstance.
La forme de pêche la plus pratiquée par les
femmes benga s'appelle ngom (Megaphrynium macrostachyuum). Elle
consiste à pilé en grande quantité des feuilles de la
plante ngom qui contient un doux poison capable de troubler les poissons du
font de l'eau en vue de les ramené à la surface. Après
avoir dressé un barrage en amont, la technique revint à
mélanger le produit en aval et attendre pendant une trentaine de
minutes. La suite n'est rien d'autre que la prise de poisson de son choix.
Récit7(*) n°1-Akanda Jean-Marie8(*) Sur l'implantation
des benga au Cap-Esterias
1. Nos aïeuls sont les premiers à s'installer
ici dans cette zone du Cap-Esterias. Voila pourquoi, le Cap nous appartient.
Avant il était difficile d'avoir un terrain ici, chaque lignage et
chaque personne connaît ses limites. Mais aujourd'hui ce n'est plus la
même chose, il suffit de voir un chef benga avec un peu d'argent et vous
avez la parcelle.
2. Mais seulement, ces étrangers qui arrivent n'ont
pas assez d'espace pour planter et surtout qu'ils plantent sur brulis ou la
jachère est plus longue. Sauf si celui qui t'a vendu la place te permet,
comme c'est le cas des ouvriers permanents de l'ENEF9(*) qui sont déjà
installés ici. C'est vrai qu'il y a une partie de la forêt qui est
classée, mais cela ne nous empêche pas d'aller chercher nos
plantes médicales à l'intérieur de cette
forêt.
Akanda Jean-Marie commence par nous situer comment se faisait
l'occupation de l'espace au Cap-Estérias. Il poursuit en montrant les
changements qui se sont opérés ces dernières années
dans l'installation des personnes autres que les Benga et leur manière
de gérer la forêt. Il poursuit en montrant la différence du
fait que les nouveaux arrivants pratiquent l'agriculture sur brulis qui demande
plus de temps pour que la terre se reconstitue. Aussi il note la
présence d'une forêt classée qui ne leur empêche pas
d'y accéder.
En effet, les populations Benga sont nombreuses vers la zone
du Cap- Estérias. Arrivée les premiers, on trouve les villages
Benga vers le Cap-Santa Clara, et au Cap- Estérias . Ce qui n'est
pas facile sinon impossible de voir un village benga où Sékiani
sur la nationale. Avec l'implantation des hommes dans cette partie de la ville,
les benga perdent la main mise sur leurs terres. Tout ceci favorisé par
la pénétration de l'argent dans nos sociétés,
entranant le changement de comportement.
Récit 10(*)n°2 - Nkolo Jean11(*) Sur la conception et l'utilisation des
deux écosystèmes qui les entourent
1. La chasse et la pèche en forêt ne sont
vraiment pas notre fort (homme benga). Nous Pratiquons ces activités
mais juste pour les besoins d'argent. La mer est un patrimoine pour nous les
benga. Elle nous donne la vie nous la respectons. Chaque lignage benga a son
front de mer, mais la pèche est autorisée a tout le monde. Chez
nous, des l'âge de 8 a 10 ans l'enfant commence à faire la
pèche, au bord de l'eau et ils cherchent les couteaux de mer. La mer est
une richesse. Elle donne du poisson, couteaux de mer, des coquillages, les
algues... Le plus important c'est son eau. Elle fait beaucoup de chose on
utilise l'eau salée pour le lavement par exemple. C'est une eau
sacrée, le sel que nous utilisons provient d'elle. Cette eau
mélangée aux plantes de la forêt soigne mais elle peut
aussi soigner sans plante.
2. L'eau salée est un grand médicament, elle
nous protège des épidémies surtout celles de la peau.
C'est un vaccin pour nous. Elle soigne aussi l'esprit, lorsque celui-ci est
malade. Le cas des visites de mauvais esprits ou de mauvais sort qui rendent
malheureux. Pour ce genre de cas, on prend les écorces et les feuilles
d'arbre qu'on mélange avec l'eau salée pour le bain du malade. Il
Y a aussi les algues qui soignent et qui sont un merveilleux engrain pour les
cultures. Il y a aussi les mollusques qui soignent bien les brulures sans
laisser les traces il faut aussi savoir que nous avons des interdits et des
pratiques rituelles à faire pour le respect de la mer et nos
ancêtres lorsqu'on veut une bonne pèche par exemple.
Nkolo Jean nous informe que les activités
forestières sont pratiquées par les Benga, mais à des fins
commerciales. L'homme benga vit pour la mer. C'est elle qui lui donne la vie,
toutes les parties maritimes sont connues par celui-ci. Loin de la mer,
celui-ci ne trouve pas de quoi vivre. A partir de l'eau, les poissons,
jusqu'aux algues, tout est utile et chaque élément de
l'écosystème marin est primordiale pour le benga. Par rapport
à l'écosystème forestier, l'écosystème marin
est mieux maîtrisé et apprécié par le benga.
A côté du benga, la forêt ne court aucun
risque, mais se sont les populations qui arrivent qui en fond un.
Récit12(*) n°3 - AYO Nicolas13(*) Sur la conception
et les activités forestières des Benga
1. Chez nous les Benga, le village n'est pas une affaire
de famille, mais de lignage. C'est le chef de lignage qui décide du lieu
et qui s'occupe de repartir les terres à ses frères mais
n'empêche que deux ou trois lignages peuvent se retrouver sur place.
C'est le cas ici au Cap-Esterias qui nous appartient et où on trouve
plusieurs lignages. Nous sommes les premiers habitants du Cap-Esterias, ce qui
a favorise cela c'est la proximité de la mer. Tout Benga a pour
idéal de vivre à côté de la mer. Mais cela ne veut
pas dire que la forêt ne représente rien. Pour nous, la
forêt est très importante, sans elle, il devient très
difficile de vivre.
2. Nous utilisons les plantes pour faire beaucoup de
choses. Comme manger, se soigner construire ou sculpter des objets d'art, etc.
La liste est longue. Ce qui est vrai, c'est que le Benga ne peut pas vivre la
ou il n y a pas la forêt. Le plus souvent, nous disposons nos maisons
face au vent du sud et non celui du nord, parce que, le premier est moins
violent et le deuxième est plus violent. Comme partout la cuisine est
toujours derrière la grande maison. Et derrière elle, il y a
souvent un jardin où on peut avoir les plantes médicinales, les
ingrédients et les bananiers, les femmes plantent aussi le manioc et la
canne à sucre, tout cela pour faciliter la cuisson ou l'obtention des
aliments.
3. Pendant la saison sèche, les femmes pratiquent
la pèche dans les rivières, ces poissons sont souvent vendus, et
les plantations ne sont pas aussi grandes on cultive juste pour manger. Le plus
souvent, on plante après avoir débroussé, sans bruler,
à ce moment la terre garde tout son humus de fertilité et les
récoltes sont bonnes. Mais très peu, brulent leurs plantations
avant de planter.
Il ressort dans ce récit d'Ayo Nicolas que, le lignage
chez l'homme Benga est très important. Dans les villages avant, c'est le
chef de lignage qui s'occupait de la distribution des terres à ses
frères. Tout titre foncier devait passer par lui, en quelque sorte le
travail du cadastre dans les villes. A partir d'un chef de lignage, tu pouvais
avoir les renseignements des lieux d'habitation des autres.
Aussi, bien que ces villages soient bien structurés
foncièrement, l'homme benga ne peut vivre sans forêt d'ou sa
gestion parcimonieuse. Celui-ci ne tire de la forêt que le strict
minimum, que tout ce qui lui est utile sans chercher à transformer ou
à la surexploiter à d'autres fins, commerciales par exemple. Ils
ont même développé une technique culturale qui n'est pas le
brulis et qui leur permet d'avoir de bonnes récoltes.
Enfin, comme toutes les autres ethnies du Gabon, les Benga,
ont la culture du jardin de maison, de techniques de pêche dans les
rivières que le plus souvent les poissons sont vendus car ils aiment
plus le poisson de la mer. Nous pouvons observer à ce niveau que la
forêt du Cap (Mondah) par la gestion des autochtones (benga)
n'était pas menacée et ne faisait pas l'objet d'une exploitation
abusive.
1.1.2. Population flottante
L'expression population flottante est un concept populaire au
Gabon, utilisé par les populations « autochtones» pour faire
la différence avec les populations» allochtones » qui sont
nouvellement installés dans leur région. En effet les flottants,
désignent tous ceux qui partent de leur environnement d'origine pour
s'installer de manière durable sur une région
étrangère et qui coupent tout contacte avec leur région
d'origine, ne bénéficiant que d'un nombre assez de droit sur les
lieux ou ils sont installés. Car, la philosophie traditionnelle
africaine accorde au patrimoine foncier une valeur inestimable.
L'imaginaire du peuple bantu est nourri par une conception
unique du territoire, lieu de mémoire berceau de l'histoire du clan et
terre de nos aïeux, il est par conséquent sa
propriété exclusive. Un étranger n'a pas le droit
d'afficher des ambitions incontrôlées ou des privilèges
contre l'avis des propriétaires des lieux. Cette optique que
Jean-Émile Mbot (1997, p 15) en parlant du territoire dira: «
la transmission du patrimoine foncier obéit ainsi aux règles de
filiation matrilinéaire ou patrilinéaire », c'est selon
qu'on appartient à l'une ou l'autre des filiations.
Toutefois par le biais des alliances et
particulièrement par la constitution des États modernes, il y a
la libre circulation des biens et des personnes, autrement dit, les personnes
non natives d'une région donnée mais citoyennes du même
État peuvent en toute latitude s'installée dans un quelconque
espace du cet État et jouir de tout les droits. Ainsi, aux yeux du
groupe originaire, de telles personnes resteront toujours des étrangers.
Mais cette conviction qui voit en autrui un « flottant » ne
véhicule pas nécessairement des signaux tribaliste d'exclusion
puisque le terme est attribué à tout groupe étranger, on
peut être flottant dans son pays qu'ailleurs.
Lorsque le Gabon accédait à la
souveraineté nationale en 1960, la majorité de sa population
habitait en zone rurale. Aujourd'hui, à cause de l'exode, la tendance
s'est totalement inversée. En effet, vers les années 1970,
à la suite du boom économique consécutive à
l'exploitation de son pétrole le Gabon a connu un grand flux migratoire
vers les grandes villes du pays qui représentent des lieux d'un
développement socio- économiques.
Cette situation aggravée par l'absence des structures
socio-économiques en zone rurales, a poussé les populations de
ses zones vers les grands centres urbains (Libreville, Port-Gentil).Se sont des
milliers des personnes qui ont ainsi rejoint Libreville, qui a vu sa population
quadrupler dans la décennie 1970-1980, passant de moins 100.000 à
plus de 400.000 habitants. Libreville concentre près de 2/5 de la
population Gabonaise venant de tous les horizons du territoire national
(Ministère du Plan).
Peu à peu, des populations issues de la plupart des
ethnies du Gabon et des pays voisins, attirées par Libreville et les
chantiers se sont retrouvés « à chercher la vie» dans
la forêt et dans la baie de la Mondah. Pour la première fois
Libreville a vu sa forêt diminuer les coupes des bois ont
augmentées, la chasse, la pèche, la cueillette, de même que
l'agriculture.
Ces peuples nouvellement installés, sont
majoritairement forestiers, et ont des conceptions et des pratiques autres que
celles des autochtones (benga). La chasse et la pêche vont prendre
d'autres dimensions, sans oublier l'agriculture la majorité des produits
vont être destinée à la vente. En effet, le bois de
chauffage est abattu sur pied, les séchages se faisant plus tard; la
récolte des fruits comestibles entraînent l'abattage des arbres
entiers pour remplir suffisamment des paniers, cas de Musigou;
l'extraction du miel oblige les récolteurs à abattre
automatiquement les arbres, le bois amère qui est l'espèce la
plus menacée à cause de la consommation du vin de palme; le
walé (Garcinia kola ineana).
Le gibier est chassé à des fins
économiques, les pièges et les fusils commencent à
décimer l'espèce animale. En ce qui concerne l'agriculture, les
grandes plantations sur bru1lis sont faites, la grande partie de la
récolte est destinée à la vente. Les plantations sont
répétées sur place, d'après madame Mitangu.
Récit14(*) n°4- Mitamkou Salomé le 17 avril
200615(*) sur
les plantations dans la forêt de la Mondah33.
1. La forêt du Cap ma fille est classée et
déclassée, c'est dans la partie déclassée qu'on
fait les plantations mais aujourd'hui on trouve même mes plantations dans
la forêt classée de la Mondah. C'est grâce à la
forêt que je nourris mes enfants, moi-même ma fille j'ai grandi
à l'aide de la forêt quand nos mamans vivaient, nous n'avions pas
de marchés, c'est dans la forêt qu'on allait prendre tout ce qu'il
fallait pour nourrir les familles, les plantations, la chasse, la pèche,
la cueillette tout c'est en forêt. Sans forêt, je ne pouvais pas
nourrir toute cette marmaille là, j'ai 8 gosses, 21 petits-fils, c'est
grâce à la forêt (plantations et pèche, chasse) qui
m'aide à nourrir tout ce monde puisqu'on n'a pas assez d'argent mon mari
est retraite, même avant la retraite les produits des plantations nous
aidaient déjà beaucoup. (Les tubercules, la banane, les taros...)
c'est grâce à la forêt que nous vivons.
2. Je trouve la place, mon mari débrousse et
parfois je l'aide à abattre des arbres. Je pratique la jachère
pour la fertilité du sol. Si je fais une plantation ici à l'an
2000, je peux la renouveler à l'an 2006, il faut 6 ans pour que la terre
retrouve tous ses éléments nutritionnels puisqu'on n'utilise pas
les engrais et je fais de grandes plantations, la production est bonne, je peux
faire trois a quatre plantations par année. Je plante tout le manioc,
les aubergines, le piment, la banane, le taro...) mais nous sommes
confrontés à un problème. Les tubercules pourrissent. Cela
est dû à l'état du sol, la terre plus riche.
3. Ma fille la forêt n'est plus la même. Quand
nous sommes arrivés ici en 1978, la forêt était vierge.
Même près de la maison tu faisais ta plantation les hommes
n'avaient pas besoin d'aller loin pour chasser, il y avait de ces animaux ah ma
fille dans les rivières le poisson. Mais aujourd'hui, c'est la
fougère, ce que vous voyez à la route là, ce n'est qu'une
couverture à l'intérieur il y a plus rien. Tout a commence avec
la société forestière qui s'était implantée
ici, c'est là que la forêt a commencé à perdre sa
vitalité, nous faisions des plantations c'est vrai, mais la forêt
n'était pas près. Il faut arrêter l'exploitation
forestière, car elle ne nous apporte rien même pas au pays. Elle
nous prive de nos forêts natales et nous rend pauvre, puisque pour avoir
un animal aujourd'hui dans cette forêt c'est devenu dur, les animaux
quittent les parties défrettées, partent ailleurs et le sol
reçoit un coup, la récolte n'est plus la même. Tu sais que
l'Ombre des arbres et les feuilles mortes des forêts jouent un rôle
important dans la récolte.
4. En ce qui concerne les plantes médicinales, ma
fille les tradipraticien et même nous autres qui avons un peu de
connaissance, (tu sais une bonne mère d'enfant dans nos villages doit,
savoir quelques petits remèdes qui peuvent aider) nous sommes en
difficulté. Parce que certaines plantes ont disparu et les autres
deviennent rares, comme je te disais pour les animaux. Il y a en plus la
fabrication du charbon à Malibé 2 et de l'extraction du sable. Ma
fille la fabrication du charbon détruit plus le bois parce qu'ils
utilisent même le bois qui n'a pas encore sèche. L'endroit
où ils fabriquent ce charbon, est dévasté, le sol
détruit et en plus ils le font à l'intérieur de la
forêt classée. Sans oublier ceux qui fendent le bois, les scieurs
qui non seulement ne paient pas les taxes, mais en plus ils coupent les arbres
en désordre. Tout ce monde est en train de nous tuer car la forêt
est pour nous une cachette, un hôpital et une mère qui nourrit ses
enfants.
Le récit précédent que nous a
rapporté Mitamkou Salomé montre combien la forêt est
très importante dans la survie de l'homme. Car celui-ci peux se passer
de tout sauf de la forêt qui lui procure la majorité de bien pour
sa survie (nourriture, médicaments, vêtements, logement) aussi
nous voyons que ce bien naturelle est en train de disparaitre avec la mauvaise
utilisation de l'homme. Finalement l'homme est la cause principale de sa
mort.
Pour avoir une terre au Cap-Estérias, il fallait
demander au chef des lignages Benga. Certains ont commencé à
vendre des terrains et donné aussi un espace pour cultiver, pour ceux
là ils sont obligés de faire de la pluriculture. Dans les
pratiques médicinale, les détenteurs de savoir ne
prélèvent que ce qui leurs étaient nécessaires pour
constituer leur breuvages: une écorce pouvait suffire comme
ingrédient. Toutes les précautions étaient prises pour que
l'arbre ne subisse aucun dommage; on prenait soins par exemple de mètre
un peu de terre pour aider l'écorce à se
régénérée. Mais cette sur population apporte avec
elle des vrais et faux tradipraticiens, certains connaisseurs et d'autres non
connaisseurs qui font du suivisme et une mauvaise imitation
1.1.3. Population Urbaine
Cette population est essentiellement constituée par des
personnes qui vivent â Libreville. Il ressort de notre enquête
qu'il y a deux sortes de citadin: le « citadin autochtone» et le
« citadin migrant ». Nous appelons citadin autochtone, le citadin
originaire de la ville de Libreville, alors que le citadin migrant est celui
qui habite la ville de Libreville par fait de migration ou de sa situation
professionnelle, ses origines lointaines ou récente sont paysannes,
origine qu'il entretient périodiquement par des visites
fréquentes ou espacé dans son village d'origine et surtout dans
les forêts environnantes de Libreville. Ainsi près de 80% de la
population gabonaise de Libreville a des origines paysannes (Document Argument
de base Séminaire du LUTO 1989). Au Gabon, particulièrement
à Libreville, le citadin d'aujourd'hui est le paysan d'hier.
Pour leur survie personnelle et familiale, certains agents de
l'état et d'autres citadins doivent s'adapter, trouver les moyens
nécessaires à la satisfaction de leurs besoins, mais aussi
préserver la dignité de leur statut de fonctionnaire. Ainsi plus
de la moitié des ménages à Libreville possèdent au
moins une plantation même quand ils sont salariés, certains
habitants préfèrent un ou deux champs, faire la chasse, la
pêche dans les forêts environnantes afin d'améliorer leur
condition de vie. C'est ainsi qu'ont peut voir chaque week-end (samedi et
dimanche) une intense circulation routière sur l'axe Libreville/Cap
Estérias/Cap Santa-Clara, et aussi sur la nationale. Ces hommes et
femmes abord des véhicules divers pour ces localités reviendrons
sur Libreville avec des produits diverses en provenances de la forêt.
Ici, l'étiquette de fonctionnaire n'affecte en rien la
nature propre (la culture) du citadin Gabonais. Né et grandit à
proximité de la forêt, celui-ci entretient des rapports affectifs
avec elle. Certains se souviennent des pièges à oiseaux qu'ils
tendaient, des moment de pêches, de chasses et de promenades qu'il
passaient soit avec leurs parents, soit avec leurs frères, soeurs et
amies, des séances de ramassage de noisette de cueillette des fruits
sauvages et surtout des contes, légendes, mythes et épopée
sur la forêt, faisant ressortir que la littérature orale a
contribué de manière solide à l'acquisition d'une culture
traditionnelle et à l'éducation en générale du
respect de la nature. Aussi, des lieux thérapeutiques tels que la
rivière ou certains notamment ont reçus des soins
thérapeutiques. Toutes ces personnes gardent de très bon souvenir
de cette époque. Cette culture fait qu'il y a toujours un retour aux
sources, peu importe le milieu dans lequel on se trouve, ou le poste qu'on
occupe. La forêt est, et restera le moyen de survie pour «
arrondir» les fins de mois.
Aussi, un grand nombre de personnes auront un champ à
proximité immédiat de la capital ou le coup de transport n'est
pas très élevé, notamment dans la forêt de la Mondah
et sur la nationale (un peu plus loin s'il dispose d'un véhicule). Les
vivriers, manioc, bananes, ignames, ananas, maïs, patates. ", Assurent une
partie au moins de la nourriture en légume. Certaines quantités
peuvent également être vendues. La plus grande partie du travaille
agricole est accomplit par les femmes. Pour les ménages qui ne
possèdent pas encore les champs, il aimerait en avoir et ce, le plus
rapidement possible.
Tableau n°2. Les ethnies rencontrées dans la
Mondah
Lieu
|
Population en présences
|
|
benga, fang, punu, nzebi, pove, masango, mitsogho, kota,
sekyani, akele, etc.
|
La Mondah
|
Nationalités étrangères: malienne,
sénégalaise, mauritanienne, nigérienne, nigériane,
camerounaise, équato-guinéenne, congolaise, burkinabé,
etc.
|
Source: Mintsa Manuéla, 2007
Tableau n°3. Quelques villages environnants de la
Mondah
Lieux
|
Villages
|
Sur l'axe de Libreville
|
Avorebam, Marseille 1, Marseille 2, 1 er campement,
Malibé 1, Malibé 2, etc.
|
Cap-Estérias
|
Miondi (le village du Cap-Estérias et du 1er chef Ibado
du clan
Bobudja), Obania (2e village), Madjengui (3e village), Boka
village), BoIIokoboué (campement devenu village)
etc.
|
Cap-Santa-Clara
|
Mboma mabandja, Doumia, Makwangué ou Bagdad (où
se trouve la ferme), la Colline, Okoya, Akwengo etc.
|
Source : Mintsa Manuéla, 2007.
1.2. Rapports socio-économiques
La végétation de la forêt de la Mondah
n'est pas homogène, c'est une forêt ombrophile
Guinéo-Congolaise (GTZ, ENEF, 1997) qui couvrait jadis la
quasi-totalité de la presqu'Île de la Mondah. Les conditions
édaphiques sont propices à l'agriculture, qui est l'une des
activités plus prisées dans la contrée. A cela s'ajoute
également la vente du bois et l'extraction du vin de palme. Elle est
aussi le siège et le théâtre d'une exploitation des
carrières de sable, dont l'extension des superficies est
enregistrée ces derniers temps.
Dans son évolution, la forêt de la Mondah a
été et demeure l'objet d'une exploitation intense, due aux
nombreuses activités qui s'y déroulent et la forte demande en
ressources naturelles de Libreville.
1.2.1. L'agriculture
L'homme se charge du repérage de l'endroit à
ériger en champ. C'est un travail fort important en ce sens que la
productivité en dépend. Toutes les opérations qui
précédent la mise en terre des plantes sont l'oeuvre de l'homme.
Le nettoyage de l'espace pour ce qui est du champ d'arachide (obo ya)
est la tâche qui lui revient, la mise en terre des plantes et le
désherbage et la récolte. L'homme pendant ce temps s'occupe des
travaux domestiques, tel que la réfection de la toiture de la maison, du
nettoyage de la concession et le corps de garde devient en permanence son lieu
de repos. Il s'adonne aux autres activités telles que la pêche, la
chasse, le piégeage visant à protéger les plantes contre
les animaux dévastateurs.
En effet la forêt de la Mondah en générale
et la partie classée (FCM) en particulier, constitue une réserve
naturelle propice aux activités agricoles. Localisée à
moins d'une demi-heure de l'aéroport Internationale Léon Mba,
elle est l'une des zones les plus fréquentées par les populations
rurales. De nombreux villages et campements s'y localisent.
Parmi les produits agricoles recensés sur le
marché du premier campement, nous notons la vente de fruits sauvages
(mangues, noisettes, ananas, avocats, ...). Et de vivre frais (bananes,
feuilles et tubercules de manioc, aubergines, piment, tarot, etc.). La
totalité de la production est destinée à alimenter les
populations urbaines de Libreville. Une autre particularité liée
à cette production est le cout relativement bas de produits,
comparativement à ceux importés des pays voisins, tel la
Guinée-Équatoriale, le Cameroun, le Sao- Tomé et
Principe.
Les populations qui pratiquent l'agriculture au niveau de
cette forêt, ne sont pas uniquement résidantes du Cap. Une bonne
partie proviendrait de Libreville, c'est la raison pour laquelle nous pouvons
observer une très forte migration des populations urbaines vers la
forêt de la Mondah, durant le week-end et les jours fériés.
Récit16(*) n°5 - Mboumba Koula Perrine17(*) sur La
pauvreté du sol dans la forêt de Mondah.
1. Je suis eschira de Fougamou du village Kessi. J'avais
appris à faire les plantions depuis petite avec ma mère.
Étant femme de maître, je faisais toujours mes plantations. Pour
faire une plantation, on ne débrousse pas n' importe où. On
choisit les places bien mure, là où la forêt est bien
fermée. Je faisais d'abord les plantations à Marseille 2 vers le
premier campement, mais je suis maintenant après Kango à Woubele,
là-bas on trouve encore une bonne forêt, la terre est encore
très fertile et la nourriture pousse bien. Ce qui m'a fait partir si
loin, c'est parce qu'a Marseille là-bas les cultures ne donnaient plus
bien, la banane, le manioc, le piment, l'oseille, le gombo etc. il y a
l'érosion, les cultures ne tiennent plus et puis la terre devient jaune
et dure.
2. Je n'avais plus une bonne récolte, les gens que
tu vois avec les aubergines ou le piment ce sont ceux qui utilisent les
engrains mais nous autres, nous n'avons rien. Tu peux respecter la
jachère (neyi), il n y aura pas de changement. Quand j'ai vu ça,
j'ai vu ma soeur qui habite a Woubele et lui a demande si je pouvais aller
faire des champs là-bas, elle ma présente aux gens du village qui
m'ont demande si je voulais m'installer comme ça il me donne une place
et la forêt. Depuis deux ans que je suis là-bas, ma
première plantation donne déjà de bon régime de
banane et les gros tubercules de manioc. Cette année j'ai fais une
grande plantation pour produire plus, parce que je ne vais plus me limiter
à ravitailler la maison, mais je veux vendre la banane, le manioc, les
ananas, les patates, en faite une partie de ce que je produis.
3. Il Y a deux manières de planter. Tu
débrousses, tu abats, tu brules et enfin tu plante pour les plantations
de manioc et de banane, pour l'arachide après bruler tu nettoies et
ensuite tu plante. Mais tu peux aussi planter après avoir
débrousse, ceci pour la banane et bruler après. Même si les
bananerais se brulent avec l'action du feu, ce n'est pas grave, tu verras
comment ça va bien pousser avec les feuilles toutes verte et tu peux me
croire ça va donner des gros régimes de bananes. Là
où je suis là-bas, il ya le Nkumu (Gnetum africanum) en
abondance, les femmes viennent même cueillir pour venir vendre a
Libreville et d'autre viennent d'ici pour venir prendre les écorces des
bois et les feuilles. J'apporte même souvent à maman Germaine
certaines écorces qu'elle me demande. Il y a encore la viande de brousse
beaucoup mais seulement, les écureuils (sepe) nous mangent la banane et
ils peuvent finir un régime de banane.
Le récit que nous présente Mme Mboumba Koula
Perrine montre la pauvreté du sol dans la forêt de la Mondah. Elle
commence par montrer comment faire une plantation et quel site choisir. Et
donnera les raisons pour lesquelles elle est partie de la forêt de la
Mondah, pour aller planter aujourd'hui à Woubélé.
Elle terminera par nous donner les différentes
manières de planter qui existent en agriculture, et le rendement que
cela produit. A travers ce récit, il ressort que la forêt de la
Mondah est devenue très pauvre au niveau du sol. Ce qui pousse certaines
personnes aujourd'hui à se diriger vers la route nationale à la
recherche d'autres endroits pour planter et avoir de bonne récolte, pour
nourrir la famille et quelque fois vendre.
En effet, les sols fertiles du Cap, aux superficies autrefois
réduites dans la forêt classée de la Mondah, connaissent
aujourd'hui une extension remarquable, liée à la pratique de
l'agriculture.
Tableau n°6 : Les produits agricoles de la
Mondah
Nom usuel
|
Nom scientifique
|
Oseille
|
Hibiscus gabdai
|
Chou pomme
|
Brassca olelacea
|
salade
|
Lacatus sativa
|
Aubergine
|
Solanum spp
|
Tomate
|
Salamum lylopersium
|
Piment
|
Capsicum sp
|
Amarante
|
amaranthus
|
Gombo
|
Lubiscus esculentus
|
Oignon
|
Allium cepa
|
Tarot
|
Colocasia esculenta
|
Tubercule de manioc
|
Afanhiot esculenta
|
Igname
|
Discorea sp
|
Courge
|
Sicana odoriftra
|
Banane Plantin
|
Alusea balbisiana
|
MaÏs
|
Zea mays
|
Concombre
|
lpomea batatas
|
Canne à sucre
|
Saccharum officinanum
|
Ananas
|
Annanas comosus
|
Arachide
|
Arachis hypogea
|
Source : Mintsa Manuéla, 10 Mars 2010
Photo : Les tubercules de manioc
Mintsa Manuéla, 10 Mars 2010
Cette image nous présente, un produit de l'agriculture.
Les tubercules de manioc après leur maturité et après les
avoir déterré. Ici, la grosseur de chaque tubercule varie selon
la fertilité du sol dans lequel a été
évolué. Lors de la récolte, les tubercules
déterrés sont rassemblés si l'objectif est de les vendre.
Mais par contre, si le produit agricole sert d'alimentation, la récolte
des tubercules se fait au fur et à mesure pour les besoins alimentaires
de la famille, ou de la communauté
Ce produit agricole ne cause aucun problème
conflictuel entre l'administration des Eaux et Forêts et les populations
locales. Les problèmes se situent en amont lorsqu'il faut occuper un
terrain pour faire une plantation.
1
Enfin, à l'arrière plan, nous avons une
forêt claire ou il y a la présence de grands arbres
desséchés. Plus bas, nous avons la présence de
palétuviers et d'autres espèces arborescentes très jeunes,
âgés au moins de deux ans. Cette image présente une
forêt secondaire dont la jachère n'est pas respectée (5
à 10 ans). Aussi, dans une telle forêt serait-il possible de
trouver des animaux tels que: les éléphants; le gorille etc., si
ce n'est plus souvent les rat palmistes, les reptiles et d'autres petits
animaux.
2
Cette image nous présente une jeune plantation de
manioc de 3 mois au plus. Ici, nous remarquons la présence des grands
arbres coupés et brûlés, ce qui témoigne qu'il
s'agit d'une agriculture sur brulis. Le manioc tient une place importante dans
cette plantation, bien qu'il ait la présence des bananiers.
En effet, l'image est divisée en trois, plus la
présence de la cabane plus au fond. Nous avons d'abord la plantation
à l'extrême droite, que nous avons décrite plus haut.
Ensuite, à l'extrême gauche, du même côté que
la plantation, la limite avec elle étant le tronc d'arbre couché
au sol derrière celui qui est brûlé mais debout. De ce
côté, nous avons la présence des petits arbres et herbes,
sans oublier le palmier à huile. Un peu plus devant nous avons une
cabane qui sert de coin de repos pour le propriétaire de la plantation
et un campement pour les autres activités. La troisième partie
est l'autre côté de la plantation, différencié par
la hauteur des arbres, nous avons une forêt en plein essor, très
jeune apparemment touffu, ayant des caractéristiques d'une forêt
déjà exploitée et mise en repos (jachère).
Enfin, dans cette image, nous n'avons pas la présence
de grand arbres, mais d'une espèce médicinale très
important (miane en fang), cette plante qui se trouve près du
bananier. Nous remarquons que la culture du manioc va de paire avec celle de la
banane, nous sommes en présence d'une plantation pluriculturale.
La présente image est une ancienne plantation
pluriculturale. Nous pouvons diviser cette image en trois niveaux. Le premier
niveau est avant les bananiers, il y a la présence d'herbes, ce qui
signifie que cette partie de terre avait déjà été
exploitée il n'y a pas longtemps. Ensuite nous avons la plantation
actuelle qui sert à prendre les tubercules de manioc, mais les bananiers
sont encore sans régimes. Les feuilles de manioc sont jaunes et ils ont
atteint une bonne hauteur pour son exploitation. Aussi il y a une
différence entre le manioc de l'extrême droite et celui de
l'extrême gauche. Pour les bananiers, ce sol est trop pauvre pour leur
évolution, on croirait qu'il y en a qu'on a planté trois mois
avant les autres.
Nous avons une trouée entre le manioc à droite,
ce sont quelques tubercules de manioc qui ont été fouillés
à cet endroit. Derrière le manioc, toujours dans la plantation,
nous avons le palmier à huile, avec des branches de couleurs verte. Nous
avons aussi la présence de troncs d'arbres séchés qui ont
été victimes du feu lors du brulis.
Enfin, le dernier niveau est celui de la forêt qui est
visible derrière la plantation. Cette forêt n'est toujours pas
touffue, mais il y a la présence des arbres. Enfin, dans cette image,
nous n'avons pas la présence de grand arbres, mais d'une espèce
médicinale très important (miane en fang).
Une plantation de manioc au
Cap-Esterias.
Cliché de Mintsa Manuéla, le 10 mars 2010.
L'image que nous apercevons a été prise dans une
plantation de manioc au Cap Esterias. On peut remarquer que l'image
présente une jeune plantation de manioc qui a à peine 7 à
9 mois d'existence mais à cet âge de la plantation les feuilles de
la plante sont déjà comestibles, contrairement aux tubercules qui
ne sont pas assez mur pour être consommé. Le manioc étant
l'aliment de base de la plus part des personnes vivant aux caps, ils mettent
tout leur sérieux dans la production de celui-ci, puis que sa vente est
un moyen sur de se faire de l'argent. Pour cela, les agriculteurs mettent la
rigueur pour que leurs jeunes feuilles comestibles et les tubercules attendent
l'âge qu'il faut pour être exploité.
Contrairement à la logique des Benga et tous les
habitants du Cap, l'administration des Eaux et Forêts gèrent la
forêt du Cap sans tenir compte de la vie des communautés qui y
vivent. Ainsi, elle (administration) interdit même les usages coutumiers
dans les entours de la forêt classée. Les villageois qui
s'obstinent à faire leurs plantations dans les environs de cette
forêt se créent des problèmes avec ces agents. Le plus
souvent, ce genre de situation génère des conflits entre les
villageois et les administrateurs des Eaux et Forêts.
1.2.2. La chasse
Les peuples de forêt ont fait preuve d'une grande
ingéniosité dans l'art de la chasse. Connaissance des animaux,
habileté à les pister et à poser des pièges font
partie de ce stock de savoir indispensable à l'appropriation du milieu.
En parlant économiquement, la chasse est une des activités
conscientes de l'homme par laquelle celui-ci tend à accroître les
biens destinés à satisfaire ses besoins en affinant les modes et
les méthodes de travail.
Pour ce qui concerne la chasse coutumière utilitaire,
elle ne vise pas l'extermination du gibier mais, assure un apport soutenu de la
viande destinée à la consommation familiale. La chasse
professionnelle quant à elle permet au chasseur de soutenir sa
trésorerie par la vente des produits issus des animaux tués.
Outre, ces fonctions alimentaires et économiques, la chasse a
occupé une place centrale dans la socialisation: elle est un des
fondements de l'initiation des jeunes garçons qui apprennent la
forêt aux côtés de leurs aînés, en même
temps qu'ils s'ouvrent à la connaissance de leur rôle en
s'éloignant des fillettes cantonnées dans les girons
maternels.
Au cours de nos enquêtes qui se sont
déroulées dans les villages (Marseille 1 et 2, Malibé 1 et
2, le Cap Santa-Clara et les villages environnants de même que le
Cap-Estérias) et les campements (Le premier campement,
Bollokoboué), nous avons pu distinguer deux types de chasseurs dans la
zone de la Mondah : les chasseurs allogènes et les chasseurs
autochtones. Un chasseur allogène est une personne qui vient de
l'extérieur qui n'est pas originaire du village où est
basé pour sa chasse. La chasse effectuée par ces chasseurs
constitue une menace pour la faune sauvage. La majeure partie des chasseurs est
composée des populations forestières provenant de
l'intérieur du pays et des ressortissants Equato-guinéen,
Camerounais, etc. et, par les citadins parfois nantis. Plusieurs d'entre eux
sont dans les campements de chasse et village, ils sont tous impliqués
dans la chasse à but commercial.
La viande de brousse est une nourriture très
appréciée de nos populations surtout dans les régions
forestières. Elle constitue l'aliment de base des populations.
Autrefois, cette chasse était destinée essentiellement à
nourrir la famille, les individus parcouraient rarement dix ou quinze
kilomètres pour avoir le gibier. Aujourd'hui dans la Mondah, avec
l'ouverture des pistes, des campements, les activités agricoles,
l'exploitation du sable et du charbon, cette chasse devient très
difficile. Car, la fréquentation régulière des hommes dans
cette forêt détruit l'habitat naturel des animaux qui prennent la
fuite vers d'autres horizons.
Les moyens par lesquels le gibier est abattu diffèrent
selon les localités et l'espèce d'animal chassé. Au sein
de la forêt de la Mondah nous avons identifié deux types de
chasse, les plus pratiqués par les chasseurs: le piégeage au
moyen des câbles métalliques et les armes à feux. Le
piège est un dispositif destiné à prendre vivant ou mort
les animaux terrestres. C'est une méthode très utilisée
par les autochtones et les populations flottantes. D'après les
informateurs eux-mêmes, le piégeage est une méthode
économique, un seul piège peut-être utilisé
plusieurs fois. D'après Owono Phulbert (1999, p 45) : « Cette
méthode menace toutes les espèces de gibier sans distinction,
elle est construite à partir du câble, composée de sept (7)
brins que le chasseur sépare pour fabriquer son colt et composé
de un (1) à quatre (4) brins selon la force et la taille de
l'espèce à capturer et les pièges sont tendus sur les
pistes d'animaux convoites».
En outre, plusieurs armes peuvent être utilisées
pour la chasse au gibier. Le fusil (Calibre 12, Carabine 375 et 458), est
l'arme la plus utilisée par les chasseurs au sein de la forêt de
la Mondah, les boîtes des cartouches vides en témoignent par leur
présence. La chasse au fusil est très avantageuse, à cause
du rendement maximum recherché; elle peut se pratiquer à tout
moment, le jour comme la nuit et en toutes saisons (pluie ou sèche).
Elle donne la possibilité de tuer les petits et les gros gibiers.
Récit18(*) n°6 - Massala
Claude Alain19(*)
, sur La chasse de nuit et la commercialisation du gibier
1. Je suis de Tchibanga au quartier commercial, je
travaillais à Magamode à l'époque, vers les années
1979. Des qu'on a fermé le magasin je suis allé SODUCO. Vers les
années (1985-1986), le blanc m'a enlevé du travail et je suis
chasseur depuis la. J'ai une femme et huit enfants, je devais trouver quelque
chose pour les nourrir. Je ne pouvais pas repartir au village je partais de
temps en temps trouver mon frère qui a épouser une fille benga
d'ici jusqu'à ce que je me suis installe avec ma petite famille, ils
m'ont donne cette parcelle et librement je pouvais chasser et ma femme faire
des plantations ou la pèche comme chez nous. Je pratique deux sortes de
chasses, je fais les pièges et je chasse aussi au fusil. Je fais souvent
la chasse de nuit parce qu'elle est bénéfique que celle du jour.
La nuit, on tue beaucoup plus de gibiers par rapport au jour.
2. Les animaux se baladent plus la nuit. La nuit l'animal
est maboule, et on le voit de loin, ces yeux brille, il y en a qui dorme, et le
plus souvent, j'attrapais les bébés singes, quand tu
déranges un groupe de singes la nuit, en prenant la fuite il y en a qui
oubli les enfants, et tu profite à les attraper. Mais le jour est
consacre aux pièges. Je regarde mes pièges la journée et
je ne pouvais pas revenir sans rien, parce que les pièges attrapent
toujours quelque chose. Oui les eaux et forêt défendent la chasse,
mais on a notre partie et puis les pièges je les fais dans notre partie,
mais il arrivait que la nuit je dépasse les limites sans le savoir,
c'est peut être au retour que je m'en rends compte. Mais quand tu as la
malchance de te croiser avec eux en brousse, ils te prennent ton fusil et le
gibier. Pour reprendre ce fusil tu vas payer les centaines de mille et parfois
quand tu trouves un méchant, il ne te le rend plus. Ils m'ont
déjà pris un fusil comme ça. Et parfois vous pouvez vous
arranger, tu lui donnes de temps en temps du gibier.
3- C'est vrai qu'on ne gagne plus beaucoup de gibier et
aussi facilement qu'avant, mais je ne peux pas laisser la chasse. C'est tout ce
que je sais faire, je ne sais pas pécher comme les autres ici. C'est
grâce à la chasse que je paye les enfants les écoles
à Libreville et je leur nourris. Mon premier fils a eu le Bac
l'année dernière, les trois autres sont au Lycée et les
plus petits sont avec moi ici. C'est grâce a la vente du gibier et aux
produits des plantations de leur mère qu'on arrive à les nourrir.
Maintenant il arrive que je reviens de la brousse je ne tue rien. Il y a
déjà trop de gens qui rentrent en forêt. Et puis la
forêt n'est plus comme avant quand je venais d'arriver ici. Les gens ont
construit partout, il y a des champs un peu partout, hors les animaux fuient la
ou l'homme est en permanence, ils se sentent en danger et vont plus loin, c'est
le cas de cette forêt. C'est l'antilope cheval qu'on trouve encore en
abondance ici, dans bientôt plus rien, les autres animaux sont la mais
c'est difficile. Je fais aussi d'autres activités, ce qui me permet de
vivre.
Le récit de Monsieur Massala Claude Alain montre la
pratique de la chasse de nuit et la commercialisation du gibier. Malgré
la présence des agents du ministère des eaux et forêts, la
chasse se pratique toujours dans la forêt de la Mondah. Car pour les
populations riveraines, le gibier ne connaît pas la limite de la
forêt, en le chassant, il peut arriver que vous rentrer dans la partie
classée sans le faire exprès. Aussi la chasse de nuit est plus
fructueuse que celle du jour, même si ce n'est plus du tout comme avant.
Cette activité est rentable et il est rare de voir le gibier faire
plusieurs jours sans être acheter, certaines personnes font même
des commandes. Mais l'utilisation du fusil est pour beaucoup dans la
disparition des animaux, il y a aussi des gens qui reviennent de Libreville
juste pour chasser.
Recit20(*) n°7 - Ondo Nzoghe Joseph21(*) Sur la chasse du jour
dans la forêt de la Mondah
1. Je suis fils de chasseur, je suis née, j'ai
grandi et vie de la chasse. Je n'ai jamais cessé de faire la chasse les
week-ends et les jours fériés, avec les amis ou les
frères. Au paravent quand nous allions chasser dans la forêt du
Cap, la chasse était bonne. C'était souvent le jour, parce qu'on
disait que cette forêt était dangereuse la nuit. Nous rentrons
toujours avec du gibier, d'ailleurs il arrivait même qu'on vende deux ou
trois en chemin (au premier campement). Le reste était pour la
consommation à la maison. Je n'avais pas de problèmes avec les
agents des eaux et forêts, peut être parce que j'étais
moi-même policier et que les rares fois que j'en ai rencontré
quelques agents on s'est toujours entendu, je ne faisais pas la chasse
commerciale ou que je vivais uniquement d'elle.
2. La chasse pour moi n `était là que pour
me remémorer les souvenirs et étancher la soif qui était
en moi. Parce qu'il arrive que je mange tout, mais l'envie de manger la viande
de brousse est unique et rien d'autre ne peut l'arrêter. Il est vrai
qu'on en vend au marche, mais cette viande est formolisées, elle n'a
plus de véritable goût, peut importe la manière dont on
peut la préparer. Et puis pourquoi dépenser pour ce que
moi-même je sais faire. Je sais que cette forêt est classée,
mais je ne pratique pas la chasse d'une manière régulière,
je peux le faire deux fois en six mois voir même trois fois par an. Les
grandes chasses on allait les faire vers Ndjole ou a Medouneu, la on a pour
trois a cinq jours, et comme ça on met du temps puis qu'on garde le
gibier dans le congélateur et parfois on boucane. D'ailleurs c'est cette
chasse que je pratique maintenant en dehors du temps des vacances quand je suis
au village ou je peux chasser presque tous les jours. Parce que la forêt
du Cap n'a plus grand chose, vous pouvez partir le matin et revenir le soir
avec les écureuils, les iguanes, les hérissons.
3. Avoir une gazelle, un porc-épic ou un pangolin
devient difficile ce n'est pas qu'il n y a plus, mais il y a trop de gens qui
partent dans cette forêt aujourd'hui qu'au paravent pour le commerce
après la chasse. I1 serait difficile à l'État de conserver
cette forêt. L'idée n'est pas mal mais vu le développement
de la ville et l'emplacement de cette forêt, elle est dan une zone
littorale et le plus souvent elle attire les gens, et même le
gouvernement le projet sur le nouvel aéroport c'est l'abas, pourquoi pas
il Ntoum pourtant il y a de l'espace. Tu comprends que la faute n'est pas
à nous seul, il faut aussi voir que ce n'est pas n'importe qui, qui peut
avoir un terrain vers Agondjé par exemple, jusqu'au premier campement
les terrains sont réserves. Toute cette zone, juste après
l'aéroport ce qui a fait disparaître cette partie de forêt,
le fera pour l'autre. S'il faut conserver les forêts, ce ne sont pas les
forêts qui nous manquent au Gabon, c'est juste la politique qu'il faut
changer.
Le récit de Monsieur Ondo Nzoghe Joseph, parle de la
chasse du jour. Il ressort que dans les années passées, la chasse
était fluctueuse. Cette activité est l'une de celle qui font
parties des meurs du Gabonais.-Habitué depuis son jeune âge,
celui-ci ne peut s'en passer peu importe le milieu. Cette culture lui pousse
à avoir des comportements de prédateur et avoir toujours un
attachement à la chasse pour ceux qui savent la pratiquer. Mais
aujourd'hui la chasse dans la Mondah n'est plus ce qu'elle était avant
et ne fourni plus aux populations cette variété en produit
animalier qu'elle leur offrait.
1.2.3. La pèche
La pèche était en grande partie une
activité féminine. Mais, les hommes étaient parfois
associés. Dans la Mondah, la pèche est pratiquée par les
deux sexes. La pèche des femmes dans sa manifestation sociale la plus
riche, se déroule dans le cadre collectif. Parentes et amies se
réunissent pour organiser les parties de pèche où la
dimension ludique s'ajoute à la quête de la nourriture. La
technique la plus courante consiste il barrer un fond des animaux à
l'aide des terres ou des claies végétales, puis à vider
l'eau avec des paniers jusqu'à ce que les Poissons puissent être
capturés à la main. A côté de cette technique
profondément conviviale mais, qui se décline sous les effets d'un
exode rural des populations différentes. La pèche devient
individuelle, celle-là à laquelle s'adonnent hommes et femmes est
plus pratiquée dans les cours d'eaux de la Mondah.
Elle fait appel à un arsenal technique à la fois
simple et divers, différents types de nasses et pièges en
vannerie, filets, barrages, empoisonnement des cours d'eaux à l'aide de
nombreuses plantes ichtyotoxiques. L'outillage est confectionné avec le
matériel végétal que fournit l'environnement, rotin,
liane, fronde de fougère; il est à la portée de tous.
Cette pèche pratiquée dans les rivières n'est pas une
spécialité de tel ou tel groupe ethnique. Elle diffère de
celle pratiquée en mer, c'est une activité tout à fait
irrégulière qui dépend de l'humeur des gens, du temps dont
ils disposent, du temps qu'il fait, des variations hydrauliques.
Enfin, une autre technique pratiquée mais, le plus
souvent, à la recherche d'un genre de poisson ou un petit repas. Cette
technique nous ait rapporté par: Biloghe Blanche.
Récit22(*) n°8 - BilIoghé Blanche23(*) Sur la
technique à la traîne
1- « J'avais l'enfant malade et le nganga demandait
deux crevettes enceintes et un crabe d'eau douce pour lui faire les
médicaments. Je suis allé à la pèche avec ma belle
soeur, nous avons avec nous deux nasses pour faire la technique a la
traîne qui est la plus rapide dans ce cas. Mais, on ne peut pas avoir
beaucoup de poisson jusqu'à vendre. Une fois tu as ce que tu cherches,
tu retournes à la maison. Le point de départ c'est l'aval du
cours d'eau, puis, vous vous appliquez au fur et à mesure que vous vous
déplacez de l'aval vers l'amont, à débusquer les poissons
en fouillant tous les recoins du lit de la rivière. Surtout la où
les branchages ou les feuilles se sont accumulées.
2- Tout le lit de la rivière ne cache pas forcement
du poisson, il faut savoir reconnaitre les cachettes. Pour une personne
inexpérimentée cela peut paraître difficile,
difficulté amplifiée par le fait qu'il faille attraper le poisson
avec la nasse. Car, ce procédé demande beaucoup
d'habileté. Si tu remarques un coin où peut se cacher le poisson,
tu dispose ta nasse juste en dessous de l'endroit, le coté ouvert tourne
vers l'amont du cours d'eau. Apres avoir débusqué tout ce qui s y
trouve, en prenant soin de n y laisser échapper aucune proie, tu
soulèves ta nasse et procèdes a la fouille. Cette technique
s'appelle ontsiana en obamba et messama chez nous les fang ».
Toutes ces trois techniques de pèche sont
pratiquées dans la Mondah. En ce qui concerne la pèche à
la traîne, c'est une technique qui n'est pas dévastatrice et
concoure à la bonne gestion des cours d'eaux. Par rapport à
l'empoisonnement ou au séchage des rivières qui n'épargne
pas souvent les jeunes poissons. Ce poisson issu de la pèche est souvent
installé le long de la route du Premier campement en tas de 1500, 2000
et 2500 FCFA.
1.2.4. L'exploitation du rotang
Les cannes de rotin à diamètre réduit de
l'espèce et Eremospatha macrocarta sont très
utilisées pour la fabrication du panier. Dans l'industrie de meuble, on
les utilise pour assembler des cannes plus grosses ou pour tresser des chaises.
Les cannes de gros diamètre de l'espèce Laccosperma
secundiflorum, après avoir été recourbé au
moyen d'un chalumeau, sont utilisées comme structure dans la fabrication
de meubles. Les réseaux d'approvisionnement du rotin sont bien
organisé: des hommes le récolte de manière intensive dans
les forêts autour de Libreville particulièrement celle de la
Mondah pour le vendre ensuite dans les comptoirs de grossistes ou dans les
ateliers des artisans du rotin.
Des ressortissants Africains (généralement
originaire du Niger, de Guinée Équatoriale ou du Cameroun) ont
ouvert des ateliers dans lesquels ils ont engagés des jeunes Gabonais.
Etant donné que les artisans travaillent exclusivement sur commission,
il est difficile de quantifier la consommation mensuelle du rotin. Cependant,
on peu dire que la transformation du rotin est très lucrative pour les
artisans. Outre l'exploitation des tiges du rotin, le bourgeon terminal est
aussi largement récolté et mangé.
1.2.5. Exploitation du vin de palme
Le palmier à huile est une espèce originaire de
l'Afrique tropicale: Kenya, Tanzanie, Ouganda, République du Congo,
Bénin, Nigeria, Sénégal, Sierra Léone, Togo. Son
foyer d'origine semble se situer le long du golf de la guinée, ou
subsistent des palmeraies naturelles.
Il mesure 20 à 25m de haut, appelé élaeis
guinéen sis, son tronc est le type caractéristique des palmiers,
cylindrique, vertical, non ramifié et de diamètre constant. Les
feuilles pennées mesures de 5 à 7 m de long, le pétiole
très robuste et épineux. Elles forment une couronne
symétrique en haut du stipe, en tournant et protégeant le
bourgeon végétatif. Le fruit est une drupe charnue. La pulpe de
couleur jaune orangé renferme près de 50 % de liquide qui
constitue l'huile de palme. Les noix de palme sont groupées en
régime. Un régime peut porter jusqu'à quinze cent
drupes.
Il contient un noyau très dur. Ce noyau est
constitué de l'amande et de la coque. A l'intérieur du noyau, la
graine ou l'amande, appelée palmiste, est également riche en
liquide et fournit l'huile de palmiste.
Enfin nous retiendrons que, le palmier à l'huile est
largement cultivé dans toutes les zones tropicales du globe. Notamment
en Asie, mais aussi au Gabon. Et on tire de cette espèce deux huiles et
un vin à savoir: ce vin qui est le résultat de la fermentation de
la sève de la plante.
L'image présente un homme entrain de percer un palmier
pour la fabrication du vin de palme. Le palmier au sol, a été
dépouillé de toutes ces branches pour éviter que ceux-ci
ne soient encombrants pour le producteur. Le deuxième homme
débout se charge d'apporter les outils nécessaires pour le
travail.
Derrière les deux hommes, nous avons des branches de
palmier qui ont déjà séché. Car, ce n'est pas le
jour ou l'on coupe (abat) le palmier qu'on le perse, on peut le
débarrasser de ses branches le même jour, mais attendre une
semaine pour le percer et recueillir le jus quelques heures après. Se
qui fait que les branches coupées sèchent, lorsqu'on revient pour
percer le palmier.
Il s'agit de l'activité qui s'exerce sur l'extraction
du vin issu du palmier à huile présentée plus haut. Pour
se faire, la destruction de ce dernier est la condition préalable. La
forêt de la Mondah compte parmi les forêts de la zone de l'Estuaire
où cette espèce est encore fortement représentée,
car même au niveau de la zone urbaine, celles qui servent à
décorer nos espaces verts sont parfois clandestinement exploités.
C'est d'ailleurs le vin le plus apprécié par les populations
aussi bien rurales qu'urbaines, à tel point qu'en dépit de la
vente des produits énumérés précédemment, ce
vin constitue une source de revenu majeure pour les populations de la
forêt de la Mondah et de la ville de Libreville.
Récit24(*) n°9 - Nzengué Evelin25(*) sur la
fabrication, la production, la vente du vin de palme
1. La fabrication du vin de palme c'est avec mon grand
père et mes frères au village j'ai l'ai apprit. Cette
activité rapporte de l'argent et me permet de satisfaire les besoins
financiers. Ce n'est pas un travail facile comme on peut le croire mais il faut
beaucoup de patience et de force. Ici ce n'est pas comme au village ou tu peux
fabriquer ton vin de palme sans dépenser. Tout ici est payant, le
palmier coûte cinq mille (5000), si tu as besoins de dix (10) palmiers
pour commencer, tu prépare cinquante mille (50000), la tu es sûr
d'avoir quinze litres (15) par jour sinon plus.
2. Je fabrique le vin de palme à Malibé 1.
Dans cette forêt il y a beaucoup de palmiers, comme je le disais, ils
appartiennent aux gens il faut forcement payer pour fabriquer le vin. Pour ce
travail il faut avoir les outils pour bien exercer cette activité (la
pioche, la houe, la hache, la machette, etc.). Apres avoir payé le
palmier, tu le fouilles avec la pioche, la houe, la machette. Tu peux aussi le
couper, ça dépend du palmier, avec la hache, la machette.
Ensuite, tu le perces après une semaine. Ce n'est pas tout de suite
après avoir perce que le vin coule, il peut venir six (6) à sept
(7) heures après. On perce en même temps tu place le tuyau dans
lequel le liquide va couler et aller directement dans le récipient qui
contient le bois amer.
3. On paye le (bois amer)) au marché, le paquet
à cinq cent francs (500f ), mais la contenance d'un palmier est un
paquet et demi parfois deux. Pour que le vin soit bien fermenté, il faut
attendre au moins une semaine. La production varie selon les palmiers, un
palmier peut produire trois à dix litres cela dépend de la
grosseur du palmier. Mais celui qui ne produit rien peu produire un à
deux litres par jour. La production du palmier se fait à l'envers. Si le
palmier a commence à donner quatre litres au départ, au fur et
à mesure la production diminue. Il produira maintenant trois, deux, un
litre vers la fin. La production d'un palmier peut durée un mois, on
exploite le palmier au fur et il mesure on n'attend pas qu'il tarisse.
4. La production en saison de pluie n'est pas la
même qu'en saison sèche pour les palmiers. En saison de pluie les
palmiers produisent beaucoup plus qu'en saison sèche, le
bénéfice aussi est très élève. Le prix des
litres varie, au dépôt le litre coute sept cent (700f), mais les
gens qui livrent font le litre à cinq cent (500 f). Ce qui nous
encourage dans cette activité, c'est que, si tu fais un bon vin tu auras
des abonnes et ton vin ne pourra pas chômer, tu auras de l'argent en
permanence. Le plus intéressant dans tout cela c'est qu'on ne paye pas
les taxes et on ne nous contrôle pas. Le coût de transport n'est
pas très élève, parce que la forêt n'est pas loin de
la route je vends ici au clan do.
Ce récit de Nzengué Evelin nous renseigne sur la
production du vin de palme. Il commence par nous donner des informations sur ce
travail, puis il va nous donner la différence entre la pratique de cette
activité au village et à Libreville. La production du vin de
palme ne demande pas grand-chose mais il faut être outillé. Aussi
c'est un travail qui demande de la force, pour faire tomber le palmier et le
percer, mais de la patience car, il faut de temps en temps passer pour
récolter le peu de litres qui sont sortis, recouper le bout du palmier
et attendre quelques heures encore pour revenir récolter le vin. Cela
pendant toute la durée de production du palmier.
Pour la fermentation, il faudra attendre une semaine au moins,
ainsi la vente peut commencer. Il poursuit en donnant les prix du litre par le
détaillant et le livreur. Il ressort que le détaillant à
deux cent (200 francs) de plus que le livreur. Nzengué vend à
sept cent francs (700 francs) au prix du détaillant bien qu'il soit
producteur. Il termine en donnant les raisons pour lesquelles il
préfère exercer cette activité.
Dans ce récit, il ressort que l'on ne peut produire le
vin de palme sans que l'on ne détruise totalement le palmier en mettant
en péril tous les produits ressortissant du palmier à huile.
Aussi, que cette activité connaît un succès grâce au
non payement des taxes et de contrôles sur les producteurs, les vendeurs
et les consommateurs, sans oublier le prix qui est à la portée de
toutes les bourses. À cette allure, les palmiers qui sont dans la Mondah
courent un danger et risque de disparaître à la longue.
1.2.6. La récolte des essences
Cette activité est liée aux essences
floristiques. Les populations rurales ainsi qu'urbaines pratiquent cette
activité pour arrondir leurs ressources financières et, elle est
aussi exercée par les tradipraticiens et les pharmacologues pour la
fabrication de leurs médicaments traditionnels. Il s'agit de
prélever sur les arbres, les écorces ainsi que les feuilles et
les racines en grande quantité afin de venir vendre au marché ou
conserver pour les traitements futures. Des malades. Pour ce qui est de la
vente, les produits sont exposés dans la plus part des marchés de
la place, notamment la Peyrie, ou la majorité des produits proviennent
de la forêt de la Mondah.
Photo prise par Mintsa Manuéla dans le cadre de la
constitution d'un corpus photographique pour notre enquête. L'image
présente une table sur laquelle sont étalés les
différents produits des plantes (écorces, racines, résine
d'okoumé, etc.). Il Y a aussi les produits pharmacologiques (bouteilles
conservant les écorces et feuilles mélangées avec de
l'eau, pour restaurer la virilité des hommes, il y a aussi des flacons
à l'extrême droits). On observe à l'arrière- plan,
la barrière de la Peyrie, la chaise de la vendeuse, une liane
composée de deux tiges qui s'enrobent l'une après l'autre, (cas
de désenvoutement)
L'analyse que nous pouvons faire de cette image est que les
produits forestiers particulièrement ceux provenant de la flore sont de
plus en plus sollicités par les populations locales pour les besoins
médicinaux et les pratiques rituelles. Ce qui justifie la
présence de la peau de bête plus haut sur l'image
10
26(*)
27(*)
1.3. Rapports culturels
En marge de réserve nourricière, la forêt
de la Mondah est également considérée comme étant
un temple ou les aspects du sacré règnent en maître. Les
tradi-praticiens connaissent les vertus de nombreuses écorces, feuilles
et l'exode rural que connait les provinces avoisinantes vers la capitale
Libreville, est à l'origine de la revalorisation de nos pratiques et
cultures traditionnelles qui est essentiellement axée sur les ressources
forestières.
Dans le cas précis de Libreville et ses environs, il se
trouve que la forêt n'est manifestement présentée qu'au
niveau du Cap-Estérias. Ce qui justifie alors la forte attraction de la
population de Libreville vers cette dernière.
1.3.1. Les pratiques fétichistes
Le "Fétichisme" que nous prenons pour équivalent
du terme "maraboutage" utilisé en Afrique de l'ouest, ouvre aux
guérisseurs un champ de travail de plus en plus large. Une distinction
doit être posée entre ces pratiques, auxquelles on attribue une
pathologie propre et la sorcellerie. Celle-ci est un processus explicatif du
malheur. Elle implique des procédures de recherche de la cause que nous
avons déjà mentionnées, tandis que le fétichisme
semble impliquer des opérations réelles, la mise en oeuvre de
moyens physiques, voire d'actes criminels, dont le but serait la valorisation
purement individuelle. Ce sont des moyens utilisant les rituels magiques pour
s'approprier la puissance en dehors de toute régulation sociale.
En effet, la différence fondamentale avec la
sorcellerie serait dont l'absence de dimension mystique. Les "charlatans" sont
ceux qui usent de leur magie pour pouvoir leur consultant de forces dont, par
eux-mêmes, ils ne sont pas capables.
Dans la Mondah, les fétiches trouves font usage du
sacrifice. Le sacrifice renvoie au sang et le sang c'est la vie. De notre vie,
mais c'est de la vie d'autrui que coulera à volonté et pour le
bénéfice de quelqu'un d'autre, le sang du sacrifice. Le sang du
sacrifice, c'est le pouvoir, le pouvoir de gouverner, l'ardeur, la
combativité, la violence.
Pour le sacrifice, on utilise la volaille, les animaux
domestiques. Mais il semblerait aujourd'hui que ces sacrifices ne soient plus
efficaces, et surtout, ils sont désormais destinés à ce
que l'on pourrait même qualifier de « broutilles ». Il
apparaît en revanche que le sacrifice humain semble avoir pris une place
particulièrement importante, ainsi que celui de l'argent. Dans cela, on
peut utiliser les parties du corps telles que: les cheveux, les ongles, les
yeux, etc. de même que les sommes importantes d'argent. La recherche
à tout prix du pouvoir, des produits de luxe apparaît
désormais guider les comportements de certains.
Ainsi, la présence dans la forêt de la Mondah des
poules vivantes, des poussins, des coqs vivants en toute liberté dans la
forêt et n'appartenant à personne, n'est rien d'autre que les
objets de sacrifice. De même les liasses d'argent attachées au
pied d'un arbre et les pièces trouvées dans les rivières
les morceaux de linge ou sous vêtements attachés ici et là
aux arbres sont la manifestation du fétichisme sacrificiel. Ils sont
pratiqués dans cette forêt non seulement par les particuliers mais
surtout par certains tradi-praticiens appelés communément nganga
et la plupart étant des charlatans, venus majoritairement de Libreville
les week-ends et parfois les jours ordinaires.
1.3.2. Les soins thérapeutiques
Pour les tradi-praticiens, la forêt est un lieu
sacré. Car la majorité des soins thérapeutiques se fait en
forêt, particulièrement dans la rivière ou au bord de
celle-ci. Nous avons le phénomène de malchance par exemple qui ne
s'explique ou ne se soigne pas à l'hôpital. Pour cela, il va
falloir recourir à la médecine traditionnelle pour qui «la
malchance» désigne la part d'incompréhension qui se glisse
dans l'esprit lorsque la conduite, l'attitude dans la vie quotidienne,
entraîne des conséquences inattendues et néfastes. Dont la
guérison nécessite les bains en forêt.
Ainsi, chaque week-end, on pourra voir les groupes de
personnes se diriger vers la route du cap. En effet, le guérisseur et
ses patients, chacun d'entre eux aura préparé les ustensiles de
la cure: un seau en plastique, quelques boissons, des pagnes... Ensuite, une
fois arrivé, une marche d'approche permet d'atteindre l'emplacement des
soins. C'est une donnée devenue fréquente que les tradipraticiens
gabonais, les seuls à vraiment utiliser, parmi les autres qui les
entourent, les ressources forestières, se voient contraints de devoir
dénicher les lambeaux résiduels de leur grande brousse aux abords
des agglomérations, tel est le cas de la forêt de la Mondah.
Pour d'autres «les charlatans », venus de quelques
autres régions de l'Afrique, ceux-là se font expédier des
végétales desséchées dans le meilleur des cas.
Sinon ils utilisent les vertus de quelques formules cabalistiques
écrites sur un papier replié. Cette remarque souligne combien,
pour le guérisseur gabonais, le pouvoir de soigner reste lié
à l'appartenance à sa terre et aux forces de la nature,
séjour mixte des esprits défunts et des descendants.
Cette photo nous présente l'image d'un patient qui se
fait traiter en forêt et dont les soins nécessitent un traitement
à la rivière. Ici le tradipraticien est debout dans la
rivière avec son assistant et le malade est assis sur le barrage
vêtu d'un pagne blanc.
Récit28(*) n°11 - Nkene Marie- Louise29(*) Sur le traitement
des Malades dans la forêt de la Mondah
1- Je m'appelle Nkene Marie-Louise, je suis d'Oyem du
village Eba'a sur la route de Bissok. Je suis maitresse de formation et mon
mari travaille dans une société privée de la place. Je
suis guérisseuse et je garde parfois mes malades ici. Ce n'est pas tout
d'un coup que je le suis devenue, c'est depuis mon jeune âge. ma
grand-mère était une grande saignante de même que mon
grand-père. Je ne le fais pas pour m'enrichir, je le fais pour ma sante
et celle des autres.
2- Je consulte ici à la maison, il y a aussi
certains soins que je peux faire sur place. Mais la majeure partie je la fais
en brousse cela dépend des cas je ne peux pas dire que je soigne toutes,
les maladies, sinon, je connais beaucoup de plantes. Il Y a certaines personnes
qui ont une dette spirituelle depuis leur jeune âge, et d'autres qui
souffrent de la malchance. Oui la malchance est une maladie pire que certaines
maladies éprouvantes tu ne souffres pas dans ta chaire. Par exemple ces
deux cas, il faut aller nécessairement en forêt avec le
patient.
3- Le plus souvent je vais les week-ends. Je
préfère les amener en équipe, surtout la ou je fais les
soins là-bas dans la forêt du Cap. C'est vrai la forêt la
n'est plus riche, puisque moi-même je quitte souvent ici avec certains
écorces d'arbres qu'on ne trouve plus là-bas. Tel qu'Alebamane,
Okora, esop. Ce que je suis c'est la forêt et les rivières, car
pour enlever la malchance a quelqu'un, il faut l'amener a la rivière, tu
lui fais asseoir sur le barrage que vous avez fais, en regardant en amont, tout
en parlant et en lui frottant les médicaments sur le corps elle se
lève, tu lui verses de l'eau au corps et tu casses le barrage toute la
saleté qui était sur lui descend, tu lui déshabille, tout
ce qu'elle avait sur elle est je te (le pagne noir), et tu lui met le pagne
blanc, elle quitte la rivière sans se retourner.
4- C'est aussi dans la forêt qu'on va faire des
sacrifices, donner les offrandes aux morts. Vous amenez tous: boissons,
nourriture, feu. Vous allez préparer sur place en forêt
là-bas, les personnes concernées peuvent préparer ou non,
si elles ne préparent pas, elles sont allongées dans l `Etoke au
bord de la rivière et les gens qu'elles ont amènes
préparent. C'est dans la forêt que je fais les protections et les
cachettes du corps aux malades. Parce qu'il a certains endroits ou les arbres
qui sont propices a ce genre de chose, en ville ici, ou tout est fouille, tu
viens de voir la brousse quelque part, demain c'est une maison qui est
déjà la, ce n'est pas sur.
5- On les enlève de la avec le sacrifice que les
esprits ont demande, ensuite, vous les amenez a l'arbre que je ne peux donner
son nom ici pour la libération de leur esprit puis par la suite, on
donne a manger aux esprits qui sont venus travailler. Pour les gens qui vont
laver le corps, l'esprit peut leur demander de faire les pièces d'argent
de 20.000 FCFA ou plus parfois moins que vous allez jeter dan la
rivière. Les offrandes et les sacrifices dépendent de l'erat ou
la maladie de la personne.
Le récit de Madame Nkene Marie-Louise sur le traitement
des malades en forêt, nous montre que la forêt est très
utile dans la santé de l'homme.
Cette maîtresse de formation ne peut se passer de son
activité de tradi-praticienne, car cela dépend à la fois
de sa santé et celle des autres. La forêt est un
élément primordial dans le traitement et la guérison des
malades. C'est dans celle-ci que se trouvent des rivières qui concourent
au lavage du corps et à d'autres pratiques. Certains arbres de la
forêt servent de protection et d'autre de médicament. Enfin c'est
dans la forêt que se fait certain sacrifice et je rentre en contact avec
des esprits. Il ressort que, autant l'homme a besoin de la forêt pour sa
nourriture autant elle lui sert de pharmacie pour se soigner afin d'avoir une
bonne santé développement étatique. Il poursuit en donnant
les conséquences qui nous attendent si la forêt venait à
disparaître, argumente en s'appuyant sur la différence climatique
des années passées et celle d'aujourd'hui.
Par la suite, il explique les causes de la surexploitation
dans forêt de la Mondah et donne quelques raisons. Pour finir, il
reconnaîtra leur impuissance face à l'exploitation qui est faite
aujourd'hui dans la Mondah, mais tient à sauver malgré tout une
partie entant que souvenir des vestiges du passé.
Ce récit nous est important, dans la mesure où
il nous sert de guide. Il retrace les conséquences et les
inconvénients de la déforestation de la seule forêt de
proximité que nous avons. Il ressort aussi la perte que le Gabon en
général, mais que les gabonais en particulier auront en la
détruisant. En gros, on peut dire que ce récit est une prise de
conscience pour toute personne de bonne foi. Et aussi, montre combien de fois
l'homme lui-même se met en danger en maltraitant la nature. Une fois de
plus, cela démontre que l'homme dépend de la nature, la
destruction de celle-ci entraîne la mort de l'homme.
Section2 : Ressources de la forêt
2.1. La végétation.
Les hautes futaies tamisent la lumière du jour parmi
les luxuriances des essences d'arbres où l'okoumé tient une place
de choix. La flore qu'on y trouve est représentative d'une série
d'espèce des régions méridionale et septentrional; de
nombreuses espèces y poussent à l'état endémique,
d'autre qu'on y trouve en abondances, et on une valeur économique
certaine. A proximité de la capitale, ce " sanctuaire" permet
d'appréhender la grande forêt dense et humide. Peuplée des
essences caractéristiques de la forêt littorale (Okala, Evino,
Ngom, Ngaba) ainsi que des hauts arbres de la forêt primitive (Ozouga,
Ozobé andoug, Izop).
De cette végétation, à l'étage
supérieure, on observe les essences suivantes: okoumé (Aukoumea
klaineana P.), ilomba (Pyenanthus Angolensis), Sorro (Scyphocephlum chocoa),
clé (Canarium Schweinfurthii), etc. aussi, parmi les plantes du sous-
étage non-arborescente, on remarque par sa fréquence le palmier
à huile (Elaeis guineensis) qui est exploité surtout
pour la production du vin de palme, l'alimentation et des
cérémonies.
2.2. La faune
En dehors de la végétation, nous avons des
espèces phoniques qui vivent aussi dans cette forêt. Il est
actuellement difficile de rencontrer un animal, dans la forêt de la
Mondah, qu'il soit protégé ou pas. On ne connaît la faune
de ce site que par ce qu'en disent les populations.
Potto de bosman
|
Perodicticus
|
|
Eléphant de forêt
|
Loxodonta africana cyclitis
|
|
Petit écureuil
|
Acthoscirnus poensis subviridescens
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Olivâtre
|
Heloiosciurus gambianus aubryi
|
|
Lamantin
|
Trichechus senegalensis
|
|
Daman arboricole
|
Dendrohyrax dorsales nigricans
|
|
Funisciure rayé à dos brun roux
|
Funiscius lemniscatus
|
|
Source : Fond documentaire, E.N.E F 2000
2.3. Rapports ville/ forêt
Les forêts se changent en villes. Les villes sont
humaines et les forêts sauvages. Pour Harrison (1992 p 22,),
l'humanité dans son essence même est un phénomène
historique, c'est-a-dire radicalement opposée aux forets. C'est un
phénomène tourné vers l'avenir, alors que la forêt
est tournée vers le passé. Une fois définitivement
installées, les familles vont construire des villages qui
progressivement deviennent des villes.
Dans la forêt, on n'était personne. Le res
nullius se dressait contre la res publica, de sorte que la
bordure des bois délimitait les frontières naturelles de l'espace
«civil ». La pierre remplaçait a jamais l'arbre. L'industrie,
fille de la ville, se développe contre la forêt, la fonte du fer,
de l'aluminium et des autres métaux nécessitait quantité
de bois de chauffage de plus en plus importante causant des déboisements
nécessaire a leur extraction.
Dès l'aube de temps en Europe un besoin en bois
apparut. Plus près historiquement, les Gaulois eurent besoin de bois
pour faire face aux besoins de l'armement, de construction de navires, de
l'érection des huttes, de l'édification des remparts, de la
fabrication d'outils agricoles et d'autres objets. La technique étant
fille de nécessité, durant des siècles, toute une
civilisation s'est développée sur une économie du bois
(Boullard 1992).
Les villes, gourmandes en bois de construction, se sont
jointes aux fours, forges et fourneaux dévoreurs de bois, ainsi qu'aux
chantiers navals, avec leurs bois de marine, aux vignerons pour solliciter
intensément le monde de la forêt. L'époque romaine ne fit
que renforcer cette dépendance, car il s'y ajouta le besoin du bois de
forge, et l'approvisionnement en bois pour les constructions de plus en plus
important et diversifié (Boullard 1992, p 150).
Ainsi, vers les années 1970, à la suite du
boom économique consécutif à l'exploitation de son
pétrole, le Gabon a connu un grand flux migratoire vers les grandes
villes du pays qui représentent des lieux d'un développement
socio-économiques. Cette situation, aggravée par l'absence des
structures socio-économiques en zones rurales, a poussée les
populations de ces zones à venir à Port-Gentil et à
Libreville. Ce sont des milliers de personnes qui ont ainsi rejoint Libreville
qui a vu sa population quadrupler dans la décennie 1970-1980, passant de
moins 100.000 à plus de 400.000 habitants.
Les forêts environnantes de Libreville telles que la
forêt classée de la Mondah du Cap-Esterias, et de Santa-Clara,
sont de plus en plus exploités par ces populations qui, paysans hier et
citadins aujourd'hui ne peuvent ce passer de la forêt. Sans oublier qu'au
fur et à mesure les forêts publiques sont aménagées,
saccagées et investies. A la place on y a installé un parc des
loisirs et de somptueuses villas. C'est parfois, l'administration
elle-même qui commence à tout brader : c'est le cas de la
forêt de la Peyrie, ou les agents des Eaux et Forêts ont
été les premiers à tout détruire. Aujourd'hui c'est
la forêt classée de la Mondah, de déclassement en
déclassement, sa superficie diminue au profit des constructions des
villas privés et édifices de l'Etat. En général au
fur et à mesure que la ville s'agrandit, la forêt diminue. La
ville est vue comme un espace développé à entretenir, et
la forêt un espace sauvage à éliminé.
Photo 1 - Une passerelle dans la forêt
de la Mondah
Source : www.brainforest.org.
Cette photo présente l'un des passages menant dans la
forêt de la Mondah. Ici, nous ne sommes pas dans la partie
classée. On peut voir les marques de pneu des véhicules, ce qui
montre que cette route est praticable. Elle est empruntée par les
différents acteurs exercer leurs activités, soit pour des parties
de pêche, de chasse, de soins ou encore ceux qui vont dans leurs
plantations. Mais également les exploitants de sable et de charbon.
Il y a aussi des militaires français et gabonais qui
passent par cette voie pour effectuer des manoeuvres dans la forêt de
Mondah. Aux abords du passage, on peut constater de fortes trouées,
causées par l'exploitation ancienne, ce qui veut dire que nous sommes en
présence d'une forêt secondaire qui serait une jachère.
Cela explique que les villageois et les citadins venus de Libreville ont
toujours fait des usages coutumiers dans cette forêt mais la pratique de
la jachère est toujours un moyen pour eux de réguler ce type
d'exploitation forestière.
Cette partie de forêt est située dans la zone non
classée qui est jouste avant la partie classée ou les
communautés villageoises sont autorisées à effectuer des
usages coutumiers. Mais cela n'exclut par la présence des agents des
Eaux et Forêts, car ils veillent à ce que les règles de
bonne gestion et de protection soient respectées. Surtout,
contrôler l'abattage des arbres qui répondent aux normes de la
réglementation forestière au Gabon. Vérifier la
pêche et la chasse des animaux qui sont dans cette zone.
L'utilisation des plantes médicinales est très
répandue dans la zone de la Mondah. L'augmentation de la population
entraîne aussi une forte augmentation de l'utilisation des plantes
médicinales, dont la survie est menacée car les arbres qui sont
utilisés pour des fins médicinales sont
généralement écorcés, les rendant
vulnérables et entraînant parfois leur mort. L'augmentation de
l'usage des plantes et animaux pour la pharmacopée locale a en effet des
impacts irréversibles
Chapitre IV.
Juridiction traditionnelle de la
forêt
Il est important de signaler qu'il existe une juridiction
traditionnelle, qui permet de réglementer le couvres
végétal depuis les temps. C'est ce qui fera l'objet de ce
chapitre. Nous commencerons par les règles coutumières, pour
terminer par les règles de gestion traditionnelle.
Section 1 : Les règles
coutumières
1.1. Le régime foncier traditionnel
1.1.1. Le droit de la terre
Le droit de la terre est inséparable du
caractère sacré attaché à celle-ci. La terre occupe
une place spéciale parmi les divinités secondaires,
intermédiaires entre le dieu suprême et les hommes. Elle est
l'objet de vénération et, en tant que source de
fécondité, lui sont dédiés certains rituels. Par
conséquent l'occupation d'une terre, sa mise en exploitation, n'est pas
un simple phénomène juridique ou économique, c'est un acte
empreint de sacralité qui a pour base un pacte passé entre les
premiers occupants et les esprits du sol. De la même façon, la
propriété individuelle de type romain n'est pas concevable; le
pacte a été passé au nom de la collectivité et
c'est celle-ci qui exerce sur la terre des droits essentiels. Toutefois, cette
conception communautaire ne signifie pas que la terre ne puise pas être
soumise à l'exploitation d'un individu, qu'il n'existe pas de droits
individuels.
1.2. Les droits collectifs
La terre, d'une manière générale, n'est,
pas l'objet d'appropriation privée. Elle voit s'exercer sur elle des
droits !appartenant aux villages, aux familles ou à l'unité
politique toute entière.
Le mot lui-même de « droit de
propriété est inadapté. Comme pour le Moyen Âge
européen, on ne peut dire plus justement que s'exercent sur la terre des
droits de maitrise, d'usage, d'exploitation; attribués à
certaines communautés, et des droits dont la nature juridique n'est
qu'imparfaitement traduite par les catégories juridiques « à
la romaine » : la terre est un bien communautaire.
De même, aucune institution n'existe qui permette de
l'aliéner; les communautés se sont
« appropriées » le sol par occupation pacifique ou
non. Elles peuvent « l'abandonner », mais il ne saurait
être question de l'aliéner, c'est-a-dire d'y renoncer. Les
migrations fréquentes font que la notion de terres vacantes et sans
maître n'est pas reçue par la coutume, les communautés
ayant un droit imprescriptible à s'installer sur des terres vierges ou
à se réinstaller sur des terres abandonnées. Bref, la
terre est un bien inaliénable.
1.2.1. La terre, bien communautaire
Sur le territoire d'une société politique
africaine s'exercent plusieurs droits; les droits de la société
toute entière, représentée par son chef politique ou par
un maître de la terre, ensuite les droits de communautés plus
réduites telles que les villages, enfin les droits des
différentes familles.
Selon que la société politique est de
conquête ou de fondation, certains droits fonciers sont exercés
par le chef politique ou par le maître de la terre.
Celui-ci est toujours le descendant du premier occupant qui,
au nom du groupe, a conclu le pacte d'alliance. Partout il administre la terre,
juge les litiges ayant pour objet des droits fonciers, préside aux
rituels. Administrateur, il distribue la terre aux différents chefs de
famille, récupère les terres délaissées, attribue
des parcelles aux étrangers qui veulent s'installer. Lui seul a le
pouvoir de décision pour tout ce qui concerne la terre et il
connaît seul les litiges relatifs à la délimitation des
domaines respectifs. Prêtre enfin, il joue le rôle
d'intermédiaire entre les hommes qui exploitent la terre et les esprits
qui 1`habitent; à l'occasion des cultes dus à la terre, il
intervient pour l'ensemencement des champs, pour les moissons et, après
les récoltes, pour les offrandes. La sacralité ne concerne pas
seulement le droit de la terre, mais aussi l'ensemble de l'économie;
celle-ci demeure subordonnée aux croyances et aux pratiques
religieuses.
Chaque chef de, famille, gère son étendue des
terres laissées par ses ancêtres et celles récemment
acquises par défrichement. Sur ces terres s'opère le travail en
commun, les travaux les plus durs étant à la charge des hommes,
les autres (mise en graines ou boutures) étant laissés aux
femmes. Mais au sein de la famille étendue, elles mettent à leur
disposition des parcelles du patrimoine familial dont l'exploitation leur
fourni les moyens de subsistance. En effet, l'exploitation des parcelles
communes ne répond qu'aux besoins essentiels tandis que les parcelles
attribuées à chaque famille permettent de dégager des
surplus, consommés par ces familles.
Enfin, et bien que les auteurs soient, en désaccord, il
semble que certaines terres soient, presqu'inexploitées, laissées
à l'usage libre des habitants d'un même village. Ce sont
généralement des forêts permettant le ramassage de bois, la
cueillette ou la chasse, ou encore les rivières autorisant la
pêche, bref de véritables « communaux », objets de
pratiques communautaires excluant toute monopolisation d'usage par un groupe
quelconque.
1.2.2. La terre, un bien
inaliénable
Aucun des groupes précédents n'ont le pouvoir
d'aliéner la terre. Pouvoirs d'administration, de justice, de culte,
d'usage et d'exploitation, n'emportent pas sur le droit de céder la
terre. Que certains chefs politiques aient prétendu être
propriétaires absolus des terres soumises a leur autorité, que
certains aient vu dans les redevances qu'ils percevaient une espèce de
loyer ou une taxe recognitive de souveraineté et non une compensation
aux servitudes de leurs charges, ni ces prétentions ni ces
interprétations n'ont en rien modifié l'esprit du droit
coutumier. De même, les chefs de famille ou les autorités
villageoises ne peuvent pas davantage céder une parcelle de terres
à titre total et définitif, mais seulement à titre
temporaire: attribution a une famille, usage précaire, mise en gage.
Bien des raisons expliquent cette règle ; le
caractère sacré de la terre qui n'est pas un bien
économique (c'est le travail qu'on y effectue qui donne des droits), les
migrations des sociétés qui ne favorisent pas la
perpétuation des droits, l'idée aussi qui veut que la famille et
la terre soient liées par leur caractère commun de
perpétuité. Or, nous l'avons vu, la famille ne comprend pas
seulement les vivants, elle comprend aussi les morts et les enfants à
naître. Les vivants ne sauraient disposer de la terre car les
ancêtres jouent un rôle primordial; si l'on voulait user de termes
juridiques approximatifs, nous dirions qu'est réalisée une
situation qui rappelle, au niveau des autorités politiques,
l'inaliénabilité du domaine, au niveau des familles, la pratique,
des substitutions; les ancêtres ont cédé les terres
à leurs descendants. Mais à bien y regarder, il n'en est rien;
les terres, nouvellement acquises, sont elles aussi inaliénables ?
Les patrimoines familiaux peuvent varier et ne sont pas intégralement
transmis.
La terre voit donc peser sur elle un faisceau de droits,
détenus par des collectivités, et qui sont des droits de
propriété diminuée. Mais existent aussi sur elle des
droits individuels.
1.3. Les droits individuels
Les terres de culture appartiennent aux, familles
étendues, les terres de pâture à la communauté
villageoise, mais ce caractère collectif ne s'oppose pas à ce que
des droits individuels puissent s'exercer sur les terres. D'abord parce que
l'individu n'est pas exclusivement soumis à la primauté de la
communauté; il devra soumettre à celle-ci certains de ses actes
qui peuvent avoir des répercussions sur l'équilibre ou le
patrimoine de la communauté familiale mais il reste libre de son
activité, s'exposant seulement à des sanctions ou il perdre
l'appui de la famille. Ensuite, chaque chef de groupe a un patrimoine bien
défini, qu'il peut exploiter et chaque individu est, en
général, reconnu comme propriétaire de sa maison, du
jardin qui l'entoure, des animaux et des instruments de récolte, comme
de tous ses biens mobiliers.
Il a donc une capacité juridique et peut exercer des
droits individuels; mais sur la terre, ceux-ci ne lui seront reconnus que parce
qu'il est membre d'une communauté: parenté avec l'ancêtre
fondateur ou captif. S'il est étranger, les droits qui lui seront
reconnus sont tout différents, concédés à titre
d'hospitalité, précaires et révocables; ainsi certaines
coutumes (Ashanti par exemple) précisent que l'étranger ne peut
planter des arbres, ne peut faire de cultures autres que saisonnières,
afin qu'à tout moment les terres, après les récoltes,
puissent être reprises.
Tout autres sont les droits individuels reconnus aux membres
de la communauté: le droit de culture emporte des prérogatives
particulières et quelques charges.
1.3.1. Le droit de culture
L'individu dispose d'une parcelle du domaine collectif qu'il
met en valeur pour son compte personnel. Il ne pourra pas en disposer,
interdiction contrôlée et sanctionnée par la
communauté elle-même. Mais l'attribution de cette parcelle, et le
travail qu'il y accomplit, fait naître à son
bénéfice des droits privatifs. La concession elle-même lui
en garantit la libre jouissance et le droit d'en partager l'usage avec qui il
veut. Il pourra aussi la clore ou établir des bornes la
délimitant.
Son travail ensuite est a l'origine d'un droit de
propriété sur les cultures qu'il a faites, c'est lui qui justifie
cette propriété. L'auteur des cultures, des plantations, a sur
elle un véritable droit de propriété, il peut en disposer
soit pour les vendre, soit pour les donner et, a sa mort, elles ne font pas
retour a la famille mais sont transmises a ses héritiers. Privé,
de son vivant, de sa parcelle, il conserve sur les plantations les mêmes
droits alors qu'il perd les droits sur les plantes naturelles.
Section 2. Les règles de gestion
traditionnelle
2.1. Les interdis liés à la
forêt
On peut classer les interdits par patrimoine. La notion de
patrimoine est importante parce qu'elle permet de situer l'homme dans des
relations étroites avec la forêt: le patrimoine c'est ce qui est
transmis de génération en génération et qui a de la
valeur. Une institution humaine est toujours rationnelle si l'on cherche
à connaître le postulat d'ou elle tire son origine,
c'est-à-dire la conception que se font les membres d'une
société donnée du problème qu'elle cherche à
résoudre. Les interdits de la forêt, comme les autres interdits
qui organisent la société, obéissent à ce principe.
C'est pourquoi, les interdits existent dans différents contextes: la
femme enceinte, les adeptes d'un culte, les membres d'un clan ou d'un lignage;
ils peuvent être temporaires ou définitifs. Une personne peut
aussi, dans sa singularité, et en rapport avec un
événement douloureux, s'interdire de consommer telle plante ou
tel animal.
Ces interdits s'accompagnent fréquemment de mythes
d'origine expliquant à la fois, la source de l'interdit et ses
fonctions. Pour l'interdit lignager, on se réfèrera par exemple
l'interdit alimentaire : le fait d'avoir été secouru par l'animal
dont on s'interdira par la suite toute consommation tel que chez les Benga il
est interdit de manger l'antilope car celui-ci leur a aidé lors de la
traversée de la rivière , d'après le mythe. On ne peut
envisager la gestion de l'environnement sans aborder le statut de l'homme et la
place qu'il s'est attribué dans son environnement, forêt ou
savane. Il n'est pas lieu ici de s'arrêter sur l'observation stricte ou
non des interdits, sur leur efficacité sociale, encore moins de juger
des fondements de leur respect. Mais pour ceux qui concernent la forêt,
ils permettent de mieux appréhender les modes de gestion des
écosystèmes traditionnels, car on peut retrouver dans
l'énoncé, les sanctions et les obtentions sociales
avouées, les domaines auxquels ils sont lies: humains, botanique,
anima], ha1ieutique, cynégétique.
Au total, s'il y a un tel système d'interdits, c'est
que la forêt est essentiellement conçue comme vivante, et non
comme morte. Chaque interdit rappelle la fonctionnalité de la
forêt. Chaque interdit rappelle les différentes fonctions
inscrites dans la forêt. Chaque interdit rappelle les fonctions multiples
de la forêt. Plus il y a d'interdits, plus la forêt est riche.
L'exploitation industrielle de la forêt vit sur une
notion de forêt quantifiée en termes économiques, alors que
l'usage traditionnel en faisait une forêt totale, visible et invisible,
qualifiée en termes écologiques, dans le sens d'un habitat humain
exploité économiquement, socialement et spirituellement. Face
à la conception traditionnelle de la forêt, il nous faut à
présent prendre en compte l'arrivée de nouveaux acteurs dans la
forêt gabonaise et expliciter leur conception spécifique de la
forêt.
De plus, la littérature orale apprend à
connaitre l'environnement et définit les rapports de l'homme avec son
milieu naturel, elle apparait aussi comme un outil de gestion de
l'environnement. Nombreux sont les récits qui parlent des forets
interdites aux hommes et gardées par un ogre, un génie ou un
être aux pouvoirs surnaturels. C'est le cas du mythe fang de l'evus
(maux, sorcellerie) ou du conte mahongwè de l'enfant enlevé par
l'ogre (élolongo). Ces forêts sont le plus souvent
présentées à travers le regard du personnage qui s'y
aventure comme des lieux d'abondance. On serait tenté de comprendre ici
que cette abondance est une conséquence du respect de l'interdit qui
vise la préservation de la forêt de toutes actions
socioculturelles de l'homme. Dans le conte mahongwè cité plus
haut, la femme qui pêche seule dans la forêt interdite attrape
beaucoup de poissons mais elle se fait enlever son enfant par l'ogre.
L'accomplissement de se méfait conduit à la sanction sociale de
la mère : elle n'a plus d'enfant ; elle est
délaissée par son époux ; son entourage la
méprise, la traite de mère indigne et de femme gourmande.
2.2. La jachère forestière
La grande majorité des cultivateurs d'Afrique et du
Gabon en particulier, pratiquent la jachère des terres qui ont
été cultivées pendant une ou plusieurs années. Ce
procédé semble être le plus économique. En apparence
simple, ce procédé soulève plutôt des avantages tant
sur le plan agronomique que sur le plan foncier et donc humain. La
jachère est liée à la pratique de la culture
itinérante dont elle n'est qu'une étape. Cette technique permet
le maintien d'une fertilité certaine de la terre en favorisant sa
reconstitution.
En plus de cela, il faut tenir compte des plantes
cultivées, des rotations des cultures, de l'outillage, de techniques de
débroussage, etc. Ceci pour dire que la reconstitution de la terre n'est
jamais totale ce qui amène les populations à procéder
à des ajustements. Sur -le plan foncier par exemple, tous les droits sur
les jachères ont fondement leur caractère religieux, variable
selon la position sociale du détenteur, l'impérieuse
nécessité de confirmer perpétuellement ce droit par les
travaux qui y sont accomplis: entretien, nouvelle plantation, etc. Mais en
générale, il faut noter que ce droit est limite dans le temps.
Ce droit est ébranlé par l'incursion et
l'intrusion opérées par la colonisation. Ainsi des faits tels que
l'extension des surfaces mises en valeur, l'introduction des cultures
pérennes: café, cacao, hévéa pour ne citer que
celles-là modifient en profondeur l'organisation sociale. Peu à
peu l'idée de propriété foncière au sens occidental
voie le jour.
Mais en parlant de la forêt classée de la Mondah,
l'intérêt ici est fonction de ce qu'elle nourrit les hommes et
constitue une réserve d'exploitation future des politiques
gouvernementales du pays. Ce qui fait dire que l'Etat étant le
contrôleur des terres (Art 13 du code forestier gabonais), il
contrôle également les hommes. Ce qui implique que le
contrôle de la terre ou foncier constituent en même temps un,
ressort important politiquement. La conséquence ici est que la
forêt classée de la Mondah, étant mise en jachère et
que l'occupation des terres se manifeste à travers des techniques
d'occupations des terres des membres du gouvernement, ils sont les premiers
à violer leur loi et s'y installer en la déclassant de partie en
partie. La problématique ici, n'est pas par rapport à
l'agriculture et à l'exploitation des essences de bois seulement, ou
à l'occupation des terres. Mais, aux populations de disposer de leurs
terres telles que le faisaient leurs ancêtres.
2.3. Les codes sociaux de la forêt
La littérature orale des sociétés
gabonaises est très riche et variée en genre selon les attributs,
il ya les contes, les récits épiques, les mythes, les
récits historico-légendaires, les joutes oratoires liées
à la palabre, les proverbes, les généalogies, les devises,
les devinettes, les comptines, les prières, les formules rituelles, les
champs associés à des activités telles que la pêche,
la chasse, l'agriculture, ou qui accompagnent des cérémonies
telles que le mariage, la circoncision, la naissance de jumeaux, les
funérailles etc.
Ces nombreux genres assurent de multiples fonctions qui
concourent au maintient de l'équilibre social. Ils perpétuent les
valeurs culturelles du groupe et transmettent des enseignements portant non
seulement sur la langue, la morale sociale en vigueur, les pratiques sociales,
les coutumes, les croyances mais aussi sur le milieu naturel dans lequel
évoluent les individus.
En effet, c'est le plus souvent au moyen des devinettes que
les jeunes apprennent à connaître les caractéristiques des
plantes et des animaux. La méthode consiste à présenter la
plante ou l'animal à découvrir à partir de traits
facilement observables, comme par exemple :
- « Une personne qui vagabonde avec sa
maison ? »-La tortue
- « Veux-tu me désigner l'arbre dont le tronc
est tout perforé ? »-L'épervier.
- « Connais-tu un enfant qui est né
barbu ? »-le maïs
- « Un tronc d'arbre lisse comme un
assiette ? »-Le silure
Chez les Myènè, tanga-tanga (compter, compter)
est un jeu verbal pratiqué par les enfants qui consiste à citer
en comptant rapidement les noms d'animaux vivant sur terre, dans les airs ou
dans l'eau. A travers cet exercice l'enfant apprend non seulement à
compter mais aussi à connaitre et à distinguer les animaux selon
leurs écosystèmes. Le jeu s'ouvre par la question, go
ntyé ? Go mbene ? gigono ? (sur terre ? sous
l'eau ? dans les airs ?), et il peut se poursuivre par la
réponse : gigono (dans les airs). Ainsi l'enfant va
énumérer les espèces qu'il connait tout en comptant. Comme
par exemple :
- Ogulungu,mori (touraco,un)
- Ibembe,mbani (pigeon,deux) etc .
Ainsi, l'enfant va continuer à citer et à
compter jusqu'au nombre qu'il connait. Le même jeu se poursuit, mais
cette fois-ci l'enfant ne compte plus à la fin, mais va se rassurer
qu'il ne se répète pas les noms des animaux
déjà citer. Alors à la réponse go ntyé (sur
terre), on aura par exemple :
-Nkambi gnama tanga (l'antilope est un animal,
compté)
-Embongo gnama tanga (le lion est un animal, compté)
etc.
Aussi, par le canal des cotes qui donnent l'origine d'une
espèce végétale et expliquent le comportement ou la les
particularités morphologiques des animaux s'exerce également une
pédagogie sur le milieu naturel. Ainsi le conte fang sur la
création du palmier présente les variétés de
palmiers et met en évidence les bienfaits que cette arbre apporte
à l'homme : pour faire le feu (l'enveloppe de noix de palme
séchée) ; pour se nourrir (le choux palmiste) ; pour
les soins corporelles quotidiens et pour l'usage rituel (l'huile
d'amande) ; pour la toiture des cases (la paille), etc. Devinette
recueillies par Zame Avezo'o Léa au village Etsiela(Mékambo) en
1990.
Troisième partie
Juridiction étatique de la
forêt
Chapitre V.
L'Etat et le bouleversement territorial
Avec l'avènement de l'Etat, les pays colonisés
ont connu des multiples changements dans des secteurs différents. Ainsi,
Nous verrons dans ce chapitre : la naissance de l'Etat en premier, puis
son rapport avec la forêt
Section 1. La naissance de l'Etat
1-1. L'avènement de l'Etat : Le changement
de modes de vie
Outre le mode de production capitaliste, la mission
civilisatrice de l'Occident a introduit dans les colonies l'Ecole, la Bible, et
tous les "accessoires" de la« modernité ». Ces
éléments, combinés au dénigrement
systématique des valeurs ancestrales des colonisés, ont
entraîné des changements dans les moeurs de ces derniers. Les
conséquences en sont manifestes: à quelques exceptions
près, les générations de gabonais qui se sont
succédé depuis la colonisation sont instruites dans la
pensée occidentale et entretiennent un rapport inconsistant avec leurs
traditions.
Par le phénomène de l'exode rural, les campagnes
se dépeuplent, surtout des jeunes. Ceux qui restent ne se soucient pas
toujours d'acquérir auprès des anciens les enseignements et
valeurs fondamentales de leurs communautés. Et, même si c'est le
cas, la probabilité pour que cet ensemble de connaissances soit
partagé par un plus grand nombre "est relativement minime. Cela est
surtout dû aux préoccupations quotidiennes. Les gabonais n'ont pas
toujours du temps à consacrer aux problèmes culturels. Ce
désintérêt s'exprime par le constant cri d'alarme: "les
gens ne s'intéressent pas aux traditions".
Un autre aspect est le fait d'entretenir une relation de
profit avec les pratiques ancestrales. Le Président Léon Mba par
exemple avait interdit la dot en 1963 après avoir constaté les
dérives auxquelles cette coutume donnait lieu, Aujourd'hui encore, nous
dirons sans risque de nous tromper que la dot est un moyen d'engranger des
biens en quantité et de qualité considérables. Certaines
ethnocultures sont très souvent indexées dans le sens commun pour
faire de la surenchère, en soulignant par exemple le niveau
d'études de la future épouse. Nous prendrons également
l'exemple de l'héritage. Cette question devient depuis quelques temps un
véritable phénomène social au Gabon.
1.2. Dénaturation du régime foncier
traditionnel
1.2.1. L'occupation de l'espace
1.1.1. L'aménagement
L'accroissement démographique auquel la ville de
Libreville est confrontée à un effet d'entraînement sur ses
environs on assiste depuis quelques années à l'extension de la
ville vers les zones du Cap, de Ntoum et d'Owendo. Pour ce qui est de la zone
du Cap. Cette extension se manifeste par les implantations de campements, de
villages, la construction de routes et de pistes. Comme il a été
dit précédemment, la zone du Cap est de plus en plus
sollicitée pour la pratique de cultures vivrières. D'après
le dernier recensement de la population et de 1'habitat de 1993 (RGPH), la
population de ce district atteignait 1229 âmes, réparties selon le
tableau ci -dessous. Il est évident que des changements s'y soient
opérés en nombre depuis lors.
En dehors des activités présentées,
s'agissant de l'activité paramilitaire, des patrouilles militaires sont
rencontrées aux abords immédiats de la FCM. Elle est un site
propice aux activités d'entraînements militaires. Par le biais
d'accord tacites, entre le Ministère des eaux et forêts, la
Défense Nationale et le 6eme BIMA de l'armée française,
des entraînements para-commandos s'y déroulent.
L'occupation de l'espace dans la Mondah se fait d'une
manière anarchique et abusive au fil des années. En 1960, la
forêt secondaire était encore très importante, les champs
et les sols nus étaient peu visibles. Les plantations d'Okoumé
évoluaient sans trouées. En 1986, la forêt commence
à subir les changements avec l'activité humaine. Cette occupation
se poursuit dans les années 90 ou la plantation d'Okoumé devient
peu visible et apparaît dans la forêt de la Mondah une importante
trouée d'activité. La forêt secondaire diminue de plus en
plus. Sur la quatrième carte, la forêt secondaire apparaît
par endroit, le sol nu prend une place importante. Nous avons une faible
présence de la mangrove. Nous notons que, cette forêt qui a
été classée dans les années 1950 n'est plus la
même, près de 70% de sa superficie a été
détruite par les activités de 1 `homme comme le montrent les
cartes. Car après le dernier déclassement de 2004, il ne reste
plus que 4930 ha de forêt dans la Mondah, sur les 10200 ha classés
en 1951.
Tableau n° .Population résidente dans la
forêt de la Mondah
|
Population Totale
|
Villages
|
Homme
|
Femme
|
Total
|
Malibé l
|
119
|
94
|
213
|
Malibé 2
|
77
|
60
|
137
|
Cap Santa Clara
|
66
|
47
|
113
|
Cap Estérias
|
393
|
373
|
766
|
Total
|
655
|
574
|
1229
|
Source: RGPH, 2003
Le panneau présenté sur cette photo
révèle la présence des Forces Armées dans la
forêt de la Mondah. Présence matérialisée par des
entrainements en pleine forêt des groupes d'agents des Forces
Armée Française. Les écritures sur le panneau sont de
couleur jaune pour mieux faire voir et comprendre à tous ceux qui
exploitent cette forêt qu'il n y a pas que les populations qui l'occupe
il y a aussi l'armée française qui est propriétaire d'une
parcelle (parcelle des conservateurs).
1.2. Capitalisme forestier
1.2.1. L'exploitation forestière
La plus ancienne richesse du Gabon, et la plus
évidente, c'est la forêt qui couvre 21 millions d'hectares, soit
85% de la superficie du pays. Les premiers européens avaient d'abord
été attirés par la présence de l'«
ébène », bois extrêmement côté par les
artistes du meuble depuis la renaissance. Charles de Chavanne, compagnon de
Savorgnan de Brazza avait vainement tenté d'intéresser les firmes
françaises à l'okoumé, cet arbre miraculeux, tendre,
facile à dérouler utilisable en ébénisterie comme
pour la transformation en contreplaqué.
Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle
qu'un allemand, Schultz, consul de son pays à Libreville, comprit quel
bénéfice on pouvait tirer de son exploitation et incite une
société de son pays à prospecter les régions qui en
contenaient. Les exportations d'okoumé atteignaient 91000 tonnes par an.
Dès qu'arriva l'époque de la seconde guerre mondiale,
l'exportation de cette essence, située en abondance en bordure de
l'estuaire et des rives de l'Ogooué se faisait a grande échelle.
Ce qui fait qu'actuellement la plus ancienne zone d'exploitation s'étend
de l'estuaire à gamba au sud et à Lambaréné
à l'est.
XIXe siècle. C'est la Société
de Bois de la Mondah (SBM) qui se chargea de cette exploitation sur permis
industriel de 12.400 hectares. La SBM incapable de résister à la
crise économique et aux irrégularités sanctionnées
par le service forestier, abandonna sa concession qui fit retour au domaine
public et fut mise en réserve par le décret du 21 février
1934 en vue d'une étude d'un plan d'aménagement:
De 1934 à 1938: d'importants travaux de sylvicole
anéantis par la guerre et ses répercussions au Gabon. En 1944, il
y a eu reprise des travaux (travaux de plantations en zones pauvres qui se
poursuivirent jusqu'en 1953). De 1955-1957, les travaux d'améliorations
en zone de forêt naturelle. Après le départ de la SBM,
l'exploitation reprit dans la forêt de la Mondah grâce aux
exploitants gabonais. Ils parcouraient la forêt de 1959 à 1970,
seule les parties riches en plantation d'okoumé furent
épargnées.
1.2.2. L'exploitation des carrières de
sable
Les besoins en sable pour les bâtiments et travaux
publics (BTP) sont tels que, les carrières de sable la FCM sont l'objet
d'une exploitation sans précédent. De nombreuses
sociétés de la place se partagent les permis d'exploitation dans
ce domaine. Parmi elles, nous notons l'existence de sociétés
d'exploitations agrées et de clandestins.
En 1999, Ces exploitants agrées sont majoritairement
des particuliers. C'est ainsi que de 1960 à 1998, ils détenaient
70,21 % des permis d'exploitation des carrières accordés par la
Direction des Mines et Carrières, soit 51,37 % pour les particuliers
gabonais et 18,9 % pour les particuliers étrangers. On notait
également pour les entrepreneurs privés et publiques; 24,32 des
permis et enfin, les administrations publiques; 51,41 % sur un total de 37
concédés durant la période 1960-1998.
Aussi, malgré le décret du Président de
la République interdisant l'extraction du sable dans la dite zone
(2004), nous nous retrouvons aujourd'hui avec des particuliers ayant des permis
présidentiels leur autorisant d'extraire le sable dans cette
forêt.
L'image présente une sablière en pleine
forêt de la Mondah. Nous avons la présence des engins
(Caterpillar) qui raclent tout à leur passage et servent aussi à
charger les camions. Ici avec l'extraction du sable, il n'y a pas que la
forêt (les arbres) qui est menacée, la mangrove aussi. A
l'extrême droite nous avons la forêt et à gauche la
mangrove. Nous avons aussi la présence des palétuviers, ce qui
signifie que cette forêt a déjà été
exploitée par l'homme et aujourd'hui va encore faire l'objet d'une
double exploitation, celle-ci qualifiée d'abusive car elle
n'épargne aucune espèce végétale.
Nous avons aussi la présence des flaques d'eaux, ce qui
confirme la position littorale de cette forêt et la fragilité de
celle-ci. Des hectares de forêt détruits, il est difficile de
croire qu'à cet endroit, existait une forêt et pour en avoir,
combien d'année faut-il attendre? Enfin nous avons la présence de
deux personnes, l'une filme la mangrove et l'autre l'observe. L'engin à
droite est entrain de racler la forêt et agrandir le site, la
deuxième à gauche attend charger le sable dans les camions et le
sable de ce côté paraît plus propre que celui du
côté du premier engin.
Nous avons en image un camion de six roues, venant de
Libreville allant pour le chargement de sable. Derrière celui-ci un
homme en bleu. Sur le site, nous avons la présence de la forêt
touffue d'un coté et de l'autre des racines d'arbre et de troncs,
déracinés et découpés par l'engin. Le sable
à. ce niveau n'est pas encore propre et par conséquent on ne peut
pas le charger dans les camions car il faut encore enlever une couche, celle
qui contient de la terre et toutes ces petites racines que nous observons.
Cette image montre combien de fois l'extraction du sable est destructeur de la
nature. Ces arbres déracinés pouvaient servir à autre
chose tel que la pharmacopée ou la vente. Car nous avons la
présence de l'Okoumé sur cette image du coté de la
forêt. Ainsi, les exploitants illégaux, appelé vulgairement
trafiquant, sont ceux qui prélèvent illégalement le sable.
Ils le font souvent les dimanches et autres jours de la semaine. Ces
exploitants sont inconnus de la Direction des Mines et Carrières.
Recit 30(*)n°12 - Ndambo Jean Pierre31(*), sur
L'exploitation du sable à Malibé 2 et les
conséquences.
1. J'ai commencé l'exploitation de sable depuis
1992. Pour reconnaitre qu'il y' a du sable à cet endroit, on a des
machines. D'autres viennent avec des boussoles et les bulles pour inspecter les
lieux. Une fois on est sur qu'il y a du sable, il faut nettoyer la
première couche, on l'appelle le remblé, ensuite on rase la
deuxième couche, c'est le sable. Ce que vous voyez tout blanc c'est du
sable mais pas du bon, il n'est pas propre.
2. Je travaille pour un particulier, un monsieur fang, qui
se charge des ventes et de contacter les clients, mais comme il est
déjà connu, ce sont les clients qui vont maintenant faire des
commandes. Les camions de sable varient selon les voitures et les chargements.
Un camion de 6 roues coûte 40000 FCFA celui de 10 roues coute 60000. Ici
à la carrière. Du moment où il paie les taxes au
ministère des mines et ceux-ci lui délimitent la zone à
exploiter, on n'a pas souvent les problèmes avec les eaux et
forêts.
3. Il est vrai que l'on exerce dans la partie
classée de la forêt et que le chef de l'État avait demande
de ne plus extraire le sable dans cette partie de Malibé, mais mon
patron a un permis signe du Président de la République. En fait
moi je fais seulement mon travail, lui il est en haut là-bas je ne sais
pas comment il s'arrange souvent avec les eaux et forêts, mais ils ne
nous dérangent pas. Pour extraire le sable nous sommes obliges de tous
nettoyer, il faut dire qu'il n'y a pas une partie dans cette forêt qui
n'ait pas de sable. Même là ou vous dite forêt il y a du
sable et du bon sable. C'est vrai, nous sommes obliges de déraciner les
arbres et les arbustes mais ce qui nous importe c'est le sable c'est
tout.
4. Il n'est pas probable que la forêt rasée
revienne aussitôt il faudrait attendre des années. Et puis nous
sommes entrain de vous déblayer les terrains d'habitations, revient dans
deux ans ce site sera transforme en terrain personnel. Sans oublier que
l'aéroport doit venir vers ici il faut d'abord un travail de fond. Oui
la mangrove est très importante, mais si la zone à exploiter
s'étend jusqu'à elle, nous allons l'enlever. Il n'y a pas que les
arbres, si il y a une plantation dans le site qui nous ait donne, on n `a pas
le temps de demander la permission au propriétaire, on déracine
tout et il constate seulement les dégâts le lendemain.
L'extraction du sable est rentable, par jour on peut extraire 406 75 voir 80
camions de sables. C'est ainsi que l'on repousse au fur et mesure la
forêt.
Ce récit de Monsieur Ndambo Jean-Pierre nous explique
comment se fait l'extraction du sable. C'est l'activité la plus
dévastatrice des activités qui sont exercées dans la
forêt de la Mondah. Elle est aussi celle qui produit une grosse
importante d'argent. Par des besoins en construction de l'homme, la forêt
décime, car c'est dans celle-ci que l'on va extraire le sable, le bois
gravier.
Malgré le classement de la forêt de la Mondah,
les permis d'exploitations sont livrés pour exercer dans certaines
zones. À la longue, nous allons avoir affaire à une
étendue de terrain ouvert et non à une forêt.
1.2.3. Exploitation du charbon de bois
Sur cette photo, nous voyons la présence des morceaux
de bois devant servir à la fabrication du charbon. Il y a aussi des
branches d'arbres au sol et d'autres troncs d'arbres. Nous sommes en pleine
forêt de la Mondah, il y a des arbustes et quelques plantes, sans oublier
les quatre troncs d'arbres. Ici, ces morceaux de bois sont la première
étape de la fabrication du charbon. Apres l'abattage de l'arbre,
celui-ci est mis en morceaux. Quelques jours plus tard `Ces morceaux seront mis
dans un four à charbon. Ainsi, pour fabriquer le charbon de bois,
l'arbre est coupe sur pied, on n'attend pas que celui-ci sèche. Il n'y a
pas un type d'arbre particulier pour cette activité. Mais, la
conséquence est qu'en tombant, l'arbre abattu entraîne avec lui
d'autres arbres et arbustes, d'où la présence des autres troncs
d'arbres couchés au sol et cela favorise la trouée dans la
forêt et le desséchement de certains arbres.
Sur cette image, nous sommes en pleine forêt, ou se fait
la fabrication du charbon. Il y a le four qui produit le charbon (ce gros tas
de terre soutenu de part et d'autre par les piquets en bois). Ce four est
allume, voilà pourquoi il y a la présence de la fumée
au-dessus du four. Il y a des cheminées qui permettent à la
fumée de sortir et au feu de s'activer à l'intérieur. Pour
une consommation complète on peut attendre un mois.
A l'extrême droite il y'a un homme qui tient une
machette. À son extrême gauche, nous avons une jeune
étudiante tenant un caméscope, avec un sac au dos. Devant elle se
trouve des sacs de charbon déjà charges, produit par le premier
four (14 sacs). Derrière ces sacs se trouve le fabricant de charbon
(Mamadou) qui surveille son four.
Un peu plus au fond à l'extrême gauche se trouve
la cabane qui sert de case d'habitat au propriétaire du four. On peut
aussi voir une petite hutte faite en sachet, dont une partie est couverte et le
souci principal est de s'abriter quand il pleut. Derrière cette cabane,
un peu plus loin, nous avons la présence d'une forêt
fermée, ou il y a la présence des arbres ayant un âge
moyen, tel que celui qu'on observe au fond à droite.
La plus part des fours sont tenus par les Ouest africains,
qui pourtant déclarent qu'ils n'ont jamais exercé ce
métier chez eux, et qu'ils viennent le découvrir ici au Gabon.
Bien que pénible, ce travail rapporte de l'argent. En effet, il faut
faire des mois et des mois dans la forêt, dans des conditions pas
confortables et surtout exposé à la fumée et à la
chaleur. Il arrive souvent que ces hommes tombent gravement malade, mais
grâce aux essences de la forêt, et des connaissances qu'ils ont sur
la médecine traditionnelle, ils arrivent à se faire soigner.
L'image présente les sacs de charbon prêt
à être embarqués pour la vente à Libreville
(près de 80 sacs) d'un prix variant de 10 000 à 15000 Francs CFA
le sac. Ceux-ci sont posés dans un ancien site d'exploitation de sable
à Malibé 2, ce qui justifie la présence du tas de sable
couvert par les herbes derrières les sacs de charbon. Nous avons la
poussée des jeunes arbres après l'exploitation de sable. Cette
silhouette sur l'extrême gauche est celle du camion venu embarquer les
sacs de charbons.
Récit32(*) n°13 - Aboubacar33(*) sur l'exploitation du charbon
de bois, dans la FCM
1. Au début, quand je suis arrive ici, il y avait
encore beaucoup de forêt, nous étions plus haut là-bas vers
le poste. Au fur et à mesure que l'activité du sable avance, nous
aussi nous avançons. Nous avançons les exploitants de sable,
parce que les engins qui extraient le sable, déracinent tous a leur
passage et nos, nous abattons le bois quand il est encore debout, y a des bois
qu'il faut. Un charbon qui se casse vite et qui ne garde pas le jeu n'est pas
bon. Je ne connais pas les noms des arbres mais je sais reconnaître le
bon bois, et le mauvais. En fait il faut le bois dur et non le bois
léger.
2. Debout, on le découpe comme vous voyez (Photo
n°) ensuite on le met dans de four, pour faire le charbon. Comme
ça, quand ils arrivent la ou on a déjà coupe, nous on
avance. Et puis, on ne prend pas n'importe quel bois pour fabriquer le charbon.
Pour un bon charbon, il 1. Je fais l'activité du charbon depuis un an.
Je n'en ferais pas au pays, mais au Gabon, je ne pouvais pas rester les mains
croisées, il fallait gagner ma vie, et j'ai appris avec mes
frères qui connaissaient. Ce travail n'est pas facile, et les risques
sont nombreux. Un arbre peut tomber sur toi quand tu l'abat, ou bien tu peux
avoir la diarrhée par ce que nous buvons l'eau des flaques d'eaux, il
n:v a pas de rivière près d'ici. Tu dors à la belle
étoile, mieux encore quand il ne le peut pas.
3. Apres l'abattage de l'arbre, on le découpe en
morceaux puis on le laisse dormir deux a trois jours, ensuite on le met au feu.
Pour faire un four a charbon, tu prends les morceaux de bois coupes, tu creuse
un trou pas trop profond, tu poses les bois les uns sur les autres, tu les
monte en erage, puis tu ajoute de l'herbe ou les feuille mortes au fur et
à mesure, la tu couvre le tout avec la terre, mais en laissant les
petits trous pour que l'air rentre a l'intérieur et pour laisser sortir
la fumée une fois que le four est allume. Un four peut durer un mois
pour que le bois se brule bien et avoir un bon charbon. Mais il faut
éviter qu'il ait des flammes, parce que les flammes brulent malle bois
et le charbon sera fragile. Il ne doit non plus s'éteindre, mais doit
bruler à feu doux jusqu'au dernier morceau de bois.
4. Un four peut prendre trois à quatre arbres et si
ça a donne, tu peux avoir 10 à 15 sacs de charbon. Mais le grand
problème ici ce sont les eaux et forêts, si tu as de la chance et
que tu vends sans qu'ils t'aient arrière, tu n'as pas moins de 15.000 f
mais si ils t'attrapent, ils peuvent te prendre tout ton charbon ou bien tu
n'ans pas moins de 80 000 f d'amende à payer. Pour vendre, on a des
abonnes qui prennent et paient sur place et d'autres prennent et paient un peu
un peu. C'est vrai, la forer est très importante pour nous, mais les
gens qui gaspillent la forer ce sont ceux qui exploitent la sable. Parce qu'ils
coupent tout sur leur passage et ne laissent pas la chance aux petits arbres de
grandir ce que nous ne faisons pas. Nous ne prenons que les arbres murs et
durs.
Ce récit est de Monsieur Aboubacar. Il nous montre
comment se fait l'exploitation du charbon de bois. Aboubacar est un
expatrié de nationalité guinéenne, qui exerce au Gabon
sans permis d'exploitation. Partant de chez lui, cette activité lui
était inconnue, il l'a apprise sur place. Il ressort que cette
exploitation décime la forêt et appauvrit aussi le sol. Car, les
fours de charbon demandent de la terre pour être fabriqués et
supportent le feu pendant un mois. Ce n'est pas n'importe quelle essence qu'on
utilise pour fabriquer du charbon et ce ne sont non plus des arbustes mais des
arbres d'un certain âge. Ces exploitants de charbon sont majoritairement
des expatriés et n'ont pas cet amour de la forêt qu'ils
détruisent. Ce qui compte pour eux, c'est de l'argent pour sortir de
leur situation de pauvreté et envoyer un peu au pays. Peu importent les
conditions dans lesquelles ils travaillent.
1.2.4. Le sciage de bois
Elle est liée à la quête de revenus
substantiels, les populations rurales de la FM pratiquent la vente de bois de
chauffage prélevé sur les arbres morts et parfois coupés
et laisser quelques semaines séché ensuite mis en fagots pour la
vente. Cette activité contribue à arrondir les ventes de fruits
et légumes. Elle est cependant un peu développée. Sur le
marché et les villages avoisinants peu de fagots de bois visibles.
Il Y a une autre activité issue de l'usage des arbres
c'est le sciage de bois. Celui-ci est exercé parfois sur les arbres
tombés par l'orage ou l'abattage pur et simple de l'arbre. Il est
sillé en planche, latte, ou chevron, et certains fabriquent des
rondelles pour en faire des tablettes. Tous ces produits sont acheminés
vers Libreville la capitale ou les potentiels clients attendent.
L'image présente la photographie d'un arbre
scié. Dans les deux extrémités de la photo, nous avons de
l'herbe et au fond, il y a de jeunes arbres, une forêt très
jeune.
A l'extrême droite nous avons deux hommes, le scieur en
noir avec un haut rayé un observateur devant lui avec un haut bleu et un
pantalon kaki. Au pied de l'arbre abattu, nous avons trois personnes, dont une
femme et deux hommes. Les deux hommes sont des aides scieur, ils sont torse nu.
La jeune fille est une étudiante qui est là pour les raisons
d'enquête.
Cette activité ne date pas d'aujourd'hui dans la
forêt classée de la Mondah, mais devient un peu plus rare à
cause de la rareté des « bois durs». La présence de
copeau au sol et les coupures en rondelle des morceaux de bois, témoigne
de l'outil qui a été utilisé abattre cet arbre. Il ne
s'agit pas d'une hache, mais d'une scie à moteur, le résultat de
l'évolution technologique.
Enfin nous avons l'exploitation du charbon, en dépit de
la réglementation en vigueur et du statut de la forêt
classée, dont de telles activités sont prohibées et
réprimées.
Récit34(*) n°14 - Nzengue Flavien35(*), Sur
l'activité de sciage de bois dans la forêt de la
Mondah
1. Je ne suis pas clandestin, j'ai mon permis livré
au domaine, après que j'ai payé 100.000 FCFA, ils m'ont donne la
quittance, je suis allé a STFO, eux ils m'ont encore donne une autre
quittance, mais il faut seulement renouveler les papiers après un an. Je
suis Nzebi de Koula-Moutou. C'est mon défunt oncle qui m'a apprit ce
métier de bois. Depuis mon jeune âge, il m'amenait souvent
transporter les planches. Puis un jour j'ai commence à observer comment
il faisait, puis de temps en temps il me montrait, et comme il se faisait aussi
de l'argent je me suis vraiment intéressé, et j'en ai fait mon
travail.
2. Quand je suis venu a Libreville, je travaillais d'abord
au port à bois à Owendo, mais là-bas le travail est dur et
ce n'est pas tous les jours que vous avez les conteneurs a décharger.
Avec l'aide de mon frère je me suis paye une tronçonneuse pour
siller le bois à mon compte. Je scie le bois à Avorbame et
Malibe. Je ne rentre pas dans la partie classée, sauf si quelqu'un me
demande d'aller l'abattre une plantation et que je peux profiter a siller les
arbres coupes.
3. Je ne crains rien je suis en règle, les eaux et
forêts ne m'embêtent pas trop. Je nourri ma petite famille avec ce
travail et je vis mieux que lorsque je travaillais au port. Parce qu'un bois
peut me sortir 3 à 4 m3 de planches cela dépend des dimensions de
l'arbre, une planche de 2,5 m coute 700 FCFA et moins de 2,5 coûte 500
FCFA, et une latte de 4 m coûte 500 f CFA et moins entre 400 et 450 FCFA.
Aujourd'hui, 1 m3 de bois, mélange planche, latte, chevron coute 30.000
f CFA en gros, les prix ont augmentes.
4. Le grand problème qu'on rencontre ici c'est
l'Okoumé est par rapport aux autres arbres. Il est difficile de trouver
le bois dur ici. C'est parce qu'il y a eu l'exploitation forestière dans
cette forêt, et quand les eaux et forêts ont reboisé, ils
ont plus plante l'Okoumé pour les causes commerciales. J'ai mes
abonnés de planche, de latte et chevron, je livre les scieries, les
particuliers aussi. C'est vrai quand j'ai besoin du bois dur je vais vers Kango
ou à Meba après Ntoum. Il est vrai que je dépense
beaucoup pour le transport, quand c'est une société, le plus
souvent elle donne les moyens de transport, et on s'arrange sur la
main-d'oeuvre.
5. C'est vrai que je vis de la forêt, mais nous ne
détruisons pas la forêt. Il faut que le gouvernement regarde
d'abord le genre d'activité que la personne doit aller exercer dans la
forêt avant de livrer un permis d'exploitation, si l'activité est
nuisible pour la forêt, la personne doit assurer le reboisement
après exploitation. Dans le cas de la Mondah ce sont les exploitants de
sable et les gens qui remblaient les terrains. Il y a une qui vend les terrains
ici au sable, puis que ce sont des terrains marécageux et rase les
palétuviers puis elle remblai, ensuite elle les revend chers, elle a des
engins qui coupent tout à leur passage.
Le récit de Moupindi Marius nous montre comment se fait
l'activité de sciage dans la Mondah. Il va nous donner d'abord ses
motivations pour ce travail. Il ressort que ce scieur n'est pas originaire de
la province de l'Estuaire, mais de l'intérieur du pays (Koula-Moutou).
Ce dernier est en règle avec les taxes demandées par l'Etat et
exerce tranquillement son activité. Ce travail lui permet de s'occuper
de sa petite famille par les rendements issus de la vente de ses planches.
Mais, il ressort que la forêt de la Mondah est plus
peuplée par l'Okoumé que d'autres essences. Cela est le
résultat du faite qu'elle soit l'une des premières forêts
qui a fait l'objet de plantation d'Okoumé. Cela n'est pas très
profitable pour son activité, ce qui lui pousse à aller plus loin
chercher le bois dur.
Section 2 : L'Etat et la forêt
2.1. Institutionnalisation de la Mondah
Avant 1934, début de l'exploitation de la forêt
de la Mondah, peuplements riches d'okoumé: un permis industriel de
12400ha, attribué à la société forestière de
la Mondah (SFM) 1934, retrait de cette concession par le service forestier et
mise en réserve de 12.400 ha par arrêté
« Gubematorial » du 22 février 1934. Une parcelle de
forêt d'environ 10.200 hectares, située dans la région de
la rivière Mondah, au nord de Libreville, est constituée en
forêt domaniale classée et dénommée
« forêt classée de la Mondah » par arrêt du
16 février 1951. Ainsi, le domaine classé est essentiellement la
« forêt de la Mondah », qui est la première
forêt gabonaise a avoir été constituée en
réserve forestière, en raison de la diversité des
espèces animale et végétale que regorgeait cette foret
à cette époque.
Le fondement juridique est l'article 4 du décret du 20
mai 1946 : la forêt est soustraite à l'exercice des droits
d'usages coutumier. Elle est classée pour être d'abord
protégée contre les défrichements agricoles et non contre
l'exploitation forestière. Ses limites sont modifiées, par le
décret présidentiel du 24 octobre 1967, par le
déclassement de trois parcelles, soit 2.225 hectares au profit des
populations locales. Sa superficie passant alors à 7.975 hectares. De
nouveaux déclassements faits en 1977 et en 1980 sont annulés par
le décret numéro 1403/PR/MEFCR du 17 octobre 1983, texte qui
régit actuellement la forêt classée de la Mondah. Pour les
besoins du parc d'activités scientifiques du Ministre Léon AUGE,
une superficie de 500hectares fut déclassée.
Si le concept de "forêt classée" à un sens
en 1946, il n'est pas une catégorie juridique précise dans la loi
de 1982, c'est un ensemble de catégories. Mais le décret du 17
octobre 1983 précise les restrictions d'utilisation, notamment les
défrichements de toutes nature, la chasse, la pêche et
l'exploitation sans titre des produits forestiers. Le statut de forêt de
protection ou de forêt récréative préciserait ces
objectifs, par rapport à la loi de 1982 et au projet du code
forestier.
La forêt de la Mondah a été
affectée à l'Institut National d'Études Forestières
(INEF), qui est l'actuelle École Nationale des Eaux et Forêts
(ENEF), par le décret du 24 juin 1969 pour les besoins de son
enseignement, comme zone expérimentale et d'aménagement. Le
décret du 08 juin 1974 définit son mode de gestion:
traitée en futaie d'okoumé mélangée de quelques
essences diverses, elle peut faire l'objet de coupes, réalisées
par l'école au cours de son enseignement, ou vendues par adjudications
publiques.
2.2. L'Etat et le foncier forestier
La main mise de l'Etat rend anecdotiques les droits coutumiers
des populations réduites et dispersées dans les massifs
forestiers. On peut se demander si les réglementations
forestières appliquées à la Forêt ont suffisamment
considéré les populations rurales face à leurs besoins.
Au Gabon, le foncier forestier est d'abord très
largement un foncier de l'Etat. Les codes forestiers successifs, comme le code
foncier actuels issus de la colonisation reprennent explicitement le principe
du décret de 1935 qui exclut les produits forestiers de la
catégorie des produits agricoles et fixe le principe: « Tous
les biens vacants et sans maître appartiennent au domaine public
». Ayant ainsi limité, précarisé et réduit la
légitimité de la gestion foncière traditionnelle des
populations locales, l'Etat possède, en zone de forêt dense comme
en zone de savane, la maîtrise et l'exerce de la gestion de la grande
majorité des espaces de végétation naturelle.
Mais il n'est pas exclut que dans l'article 253 du nouveau
code forestier n° 016/1 du 31 Décembre 2001, il est stipulé
que : « Article 253: L`exercice des droits
d'usages coutumiers est libre et gratuit dans le domaine forestier rural pour
les membres de la communauté villageoise vivant traditionnellement
à proximité de ce domaine et sous réserve du respect des
règlements restrictifs pour nécessiter d'aménagement ou de
protection d'aménagement ». Il est effectivement
autorisé aux populations rurales d'exercer des usages coutumiers dans
les 5 km réservés à partir de la route et autres voies de
transport. Dans cette surface, il n'est pas autorisé aux populations
rurales d'abattre des essences qui répondent aux critères
exploitables. Les populations rurales peuvent chasser des animaux partiellement
protégés en respectant les périodes d'ouvertures et
fermetures de la chasse. Elles peuvent également faire des usages
coutumières dans des rivières en pratiquant la pêche
à condition de ne pas empoisonner les cours d'eau avec des produits
toxiques. Les problèmes que nous avons souvent avec les villageois ne
peuvent pas être vu comme conflit car si les populations reconnaissent
l'autorité de leur pays c'est une façon de reconnaître
également les lois qui régissent cet État, elles ne
doivent plus contester les lois édictées. Il y a peut-être
une incompréhension ou un manque d'information aux populations rurales.
Ainsi monsieur Nganga,36(*) directeur des études de l'E.N.E.F.
déclare :
« Dans le nouveau code forestier il n'est dit
nul part que les villageois ne doivent pas effectués leurs usages
coutumiers dans la forêt. Au contraire l'article 25 du nouveau code
forestier n° 016/1 du 31 Décembre 2001. Il est effectivement
autorisé aux populations rurales d'exercer des usages coutumiers dans
les 5km réservés à partir de la routière. Dans
cette surface, il n'est pas autorisé aux populations rurales d'abattre
des essences qui répondent aux critères exploitables. Les
populations rurales peuvent chasser des animaux partiellement
protégés en respectant les périodes d'ouvertures et
fermetures de la chasse. Elles peuvent également faire des usages
coutumières dans des rivières en pratiquant la pêche
à condition de ne pas empoisonner les cours d'eau avec des produits
toxiques ».
Il ajoute
Les problèmes que nous avons souvent avec les
villageois ne peuvent pas être vus comme des conflits car si les
populations reconnaissent l'autorité de leur pays ils doivent
également reconnaissance et respect aux lois qui régissent cet
État, elles doivent plus contester ces lois édictées. Il y
a peut-être une incompréhension ou un manque d'information aux
près des populations rurales. »
2-3 La dénaturation sous l'effet de la
colonisation
La colonisation a constitué pour les peuples qui l'ont
subie une véritable révolution. C'est pourquoi, avant d'entrer
dans le vif du sujet, il convient de décrire les caractères
généraux du contexte colonial.
Georges Balandier écrit que «... les rapports de
domination et de soumission existant entre société coloniale et
société colonisée caractérisent la situation
coloniale »36. Et il définit ainsi la situation coloniale :
«la domination imposée par une minorité
étrangère, radicalement et culturellement différente, au
nom d'une supériorité raciale (ou ethnique) et culturelle
dogmatiquement affirmée, à une majorité autochtone,
matériellement inférieure.»37
Philippe Lechat, parlant des différentes conceptions de
l'administration des colonies (notamment l'autonomie, l'assujettissement et
l'assimilation), conclut que «en réalité il y aura beaucoup
d'assujettissement, très peu d'autonomie et un soupçon
d'assimilation.». Qu'entend t-il par assujettissement?
«L'assujettissement subordonne totalement les intérêts de la
Colonie il ceux de la métropole, la domination étant
économique (système du pacte colonial ou de l'exclusif),
culturelle (la métropole impose sa civilisation, ses valeurs
jugées supérieures à celle des pays d'outre-mer), et
également politique et juridique, complémentaire des deux autres
types de domination. L'appareil politique et juridique de la Métropole
est en effet nécessaire pour asseoir sa domination économique et
culturelle. Cette conception conduit à l'annexion pure et simple du pays
colonisé ou à l'établissement d'un Protectorat, forme
d'annexion déguisée. ». Ceci nous donne une idée du
type de rapports qui existait entre la France et ses colonies et qui
constituent la toile de fond de ses entreprises.
Voulant s'assurer un meilleur contrôle des territoires
conquis, les Européens et en l'occurrence les Français dans le
cas du Gabon, ont investi tous les aspects de la vie des peuples
colonisés. Dans le domaine juridique, la puissance coloniale a
opéré de deux manières: au niveau formel, par
l'importation des modèles occidentaux d'institutions judiciaires et, au
niveau pratique, par l'imposition des concepts et conceptions juridiques en
vigueur en France.
Du point de vue formel, l'implantation effective des
Français au Gabon et ailleurs s'étant déroulée dans
un vide juridique, le développement des rapports franco-autochtones et
la naissance de conflits y relatifs ont mis en évidence la
nécessité d'administrer la justice dans les colonies. L'ordre
judiciaire institué à cet effet n'était qu'une
reproduction de celui en vigueur dans la métropole, avec sa
hiérarchie, son personnel, ses procédures. C'est ce que l'on a
appelé justice indigène.
Celle-ci comportait, en vertu de la catégorie
d'indigène concernée, deux juridictions: celle des citoyens
français et celle des gabonais. Cette dernière se composait: des
Tribunaux de conciliation, des Tribunaux du premier degré, des Tribunaux
du deuxième degré, une Chambre spéciale d'homologation qui
jouait le rôle de la Cours de cassation. Le premier degré
comportait des tribunaux coutumiers et des tribunaux du premier
degré.
Cette structuration de l'ordre judiciaire portait atteinte aux
ordres locaux en ce qu'elle les inscrivait dans une nouvelle donne. Chaque
peuple a, en effet, son expérience particulière de l'institution
judiciaire avec ses hiérarchies, ses autorités
compétentes, ses instances et ses règles de fonctionnement.
Apathi-Bassah écrit que la justice a toujours été un
sous-produit de la culture et de la civilisation. Son organisation et son
fonctionnement sont tributaires des conceptions philosophiques qui animent les
peuples concernés.
A quel niveau donc pouvons-nous lire la dénaturation
d'un système juridique? La dénaturation apparaît dans un
premier temps au niveau des conceptions juridiques des populations. Mais bien
plus encore elle se lit dans leur vision du monde. Parce que ce sont les
populations qui portent ridée de l'ordre et qui le transmettent par
divers moyens (éducation, écrits, pratique quotidienne,
enseignement, etc.) à leurs descendants.
En conclusion, dire que le droit africain est
dénaturé, c'est dire que dans la pensée africaine (c'est
à dire les conceptions, les croyances, les convictions, les
idéologies, etc.), son principe fondamental a été
démantelé et remplacé par un autre principe. Cette
dénaturation procède, de deux facteurs: l'entreprise coloniale et
son corollaire, les modes de vie actuelles.
Chapitre VI
Politiques étatiques de conservation de
biodiversité
Les forêts gabonaises bénéficient d'un
traitement a par, allant jusqu'à la création des lois pour sa
sauvegarde. En effet, dans ce chapitre, nous verrons en premier lieu, les
politiques mises en place par l'Etat, puis la législation des ressources
halieutiques et fauniques.
Section 1 : Politiques étatique.
1.1. Les différentes conceptions de la
forêt.
1.1.1. La forêt vue par L'ENEF
L'Ecole Nationale des Eaux et Forêt est Une structure de
l'Etat qui a vu le jour en 1959 au Nord de Libreville en milieu Benga. Cette
structure de formation supérieure a pour principal objectif de former
des techniciens de la sous-région dans le domaine de la protection de la
nature forestière et aussi une formation sur la botanique des essences
végétales et animales qui sont disponibles dans nos forêts
tropicales. L'ENEF a une vue scientifique de la forêt. A travers cette
école nous avons une « surveillance scientifique »de notre
forêt avec la présence des agents des Eaux et Forêts dans
toutes les localités du pays, et notamment dans la forêt de la
Mondah.
1.1. 2. La forêt vue par les ONG
Les organismes internationaux conçoivent la
forêt comme un écosystème qui mérite d'être
protégé contre des agressions. Autrement dit, tout programme
exogène qui ne s'appuie pas sur les motivations endogènes des
populations locales est d'avance voué à l'échec. C'est un
ectoplasme sur une jambe de bois. Toutes les ONG développant des
protections dans le cadre de la mise en place des forêts non
agressés sans s'appuyer sur les communautés locales
développent des programmes consciemment et rationnement voués
à l'échec, car les seuls acteurs qui étaient sur le
terrain avant des ONG et même avant l'Etat et qui seront sur le terrain
après les ONG, nous n'oserons pas dire après l'Etat, sont les
communautés locales.
Les charges que sont tenues de réaliser les agents des
ONG sont de protéger au sein des communautés le respect
symbolique des totems et autres stratégies de gestion durable de
l'environnement. Cette protection se réalise aussi à travers des
tenures foncières, c'est à dire la gestion et la transmission des
terres. Elle est aussi faite à travers les incitations de la tradition
orale; Par ce moyen l'enfant apprendra à reconnaître la
dénomination des éléments constitutifs de la faune et de
la flore caractéristiques de son environnement des relations
écologiques.
1.1.3. La forêt vue par les agents du
reboisement.
Le reboisement est l'activité qui consiste à
replanter des arbres lorsqu'une parcelle en est dépourvue soit à
cause d'une calamité comme la désertification, soit à
cause d'une surexploitation du bois dans le milieu forestier. Ce besoin
manifeste des écologistes à soigner la nature, montre la
volonté des uns à vouloir garder intact ce patrimoine qui nous
été légué par nos ancêtres dont nous sommes
chargés de protéger pour qu'à notre tour, nous puissions
le transmettre aux générations futures dans un parfait
état. Le droit ne nous est pas donné de détruire la
forêt pour se satisfaire car se serait égoïste de priver
à nos enfants ce que nous avons reçu de nos parents.
1.1.4. La forêt vue par les Benga
Pour les Benga, la forêt est une source importante de
l'imaginaire. En ce sens qu'elle est le monde phénoménal ambiant
ou ils puisent des signifiants, mais aussi ou ils lisent des signes (proverbes,
chants devinettes, comptines, divination, etc.). La forêt reflète
une sémantique faite d'ordre, d'harmonie et de rythme; l'homme s'y
intègre en jouant ce rythme, pour éviter qu'il ne disparaisse
(Houis 1973). Le rythme de la nature, c'est celui de la société
et qui, en définitif, rythme l'homme. Pour les Benga, il ya une
juxtaposition entre l'univers physique et celui de l'invisible.
1.2. Création des réserves et
forêt classées
1.2.1. Ministère des Eaux et
Forêts
- La loi 1/82
A l'analyse, on peut noter que la législation
forêt au Gabon poursuit un objectif majeur: pérenniser les
ressources forestières. Cette loi a été mise en place pour
promouvoir et développer, dans le cadre global et cohérent
d'aménagement rationnel du territoire, une gestion que l'on pourrait
qualifier d'orthodoxe des ressources forestières, faunistiques et
halieutiques. Cette loi vise plus précisément les objectifs
suivants:
- faire l'inventaire des ressources dans le but
d'améliorer les connaissances, tant sur le plan quantitatif que
qualitatif;
- aménager les ressources afin d'assurer
l'équilibre entre l'exploitation et le renouvellement;
- reconstituer les ressources afin d'en assurer la
pérennité;
- exploiter rationnellement les ressources afin d'une
utilisation optimale et contrôlée ; - promouvoir l'industrie de la
filière bois
- protéger et inciter les gabonais à s'y
investir;
- faire de la recherche et la formation afin d'en
accroître la productivité;
- informer et vulgariser en vue de sensibiliser et
éduquer les usagers et les populations.
Tous ces objectifs pour louables qu'ils sont ne mettent pas en
avant ce que pensent les populations qui sont au contact de ces forêts.
On ne peut véritablement protéger qu'en s'inspirant
déjà des pratiques des populations, or ici semble-t-il, on reste
dans cet Etat non seulement englobant, mais pire encore exogène. Les
méthodes traditionnelles de gestion des terres, des arbres, des eaux
sont tout simplement mises entre parenthèses.
1.2.2. De la protection de la forêt
économique à la protection de
l'écosystème
Un avertissement est nécessaire: on doit prendre garde
à ne pas faire de mauvaise interprétation ou de confusion entre
les termes utilisés. Cette confusion est née de
l'évolution des différents textes qui ont
réglementé, depuis 1946, le régime forestier. Ce qui est
aujourd'hui défini comme forêt domaniale classée et
forêt domaniale protégée par la Loi d'orientation du 22
juillet 1982 n'implique pas toujours un statut de protection. On pourrait
même dire que la forêt domaniale protégée ne
bénéficie d'aucune protection formelle.
En 1946, le décret fixant le régime forestier en
Afrique Équatoriale Française, signée le 20 mai,
prévoit que les forêts appartiennent au domaine privé de
l'État et qu'elles sont réparties en deux catégories:
- Les forêts classées qui constituent le domaine
forestier classé;
- Les forêts protégées qui constituent le
domaine forestier protégé.
Les forêts classées gérées
directement par le service des Eaux et Forêts, comprennent:
a) Les anciennes réserves forestières qui
existaient avant le 20 mai l946.
b) Les forêts classées qui font l'objet d'un
classement après le 20 mai 1946.
Les forêts protégées sont celles qui n'ont
pas fait l'objet d'un arrêté de classement.
Ainsi, ce que le décret veut protéger (d'abord
en plaçant les forêts dans le domaine privé de
l'État), c'est la forêt contre les autres utilisations,
principalement les droits d'usage et l'agriculture, impliquant des
défrichements à titre permanent ou temporaire. De ce fait, les
forêts ne sont pas classées pour être soustraites à
l'exploitation forestière, on pourrait même dire, qu'au contraire,
dans les forêts classées, l'exploitation est faite en régie
(c'est-a-dire, par les services des Eaux et Forêts ou par les services
publics, pour leurs besoins propres) ou par vente de coupes en adjudication
publique (après que le service forestier aura effectué
l'estimation des lots et si possible le martelage).
En 1955, le décret du 20 mai relatif à la
protection des forêts développe une autre préoccupation en
vue de sauvegarder l'intérêt général, et pour tenir
compte de l'influence du boisement, notamment sur la protection du sol, le
régime des eaux et le climat, mais maintenir les deux notions
juridiques: les forêts sont soumises soit à un classement, soit
à une protection. En effet, selon le décret du Code forestier
16/10 du 22 juillet 1982, les rédactions du nouveau code forestier ont
nettement amélioré les définitions: le domaine forestier
permanent de l'État est constitué des forêts domaniales
classées et les forêts domaniales productives enregistrées
(le terme ambigu de forêt domaniale protégée
disparaît). Les forêts domaniales classées présentent
des intérêts de préservation, par contre, les forêts
domaniales productives sont affectées à la production (ce sont
les forêts attribuées et réserves forestières de
production). A ceci vient s'ajouter dans le nouveau code forestier, le domaine
forestier rural, dont la jouissance est réservée aux
communautés villageoises.
De ce fait, les forêts classées assurent la
protection, les forêts productrices la production, ainsi, les
incohérences et les ambiguïtés de la Loi de 1982 sont
levées. Nous sommes arrivés aux antipodes de la définition
des forêts classées de 1946, puisqu'en cette époque, ces
forêts sont celles qui devaient être affectées à la
production de bois et classées pour leur potentiel économique,
après avoir fait l'objet d'un plan d'aménagement.
1.2.3. Les réserves
Les réserves forestières se distinguent par leur
caractère temporaire: ce sont des réserves de la ressource-bois,
et non des zones de protection de l'écosystème forestier. Ces
ressources provisoires se distinguent des réserves forestières du
décret de 1946, lesquelles pouvaient être définitivement
placées dans le domaine classé sous l'appellation de "
forêts classées"
En effet, elle maintient les réserves provisoires, zone
de protection ou l'abatage des okoumés est interdit, et introduit les
réserves d'enrichissements, créées sur proposition du
ministre des Eaux et Forêts, dans les parties de permis d'exploitation
forestière déjà parcourues par les coupes et mises en
réserve pour être enrichies en essences de valeur commerciale.
Mais la loi du 22 juillet ne les mentionne que brièvement. Elles
réapparaissent avec plus de vigueur dans le projet de code forestier,
comme moyen de gestion et d'aménagement de la forêt. Elles
appartiennent aux forêts domaniales productives enregistrées sous
le nom de "réserves forestières de production", ce ne sont donc
pas des forêts classées.
Ainsi, l'arrêté ou la décision
créant une réserve forestière ne fixait pas
généralement la durée de celle-ci. Le
procédé de la réserve forestière a récemment
été remis en vigueur par l'Arrêté du 15 avril 1993
portant mise en réserve de peuplements naturels d'okoumés, au
sud-est de l'Estuaire du Gabon, pour la mise en oeuvre d'un plan
d'aménagement. On a vu que le décret du 20 mai 1946 transformait,
sous conditions, les réserves forestières existantes en"
forêts classées", et qu'il prévoyait la création de
nouvelles forêts classées.
1.2.4. Les forêts classées
Après 1946, de nouvelles zones de forêts devaient
être classées pour être soustraites aux droits d'usage
coutumiers dans des régions peuplées ou les risques de
défrichements sont le plus élevés, ou pour faire un plan
d'aménagement pour les services chargées des forêts,
préalable à une exploitation future. Elles pouvaient
également constituer des périmètres de protection de
sources et de cours d'eaux, ou de sauvegarde du littoral.
En fait seul le décret de classement donne des
informations sur les restrictions d'usage prévues à
l'intérieur de la zone classée. C'est ainsi que le décret
du 17 octobre 1983 interdit les défrichements de toute nature, la chasse
et la pêche à l'intérieur de la forêt de la Mondah,
et que le décret du 10 janvier 1972 prévoit que la forêt
classée de la Haute Lébombi est soustraite à l'exercice du
droit de chasse et l'exercice du droit d'usage autres que le ramassage du bois
mort, la récolte des fruits et des plantes alimentaires et
médicinales.
Récit37(*) de Nguema Essono Jean-Baptiste38(*), sur la conception de
forêt classée.
« Si, la forêt du Cap-Estérias,
aujourd'hui est érigée en forêt classée, c'est
à cause de la forte exploitation forestière allant des
années 1932 vers 1975. Après cette première exploitation,
la première zone s'est retrouvée ruinée et les
autorités ont pensé reboiser pour que plus tard le
phénomène d'exploitation recommence. Avec la construction de
l'Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF) dans les environs, cette
forêt, sert non seulement aux expériences scientifiques des
étudiants en attendant que les essences reboisées atteignent les
dimensions réglementaires pour une nouvelle exploitation, mais aussi une
base d'entrainement pour les militaires.
Il est vrai, qu'au regard de tout cela, la vie des
villageois vivant dans les environs de cette forêt prend un coup. Ils ne
peuvent plus pratiquer leurs travaux agricoles normalement. Ils ne peuvent plus
se vêtir comme autrefois et ne peuvent plus se soigner avec les
éléments de la nature comme auparavant car le peu de terre qui
leur reste, non seulement ne suffit plus pour toute la démographie
galopante mais aussi elle est surexploitée au point que la production
agricole devienne faible pour toute la population. »
« Nous Agents des Eaux et Forêts sont
conscients que c'est le classement de la forêt de la Mondah qui est la
cause de nombreux problèmes entre administrateurs et les habitants des
villages environnent. Bien que nombreux de ses populations ont le regard
tourné vers la mer mais elles vivent au quotidien sur la terre
ferme. »
Je suppose que l'Etat, a pris une décision sage de
classer la forêt de la Mondah pour satisfaire les exploitations futures
et la curiosité expérimentale des chercheurs de l'E.N.E.F.Il faut
aussi savoir qu'elle est située proche de la ville, il lui fallait bien
une couver ture. Mais, il savait également que les zones tampons
laissées à la disposition des villageois n'allaient pas
satisfaire ces derniers avec une démographie galopante qui
nécessite une grande production et une grande
superficie. »
1.3. Implication des O.N.G
La participation de ces acteurs (organisations non
gouvernementales), n'est pas obligatoire, mais nécessaire à la
réussite des politiques de protection ou de classement des forêts.
En effet, ils peuvent jouer un rôle très important dan la
conservation et le développement de la biodiversité, la
sensibilisation et l'appui à la formulation et même au suivi des
éventuelles réclamations des populations.
La forêt représente une importante source de
richesses pour le développement socioéconomique du Gabon. Le
classement de celle-ci trouve sa raison dans la nécessité de
planifier le développement forestier d'une manière harmonieuse et
concordante en tenant compte des capacités réelles des ressources
en place. Il faut s'assurer que l'impact des activités humaines
actuelles ne provoque pas de dégradations catastrophiques des ressources
naturelles, afin que celle-ci soit transmise aux générations
futures. Il est donc question de rationaliser l'occupation des terres pour une
gestion équilibrée et durable.
Les objectifs d'une forêt classée peuvent
être de plusieurs ordres, comprenant la production, la protection, la
récréation ou des buts multiples englobant la production, la
protection de l'environnement et la conservation de la diversité
biologique du patrimoine national, en effet, la gestion d'une forêt
classée ne se fait pas au hasard. La loi prévoit que la
forêt du domaine national doit être dotée d'un plan
d'aménagement définissant les objectifs et règles de
gestion de cette forêt, ainsi que les moyens qui sont mis en oeuvre pour
atteindre ces objectifs, puis la proposition de droits d'usage qui resteront
accordés aux communautés locales. Ce plan d'aménagement
doit être régulièrement révisé et toute
activité qui sera menée dans la forêt classée devra
respecter les prescriptions du plan d'aménagement.
Récit39(*) n°15 - Assam Arsène40(*) sur Le
danger que courent les populations rurales et urbaines face il la destruction
de la forêt classée de la Mondah
1. Le problème de la forêt classée de
la Mondah c'est d'abord la proximité de Libreville. Si ce n'était
que les populations locales, la forêt serait gérée d'une
manière durable. Il y a aussi la pauvreté des populations rurales
et urbaines qu'il ne faut pas oublier. C'est ce qui pousse les gens vers la
forêt pour chercher de quoi vivre. Ces populations qui reviennent en
masse de Libreville sont les principaux pionniers, les destructeurs de cette
forêt. Il y en a qui vont chasser, d'autres des plantations pour ensuite
vendre les récoltes, avoir un peu d'argent, pour vivre sans oublier ceux
qui vont pour pécher et prendre les essences forestières en ce
qui concerne les nganga.
2. Pour le moment, il y a deux ONC qui interviennent dans
la forêt classée de la Mondah. Il y a le CRASNA T et le CADDE, le
WCS intervient mais il est plus présent dans les parcs et
réserves à l'intérieur du pays. Nous avons presque la
même politique, celle de la sauvegarde de cette forêt. Ce n'est pas
nous qui pouvons bloquer les projets de développement de l'État.
Mais il faut dire aussi que ces projets ne sont pas en conformité avec
leur loi. Celle qui interdit toute installation dans la zone classée. Je
ne suis pas la pour parler politique.
3. Mais, si cette forêt venait à
disparaître, nous courrons tous un grand danger. Sur le plan
écologique, on parle de changement climatique. Quand j'allais au Cap en
1988, il pleuvait tous les jours, même pendant la saison sèche.
Mais aujourd'hui, le manque de pluies, la chaleur on dirait que le soleil est
au dessus de nos têtes, tout cela provient de la de déforestation
de la forêt classée de la Mondah. Sur le plan économique,
si cette forêt venait a mourir, c'est une grande perte pour le Gabon, car
c'était l'une des premières forêts a faire des essais de
plantation d'Okoumés cela date de 1930.
4. Nous pouvons dire que les premiers déclassements
ont favorise l'entrée des populations dans la forêt, de même
que les autres déclassements. Le déclassement de 2004 par exemple
a déclassé près de deux mille hectares (2000 ha). La
conséquence s'est que, une fois on déclassé, les
populations s'installent sur la partie et les activités poussent plus
loin dans la forêt. Toute la partie Sud de la forêt est partie du
pont Avorbam jusqu'il la route Malibe 2, qui fait la limite actuelle de la
forêt classée de la Mondah.
5. Tout cela fait partie de notre mauvaise politique ou de
la mauvaise conservation des ressources naturelles et comme je le disais, c'est
une forêt qui n'a pas été aménage entant que tel. Il
y a des projets d'aménagements mais qui n'ont jamais vu le jour, ils
restent sur papier.
6. Il est difficile aujourd'hui de dire aux populations de
Libreville d'arrêter l'exploitation. Car même si l'État
pense que cela ne vaut plus la peine et qu'il n y a plus rien à sauver,
puisqu'il ne reste que 4930 ha sur la superficie classée au
départ (10 200 ha). Ce que nous voulons, c'est garder un noyau, qui sera
comme un parc urbain. Je le redis, nous ne pouvons pas arrêter les
projets de développement de l'État, mais nous voulons simplement
avoir un souvenir de ce patrimoine forestier. Car, dans cinq ans, si rien n'est
fait, cette forêt va complètement disparaitre.
Ce récit d'Assam Arsène nous entretient sur le
danger que courent les populations rurales et urbaines face el la destruction
de la forêt de la Mondah. Il commence par montrer combien d'ONG
intervient dans cette forêt et donne leur position face aux projets de
celui-ci. Le problème de cette forêt commence par son
approximité de la ville, puis la pauvreté qui est sans cesser
grandissante. Les populations sont obligées de se rabattent dans les
forêts les plus proche, notamment celle de la Mondah, d'où sa
surexploitation des ressources.
Les ONG et les politiques gouvernementales s'affrontent sur le
terrain, du fait que les ONG n'approuvent pas les politiques mis en place par
les autorités étatiques. Dans ce récit nous avons une fois
de plus l'hypothèse de pro-forêt (ONG) et d'anti-forêt
(autorité étatiques).
Récit41(*) n°16 - Allogho Eyi Clavers42(*), Sur la politique
de gestions durable de Biodiversité au Gabon
1-Nous pouvons dire qu' entre le parc et la forêt
classée, il n y a pas de différence entant que telle, mais se
sont les statuts qui différent. Un parc ne doit avoir aucune
activité, et a une surveillance intensive, par contre, une forêt
classée peut avoir un certain nombre d'activités qui sont
admises. Aussi, l'implantation de l'armée est très
bénéfique pour cette forêt, parce qu'il protège une
grande partie de la forêt. Eux, ils ne détruisent pas la
forêt, au contraire, ils ont besoin de celle-ci pour leur entrainement,
pas comme ceux qui ont des intensions dévastateurs tel que: les
agriculteurs, les exploitants du sable et du charbon, etc.
2- Aucune politique ne réussit mieux au Gabon. Car,
on crée un parc aujourd'hui, il suffit qu'on ait un intérêt
économique, on le case. C'est de même avec la forêt
classée. Nous avons le parc de Loango ou se font des recherches
pétrolières, la même chose avec le parc de l'Ivindo, donc
vous voyez qu'il n y a pas que la Mondah qui est en danger. La Lope, qui,
parfois les espèces fauniques font l'objet de chasse pour les
cérémonies de certaines personnes et ou les populations locales
sont souvent taxes de braconniers. Un parc est d'arbre général et
non personnel.
4- Comme je le disais, le problèmes, ce sont les
décideurs et leurs politiques qui sont il revoir, pour la bonne marche
des choses. Nous les ONG, nous ne pouvons pas décider. Se sont les
décideurs qui disent ce qu'ils entendent faire, et nous, nous posons
seulement les actes qui vont dans le sens de la conservation de la forêt.
Comme nous l'avons fait lorsqu'on s'est oppose au projet sur la forêt
classée de la Mondah. Nous nous sommes constitues en association avec
les autres ONG environnementales.
5- Nous avons montre les inconvénients, à
savoir que nous serons à la merci des vents marins et pourquoi pas
s'attendre à une catastrophe, comme dans les pays asiatiques. Il ne faut
pas oublier que même la mangrove est touchée par cette
exploitation, et la mangrove pour une zone côtière est d'une
grande protection et d'un grand apport. Le couvert végétal est
très important pour l'homme et le protège de beaucoup ils ne le
savent pas encore.
Dans ce récit M. Allogho nous a entretenus sur les
politiques de conservation au Gabon. Il commence en montrant l'importance de la
présence d'une base militaire dans la forêt de la Mondah, celle-ci
protège une partie de la forêt surtout celle qui entoure leur
camp. Puis, il va faire une différence entre un parc et une forêt
classée en partant du fait qu'ils ne sont vraiment pas aussi distinct
qu'on peut le croire sauf au niveau des statuts. Il poursuit en donnant des
explications sur la politique de conservation et leur manque de réussite
au Gabon. Il en sortira que le véritable problème sera les
décideurs et leur politique d'intérêt personnel qui soit
à l' origine de cet échec.
En continuant, il donnera la position des ONG face à
cela. Il ressort qu'ils sont impuissants face à ce
phénomène, mais qu'ils ne sont pas obligés de suivre. Il
termine en donnant l'importance que cette forêt à être a cet
endroit, une importance d'ordre général et donc national car,
s'il arrive une catastrophe a Libreville, c'est toute la nation qui est
touchée.
Ce récit nous renseigne beaucoup sur le comportement de
nos dirigeants. Il ressort que l'affaire des conservations ou de protection de
l'environnement n'est pas une affaire nationale (générale), mais
plutôt personnelle et que l'intérêt économique prime
sur l'intérêt politique.
Récit43(*) n°17 - Assam Séraphin44(*) Sur les ambitions
du GRASNAT45(*) sur
la Mondah
1. Notre organisation a été crée en
mars 1998, notre objectif est la sauvegarde des reliquats forestiers de la
forêt classée de la Mondah suite à la mise en place
d'aménagement de cette forêt qui prévoyait des prochains
aménagements d'un plan d'éducation et du tourisme. C'est ce plan
que l'ONG a récupéré pour l'éducation dans la
forêt classée de la Mondah. Au total, cinq sentiers d'environ 12
km ont été aménages.
2. Nous organisons depuis 1999 des sorties de classe
nature avec les élèves de Libreville ainsi que les adultes. On
peut dire que l'objectif principal est l'éducation en milieu forestier,
apprendre aux jeunes comment sauvegarder la forêt.
3. Pour l'instant, l'ONG travaille avec WCS sur un rapport
d'évolution qui se déroule dans la forêt classée de
la Mondah, suite à une mission effectuée en janvier - mars 2006.
A la suite, nous aurons pu identifier un projet, celui de mettre en place un
centre d'éducation en milieu forestier dans forêt classée
de la Mondah, ce projet verra le jour en janvier 200B.
4. Un centre d'interprétation de la forêt,
pas avec des investissements lourds. Une salle avec des projecteurs, des
hangars ou les gens pourront s'abriter, des pistes et des parcelles
d'observation de la canopée, avec comme but la sauvegarde car, nous
allons intégrer ce centre dans la forêt.
Ce récit de M. Assam Séraphin comprend quatre
paragraphes. Dans le premier, l'interlocuteur nous situe selon la date de
création de l'ONG et nous donne les principaux objectifs de celui-ci. Il
poursuit dans le deuxième paragraphe avec les différentes
réalisations sur le terrain. Un peu plus loin dans le troisième
paragraphe, il parlera de leur collaborateur actuel et leur politique. Enfin,
il fini avec des explications concernant leur future réalisation dans la
forêt de la Mondah.
Ce corpus est particulièrement important pour nous car,
vu la pression humaine qui s'abat sur la Mondah, il y a un peu d'espoir de
sauvegarder quelques espèces que nos générations futures
pourront peut être pas en bénéficier, mais voir. Il est
aussi important en ce sens qu'il ressort que l'investissement de 1 `ONG ne sera
pas nuisible pour la forêt, mais peut être un parc d'attraction
touristique, et un lieu ou les gens pourront apprendre à respecter la
nature (forêt), qui nous protège.
Section 2 : Législation des ressources
halieutiques et fauniques
2-1. Ressources halieutiques
Les ressources halieutiques sont réparties en quatre
unités ou zones de gestion, chacune ayant des lois et règlements
spécifiques d'exploitation. Ainsi, la première zone qui couvre
les eaux continentales jusqu'aux embouchures, est réservée aux
pêcheurs gabonais se livrant à la pêche artisanale. Les
autres zones, caractérisées par leur distance respective par
rapport à la côte, s'ouvrent à d'autres utilisateurs. C'est
le cas de la quatrième zone, située au delà de six mille
marins, qui est réservée à tout Gabonais et
expatrié désireux de pratiquer la pêche industrielle.
De façon globale, à l'exception de la
pêche coutumière et de la pêche scientifique, nul ne peut se
livrer à une activité de pêche dans les eaux gabonaises
sans autorisation préalable de l'administration compétente. De la
même façon, nul ne peut importer ou exporter des produits
aquatiques sans certificat d'origine signé par les autorités
compétentes. Sont également interdits toute pratique et tout
instrument de pêche ayant un effet dévastateur sur la faune
halieutique (explosifs, filets mono filaments, drogues etc.). Afin de mieux
gérer et conserver la faune et la flore aquatique, la création de
réserves demeure de mise.
Récit46(*) n°18 en benga de Bolingo
Jean47(*).Sur
les ressources halieutiques
odibawango, tina hue ediake, kabelo, mia manga oviameke,
momo wuepi wua benga a hue y yobo andiwa me pago, omboka, na betoko. tina te di
ya hukue baba ya kuakidi de hue yobo. ogombo teyene hudiaka name tores.
|
Nous sommes des peuples côtiers et nous ne vivons que
des produits et des aliments prélevés en mer. La vie en mer est
notre première activité, nous pêchons depuis notre jeune
âge, un homme qui ne maîtrise pas la pêche en mer a tous les
problèmes d'insertion dans notre communauté. Il va de ce fait
avoir des problèmes pour stabiliser son ménage. C'est pour nos
parents d'autrefois nous initiaient le plus tôt possible à
l'activité de la pêche. A cette époque on n'avait pas
besoin des pirogues à moteurs comme aujourd'hui qui permettent de faire
de longues distances pour choisir des sites les plus fructueux en poissons
laissant les bordures de la plage aux jeunes qui apprennent à
pêcher
|
obua, hua wua y o lope ovala kayabo bo. nana mekabo medi,
na y banga dja me tunda. lobotelone lodiadi bedia ka beite opele y a y valako
yobo ovone ovekendime tunda di daga tene, babonga bavenke me tunda
|
Aujourd'hui le nouveau découpage administratif des eaux
de mer, nous nous trouvons dans une nouvelle configuration qui voudrait que les
villageois que nous sommes ne puissent pas dépasser une certaine
distance de pêche. D'après ce que les agents des Eaux et
Forêt nous disent que notre pêche couvre la première zone
qui va des eaux continentales jusqu'à l'embouchure on a pas droit de
dépasser ses limites de peur d'être verbalisé d'une amende.
Comme vous pouvez le comprendre, ses indiquer sont celles qui n'ont plus assez
de poissons aujourd'hui. Maintenant, pour accéder dans la zone ou il y a
beaucoup de poissons; il faut payer des taxes, ce qui n'est pas possible pour
nous autre villageois.
|
2.2. La ressource faunique
Au titre de la gestion des ressources fauniques, on distingue
deux grandes catégories de zones d'exploitation. La première
concerne les aires d'exploitation rationnelle situées au sein des
forêts domaniales classées alors que la seconde touche les aires
d'exploitation non protégées. A l'intérieur des aires
d'exploitation rationnelle de faune (parcs nationaux, jardins zoologiques,
réserves intégrales de faune, sanctuaires de faune, etc....), la
chasse, sous toutes ses formes est proscrite, au même titre que la
création des villages, des campements, les usages coutumiers, les
manoeuvres militaires, etc.
Dans les aires d'exploitation non protégées, la
chasse et les usages coutumiers sont autorisés en autant qu'ils se
conforment à certains règlements. Ainsi, l'exercice de la chasse
moderne requiert un permis de chasse délivré sur
présentation d'un permis de port d'arme. Ce type de chasse interdit
toute pratique et utilisation d'engin ne permettant pas la conservation et le
renouvellement des espèces animales. S'agissant de la chasse
traditionnelle au moyen d'armes de fabrication locale, elle est
autorisée uniquement pour des animaux non protégés.
De façon globale, la commercialisation, la
détention et la circulation d'animaux sauvages vivants, de
dépouilles et des trophées sont interdites au Gabon. Ce
Récit48(*)
n°19 nous a été livré par Mbereno
Michel49(*).Sur la commercialisation du
gibie.r
mambo dja hu obeudjo oka hue dja kepe tito na djo diabato,
ma fosterias. bayeneke na tito te diney nagudi epumake ohiteyene edjadi himbo
yene na y via kadja bedja, odina pahua ehea ke djo. ohuombo, mua hu odiani di
ma lambo opele ya buea dja tito y bi.
|
Ici dans nos villages du Cap, nous ne pratiquons plus la
chassée comme par le passé. Depuis que la forêt
classée existe. on a plus droit de manger de la viande brousse. De peu
qu'on te voit avec un animal de brousse, les agents des Eaux et Forêts
viennent arracher en prétextant qu'il a été tué
dans la forêt classée. Ne peuvent-ils pas imaginer un seul instant
que les animaux peuvent sortir de la forêt classée pour des zones
tampons dans lesquelles nous plantons tubercules. Nous avons le droit de
protéger nos plantations contre les animaux.
|
y la wuaki adi y nuna wuadiape toto, dja hiki, kabo, ba
toto vakie ovia, opombue, na mbudji bu na madjiali djatine ya ba forestier eha
himbadibo, nikena, bodi bahueyake tito dia ehi te y ene.
|
La seule chasse que nous effectuons actuellement est la
pratique cynégétique qui consiste à poser des
pièges tout autour de nos plantations afin d'éviter que nos
produits agricoles soient à la portée des animaux sauvages. je
peux vous dire franchement que, nous qui habitons le Cap nous ne chassons plus,
il n'y a que les hommes revenant de la ville qui font soit pour la chasse aux
chiens ou la chasse aux fusils. Ce qui est curieux, c'est que les agents des
Eaux et Forêts ne leurs font pas un contrôle strict comme ils le
font pour nous, pourtant se sont eux qui font le braconnage des animaux
protégés.
|
2-3.Le fermage
Le fermage c'est (La Sous-traitance des concessions
forestières)une pratique par laquelle le propriétaire d'un permis
qui n'est pas en mesure d'exploiter, ou qui ne peu le faire, cède des
droits à une tierce partie, en échange du versement d'une rente.
Cette pratique est préjudiciable à une gestion forestière
durable car elle encourage une mentalité de rentier et la passation
d'accords incertains à court terme. Le fermage est largement pratique en
raison de deux lacunes du droit gabonais. L'article 20 de la loi 1/82 stipulait
que toute personne souhaitant se lancer dans l'exploitation forestière
doit obtenir l'agrément du Ministère des Eaux et Forêts.
L'article 21, quant à elle disait que « les
permis d'exploitation et les autorisations d'exploiter sont strictement
personnels » et ne peuvent attribués que par le
Ministère des Eaux et Forêts. Ces deux articles clés font
allusions à des décrets d'application ultérieurs relatifs
aux démarches pour obtenir l'agrément et les autorisations
nécessaires. Toutefois, ces décrets n'ont jamais
été rédigés, ce qui a donné lieu à
diverses interprétations de loi et à une prolifération
d'accords de fermage. Beaucoup s'accordent à dire que le fermage est
illégal, même s'il est largement tolère. Cette pratique est
largement répandue dans la zone 1 mais elle devient également
fréquente dans la zone 2.
Récit50(*) n°20 Lekouma Brice51(*).Sur la pratique
du fermage
ehiki eyove mete odinapahua ehambakiide, yo. namo totemato
aveko ve dole y te,elombo, edi ovela bato buambako edi elombe eyamu, ombanka,
nana ohobena manda ma beha no, obe le ya idia dia buamu, batoba forestier
badikaka hue, eganbe; ya ehia hu mete.
|
Le fermage est une pratique qui consiste à
concéder son permis d'exploitation à quelqu'un d'autre plus nanti
financièrement qui en retour vous donne de l'argent liquide. Cette
pratique est pour nous les locaux, le seul moyen de se faire de l'argent
étant donné qu'ici au village nous ne disposons pas des
sociétés pour avoir un emploi, pour le bien vivre. seulement les
agents des Eaux et Forêts ne nous laissent pas la liberté totale
de jouir de notre patrimoine forestier
|
opuwa uviedi, y duanaki, na mepako. nabato ba forestier
nana y hambakidedi,ehiame, namo adjan djake ehiki, bavekiba utunda, bomete
bapangakie, bavahadi; odjabone buamu buamu bemuahiki bahayehue elombo opele y a
beno bia hu y neni meto oyene nanga ma dja ma dja djongo liango goveni abena
koko nohue tombe hue me to ova hake ova ha elondo ope ya mboka ho.
|
L'année dernière j'ai eu de sérieux
problème avec la Ministère des Eaux et Forêts pour avoir
concédé mon permis à un exploitant forestier. Cela m'a
valu une amende. parce que les autorités administratives veulent seul
bénéficier es revenus de nos forêts sans que nous n'ayons
rien et sans qu'il n'aménage nos conditions de d'existences qui restent
toujours précaires. Vous même, vous pouvez voir comment nos routes
sont défectueuses. L'Etat n'a aucun souci pour nous, même lorsque
nous voulons nous-même faire quelque chose qui reste profitable à
nous et à toute la communauté.
|
Quatrième partie.
Relation conflictuelles et constats
Chapitre VII
Relations conflictuelles
Il faut noter que, la forêt classée de la Mondah,
en marge d'être la mère nourricière des populations qui
l'exploitent, elle est au centre du conflit qui opposent ces populations aux
agents de l'Etat (Eaux et Forêts, membres du gouvernement, soldats
français, des O.N.G. et d'autres exploitants). Ainsi, dans la
première section nous aurons les raisons de cette inadéquation,
puis par la suite nous verrons les constats faites sur le terrain.
Section 1 les pratiques en vigueur
1.1. Inadéquation des conceptions
Les activités dans la Mondah ne sont pas sans
conséquences. Dans ce chapitre nous allons parler des impactes de ces
activités sur le milieu. Nous verrons premièrement les
conséquences des politiques de classements au niveau social, ensuite le
contraste qu'il y a entre la politique environnementale et la forêt
classée de la Mondah. Enfin, les effets des activités entropiques
sur la forêt. Les conséquences sociales des politiques de
classement. Ce sont tous ces facteurs qui concourent à des relations
conflictuelles, entre les populations, l'Etat, et la forêt de la
Mondah.
La forêt gabonaise est à l'évidence
soumise à une destruction d'avantage corrélée aux indices
qui naissent avec le phénomène urbain d'une part, d'autre part,
une autre corrélation existe avec l'économie moderne;
l'économie forestière comme la nouvelle économie agricole
peuvent ne pas mobiliser une forte population et affecter pourtant
profondément la forêt.
À défaut de surpopulation, l'exploitation
intensive de la forêt, favorisée par les progrès techniques
peut entraîner une déforestation massive. Depuis que la
problématique de l'environnement est à jour, nombreux sont ceux
qui ont pris conscience de la gravité de cette situation, en se
référant à la zone côtière, notamment la
forêt de la Mondah qui a subit l'exploitation forestière sur
plusieurs vagues, aujourd'hui presque appauvrie. Cet état de choses a
des conséquences non seulement sur la forêt elle-même, mais
également sur les populations qu'en dépendent. Car, le
bien-être de ces autochtones en dépend.
Les facteurs socio-économiques utilisés en
milieu rural sont dépendants des modes de production assortis au
degré de développement de ces populations et de l'attachement a
leurs traditions ancestrales. Au cours de nos investigations dans la
forêt de la Mondah, nous avons remarqué que la création des
forêts classées peut par moment perturber l'organisation
socio-économique des populations qui y vivent, sans pour autant apporter
des solutions durable.
Par conséquent, les politiques actuelles de
conservation de la forêt mettent en péril l'avenir des populations
locales. Elles apportent des besoins nouveaux dans leurs soucis de
développement et désorganisent les structures sociales
existantes.
Sans exagérer, elles sont à l' origine de
l'augmentation du niveau de vie et le changement des habitudes alimentaires des
paysans dont la survie dépendait entièrement des produits locaux,
désormais classés. Ayant découvert certains aspects de la
société moderne, elle va au devant de la satisfaction de ces
nouveaux besoins, malgré leur coût élevé. Ces
besoins sont également superflus.
De tout temps, les produits de la forêt ont joué
un rôle primordial dans la santé et l'alimentation des habitants.
La forêt satisfait à leurs besoins de subsistance (le logement,
les outils, les aliments). Pour les populations (locales et urbaines), les
forêts riveraines sont une assurance, plutôt qu'une source
régulière de revenus. Étant au départ pauvre et
assurant l'autosuffisance alimentaire grâce aux ressources
forestières, son classement sans tenir compte des besoins et des
opinions des populations, ne fait qu'accentuer leur état de
pauvreté entraînant avec elle des divisions sociales. Nous avons
alors pu observer qu'ils sont de plus en plus confrontés à
l'exiguïté de l'espace agraire. Un bosquet dans lequel ces femmes
ont mis une plantation deux années de suite voire même trois ans,
qui a perdu ses grands arbres, se transforme en savane. Cette
conséquence explique le rapprochement des champs près des
villages.
1.1.1. Politiques environnementales et la FCM : un
rapport contrasté
L'aspect juridique et institutionnel en vigueur. En effet, le
statut juridique a été soumis à une rude épreuve
par le gouvernement jusqu'en 1980. Le décret n°01403/PRlMEFCR du 17
mars 1983, portant annulation des arrêtés n0956/PR du 4 août
1977 et n0692/PR du 24 mars 1980 n'ont pas atténués les
dégâts causés à la forêt classée de la
Mondah. Car aucune application de ces textes ne sera faite, c'est le cas
notamment des articles 2, 3, 4, 5 et 6 dudit décret prohibant et
sanctionnant tout acte, tel que: les défrichements de toute nature;
l'implantation des cases, de campements, de villages, de routes et de piste;
les constructions de toute nature; les manoeuvres militaires; la chasse; la
pèche et l'empoisonnement des rivières; l'exploitation sans titre
des productions forestières de toute nature.
Aussi, le non application de ces articles est lourd de
conséquence, selon le constat désolant que nous avons fait dans
cette forêt. La brigade des eaux et forêts a pour but
spécifique de préserver la forêt de la Mondah de toute
activité susceptible de dégrader le milieu. Cependant, pour
répondre pleinement à son rôle, de gardien de ce sanctuaire
naturel, ne dispose que d'une dizaine d'agent et de deux véhicules, soit
un agent pour 797,5 ha de forêt à surveiller. Cet état de
fait n'est pas propice à une surveillance efficace de la forêt de
la Mondah.
La configuration au fil des années de la forêt
classée de la Mondah change au vue de l'accroissement du nombre
d'intervenants et, aussi par rapport à l'extension de l'espace soumis
aux activités agricoles, les terres sont surexploitées, la
production diminue et le temps de jachères aussi. Compte tenu des
dispositions légales devant régir l'utilisation des terres, la
brigade des eaux et forêts devait s'atteler a faire appliquer la
réglementation dans l'usage des ressources naturelles dans la
forêt classée de la Mondah.
L'exploitation par exemple du palmier a huile, pour la
fabrication du vin de palme, prend une telle ampleur que l'équilibre
écosystémique est menacé. Car la pénétration
des hommes dans les sites internes de la forêt classée de la
Mondah, favorise l'ouverture de pistes et le déséquilibre
écologique à la suite de la destruction de cette espèce
(palmier a huile).
A ceux-ci, s'ajoutent les incidences de l'exploitation des
carrières de sables et charbon. L'emprise de l'exploitation des
sablières sur le milieu forestier de la Mondah est désastreuse,
nous avons pu observer une destruction de la forêt. Une analyse des
photographies des différentes étapes sur le terrain nous a permis
de constater et d'apprécier l'ampleur des dégâts subis par
le milieu.
Il s'avère que le présent bilan repose sur un
double point de vue, à savoir les aspects quantitatifs et qualitatifs.
Du point de vue quantitatif, la surface de la forêt détruite par
l'exploitation des sablières n'a cessé de croître. Constat
fait depuis 1999 par Makanga Moussavou L. B. et qui est réel
aujourd'hui, on distingue deux périodes: une période de relatives
destructions qui va de 1955 a 1973, et une période de forte destruction
de la forêt allant 1973 il nos jours. Les sablières autant que les
défrichements et le charbon participent grandement il la
déstabilisation de la forêt de la Mondah. Sur le plan qualitatif,
la destruction dense a cédé la place à la forêt
claire et fortement dégradée, à des savanes et à
des sols nus, qui étaient faiblement représentés dans les
années 50 et 60 et qui sont devenus courant après les
années 70.
Aussi, un prélèvement important de bois mort
pour le chauffage et l'abattage des arbres pour la fabrication du charbon, est
de nature à créer un déséquilibre écologique
dans la forêt classée de la Mondah, par l'aridité des sols
qui s'en suit. Car le bois mort a pour rôle principal de
régénérer l'équilibre écologique, par sa
transformation en humus et les arbres servent de couverture pour les vents
marins.
En outre, l'implantation du camp militaire dans cette
forêt a un impact non négligeable à long terme sur cette
dernière. Il n'est pas évident (possible) d'entrer en possession
des munitions utilisées, ni du type de manoeuvres qui s'y
déroulent. Il est également possible de faire un état sur
les rejets en présence, tels que les emballages vides non
biodégradables trouvé. En dépit du statut juridique de la
forêt classée de la Mondah, interdisant toute manoeuvre. La
présence de ce camp militaire suscite donc de nombreuses interrogations
et devient à terme un puissant agent de dégradations des
ressources de la forêt classée de la Mondah sur ce
périmètre.
Enfin, la législation est insuffisante quand il s'agit
de combattre l'abattage illégal. D'autre part, les normes de protection
sont faiblement appliquées par un gouvernement qui fait preuve de
carences en moyens financiers, et en ressources humaines et logistiques. Par
exemple, la loi forestière établit que les forêts
classées doivent être soumises à un plan de gestion, mais
les formalités et les réglementations de ces plans n'ont pas
encore été définies.
Récit52(*) n°21 Nvoula Clément53(*) sur les
différents sur la Mondah.
1- « Nous sommes conscients que la
forêt classée est la cause de nombreux problèmes entre
administration et les habitants des villages du Cap-Estérias, bien que
nombreux de ses populations environnantes ont le regard tourné vers la
mer mais leur vie quotidienne est plus en forêt. La chasse, la
pêche, les plantations leurs permet de couvrirent leurs besoins
alimentaires et financiers.»
2- « J'estime que l'Etat, après
avoir évalué l'importance des cultures des populations rurales en
général et celles du Cap-Estérias en particulier a pris
une décision sage de classer cette forêt de la Mondah pour
satisfaire les exploitations futures et la curiosité
expérimentale des chercheurs de l'E.N.E.F. Mais, il savait
également que les zones tampons laissées à la disposition
des villageois n'allaient pas satisfaire ces derniers avec une
démographie galopante qui nécessite une grande production et une
grande superficie. »
Ici les Agents des Eaux et Forêt sont conscients des
problèmes qui existent entre les populations locales et l'Etat à
travers leur canal. La décision prise par l'Etat sur le classement de la
forêt de la Mondah n'est autre que la gestion durable de
l'écosystème forestier, qui ne peut se faire sans
conséquences sur les populations environnante.
1.2. Inadéquation des politiques
étatique et les besoins réels des populations
1.2.1. Projet étatique sur la
Mondah
Le site retenu pour le projet intégré dans la
zone dite classée: « la forêt classée de la Mondah
». La baie de la Mondah est une zone humide côtière du
nord-ouest du Gabon, dont de larges parties ont été incluses
août 2002 dans le parc national d'Akanda. La baie de la Mondah est un
véritable domaine estuarien qui comprend 53.720 ha de superficie. Elle
s'étend sur une profondeur nord-sud d'environ 40 km et une largeur
est-ouest de 25 km. Elle forme la partie méridionale de la baie de
Corisco.
Sur le plan international, ce site constitue un
échantillon important de l'écorégion des mangroves
d'Afrique centrale. Le rôle de la mangrove dans la suivie des
espèces est très important. Les grandes racines échasses
des palétuviers constituent des nurseries idéales pour les
poissons. La petite faune participe activement à la décomposition
des matières organiques et est à son tour consommée par
les crabes, les crevettes et les poissons.
D'autre part, elle capte d'énormes quantités de
sédiments qui auraient tapissées le fonds des océans. Elle
stabilise les côtes et les protèges des tempêtes et
érosions. Les mangroves sont encore considérées à
tort comme des espaces perdus, insalubres et n'appartenant à personne.
Pourtant, des millions de personnes vivent directement, souvent sans même
le savoir.
D'autre part, elle capte d'énormes quantités de
sédiments qui auraient tapissées le fonds des océans. Elle
stabilise les côtes et les protèges des tempêtes et
érosions. Les mangroves sont encore considérées à
tort comme des espaces perdus, insalubres et n'appartenant à personne.
Pourtant, des millions de personnes vivent directement, souvent sans même
le savoir, de ses ressources. La baie de la Mondah est particulière, du
fait de la présence de nombreuses espèces, des structures peu
communes dans les mangroves d'Afrique centrale.
Sur le plan zoologique, ce site représente une station
de migration et d'hivernage d'importance internationale pour les limicoles
d'origine paléarctique. D'après Jean Pierre Vande Weghe (Wildlife
Conservation Society), la baie de la Mondah abrite environ 60% des limicoles
hivernants au Gabon (30.000-35.000). La baie de la Mondah est par ailleurs
aussi importante pour les populations gabonaises de la sterne naine, le
bec-en-ciseaux d'Afrique et la grande aigrette qui nichent en saison
sèche sur le Bas-Ogooué. Les concentrations des becsen-ciseaux
observés dans la baie de la Mondah sont les plus importantes d'Afrique.
Cette baie renferme aussi des échantillons importants de forêts
côtières très humides.
Sur le plan morphologique, on a affaire à une plaine
située dans une zone d'atterrissage sédimentaire: les zones
alluviales (ou se déposent les sédiments issus des transports par
les rivières). Ici, c'est la Ntsini qui est le principal
émissaire hydraulique alimentant le bassin de la rive gauche de
l'Estuaire de la Mondah.
Par ailleurs, le secteur allant de Avorbam jusqu'au village
Bollokoboué (en passant par Marseille I et II, Malibé I et II)
sont des zones marécageuses. L'omniprésence de l'eau dans ce
secteur est liée aux nappes phréatiques qui affleurent sur
l'ensemble du milieu. La capacité d'absorption de ces terrains est aussi
rendue difficile par l'abondance des nappes d'eaux, et la teneur en argile est
relativement plus importante en profondeur qu'en surface où les sables
sont plus importants. Cette situation rend difficile le drainage des eaux de
ruissellement, avec une pente quasi nulle, favorisant ainsi la formation d'une
chapelle de zones humides.
1.2.3. Réalités sur le site
Le statut juridique de la Mondah été soumis
à une rude épreuve par le gouvernement jusqu'en 1980. Mais,
aucune application de ces textes ne sera faite, c'est le cas notamment des
articles 2, 3, 4,5 et 6 du dit décret prohibant et sanctionnant tout
acte, tel que:
-Les défrichements de toute nature, l'implantation de
cases, de campements, de villages, de routes et de pistes, l'exploitation sans
titre de produits forestiers de toute nature...
De déclassement en déclassement, la forêt
dite classée de la Mondah cessera d'exister, si tous les projets retenus
sur ce site (à savoir le nouvel aéroport de Libreville, la
bretelle du chemin de fer Ntoum-Santa Clara et le port en eau profonde de Santa
Clara) venaient à se réaliser. En effet, le projet du nouvel
aéroport de Libreville à Malibé 2, la bretelle de chemin
de fer Ntoum-Santa Clara et le futur port en eau profonde de Santa Clara ont un
dénominateur commun, la destruction de la forêt classée de
la Mondah, un cadre laboratoire pour les étudiants de l'E.N.E.F., une
école à vocation sous régionale dont la réputation
n'est plus à démontrer et un véritable poumon des
populations de Libreville.
Aussi, la forêt du Cap constitue un bouclier naturel
contre les agressions des vents marins sur les populations de Libreville. Elle
participe à atténuer l'effet de serre. Cette unique forêt
à la périphérie de Libreville constitue un trésor
pour le tourisme de proximité avec le circuit de la parcelle du
conservateur, la forêt sacrée du Cap ou les communautés
Mpongwé, Fang, Benga et autres exercent leurs rites spirituels
traditionnels. Elle constitue un véritable sanctuaire pour ces
populations.
1.2.4. La lecture des activités anthropiques
sur la forêt
Au Gabon, la pression faite sur la forêt est
généralement l'oeuvre des personnes qui vivent dans les centres
urbains et dont la perception de la forêt est quelque peu entamée
par la réalité urbaine. Le rapport à la forêt est
définit par des raisons économiques, nutritionnelles et
médicales uniquement. Il s'établit alors une perception
mitigée de la forêt, par les habitants d'une même aire
culturelle, selon qu'on s'adresse à un rural ou à un habitant du
périphérique urbain.
Par ailleurs, l'appât du gain est à
considérer parmi les effets destructeurs de la forêt. Les
populations rurales, qui vivent plus des produits de la forêt que de leur
pouvoir d'achat, maîtrisent mal les besoins nés de
"l'économie mercantile". Autour et dans les exploitations
forestières, elles remettent en cause les règles
élémentaires de protection de la forêt, au profit du gain
monétaire. L'introduction des éléments modernes, souvent
mal connus des populations rurales est autant une source de
développement que d'appauvrissement des forêts. Elle le devient
à partir du moment où l'homme fonde son raisonnement sur la
satisfaction de ses nouveaux besoins.
La forêt de la Mondah subit de menaces de plus en plus
graves à cause de l'exploitation des ressources forestières,
auxquels s'ajoutent les techniques agricoles traditionnelles (brulis) et
modernes (effet de labour). Le couvert forestier régresse et par endroit
apparaissent des formations végétales de type savanicole. Les
activités humaines induisent des perturbations et des changements
climatiques qui portent atteinte à la biodiversité.
En effet, les méfaits de l'agriculture et la pression
urbaine sont plus que visible dans la forêt classée de la Mondah.
En nous basant sur l'évolution diachronique de la forêt
classée de la Mondah, nous remarquons d'emblée que cette
dernière a connu de grandes mutations. Depuis 1967, la forêt
classée de la Mondah couvre une aire de 7975 ha, selon les textes en
vigueur, mais de manière concrète, cette étendue s'est
fortement régressée dû à la vue de l'impact des
différentes activités humaines. L'agriculture traditionnelle sur
brulis s'est accrue ces dernières années, pour répondre
aux besoins alimentaires de Libreville, qui connaît une augmentation de
sa population (1970, 77.000 habitants, 1985 : 246.000 habitants et 1999 :
496.000 habitants). Cette situation a crée une nouvelle configuration de
cette forêt, liée à une forte dégradation du
milieu.
Les activités agricoles pratiquées par les
populations aussi bien des villages que celles de Libreville, participent
à la dégradation de la forêt à travers les
défrichements et l'altération des sols. Non seulement ces
activités agricoles ont une part importante dans le développement
économique, mais il faut tout de même dire que le prix à
payer dans le contexte environnemental est aussi lourd de conséquences
à long terme.
La configuration au fil des années de la forêt
classée de la Mondah change au vue de l'accroissement du nombre
d'intervenants et, aussi par rapport a l'extension de l'espace soumis aux
activités agricoles, les terres sont surexploitées, la production
diminue et le temps de jachères aussi. Compte tenu des dispositions
légales devant régir l'utilisation des terres, la brigade des
eaux et forets devait s'atteler a faire appliquer la réglementation dans
l'usage des ressources naturelles dans la forêt classée de la
Mondah.
L'exploitation par exemple du palmier a huile, pour la
fabrication du vin de palme, prend une telle ampleur que l'équilibre
écosystémique est menacé. Car la pénétration
des hommes dans les sites internes de la forêt classée de la
Mondah, favorise l'ouverture de pistes et le déséquilibre
écologique à la suite de la destruction de cette espèce
(palmier a huile).
A ceux-ci, s'ajoutent les incidences de l'exploitation des
carrières de sables et charbon. L'emprise de l'exploitation des
sablières sur le milieu forestier de la Mondah est désastreuse,
nous avons pu observer une destruction de la forêt. Une analyse des
photographies des différentes étapes sur le terrain nous a permis
de constater et d'apprécier l'ampleur des dégâts subis par
le milieu.
Il s'avère que le présent bilan repose sur un
double point de vue, à savoir les aspects quantitatifs et qualitatifs.
Du point de vue quantitatif, la surface de la forêt détruite par
l'exploitation des sablières n'a cessé de croître. Constat
fait depuis 1999 par Makanga Moussavou L.B. et qui est réel aujourd'hui,
on distingue deux périodes: une période de relatives destructions
qui va de 1955 à 1973, et une période de forte destruction de la
forêt .Allant 1973 a nos jours. Les sablières autant que les
défrichements et le charbon participent grandement à la
déstabilisation de la forêt de la Mondah. Sur le plan qualitatif,
la forêt dense a cédé la place a la forêt claire et
fortement dégradée, a des savanes et a des sols nus, qui
étaient faiblement représentés dans les années 50
et 60 et qui sont devenus courant après les années 70.
Aussi, un prélèvement important de bois mort
pour le chauffage et l'abattage des arbres pour la fabrication du charbon, est
de nature à créer un déséquilibre écologique
dans la foret classée de la Mondah, par l'aridité des sols qui
s'en suit. Car le bois mort a pour rôle principal de
régénérer l'équilibre écologique, par sa
transformation en humus et les arbres servent de couverture pour les vents
marins.
En outre, l'implantation du camp militaire dans cette
forêt a un impact non négligeable long terme sur cette
dernière. Il n'est pas évident (possible) d'entrer en possession
des munitions utilisées, ni du type de manoeuvres qui s'y
déroulent. Il est également possible de faire un état sur
les rejets en présence, tels que les emballages vides non
biodégradables trouvé. En dépit du statut juridique de la
forêt classée de la Mondah, interdisant toute manoeuvre. La
présence de ce camp militaire suscite donc de nombreuses interrogations
et devient à terme un puissant agent de dégradations des
ressources de la forêt classée de la Mondah sur ce
périmètre.
Enfin, la législation est insuffisante quand il s'agit
de combattre l'abattage illégal. D'autre part, les normes de protection
sont faiblement appliquées par un gouvernement qui fait preuve de
carences en moyens financiers, et en ressources humaines et logistiques. Par
exemple, la loi forestière établit que les forêts
classées doivent être soumises à un plan de gestion, mais
les formalités et les réglementations de ces plans n'ont pas
encore été définies54(*).
1.3. Conflit Etat / ONG
L'évolution juridique tient au
contexte mondial de développement durable imposé à la fois
par les ONG environnementales, les gouvernements et les bailleurs de fonds. Les
ONGs constituent des moyens de pression puissants qui installent leur force
coercitive à l'intérieur des gouvernements et des bailleurs de
fonds. Les Etats qui n'ont que la forêt et l'environnement comme richesse
ont tout intérêt à en faire des alliés.
Récit55(*) n°22 - Allogho Obame Constané56(*) sur le
refus du projet gouvernemental par l'ONG CADDE57(*)65
1- Notre ONG à plus de dix (la) ans et nous sommes
une ONG nationale et non internationale. Je suis allé plusieurs fois
dans la forêt de la Mondah, c'est l'une des forêts qui est au
centre de nos préoccupations, car elle est très importante pour
les populations. Mais elle connait un véritable assaut d'exploitation
par les populations.
2- Nous avons opte pour
l'éducation liée a l'environnement par les enfants. Faire
connaitre la forêt, la faire découvrir pour mieux la
protéger auprès des enfants. Nous faisons des excursions avec eux
dans la Mondah. Ce qu'il faut, c'est une éducation à l' envers.
Éduquer les adultes par les enfants. Pour nous c'est une politique
durable vu que se sont les enfants qui sont l'avenir d'un pays et pour mieux
préserver la forêt, il faut leurs faire connaitre ce trésor
pour qu'ils éprouvent de l'amour aussi qu'il n'est pas cet esprit
dévastateur. À part les enfants, faire connaitre cette
forêt à d'autres personnes et sensibiliser les autorités
sur l'importance de la préserver.
3- Géographiquement, la zone est bien, parce que
ça fait beau lorsque l'aéroport est construit a cote de la mer.
Mais du fait de l'importance de cette forêt dans notre vie a tous, on se
dit que ce n'est pas opportun et en plus il y a la proximité du parc
d'Akanda, qui a la long sera en danger ou encore détruit. Aussi, le port
minéralier de Santa Clara amènera la construction d'un bras de
chemin de fer, mais la route est nettement mieux et bénéfique
pour les villages et les habitants, parce qu'elle passe devant les maisons, ce
n'est pas comme le chemin de fer qui passe derrière les maisons
(villages). Voila pourquoi on s'est oppose au projet du gouvernement sur ce
lieu, ce ne sont pas des terres qui manquent.
4- Si le sol est devenu pauvre, c'est parce qu'il est
surexploite et ils font une chasse désordonnée et abusive. Il y a
une franche de la population qui a des problèmes, c'est celle de
Libreville. Ils n'arrivent pas a vivre avec les réalités de la
ville, si bien que plus de la majorité des plantations qu'on trouve dans
cette forêt appartiennent aux gens de Libreville, il n'y a qu'aller un
week-end vous verrez. Tout cela porte préjudice aux plantations rurales.
Quand on se comporte en ville comme si on errait au village, c'est ça le
drame et la majorité des Librevillois se comportent ainsi. Ce qu'il faut
c'est sensibiliser toutes les couches sociales et même les populations
rurales.
5- Nous pouvons dire que c'est le gouvernement le premier
responsable de cette affaire, du moment ou il ne respecte pas leur loi et
déclasse la forêt quand ça leur enchante, cela favorisant
la pénétration des activités et le non respect des
limites. On envisage créer un parc qui permettra de sensibiliser les
gens qui décident pour cette forêt la : le parc national Raponda
Walker. Est-ce que ça va marcher, est-ce que ça ne va pas marche,
je ne peux vous le certifier.
Ce récit d'Allogho Obame Constant du 3 août 2007
traite de la politique de sauvegarde de la forêt classée de la
Mondah par l'ONG CADDE qui est une ONG nationale. Allogho, commence par nous
donner la principale préoccupation des activités de leur
organisation. En suite, il va nous faire part de leur politique de sauvegarde,
qui pour lui est à long terme. Il va présenter les atouts de
cette politique, l'enfant qui fait l'avenir d'une famille et aujourd'hui sur le
plan national un atout pour le pays. Ainsi, selon l'ONG CADDE pour assumer
l'avenir de demain, il faut former son élite.
Aussi, il va poursuivre en nous éclairant sur
l'opposition des ONG sur le projet de la construction de l'aéroport et
du port minéralier à Santa Clara. Il va poursuivre avec les
explications sur l'appauvrissement du sol et la rareté des animaux dans
la forêt de la Mondah, il va conclure que la population urbaine est la
principale cause de dégâts enregistrés dans cette
forêt. Il termine en relativisant les tords et en donnant le projet que
l'ONG a sur la Mondah.
Ce récit nous apprend beaucoup sur ce qui est de la
politique de sauvegarde, il nous est important car, nous pouvons espérer
la sauvegarde de cette forêt par l'action des ONG et aussi, une meilleure
considération et attention pour les générations futures.
Car cette politique prônée l'ONG CADDE est une politique de
développement durable vis-à-vis de la nature à qui nous
devons la vie.
Section 2 Les constats
2.1. L'essence de la tradition africaine
La tradition orale s'est chargée de transmettre une
multitude de savoirs accumulés sur les propriétés et les
usages des végétaux de la forêt. Seulement, toutes ces
connaissances sont dispersées. Ainsi, les guérisseurs sont
attentifs au nom de la plante, à ce qu'il signifie, aux
particularités physiques du végétal: sa couleur, son
écorce, son parfum. Chacun peut aujourd'hui constater qu'ont disparu de
la pharmacopée européenne, les connotations linguistiques qui
font la richesse de la pharmacopée gabonaise. Cet appauvrissement des
jeux de l'esprit autour des plantes pourrait bien constituer une perte
culturelle au même titre que la disparition des récits oraux. Mais
il ne suffit pas que ces relations soient inscrites quelque part, si elles ne
demeurent pas vives dans la conscience populaire, ce qui est certainement
encore le cas du Gabon. Sans doute, la différence repose sur des assises
anthropologiques profondes que la médecine moderne s'efforce toujours de
localiser.
Par rapport aux drogues animales ou minérales, la
plante occupe incontestablement une place privilégiée. Dans la
majorité des pharmacopées traditionnelles, plus de 80 % des
médicaments sont à base des plantes. Il n'est donc pas
étonnant de constater que pour la population gabonaise, qui de plus vit
dans une forêt équatoriale exubérante, la grande
majorité des moyens thérapeutiques employés relève
du règne végétal. Surexploitée et mal
gérées, les forêts dépérissent.
L'exploitation abusive de la forêt classée de la Mondah met en
danger le massif forestier entraînant la raréfaction des
espèces qui sont capitales pour la médecine traditionnelle et
fait partir des savoirs faires africain.
1.2. La compatibilité conceptuelle
Ancienne doctrine économique fondés sur le
profit monétaire de l'Etat. On aura bien remarqué que la non
réglementation forestière se note exclusive en ce qu'elle se
donne comme objectif d'exclure le plus possible d'usagers pour limiter la
pression sur les ressources. Les lois forestières se résument
donc a une succession d'interdits. Elles reposent sur le postulat que plus on
restreint l'accès des populations rurales au bois, plus on garantit les
conditions forestiers. Cette philosophie générale pousse
l'administration à favoriser l'exploitation de ses ressources
forestières de moins en moins. Ce qui fait que le forestier est
davantage un gendarme qu'un technicien.
La répression exercée par le Code forestier a
pour objet de sanctionner les contrevenants aux règles fixées.
Ces règles prônent l'intervention technique et économique
dans la forêt, dans le cadre de l'intérêt
général ou les usages des paysans n'entrent pas puisqu'ils
n'intègrent pas la politique d'approvisionnement stratégique des
autochtones. La conception policière qui s'en dégage confirme le
fait, dont est convaincu Gérard Buttoud (1954, p 44), que plus que de
les réglementer, il s'agit donc surtout de les restreindre du mieux
qu'on peut. Les problèmes liés a la déforestation
croissante des régions équatoriales du globe ont provoqué
une prise de conscience internationale, qui conduit à rechercher des
voies nouvelles devant assurer à la fois un développement rural
plus équilibré et une perpétuation des
écosystèmes forestiers en conservant la biodiversité,
source potentielle pour le futur. Les institutions internationales, et en
premier lieu la Commission Européenne (ECOFAC), se sont donné
comme but la définition d'une stratégie globale de protection de
la forêt équatoriale. Il est désormais indéniable
que la prise en compte des réalités socioculturelles locales est
le principal garant de la réussite des projets forestiers; qu'il
s'agisse de projets de développement intégré ou de projets
de conservation des ressources.
En effet, une méconnaissance des intérêts
des populations locales a toujours comme conséquence un rejet du projet,
pouvant entraîner dans certains cas une perturbation de son
déroulement, voire une destruction des réalisations. Si l'on
commence à s'intéresser désormais aux aspirations
économiques des populations impliquées, et à leur
participation aux projets les concernant, il reste encore à prendre en
compte leurs aspirations spirituelles.
Les recherches en sciences humaines de cette dernière
décennie ont en effet montré toute l'importance des
représentations mentales, en premier lieu, des phénomènes
religieux et des processus cognitifs, dans la vie quotidienne de toute
société humaine. Aussi, dans le rapport qu'entretient une
société avec la nature, trois facteurs interviennent: un milieu,
une pratique, et un système économique et symbolique.
L'écologisme occidental, dans le vocabulaire institutionnel en usage
à l'échelle internationale, à partir des concepts tels que
développement durable, biodiversité, etc. tente, colloque
après colloque, séminaire après séminaire,
d'imposer la représentation unique d'une finalité dynamique aux
concertations élaborées et aux décisions prises par eux et
leur vision du monde.
L'engendrement des risques provoque une peur collective et
stimule en même temps la puissance de réflexivité des
sociétés. Comme par exemple : dans les villes
européennes, des mesures de restriction de la circulation des
véhicules sont prises et appliquées quand la situation de la
pollution de l'air est jugée critique. Les automobilistes
obtempèrent et n'empruntent pas leur véhicule. Se soumettent-ils
avec scepticisme à une telle interdiction? Ou bien faut-il penser que
les préoccupations écologiques sont plus aptes à donner un
sens plus concret à l'idée de bien public? L'automobile
représente un mythe moderne de la liberté et la privation de son
usage, au nom d'un bien supposé commun (l'air).
Récit58(*) n° 23: Assonouet
Jacque59(*),
sur les avantages des deux concepts unis
Ma fille, depuis ma naissance, j'ai toujours
été en contact avec la forêt. Si je dis sa c'est parce que
je suis née en brousse, Sous un gros arbre. Pour moi, la manière
qu'on exploite la forêt, ne peut pas poser problème. Toute notre
richesse se trouve en brousse (forêt), voila pourquoi on ne l'exploite
pas en désordre.
Il ya des règles établit depuis nos alleux
que nous devons obligatoirement respecter. Pour la bonne marche de la
société. Tu sais il ya des choses que nos sociétés
connaissent aujourd'hui, que nos grands parents n'ont pas connu. Tout
simplement parce qu'ils communiquaient avec la nature et les êtres qui la
compose. Tous vivaient en harmonie. C'est pourquoi il ya toujours à
manger et à boire dans la forêt. Il faut simplement respecter les
génies.
Avec la politique du blanc, c'est pareil. Ils
protègent la forêt, peut être pas de la même
manière que nous, mais on a les même objectifs. Ce qui n'est pas
bien, c'est parce qu'ils nous imposent leur façon de faire. Ils ne
veulent pas savoir comment nous vivons avec la forêt avant leur
arrivée. Je crois que si on associe les deux façons de faire nous
serons gagnants et les politiques vont avoir un succès. Mais ce qui
n'est pas le cas aujourd'hui dans les forêts protégées de
l'Etat, il n'y a pas que cette forêt de la Mondah dans cette
situation.
D'après le récit de monsieur Assonouet, il
ressort qu'aucune conception n'est au dessus de l'autre. Il serait mieux
d'avoir les deux, car les objectifs sont les mêmes, la sauvegarde de
l'écosystème forestier. Alors il est important de tenir compte
des deux politiques, pour avoir un résultat positif.
CHAPITRE VIII
Analyse du Conflit Juridictionnel
L'avènement des aires protégées ou des
parcs nationaux, ainsi que l'existence des forêts classées comme
celle de la Mondah, révèlent le souci majeur de préserver
la biodiversité, facteur de développement et de réduction
de la pauvreté. En effet, la complexité et la dynamique des
interventions en milieu forestier au Gabon rendent difficiles la gestion de ce
secteur.
La problématique que nous avons
développée dans ce mémoire, nous a permis de comprendre
que s'il y a conflit, c'est parce que l'Etat ne veut pas reconnaître aux
villageois la totalité de l'exercice du droit coutumier dans la
forêt. L'Etat conçoit le code forestier de sorte qu'il
génère des capitaux budgétaires pour son bon
fonctionnement .Or, les populations rurales qui n'ont que cette forêt
comme source de vie et de revenu, se trouvent privés de leur ressource
principale. Il faut noter qu'en droit traditionnel, toute forêt
appartient à un groupe d'individus, à une collectivité,
à un clan, à un village, ou à une famille. Ce droit est
théorique, car dans ce domaine, le droit n'est pas écrit.
Par contre, il faut noter que le droit
moderne a été défini comme étant un
« système de règles»
, un « concept d'interprétation
pour atteindre la justice », « une autorité pour
concilier les intérêts des personnes », et comme le
commandement d'un souverain, sauvegardé par la menace d'une sanction.
C'est également la traduction d'un projet politique. En effet, c'est
l'ensemble des lois et normes, définies et acceptées par les
personnes, afin de régir les rapports sociaux, et garanties,
sanctionnées, par l'intervention de la puissance étatique
c'est-à-dire de l'État. La sanction attachée à la
règle de droit est ce qui distingue cette dernière des autres
règles, telles que les règles morales ou coutumières, ce
qui fait que la règle de droit « est meilleure que la
première et qui fait leur différence, c'est qu'elle est
écrite et impersonnelle», car elle a été
créée dans l'intérêt général, pour le
bien commun.
En effet, tout homme qui vit dans un milieu établit un
lien avec celui-ci. La forêt est l'espace dans lequel l'homme retrouve un
ensemble de valeurs, économiques, spirituelles, culturelles, et chaque
communauté qui y vit quelque soit son origine est amenée à
respecter et à pratiquer ses modes de gestions pour déterminer la
façon dont les ressources forestières doivent être
utilisée pour vivre et satisfaire leurs besoins (alimentaire,
médicinale, rituel, etc.). Mais le différend qui oppose l'Etat
(agents des Eaux et Forêts) aux populations locales aujourd'hui, se
situe sur le droit d'usages coutumiers dans la forêt classée de la
Mondah, autrement-dit la gestion de cette forêt. L'exploitation
rationnelle doit être l'objectif des deux acteurs en présence.
Essayer de résorber l'exploitation abusive qui peut nous conduire plus
tard à une situation de désertification. On ne devrait pas
interdire une communauté vivant dans un milieu forestier d'exploiter les
ressources mises à sa disposition par la nature. Mais leur proposer une
exploitation intelligente, celle qui tient compte de la survivance des essences
végétales.
Ainsi, l'Etat est clair dans son nouveau Code Forestier aux
articles 251 et 252 qui autorisent aux populations rurales à exploiter
la forêt pour leur survie. Ayant la lourde charge de veiller sur la
sécurité des hommes et des biens présents dans son
territoire, il sait pertinemment que les populations rurales n'ont de vie
qu'à travers la forêt. Un villageois qui ne pratique pas
l'agriculture est voué à mourir de faim. Celui qui ne
prélève pas les feuilles et les écorces d'arbres dans la
forêt pour se soigner est condamné à mourir.
L'activité de chasse qui procure aux villageois une alimentation
très riche en protéines animales qui les fortifient à
garder une meilleure santé contre les maladies et autres
phénomènes climatiques est capitale pour ceux-ci. Autant d'usages
coutumiers que le villageois exerce dans la forêt pour sa survie.
Par contre, la réalité des aires
protégées traduit une situation totalement différente que
celle évoquée plus haut. En effet, toute surface
protégée par l'Etat est un périmètre strictement
interdit d'accès. Aucune activité ne peut être
exercée en ce milieu : ni pêche, ni chasse et encore moins
les travaux champêtres, ou soins thérapeutiques. Toute personne
s'obstinant à transgresser les lois qui régulent le bon
fonctionnement de ces aires protégées est passible d'une
condamnation ou d'une amende en fonction du délit.
Pour le cas de la forêt classée de la forêt
classée de la Mondah, ce massif forestier a été
classé par arrêté présidentiel après
l'exploitation des bois commercialisables dans cette région et suite
à la volonté de l'Etat de reboiser le site pour envisager plus
tard une nouvelle exploitation et aussi pour doter l'E.N.E.F d'un outil
pédagogique expérimental. Le problème ici est tel que, les
populations environnantes sont privées de leur patrimoine forestier.
Devant cet état de chose, les villageois, pour se nourrir, traversent
les limites de la forêt classée pour effectuer des travaux
champêtres, des parties de chasse et de pêche à
l'intérieur de la partie classée. Les Agents des Eaux et
Forêts, qui sont chargés de veiller à la protection de
l'environnement répriment sévèrement ceux-ci selon la loi,
en interceptant au cours de leurs patrouilles les outils qui servent aux
villageois de moyen de destruction de la forêt. Il y a également
certains individus qu'ils conduisent devant les tribunaux pour répondre
de leurs actes.
En réalité, l'Etat voudrait que les populations
locales exploitent la forêt en ce référant au code
forestier et ceux-ci n'entendent pas abandonner leur patrimoine forestier au
bénéfice de l'administration qui ne contribue pas de près
ou de loin à l'amélioration de leurs conditions de vie. Henri
Paul Bourobou Bourobou en convient avec nous lorsqu'il affirme (dans son cours
d'initiation à l'écologie humaine de première année
anthropologie) que « la biodiversité est mal
gérée parce que les intérêts et les modes
d'exploitation sont différents. Cette exploitation anarchique
entraîne une disparition des espèces animales et
végétales ».
La forêt classée de la Mondah comme dans la
plupart des forêts exploitées au Gabon fait l'objet d'une double
juridiction liée à la gestion de ses ressources naturelles
forestières. Et le conflit que nous vivons actuellement est un conflit
de représentation. Deux sociétés différentes pour
une même forêt. Si on ne peut pas faire confiance aux populations
rurales pour défendre la biodiversité, quelle autre institution
est alors fiable. Ces populations vivent en harmonie avec leur environnement
naturel, ils en sont « les meilleurs gardiens »;
c'est là un argument que les populations elles-mêmes utilisent
pour soutenir leurs revendications en faveur de la reconnaissance de leurs
droits territoriaux. Aujourd'hui le massif forestier de la Mondah est
pratiquement habité depuis avant la pénétration coloniale,
ces peuples ont toujours pratiqué l'usage coutumier sans nuire gravement
à la forêt. Alors, on peut ainsi comprendre que la logique des
forêts protégées est donc une logique d'exclusion.
Car, d'une part, les populations rurales, exploitent leur
patrimoine forestier sous plusieurs formes, dont les plus importantes sont
l'agriculture sur brûlis, la chasse, la pêche et les soins
thérapeutiques. En effet, La protection de l'environnement se
réalise au sein de ces communautés à travers les
interdits, totems, et autres stratégies de gestion durable telles que la
jachère forestière, les forêts sacrées etc, puis,
elle se réalise aussi à travers les tenures foncières,
c'est-à-dire la gestion et la transmission des terres se fait de famille
en famille, et de même à travers les incitations de la
littérature orales. Par le moyen des jeux, des récits, des
contes, des chants etc., ici l'enfant apprendra à reconnaître les
dénominations des éléments constitutifs de la faune et de
la flore caractéristiques de son environnement dans les relations
écologiques. D'autre part, avec la pénétration coloniale,
une nouvelle forme d'exploitation forestière fait son apparition. Elle
consiste à couper des billes ou des grumes pour les revendre
auprès des industriels européens, afin de satisfaire leurs
besoins, l'exploitation du sable et du charbon, cela sous le contrôle de
l'Etat via l'administration des Eaux et Forêts
Au regard de cette exploitation parfois abusive, un ensemble
de lois vit le jour, partant de l'arrêté du 19/09/1924 fixant les
modalités du droit d'exploiter la forêt, puis un nouveau annula
l'ancien le 23 avril 1938. Mais avant que la loi n°16/01 de
décembre 2001 ne soit votée, celle-ci annula la loi n°1/82
du 22 juillet 1982 devenue caduque, tout cela dans l'intérêt de la
conservation durable de la biodiversité au Gabon. Selon ces dispositions
juridiques, Les populations se sentent dépossédées de leur
bien car tout un patrimoine culturel se lit à travers un milieu
habité par des populations: cimetière sacrées,
forêts sacrées, culte des ancêtres, de guérison et
d'initiation, etc. Autrement dit, ils se sentent léser au profit de
l'Etat.
Au delà de ce qui précède et fort de ce
que nous avons annoncé dans notre hypothèse, il se trouve que
l'Etat mène une politique qui vise à réduire la valeur du
droit coutumier au profit du droit moderne. Comme il le stipule dans son
article 13 du code forestier n° 16/01 « la forêt est la
propriété exclusive de l'Etat ». L'Etat ignorant le
droit coutumier, retire aux villageois l'héritage des espaces forestiers
ancestraux et limite en même temps, leur droit d'exercer dans la
forêt, au bénéfice des exploitants forestiers, qui lui
versent de grosses sommes d'argent.
Ce travail que nous avons effectué a été
évalué avec des outils méthodologiques anthropologiques.
La constitution des récits collectés nous a permis d'asseoir
notre analyse à partir d'une historicité de la forêt
classée de la Mondah et son double aspect juridique, au problème
de conflit opposant l'Etat (agents des Eaux et Forêts), aux populations
rurales dans cette zone. En outre, La politique de conservation initiée
par le gouvernement gabonais, à savoir la protection des forêts
à travers des aires protégées et des forêts
classées est une très bonne chose pour des
générations futures, mais elle doit être accompagné
des mesures qui permettent aux populations vivantes dans et aux abords de ses
forêts de bénéficier de certains avantages, ou des mesures
qui favorisent l'éclosion du bien être social de ces
communautés; telles que la construction d'une nouvelle route, des
centres de santés, des écoles, autant de choses qui
améliorer les conditions de vie des Benga et de toutes les populations
vivant dans ce milieu ( Mondah).
Les textes juridiques en matière de gestion de
ressources naturelles ne manquent pas, mais elles ne suffisent pas parce qu'il
y a un vide entre l'administration des Eaux et Forêts et les populations
locales par l'absence d'informations et de communications permanentes. Les
autorités doivent instaurer une campagne de sensibilisation permanente
auprès des villageois sur la nouvelle logique de la gestion des
forêts. Car, sans préparer la conscience des villageois, il sera
difficile aux autorités de faire asseoir leur politique de gestion et de
conservation de la biodiversité.
Conclusion
La forêt devient le patrimoine de plusieurs
nationalités. Chez les Européens (pouvoir centraliser) - on
observe un choix exclusif, chez les Bantu (pouvoir diffus) - on observe un
choix inclusif. L'Etat ne s'embarrasse pas de raser la forêt sauvage pour
la remplacer par des « forêts» utiles à son
économie. En d'autres termes, le prix de la centralisation du pouvoir
est la destruction de la forêt. On peut dire que l'équation finale
est: plus il y a d'espace «civilisé», moins il y a de
forêt «sauvage ». Ce n'est pas pour rien que l'Afrique comme
«forêt vierge» est, dans l'imaginaire occidental, le symbole
permanent de la nature «sauvage».
En réalité, la forêt n'est pas
dépréciée, mais elle est traitée à part,
elle est exploitée. C'est ici que la notion « d'exploitation totale
», mise en honneur par Mbot (1989), est à son tour très
éclairante sur la compréhension des différents modes
d'exploitation. A l'exploitation «totale» s'oppose, selon lui,
l'exploitation « parcimonieuse ». Avec l'exploitation
résultant d'une économie prédatrice par essence se
multipliaient les chantiers forestiers qui mettaient la grande forêt en
coupe réglée, qui provoquaient la déportation des jeunes
hommes afin d'en peupler les camps de travailleurs; il en subsistait ces
enclaves sociales de vie rude et brutale ou l'on tolérait mal
l'incursion des curieux.
Et puis la persévérance des agronomes coloniaux
avait fini par fonder dans le nord du pays tout un monde de petits planteurs
indigènes attachés à leurs cacaoyers (Balandier 1997,
p,356). La forêt est donc passée des mains des druides à
celles des rois pour terminer dans celles des instances économiques et
financières. On passe donc de structure à pouvoir diffus à
des structures à pouvoir centraliser. Afin d'augmenter leur
rentabilité, les forêts naturelles vont être
remplacées par des forêts « artificielle» plus
productives. Dans les sociétés capitalistes, le calcul
économique fondé sur la rationalité et la recherche du
profit constitue la base de la société positive. Cela a
été le cas de la forêt de la Mondah, après
l'exploitation de la société de bois de la Mondah (SBM), un
reboisement des essences telle que l'okoumé, le moabi, a vu le jour pour
une exploitation future.
IL ya une réalité de nos jours que l'on
rencontre pratiquement dans toutes les civilisations, où l'on passe
successivement de la forêt religieuse à la forêt politique,
et finalement à la forêt économico-financière. Chez
les Français, on est passé de la forêt des druides à
la forêt royale (domaine de chasse du roi) et finalement à
l'exploitation de la ressource ligneuse. Chez les Africains, en particulier les
gabonais, un raccourci saisissant, la forêt religieuse, encore actuelle,
est simultanément devenue la réserve d'un Etat centralisateur
(colonial et post colonial) et en même temps la matière d'une
spéculation financière qui s'impose sous nos yeux. Comment ne pas
croire, dans ces conditions, que la forêt ne passe pas partout par une
sorte de déterminisme historique qui confine à une reproduction
systématique des trois stades: forêt religieuse, puis politique et
enfin économico-financière.
Bien sur toutes les postures intermédiaires se
maintiennent, mais comme dans un groupe de transformations, de
Lévi-Strauss, d'une manière parfaitement minoritaire et sans
action véritable sur les pôles extrêmes de notre
modèle: pro-forêt et anti-forêt, le modèl dominant
pro-forêt en passant au stade politique centralisateur et au stade
économico-financier, devient anti-forêt. Ainsi, il ya une
transformation tant au niveau politique que social. La forêt qui hier
était protectrice, nourrissante, guérisseuse etc., devient
simplement une source de revenu, un placement à long terme. Ce qui veut
dire, que la conception traditionnelle de la forêt bien qu'existante
encore de nos jours, perd de l'effet au profit de la juridiction actuelle, qui
cadre avec les attentes, politiques, économiques, du pouvoir en place
(l'Etat).Alors nous assistons a un ensemble de rapports contrasté.
Il va de soi que ces rapports ne sont pas d'ordre
psychologique, ils sont d'ordre structural, et on n'a l'impression que c'est la
structure qui commande l'histoire et non l'inverse. Nous ne disons pas que les
populations autochtones sont entièrement soumises à la
forêt, ils l'exploitent pour vivre. Ils l'exploitaient selon une seule
modalité. Mais depuis quelques années, la Population est
entré dans une autre phase de l'exploitation de la forêt, celle de
l'exploitation totale; favorisée par les exploitants forestiers et
l'Etat. Le symbolique se trouve aussi soumis à la tentation du gain
financier. Nous avons donc en présence deux acteurs en un: l'un
tourné vers l'exploitation industrielle de la forêt (juridiction
actuelle) et l'autre toujours attiré par l'exploitation endogène
de la même forêt (gestion traditionnelle). Que constatons-nous: la
forêt est surexploitée, détruite, appauvrit. Ce qui n'est
pas bénéfique pour l'Homme, et constitue un danger pour
l'humanité.
Ce Code forestier obéit à ce niveau à
deux valeurs: le temps, l'espace et l'argent. En réalité ce qui
motive l'Etat-forestier-législateur c'est la quantité: la
quantité de temps (mois, années), la quantité d'espace
(superficie) et la quantité d'argent (ce que doit payer le titulaire
potentiel du permis, les bénéfices qu'en tire l'Etat et les
impôts des travailleurs).Les contraintes physiques, écologiques ou
sociales ne sont pas pensées par elles- mêmes (Article 144). L'une
des grandes innovations mentionnées par le nouveau Code forestier.
Références documentaires
1. Sources orales
1. Aboubacar, âge 33 ans,
nationalité guinéenne, célibataire, charbonnier,
résidant a Malibé 2. Entretien sur L'exploitation du charbon
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Malibé 2, durée 25 mn.
2. Akanda Jean-Marie, 56 ans, marié,
ethnie benga, père de huit enfants, grand-père de six
petits-fils, clan bobundja. Entretien sur l'implantation des benga au
Cap-Estérias. Le 20 mars 2007 à 09h au
Cap-Estérias.
3. Allogho Obame Constant, âge 36 ans,
célibataire un enfant, originaire du village Elelem (Oyem). Entretien
sur le refus du projet gouvernemental par l'ONG CADDE. Le 03
août 2007 a 11h, durée 1h05 mn
4. Allogo Eyi Clavers, ethnie Fang,
célibataire, père trois enfants, Agent du CADDE, originaire du
Woleu-Ntem. Entretien sur la politique de gestion durable de
biodiversité au Gabon. Au Haut de Guégué le
03 Mai 2010 a 09 h 30.
5. Angue Marie-Thérèse,
âgée de 44 ans originaire du village Nkoume (Oyem), ethnie fang,
clan Yengui, veuve et mère de 10 enfants, 6 petits-fils,
commerçante d'écorces au marché, Mont-Bouet. Entretien sur
Les plantes vendues au marché, le 18 avril 2006, durée 1
h 45.
6. Assam Arsène, âge 35ans,
marié, père de 3 enfants, résidant du GRASNAT.Entretien
sur Le danger que courent les populations rurales et urbaines face à
la destruction de la forêt classée de la Mondah. Le 07
septembre 2007 à 11 h, durée 45 mn.
7. Assam Séraphin, âge 35ans
marié, père de 3 enfants, présidant du GRASNAT. Entretien
sur les ambitions du GRASNAT sur la Mondah. Le 07 septembre 2007 a
10h30, durée 30 mn.
8. Assonouet Jacque, âge 41ans,
marié, père de cinq enfants, ethnie myènè,
résident à Madjengui. Entretien sur les avantages des deux
concepts uni. Le 20 Mars 2010 au village.
9. Ayo Nicolas, clan Bobundja, âge 50
ans, lignage Bapondo, marié, 9 enfants, 10 petits-fils, Ethnie Benga,
pécheur. Entretien sur La conception et des activités
forestières des Benga.
10. Bolingo jean, âge 42ans,
marié, père de six enfants, pêcheur, ethnie benga.
Entretien sur les ressources halieutiques. Le 28juillet 2009 au Cap
Estérias.
11. Essono Nto'o, 68ans, marié
(polygame), père de 14 enfants et grand-père de 26 petits-fils,
natif du village Essong-Abame (Oyem, canton Bissok), résident au
quartier Ewénassi (Oyem). Entretien sur le titre foncier
traditionnel. Le 24 Mars 2010 à Oyem
12. Lekouma Brice, âge 52ans,
marié, père de quatre enfants, pêcheur, ethnie
Nzébi. Entretien sur la pratique du ferma. Le 22 Octobre 2009
au Cap Santa Clara.
13. Massala Claude-Alain, âge 44 ans,
ethnie punu, marié, père de 5 enfants, 2 petits-fils.Entretien
sur La chasse de nuit et la commercialisation du gibier. Le 24 juin
2007 au Cap Santa-Clara à 11h. Durée 45 mn.
14. Mbereno Michel, âge 46ans,
marié, père de deux enfants, pêcheur, ethnie benga du
Cap-Esterias. Entretien sur la commercialisation du gibier. Le 28
juillet 2009 au Cap Estérias.
15. Mboumba Koula Pérrine, âge
47 ans, veuve, 5 enfants, 3 petits-fils, ethnie gisir de Fougamou. Entretien
sur La pauvreté du sol dans la forêt de la Mondah, le 23
avril 2007 a 10h.
16. Mitamkou Salomé, 53 ans,
originaire du village Moulesilikégni (Lastoursville), clan kambou,
ethnie Bakélé, marié à monsieur Mavandzi
Grégoire, ethnie Bawanji du clan Bokondzo, ancien agent des Eaux et
Forêt s (retraité), mere de 8 enfants, 21 petits-fils,
cultivatrice. Vivant au Cap-Esterias depuis 1978, entretien sur Les
plantations dans la forêt de la Mondah, le 17 avril 2006
durée 1 h 30.
17. Ndambo Jean-Pierre, âge 27 ans,
ethnie bakota, célibataire, 1 enfant. Entretien sur L'exploitation
du sable il Malibe 2 et les conséquences. Le 06 avril 2007
il 13h.
18. Nganga, agent des Eaux et forêts,
entretien le 23 Juin 2010 sur le nouveau code forestier
19. Nguema Essono Jean-Baptiste, agent
technique des Eaux et Forêt. Entretien le 25 Juin 2010 à 11h sur
la conception des forêts classées.
20. Nkene Marie-Louise, âge 41 ans,
ethnie fang, village Eba'a sur la route de Bissock (Oyem), tradipraticienne et
maîtresse de formation, mariée et mere de 6 enfants et 4
petits-fils, du clan Essangui. Entretien sur Le traitement des malades dans
la forêt de la Mondah. Le 25 juillet 2007 à son domicile
à Akébé-Plaine, durée 45 mn.
21. Nkolo Jean-Marie, âgé de 53
ans, clan Bomakwe, lignage Badiaka, ethnie benga, marié, 12 enfants, 16
petits-fils. Entretien sur La conception et l'utilisation des deux
écosystèmes qui les entourent, le 20 mars 2007 à 13h
au Cap-Estérias
22. Nvoula Clément, âge 41ans,
marié, père de trois enfants, Agent des Eaux et Forêt,
ethnie Obamba. Entretien sur les différents sur la Mondah. Le
27 Avril 2010 à L'économie Forestière.
23. Nzengué Evelin, âge 28 ans,
ethnie nzébi, célibataire, 2 enfants, vendeur et producteur de
vin de palme. Entretien sur La fabrication, la production et la vente du
vin de palme. Le 13 septembre 2007.
24. Nzengue Flavien, âge 32 ans,
marié, père de 3 enfants, ethnie nzébi, du clan
Chéyi. Entretien sur L'activité du sciage de bois dans la
forêt de la Mondah.
25. Ondo Nzoghe Joseph, âge 43 ans,
clan Yengui, du village Nkoum, (Oyem), résidant à Libreville et
au Cap Santa-Clara, marié, père de 8 enfants. Entretien sur
La chasse du jour dans la forêt de la Mondah. Le 24 juin 2007
à 16h. Durée 35 mn.
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sur la biodiversité, la lutte contre la pauvreté en
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thème « Biodiversité et lutte contre la
pauvreté : quelles opportunités pour
l'Afrique ? », a été clôturée le
vendredi 17 sept 2010, à Libreville par le premier Ministre Paul Biyoghe
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Conservation de la biodiversité et populations en
Afrique Centrale. Réconcilier les droits des populations et la
conservation des écosystèmes.
http://www.irenees.net/fr/fichesshes/partenaire/fiche-partenaire-2.html
Crée en 1989 « Juristes-Solidaristes» est un
réseau international d'informations à l'action juridique et
judiciaire qui soutien, dans les pays du Sud et du Nord, des groupes ayant des
pratiques alternatives du droit.
http://gaboneco.com/show_article.php?IDActu=19820
Comment évaluer les bénéfices de la
biodiversité locale?
http://books.google.ga/books?id=f1
Une Anthropologie juridique des droits de l'homme: Les chemins
de l'océan indien par Laurent Sermet.
http://www.rinoceros.org/spipphp?page=mot2
Bibliothèque internationale pour un monde responsable
et solidaire.
http://www.agirledroit.org/es/
Population locale et forêt en Afrique, problème
d'une génération.
Textes Réglementaires
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les attributions, pouvoirs et avantages des personnels et auxiliaires de
commandement
Décret n°00913/PR/MEPN du 29 Mai 1985 qui fixe
l'organisation et les attributions de la gestion de l'environnement au
Gabon.
Décret n°000192/PR/MECCR du 04.Mars1987
réglementant l'exercice des droits d'usage coutumiers.
Décret n°000184/PR/MEF-CR, D'autres Décrets
traitent de la faune et de la flore
Code forestier gabonais
Décret n°62/PR/MEFPE du 10 janvier 1994 portnat
réglementaion de la pêche en et république gabonaise.
L'arrêté du 19/09/1924 fixant les
modalités du droit d'exploiter la forêt.
L'arrêté du 23 avril 1938.
L'arrêté n°348/SF du 16 février 1951,
portant classement de la forêt de la Mondah.
La loi n°16/93 du 29 Mai 1993 relative à la
protection et à l'amélioration de l'environnement (après
les conférences de Stockholm ; Suède en 1972 et celle de Rio
1992).
La loi n°1/82 du 22juillet 1982, portant orientation en
matière des Eaux et Forêts sur l'attribution des permis
forestiers.
La loi n°16/01 de décembre 2001. Portant code
forestier en république gabonaise.
Collection particulière
Ockoye Elingu Symplice
Photo n° 1 : Obstacles
Photo n°8 : La fabrication du charbon de bois dans la FCM
Medzoboui Rolyne
Photo n°13 : Traitement d'un malade en foret
Mintsa Manuéla
Photo n°2 : Une plantation après brulis dans la
forêt classée de la Mondah
Photo n°3 : Une jeune plantation de manioc
Photo n°4 : Une ancienne plantation de manioc
Photo n°5: Le site d'extraction de sable à Malibe
2
Photo n°6 : Une forme de déforestation à
Malibé 2
Photo n°7 : Des morceaux de bois coupés dans la
forêt de la Mondah : Malibé 2
Photo n°9 : Les sacs de charbon
Photo n°10 : La production du vin de palme (bollokoboue)
Photo n°11 : Le sciage de bois à Malibe
Photo n°12 : Les écorces de plantes vendues au
marché de Mont-Bouet
Ogandagas C. et Agondogo M.
Photo n°14 : Panneau indicateur du camp militaire de la
FCM
Table des tableaux
Tableau n°1 : Les effectifs des informateurs
Tableau n°2 : Les ethnies rencontrées dans la
Mondah
Tableau n°3 : Quelques villages environnent de la Mondah
Tableau n°4 : Les principales essences forestières
rencontrées dans la foret de la Mondah
Tableau n°5: La faune de la forêt de la Mondah
Tableau n°6 : Les produits agricoles de la Mondah
Tableau n°7 : La population résidante dans la
forêt classée de la Mondah
4. Sources cartographiques
Carte n°1 : Laboratoire ENEF
Cartes n°2, 3: L 'INC
Carte n°4, 5 : L'INC
Tableau de graphique
Graphique n°1 : L'effectif des enquêtés par
âge et par sexe
Table des Matières
Introduction 2
Définition de l'objet (définition de concepts
clés) 4
Première partie : Approche Théorique et
Méthodologique 17
Chapitre l : Approche théorique et
méthodologique 18
Section 1: Approche théorique 18
1-1 Cadre théorique 19
1-2 Problématique et hypothèses 20
1-3 Intérêt Anthropologique et zone
d'étude. 23
Section 2 : Approche méthodologique 26
2-1 Pré-enquête 26
2-2 Enquêtes 27
2-3 Méthode d'exploitation de corpus 30
Chapitre ll : Etat de la documentation 32
Section 1 : Etudes africaines 32
Section 2 : Etudes d'autres régions du monde 37
Deuxième partie: juridiction traditionnel de la
forêt 53
Chapitre III : Présentation de la forêt
classée de la Mondah 54
Section 1 : Historique et Rapports de l'homme à la
forêt 54
1-1 Populations en présence 54
1-2 Rapports socio-économiques 62
1-3 Rapports culturels 79
Section 2 : Ressources de la forêt 83
2-1 La végétation 83
2-2 La faune 85
2-3 Rapports ville/forêt 85
Chapitre IV Juridiction traditionnelle de la
forêt 88
Section 1 : Les règles coutumières 88
1-1 Le régime foncier traditionnel 88
1-2 Le droit collectif 88
1-3 Le droit individuel 90
Section 2 : Les règles de gestion traditionnelle
91
2-1 les interdis liés à la forêt 91
2-2 La jachère forestière 93
2-3 les codes sociaux de la forêt 94
Troisième partie: Juridiction étatique
de la forêt 96
Chapitre V : L'Etat et le bouleversement
territorial 97
Section 1 : La naissance de l'Etat 97
1-1 L'avènement de l'Etat 97
1-2 Dénaturation du régime foncier traditionnel
98
1-2 Capitalisme forestier 102
Section 2 : L'Etat et la forêt 111
2-1 Institutionnalisation de la Mondah 111
2-2 L'Etat et le foncier forestier 112
2-3 Dénaturation sous l'effet de la colonisation 113
Chapitre VI Politiques étatiques de
conservation de biodiversité 115
Section 1 : Les politiques étatiques 115
1-1 Les différentes conceptions de la forêt
115
1-2 Création des réserves et foret
classées 116
1-3 Implication des O.N.G 120
Section 2 : La législation des ressources
halieutiques et fauniques 123
2-1 Ressources halieutiques 123
2-2 Ressources fauniques 125
2-3 Le fermage 126
Quatrième Partie: Relation Conflictuelles et
Constats 127
Chapitre VII : Relations conflictuelles
128
Section 1 : Les pratiques en vigueur 128
1-1 Inadéquation des conceptions 128
1-2 Inadéquation des politiques étatique et les
besoins réels des populations 132
1-3 Conflit Etat / O.N.G 136
Section 2 : Les constats 137
Chapitre VIII : Analyse du conflit
juridictionnel....................................141
Conclusion 146
Référence documents 148
* 1
http://books.google.ga/books?id=f1
Une Anthropologie juridique des droits de l'homme: Les chemins
de l'océan indien par Laurent Sermet.
* 2 Cours de monsieur Joseph
John Nambo
* 3
http://www.agirledroit.org/es/
Population locale et forêt en Afrique, problème
d'une génération.
* 4 Cours de Josehp John
Nambo (DEA, 2008)
* 5 Essono Nto'o, 68ans,
marié (polygame), père de 14 enfants et grand-père de 26
petits-fils, natif du village Essong-Abame (Oyem, canton Bissok),
résident au quartier Ewénassi (Oyem).
* 6
http://gaboneco.com/show_article.php?IDActu=19820
Comment évaluer les bénéfices de la
biodiversité locale?
* 7 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 09h au
Cap-Estérias.
* 8 Akanda Jean-Marie, 56
ans, marié, ethnie benga, père de huit enfants, grand-père
de six petits-fils, clan bobundja.
* 9 Ecole des Eaux et
Forêts
* 10 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 13h au
Cap-Estérias.
* 11Nkolo Jean, 53 ans ans,
marié, ethnie benga, père de douze enfants, grand-père de
seize petits-fils, clan bomakuwé (village badiaka).
* 12 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 20 mars 2007 à 16 h au
Cap-Estérias.
* 13 Ayo Nicolas,
marié, âgé de 50 ans, ethnie benga ; père de neuf
enfants, grand-père de dix petits-fils.
* 14 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 17 avril 2006 à 15 h au
Cap-Estérias.
* 15 Mintamkou
Salomé, marié, mère de huit enfants, âgé de
51 ans, ethnie batéké.
* 16 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 23 avril 2006 10h au quartier
Soduco.
* 17 Mboumba Koula Perrine,
veuve, mère de cinq enfants, trois petit-fils, âgé de 47
ans, ethnie Punu.
* 18 Récit
collecté par Mintsa manuéla le 24 juin 2007 à 11h au
cap-santa-clara.
* 19 Massala Claude Alain,
âge 44ans, ethnie punu, marié, père de cinq enfants, deux
petits fils.
* 20 Récit
collecté par Mintsa manuéla le 24 juin 2007 à 16h au
cap-santa-clara.
* 21 41 Ondo Nzoghe Joseph,
âge 43ans, ethnie fang, Cap Santa Clara, marié, père de
huit enfants
* 22 Récit
collecté par Mintsa manuéla le 27 Aout 2007 à 13h au
cap-santa-clara.
* 23 Billoghé
Blanche, 32ans, étudiante à l'Université des Sciences et
Techniques de Masuku(USTM), célibataire, deux enfants.
* 24 Récit collecte
par Mintsa Manuela, le 13 septembre 2007 ci 18 h 05' au clando
aéroport.
* 25 Nzengue Evelin, ethnie
Nzebi, âge 28 ans, célibataires, deux enfants, producteur et
vendeur de vin de palme.
* 26 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 18 avril 2006 à la peyrie
(mardi Mont-Bouet).
* 27 Angué Obame
Marie Thérèse, âge 47 ans, Nkoume , clan Yénguign,
veuve, vendeuse de plantes.
* 28 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 25 juillet 2007 à 18h 45
au quartier Akébé Plaine.
* 29 Nkene Marie-Louise,
âge 41 ans, village Eba'a, clan Essangui, mariée, domicilier
à Akébé Plaine.
* 30 Recit collecte par
Mintsa Manuela le 06 Avril 2007 à 15h sur le site d'exploitation du
sable à Malibe 2, le 06 avril 2007.
* 31 Ndambo Jean Pierre, age
27ans, ethnie bakota domicilié à Akébé plaine, un
enfant, célibataire
* 32 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 06 Avril 2007 à 17h
à Malibé.
* 33 Aboubacar, âge 33
ans, nationalité Guinéen, domicilier à Malibé 2
célibataire.
* 34 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet a Marseille 1.
* 35 Moupindi Marus,
âge 32ans, marié, père de trois enfants, scieur de bois,
ethnie Nzébi.
* 36 Nganga, Agent des Eaux
et Forêts.
* 37 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 25 Juin 2010 à 11h,
à l'économie forestière
* 38 Nguema Essono
Jean-Baptiste, Agent technique des Eaux et Forêt.
* 39Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 8 Février 2010 à 10
h 00' au trois quartier.
* 40 Assam 70 Arsene
marié, père de 3 enfants, présidant du G. RASNA T.
* 41 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, au Haut de Guégué le
03 Mai 2010 a 09 h 30'.
* 42 Allogo Eyi Clavers,
ethnie Fang, célibataire, père trois enfants, Agent du CADDE.
* 43 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 7 août 2007 à 10 h
30' au trois quartier.
* 44 Assam Séraphin,
marié, père de 3 enfants, Président du GRASNAT.
* 45 Groupe des Amis du
Sentier Nature.
* 46 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet 2009 au Cap
Estérias.
* 47 Bolingo jean, âge
42ans, marié, père de six enfants, pêcheur, ethnie
benga.
* 48 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 28juillet 2009 au Cap
Estérias.
* 49 Mbereno Michel,
âge 46ans, marié, père de deux enfants, pêcheur,
ethnie benga.
* 50 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 22 Octobre 2009 au Cap Santa
Clara.
* 51 Lekouma Brice,
âge 52ans, marié, père de quatre enfants, pêcheur,
ethnie benga.
* 52 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 27 Avril 2010 à
L'économie Forestière.
* 53 Nvoula Clément,
âge 41ans, marié, père de trois enfants, Agent des Eaux et
Forêt, ethnie Obamba.
* 54
Htt://www.wrm.org.uy/countries/affica/menacees6.html
* 55Récit
collecté par Mintsa Manuéla, au Haut de Guégué le 3
aout 2007 a 10 h 30'.
* 56 Allogho Obame Constant,
ethnie Fang, célibataire, père d'un enfant, Directeur
exécutif du CADDE.
* 57 Centre d'Action pour le
Développement Durable de l'Environnement.
* 58 Récit
collecté par Mintsa Manuéla, le 20 Mars 2010 au Cap
estérias.
* 59 Assonouet Jacque,
âge 41ans, marié, père de cinq enfants, ethnie
Myèné.