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Analyse de l'impact des chocs exterieurs sur l'ajustement budgetaire au Rwanda

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par Vedaste KALIMA
Université nationale du Rwanda - Licence 1993
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE NATIONALE DU RWANDA

CAMPUS UNIVERSITAIRE DE BUTARE

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES

SOCIALES ET DE GESTION

ANALYSE DE L'IMPACT DES CHOCS EXTERIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGETAIRE AU RWANDA

Mémoire présenté en vue de

l'obtention du grade de Licencié

en Sciences Economiques

Option : Economie Internationale

Par : Védaste KALIMA

Directeur : Dominique SEFARANGA

Butare, Septembre 1993

A mes regrettés parents ;

A mes frères et soeurs ;

A Emmérance ;

Aux victimes et aux déplacés de guerre

d'Octobre 1990;

Je dédie ce mémoire.

UMUSOGONGERO1UMUSOGONGERO

Imihindagurikire y'ubukungu bw'isi, cyane cyane iy'ibiciro ku masoko mpuzamahanga, igira ingaruka zitandukanye ku bicuruzwa cyangwa se ku bigurwa n'ibihugu bikiri mu nzira y'amajyambere.

Izo ngaruka zigenda zitandukana bitewe n'ukuntu igihugu iki n'iki gikorana ubucuruzi n'amahanga, bikanaterwa ahanini n'uko ubucuruzi bw'ibihugu bikiri mu nzira y'amajyambere bwibanda k'ukugurisha ibicuruzwa by'ubwoko bumwe ariko bikagura ibicuruzwa by'ubwoko bwinshi kandi bunyuranye ku masoko mpuzamahanga.

Kubera ko ibyo bihugu bikennye nta ruhare bigira mu gushyiraho ibiciro by'ibigurishwa cyangwa se ibigurwa kuri ayo masoko, bituma ibihugu bikize bikomeza gushyiraho ibiciro k'uburyo bibunogeye bityo bikabangamira ubukungu bw'ibihugu bikiri mu nzira y'amajyambere muri rusange n'ingengo y'imari yabyo by'umwihariko.

Mu bushakashatsi twakoze twashakaga kumenya niba iyo mihindagurikire y'ubukungu bw'isi n'iy'ibiciro ku masoko mpuzamahanga ifite ingaruka ku ngengo y'imari y'u Rwanda.

Muri rusange, twasanze ingaruka ari nyinshi ariko iz'ingenzi zikaba eshatu.

i) gutuma amafaranga igihugu cyinjiza mu rwego rw'imisoro yakwa k'ubucuruzi mpuzamahanga agenda ahindagurika akurikije imihindagurikire y'ibiciro ku masoko mpuzamahanga muri rusange n'iby'igicuruzwa kawa by'umwihariko;

ii) Gutuma amafaranga igihugu gishora mu bikorwa binyuranye agenda yongerwa hakurikijwe ubwiyongere bw'ibyo biciro, ariko bikaruhanya kuyagabanya mu gihe ibyo biciro bigabanutse;

iii) gutuma icyuho cy'ingengo y'imari kirushaho kwiyongera.

Inzo ngaruka zose zatumye twemeza ko imihindagurikire y'ubukungu ku isi n'iyibiciro ku masoko mpuzamahanga ifite ingaruka mbi ku ngengo y'imari y'u Rwanda. Niyo mpamvu twifuje ko imisoro mu rwanda yavugururwa kuburyo yinjiza amafaranga menshi mu gihugu kandi n'ayo cyashoraga akarushaho gucungwa neza.

Ibyo bigezweho, u Rwanda rwaba rugabanije ingorane rufite mu ngengo y'imari, ziterwa ahanini n'imihindagurikire y'ubukungu ku isi.

SOMMAIRESOMMAIRE

L'instabilité de l'environnement économique en général et celle des cours mondiaux des principales matières premières d'exportation en particulier, exercent différents effets sur le commerce extérieur des Pays en voie de développement.

Selon certains auteurs, la gravité de ces effets est toujours fonction de l'importance de la contribution des échanges extérieurs à la formation du produit national d'un pays pris isolément. Elle dépend également du caractère mono-exportateur des pays en développement.

Comme ces derniers n'ont pas un mot à dire sur la fixation des prix sur les marchés mondiaux. Les pays industrialisés profitent de cette occasion pour modifier les prix selon leurs intérêts. Ce qui est dangereux pour les économies des P.V.D. en général et pour leur gestion budgétaire en particulier.

En abordant notre analyse, nous avons voulu savoir si ces chocs extérieurs ont des effets sur l'ajustement budgétaire au Rwanda. Dans l'ensemble, nous avons trouvé que ces effets sont nombreux, mais les plus importants sont au nombre de trois :

i) Les chocs extérieurs provoquent l'instabilité des recettes fiscales issues du commerce extérieur. Cette instabilité est toujours fonction de l'instabilité des termes de l'échange en général et de la fluctuation des cours mondiaux du café en particulier;

ii) Ils font que les dépenses publiques augmentent en fonction de la hausse des cours du café. De l'autre côté, il est très difficile de réduire ces dernières, lorsque les chocs exercent un impact négatif sur les recettes publiques.

iii) Ces mêmes chocs enfin entraînent l'accentuation du déficit budgétaire .

La conjugaison de ces différents effets nous a permis d'affirmer que l'instabilité de l'environnement économique mondial et celle des cours mondiaux des principaux produits d'exportation en général et du café en particulier, exercent un impact négatif sur l'ajustement budgétaire au Rwanda.

De ce fait, nous avons proposé que les impôts perçus sur l'activité intérieure soient développés de façon à compenser les éventuelles pertes de recettes provoquées par les chocs extérieurs. En suite, nous avons voulu qu'un programme de stabilisation budgétaire soit établi au Rwanda, tout en respectant les priorités dans les dépenses publiques.

Le respect de ces propositions permettrait certainement aux gestionnaires du budget rwandais de réduire les difficultés d'ajustement budgétaire, dues en général à l'instabilité de l'environnement économique mondial.

REMERCIEMENTREMERCIEMENT

Ce travail n'aurait jamais pu être réalisé sans la volonté et l'appui de plusieurs personnes.

J'adresse particulièrement mes sincères remerciements à Monsieur Dominique SEFARANGA, Responsable d'Agence de la SONARWA à BUTARE, pour avoir accepté de diriger ce mémoire malgré ses lourdes responsabilités. Son savoir, ses encouragements, ses conseils et remarques prodigués m'ont grandement permis de puiser aux sources de ses qualités de Directeur de mémoire.

Je tiens également à témoigner ma profond gratitude à tous les professeurs de la Faculté des Sciences Économiques Sociales et de Gestion (S.E.S.G.). C'est à eux que nous devons la grande partie du bagage intellectuel d'économiste.

Grand merci à Monsieur Casimir NZAGIRUKWAYO pour son soutien moral, ses encouragements, ses remarques et conseils dignes d'un bon père de famille.

Mes vifs remerciements vont également à l'endroit de Madame Marthe NYIRAMAHINGURA et de Monsieur Cléophas BAZIHIZINA pour leur aide et soutien tant matériel que financier qu'ils ont toujours mis à ma disposition tout au long de mes études.

Enfin, que tous ceux qui, de loin ou de près, ont contribué à l'aboutissement de nos études et à la réalisation de ce travail, soient remerciés pour leurs divers services nous rendus.

A tous et à chacun : Grand Merci.

KALIMA Védaste.

TABLE DES MATIERES

PAGES

UMUSOGONGERO i

SOMMAIRE ii

REMERCIEMENT iii

TABLE DES MATIERES iv

SIGLES ET ABREVIATIONS xiv

LISTE DE TABLEAUX xv

PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION GENERALE 1

I.1. Position du problème 1

I.2. Les objectifs du travail 4

I.3. Hypothèses de recherche 4

I.4. La méthodologie de recherche 4

I.5. Les données 5

I.6. La délimitation et la portée du travail 5

DEUXIEME PARTIE : LES FONDEMENTS THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE L'IMPACT DES CHOCS EXTERIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGETAIRE. 6

II.1. LES GENERALITES 6

II.1.1. L'origine des chocs exterieurs. 6

II.1.2. LES EFFETS DES CHOCS EXTÉRIEURS 7

II.1.2.1. Les effets des chocs extérieurs sur la balance des payements 7

II.1.2.2. Les chocs extérieurs et

l'accentuation de l'inflation 12

II.1.2.3. Les chocs extérieurs et la récession de l'activité économique. 14

II.1.2.4. Les chocs extérieurs et les

difficultés budgétaires 16

II.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE 17

II.2.1. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'AJUSTEMENT DES RECETTES PUBLIQUES 18

II.2.1.1. La prépondérance des impôts indirects dans les recettes fiscales 18

II.2.1.2. Intérêt de la taxation des exportations 19

II.2.1.3. La problématique des exportations en tant qu'assiette de l'impôt 21

II.2.1.4. L'instabilité des droits de douane et difficultés de planification 24

II.2.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA STABILITÉ DES DÉPENSES PUBLIQUES : PROBLÈME STRUCTUREL RELATIF AUX DÉPENSES 27

II.2.2.1. La fluctuation des dépenses publiques en fonction des cours mondiaux 27

II.2.2.2. Les dépenses publiques augmentent plus vite que les recettes publiques 28

II.2.3. L'IMPACT DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE 30

II.3. LES CAS EMPIRIQUES 30

II.3.1. L'IMPACT DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE AU MAROC 31

II.3.1.1. Les chocs extérieurs et le déficit budgétaire 31

II.3.1.2. L'ajustement budgétaire au MAROC 33

II.3.2. LES EFFETS DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE AU GHANA 35

II.3.2.1. Les chocs extérieurs et le déficit

budgétaire 35

II.3.2.2. Les mesures d'ajustement

budgétaire 36

II.3.2.3. Les performances d'ajustement 37

II.3.3. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE EN MALAISIE 38

II.3.3.1. Les raisons du déséquilibre

budgétaire 38

II.3.3.2. Les effets de l'expansion budgétaire sur les finances publiques 41

II.3.3.3. Ajustement budgétaire face à la

récession fiscale 42

II.3.4. L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE EN PRÉSENCE DES CHOCS EXTÉRIEURS: L'EXPÉRIENCE DE L'INDONÉSIE 43

II.3.4.1. Présentation du problème 43

II.3.4.2. L'ajustement budgétaire face aux

chocs extérieurs 45

II.3.4.3. Les effets de l'ajustement sur les

Finances publiques 48

II.3.5. LES IMPLICATIONS DES RÉSULTATS DE L'ANALYSE EMPIRIQUE 50

II.3.6. LES MESURES D'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE : LA STABILISATION BUDGÉTAIRE ET AJUSTEMENT FISCALE 52

II.3.6.1. La stabilisation budgétaire 52

II.3.6.2. L'ajustement fiscal 54

TROISIÈME PARTIE : LES CHOCS EXTERIEURS ET AJUSTEMENT BUDGETAIRE AU RWANDA 55

III.1. VUE D'ENSEMBLE 55

III.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LE BUDGET DE L'ETAT RWANDAIS : DE LA RELATIVE STABILITÉ VERS LA CRISE FINANCIÈRE 58

III.2.1. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA RELATIVE STABILITÉ BUDGÉTAIRE DES ANNÉES SOIXANTE-DIX 58

III.2.1.1. Les chocs extérieurs et les

recettes publiques 58

III.2.1.2. Les chocs extérieurs et la structure des recettes publiques 61

III.2.1.3. Les chocs extérieurs et le solde

budgétaire 64

III.2.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'INSTABILITÉ BUDGÉTAIRE DU DÉBUT DES ANNÉES 1980 66

III.2.2.1. Les chocs extérieurs et les impôts sur le commerce extérieur 67

III.2.2.2. Les chocs extérieurs et la structure des recettes publiques 71

III.2.2.3. Les chocs extérieurs et les

dépenses publiques 75

III.2.2.4. L'impact des chocs extérieurs sur

le Budget 78

III.2.3. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA CRISE

FINANCIÈRE 80

III.2.3.1. Les chocs extérieurs et la fluctuation des recettes publiques 80

III.2.3.2. Les chocs extérieurs et la tendance des dépenses publiques pendant la période de crise financier 86

III.2.3.3. Les chocs extérieurs et le solde

budgétaire 90

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS, RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION 92

IV.1. LES RÉSULTATS DE L'ANALYSE 92

IV.2. LES RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR 93

IV.2.1. POUR UNE RESTRUCTURATION DE LA FISCALITÉ RWANDAISE 95

IV.2.1.1. Vers l'accroissement de la part qu'occupent les impôts directs dans les recettes publiques 95

IV.2.1.2. Pour la restructuration des impôts

indirects 95

IV.2.1.3. L'amélioration des services

d'administration fiscale 96

IV.2.1.4. Prévoir un fonds de stabilisation

conjoncturelle 97

IV.2.2. LES PRIORITÉS DANS LES DÉPENSES PUBLIQUES 97

IV.3. LES RÉSULTATS ATTENDUS DES MESURES PRÉCONISÉES 99

CONCLUSION 100

SIGLES ET ABREVIATIONS

B.N.R : Banque Nationale du Rwanda

C.N.U.C.D. : Conseil des nations unies pour le commerce et

le développement

Dh : Dirham : Unité monétaire principale des Emirats arabes

Unis et du Maroc

F.B.C.F. : Formation brute de capital fixe

F.M.I. : Fonds monétaire international

F.P.R. : Front Patriotique Rwandais

FRW : Franc rwandais

G.T.Z. : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

ICHA : Impôt sur le chiffre d'affaire

I.S.F.P. : Institut supérieur des Finances Publiques

MINIFIN : Ministère des Finances

MINIPLAN : Ministère du Plan

M.R.N.D. : Mouvement Révolutionnaire Nationale pour le

Développement

O.C.D.E. : Organisation de Coopération et de Développement

Economique

O.P.E.P. : Organisation des Pays Exportateurs de pétrole

P.A.S. : Programme d'Ajustement Structurel

P.I.B. : Produit intérieur brut

P.I.P. : Programme d'Investissements Publics

P.M.A. : Pays moyennement Avancés

P.V.D. : Pays en voie de développement

S.E.S.G. : Faculté des Sciences Economiques Sociales et de Gestion

SONARWA : Société nationale d'assurance du Rwanda

$ US : Dollar américain.

LISTE DE TABLEAUX

Tableau I : La crise pétrolière et les grands déséquilibres extérieurs (Balance commerciale en milliards de dollars américain), 1973-1977.

Tableau II : Incidence des chocs extérieurs sur la balance des payements et les mesures prises pour les attenuer: Quelques cas représentatifs dans 9 pays en développement non membres de l'OPEP 1974-1979.

Tableau III : La crise financière et l'inflation en 1974 : La hausse de prix des matières premières, la hausse de prix du pétrole et l'inflation (en pourcentage).

Tableau IV : Pourcentage des impôts directs et indirects par rapport aux recettes fiscales totales de quelques P.V.D.

Tableau V : Le déficit budgétaire Marocain (1972-1983) en millards de Drham.

Tableau VI : Déficit budgétaire et la structure des recettes au Maroc (en milliards de Dh), 1998-1995.

Tableau VII : Les prix et les termes de l'échange des principales matières premières exoportées par la Malaisie (1979-1987).

Tableau VIII : Perte des recettes publiques provoquées par les chocs extérieurs en Malaisie 1979-1986.

Tableau IX : La situation financière du gouvernement Malais (en % du P.I.B.) 1976-1987.

Tableau X : Financement du Déficit du gouvernement malais (1980-1987) en millions de $ US.

Tableau XI : Balance des exportations indonésiennes en milliards de dollars (1981-1987).

Tableau XII : Les dépenses totales réalisées et planifiées par l'Indonésie (1979-1988) en milliards de Rupiahs. Au prix constant de 1980.

Tableau XIII : Budget de l'Etat Indonésien en milliards de Rupiahs (1982-1989).

Tableau XIV : Quelques facteurs extérieurs et le solde du budget rwandais (1970-1990).

Tableau XV : Les chocs extéirieurs et l'accroissement des recettes publiques (1977-1980).

Tableau XVI : La part respective des impôts directs et indirects dans les recettes fiscales totales (en millions de FRW) 1970-1980.

Tableau XVII : La part de la fiscalité extérieure dans la structure des recettes totales (en millions de FRW) 1970-1980).

Tableau XVIII: Fluctuations des cours mondiaux du café, des droits de douane et leurs répercussions sur le budget de l'Etat rwandais (1970-1980) en milliards de FRW.

Tableau XIX : Les recettes et les dépenses du budget ordinaire (en millions de FRW) 1970-1986.

Tableau XX : Les chocs extérieurs et la structure des impôts sur le commerce extérieur (en millions de FRW) 1980-1987.

Tableau XXI : L'indice des valeurs moyennes à l'exportation (1980-1987).

Tableau XXII : Composition des recettes ordinaires (en pourcentage du total) 1969-1985.

Tableau XXIII: La structure de l'impôt sur les revenus, bénéfices et gains en capital (en millions de FRW).

Tableau XXIV : La structure des impôts intérieurs sur les biens et services (en million de FRW) 1980-1987.

Tableau XXV : Evolution du Poste "Dépenses sur ressources internes" en millions de FRW 1980-1987.

Tableau XXVI : Evolution du poste dépenses sur ressources externes en millions de FRW (1980-1987).

Tableau XXVII: La tendance des recettes fiscales prélevées, sur le commerce extérieur pendant la période de crise financière (en millions de FRW) 1987-1993.

Tableau XXVIII: La tendance des recetes fiscales intérieures pendant la période de crise financière (en millions de FRW), 1987-1993.

Tableau XXX : La tendance budgétaire pendant la période de crise financière (en millions de FRW) 1987-1993.

Tableau XXXI : Classement des mesures préconisées et leurs incidences sur la gestion budgétaire.

PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION GENERALE

I.1. Position du problème

La croissance et la conjoncture économiques des P.V.D. sont, peut-être plus que celles des pays développés, dépendantes de leur environnement économique international en général et de nombreuses rigidités et imperfections qui affectent leurs relations commerciales et financières avec le reste du monde en particulier.

En effet, selon Jean Claude Berthelemy 1(*), ces obstacles touchent plus particulièrement les P.V.D., non pas uniquement parce qu'ils ont un plus grand besoin de faire le commerce que les pays développés, mais également et surtout, parce que les difficultés de l'échange sont pour leurs économies beaucoup moins aisées à surmonter que pour les autres nations.

C'est ainsi que cette dépendance des P.V.D à l'égard de l'exterieur a des effets négatifs sur la stabilité des recettes d'exportations; sur celle des prix des importations et des termes de l'échange; sur l'activité économique en général et sur les finances publiques en particulier. D'après Antoine BASILE2(*), la gravité de ces effets est fonction de l'importance de la contribution des échanges extérieurs à la formation du produit national d'un pays.

Nombreux arguments expliquent pourquoi la gestion budgétaire des P.V.D. a été gravement touchée par l'instabilité de l'économie mondiale de ces dernières décennies.

En effet, avec un secteur extérieur relativement important, les économies de la plupart des P.V.D. ont été vulnérables aux contre-coups des différents chocs extérieurs. KE-YOUNG CHU3(*) nous suggère que les budgets des pays exportateurs de matières premières ont été grâvement touchés à cause de l'instabilité des cours mondiaux et de celle des termes de l'échange et en conséquence, de celle des recettes d'exportations et des recettes fiscales qui en décourent.

Bon nombre d'auteurs4(*) affirment que de nombreuses raisons expliquent cette vulnérabilité. En réalité, beaucoup de P.V.D. ont un système fiscal faible, fondé sur un petit nombre de produits échangés. Dans ces conditions, une chute des recettes d'exportation se traduit par une diminution des impôts indirects prélevés sur les activités économiques dérivées des exportations.

De l'autre côté, la fluctuation des importations due à l'instabilité des prix sur le marché mondial et à la variabilité de la demande interne, entraîne souvent l'instabilité des droits d'entrée. Par ailleurs, l'instabilité de l'environnement économique mondial contribue aussi à susciter des fluctuations des dons extérieurs et des prêts octroyés dans le cadre des projets d'Investissements.

Dans certains PVD, les effets négatifs des chocs extérieurs sont souvent amplifiés par des chocs intérieurs. Peter S.HELLER5(*) est très explicite à ce sujet : "Les causes de difficultés budgétaires sont multiples. Elles ont parfois une origine extérieure mais s'expliquent souvent par l'inadéquation des politiques économiques nationales comme la croissance rapide des dépenses publiques qui sont compensées par les recettes fiscales soumises à des fluctuations de l'environnement économique mondial".

En présence des chocs extérieurs; les mesures et les moyens visant à rétablir un meilleur équilibre, constituent un élément essentiel des stratégies adoptées pour résoudre les difficultés d'ajustement budgétaire.

En principe, on parvient à mieux équilibrer l'offre et la demande dans le secteur des finances publiques en augmentant les recettes ou en comprimant les dépenses budgétaires ou les deux à la fois. Les P.V.D. déploient considérablement des efforts pour renforcer l'élasticité globale de leur régime fiscal, réduire la désincitation résultant de la pression fiscale et gérer plus efficacement leurs régimes fiscaux.

En pratique, il est parfois très difficile d'augmenter les recettes car si la charge fiscale est assez lourde, le relèvement des taux d'imposition peut avoir une incidence très néfaste sur les initiations et sur le développement économique en général. De plus, il n'est pas certain qu'à court terme, les recettes peuvent augmenter à cause des chocs extérieurs.

Contrairement aux pays industrialisés, beaucoup de P.V.D. ne disposent que de très peu d'instruments budgétaires pour réagir aux chocs extérieurs et leur marché financier intérieur est insuffisamment développé pour financer les déficits budgétaires. C'est pour cette raison qu'ils font beaucoup recours à la dette extérieure.

L'autre problème auquel sont confrontés les P.V.D., c'est que très souvent, leurs dépenses publiques sont presque toujours gérées en fonction des recettes fiscales qui dépendent en quasi totalité des circonstances extérieures; ce qui entraîne des déficits budgétaires chroniques.

Les turbulences de l'économie mondiale des années 70 et 80 n'ont pas sans doute épargné le budget rwandais. En réalité, le Rwanda qui est un pays mono-exportateur des matières premières en général et du café en particulier a subi les contre-coups de la variabilité des cours mondiaux du café des années 70 et 80.

En abordant cette analyse, nous nous sommes inspirés de ce fameux problème de dépendance et du caractère mono-exportateur des P.V.D. en général et du Rwanda en particulier; pour concentrer nos efforts sur un problème qui est à la base de l'ajustement budgétaire rwandais en réponse à l'environnement économique mondial instable.

I.2. Les objectifs du travail

Notre travail comporte un double objectif à savoir :

i) identifier, quantifier l'ampleur et analyser l'impact des différents chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire au Rwanda.

ii) discuter de l'efficacité de différentes mesures déjà prises en cette matière, dégager les implications pratiques et formuler les voies et solutions permettant d'atténuer l'impact négatif de ces chocs, en vue de maintenir un équilibre budgétaire satisfaisant.

I.3. Hypothèses de recherche

A fin de pouvoir atteindre nos objectifs, nous nous proposons de vérifier deux hypothèses :

i) "Au Rwanda, les chocs extérieurs ont un impact négatif sur l'ajustement budgétaire";

ii) "Eu égard aux fluctuations crées par les chocs extérieurs et qui se manifestent à travers les droits de douanes, l'ajustement budgétaire doit se faire via la restriction fiscale et la stabilisation budgétaire".

I.4. La méthodologie de recherche

Pour pouvoir atteindre nos objectifs et vérifier la véracité de nos hypothèses, nous adopterons la démarche qui suit :

i) A travers la littérature, nous mettrons en évidence l'origine des chocs extérieurs, ses différents effets en général et ses effets sur l'ajustement budgétaire en particulier.

ii) Pour appuyer la littérature, nous donnerons quelques cas empiriques relatifs à l'expérience de quelques P.V.D. en matière d'ajustement budgétaire en présence des chocs extérieurs.

iii) Dans le cas du Rwanda, nous essayerons de faire une analyse de la tendance de l'évolution des recettes publiques, des dépenses publiques et du solde budgétaire. Nous tenterons de déceler les irrégularités et les causes y relatives et donnerons des recommandations susceptibles de pallier aux problèmes que nous aurons relevés au cours de l'analyse.

I.5. Les données

Les données utilisées ont été collectées auprès de la B.N.R., du MINIFIN, du MINIPLAN ainsi que de quelques publications et travaux académiques.

I.6. La délimitation et la portée du travail

Notre analyse se fera sur une période de 23 ans à compter de 1970 jusqu'en 1993. Elle portera sur quelques facteurs extérieurs qui ont le plus déstabilisé les finances publiques au Rwanda.

Tels sont :

i) les cours mondiaux des principales matières premières en général et du café en particulier;

ii) les termes de l'échange;

iii) les conditions d'emprunts sur les marchés extérieurs des capitaux;

iv) la guerre d'octobre 1990.

L'analyse tentera de déceler quelques effets de ces différents facteurs sur les recettes publiques, sur les dépenses publiques et sur l'ajustement budgétaire au cours de la période d'Etude.

A la fin de notre analyse, nous espérons devoir contribuer à l'identification des facteurs qui déstabilisent le budget rwandais et comptons pouvoir appuyer les instruments budgétaires dont disposent les autorités rwandaises.

En définitive, nous espérons pouvoir contribuer à la réflexion relative à l'ajustement budgétaire en réponse aux chocs extérieurs au Rwanda.

DEUXIEME PARTIE : LES FONDEMENTS THEORIQUES ET EMPIRIQUES DE L'IMPACT DES CHOCS EXTERIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGETAIRE.

II.1. LES GENERALITES

II.1.1. L'origine des chocs exterieurs.

Les bouleversements de l'économie mondiale des années soixante-dix (1970) et quatre-vingt (1980) ont été à l'origine des déficits budgétaires auxquels ont été confrontés les pays en développement.

Nombreux auteurs estiment que la principale source de l'instabilité économique, mondiale reste le choc pétrolier des années soixante-dix (1970) avec la récession économique qu'il a provoquée.

En effet, suite au conflit armé Israélo-Arabe dit "La guerre du KIPPOUR" (Octobre 19736(*)), les pays arabes ont décidé de décréter un embargo de leurs exportations vers un certain nombre de pays jugés amis d'Israël.

Depuis lors, les craintes de pénuries se sont vite généralisées et ont contribué à diminuer le climat de confiance qui régnait chez les chefs d'entreprises importateurs de pétrole et chez les décideurs économiques de la plupart des pays non pétroliers.

Par la suite, cette décision improvisée a entraîné la fragilité de leurs économies ainsi que celle de leurs budgets, compte tenu de leur degré de dépendance aux approvisionnements extérieurs en produits énergétiques en général et en produits pétroliers en particulier.

Plus graves ont été les effets de la décision prise par les pays de l'OPEP d'augmenter le prix du pétrole7(*). Comme celui-ci avait quadruplé, les termes de l'échange de la plupart des pays non membres de l'OPEP se sont détériorés et le protectionnisme est monté de façon à réduire leurs débouchés extérieurs et à gonfler leur service de la dette publique extérieure suite à la hausse du taux d'intérêt.

Ces difficultés qu'ont connu les pays non pétroliers se sont vite répercutées sur leurs balances de payements, sur leurs activités économiques en général, sur leurs niveaux généraux de prix et sur la stabilité de leurs budgets.

Leurs recettes publiques ont beaucoup fluctué à la suite de l'instabilité des impôts sur les échanges internationaux et leurs dépenses publiques ne faisaient que croître continuellement. En plus, il était difficile, voire impossible de réduire les dépenses publiques au moment où les recettes baissaient, et le budget était chroniquement déséquilibré jusqu'à nos jours.

Dans les lignes qui suivent, nous allons essayer de développer ces derniers effets cas par cas.

II.1.2. LES EFFETS DES CHOCS EXTÉRIEURS

II.1.2.1. Les effets des chocs extérieurs sur la balance desLes effets des chocs extérieurs sur la balance des

payements

Les économistes ne s'entendent pas facilement lorsqu'il s'agit d'identifier quels sont les chocs extérieurs qui ont le plus pesé sur la balance des payements des pays non pétroliers.

Selon certains, la récession mondiale de 1974-1975, la lenteur de la reprise qui a suivi et les pressions protectionnistes des pays développés auraient exercé des effets négatifs plus importants que ceux du renchérissement du pétrole. Selon d'autres, c'est l'inverse qui se serait produit.

Dans une étude du centre de développement de l'O.C.D.E., Bela BALASSA8(*) montre que pour la quasi totalité des P.V.D. non pétroliers, les dommages causés par la détérioration des termes de l'échange (due principalement à la hausse des prix des produits manufacturés importés), ont été plus graves que les effets du ralentissement des exportations des pays du Tiers-Monde vers les pays développés.

En effet selon l'auteur, le quadruplement des prix du pétrole a eu une incidence négative sur la balance des payements de la plupart des P.V.D. non membres de l'OPEP. Dans certains pays, cet effet a été accentué par la détérioration des termes de l'échange des produits non pétroliers, alors que dans d'autres, il a été atténué par les améliorations de ces mêmes termes.

C'est ainsi que plusieurs pays non pétroliers, en particulier ceux qui exportent du Cacao et du Café ont ultérieurement enregistré une nette amélioration de leurs termes de l'échange.

En plus de l'effet négatif du quadruplement du prix du pétrole, l'auteur estime que le ralentissement de la demande extérieure des produits d'exportations des pays non membres de l'OPEP, qu'il soit imputable au fléchissement des taux de croissance économique ou à un protectionnisme accrue, a également eu des effets négatifs sur la balance des payements de ces pays et qu'il variait selon les pays et en fonction de la composition de leurs exportations.

Avant Bela BALASSA, d'autres auteurs avaient tenté d'analyser les effets des chocs extérieurs sur les économies des pays non pétroliers. Sous un thème intitulé, "La crise pétrolière et le nouveau contexte conjoncturel", Eriane MOSSE9(*) avait essayé de quantifier les conséquences des chocs extérieurs sur la balance des payements courants des différents pays dans un tableau suivant :

Tableau I : La crise pétrolière et les grands déséquilibres extérieurs (Balance commerciale en milliards de dollars américains), 1973 - 1977.

+----------------------------------------------+

| Années |1973|1974 |1975 |1976 |1977 |

|Pays | | | | | |

+-----------------+----+-----+-----+-----+-----|

| OCDE | +8 |-26,5| +5,5| -19 | -22 |

| OPEP | +19|+78,5| +52 | +63 | +63 |

| P.V.D. non pét- | -6 |-22 | -23 |-20,5|-19,5|

| roliers | | | | | |

| Autres pays | -5 |-11 | -18 |-13 |-10 |

+----------------------------------------------+

Source : OCDE, Perspectives économiques, n 21 juillet 1977. Reproduit dans "Eliane Mossé", Op-cit, p. 189.

Comme il ressort du tableau ci-dessus, les PVD non membres de l'OPEP ont connu une forte dégradation de leur situation commerciale après la crise pétrolière : leur solde courant est passé de -6 en 1973 à -23 milliards de dollars américains en 1975.

En effet, il est visible que ce qui était une perte pour les PVD non pétroliers paraissait comme un gain pour les pays membres de l'OPEP dont le solde commercial est passé de 19 milliards de dollars à + 78 milliards de dollars américains dans deux ans seulement.

Les sommes des excédents accumulés par ces derniers sont fantastiques : plus de 250 milliards de dollars américains en quatres ans ! Les P.V.D. non pétroliers quant à eux, ont été les principales victimes des effets des chocs extérieurs avec un déficit cumulé de 94,5 milliards de dollars américains.

Selon Bela Balassa10(*) Les PVD ne devaient pas se taire devant une situation aussi critique pour leur balance des payements. Ainsi, ils se sont efforcés de chercher des mesures susceptibles d'atténuer les effets négatifs des chocs. Les pays dans lesquels les effets conjugués des variations des termes de l'échange et du ralentissement de la demande extérieure ont provoqué une dégradation de la balance des payements, ont agi par un recours au financement extérieur, à la promotion des exportations, à la substitution de productions nationales aux importations ainsi qu'à des mesures macroéconomiques affectant directement les exportations et les importations.

Certains autres pays ont également mis en oeuvre un ensemble de mesures dont quelques unes ont eu des effets positifs et d'autres des effets négatifs. C'est dans une telle optique qu'ils se sont efforcés d'accélérer leur croissance économique en empruntant à l'étranger et en favorisant un mouvement de substitution de productions nationales aux importations, dans le but de protéger leur balance des payements. Tels est le cas des P.V.D. non pétroliers qui subissent le deuxième choc pétrolier en 1979.

En effet, ils ont recouru à un accroissement de l'emprunt extérieur pour amortir l'incidence négative des chocs extérieurs sur leur balance des payements et ont vu leur coefficient du service de la dette et l'endettement extérieur s'accroître considérablement. Le tableau qui suit nous éclaire là-dessus.

Tableau II : Incidence des chocs extérieurs sur la balance des payements et les mesures prises pour les atténuer : Quelques cas représentatifs dans 9 pays en développement non membres de l'OPEP, 1974 - 1979.

+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

| |Chocs extérieurs |Incidence |Accroiss.|Incidence|Accroiss. |Substi- |Incidence de |Coefficient de|Coefficient du|

| | en % du PIB |des termes|du volume|du Finan-|des parts |tution |baisse des |la dette exté-|service net de|

| +-----------------|de l'Echa-|des expo-|cement |de marchés|aux impo-|taux de crois-|térieure nette|la dette |

| Pays |1974-|1976-|1974-|nge |rtation |ext. net |d'export. |rtations |sance du PIB +--------------+--------------|

| |1975 |1977 |1977 +------------------------------------------------------------------|1973 |1978/79|1973 |1978/79|

| | | | | En pourcentage des chocs extérieurs; +-----------------------------|

| | | | | moyennes 1974-1977 | Pourcentages |

+----------+-----+-----+-----+------------------------------------------------------------------+-----------------------------|

|Brésil | 3.7 |2.1 |2.8 | 85 | 15 | 50 | 15 | 51 | -16 |36.4 |61.4 | 6.8 | 17.6 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Corée |14.6 |6.5 |10.1 | 76 | 24 | -65 | 94 | 129 | -56 |13.1 |11.9 |13.9 | 19.2 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Tunisie | 0.9 |9.0 |5.5 | 35 | 65 | 206 | 40 | -112 | -34 |23.6 |27.5 |21.4 | 36.1 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Mexique | 1.3 |1.1 |1.2 | 41 | 59 | 285 | 101 | -106 | 22 |62.4 |109.5 |13.4 | 33.3 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Pérou | 8.4 |14.3 |11.4 | 80 | 20 | 108 | 15 | -20 | -3 |41.7 |74.3 |28.0 | 57.8 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Portugal | 6.9 |12.0 |9.5 | 59 | 41 | 112 | -80 | 13 | 55 | 3.7 |22.8 |-13.4 | 21.8 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Colombie | 1.4 |-2.0 |-0.4 | 329 |-229 | -95 | -65 | -125 | -9 |26.5 |13.4 |13.0 | 3.7 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Côte | | | | | | | | | | | | | |

|d'Ivoire | 1.5 |-8.9 |-4.2 | 223 |-123 | -275 | 229 | -94 | 40 | 7.9 |14.2 |15.0 | 34.6 |

+----------+-----+-----+-----+----------+---------+---------+----------+---------+--------------+------+-------+------+-------|

|Malaisie | 0.6 |-8.7 |-4.2 | 186 |-85 | -125 | 108 | 85 | -168 |-0,4 | 1.4 |-7.1 | -3.0 |

+-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : Bela BALASSA, Op-cit, p. 19

Bref, tant que l'ajustement intérieur retarde, le recours au financement extérieur peut donc être à l'origine de difficultés futures de la balance des payements; à moins que les prêts n'engendrent des gains ou des économies de devises suffisantes pour rembourser le principal et les intérêts. Sinon, le niveau élevé des taux d'intérêt accentue encore les problèmes de liquidité et augmente le coût à supporter pour investir les fonds empruntés.11(*)

II.1.2.2. Les chocs extérieurs et l'accentuation de l'inflation

Concernant les évolutions économiques internes, la conséquence la plus immédiatement prévisible des chocs extérieurs est l'impact inflationniste.

Cet effet a été double après la crise pétrolière12(*). En effet, la hausse des prix du pétrole a eu un impact sur les coûts de production (qui se sont traduits en hausse de prix). Elle a eu également des effets indirects sur l' inflation, à cause des problèmes de répartition de revenu qui étaient provoqués par le transfert pétrolier. La perte globale du pouvoir d' achat que les pays développés ont subie du fait de la crise pétrolière, s'est traduite par une aggravation des tensions sur le partage de la valeur ajoutée et a provoqué une situation conjoncturelle, caractérisée par des phénomènes de surchauffe et d' accentuation des pressions inflationnistes.

Eriane MOSSE13(*) essaye de quantifier cet impact dans le tableau qui suit.

Tableau III : La crise financière et l'inflation en 1974 (*) La hausse de prix des matières premières, la hausse de prix du pétrole et l'inflation (en pourcentage)

+----------------------------------------------------------------------------------------------------------+

| |La contribution |La contribution de| TOTAL |Hausse des prix |TOTAL |Hausse des|

| |de la hausse des |la hausse des prix| |prévue avant la |III+IV |prix |

| Pays |prix des matières|du pétrole à la | I + II |crise pétrolière| |constatée |

| |premières à la |hausse des prix | |(2) | | |

| |hausse des prix | | | | | |

| |(1) | | | | | |

| | (I) | (II) | (III) | (IV) | | (V) |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Canada | - | - | - | 6,7 | 6,7 | 9,2 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Etats Unis | 0,1 | 0,4 | 0,5 | 6,7 | 7,2 | 9,0 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Japon | 0,4 | 3,0 | 3,0 | 9,2 | 12,2 | 22,0 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|France | 0,4 | 3,1 | 3,1 | 7,7 | 10,8 | 12,0 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Allemagne | 0,2 | 1,7 | 1,7 | 7 | 8,7 | 8,0 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Italie | 0,6 | 4,4 | 4,4 | 10 | 14,4 | 19,0 |

+------------------+-----------------+------------------+--------------+----------------+-------+----------|

|Royaume-Uni | 0,5 | 3,4 | 3,4 | 6,2 | 9,6 | 26,2 |

+----------------------------------------------------------------------------------------------------------+

(*) L'année 1974, qui a suivi le premier choc pétrolier, a été l'année de plus forte

inflation de la décennie 1970.

(1) Prix de la demande intérieure (consommation, investissement, stocks)

(2) Prévisions effectuées en octobre 1973

Source : Eriane MOSSE, op-cit, p.191.

Selon l'auteur, la crise pétrolière s'est greffée sur une situation conjoncturelle de vive expansion, caractérisée par des phénomènes de surchauffe et d'accentuation des pressions inflationnistes14(*).Cette accélération étant non seulement imputable à l'état généralisé de surchauffe (le PNB de l'ensemble des pays développés s'étant accru de 6,3 % en 1973 contre 4,6 % pour la moyenne des cinq années précédentes), mais également à la flambée des prix des matières premières qui s'était manifestée dans le courant de 1973.

En outre, l'analyse du tableau ci-dessus montre que la hausse de prix observée en 1974-1975 a été beaucoup plus forte à cause de la hausse des prix du pétrole et d'un certain nombre d'éléments qui ont exercé un rôle amplificateur sur l'inflation. Parmi ces éléments, l'auteur évoque la poursuite de la hausse des coûts de salaire et l'explosion salariale dans certains pays.

La hausse de prix des produits de base et le phénomène spéculatif d'achats anticipés renforcent également l'impact des chocs extérieurs sur les niveaux généraux des prix à l'intérieur d'un pays considéré. Autant de preuves qui démontrent l'impact négatif des chocs extérieurs sur les niveaux généraux de prix.

II.1.2.3. Les chocs extérieurs et la récession de l'activité économique.

D'autres auteurs ont également développé une thèse selon laquelle les chocs extérieurs provoquent une dépression économique dans les pays industrialisés ainsi que dans les P.V.D. non membres de l'OPEP. Selon certains, les chocs extérieurs engendrent une diminution de la demande exogène des produits exportés et par ce fait, dépriment l'activité économique d'un pays exportateur.

C'est dans cet ordre d'idée que H.BOURGUINAT15(*), nous rappelle que cette thèse a profondément marqué la politique de la France dans les années 1974-76 et a conduit à une politique d'endettement extérieur accrue, destinée à soutenir la demande.

En plus de cette thèse, d'autres travaux empiriques ont tenté de chiffrer cet effet dépressif. Dans l'ensemble, les travaux tiennent compte des interdépendances multinationales dont les effets cumulatifs ont été mis en évidence par SCHWARTZ, A.N.16(*) qui, à l'aide de ces derniers travaux, n'a pas pu atteindre l'équilibre économique international à cause des chocs extérieurs. A l'opposé, on peut retrouver une vision macromondiale dans une étude de BURNS,T et DICKS, G.R.17(*).

Pour évaluer les effets des chocs extérieurs, les deux auteurs ont construit un modèle global de l'économie mondiale, conçue comme une seule et même économie fermée. L'équilibre économique international n'est alors rien d'autre que l'équilibre de cette économie fermée et varie selon les effets des chocs extérieurs sous plusieurs formes.

Mais qu'elles soient directes ou indirectes, les conséquences des chocs extérieurs sont, soit négatives soit positives sur l'activité économique d'un pays prix isolément.

D'après Eriane MOSSE18(*) les effets d'amplification ont pu s'exercer après le choc pétrolier du fait qu'un processus cumulatif s'est engagé à travers les différents canaux. Considérant les pays de l'OCDE et un ensemble des P.V.D. non pétroliers, l'auteur a pu trouver que :

i) Les niveaux des échanges qu'ils effectuaient les uns avec les autres s'étaient fortement réduits (les échanges à l'intérieur de la zone OCDE s'étaient réduits de 12 % en volume entre le premier semestre de 1974 et le premier semestre de 1975);

ii) Les entreprises, craignant de nouvelles manifestations de types embargo ou augmentation de prix du pétrole, avaient préféré liquider leurs stocks de produits finis pour répondre à la demande plutôt que d'accroître leur production;

iii) Les investissements s'étaient dans la plupart des pays effondrés;

iv) Les ménages, face à la montée du chômage, avaient eu un comportement prudent et le taux d'épargne s'était généralement accrue;

v) Enfin, on a assisté (en 1974 et au début de l'année 1975) aux effets provoqués par des mesures restrictives prises au second semestre 1973 (dans la plupart des pays de l'OCDE et dans la zone des autres pays non pétroliers) pour lutter contre l'inflation.

Dans l'ensemble, les chocs extérieurs, par leurs effets indirects ou induits, par leur rôle de révélateur de difficultés économiques pré-existantes, affectent profondément l'activité économique de la plupart des pays en général et des P.V.D. en particulier.

II.1.2.4. Les chocs extérieurs et les difficultés budgétaires

Dans les années 50 et 60, le budget avait joué un rôle conjoncturel important : il s'agit en premier lieu de la hausse des impôts et le freinage des dépenses publiques pour lutter contre l'inflation et en second lieu, de l'allégement de la fiscalité ainsi que de l'augmentation des prestations pour lutter contre la récession.

Depuis la crise pétrolière des années 1970, ce rôle d'importance primordiale est devenu beaucoup plus difficile à exercer dans la mesure où les marges de manoeuvre de la politique budgétaire ce sont réduites. KE-YOUNG CHU éclaire cette affirmation19(*). En effet, la stagnation (ou du moins le freinage de la croissance économique) a limité le développement des recettes publiques. Par ailleurs, le Développement des dépenses publiques s'est accéléré pour trois raisons :

i) Le développement des transferts sociaux lié à l'augmentation du chômage;

ii) La poursuite de la hausse des salaires dans le secteur publics;

iii) Le Développement des dépenses d'investissements et d'autres dépenses visant à compenser certains aspects négatifs de la croissance (La protection des couches sociales vulnérables, les dépenses à l'éducation, ....)

Face à des recettes en moindre progression, (et qu'il est difficile d'accroître compte tenu du climat social peut favorable à un accroissement de la pression fiscale), on a donc trouvé les dépenses publiques en accélération.

C'est pourquoi, à cause des effets négatifs qu'exercent les chocs extérieurs sur les recettes publiques dont la principale composante (les impôts indirects sur les relations internationales) subi sans merci les fluctuations inattendues; le déficit du secteur public se développe très fortement dans la plupart des PVD non membres de l'OPEP.

Dans le chapitre qui suit, nous allons analyser plus profondément l'incidence des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire des PVD exportateurs des produits de base.

II.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE

Si les pays industrialisés se sont dotés de la gestion budgétaire moderne et adoptée à leur conjoncture économique et sociale, la plupart des PVD ont fait preuve dans cette matière, d'un conservatisme très marqué20(*).

Leurs recettes publiques sont trop axées sur les échanges internationaux et sont par ce fait, exposées aux contrecoups des chocs extérieurs qui, en faisant fluctuer les recettes d'exportations, font également fluctuer le volume des recettes fiscales y relatives. Dans de telles conditions, ces recettes se trouvent dans l'incapacité de pourvoir aux simples dépenses de fonctionnement.

Au cours de l'analyse qui suit, nous allons considérer séparément l'impact des chocs extérieurs sur les recettes publiques et sur les dépenses publiques. Nous allons enfin, faire la synthèse des implications sur la gestion budgétaire en général.

II.2.1. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'AJUSTEMENT DES RECETTES PUBLIQUES

II.2.1.1. La prépondérance des impôts indirects dans les recettes fiscales

La lecture des budgets de certains pays en développement permet de constater un déséquilibre entre les recettes publiques à l'intérieur desquelles les droits de douane, les taxes à l'importation et les droits de sortie occupent une part prédominante.

Les recettes directes sur les biens et les personnes se situent généralement dans un éventail représentant un pourcentage relativement petit des recettes fiscales totales comme le témoigne le tableau ci-après.

Tableau IV : Pourcentage des impôts directs et indirects par rapport aux recettes fiscales totales de quelques P.V.D.

+---------------------------------------------------------------+

| |Impôts | Impôts indirects |Autres |Montant |

| |directs+------------------------|recettes|TOTAL des|

| PAYS | |Droits sur |Droits sur |Fiscales|recettes |

| | |le commerce |le commerce| |fiscales |

| | |extérieur |intérieur | | |

+-----------+-------+------------+-----------+--------+---------|

|Côte d' | | | | | |

|Ivoire | 15 % | 60 % | 20 % | 5 % | 100 % |

|Madagascar | 15 % | 59 % | 20 % | 6 % | 100 % |

|Ethiopie | 19 % | 50 % | 23 % | 8 % | 100 % |

|Kenya | 20 % | 45 % | 25 % | 10 % | 100 % |

|Tanzanie | 18 % | 48 % | 21 % | 15 % | 100 % |

|Rwanda | 24 % | 50 % | 26 % | | 100 % |

+---------------------------------------------------------------+

Source : République Française, "Fiscalité et Développement des pays du Tiers-Monde, 1974, Réproduit dans H.NONORGUES, op-cit, p.15.

Visiblement le rendement des impôts directs augmente plus lentement que celui des impôts indirects dans la plupart des P.V.D. Ce qui implique une diminution de la part que les impôts directs occupent dans le budget ordinaire.

Plutôt que de développer l'assiette interne des recettes publiques, la plupart des P.V.D. continuent de favoriser la place des impôts indirects sur les relations internationales dans leur budget pour des raisons qui sont analysées dans le paragraphe suivant21(*).

II.2.1.2. Intérêt de la taxation des exportations

Antérieure à l'imposition des importations mais abandonnée par quelques pays industrialisés, la taxation des exportations ne subsiste beaucoup plus que dans les P.V.D. Elle est liée aux difficultés financières que connaissent ces derniers et plus particulièrement à la facilité dans la collecte.

Rendue possible par la conjoncture économique mondiale, la taxation des exportations présente un double intérêt : Intérêt fiscal et économique. Nous les analyserons séparément.

A. Intérêt fiscal de la taxation des exportations

La taxation des exportations est un complément indispensable à l'imposition du revenu.

En effet, comme le gros des exportations provenant des PVD non membres de l'OPEP est essentiellement constitué des produits du secteur primaire et que les bénéficiaires des revenus d'exportations (les producteurs ruraux pour la plupart) échappent en masse à l'impôt sur les revenus; les droits de sortie résorbent dans ce cas une partie de leurs profits et les font contribuer ainsi aux recettes publiques.

La faiblesse d'une imposition appropriée à cette catégorie de contribuables et à leurs revenus dans le système fiscal interne à certains PVD, justifie donc le maintien et le développement de la taxation des exportations.

Celle-ci, quant elle est bien aménagée, permet d'atteindre les bénéfices exceptionnels que réalisent les exportateurs en cas de hausse des prix des produits exportés et de compense ainsi l'inefficacité de l'impôt sur les revenus à toucher de tels bénéfices.

La taxation des exportations est également appréciée pour son administration très aisée et pour son acceptation politique22(*). Sur le plan administratif, nous admettons avec KALINIJABO Charles que la méthode d'établissement et de recouvrement des droits de sortie est très expéditive.

En plus, un personnel peu nombreux peut pourvoir à l'administration des taxes et la fraude peut être réduit à des dimensions minimales.23(*) En fin, les coûts des opérations d'imposition sont extrêmement réduits.

Au point de vue politiques, l'admiration pour les droits de sortie s'explique par le peu d'aversion qu'elles suscitent de la part de ceux qui les subissent.

Dans le cas de la taxation des produits du secteur primaire (café, cacao,....) par exemple, les prix payés aux producteurs agricoles par les intermédiaires commerciaux sont généralement ajustés par un organisme public qui tient compte des cours en vigueur sur les marchés d'exportations et des droits de sortie.

Les taxes sont perçues au moment de la sortie de la marchandise et acquittées par l'exportateur, dernier intermédiaire qui se charge de l'écoulement du produit sur les marchés extérieurs. Dans ces conditions, les producteurs ignorent généralement la taxe qui grève leur revenu. Le montant de celle-ci leur est indifférent tant qu'il ne se traduit pas par une baisse des prix par rapport à ceux pratiqués l'année précédente.

B. Intérêt économique de la taxation des exportations

A côté des objectifs d'ordre fiscal, les droits de sortie peuvent théoriquement avoir des effets économiques favorables, notamment pour l'amélioration des recettes budgétaires.

En effet, pour autant que le montant de la taxe frappant un produit exporté peut être répercuté entièrement ou partiellement sur le consommateur étranger, on obtiendrait un accroissement net du revenu réel, qui contribuerait à réduire l'échange inégal en soutenant les importations toujours croissantes dans les pays en développement. En réalité, ces cas où les droits de sortie seraient transférables aux consommateurs étrangers sont quasi inexistants pour deux raisons :

i) Les P.V.D. ne participent pas à la fixation des prix des produits essentiels qu'ils exportent;

ii) Les cours sont fixés à l'étranger de façon que les produits participent très faiblement au revenu global des exportations au niveau mondial.

Dans cet ordre d'idée, le P.V.D. ne peuvent pas prétendre occuper une position monopolistique sur les marchés extérieurs leur permettant d'influencer favorablement les prix. Dans un tel état de choses, les droits de sortie se répercutent sur les producteurs des pays en développement et influent significativement sur la stabilité des recettes fiscales en général.

Bref, l'impossibilité de reporter la charge fiscale sur les consommateurs étrangers explique la problématique des exportations en tant qu'assiette fiscale.

II.2.1.3. La problématique des exportations en tant qu'assiette de l'impôt.

En raison de leur importance fiscale dans un environnement où les besoins des recettes publiques sont importants, les droits de sortie sont en quelque sorte un mal nécessaire et inévitable dans l'état actuel des budgets de la plupart des pays en développement.

Ils n'en sont pas moins critiquables, non seulement parce que leur assiette est trop étroite et difficilement extensible, mais encore parce qu'ils dépendent fortement de l'extérieur et par ce fait, renforcent l'instabilité budgétaire des P.V.D.

A. L'assiette trop étroite des droits de sortie

L'étroitesse de l'assiette des droits de sortie est imputable à la gamme restreinte des produits exportés et taxables ainsi qu'à la faiblesse du volume des exportations.

En effet, on admet avec Antoine BASILE24(*) que le commerce extérieur des P.V.D. se trouve concentré en moins de produits que ne l'est le commerce des pays développés à l'économie diversifiée. Cette concentration entraîne une plus grande instabilité des recettes d'exportations et par ce fait, les recettes fiscales qui en découlent sont instables à cause de l'instabilité des prix sur les marchés internationaux25(*).

La concentration en question est pour la plupart des PVD dominée par les produits de base qui accusent d'année en année d'amples variations. Très souvent d'ailleurs, stipule André Vanhaeverbeke,26(*) les effets-prix et quantité se cumulent pour déstabiliser les recettes d'exportation, si bien qu'en moyenne pour l'ensemble des P.V.D., les variations cycliques des recettes d'exportations ne sont pas négligeables entre la période de haute conjoncture et la période de basse conjoncture.

Selon le même auteur, la première et la plus grâve conséquence de cette instabilité des recettes réside dans la vulnébilité financière et monétaire c'est-à-dire, l'inflation. En effet, en haute conjoncture, lorsque les recettes fiscales y afférentes augmentent, on a tendance à dépense davantage et, comme la production intérieure est rigide; les prix montent.

En basse conjoncture, le gouvernement cherche à maintenir les recettes et à éviter une déflation politiquement difficile en pratiquant l'impasse budgétaire également cause d'inflation.

De surcroît, cette instabilité des recettes d'exportations, et en parallèle des recettes fiscales y afférentes, rend la planification extrêmement difficile, car si on a prévue un certain montant d'investissements, mais que la baisse des prix des produits exportés provoque la baisse des recettes budgétaires, la réalisation des projets de développement et surtout leur coordination seront compromises.

Bref, le caractère mono-exportateur des PVD, fait que dans la plupart des cas, un ou deux produits d'exportation supporte (nt) la quasi totalité des droits de sortie de façon que la structure des recettes fiscales en est largement influencée et par ce fait, la structure des recettes budgétaires est également influencée.

Cette situation montre clairement à quel degré l'assiette des droits de sortie est rigide. On ne peut guère compter sur la possibilité de son élargissement, car la production des biens exportables reste très faible, peu diversifiée et subit les fluctuations des prix sur les marchés internationaux.

B. La forte dépendance des droits de sortie vis-à-vis de

l'extérieur

Généralement pour accroître le rendement d'un impôt donné, la technique fiscale utilise deux procédés : L'élargissement de l'assiette et/ou l'accroissement des taux d'imposition. Dans certains cas, ces deux procédés peuvent être appliqués cumulativement ou séparément.

Relativement aux droits de sortie, la technique de l'élargissement de l'assiette est mise en échec par des raisons qui viennent d'être examinées. Le relèvement des taux d'imposition reste le seul recours dont il convient d'examiner les conditions d'application.

En effet, selon charles KALINIJABO27(*), le relèvement des taux de droits de sortie ne se conçoit logiquement que dans le cas d'une conjoncture strictement favorable aux produits exportés imposables. En vertu de la sensibilité aux chocs extérieurs propre aux impôts indirects, le producteur ne ressent pas la charge de l'impôt qui grève son profit lorsque son produit a bénéficié d'une hausse de prix sur les marchés extérieurs.

Pour lui, c'est l'accroissement nominal de son revenu qui l'intéresse et il ignore généralement le sacrifice qu'il consent en supportant un impôt qu'il ne paye pas lui-même.

Bref, les fluctuations des prix des produits d'exportations se répercutent sur la structure des recettes fiscales et déterminent le législateur dans le choix des taux d'imposition. Il en résulte ainsi une forte dépendance des droits de sortie par rapport à la situation des produits exportés sur les marchés d'exportations.

II.2.1.4. L'instabilité des droits de douane et difficultés de planification

Le terme "instabilité" désigne les variations qui se produisent par rapport à une valeur tendancielle au cours d'une période donnée. Il englobe les insuffisances (les pénuries) et les excédents des droits de douane. Ces manques à gagner et ces excédents ont tous les deux certains effets sur l'ajustement budgétaire des pays dont la fiscalité repose essentiellement sur le commerce extérieur. C'est pourquoi ces effets doivent être examinés.

Selon certains auteurs, il y a une différence fondamentale entre l'instabilité due à la demande et l'instabilité due à l'offre lorsqu'il s'agit de la transmission des effets de l'instabilité de ces impôts indirects sur le budget.

A. L'instabilité due à la demande des exportations

L'instabilité imputable à la demande s'amorce à l'extérieur de l'économie et principalement sous la forme d'une instabilité de prix des exportations et des termes de l'échange qui provoquent les fluctuations parallèles au niveau des dépenses internes.28(*)

Selon Lindert et Kindleberger29(*), la variabilité de la demande étrangère des biens d'exportations est pour la plupart des PVD une chose commune des chocs extérieurs. En effet, cette variabilité est particulièrement aiguë pour les pays qui se spécialisent dans l'exportation d'une gamme étroite de produits dont la demande est très sensible au cycle d'affaires des pays importateurs. En plus, elle cause du tort aux pays exportateurs des matières premières dont le budget dépend essentiellement des impôts indirects.

B. L'instabilité due à l'offre des importations

L'ajustement budgétaire devient plus compliqué en face de chocs dus à l'offre d'importations. En effet, nous acceptons avec Lindert et Kindleberger que les résultats de cet ajustement dépendent principalement des effets initiaux du choc sur les recettes publiques et le pouvoir d'achat national.

L'auteur donne cependant le résultat d'un exemple dépourvu d'ambiguïté, en se limitant au type le plus probable et le plus dangereux de choc extérieur dû à l'offre d'importations, c'est-à-dire, le choc pétrolier.

En réalité, "une réduction soudaine de l'offre étrangère, diminue le pouvoir d'achat national (puisque le prix a augmente) et augmente la valeur totale des importations et la dépense totale. Cela se produit si les entreprises étrangères, les guerres, les blocus, les grèves ou les mauvaises récoltes privaient l'approvisionnement des importations occupant une large place dans la dépense nationale et dont la demande d'importation nationale soit très inélastique".

Dans ces conditions le budget national, dont les recettes totales accussent d'amples variations, connaît des difficultés d'ajustement du fait de la hausse des dépenses résultant de l'instabilité de l'offre d'importation.

C. Les chocs extérieurs et les difficultés de planification

A travers l'argumentation supra, on remarque que la mise en place d'un plan de développement économique dont le financement reposerait sur les recettes fiscales issues du secteur d'import-export, devient plus difficile en raison du caractère incertain de celles-ci30(*).

Selon Wallich, H.C.31(*), même si les gouvernements disposent de quelque contrôle sur les investissements domestiques et sur les dépenses publiques en général, ils n'en ont pratiquement pas sur les exportations dont la fluctuation influe sur les impôts indirects qui en découlent.

La difficulté pour les PVD d'établir les plans prévisionnels est particulièrement mise en évidence par DELMAS, W.C.32(*) qui, s'inspirant des expériences de la Jamaïque, souligne l'importance pour ces pays de connaître en avance les fluctuations de recettes fiscales issues du commerce extérieur.

L'instabilité des recettes issues du commerce extérieur entraîne également l'instabilité au niveau sectoriel. Voyons les experts de la CNUCED à ce sujet33(*) :

"Au niveau macroéconomique, il y a des arguments théoriques fort valables en faveur de l'hypothèse selon laquelle; l'instabilité des recettes fiscales sur le commerce extérieur a un effet négatif. Selon ces arguments, l'instabilité entrave le développement par l'intermédiaire des variables telles que l'investissement, les recettes publiques etc... Elle engendre un climat incertain qui gêne la planification, l'investissement et la stabilité au niveau sectoriel".

Bref, l'instabilité qui caractérise les prix des principaux produits d'exportation ne fait que renforcer l'incertitude qui entoure les droits de sortie en tant qu'instrument de politique fiscale fiable et de plus, elle renforce l'instabilité des recettes publiques en général et génère les difficultés de planification en particulier.

II.2.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA STABILITÉ DES DÉPENSES PUBLIQUES : PROBLÈME STRUCTUREL RELATIF AUX DÉPENSES

Après avoir relevé les effets des chocs extérieurs sur les recettes publiques, il est question dans le présent paragraphe de relever les effets des chocs extérieurs sur les dépenses publiques34(*) qui, d'après nous se présentent sous deux formes :

i) Les dépenses publiques fluctuent en fonction des cours mondiaux des principaux produits d'exportations.

ii) Les dépenses augmentent plus vite que les recettes.

Nous optons pour une analyse détaillée de ces deux effets.

II.2.2.1. La fluctuation des dépenses publiques en fonction des cours mondiaux

Si l'on considère son incidence budgétaire, ce problème revêt deux aspects :

i) Une baisse des cours mondiaux n'entraîne pas seulement une baisse des recettes de l'Etat, mais également une augmentation correspondante au niveau des dépenses de transferts aux ménages.

ii) Une hausse des cours mondiaux et par la suite des recettes publiques, incite l'Etat à accroître les dépenses sans tenir compte du caractère temporaire de ce phénomène. Cette manière de faire est susceptible d'aggraver l'état des finances publiques à long terme, puisque il n'est pas toujours possible de comprimer les dépenses au degré nécessaire pour éviter un gonflement du déficit budgétaire quand les cours mondiaux descendent.

Selon Ezriel et Grilli35(*), la réaction de l'Etat quant aux problèmes liés aux fluctuations des cours mondiaux s'analyse comme suit : Du fait qu'il est difficile de comprimer les "traitements et les salaires" à court terme; et qu'il n'est pas pratiquement facile de changer le prix de garantie des principaux produits exportés au moment où les finances publiques souffrent des baisses de leurs cours mondiaux;

L'Etat diminue les dépenses destinées aux achats des biens et services et les dépenses en capital financées sur les fonds internes. La réaction de l'Etat aux problèmes cités ci-dessus suit donc les cycles conjoncturels.

Par contre, une gestion macroéconomique qui profiterait des instruments de la politique conjoncturelle essayerait de modérer les fluctuations plutôt que de les accentuer.

II.2.2.2. Les dépenses publiques augmentent plus vite que les recettes publiques

Les raisons de la variation relative de la proportion entre les dépenses courantes et les recettes sont essentiellement les suivantes36(*) :

i) L'augmentation des salaires et traitements;

ii) L'augmentation des dépenses pour l'achat de biens et services;

iii) L'accroissement des versements d'intérêts sur la dette publique;

iv) La croissance des transferts aux ménages à cause d'une chute des cours mondiaux des produits exportés et d'un relèvement du prix accordé aux producteurs de ces derniers.

En effet, on remarque que dans la plupart des P.V.D., les dépenses de fonctionnement ne créent pas de revenus directs au profit de l'Etat et entraînent par conséquent les effets indirects et les effets temporairement limités qui ne sont pas susceptibles d'assurer une couverture de ces dépenses.

En réalité, les dépenses courantes devraient au moins être couvertes par les recettes courantes, mais cela n'est pas le cas chez les PVD. Concernant les investissements, ils sont théoriquement susceptibles de produire directement des recettes au profit de l'Etat; recettes qui couvriraient les charges récurrentes et le service de la dette lié aux investissements.

Pratiquement, ces investissements ne sont pas souvent rentables pour de multiples raisons : mauvaise gestion, politique restrictive envers les entreprises, changements de conditions économiques, etc... Et d'ailleurs les investissements qui ne sont pas directement productifs (investissements d'infrastructure ou à caractère social), peuvent rarement apporter les recettes susceptibles de couvrir le service de la dette.

Quant aux effets indirects sur le budget, "on suppose théoriquement que les investissements démarrent une croissance économique et fournissent donc des recettes publiques à long terme qui participeraient au remboursement de la dette souvent contractée pour leur financement".

Cependant la réalité a démontré que pour de multiples raisons, la croissance suscitée par des investissements publics est rarement stable et persistante. Par ailleurs, faute d'un système fiscal et d'une administration fiscale efficace, considérant également l'instabilité des recettes fiscales sur les relations internationales; la croissance économique ne se traduit pas automatiquement par une augmentation proportionnelle du prélèvement fiscal qui pourrait produire des recettes suffisantes pour couvrir les dépenses publiques.

Bref, dans beaucoup de PVD, les rentrées fiscales ne parviennent plus à financer les coûts de fonctionnement et le service de la dette. Il en résulte par conséquent un endettement public croissant qui est devenu le problème le plus menaçant pour les économies du Tiers-Monde37(*).

II.2.3. L'IMPACT DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE

Dans de nombreux pays en développement, les chocs extérieurs exercent un impact non négligeable sur l'ajustement budgétaire.

En effet, les chocs extérieurs déstabilisent les recettes publiques, car ces dernières sont en grande partie alimentées par les impôts sur les échanges internationaux. La simple instabilité de ces échanges influe directement sur la stabilité des recettes fiscales en général et sur l'équilibre budgétaire en particulier.

Leur mouvement à la hausse entraîne une hausse parallèle des dépenses publiques; mais celui à la baisse est toujours suivi par un maintien des postes de dépenses publiques élevées.

Ainsi, il en découle un déficit budgétaire chronique vue le caractère incertain des recettes publiques et l'hésitation de baisser les dépenses au cas où les recettes baissent.

En plus de ces effets qui s'amorcent de l'extérieur, la facilité et l'ampleur des impôts prélevés sur le commerce extérieur démobilisent la fiscalité interne et poussent l'administrateur à négliger l'impôt direct tout en dépendant davantage des impôts indirects en général et des recettes sur le commerce extérieur en particulier. Il en résulte que dans la plupart des P.V.D., ces types d'impôts représentent une part considérable des recettes budgétaires et traduisent le degré d'instabilité de la fiscalité. Dans un tel cas, ils aggravent l'incertitude dans les prévisions budgétaires.

Bref, vu que les effets des chocs extérieur sur l'ajustement budgétaire différent d'un pays à l'autre, nous espérons embrasser les aspects essentiels de cet impact dans une analyse empirique.

II.3. LES CAS EMPIRIQUES

Dans les chapitres précédents, nous venons de montrer que les origines des difficultés budgétaires croissantes de la plupart des P.V.D. se trouvent d'une part dans la vulnérabilité structurelle de leurs économies et d'autres part dans les facteurs exogènes et endogènes.

Parmi les facteurs endogènes, nous venons de montrer qu'un système de recettes fiscales reposant largement sur les produits d'exportations entraîne l'instabilité budgétaire. Et comme facteurs externes, nous venons de relever la problématique du marché mondial qui, à travers les fluctuations de prix et de la demande, influe directement et fortement sur le volume des recettes fiscales.

En plus, l'encouragement des dépenses publiques en période de forte augmentation des recettes fiscales constitue un autre facteur qui explique l'instabilité budgétaire.

Dans le chapitre qui suit, nous nous proposons de prouver l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire à l'aide de quelques cas empiriques. Dans le but de bien mesurer cet impact, nous avons choisi un échantillon constitué de quatre pays en développement qui ont le plus subi les contre-coups des chocs extérieurs : deux pays africains à savoir le GHANA et le MAROC et deux pays asiatiques, la MALAISIE et L'INDONÉSIE.

Pour chaque pays groupe de pays, nous allons analyser la situation budgétaire avant le choc extérieur; décrire la situation budgétaire pendant que le choc extérieur est en cours et en fin; relever les mesures d'ajustement budgétaire qui auraient été prises pour résorber le déficit budgétaire en vue de faire face aux chocs extérieurs. En dernier ressort, nous allons considérer tous les résultats afin de déceler les implications pratiques.

II.3.1. L'IMPACT DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE AU MAROC

II.3.1.1. Les chocs extérieurs et le déficit budgétaire

Le MAROC conjugue plusieurs caractéristiques qui en font un exemple digne d'intérêt si l'on étudie l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire.

Victime de la crise financière provoquée par le boom du prix des matières premières, en l'occurrence un triplement du prix de phosphate en 1974, le MAROC a connu à partir de 1976 des déficits budgétaires de plus en plus graves38(*) tel que le montre le tableau suivant :

Tableau V : Déficit budgétaire marocain (1972-1983) en milliards de Dirham (Dh) (*)

+--------------------------------------------------------+

| 1972 | 1973 | 1974 | 1975 | 1976 | 1977 |

+-------------------+-------+-------+-------+---------+---------+------------|

|Recettes publiques | 3.362| 4.142 | 7.093 | 8.490 | 8.322 | 10.784 |

|Dépenses courantes | 3.350| 3.524 | 6.470 | 7.345 | 7.991 | 9.245 |

|Dépenses d'inves- | | | | | | |

|tissement | 1.189| 1.208 | 2.236 | 4.454 | 8.121 | 10.306 |

+-------------------+-------+-------+-------+---------+---------+------------|

| Solde | -1.177| -690 |-1.613 | -3.309 | -7.790 | -8.767 |

+----------------------------------------------------------------------------+

+--------------------------------------------------------+

| 1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 |

+-------------------+-------+-------+-------+---------+---------+------------|

|Recettes publiques | 11.693|13.802 |15.193 | 17.838 | 20.480 | 21.094 |

|Dépenses courantes | 10.420|12.073 |15.310 | 18.898 | 20.390 | 21.525 |

|Dépenses d'inves- | | | | | | |

|tissement | 6.629| 9.016 | 8.565 | 9.612 | 12.481 | 7.979 |

+-------------------+-------+-------+-------+---------+---------+------------|

| Solde | -5.356|-7.287 |-8.682 |-10.672 |-12.391 | -8.410 |

+----------------------------------------------------------------------------+

(*) Le Dirham : Unité monétaire principale des Emirats arabes unis et du Maroc

Source : Christian Morrisson, op-cit p. 130.

Selon l'auteur, l'origine de cette accumulation de déficits budgétaires est simple. En effet, comme le prix du phosphate avait triplé entre 1973 et 1974, l'Etat avait bénéficié de surplus de recettes fiscales et avait engagé un programme de dépenses considérables qu'il était difficile de réduire vu que le boom du phosphate n'a duré que deux ans seulement (1974 et 1975).

Ensuite, dès que les recettes procurées par le phosphate ont diminué, le déficit budgétaire s'est gonflé dangereusement du fait que l'Etat ne pouvait pas interrompre les investissements en cours. En plus, il était politiquement difficile de réduire les salaires et les subventions.

Comme on le remarque sur le tableau ci-haut, l'année 1976 où le prix du phosphate a chuté (de 47 % par rapport à 1975) est celle où le déficit budgétaire a plus que doublé. A partir de cette année, les dépenses courantes de l'Etat et ses recettes sont approximativement égales. Ainsi, tout se passe comme si les dépenses d'investissements publics étaient financés par l'extérieur.

C'est cette situation précaire qui a conduit le MAROC à engager un programme de stabilisation en 1978. Ce programme visait la diminution des dépenses d'investissements, l'augmentation des recettes fiscales tournées sur l'activité économique intérieur et le blocage des salaires des fonctionnaires.

Plusieurs chocs extérieurs ont empêché l'entrée en application de ce programme en 1979. Écoutons les propos de MORRISSON :

"De mauvaises récoltes dues à la sécheresse, le second choc pétrolier et lisibilité des prix des matières premières; ont tous contribué à redéstabiliser l'ajustement budgétaire jusqu'en 1983, année au cours de laquelle le vrai ajustement a été mis en place avec l'aide du F.M.I."

II.3.1.2. L'ajustement budgétaire au MAROC

L'ajustement budgétaire Marocain comprenait deux volets :

D'une part, il visait la réduction des dépenses publiques et la baisse du déficit budgétaire, d'autres part, il avait pour objectif d'accroître les recettes par le biais de la réforme fiscale.

Dans chaque cas, les mesures qui ont été mises en place avaient pour but de faire face aux chocs extérieurs et de préserver l'équilibre budgétaire. Nous allons les analyser séparément.

A. Les mesures relatives à la stabilisation des dépenses publiques

Imposées par le FMI (dans l'accord de septembre 1983), les mesures destinées à réduire les dépenses publiques étaient de trois sortes. Il s'agissait :

i) d'augmenter les prix de détail pour réduire les subventions;

ii) de réduire le déficit budgétaire en diminuant les investissements publiques;

iii) de réduire ou de limiter l'embauche des fonctionnaires.

C'est dans cette optique que la réduction des dépenses publiques a touché tous les postes : Les dépenses de fonctionnement, les subventions et les dépenses d'investissements. L'expansion des dépenses de fonctionnement a été freinée par un blocage des salaires et par une réduction de la croissance des effectifs.

Les dépenses d'enseignement qui représentaient une part élevée des dépenses civiles ont été réduites de plusieurs manières: Le nombre de bourses a été diminué et des critères plus sélectifs ont été instaurés. En plus, le recrutement d'enseignants a été limité.

Du côté des subventions, des ajustements importants de prix ont été appliqués dans le but d'alléger le coût des subventions à caractère social.

Dans l'ensemble, les dépenses d'investissements qui avaient connu une croissance très forte depuis 1974 ont été les plus touchées. Elles sont par la suite restaurées en fonction de critères d'efficacité et de rentabilité avec une forte progression de la part des investissements directement productifs.

B. Les mesures relatives à la réforme fiscale

Dans la mesure du possible, la fiscalité intérieure a été améliorée et les impôts sur les revenus et sur les personnes ont été révisés. Malgré cet effort, la part des impôts directs n'a pas été satisfaisante. On remarque dans le tableau qui suit que la fiscalité tournée sur les activités d'import-export a toujours occupée une place importante malgré la réforme.

Tableau VI : Le déficit budgétaire et la structure des recettes au MAROC (en milliards de Dh)

+-----------------------------------------------------+

| 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 |1985 |

+----------------------+-------+-------+-------+---------+---------+---------|

|1.Les recettes totales| 15.193|17.838 |20.480 | 21.083 | 23.469 | 26.746 |

|2.Les dépenses totales| 22.433|28.986 |31.802 | 33.192 | 35.478 | 38.834 |

|3.Déficit total | -7.240|-11.148|-11.322|-12.109 |-12.009 |-12.088 |

|4.La part des impôts | | | | | | |

| indirects dans les | | | | | | |

| recettes totales | 63 %| 66 % | 69 % | 60 % | 57 % | 54 % |

|5.La part des impôts | | | | | | |

| directs dans les | | | | | | |

| recettes publiques | | | | | | |

| totales | 37 %| 34 % | 31 % | 40 % | 43 % | 46 % |

+----------------------------------------------------------------------------+

Source : Christian MORRISSON, Op-cit p. 131.

Dans l'ensemble, les objectifs que s'était fixé le programme d'ajustement budgétaire ont été partiellement atteints.

II.3.2. LES EFFETS DES CHOCS EXTÉRIEURS SUR L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE AU GHANA

II.3.2.1. Les chocs extérieurs et le déficit budgétaire

Contrairement au cas du MAROC, le déficit budgétaire Ghanéen est le résultat de deux causes principales39(*) : Les répercussions des erreurs de politique économique et les effets négatifs des chocs extérieurs.

En effet, selon Roe-Schneider, les termes de l'échange se sont brusquement dégradés à partir de 1968. Cette situation s'est combinée aux autres catastrophes internes dont la sécheresse et les mauvaises récoltes des produits primaires exportables.

Au fur et à mesure que l'économie s'effondrait, les recettes et les dépenses de l'Etat ont aussi fondu jusqu'à tomber en dessous des moyennes des autres pays. Le déficit budgétaire devient alors chronique et le surplus budgétaire enregistré en 1986 fut le premier depuis 1971.

Comme l'auteur le montre, les déficits n'étaient pas en soi le problème essentiel comme c'est le cas dans d'autres pays qui adoptent les programmes d'ajustement et de stabilisation, car les dépenses avaient constamment régressé depuis 1978 et le déficit était donc modeste.

L'objectif d'ajustement budgétaire adopté par le Ghana visait la reconstitution des recettes et des dépenses publiques et non la réduction du déficit budgétaire.

Le gouvernement Ghanéen ne disposait guère d'option en matière de gestion des Finances Publiques, par ce que les taxes sur les échanges internationaux et les impôts indirects sur les produits nationaux formaient le gros des recettes fiscales. A la suite de l'instabilité de l'environnement économique mondial du début des années 80, ces impôts indirect ont fortement chuté.

De l'autre côté, les investissements publics ont chuté, les dépenses par habitants en matière d'éducation et de santé ont suivi. A part le problème du déclin économique généralisé qui avait entraîné l'effondrement général des finances publiques; le principal problème budgétaire en matière des dépenses était le surnombre de fonctionnaires.

L'ajustement budgétaire allait donc devoir, non seulement reconstituer le Trésor public, mais également, générer de nouvelles sources de recettes publiques destinées à couvrir les coûts de certains services.

II.3.2.2. Les mesures d'ajustement budgétaire

Face à ce problème d'ordre budgétaire lié aux effets négatifs des chocs extérieurs, l'ajustement budgétaire ghanéen s'est efforcé de rationaliser les principaux impôts et le fonctionnement de l'administration fiscale.

C'est dans cet objectif que le réajustement des prix a été accéléré à fin de réduire la charge des subventions. D'autre part, l'ajustement des dépenses a permis de recentrer les dépenses sur les activités de développement et de restauration. L'Equilibre budgétaire a finalement été redressé, suite aux importantes dévaluations et dans la mesure où elles ont permis d'augmenter les recettes fiscales liées aux taxes sur les matières premières exportées.

Concerant l'impôt direct, l'essentiel des mesures de réforme a été de réduire les exemptions et le nombre de seuils d'imposition de l'impôt sur le revenu, car ces seuils facilitaient la grande fiscale.

En matière d'impôt indirects, les droits d'accise furent levés sur un large ensemble de produits de consommation et un impôt sur les ventes fut instauré. En outre, l'ajustement budgétaire devait aussi s'orienter vers d'autres mesures visant à uniformiser les droits de douane sur les produits importés de sorte qu'ils deviennent le seul mécanisme protectionniste.

Pour ce qui est de la structure des dépenses publiques, l'accent était mis sur le recouvrement des coûts dans certains domaines. L'investissement public devait remonter rapidement et les projets prioritaires devaient être identifiés suivant des critères fiables. Le nombre des effectifs de la fonction publique devait diminuer et les seuils limitant le montant de salaires devaient être fixés.

II.3.2.3. Les performances d'ajustement

A. En matière des recettes publiques

Le rapport de la Banque Mondiale40(*) montre que, suite à l'ajustement budgétaire, la part des recettes fiscales dans le PIB est passée de 5,3 % en 1983 à 13,6 % en 1986.

En effet, cette amélioration des recettes fiscales s'explique par plusieurs facteurs :

i) les taux d'imposition avaient été augmentés;

ii) les exemptions à l'impôt indirect avaient été réduites de façon à uniformiser les droits d'accise sur les ventes;

iii) les mesures pour relever les plafonds de l'impôt sur le revenu avaient été adoptées et;

iv) les services payants comme la santé et l'éducation avaient également apporté une contribution modeste aux recettes publiques.

Et même si les taxes sur les produits exportés (comme le cacao) étaient devenues la principale source de recettes, cette dépendance du gouvernement vis-à-vis des impôts indirects était constamment un frein à l'amélioration des recettes fiscales41(*).

En réalité, même si les recettes fiscales en provenance du cacao avaient augmenté, on peut affirmer qu'elles pouvaient inévitablement chuter en cas de fléchissement du prix du cacao.

De plus, l'amélioration des recettes publiques avait profité des recettes fiscales perçues sur le commerce du pétrole et de ses dérivés. Mais comme les prix du pétrole sont variables, cette politique donne une impression exagérée de la politique fiscale si on ne tient pas compte des chocs extérieurs et si on ne prend pas soin de soustraire les profits exceptionnel du calcul.

Dans l'ensemble, le redressement de la situation financière a été fortement lié à des facteurs tels que de fortes dévaluations, l'augmentation des recettes fiscales et les impôts indirects sur le commerce extérieur. Ces mesures fiscales ont permis au Trésor Public de fonctionner normalement à moyen terme et surtout, elles ont permis de protéger les finances publiques contre les fluctuations liées au cours du cacao.

B. En matière des dépenses publiques

D'après Roe-Schneider42(*) ce qui est intéressant dans l'ajustement budgétaire ghanéen, c'est que le FMI et la Banque Mondiale n'ont pas imposé au gouvernement des lignes de conduite en matières de dépenses. On remarque en effet que les dépenses courantes et particulièrement les dépenses consacrées au développement sont en hausse dans les programmes de réforme budgétaire. Le gouvernement a réussi à protéger la part relative des dépenses sociales par rapport à l'ensemble des dépenses courantes. En plus, les dépenses sur les grands postes sociaux que sont la santé, l'éducation et la sécurité sociale ont progressé.

Bref, l'ajustement budgétaire ghanéen a été satisfaisant du fait qu'il a permis de satisfaire les besoins sociaux tout en permettant d'assurer le redressement de la gestion des finances publiques.

Cette réussite importante est à souligner parce que la part relativement élevée des recettes publiques tournées sur les activités internes a été améliorée de façon à atténuer la flexibilité des recettes publiques. En plus, la gestion de dépenses publiques a été satisfaisante.

II.3.3. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE EN MALAISIE

II.3.3.1. Les raisons du déséquilibre budgétaire

Tout comme d'autres PVD, la Malaisie a connu au cours des années 80, une situation d'instabilité dans son équilibre budgétaire. Selon David Demery et Lionel Demery43(*), les dépenses publiques ont été nettement supérieures aux recettes publiques et cette situation a conduit aux importants déficits budgétaires pendant la grande partie des années 80.

Si on considère la période 1979-1987, on remarque que deux grands facteurs peuvent être considérés comme étant responsables de ces déficits :

Il s'agit de la récession de l'économie mondiale et de la détérioration des termes de l'Echange que celle-ci a provoqué.

Dans les lignes qui suivent, nous préférons mener une analyse détaillée de l'impact de ces différents facteurs sur l'ajustement budgétaire en Malaisie.

A. La détérioration des termes de l'echange

D'après les mêmes Demery44(*), l'une des causes les plus importantes de la détérioration budgétaire en Malaisie a été la récession qui a frappé les pays de l'OCDE et les répercussions que celle-ci à eu sur les termes de l'échange. Le tableau ci-après nous donne l'évolution des termes de l'échange depuis 1979 jusqu'en 1987.

Tableau VII : Les prix et les termes de l'échange des principales matières premières exportées par la Malaisie (1979-1987).

+-----------------------------------------------------------------------+

|Pétrole brut|Caouctchouc en |Huile de Palme en|Etain en mo- |Termes de |

|$ US/baril |monaie courante|monaie courante |naie courante|l'échange |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1979| 21,1 | 279,3 | - | 295,0 | 122,6 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1980| 36,1 | 312,4 | - | 325,0 | 119,8 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1981| 39,0 | 257,8 | 1.153,3 | 294,3 | 101,9 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1982| 36,0 | 201,1 | 829,0 | 273,8 | 95,5 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1983| 30,7 | 247,2 | 984,0 | 274,7 | 95,3 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1984| 29,3 | 224,6 | 1.583,0 | 265,3 | 102,9 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1985| 27,6 | 188,7 | 1.046,0 | 270,0 | 94,3 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1986| 14,8 | 208,4 | 579,0 | 140,2 | 79,4 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1987| 18,2 | 240,2 | 720,0 | 146,4 | 82,8 |

+----------------------------------------------------------------------------+

Source : David Demery et Lionel Demery, op. cit., p. 45.

Partant du tableau ci-dessus, on remarque que le choc subi par les termes de l'échange est considérable. En effet, il ont chuté de 122,6 à 95,3 en quatre ans, soit une baisse de 22 % de 1978 à 1982. Malgré une reprise de l'indice en 1984, on remarque que son déclin s'est poursuivi tout au long des années 80. De plus, on assiste à un boom touchant à la fois le prix du pétrole et celui des matières premières.

B. L'expansion budgétaire

Selon les auteurs cités supra, cette hausse des prix a été la base de l'expansion budgétaire dans laquelle s'est lancé le gouvernement. Cela est dû aux variations des prix des matières premières exportées qui ont eu pour conséquence, une baisse brutale de la valeur des exportations et une réduction des impôts indirects sur celles-ci. C'est pourquoi la détérioration des termes de l'échange s'est traduite par une baisse importante des recettes fiscales tel que décrit dans le tableau qui suit.

Tableau VIII : Pertes des recettes publiques provoquées par les chocs extérieurs en Malaisie (1979-1986)

+-----------------------------------------------------------------------+

|Variations |Effets sur les |Variations du |Effets sur |Effets to-|

|des termes |recettes |taux d'intérêt |les recettes |tal sur |

|de l'échange|publiques |sur la dette pub-|publiques (%)|les |

| (%) | (%) |liques extérieure| |recettes |

| | | (%) | |publiques |

| | | | | (2+4) |

| (1) | (2) | (3) | (4) | (5) |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1979| 22,6 | 8,4 | -3,4 | 0,4 | 8,8 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1980| -2,3 | -1,0 | -6,9 | 0,6 | -0,4 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1981| -14,9 | -7,0 | 9,0 | -0,0 | -7,0 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1982| -6,3 | -3,0 | 17,0 | -1,3 | -4,3 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1983| -0,2 | -0,9 | 8,6 | -1,2 | -2,1 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1984| 8,0 | 3,2 | 10,6 | -2,0 | 1,2 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1985| -8,4 | -3,1 | 14,2 | -2,6 | -5,7 |

+----+------------+---------------+-----------------+-------------+----------|

|1986| 15,8 | -5,9 | 22,0 | -4,4 | -10,3 |

+----------------------------------------------------------------------------+

Source : David Demery et Lionel Demery, op-cit p. 51.

Des variations de cette ampleur ont sans doute eu des effets importants sur le budget. D'après les auteurs un supra, elles ont exigé des coupes sensibles dans les dépenses réelles, mais cette mesure a été prise ultérieurement.

En l'occurrence, le fait de retarder l'ajustement budgétaire a entraîné de sérieux problèmes. En effet, en retardant la réduction des dépenses, le pays a dû faire face à une situation budgétaire beaucoup plus difficile au milieu des années 1980 : Le boom des prix du pétrole et celui des matières premières ont entraîné l'expansion budgétaire à cause d'une augmentation des recettes publiques.

Nous allons analyser les aspects macro-économiques de cette expansion budgétaire et plus spécialement, les effets enregistrés au niveau du déficit budgétaire.

II.3.3.2. Les effets de l'expansion budgétaire sur les finances publiques.

Se fondant sur les recettes fiscales perçues sur les échanges extérieurs, le gouvernement malais s'est lancé dans une expansion budgétaire sans précédent. Le tableau suivant reproduit la situation financière au cours de la période allant de 1976-1987.

Tableau IX : La situation financière du gouvernement malais (en % du PIB 1976-1987)

+--------------------------------------------------------+

| 76-80 | 81 | 82 | 83 | 84 | 85 | 86 | 87 |

+-------------------+-------+-----+-----+-----+-----+-----+--------+---------|

|Recettes publiques | 29,2 |32,8 |33,1 |33,2 |32,5 |36,6 | 36,9 | 31,2 |

|Dépenses courantes | 26,1 |30,9 |30,5 |30,6 |29,5 |33,5 | 35,5 | 32,6 |

|Dépenses de dévelpt| 14,3 |27,6 |27,2 |26,2 |22,9 |19,0 | 16,4 | 12,4 |

|Déficit budgétaire | -10,2 |-21,7|-18,9|-19,0|-13,2|-7,8 | -10,6 | -9,7 |

+----------------------------------------------------------------------------+

Source : David Demery et Lionel Demery, op-cit p.47

Comme il ressort de ce dernier tableau l'augmentation du déficit budgétaire est due à un accroissement des dépenses publiques, en particulier les dépenses de développement.

En effet, bien que les recettes courantes ont presque toujours permis de couvrir les dépenses courantes, les dépenses de développement n'ont cessé d'augmenter de façon à provoquer un déficit budgétaire sans précédent.

Selon David Demery, ces déficits budgétaires du début des années 80 se sont traduits par un accroissement spectaculaire de la dette publique tel qu'il est décrit dans le tableau ci-après.

Tableau X : Financement du Déficit du gouvernement malais (1980-1987) en millions de $.

+-------------------------------------------------------+

| 1980| 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985| 1986 | 1987 |

+------------------------+-----+------+------+------+------+------+------+-------|

|1.Financement du déficit|7.022|11.015|11.170| 9.182| 7.075| 5.708| 7.506| 5.703 |

| i) Par des emprunts | | | | | | | | |

| étrangères | 310| 2.905| 4.773| 4.403| 3.093| 956| 1.347|-2.000 |

| ii) Par des emprunts | | | | | | | | |

| intérieurs |2.331| 4.091| 5.909| 4.315| 3.153| 3.670| 5.017| 7.703 |

| iii) Par des ajuste- | | | | | | | | |

| ments d'Actifs |4.404| 3.505| 336| 298| 829| 1.082| 1.142| - |

+------------------------+-----+------+------+------+------+------+------+-------|

|2.Dette Extérieure Brute|4.861| 8.278|13.158|17.728|20.848|23.070|28.310|26.310 |

+--------------------------------------------------------------------------------+

source : David Demery et Lionel Demery, op-cit p. 48

Comme on le voit donc, le tableau ci-haut montre que la dette extérieure brute du gouvernement Fédéral a été croissante, passant de 9 % à 43 % de 1980 à 1986.

Bref, la réponse à la détérioration des termes de l'échange par le maintien de l'expansion budgétaire au moyen du financement extérieur provoque un accroissement important de la dette publique extérieure.

En effet, bien que les chocs négatifs exigent absolument des coupes importantes dans les dépenses intérieures, le gouvernement malais a, quant à lui, maintenu ses dépenses au même niveau et cela a été manifestement la cause principale de l'augmentation de déficits budgétaires enregistrés.

Par conséquent, même si l'expansion budgétaire du début des années 80 ait réussi à préserver la croissance économique de la Malaisie, il est évident que cette stratégie ne pouvait être maintenue. C'est pourquoi l'ajustement budgétaire a été vite entrepris depuis 1984.

II.3.3.3. Ajustement budgétaire face à la récession fiscale

L'impossibilité de maintenir la croissance des recettes fiscales sur le commerce extérieur enregistrées au début des années 80, a mis le gouvernement malais dans l'obligation de faire face aux réalités d'un nouvel environnement économique international.

En effet, la poursuite de la détérioration des termes de l'échange faisait qu'il était évident que le gouvernement ne pouvait plus continuer à accroître sa dette extérieure au même rythme que dans les années d'avant 1984. L'ajustement budgétaire mis en place au cours de cette année devait satisfaire à une exigence principale : "Aligner les dépenses publiques intérieures sur les recettes publiques dans le but de réduire le niveau élevé du déficit budgétaire ainsi que le recours correspondant à l'emprunt extérieur".

Aussi, les dépenses d'investissement public qui avaient augmenté à cause de l'ambitieux programme d'investissement ont connu une diminution rapide avec l'ajustement budgétaire.

II.3.4. L'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE EN PRÉSENCE DES CHOCS EXTÉRIEURS: L'EXPÉRIENCE DE L'INDONÉSIE

II.3.4.1. Présentation du problème

Les caractéristiques de l'économie indonésienne ont été la cause principale de la vulnérabilité budgétaire face aux chocs extérieurs.

En effet, selon Erik Thorbecke45(*), entre les années 70 et 82, la gestion budgétaire indonésienne était devenue nettement tributaire de l'évolution des recettes en provenance du commerce extérieur et plus spécialement celles en provenance de l'exportation du pétrole et de ses dérivées. Pendant cette période, les impôts indirects sur les exportations du Paddy46(*) étaient devenus trop importants et avaient entraîné une expansion des dépenses publiques au delà même des dépenses planifiées.

Cette situation s'est répercutée de façon que, juste au début de la crise financière de 1983, l'Indonésie souffre d'une dépendance extrême à l'égard des exportations des ressources non renouvelables qui représentaient approximativement les 3/4 de la valeur des exportations totales. D'après Erik Thorbecke, les origines du déficit budgétaire de l'Indonésie sont claires et directes :

Premièrement, la récession mondiale du début des années 80 a affecté les prix et la demande des exportations traditionnelles du pays (essentiellement les produits agricoles).

Deuxièmement, et c'est là un facteur plus important, les recettes en provenance des exportations de pétrole sont tombées de 18,8 milliards de dollars entre les années 1981-1982 à 14,7 milliards de dollars entre les années 1982-1983. Le tableau suivant est souffisamment édifiant à ce sujet.

Tableau XI : Balance des exportations indonésiennes en milliards de dollars (1981-1989).

+---------------------------------------------------------------+

| |81/82 |82/83 |84/86 |86/87 |87/88 |88/89 |

| +------+------+------+------+------+------|

|Exploitations TOTALES| 23,0 | 16,6 | 18,5 | 13,7 | 18,1 | 19,8 |

| Pétrole et ses | | | | | | |

| dérivées | 18,8 | 14,7 | 12,3 | 7,0 | 8,6 | 7,7 |

| Produits autres | | | | | | |

| que le pétrole | 4,2 | 3,9 | 6,2 | 6,7 | 9,5 | 12,1 |

+---------------------------------------------------------------+

Source : Balance des payements de l'Indonésie in Erik Thorbecke, op-cit, p. 180.

L'effondrement des cours du pétrole a continué jusqu'en 1988. Le prix à l'exportation du pétrole brut indonésien, après avoir culminé à 34 dollars le baril entre les années 1981-1982 est tombé à 25 dollars entre les années 1985-1986 et s'est effondré en 1986/87, le cours moyen passant à 13 dollars de baril.

Cette dépendance croissante à l'égard du commerce extérieur dont l'évolution dépend de la fluctuation de l'environnement économique international, et le rôle considérable des exportations de ressources non renouvelables, rendaient le budget indonésien potentiellement vulnérable aux chocs extérieurs.

Deux autres facteurs expliquent le lien direct qui existe entre le budget de l'Etat d'une part, et les cours du pétrole et les recettes pétrolières de l'autre part. Le premier de ces facteurs est la part prédominante de l'impôt indirect sur les activités tournées vers l'extérieur dans les recettes publiques. Le second facteur est la tendance naturelle de l'Etat à accroître les dépenses publiques en cas de hausse des cours du pétrole et celle des recettes pétrolières et inversement, son hésitation naturelle à amputer les programmes prévus en cas de baisse des recettes.

Le programme d'ajustement budgétaire devait donc pallier à ces problèmes, tout en protégeant le budget contre les effets négatifs des chocs extérieurs.

II.3.4.2. L'ajustement budgétaire face aux chocs extérieurs

A. La stabilisation des dépenses publiques

Pour faire face aux effets négatifs des chocs extérieurs sur le budget, le gouvernement indonésien a entrepris un vaste effort de compression budgétaire. L'ampleur de cet effort ressort d'une comparaison du ratio entre le montant total des dépenses réalisées et les dépenses prévues, tel que c'est décrit dans le tableau suivant :

Tableau XII. LES DEPENSES TOTALES REALISEES ET LES DEPENSES PLANIFIEES (1979-1989) en milliards de Rupiahs au prix constant de 1980

+------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

| ANNEE |1979-1980|1980-1981|1981-1982|1982-1983|1983-1984|1984-1985|1985-1986|1986-1987|1987-1988|1988-1989 |

+-------------------------------------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+---------+----------|

|1. Les dépenses totales réalisées |10.626,32|11.716,10|12.538,47|11.963,25|13.463,97|12.667,25|13.917,44|12.715,58|14.432,5 |14.767,0 |

| A. Les dépenses courantes | 6.082,56| 6.807,98| 7.317,16| 6.825,00| 7.070,63| 6.946,38| 7.795,57| 7.674,62| 8.167,70| 6.989,49 |

| B. Les dépenses compte capital | 4.543,75| 4.908,13| 5.221,30| 5.138,25| 6.393,35| 5.720,86| 6.121,87| 5.040,97| 6.264,80| 6.777,56 |

| | | | | | | | | | | |

|2. Les dépenses totales planifiées | 9.123,55| 7.737,24| 7.787,77| 7.954,68| 7.830,16|13.998,09|15.691,68|17.509,65|19.601,99|21.449,66 |

| A. Les dépenses courantes | 5.173,77| 3.922,00| 4.497,19| 4.608,34| 4.530,92| 7.768,11| 8.650,36| 9.696,75|10.796,07|12.049,43 |

| B. Les dépenses compte capital | 3.949,78| 3.267,95| 3.290,58| 3.346,35| 3.299,24| 6.229,98| 7.041,32| 7.812,90| 8.805,91| 9.400,23 |

| | | | | | | | | | | |

|3. Le rapport entre les dépenses | 1,16| 1,51| 1,61| 1,50| 0,72| 0,90| 0,89| 0,73| 0,74| 0,69 |

| totales réalisées et les dépenses | | | | | | | | | | |

| totales planifiées | | | | | | | | | | |

| | | | | | | | | | | |

| A. Les dépenses courantes | 1,18| 1,74| 1,63| 1,48| 0,56| 0,89| 0,90| 0,79| 0,76| 0,66 |

| B. Les dépenses du compte capital | 1,15| 1,50| 1,59| 1,54| 0,94| 0,92| 0,87| 0,65| 0,71| 0,72 |

| | | | | | | | | | | |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : Statistiques Keuning et Thorbecke, 1992, p. 178

Ce tableau permet de constater qu'en moyenne pendant la période 1984-1989 (période d'ajustement budgétaire) le ratio entre le montant total des dépenses réalisées et les dépenses prévues a été de 0,80. Autrement dit, le montant des dépenses faites a été inférieur de 20 % à celui des dépenses prévues.

On remarque que l'effort de compression budgétaire s'est intensifié avec chaque exercice car le ratio entre les dépenses réalisées et les dépenses prévues n'a cessé de diminuer tombant de 0,90 en 1984/85 à 0,69 en 1988/1989. Mais les dépenses courantes d'éducation et de santé ont été beaucoup moins réduites que les subventions et les dépenses d'équipement consacrées aux projets d'investissement dans les différentes secteurs. C'est pour ces différentes raisons que, pendant la période d'ajustement budgétaire, le total des dépenses publiques a fluctué d'une année à l'autre.

On remarque en outre que, en moyenne, ces mêmes dépenses sont demeurées inférieures à ce qu'elles avaient été avant l'ajustement budgétaire, et qu'elles ont continué à croître lentement.

D'après Erik Thorbecke, cette expansion lente tient en majeure partie à un très net relèvement des salaires dans le secteur public, à un alourdissement du service de la dette et à un accroissement des dépenses de développement dans les secteurs de l'industrie, de l'électricité, de l'éducation et de santé; secteurs qui sont privilégiés vue leur importance et leur priorité quant à la protection des couches sociales vulnérables (essentiellement les secteurs santé et éducation).

L'effondrement des cours du pétrole (en 1986) a immédiatement conduit le gouvernement à reprendre une politique d'austérité et le montant total des dépenses publiques a été réduit. Les dépenses salariales ont légèrement diminué par suite d'un gel des salaires nominaux des agents du secteur public et les subventions ont été réduites dans des proportions drastiques. Les dépenses d'équipement et d'investissement publics ont été également comprimées par rapport aux années précédentes. Les dépenses courantes d'éducation et de santé n'ont diminué que très légèrement et les investissements dans l'agriculture ont augmenté très nettement.

D'une façon générale, les compressions des dépenses publiques ont réussi à stabiliser le budget indonésien, tout en mettant à l'abri les groupes socio-économiques vulnérables à la suite de coupes budgétaires.

B. Ajustement des recettes publiques

L'impôt sur le commerce extérieur des produits pétroliers et agricoles avait toujours occupé une place prédominante dans les recettes de l'administration publique. Juste avant l'ajustement budgétaire, cet impôt procurait 68 % du total des recettes intérieures.

Pendant la période d'ajustement, le gouvernement s'est efforcé de réduire la part de l'impôt indirect sur le commerce international et a entrepris un régime favorisant la croissance des recettes intérieures autres que celles prélevées sur le secteur d'exportation.

Cette volonté d'accroître l'impôt à l'intérieur du pays à fin de faire face à l'assèchement rapide de sa principale source de recettes publiques, a été privilégiée dans le programme de réforme fiscale.

Selon Erik Thorbecke, l'ensemble de mesures de réforme fiscale adoptées a marqué un progrès et à réussi à apporter les recettes fiscales hors pétrole de 13,5 % du total des recettes intérieures entre 1980 et 1983 à 21,3 % entre 1985 et 1988. Et bien que le montant des impôts perçus sur le commerce ait nettement augmenté pendant la période d'ajustement budgétaire, il ne représentait qu'une source de recettes publiques d'importance mineure.

II.3.4.3. Les effets de l'ajustement sur les Finances publiques

Une caractéristique notable du système indonésien des finances publiques est que le gouvernement est tenu de maintenir le budget en équilibre. Par conséquent, lorsque les dépenses publiques dépassent les recettes publiques intérieures, l'excédent doit être financé par le secteur extérieur, presque intégralement au moyen de l'assistance technique allouée au titre des projets.

Bien que cette assistance technique a été à l'origine du gonflement de la dette extérieure de l'Indonésie, l'ajustement budgétaire a suscité des performances au niveau des recettes et des dépenses publiques en général et au niveau de l'équilibre budgétaire en particulier. Le tableau suivant retrace l'évolution du budget du gouvernement central pendant la période d'ajustement.

Tableau XIII : Budget de l'Etat Indonésien en milliards de Rupiahs (1982-1989)

+-----------------------------------------------------------+

| |82/84|85/86|86/87|87/88|88/89|

| +-----+-----+-----+-----+-----|

|Recettes et dons | 11,9| 18,8| 16,7| 21,8| 23,5|

| | | | | | |

| -Impôts sur le pétrole | 7,6| 10,7| 6,3| 10,4| 9,5|

| -Impôts sur les produits | | | | | |

| autres que le pétrole | 3,8| 6,4| 7,9| 9,0| 11,9|

| -Recettes non Fiscales | 0,4| 1,5| 2,2| 2,0| 1,6|

| -Dons | 0,1| 0,2| 0,3| 0,4| 0,5|

| | | | | | |

|Dépenses courantes | 8,2| 12,7| 13,4| 15,5| 16,8|

| | | | | | |

| -Intérêts sur la dette | | | | | |

| extérieure | 0,7| 1,8| 2,8| 3,8| 4,3|

| -Subventions | 1,4| 1,4| 0,9| 1,4| 1,0|

| -Autres dépenses courantes | 6,1| 9,5| 9,7| 10,3| 11,5|

| | | | | | |

|Dépenses d'équipement | 6,6| 8,7| 7,3| 9,2| 10,5|

| | | | | | |

| Solde global | -2,9| -2,6| -4,0| -2,9| -3,8|

| | | | | | |

+-----------------------------------------------------------+

Source : Erik Thorbecke, op-cit, p.181.

Ce tableau fait apparaître clairement la part croissante représentée par les impôts autres que ceux qui sont perçus sur le pétrole; résultat satisfaisant qui a été atteint à la suite de la réforme fiscale.

Il ressort également que l'augmentation des dépenses d'équipement par rapport aux dépenses courantes a été limitée. La preuve est que la part du solde global (qui représente l'excédent des dépenses totales par rapport aux recettes intérieures) a été maintenu à moins de 3 % entre 1987 et 1988 contre à peu près de 4 % entre 1986 et 1987.

Somme toute, la caractéristique la plus notable de la politique d'ajustement budgétaire adoptée et réussie par l'Indonésie, et qu'elle a été entrepris volontairement, en temps opportun et de façon équilibrée.

Grâce à des politiques d'ajustement budgétaire essentiellement prudentes en période tant d'expansion que de récession, l'Indonésie a pu éviter que les déséquilibres extérieurs et intérieurs n'atteignent une ampleur telle qu'elle aurait forcé le pays à se soumettre aux conditions imposées par le FMI et par la Banque Mondiale pour obtenir des prêts à la stabilisation et à l'ajustement budgétaire.

L'Indonésie a choisi d'adopter, de son propre chef, une série de mesures budgétaires restrictives du type de celles que doivent habituellement mettre en oeuvre les pays soumis aux conditions du FMI.

A la différence de la grande majorité des pays en développement qui n'ont pu obtenir de prêts d'urgence qu'en contrepartie de mesures de stabilisation et d'ajustement structurel imposées par le FMI et la Banque Mondiale, l'Indonésie a d'emblée décidé de suivre de façon indépendante sa propre stratégie.

Le gouvernement ne s'est jamais trouvé dans une situation telle qu'il puisse être forcé d'appliquer des politiques et des mesures impopulaires conçues par ces institutions de Breton Woods dans une atmosphère de crise dont la cause est essentiellement le choc extérieur difficilement contrôlable.

II.3.5. LES IMPLICATIONS DES RÉSULTATS DE L'ANALYSE EMPIRIQUE

Les cas empiriques que nous venons d'analyser nous auront permis de constater que les chocs extérieurs qui ont secoué les budgets des PVD sont nombreux :

Il s'agit d'abord d'un renversement des termes de l'échange et d'une fluctuation de la demande extérieure;

Il s'agit ensuite de la chute des cours des principales matières premières exportées.

L'évolution du marché international du capital est le troisième facteur extérieur qui explique la crise budgétaire dans la plupart des pays de notre échantillon, si elle ne s'était pas cumulée à une situation initiale fragile. Il est évident en effet que le fort endettement extérieur qui a marqué les années 70 et qui s'est répercuté juste au début des années 80 dans la presque totalité des pays analysés, a été lourd de conséquences.

Parmi les causes de la crise budgétaire, nous avons également relevé les facteurs ou erreurs politiques intérieurs.

En première lieu, il faut mentionner les anticipations (à posteriori erronées) issues du boom sur les cours mondiaux des principales matières premières de la fin des années 1970.

S'agissant des pays de notre échantillon, ce boom a eu lieu sur le pétrole (Indonésie, Malaisie), sur le café et le cacao (Au Ghana), sur le caoutchouc (en Malaisie) et sur le phosphate (au Maroc). Dans l'ensemble, ce boom a été anticipé comme une amélioration permanente des termes de l'échange et par ce fait, comme une amélioration des recettes fiscales. Il était alors naturel d'en accélérer l'utilisation en augmentant les dépenses publiques et spécialement les dépenses d'investissement. C'est pourquoi les politiques correspondantes des dépenses ont été décidées, avec une erreur de politique économique dont les conséquences ont été extrêmement lourdes, vu que dans certains pays de notre échantillon, d'autres distorsions ont suivi.

En particulier, les autorités économiques ont été lentes à réagir aux symptômes de la crise. Il en a résulté une allocution des ressources qui s'est révélée inadéquate au moment du reflux des termes de l'échange.

En fin, dans plusieurs pays, il semble que de grands projets d'investissements entrepris dans le boom des années 70 se soient en outre révélés inefficaces ou de faible productivité.

Bref, l'analyse empirique nous aura permis de remarque que dans la majeure partie des pays de notre échantillon, la crise budgétaire est surtout liée aux chocs extérieurs et aux fausses anticipations auxquelles il ont donné lieu : Les termes de l'échange et crédits internationaux favorables durant les années 70, puis le renversement brutal des tendances et la crise de liquidités internationales du début des années 80.

Les erreurs de politique économique liées à l'allocation et à la productivité des investissements publics, sont d'une certaine façon aussi liées à ces chocs extérieurs. Dans les lignes qui suivent, nous allons faire une analyse quant à l'efficacité des mesures adoptées pour faire face aux différents chocs.

II.3.6. LES MESURES D'AJUSTEMENT BUDGÉTAIRE : LA STABILISATION BUDGÉTAIRE ET AJUSTEMENT FISCALE.

Le terme ajustement évoque une image simple dans les média, celle d'"un pays en crise financière qui doit accepter les conditions du FMI et de la Banque Mondiale pour réduire son déficit extérieur afin de bénéficier de nouveaux prêts"47(*). Mais cette image cache une réalité plus complexe.

D'abord, le terme ajustement correspond à deux catégories différentes de mesures : les unes pour diminuer la demande globale; les autres pour stimuler l'offre. Pour éviter toute confusion, nous avons réservé le terme de stabilisation aux mesures concernant la demande et celui de l'ajustement aux politiques de l'offre.

Les programmes de stabilisation répondent à la crise financière par des mesures conjoncturelles d'urgence, qui doivent avoir des effets à court terme. A l'opposé, un programme d'ajustement porte sur le moyen et le long terme et comprend des mesures pouvant augmenter l'offre. Et lorsque ces mesures ont un coût, la banque mondiale accorde parfois de prêts pour le financement.

Au cours de notre analyse, si la stabilisation budgétaire et ajustement fiscale ont été distingués, c'est qu'en effet les déséquilibres qui ont conduit à la crise financière tiennent en partie à une insuffisance. Et une fois que les déséquilibres sont résorbés par la stabilisation de dépenses, le meilleur moyen d'éviter un nouveau dérapage consiste à accroître la fiscalité intérieure par un ajustement qui consiste en une réforme en profondeur.

II.3.6.1. La stabilisation budgétaire

De part l'analyse empirique que nous venons de faire sur base d'un échantillon précis, le traitement de chocs que représente tout programme de stabilisation comporte les mêmes mesures. Dans l'ensemble, les coupures budgétaires touchent toujours les dépenses d'Investissement que les dépenses de fonctionnement. En effet, plusieurs facteurs expliquent cette différence :

D'abord, nous avons remarqué que dans la période d'expansion des recettes fiscales, ce sont les investissements qui augmentent le plus vite. Ensuite, comme la contrainte du Déficit extérieur est déterminante, on diminue beaucoup plus les importations en réduisant les investissements au lieu des dépenses de fonctionnement. Enfin, l'opinion public est moins sensible à cette mesure qu'à la baisse du budget de fonctionnement.

En réalité, comme les dépenses domestiques pour l'investissement concernent principalement les travaux publics, il est vrai qu'en les réduisant, on touche une population dispersée de petits entrepreneurs et d'ouvriers peu qualifiés qui ne sont pas généralement organisés pour former de groupes de pression. Tandis que une baisse des dépenses de fonctionnement touche les groupes susceptibles de réagir. Il s'agit des fonctionnaires si on les licencie ou les étudiants si on diminue leurs bourses.

Certes, la chute des investissements a des effets négatifs (infrastructures dégradées,.....) mais ces effets ne se manifestent qu'après des délais plus ou moins longs et n'entraînent pas immédiatement de réactions politiques dangereuses pour le gouvernement ni d'effets économiques trop visibles.

L'autre poste budgétaire sur lequel le programme de stabilisation a le plus touché est celui des dépenses de fonctionnement. En réalité, même si ce poste de dépense s'avère assez rigide, certes, le programme de stabilisation peut le toucher très peu. Généralement, les dépenses de fonctionnement prises dans leurs ensemble paraissent assez stables, les programmes de stabilisation arrêtent leur croissance mais elles ne sont jamais amputées sévèrement.

Toutefois, pour les stabiliser ou les réduire légèrement, des mesures délicates doivent être prises en raison de leur impact politique. En effet, elles comprennent les salaires qui constituent toujours la principale dépense, et les subventions qui représentent souvent une rubrique importante parmi les dépenses.

Selon Bourguignon et Morrisson (48(*)) les gouvernements qui stabilisent les dépenses de fonctionnement doivent donc diminuer ou arrêter la croissance des salaires réels des fonctionnaires et/ou les subventions. L'autre mesure qui permet de stabiliser ou de diminuer la croissance de la masse salariale consiste à freiner le recrutement.

Excepté le Ghana, tous les gouvernements de notre échantillon ont tenté de stabiliser la croissance de la masse salariale, en évitant les mesures brutales comme le licenciement et la baisse des salaires nominaux, en raison du poids politique des fonctionnaires.

Les subventions font également l'objet de mesures restrictives. Dans les pays de notre échantillon, les subventions directs aux consommateurs ont été réduites et les tarifs aux entreprises publiques ont été revu dans le but de supprimer les subventions que l'Etat leur verse.

II.3.6.2. L'ajustement fiscal

Alors que la stabilisation a un seul et même objectif poursuivi par l'ensemble de mesures à savoir, la "réduction des dépenses publiques"; l'ajustement fiscal présente des aspects diversifiés, mais son objectif principal est "d'accroître l'efficacité de la fiscalité".

Parmi les mesures d'ajustement fiscal prises par les pays de notre échantillon; celles des gouvernements indonésien et Ghanéen sont riches de promesses et permettraient aux autres gouvernements (une fois adoptées), de faire face aux différents chocs extérieurs tout en réduisant les incertitudes sur les recettes en provenance du commerce extérieur.

Rappellons que du moins, ces derniers gouvernements ont été prudents et ont préféré développer la fiscalité tournée sur l'activité intérieure, plutôt que se fier sur les recettes indirectes basées sur le commerce extérieur dont la vulnérabilité influe grandement sur les finances publiques.

Les mesures qu'ils ont pris sont à encourager, vu le caractère aléatoire des recettes fiscales issues des échanges extérieurs et la vulnérabilité budgétaire de la plupart des P.V.D., dont la principale source de recettes reste les impôts indirects sur le commerce extérieur.

Dans la partie qui suit, nous allons tenter de mettre en évidence la relation qu'il y aurait entre le budget et les chocs extérieurs dans le cadre de l'économie rwandaise et proposer des mesures pouvant permettre aux pouvoirs publics de mieux maîtriser le budget face à un environnement économique international défavorable.

TROISIÈME PARTIE : LES CHOCS EXTERIEURS ET AJUSTEMENT BUDGETAIRE AU RWANDA.

Dans la partie précédente, nous avons essayé d'esquisser quelques fondements théoriques et empiriques de l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire en général.

Au cours de cette partie, nous aurons l'occasion de démontrer cet impact sur l'ajustement budgétaire dans le cas du Rwanda.

III.1. VUE D'ENSEMBLE

L'analyse de l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire, intervient au moment où le Rwanda doit faire face à une conjoncture défavorable aux plans de la sécurité, de l'évolution des structures politiques, de la situation économique et de la condition sociale.

Dans cette partie de l'analyse où nous nous proposons de retracer l'évolution de la gestion budgétaire en présence des chocs extérieurs, nous devons examiner avec soin les différents facteurs exogènes et endogènes qui auraient le plus contribué à déstabiliser les recettes et les dépenses budgétaires au Rwanda.

Un tel examen doit se fonder sur les réalités pratiques qui seront identifiées sur base de la tendance qu'affichent les données statistiques, et à partir de cette tendance, nous devons:

i) identifier les différents chocs extérieurs qui auraient le plus eu les effets tant négatifs que positifs sur l'ajustement budgétaire au Rwanda;

ii) déceler la façon dont ces chocs auraient influencé l'ajustement des recettes publiques et la stabilité des dépenses;

iii) quantifier l'ampleur de l'impact des chocs extérieurs sur le solde budgétaire (déficit/excédent);

iv) discuter de l'efficacité de différentes mesures qui auraient été prises en vue de faire face aux effets négatifs qu'exercent les chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire;

v) dégager les implications pratiques de l'analyse faite quant à l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement du budget rwandais;

vi) formuler en dernier ressort, les recommandations, les perspectives d'avenir et la conclusion finale.

Notre analyse sera faite sur une période de vingt-trois ans, à compter de 1970. Sur une période aussi longue, nous espérons embrasser les différentes alternatives selon lesquelles les chocs extérieurs auraient affecté le budget rwandais. Même si un tel choix semblerait ambitieux, il est à noter qu'il s'explique par différents faits concrèts.

En effet, nous avons démontré théoriquement que la décennie soixante-dix a été, tant pour les pays développés que pour ceux en développement, une période pendant laquelle, l'environnement économique mondial fut marqué par de nombreux bouleversements à savoir :

i) l'instabilité des prix des principaux matières premières exportées par les P.V.D. sur les marchés mondiaux;

ii) la fluctuation des termes de l'échange en général;

iii) la variabilité des taux de change de différentes monnaies;

iv) l'instabilité des taux d'intérêt sur la dette publique extérieure, etc...

La théorie nous aurait démontré qu'une pareille situation se perpétue jusqu'à nos jours. C'est pour cette raison que nous nous permettons d'affirmer à priori que ces différents facteurs externes auraient eu un impact variable sur le budget rwandais dont la principale source de recettes fiscales reste toujours le secteur d'exportation et les transactions internationales.

Dans le but de bien estimer cet impact, nous nous proposons de diviser notre période d'étude en trois parties.

La division est faite sur base du tableau suivant :

Tableau XIV : Quelques facteurs extérieurs et le solde du budget rwandais (1970-1990).

+------------------------------------------------------------------------------------------------------+

|Année | Cours du café doux | Termes de | Taux de change | Le solde budgétaire |

| | en US cents/Livre | l'échange | FRW/US $ | en millions de FRW |

|------+------------------------+----------------+-------------------------+---------------------------|

|1970 | 52,01 | - | 100 | + 186 |

|1971 | 44,99 | - | 99,74 | - 330,4 |

|1972 | 50,33 | - | 92,11 | - 546,8 |

|1973 | 62,31 | - | 84,05 | - 431,6 |

|1974 | 65,84 | - | 92,84 | - 278,4 |

|1975 | 65,41 | 100 | 92,84 | - 15,0 |

|1976 | 142,75 | 223,9 | 92,84 | + 1.474,3 |

|1977 | 234,67 | 241,7 | 92,84 | + 1.905,8 |

|1978 | 162,82 | 152,0 | 92,84 | + 781,5 |

|1979 | 173,53 | 174,0 | 92,84 | + 2.815,4 |

|1980 | 154,20 | 82,1 | 92,84 | + 1.992,2 |

|1981 | 128,09 | 73,1 | 92,84 | - 4.273,0 |

|1982 | 139,72 | 82,4 | 92,84 | - 5.503,2 |

|1983 | 131,69 | 100,1 | 92,84 | - 6.256,4 |

|1984 | 144,17 | 115,3 | 100,17 | - 5.207,6 |

|1985 | 145,56 | 100 | 101,26 | - 6.706,9 |

|1986 | 192,74 | 114 | 87,84 | - 8.059 |

|1987 | 112,29 | 75,2 | 79,67 | - 12.866 |

|1988 | 135,10 | 88,8 | 76,45 | - 7.761 |

|1989 | 106,96 | 74,8 | 79,98 | - 8.550 |

|1990 | 84,00 | 61,1 | 82,60 | - 8.840 |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : - Emil-Maria CLAASSEN, "Etude de la politique monétaire et financière au Rwanda"; Rapport de mission MINIPLAN-Projet GTZ, Kigali, 1991, p.69.

- BNR, Direction des statistiques, 1993

- KALINIJABO Charles, op.cit., p.137

- MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts", Kigali,

1987.

Comme il ressort du tableau ci-dessus, le premier segment d'étude embrasse la période 1970-1980. En réalité, outre le premier choc extérieur caractérisé par le triplement du prix du café en 1976/77, il est clair que pendant cette période les prix du café et les termes de l'échange ont permis une relative stabilité financière.

Le second segment d'étude concerne la période 1980-1987. En effet, on remarque à travers le tableau supra, que cette période est caractérisée par de très fortes variations des cours mondiaux du café et de celles des termes de l'échange. En plus, cette période inclut le second choc extérieur qu'a connu le Rwanda en 1987, choc qui est caractérisé par une baisse de 71,6% du prix du café par rapport au prix de 1986 et qui a accentué le déficit budgétaire de 60%.

Le troisième segment d'analyse, part de l'année 1987 jusqu'à l'année 1993. Dans l'ensemble, cette période dite "de crise financière" est caractérisé par deux principaux chocs extérieurs à savoir : la chute de 20,7% du prix du café constatée en 1990 et la guerre d'octobre 1990.

Dans chaque division de l'analyse, nous essayerons de retracer les tendances des recettes et des dépenses budgétaires, tout en relevant les irrégularités et les causes y relatives. Bref, constatations faite sur base du tableau supra; nous pouvons conclure de prime abord que les cours mondiaux du café et les termes de l'échange contribuent plus généralement à l'augmentation des recettes fiscales issues du commerce extérieur que la variabilité du taux de change. C'est pourquoi nous nous proposons de négliger ce dernier facteur au cours de notre analyse.

III.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LE BUDGET DE L'ETAT RWANDAIS : DE LA RELATIVE STABILITÉ VERS LA CRISE FINANCIÈRE.

III.2.1. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA RELATIVE STABILITÉ BUDGÉTAIRE DES ANNÉES SOIXANTE-DIX.

Au cours de cette période, les chocs extérieurs affichent un impact budgétaire si important qu'il nous semble nécessaire d'en estimer l'ampleur.

Dans le souci de clarifier notre analyse, nous nous proposons d'examiner séparément l'impact qu'auraient exercé les chocs extérieurs sur les recettes publiques, sur les dépenses publiques et enfin sur le solde budgétaire.

III.2.1.1. Les chocs extérieurs et les recettes publiques.

La décennie soixante-dix fut pour la fiscalité rwandaise, une période pendant laquelle, les recettes publiques en général et les recettes fiscales prélevées sur le commerce extérieur en particulier, ont été améliorées grâce à un environnement économique international favorable.

Le tableau suivant nous retrace clairement cette situation.

Tableau XV : Les chocs extérieurs et l'accroissement des recettes publiques (1972-1980).

+----------------------------------------------------------------------------+

|Exercice |Termes de|Prix du|Taxes à l' |Taxes à l' |Impôts |Recettes |

|Budgétaire|l'échange|café |exportation|importation|indirects |TOTALES |

| | | (*) | (**) | (**) | (**) | (**) |

+----------+---------+-------+-----------+-----------+----------+------------|

| 1972 | - | 50,33 | 221,3 | 514,6 | 1179,1 | 1874,5 |

| 1973 | - | 62,31 | 489,1 | 516,1 | 1500,0 | 2352,5 |

| 1974 | - | 65,84 | 570,8 | 1066,9 | 2074,4 | 3255,2 |

| 1975 | 100,0 | 65,41 | 725,2 | 1072,3 | 3025,0 | 4373,6 |

| 1976 | 223,9 |142,75 | 2152,2 | 1882,9 | 4957,0 | 6597,0 |

| 1977 | 241,7 |234,67 | 3154,8 | 2139,9 | 6517,5 | 8345,7 |

| 1978 | 152,0 |162,82 | 1720,0 | 2761,6 | 6096,7 | 8640,5 |

| 1979 | 174,0 |173,53 | 1952,3 | 5147,1 | 8901,8 | 11977,6 |

| 1980 | 82,1 |154,20 | 2636,1 | 3328,3 | 8620,3 | 13100,2 |

+----------------------------------------------------------------------------+

* : Valeur en US Cent/Livre

** : Valeur en millions de Francs Rwandais

Source : - BNR, Direction des statistiques, 1993

- KALINIJABO Charles, op. cit., p.140

- Emil-Maria CLAASSEN, op. cit., p.69

Tel qu'il est décrit dans le tableau ci-dessus, la conjugaison des chocs extérieurs (l'amélioration des cours mondiaux du café et celle des termes de l'échange), permet l'accroissement des recettes publiques totales.

Sur la période considérée, ces dernières passent de 1.874,5 millions à 13.100,2 millions de FRW de 1970 à 1980, soit une évolution continue. Cette situation résulte de l'accroissement des impôts indirects qui connaissent une évolution de 631%, passant de 1.179,1 millions en 1970 à 8.620,3 millions de FRW en 1980.

Une telle évolution des impôts indirects provient en général de l'amélioration des impôts prélevés sur le commerce extérieur. Faisons en une analyse détaillée.

A. Les chocs extérieurs et les taxes à l'exportation.

L'analyse faite du tableau ci-haut fait apparaître clairement une grande similitude entre l'évolution des cours du café et celle des taxes à l'exportation. Cette grande corrélation ne devrait pas étonner dans la mesure où l'on sait que le café représente une très grande part de la valeur totale des exportations rwandaises.

En effet, il est claire que les années pendant lesquelles les cours mondiaux du café sont élevés correspondent aux années où les recettes fiscales sur les exportations sont également élevées. une telle situation se remarque à partir de 1976, l'année pendant laquelle les prix du café sur le marché mondial commencent à connaître un essor extraordinaire. Il s'en suit un accroissement de 63,8% des impôts indirects et celui de 50,8% des recettes totales par rapport à la situation de 1975.

Au cours de l'année qui suit (1977), les cours mondiaux du café se multiplient par plus de trois et les taxes à l'exportation, les impôts indirects et les recettes totales suivent toujours le mouvement à la hausse. La situation se poursuit après 1977 jusqu'en 1980, et on remarque la même similitude en ce qui concerne l'évolution de ces agrégats.

B. Les chocs extérieurs et les taxes à l'importation.

Contrairement aux taxes à l'exportation qui évoluent parallèlement à l'évolution des cours mondiaux du café, les taxes à l'importation quant à elles, ne suivent pas toujours la même tendance.

Toutefois, même si les importations dépendent de la disponibilité des devises procurées par les exportations en général, il est évident que d'autres facteurs se conjuguent pour exercer une influence sur les importations en général et sur les droits d'entrée en particulier. Parmi ces facteurs, nous citons en passant la politique régissant les importations dans un pays donné, l'augmentation de la demande intérieure, l'augmentation du prix à l'importation, etc... Ces différents facteurs pourraient expliquer la variabilité des taxes à l'importation sur la période d'étude.

En effet, même si ces dernières suivent toujours la même évolution des taxes à l'exportation entre 1972 et 1977; on remarque cependant que la situation se retourne après 1977 où les taxes à l'importation continuent à augmenter, alors que les taxes à l'exportation ne font que fluctuer parallèlement à la variation des cours mondiaux du café. La Banque Nationale du Rwanda nous explique cette situation (49(*)).

"En raison de l'augmentation de la demande intérieure, le volume des importations a continué à s'accroître dans de fortes proportions pendant la période 1972-1980, sauf en 1979, du fait de la fermeture de la frontière ougandaise de février à mai 1979, laquelle fermeture a provoqué un recul de 14% par rapport à 1978.

Mais comme les prix à l'importation avaient augmenté, la valeur des importations s'est accrue de façon à augmenter les taxes à l'importation de 86,3% par rapport à 1978.

La valeur des importations a aussi fortement augmenté en particulier en 1975 (69% par rapport à 1974) et en 1980 (35% par rapport à 1979) en raison de l'accroissement considérable du volume des importations (36% en 1975 et 24% en 1980) et de la hausse générale des prix due aux effets du renchérissement des produits pétroliers".

Tels sont, à notre avis, les facteurs qui pourraient expliquer le comportement des taxes à l'importation pendant la période d'étude en général et après l'année 1977 en particulier.

Bref, sur base de l'argumentation supra, nous affirmons que la conjugaison des facteurs qui influencent les taxes à l'importation et celles à l'exportation explique toujours la variation des impôts indirects en général et des recettes publiques totales en particulier sur la période d'étude.

III.2.1.2. Les chocs extérieurs et la structure des recettes publiques.

Même si l'amélioration des cours mondiaux du café des années 1970 et l'accroissement des recettes fiscales sur les échanges extérieurs qui en résulte permettent l'amélioration des recettes totales en général, il se peut que l'impact qu'ils exercent sur la structure de ces dernières est tout autre. Considérant l'ampleur de ces chocs, l'analyse que nous nous proposons de mener tentera de quantifier la part des impôts directs et indirects dans les recettes totales.

A. Les chocs extérieurs et la prépondérance des impôts indirects dans les recettes totales.

Au Rwanda, le budget des années 1970 se caractérise par la place importante qu'occupent les impôts indirects dans la structure générale des recettes fiscales.

Le tableau ci-dessous renforce cette affirmation.

Tableau XVI : La part respective des impôts directs et indirects dans les recettes fiscales totales (en millions de FRW) 1970-1980.

+------------------------------------------------------------------+

|Exercice |Recettes |Impôts |% des impôts |Impôts |% des impôts |

|Budgétaire|Fiscales |directs|directs par |indi- |indirects |

| |Totales | |rapport aux |rects |par rapport |

| | | |recettes fisc.| |aux recettes |

| | | |totales | |fisc. Totales|

+----------+---------+-------+--------------+--------+-------------|

| 1970 |1.816,6 | 494,2 | 27,2 |1.324,4 | 72,8 |

| 1971 |1.696,0 | 537,0 | 31,7 |1.159,0 | 68,3 |

| 1972 |1.729,7 | 550,6 | 31,9 |1.179,1 | 68,1 |

| 1973 |2.160,3 | 660,3 | 30,6 |1.500,0 | 69,4 |

| 1974 |3.163,5 | 889,1 | 28,1 |2.074,4 | 71,9 |

| 1975 |4.002,3 | 977,1 | 24,4 |3.025,0 | 75,6 |

| 1976 |6.172,7 |1.215,7| 20,4 |4.957,0 | 79,6 |

| 1977 |7.939,1 |1.327,5| 16,7 |6.517,5 | 83,3 |

| 1978 |8.888,3 |1.791,6| 22,7 |6.096,7 | 77,3 |

| 1979 |11.298,0 |2.396,2| 21,2 |8.901,8 | 78,8 |

| 1980 |11.354,4 |2.725,1| 24,4 |8.620.3 | 76,6 |

+------------------------------------------------------------------+

Source : KALINIJABO Charles, op. cit., p.84 et 140.

Il apparaît clairement dans le tableau ci-dessus que les impôts indirects sont beaucoup plus prépondérants dans les recettes fiscales que les impôts directs. Ces différents impôts représentent une moyenne annuelle de 74,7% et de 25,3% respectivement sur toute la période considérée.

Une étude faite sur la tendance qu'affichent les impôts indirects, nous permet de constater que les pourcentages les plus élevés qui représentent la part occupée par les impôts indirects dans les recettes fiscales totales, correspondent aux années pendant lesquelles les cours mondiaux du café et les termes de l'échange ont été tous favorables. Inversement, les pourcentages les moins élevés témoignent du contraire.

Cependant, les années où les cours mondiaux du café sont élevés, sont les mêmes qui totalisent les faibles parts qu'occupent les impôts directs dans les recettes fiscales totales. Cette constatation nous permet d'affirmer que les chocs extérieurs conditionnent l'évolution des impôts indirects et la baisse de la part qu'occupent les impôts directs dans les recettes fiscales totales.

B. Les chocs extérieurs et la forte dépendance des recettes publiques aux échanges extérieurs.

Non seulement l'amélioration des termes de l'échange en général et celle des cours mondiaux du café en particulier favorisent la prépondérance des impôts indirects dans les recettes fiscales totales, mais également, elles entraînent la forte dépendance du budget rwandais à l'égard des échanges extérieurs.

En effet, nous avons théoriquement démontré que l'instabilité fiscale qu'entraînent les chocs extérieurs n'est pas favorable à la gestion budgétaire dans ce sens qu'elle entraîne l'instabilité des recettes fiscales prélevés sur les échanges internationaux en général et l'instabilité des recettes fiscales totales en particulier.

Le tableau suivant nous retrace la situation qui prévalait au Rwanda pendant le boom caféier des années 1970.

Tableau XVII : La part de la fiscalité extérieure dans la structure des recettes totales (en millions de FRW) 1970-1980.

+------------------------------------------------------------------+

|Exercice |Recettes |Droits de douane |Variations des droits |

|Budgétaire|Fiscales |(Taxes à l'importation|de douane par rapport |

| |Totales |et à l'exportation) |aux recettes totales |

| | | |(%) |

+----------+---------+----------------------+----------------------|

| 1970 | 1.818,6 | 1.031,1 | 56,7 |

| 1971 | 1.696,0 | 811,3 | 47,7 |

| 1972 | 1.729,7 | 735,9 | 42,5 |

| 1973 | 2.160,3 | 1.005,2 | 46,5 |

| 1974 | 3.163,5 | 1.637,7 | 51,8 |

| 1975 | 4.002,3 | 1.797,5 | 44,9 |

| 1976 | 6.172,7 | 4.035,1 | 65,4 |

| 1977 | 7.939,1 | 5.294,7 | 66,7 |

| 1978 | 7.888,3 | 4.481,6 | 56,8 |

| 1979 |11.298,0 | 7.099,4 | 62,8 |

| 1980 |11.345,4 | 5.964,4 | 52,6 |

+------------------------------------------------------------------+

Source : KALINIJABO Charles, op. cit., p.89 et 140.

En observant le tableau ci-dessus, on remarque que les impôts prélevés sur le commerce extérieur rapportent en moyenne 54% des recettes totales sur la période considérée.

La relation qui existe entre les chocs extérieurs et la dépendance des recettes publiques aux échanges extérieurs s'explique à partir de l'année 1976. En effet, vu que cette période se caractérise par l'amélioration des termes de l'échange et des cours mondiaux du café; considérant en plus que ces chocs extérieurs ont été favorables quant à l'accroissement des recettes fiscales prélevées sur le commerce extérieur et que ces dernières occupent une place prédominante dans la fiscalité totale; il est évident que la tendance des recettes totales s'explique par la variation de la fiscalité extérieure sur la période en question.

Quant à la situation de la fiscalité rwandaise pendant la période de boom caféier, nous remarquons qu'elle est tributaire de la fluctuation des cours mondiaux du café et de celle des termes de l'échange.

Bref, caractérisée par l'entrée massive des recettes fiscales sur les échanges extérieurs, la période 1970-1980 laisse apparaître une forte dépendance des recettes publiques aux échanges extérieurs, dans ce sens que les pourcentages les plus élevés qui représentent la part des droits de douanes par rapport aux recettes totales, correspondent aux années pendant lesquelles les cours mondiaux du café et les termes de l'échange accusent des indices également élevés.

III.2.1.3. Les chocs extérieurs et le solde budgétaire.

La gestion du budget rwandais est fortement influencée par la fluctuation des cours mondiaux du café en général et des termes de l'échange en particulier.

En effet, selon l'analyse que nous venons d'effectuer dans les paragraphes précédents, cette dépendance se traduit par des fortes fluctuations qui caractérisent la tendance des cours mondiaux du café et qui, dans de telles conditions, affectent les recettes fiscales totales.

L'objet de l'analyse que nous nous proposons de mener consiste à tracer le parallélisme qui existe entre la fluctuation des cours mondiaux du café et la tendance qui marque le solde budgétaire durant la décennie soixante-dix, tel que décrit par le tableau suivant.

Tableau XVIII : Fluctuations des cours mondiaux du café, des droits de douanes et leurs répercussions sur le budget de l'Etat 1970-1980 (en millions de FRW).

+----------------------------------------------------------------------------+

|Exercice |Cours du |Dépenses |Recettes |Droits de |Droits |Soldes |

|Budgétaire|du café en|TOTALES |TOTALES |sortie |d'entrée |budgé- |

| |CTS/Livre | | | | |taire |

+----------+----------+---------+-----------+-----------+----------+---------|

| 1970 | 52,01 | 1.756,7 | 1.943,6 | 508,9 | 522,7 | +186,9 |

| 1971 | 44,99 | 2.173,3 | 1.842,9 | 264,9 | 546,4 | -330,4 |

| 1972 | 50,33 | 2.421,3 | 1.874,5 | 221,3 | 514,6 | -546,8 |

| 1973 | 62,31 | 2.784,1 | 2.352,5 | 489,1 | 516,1 | -431,6 |

| 1974 | 64,84 | 3.533,6 | 3.255,2 | 570,8 | 1.066,9 | -278,4 |

| 1975 | 65,41 | 4.388,6 | 4.373,6 | 725,2 | 1.072,3 | - 15,0 |

| 1976 | 142,75 | 5.122,7 | 6.597,0 | 2.152,2 | 1.882,9 |+1.474,3 |

| 1977 | 234,67 | 6.439,9 | 8.345,7 | 3.154,8 | 2.139,9 |+1.905,8 |

| 1978 | 162,82 | 7.859,0 | 8.640,5 | 1.720,0 | 2.761,6 |+ 781,5 |

| 1979 | 173,53 | 9.162,2 |11.977,6 | 1.952,3 | 5.147,1 |+2.815,4 |

| 1980 | 154,20 |11.108,0 |13.100,2 | 2.636,1 | 3.328,3 |+1.992,2 |

+----------------------------------------------------------------------------+

(+) : Excédent budgétaire

(-) : Déficit budgétaire

Source : Emil-Maria CLAASSEN, op. cit.; p.69.

KALINIJABO Charles, op. cit.; p.84, 89 et 137.

L'observation faite du tableau précédent témoigne clairement à quel point le solde budgétaire est expliqué par la variation des cours mondiaux du café et par celle des droits de douane.

En effet, comme les dépenses publiques affichent un mouvement à la hausse sur toute la période considérée, et que les recettes publiques se caractérisent par une évolution lente; il est normal que les années pendant lesquelles le Gouvernement Rwandais réalise un excédent budgétaire correspondent aux périodes où les recettes fiscales sont importantes grâce à l'amélioration des cours mondiaux du café. Toutefois, il est clair que les déficits les plus lourds sont toujours une conséquence de la chute des cours mondiaux du café et de celle des droits de sortie. Nous constatons également que, même si les dépenses publiques suivent toujours le mouvement à la hausse des recettes publiques; elles paraissent trop rigides au cas où ces dernières accusent une baisse ou une croissance moins rapide.

Bref, la situation budgétaire constatée au cours des années 1970, s'explique par le boom caféier qui les caractérise.

III.2.2. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET L'INSTABILITÉ BUDGÉTAIRE DU DÉBUT DES ANNÉES 1980.

Contrairement à la décennie soixante-dix pendant laquelle les cours mondiaux du café ont eu un impact significativement positif sur la gestion budgétaire; les débuts des années quatre-vingt ont été marqués par l'instabilité des cours mondiaux et des recettes fiscales en général et par celle des finances publiques en particulier;

Le tableau suivant le montre à suffisance.

Tableau XIX : Les recettes et les dépenses du budget ordinaire en millions de FRW (1970-1986).

+------------------------------------------------------------------------------+

| Année |1970-75|1975-80| 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 |

+--------------------+-------+-------+------+------+------+------+------+------|

|Recettes publiques |2.607 |8.842 |13.885|14.057|16.683|16.700|19.232|21.404|

|Variations annuelles|16,6 % |24,5 % |6,0 % |1,2 % |4,5 % |13,7 %|15,2 %|11,3 %|

+--------------------+-------+-------+------+------+------+------+------+------|

|Dépenses publiques |2.843 |7.384 |15.599|16.724|16.362|17.369|18.492|20.809|

|Variations annuelles|20.1 % |20,9 % |37,5 %|7,2 % |-2,2 %|6,2 % |6,5 % |12,5 %|

+--------------------+-------+-------+------+------+------+------+------+------|

|Solde du budget |-236 |1.458 |-1.714|-2.668|-1680 |-669 |740 |595 |

|ordinaire | | | | | | | | |

|En % du PIB (FRW) | |1,9 % |-1,4 %|-2,0 %|-1,2 %|-0,4 %|0,40 %|0,30 %|

+------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts" KIGALI, 1987, p.39.

Au cours de notre analyse, nous allons essayer de faire un examen minutieux de la tendance qui caractérise chaque poste budgétaire (recettes et dépenses) en vue de pouvoir quantifier l'impact qu'exercent les chocs extérieurs sur le budget global (50(*)).

Comme les effets des chocs extérieurs se manifestent à travers les droits de douanes, notre analyse portera essentiellement sur ces derniers et tentera de vérifier si à l'intérieur du pays, les impôts sont développés pour compenser les pertes subies en cas de baisses des recettes sur le commerce extérieur.

III.2.2.1. Les chocs extérieurs et les impôts sur le commerce extérieur.

L'instabilité qu'affichent les cours mondiaux du café dès le début des années quatre-vingt a sans doute eu des conséquences sur la stabilité des recettes fiscales issues du commerce extérieur. Le tableau ci-dessous nous le prouve.

Tableau XX : Les chocs extérieurs et la structure des impôts sur le commerce extérieur (en millions de FRW) 1980-1987.

+---------------------------------------------------------------------------------------+

| 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|Les cours mondiaux | | | | | | | | |

|du café | 154,20| 128,09| 139,72| 131,69| 144,17| 145,56| 192,74| 112,29|

|Les termes de | | | | | | | | |

|l'échange | 82,1 | 73,1 | 82,4 | 100,1 | 115,3 | 100 | 114 | 75,2 |

|Les exportations FOB| 12.402 | 10.520 | 10.069 | 11.706 | 14.286 | 12.769 | 16.138 | 9.675 |

|Les importations FOB|-18.177 |-19.229 |-19.229 |-18.646 |-19.786 |-22.210 |-22.717 |-21.971 |

|Taxes à l'exportation 2.636 | 1.028 | 1.156 | 1.334 | 1.860 | 5.518 | 4.780 | 2.154 |

|Taxes à l'importation 3.365 | 3.600 | 4.169 | 4.992 | 3.990 | 5.756 | 6.250 | 6.130 |

|Autres impôts | 62 | 121 | 6 | 0 | 173 | 151 | 148 | 136 |

|--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|Total des impôts | | | | | | | | |

|s/commerce extérieur| 6.063 | 4.749 | 5.330 | 5.325 | 7.023 | 8.824 | 11.178 | 8.421 |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : Emil-Maria CLAASSEN, op. cit., p. 69

BNR : Direction des statistiques 1993

BNR : Rapports 1980-1987

MINIFIN : Résultat d'exécution du Budget

via MINIPLAN, op. cit. p.24

La simple lecture du tableau supra nous permet de constater que, suite à l'instabilité des termes de l'échange en général et des cours mondiaux du café en particulier, les rentrées au titre des impôts sur le commerce extérieur accusent une baisse d'à peu près 1/3 de 1980 à 1981.

Par la suite, elles subissent une hausse moyenne annuelle de 22% qui va jusqu'en 1986. Elles tombent de nouveau en 1987 tout en suivant les fluctuations des termes de l'échange et des cours mondiaux du café.

Dans le but de bien clarifier notre analyse, nous nous proposons d'examiner séparément les taxes à l'importation et les taxes à l'exportation.

A. Les chocs extérieurs et les taxes à l'importation.

L'analyse théorique nous aura permis de remarquer un lien significatif entre les recettes d'exportation et les droits d'entrée.

En effet, comme les importations dépendent fortement de la disponibilité des devises qui est également fonction de la performance des exportations, il est évident que les droits d'entrée subissent (quoi qu'à un degré moins élevé que les droits de sortie) les contre-coups des chocs extérieurs qui frappent les exportations.

Sur la période étudiée, les droits d'entrée représentent 17% du total des recettes publiques et 40% des recettes fiscales (51(*)). Entre 1980 et 1981, elles connaissent une évolution de 24% et elles baissent de 4% entre 1982 et 1983. Cette baisse est compensée par une hausse de 25% en 1984. Depuis lors, elles continuent à croître jusqu'en 1986 avant de baisser très légèrement en 1987.

Outre les chocs extérieurs qui auraient influencé l'entrée des devises destinées aux importations et qui auraient diminué par ce fait l'assiette des droits d'entrée, la politique d'importation matérialisée par la pratique des licences d'importation pourrait être aussi classée parmi les facteurs qui ont eu une influence sur la fluctuation des taxes à l'importation. En réalité, dans la mesure où les licences sont accordées en fonction des disponibilités des devises provenant essentiellement des recettes d'exportation, les rentrées fiscales au titre des taxes à l'importation ne peuvent qu'évoluer parallèlement à ces recettes.

B. Les chocs extérieurs et les taxes à l'exportation.

Selon les rapports de la BNR (52(*)) les taxes à l'exportation totalisent en moyenne 7% du montant total des recettes et dons et 12,8% du total des rentrées fiscales au cours de la période 80-87.

L'analyse faite sur leur évolution fait ressortir les tendances suivantes : Entre 1980 et 1981, les droits de sortie accusent une diminution de 61% passant de 2.636 millions à 1.028 millions de FRW. Elles enregistrent une progression régulière de 41,4% en moyenne de 1981 à 1986, soit un taux de croissance annuel moyen de 8,3%. La situation se retourne en 1987, où elles accusent une baisse de 55%.

Selon les publications dont nous avons pu disposer et les avis des autorités politico-économiques rwandaises (53(*)), cette situation s'explique par l'effondrement du secteur minier et la baisse des recettes procurées par les principaux produits d'exportation, le café et le thé. La raison en est que l'indice des valeurs moyennes des principaux produits d'exportations affiche une fluctuation d'une année à l'autre, avec inévitablement des répercussions au niveau des taxes à l'exportation. Le tableau ci-dessous éclaire ce point de vue.

Tableau XXI : L'indice des valeurs moyennes à l'exportation.

+---------------------------------------------------------------------------------------+

| 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|Café | 100 | 80 | 96 | 92 | 113 | 111 | 116 | 60 |

|Thé | 100 | 97 | 100 | 132 | 214 | 120 | 90 | 67 |

|Etain | 100 | 97 | 78 | 94 | 93 | 94 | 35 | 0 |

|Wolfram | 100 | 100 | 67 | 64 | 70 | 50 | 21 | 21 |

|Extrait de pyrèthre | 100 | 127 | 105 | 50 | 42 | 39 | 55 | 55 |

|Ecorce de quinquina | 100 | 57 | 46 | 96 | 50 | 103 | 98 | 91 |

|Peaux | 100 | 97 | 80 | 70 | 77 | 67 | 40 | 42 |

|Les termes de | | | | | | | | 6.130 |

|l'échange | 82,1 | 73,1 | 82,4 | 100,1 | 115,3 | 100 | 114 | 75,2 |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : - MINIFIN, "Situation économique 1987"

Via MINIPLAN, op. cit., p. 27

- BNR, Direction des statistiques, 1993.

Ce tableau montre clairement que l'indice du prix à l'exportation du café, qui représente près de 70% du total des exportations, accuse une baisse de 1980 à 1983. La même tendance s'observe pour le thé et les produits miniers qui occupent respectivement la deuxième et la troisième place dans les exportations.

Dans un tel état de choses, comme les droits de sortie sont assis sur la valeur des marchandises au moment de leur sortie, et que cette valeur est fixée périodiquement en fonction des cours mondiaux des produits en question; on peut comprendre pourquoi les recettes fiscales sur les exportations n'ont pas sensiblement augmenté durant la période 80-83.

Selon les autorités politico-économiques rwandaises, le retournement positif constaté de 1984 à 1986 s'explique par des conditions climatiques favorables à la production du café et/ou du thé et surtout à la bonne tenue des cours mondiaux de ces produits.

Malheureusement, la conjoncture est devenue défavorable en 1987, à cause de la forte baisse des cours mondiaux des principaux produits d'exportation en conjugaison avec la détérioration continue du secteur minier.

Telles sont, à notre avis, les raisons qui expliquent à quel point les chocs extérieurs exercent un impact déstabilisateur sur les impôts indirects prélevés sur le commerce extérieur et transactions internationales de 1980 à 1987.

Dans les lignes qui viennent, nous essayerons de vérifier si, du moins, les impôts (directs ou indirects) tournés sur l'activité intérieure sont développés pour subvenir aux éventuelles baisses des recettes prélevés sur le commerce extérieur et au cas où les chocs extérieurs exercent un effet négatif.

III.2.2.2. Les chocs extérieurs et la structure des recettes publiques.

A. La prépondérance des impôts indirects.

Comparativement à la période précédente, les impôts indirects sur le commerce extérieur occupent une place également prépondérante dans les recettes fiscales durant la période d'étude.

Le tableau suivant est une preuve à cette affirmation.

Tableau XXII : Composition des recettes ordinaires (en pourcentage du total) 1969-1985.

+----------------------------------------------------------------------+

| 1969-74 | 1974-81 | 82 | 83 | 84 | 85 |

| | | | | | |

+-------------------------------+-----------+--------------+---------------+------------+-------+------|

|A. Recettes fiscales | 92,0 | 89 | 89,2 | 88,6 | 89,0 | 89,8|

| | | | | | | |

| Impôts directs | 28 | 20 | 23,4 | 24,5 | 21,7 | 19,1|

| | | | | | | |

| .Impôts/Revenu | 18 | 18 | 21,4 | 22,8 | 20,1 | 17,1|

| .Impôt/Immobilier | 10,0 | 2,0 | 2,0 | 1,8 | 1,6 | 2,0|

| | | | | | | |

| Impôts indirects | 64 | 69 | 65,8 | 64,1 | 67,3 | 70,7|

| | | | | | | |

| -Taxes à l'importation | 28 | 29 | 28,9 | 25,1 | 29,2 | 27,3|

| -Taxes à l'exportation | 18 | 23 | 8,2 | 9,1 | 9,8 | 13,1|

| -Taxes s/consommation | 18 | 17 | 28,7 | 29,9 | 28,3 | 30,3|

| | | | | | | |

|B. Recettes non fiscales | 8 | 11 | 10,8 | 11,4 | 11,0 | 10,2|

|-------------------------------+-----------+--------------+---------------+------------+-------+------|

| TOTAL | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts,

KIGALI, 1987, p.41.

L'analyse de la structure des recettes publiques traduit une certaine modification des origines du financement du budget ordinaire. En effet, en observant le tableau ci-haut, il est clair que la répartition entre les recettes fiscales et les recettes non fiscales subit peu de modifications sur toute la période d'étude. La part des recettes fiscales dans le total passe de 92% entre 1969-1974 à 89,8% en 1985, tandis que celle des recettes non fiscales passe de 8 à 10,2%.

Toutefois, à l'intérieur des recettes fiscales, de profondes modifications apparaissent : La part des impôts directs diminue sensiblement (de 28% entre 1969-74 à 19,1% en 1985) au profit de l'augmentation des impôts indirects (de 64% entre 1969-74 à 70,7% en 1985).

Cette diminution de la part des impôts directs serait en grande partie causée par celle des impôts immobiliers dont le pourcentage passe de 10% à 2% durant la période d'étude. C'est ainsi que la part des impôts directs baisse progressivement malgré une légère hausse en 1982 et en 1983.

Nous allons analyser la tendance de chaque impôt pour pouvoir démontrer à quel point le faible développement de la fiscalité tournée sur l'activité intérieure aurait renforcé l'impact négatif des chocs extérieurs sur la stabilité des recettes publiques.

B. Le faible développement de la fiscalité intérieure.

a) Les impôts sur les revenus, bénéfices et gains en capital.

Durant la période d'étude, leur part dans les recettes fiscales s'établit à 14%.

Le tableau qui suit nous donne une vue d'ensemble sur l'importance de ce poste budgétaire ainsi que sur ses composantes.

Tableau XXIII : La structure de l'impôt sur les revenus, bénéfices et gains en capital (en millions de FRW).

+-----------------------------------------------------------------------------------+

| | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

| +------+------+------+------+------+------+------+------|

|- Impôts sur les personnes |1.235 |2.594 | 1.755| 1.640|1.861 |2.018 |2.163 |2.290 |

+---------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

|- Impôts sur les sociétés |1.072 | 839 | 1.015| 1.091| 995 |1.139 |1.869 |1.283 |

+---------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

|- Autres impôts | 372 | 691 | 1.184| 866|1.097 |1.210 |1.320 |1.349 |

+---------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

| TOTAL |2.680 |4.123 | 3.954| 3.596|3.953 |4.367 |4.552 |4.812 |

+-----------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, Résultat d'exécution du Budget, 1980-1987,

via MINIPLAN, op. cit., p.15.

On remarque en effet que les impôts sur les personnes physiques interviennent en moyenne pour 50% du total, ceux sur les sociétés pour 30% et les autres impôts non ventilables pour 20%.

i) La tendance des impôts sur les personnes physiques.

Selon le MINIFIN (54(*)) les impôts sur les revenus des personnes physiques représentent en moyenne 7% du volume total des recettes publiques durant la période d'étude; ce qui est de loin inférieur à la part qu'occupent les taxes à l'importation et à l'exportation.

L'examen faite sur leur évolution laisse apparaître un accroissement de 1980 à 1981. Sur cette période, on remarque qu'ils ont plus que doublé. Ce résultat satisfaisant est suivi d'une chute de 32% en 1982 et d'une autre relativement modérée (7%) en 1983. Pour le reste de la période, les impôts sur les personnes physiques retrouvent le même chemin de croissance qu'au départ, soit une moyenne annuelle de 5%.

Le facteur le plus déterminant de cette évolution est à rechercher du côté des taxes professionnelles en raison de leur poids dans l'ensemble des impôts sur le revenu des personnes.

ii) Impôts sur les revenus des sociétés.

D'après les avis du Ministère des Finances (55(*)), ces impôts contribuent très modestement au volume des recettes publiques avec une contribution moyenne annuelle de 3,7% sur la période étudiée. La raison en est qu'en réalité, ces impôts accusent de très fortes fluctuations d'une année à l'autre, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse. Ce qui est évident vu qu'ils sont prélevés sur les revenus, bénéfices et gains en capital des sociétés qui accusent d'amples variations d'une année à l'autre.

En analysant la tendance qui marque les impôts sur les revenus des sociétés au cours de la période considérée, on trouve qu'ils accusent une baisse de 21,8% en 1981 par rapport à la situation de 1980, passant de 1.072 millions à 839 millions de FRW. Cette baisse est compensée par une hausse de 21% et de 7,5% en 1982 et en 1983 respectivement. On assiste en 1984 à un nouveau renversement de la tendance qui se traduit par une baisse de 8,4%, ramenant les recettes sur les revenus des sociétés à 995 millions de FRW. La situation se redresse en 1985, car elles accusent une hausse de 14,4% avant de se dégrader à nouveau en 1986, enregistrant un recul de 6,2%. En 1987, on assiste également à une baisse qui porte les recettes sur les sociétés de 1969 à 1283 millions de FRW.

Bref, parallèlement aux fluctuations que connaissent les impôts indirects sur le commerce extérieur à la suite des chocs extérieurs, on remarque que les impôts directs sur les revenus, bénéfices et gains en capital, au lieu de croître pour compenser des fluctuations négatives des impôts indirects, continuent à accuser eux aussi un caractère aléatoire.

b. Les impôts intérieurs sur les biens et services.

Au Rwanda, ces impôts constituent, après les impôts sur le commerce extérieur, la deuxième source de recettes publiques. Selon le Ministère des Finances, ils représentent 16% du total des recettes et dons et 28% du total des recettes fiscales. Font partie de ces impôts, les droits de consommation ou accises, l'impôt sur le chiffre d'affaire (ICHA) et les taxes sur les plaques d'immatriculation. Tous ces impôts entrent dans la catégorie des impôts indirects.

Le tableau suivant retrace l'allure générale de ces impôts sur la période étudiée.

Tableau XXIV : La structure des impôts intérieurs sur les biens et services (en million de FRW) 1980-1987.

+---------------------------------------------------------------------------------------------+

| | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

| +------+------+------+------+------+------+------+------|

| | | | | | | | | |

|1. Impôts sur la vente, chiffre d'af-| 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 | 569,6|1.341 |

| faire et valeur ajoutée. | | | | | | | | |

+-------------------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

|2. Accises |2.656 |3.017 |3.300 |3.991 |4.174 |4.979 |4.666 |4.919 |

+-------------------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

|3. Impôts sur l'utilisation des biens| 7,3 | 7,0 | 7,0 | 59 | 58 | 24 | 22 | 22 |

+-------------------------------------+------+------+------+------+------+------+------+------|

| TOTAL |2.663 |3.024 |3.307 |4.050 |4.232 |5.003 |5.258 |6.282 |

+---------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, Résultat d'exécution du Budget 1980-1987,

via MINIPLAN, op. cit., p.21.

Comme il ressort du tableau ci-dessus, les impôts indirects intérieurs affichent une croissance régulière entre 1980 et 1987, faisant monter les recettes de 2.663 millions à 6.282 millions de FRW, soit un taux de croissance annuelle moyen de 19%. Evidemment ce taux demeure faible vu les besoins en recettes que connaît notre pays.

Dans l'ensemble, qu'ils soient directs ou indirects les impôts perçus sur les activités intérieures accusent un faible niveau de développement au cours de la période étudiée. Une telle caractéristique nous permet d'affirmer qu'ils contribuent significativement à renforcer les effets négatifs des chocs extérieurs sur la stabilité des recettes publiques et sur la gestion budgétaire en général.

Dans le paragraphe qui suit, nous sommes obligés d'analyser le comportement des dépenses publiques face à l'instabilité qui marque les recettes publiques.

III.2.2.3. Les chocs extérieurs et les dépenses publiques.

Au cours de notre analyse, nous allons surtout considérer la tendance des dépenses publiques financées sur les recettes propres à l'Etat et sur les crédits intérieurs. En second lieu, nous pourrons examiner les variations qui marquent les dépenses publiques financées par l'extérieur sur les crédits et les dons. Une telle analyse nous permettra d'évaluer l'impact des chocs extérieurs sur la stabilité des dépenses publiques en général.

A. Les chocs extérieurs et les dépenses sur les ressources internes.

Pendant que les recettes publiques accusent un accroissement en dents de scie, les dépenses ne font que croître continuellement sur la période d'étude. Selon Emil-Maria CLAASSEN (56(*)), ces dernières sont caractérisées par la prépondérance des dépenses courantes par rapport aux dépenses en capital. Ce qui prouve que le Rwanda consacre essentiellement ses propres recettes aux dépenses courantes.

Le tableau qui suit renforce cette affirmation.

Tableau XXV : Evolution du Poste "Dépenses sur ressources internes" en millions de FRW 1980-1987.

+---------------------------------------------------------------------------------------+

| 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|1. Dépenses totales |16.392,2 |18.933,0 |19.573,9 |19.892,2 |19.701,3 |22.575,8 |25.551,1 |29.889,7 |

| | | | | | | | | |

|2. Dépenses couran- | 9.865,4 |13.436,9 |14.447,4 |15.347,3 |15.751,5 |17.491,6 |19.657 |24.107 |

| tes dont : | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| - Traitement + | 4.820,8 | 7.208,6 | 7.259,5 | 7.391,8 | 8.078,2 | 8.620,2 | 9.325,5 | 9.947,9 |

| Salaires | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| - Achat de biens | 3.362,0 | 4.171,4 | 4.441,5 | 4.362,4 | 4.176,7 | 5.308,1 | 6.087,7 | 6.648,4 |

| et Services | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| - Versement d'in-| 117,4 | 228,5 | 280,4 | 436,1 | 709,8 | 849,8 | 974,4 | 1.228,8 |

| térêt aux | | | | | | | | |

| agents rési- | | | | | | | | |

| dents | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| - Versement d'in-| 208,5 | 165,6 | 315,2 | 237,1 | 348,1 | 383,1 | 423,9 | 582,4 |

| térêt à | | | | | | | | |

| l'étranger | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| - Transfert aux | 561,3 | 477,0 | 434,1 | 1.355,3 | 251,5 | 386,6 | 703,9 | 3.576,6 |

| ménages | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

|3. Dépenses en ca- | 6.526,8 | 5.496,0 | 5.126,4 | 4.544,9 | 3.949,8 | 5.084,2 | 5.894,1 | 5.782,7 |

| pital dont : | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

| Acquisition de | 2.187,3 | 2.701,2 | 3.466,8 | 2.859,7 | 2.699,3 | 3.223,3 | 3.890,9 | 3.667,5 |

| biens de capital | | | | | | | | |

| fixe | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

|4. La part des dé- | 60,2 %| 70,9 %| 73,8 %| 77,1 %| 79,9 %| 77,4 %| 76,9 %| 80,6 %|

| penses courantes | | | | | | | | |

| dans les dépen- | | | | | | | | |

| ses totales | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

|5. La part des dé- | 39,8 %| 39,1 %| 26,2 %| 22,9 %| 20,1 %| 22,6 %| 23,1 %| 19,4 %|

| penses en ca- | | | | | | | | |

| pital dans les | | | | | | | | |

| dépenses totales | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

+------------------------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, op. cit., p.50

Sur base du tableau supra, on remarque que sur la période considérée, les dépenses en capital occupent une part moyenne de 26,7% contre celle de 73,3% occupée par les dépenses courantes. Cela explique pourquoi la part relative aux investissements dans le budget est minime par rapport à celle des dépenses courantes.

Se basant sur une telle situation de déséquilibre, une analyse approfondie des composantes des dépenses courantes permet de faire les observations suivantes :

i) Les traitements et les salaires augmentent plus rapidement que les achats de biens et services. Ils enregistrent un taux de croissance de 50% de 1980 à 1981 et accusent d'amples fluctuation au cours des années qui suivent à fin de remonter d'un taux de croissance annuelle oscillant entre 5 et 9% après 1984.

Selon une analyse faite par le MINIPLAN (57(*)), l'explosion des dépenses en 1981 a eu comme principale cause la hausse du budget de l'éducation nationale.

ii) Les transferts aux ménages qui consistent essentiellement aux versements de l'Etat au Fonds d'Egalisation en vue de garantir un prix stable aux producteurs, sont particulièrement élevés en 1983 et en 1987, à cause d'une chute très aiguë des cours mondiaux du café.

iii) Le poste "autres achats de biens et services" augmente en période de "vaches grasses" et diminue en période de pénuries de recettes.

iv) Les versements d'intérêts augmentent régulièrement par rapport aux autres types de dépenses courantes. La raison serait à rechercher dans l'évolution de la dette publique.

Concernant les dépenses en capital, on remarque qu'elles subissent de fortes fluctuations sur toute la période d'étude. Leur baisse constatée en 1983, 1984 et 1987, s'expliquerait par la politique d'austérité qui a été mise en place pour répondre à des pénuries de ressources dont la principale cause reste toujours la baisse des cours mondiaux du café.

B. Les chocs extérieurs et les dépenses sur les ressources externes.

Tandis que les dépenses en capital financées par les ressources internes connaissent d'amples fluctuations sur toute la période d'étude, celles alimentées par des crédits et des dons étrangers montrent une forte augmentation tel que décrit dans le tableau ci-dessous.

Tableau XXVI : Evolution du poste dépenses sur ressources externes en millions de FRW (1980-1987).

+-------------------------------------------------------------------------------------------+

| | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 | 1985 | 1986 | 1987 |

| +------+------+-------+-------+-------+-------+-------+--------|

| |7509,7|9627,1|10432,3|11963,8|12904,6|15291,1|14298,5|14.354,9|

|Dépenses totales | | | | | | | | |

| | | | | | | | | |

|Dont : - Dépenses courantes |4153,8|4106,5| 3208,3| 4425,9| 4162,5| 4970,1| 4345,4| 3985,2 |

| | | | | | | | | |

| - Acquisition de |3355,8|5520,7| 6523,9| 7537,9| 8742,0|10321,0| 9953,2|10369,7 |

| biens de capital | | | | | | | | |

| fixe | | | | | | | | |

+-------------------------------------------------------------------------------------------+

Source : MINIFIN, via MINIPLAN, op. cit., p.52.

En effet, vu la forte stagnation des investissements financés par des ressources nationales, il est évident que le financement extérieur joue un rôle toujours croissant dans la F.B.C.F. de l'Etat et dans les dépenses courantes. Cette situation s'expliquerait par le rôle que joue les ressources étrangères sous forme de traitements et salaires alloués dans le cadre d'assistance technique.

Bref, considérant l'analyse déjà faite jusqu'ici, nous pouvons affirmer que les dépenses publiques fluctuent en fonction des cours mondiaux des matières premières exportées par le Rwanda. En plus, elles connaissent un accroissement plus rapide que celui qui marque les recettes publiques.

III.2.2.4. L'impact des chocs extérieurs sur le Budget.

Un simple examen des recettes publiques permet de constater qu'elles subissent des fluctuations. Cette situation est surtout due à la conjugaison de nombreux facteurs extérieurs. Malgré quelques années de conjonctures favorables, cette situation est d'autant plus préoccupante que les dépenses augmentent plus rapidement que les recettes publiques.

En effet, comme la fluctuation des cours mondiaux du café déstabilise fortement les impôts indirects sur le commerce extérieur, il est évident que les recettes totales accusent également d'amples fluctuations. Cette instabilité reste renforcée par le faible développement des impôts intérieurs pour compenser les éventuelles diminutions.

De l'autre côté, le rythme de croissance des dépenses publiques ne suit pas le mouvement à la baisse des recettes publiques. Après une forte poussé en 1981 qui a eu pour cause principale un relèvement général des salaires et le payement des transferts aux producteurs de café, elles accusent un ralentissement au cours de la période. Cette décélération devient remarquable à partir de 1984, l'année au cours de laquelle le Gouvernement a renforcé sa politique en coupes sombres dans les frais de déplacement et dans l'achat de matériel et fournitures des services publics (58(*));

Par contre, s'il y a bien eu quelques réductions dans les subventions budgétaires destinées aux organismes parapublics depuis 1983, l'intention déclarée du Gouvernement rwandais de ne pas accorder de subvention aux organismes parapublics à vocation industrielle et commerciale ne s'est pas complètement matérialisée (59(*));

Dans l'ensemble, le plus grand défi dans le domaine de la gestion budgétaire, demeure cependant la maîtrise des dépenses pendant la période de vaches grasses consécutives à des augmentations exceptionnelles des recettes dues à des chocs extérieurs favorables. On peut citer les périodes 1980-82 et 1985-87 comme exemples où l'augmentation rapide mais temporaire des recettes a conduit à une croissance des dépenses qui ne pouvait pas être soutenue et qui pose de sérieux problèmes lorsqu'il y a un retournement de la conjoncture.

Dans les lignes qui suivent, nous analyserons la situation budgétaire pendant la période de crise.

III.2.3. LES CHOCS EXTÉRIEURS ET LA CRISE FINANCIÈRE.

Les premiers signes de la crise financière se sont manifestés à partir de 1987, l'année pendant laquelle le déficit budgétaire a plus que doublé (60(*)).

Comme nous venons de le montrer dans l'analyse précédente, cette crise est attribuable à de nombreux facteurs à savoir :

i) L'effondrement des cours des principaux produits d'exportation;

ii) La détérioration des termes de l'échange;

iii) Le faible développement de la fiscalité intérieure;

iv) L'accroissement rapide des dépenses publiques.

En principe, ce sont les mouvements descendants des recettes publiques et ascendants des dépenses publiques qui sont à la base de l'accentuation du déficit budgétaire jusqu'à la crise financière de 1987 (61(*)). L'analyse qui sera faite dans les lignes qui suivent essayera de retracer en long et en large l'allure de la situation financière pendant la période de crise sans précédent.

III.2.3.1. Les chocs extérieurs et la fluctuation des recettes publiques.

Cette partie de l'analyse consiste à retracer la tendance des recettes publiques selon le mouvement des prix du café. En second lieu, on jetera un simple regard sur la tendance des recettes prélevés sur l'activité intérieure à fin d'examiner combien elles auraient intervenu en cas de fluctuation des ressources externes.

A. Les chocs extérieurs et les impôts indirects sur le commerce extérieur.

Pendant la période de la crise financière, les recettes fiscales prélevées sur le commerce extérieur affichent une évolution en dents de scie.

Le tableau ci-après nous éclaire suffisamment sur cette situation.

Tableau XXVII : La tendance des recettes fiscales prélevées, sur le commerce extérieur pendant la période de crise financière (en millions de FRW) 1987-1993.

+----------------------------------------------------------------------------+

| 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 (*) | 1992 (*) | 1993 (**)|

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|1. Taxes à l'impor- | 6.119,0 | 5.953,6 | 5.932,9 | 4.828,1 | 6.817,7 | 8.171,5 | 6.595,7 |

| tation | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| - Droits d'entrée | 4.596,6 | 4.823,5 | 4.529,8 | 3.749,5 | 5.756,0 | 6.375,8 | - |

| - Taxes MAGERWA | 618,6 | 491,9 | 711,0 | 456,0 | 466,7 | 665,2 | 747,2 |

| - Autres taxes | 934,0 | 634,2 | 692,0 | 623,0 | 595,0 | 1.129,7 | 1.664,7 |

| | | | | | | | |

|2. Taxes à l'expor- | 2.448,0 | 1.266,8 | 1.440,6 | 1.506,0 | 1.269,1 | 1.274,7 | 252,3 |

| tation | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| - Taxes douanières | 2.102,7 | 1.206,9 | 1.371,8 | 1.466,5 | 1.268,7 | 1.274,7 | 0 |

| et fiscales sur | | | | | | | |

| le café | | | | | | | |

| - Prélev. fonds | 291,0 | 2,0 | 11,0 | 0 | 0 | 0 | 252,3 |

| d'Egalisation | | | | | | | |

| - Taxes S/Export. | 54,3 | 57,9 | 57,7 | 39,4 | 0,3 | 0 | 0 |

| Hors café | | | | | | | |

| | | | | | | | |

|3. Autres taxes sur | 258,0 | 247,9 | 231,0 | 233,0 | 1.005,0 | 698,2 | 340,0 |

| le commerce exté-| | | | | | | |

| rieur et tran- | | | | | | | |

| sactions interna-| | | | | | | |

| tionales | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| - Péages routes | 136,0 | 147,0 | 132,0 | 102,0 | 77,0 | 96,4 | 100 |

| - Autres recettes | 122,0 | 100,0 | 99,0 | 131,0 | 229,0 | 204,2 | 240,0 |

| douanières | | | | | | | |

| - Comm. sur licen- | - | - | - | - | 699,0 | 397,6 | 0 |

| ces d'importa- | | | | | | | |

| tion | | | | | | | |

|--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

| TOTAL | 8.824,9 | 7.467,4 | 7.604,5 | 6.567,0 | 9.091,8 |10.144,4 | 7.187,9 |

| | | | | | | | |

+-------------------------------------------------------------------------------------------------+

(*) : Estimations

(**) : Prévisions

Source : - MINIPLAN/GTZ : Direction de la politique économique,

"Modèle de prévision macroéconomique", le 28.04.1993,

pp.26-27.

Nous constatons à travers ce tableau que les recettes en questions accusent une tendance à la baisse de 26% entre 1987 et 1990, suivi d'une hausse de 11,6% entre 1991 et 1992. Selon les prévisions de 1993, les recettes sur le commerce extérieur enregistrent une baisse de 29% par rapport à la situation de 1992.

En observant très attentivement les données du tableau ci-dessus, on remarque que cette tendance est expliquée par les fluctuations qui marquent les taxes à l'exportation et/ou celles à l'importation sur la période d'étude. C'est pour cette raison que nous optons pour une analyse séparée de ces dernières taxes.

a) Les chocs extérieurs et les taxes à l'exportation.

Au cours de la période sous l'étude, les taxes à l'exportation enregistrent une baisse de 38% entre 1987 et 1990. Elles augmentent très légèrement dans les années qui suivent à fin de baisser de 80% en 1993.

Le déterminant de cette fluctuation reste le mouvement qui marque "les taxes douanières et fiscales sur le café" qui représentent la part moyenne de plus de 85% des taxes à l'exportation sur la période considérée. Toutefois, les baisses enregistrées entre 1990 et 1993 s'expliqueraient par les effets de la guerre d'octobre 1990.

b) Les chocs extérieurs et les taxes à l'importation.

Comparativement à la tendance qui marque les taxes à l'exportation, les taxes à l'importation sont également marquées par les fluctuations sur la période d'étude. En effet, entre 1987 et 1990, elles affichent une baisse de 21% et enregistrent des fluctuations sur le reste de la période.

Outre qu'elles dépendent du volume des importations qui soit également fonction de la disponibilité des devises issues des exportations; l'objectif d'instaurer progressivement la libéralisation des importations que s'est fixé le Gouvernement rwandais dans le cadre du PAS serait également classé parmi les facteurs qui sont à la base d'une hausse enregistrée après 1990.

c. Les chocs extérieurs et les autres taxes sur le commerce extérieur.

On remarque que ce poste budgétaire se caractérise par un faible développement sur toute la période d'étude. En réalité, les péages routes-affichent une instabilité remarquable et les autres recettes douanières enregistrent une stagnation entre 1991 et 1993 après avoir connu une baisse de 19% entre 1987 et 1989.

Dans l'ensemble, la fluctuation qui caractérise les recettes fiscales prélevées sur le commerce et les transactions internationales s'explique par l'instabilité qui caractérise les taxes à l'exportation et celles prélevées sur les importations. Outre que cette instabilité s'explique en son tour soit par la fluctuation des cours mondiaux des principaux produits d'exportation, soit par la détérioration des termes de l'échange; la guerre d'octobre et les objectifs du PAS auraient également eu un impact non négligeable sur l'entrée de ces taxes.

B. La tendance des recettes intérieures.

Alors que les recettes perçues sur le commerce extérieur sont caractérisées par un développement en dents de scie, les impôts directs et indirects perçus sur l'activité intérieure affichent un faible développement tel que décrit par le tableau ci-dessous.

Tableau XXVIII : La tendance des recetes fiscales intérieures pendant la période de crise financière (en millions de FRW), 1987-1993.

+----------------------------------------------------------------------------+

| 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 (*) | 1992 (*) | 1993 (**)|

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|1. Impôts sur Reve- | 4.470,3 | 4.272,4 | 4.359,3 | 4.065,0 | 3.934,0 | 4.741,8 | 5.214,6 |

| nus et Bénéfices | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| - Personnes physi- | 1.917,0 | 2.076,0 | 2.147,0 | 1.945,0 | 2.113,0 | 1.913,4 | 1.884,2 |

| ques (=Taxes Pro-| | | | | | | |

| fess.). | | | | | | | |

| - Sociétés et En- | 1.526,0 | 1.209,0 | 1.136,0 | 1.063,0 | 692,0 | 1.627,5 | 1.831,9 |

| treprises | | | | | | | |

| - Non ventilables | 1.027,3 | 987,4 | 1.076,3 | 1.048,0 | 1.129,0 | 1.200,9 | 1.498,4 |

| (Patente, Rev. | | | | | | | |

| Locat...) | | | | | | | |

| | | | | | | | |

|2. Impôt sur le | 460,0 | 536,8 | 589,1 | 573,8 | 447,0 | 578,5 | 515,5 |

| Patrimoine | | | | | | | |

| (Bâtiments, Ter- | | | | | | | |

| rains, Véhicules,| | | | | | | |

| Concessions mi- | | | | | | | |

| nières...). | | | | | | | |

| | | | | | | | |

|3. Impôts intérieurs| 6.272,9 | 6.574,7 | 7.482,9 | 6.761,6 | 8.118,7 | 7.971,7 | 7.630,5 |

| sur Biens et Ser-| | | | | | | |

| vices | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| ICHA | 1.340,9 | 1.359,7 | 1.440,9 | 1.260,6 | 2.789,7 | 2.811,4 | 2.109,3 |

| DROITS D'ACCISE | 4.910,0 | 5.185,0 | 6.015,0 | 5.478,0 | 5.215,0 | 5.078,8 | 5.421,3 |

| - Taxes à la | 4.828,0 | 5.082,0 | 5.629,0 | 5.292,0 | 5.014,0 | 4.887,6 | 5.221,3 |

| consommation | | | | | | | |

| - Taxes BRALIRWA | 82,0 | 97,0 | 103,0 | 38,0 | 0 | 0 | 0 |

| - Taxes TABA- | 0 | 0 | 283,0 | 148,0 | 201,0 | 190,9 | 200,0 |

| RWANDA | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| Cartes et plaques| 22,0 | 30,0 | 27,0 | 23,0 | 25,0 | 23,4 | 30,2 |

| Taxes à l'essieu | 0 | 0 | 0 | 0 | 89,0 | 58,2 | 70,0 |

| (Fonds routier) | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| 4. Autres recettes | 134,0 | 880,0 | 835,0 | 791,9 | 770,9 | 1.039,7 | 1.055,9 |

| fiscales (Inté- | | | | | | | |

| rêts de retard, | | | | | | | |

| récupération des| | | | | | | |

| arriérés... | | | | | | | |

| | | | | | | | |

+-------------------------------------------------------------------------------------------------+

(*) : Estimations

(**) : Prévisions

Source : - MINIPLAN/GTZ : Direction de la politique économique,

"Modèle de prévision macroéconomique", le 28.04.1993,

pp.26-27.

Nous analyserons séparément les impôts directs et indirects dans le souci de clarifier notre étude.

a) Les impôts directs

1 Les impôts sur revenus et bénéfices.

La simple lecture du tableau supra fait apparaître que les impôts sur revenu et bénéfices accusent une stagnation tout au long de la période considérée.

En effet, vu que les impôts sur les personnes physiques accusent une tendance normale qui résulterait de la politique salariale en vigueur, cette situation serait attribuable à la tendance qui marque les impôts sur les sociétés et entreprises ainsi qu'aux impôts non ventilables. Considération faite de toute la période d'étude, il est clair que les impôts sur les sociétés et entreprises connaissent une fluctuation entre 1987 et 1990, pour enregistrer une baisse nette en 1991, passant de 1063 millions à 692,0 millions de FRW, soit une baisse de 35%. Quant aux impôts non ventilables, ils sont marqués par une évolution en dents de scie. Les facteurs qui expliqueraient cette situation seraient recherchés dans le faible développement, performance et l'inefficacité dans la perception et dans l'administration fiscale.

2 Les impôts sur le patrimoine.

Ils enregistrent une augmentation de 28% entre 1987 et 1989. Ils baissent de 24% entre 1989 et 1991 et connaissent de fluctuations dans les années qui suivent. Bien que les raisons qui expliqueraient une telle évolution sont multiples, l'inefficacité dans la perception de tels impôts serait au centre de toutes les raisons qu'on pourrait avancer.

b) Les impôts indirects intérieurs sur les biens et services.

Contrairement aux impôts indirects sur le commerce extérieur qui accusent de très fortes fluctuations tout au long de la période d'étude, les impôts indirects perçus sur les activités intérieures quant à eux, accusent généralement une lente évolution attribuable à de nombreux facteurs.

1 L'ICHA

L'impôt sur le chiffre d'affaire affiche une augmentation entre 1987 et 1989 passant de 1340,9 millions à 1440,9 millions de FRW. Il baisse de 13% entre 1989 et 1990 pour ne croître qu'à partir de 1991. La baisse de 1990 s'expliquerait par les effets de la guerre d'octobre 1990 (62(*)).

2 Les droits d'accise

L'instabilité constatée au cours de la période considérée, se caractérise par une augmentation de 23% entre 1987 et 1989 suivie d'une baisse de 9% en 1990 et d'une fluctuation au cours des années suivantes.

Comme il ressort du tableau précédent, cette tendance est parallèle à celle qui caractérise les taxes à la consommation; occupant 98 % du total des droits d'accises.

3 Les autres recettes fiscales

Elles affichent une fluctuation régulière entre 1987 et 1991. Elles augmentent très fortement en 1992 et les prévisions de 1993 confirment également cette tendance. La raison qui serait à la base de cette situation serait recherchée dans la rigueur quant à la perception des intérêts de retard et les récupérations des arriérés.

Bref, l'nalyse que nous venons de mener prouve le faible développement des impôts directs et indirects perçus sur les activités intérieures pour compenser les éventuelles baisses enregistrées du côté des impôts sur le commerce extérieur.

L'analyse qui suit portera sur le comportement des dépenses publiques face à cette situation.

III.2.3.2. Les chocs extérieurs et la tendance des dépenses publiques pendant la période de crise financier.

Pendant que les chocs extérieurs négatifs provoquent un mouvement descendant des recettes publiques, les dépenses publiques quant à elles, affichent un mouvement ascendant. Le tableau suivant nous le prouve.

Tableau XXIX : La tendance des dépenses publiques pendant la période de crise (en millions de FRW) 1987-1993.

+----------------------------------------------------------------------------+

| 1987 | 1988 | 1989 | 1990 | 1991 (*) | 1992 (*) | 1993 (**)|

+--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|1. Traitements et |10.108,0 | 10.710,0 | 11.000,0 | 11.680,0 | 13.290,0 | 14.388,2 | 16.331,3 |

| salaires | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| Civils | 8.597,0 | 9.122,0 | 9.237,0 | 9.550,0 | 10.362,0 | 10.923,6 | 10.893,0 |

| Militaires | 1.511,1 | 1.588,0 | 1.763,0 | 2.130,0 | 2.928,0 | 3.464,6 | 5.438,3 |

| En % du TOTAL | 14,9 %| 14,8 %| 16,0 %| 18,2 %| 22,0 %| 24,1 %| 33,3 %|

| | | | | | | | |

|2. Achats de biens | 5.792,0 | 6.060,0 | 5.567,0 | 9.967,1 | 15.578,0 | 20.355,0 | 18.398,1 |

| & Services | | | | | | | |

| | | | | | | | |

| Civils | 4.428,0 | 4.532,0 | 4.012,9 | 4.012,9 | 5.323,2 | 7.051,6 | 9.199,1 |

| Militaires | 1.364,0 | 1.528,0 | 1.554,1 | 5.823,2 | 10.254,8 | 13.303 | 9.199,1 |

| En % du TOTAL | 23,5 %| 25,2%| 27,9 %| 58,4 %| 65,8 %| 65,8 %| 50,0 %|

| | | | | | | | |

|3. Versements d'in- | 1.811,0 | 2.037,0 | 2.030,0 | 2.131,0 | 4.292,0 | 4.566,8 | 3.775 |

| térêts | | | | | | | |

| - Sur dette | | | | | | | |

| intérieure | 1.229,0 | 1.349,0 | 1.290,0 | 1.494,0 | 3.676,0 | 2.312,3 | 2.465,1 |

| extérieure | 582,0 | 688,0 | 740,0 | 637,0 | 1.016,0 | 2.254,5 | 1.310,0 |

| | | | | | | | |

|4. Subventions et | 5.553,6 | 4.280,0 | 4.916,0 | 6.469,6 | 2.728,0 | 4.594,5 | 8.400 |

| transferts | | | | | | | |

| - Transferts aux | 35,0 | 38,1 | 34,8 | 28,9 | 0 | - | 0 |

| Entreprises | | | | | | | |

| - Transferts | 953,0 | 836,0 | 1.051,0 | 1.249,6 | 869 | - | 70 |

| Administration | | | | | | | |

| - Transfert | 4.345,7 | 3.189,7 | 3.713,4 | 4.714,7 | 1.639,0 | - | 7.500 |

| Ménages | | | | | | | |

| dont fonds | 3.185,7 | 1.611,7 | 1.065,4 | 4.029,7 | 847,0 | 1.654,3 | 0 |

| d'Egalisation | | | | | | | |

| - Transferts | 219,9 | 216,2 | 116,7 | 466,4 | 220,0 | - | 200 |

| à l'Etranger | | | | | | | |

|5. Dépenses en ca- | 3.967,0 | 4.280,0 | 3.400,0 | 2.530,0 | 2.433,0 | 15.214,4 | 2.018,0 |

| pital (sur res- | | | | | | | |

| sources propres) | | | | | | | |

| Variation annuelle| - | 7,9 %| - 20,6 %| - 25,6 %| - 3,8 %| - 37,5 %| 32,6 %|

| | | | | | | | |

|6. Prêts moins | 229,0 | 249,0 | 160,0 | 104,0 | - 194,0 | - 46,9 |- 1.200,0 |

| recouvrement | | | | | | | |

| | | | | | | | |

|7. Les Termes de | 75,2 | 88,8 | 74,8 | 61,1 | 55,8 | - | - |

| l'échange | | | | | | | |

|--------------------+----------+----------+----------+----------+----------+----------+----------|

|TOTAL des dépenses |23.953,6 | 23.817,0 | 23.513,0 | 30.747,8 | 35.888 | 43.904,6 | 46.904,5 |

|courants | | | | | | | |

|Variation annuelle | - | - 0,5 % | - 1,3 %| 28,6 %| 18,6 %| 29,3 %| 6,8 % |

| | | | | | | | |

+-------------------------------------------------------------------------------------------------+

* = Estimations; ** = Prévisions

Source : MINIPLAN/GTZ : Direction de la politique économique;

"Modèle de prévision macroéconomique",

Kigali, le 28.04.93, p.28.

L'analyse faite du tableau précédent montre que l'accroissement des dépenses publiques est généralement dû à un mouvement à la hausse qu'accusent tous les postes de dépenses au cours de la période d'étude. C'est pour cette raison que nous nous proposons d'en faire une analyse détaillée.

A) Les traitements et salaires

Ils enregistrent une hausse de 62% entre 1987 et 1993, passant de 10.108 millions de FRW à une prévision de 16.331,3 millions de FRW.

En effet, alors que les dépenses allouées aux traitements et salaires pour les civils affichent une évolution très lente, les salaires des militaires enregistrent un accroissement de 260% entre 1987 et 1993 passant de 1.511 millions à une prévision de 5.438,3 millions de FRW.

Comme il ressort du tableau ci-dessus, les traitements et salaires des militaires avaient accusé une évolution très lente entre 1987 et 1989. Leur accroissement devient très accéléré à partir de 1990; année pendant laquelle le Rwanda a subi l'agression armée du F.P.R. INKOTANYI. Ceci a conduit au recrutement massif des nouveaux militaires d'où l'augmentation de leurs salaires et traitements;

B) Dépenses pour achat de biens et services.

Elles affichent une fluctuation entre 1987 et 1989 pour croître continuellement à partir de 1990. En général, elles accusent une évolution de 218% entre 1987 et 1993 et de 95% entre 1990 et 1993.

Au cours de la période considérée, les achats de biens et services ordinaires sont marqués par une évolution normale. L'accroissement constaté reste imputable aux dépenses pour achat de biens et services militaires qui accusent une croissance très accentuée entre 1990 et 1993. La raison reste toujours la guerre d'octobre qui a occasionné l'accroissement de l'achat des armes militaires.

C) Les versements d'intérêts.

Ils sont marqués par une fluctuation entre 1987 et 1989. Ils augmentent entre 1990 et 1992 et les prévisions de 1993 affichent une diminution. Cette situation s'explique par un mouvement fluctuant qui marque les versements d'intérêts sur la dette intérieure et extérieure.

D) Les subventions et les transferts.

Tout comme le poste des versements des intérêts, les dépenses pour les subventions et transferts affichent une évolution en dents de scie entre 1987 et 1993. Elles accusent une baisse de 22% entre 1987 et 1988 suivie d'une hausse de 31% entre 1989 et 1990. Entre 1990 et 1991, il s'en suit un retournement de la tendance, marqué par une baisse de 58%. Dans les années qui suivent, elles sont marquées par une hausse régulière. Cette situation s'explique par l'évolution des dépenses pour les transferts aux ménages; poste qui représente à lui seul 78% du total.

Tel que le montre le tableau précédent, les transferts aux ménages accusent une fluctuation sur toute la période. Cette tendance est visiblement imputable à l'instabilité qui caractérise les dépenses au fond d'égalisation, accusant une croissance lorsque les cours mondiaux du café diminuent et une baisse lorsque ces dernières augmentent.

E) Les dépenses en capital (sur ressources propres).

Elles sont marquées par un ralentissement de la croissance sur toute la période étudiée. Elles connaissent une augmentation de 7,9% entre 1987 et 1988 pour diminuer jusqu'en 1992. La diminution constatée à partir de 1989, s'expliquerait par les mesures prises dans le programme de relance et de redressement économique signé en décembre 1989. Ces dernières mesures sont par la suite renforcées par celles qui ont été prises dans le cadre du P.A.S. visant en général l'encouragement des investissements du secteur privé.

Bref, si la tendance observée qui marque les dépenses publiques courantes laisse apparaître une stagnation de la croissance entre 1987 et 1989, c'est parce que, pendant cette période, le Gouvernement Rwandais avait opté pour la politique de rigueur afin de répondre aux éventuelles irrégularités des recettes fiscales (63(*)). Et si ces mêmes dépenses ont connu une augmentation après 1990, c'est à cause de l'accroissement des dépenses militaires et celui des subventions et transferts aux ménages en raison de la chute terrible du prix du café (64(*)).

Ceci nous permet de conclure que l'objectif que s'était fixé le Gouvernement dans le cadre du P.A.S.; de réduire le déficit budgétaire par la suppression des transferts budgétaires au secteur du café (65(*)) reste très difficile à réaliser, vue l'importance fiscale de ce produit d'exportation.

III.2.3.3. Les chocs extérieurs et le solde budgétaire.

Le ralentissement de la croissance des recettes publiques constaté tout au long de la période considérée, conjugué avec l'accroissement très aigu des dépenses publiques imputable à l'instabilité des cours mondiaux des principaux produits d'exportation et aux effets négatifs de la guerre d'octobre; sont à la base de l'accroissement très marqué du déficit budgétaire.

Le tableau ci-après résume le comportement du budget rwandais pendant la période de crise financière.

Tableau XXX : La tendance budgétaire pendant la période de crise financière (en millions de FRW) 1987-1993.

+--------------------------------------------------------------------------------------+

|Exercice | Cours du | Termes |Dépenses |Dépenses |Recettes Publiques| Déficit |

|Budgétaire | café | de |totales |militai- +-------------------| |

| | | l'Echan-| |res |Total des| Droits | |

| | | ge | | |recettes | de sor- | |

| | | | | |+ Dons | tie | |

+-------------+----------+---------+----------+---------+---------+---------+----------|

|1986 | 192,74 | 114 | 35.575 | | 23.544 | 4.981 |- 8.059 |

| | | | | | | | |

|1987 | 112,29 | 75,2 | 40.291 | 2.875,0 | 23.130 | 2.448,0 |- 12.866 |

| | | | | | | | |

|1988 | 135,10 | 88,8 | 38.542 | 3.116,0 | 23.317 | 1.266,8 |- 7.761 |

| | | | | | | | |

|1989 | 116,96 | 74,8 | 37.156 | 3.317,1 | 24.073 | 1.440,6 |- 8.550 |

| | | | | | | | |

|1990 | 84,00 | 61,1 | 41.218 | 7.953,2 | 23.883 | 1.506,0 |- 8.840 |

| | | | | | | | |

|1991 | - | 55,8 | 49.108 |13.182,8 | 32.679 | 1.969,6 |- 10.346 |

| | | | | | | | |

|1992 | - | 54,3 | 53.784 |14.668,0 | 38.794 | 1.274,7 |- 8.209 |

| | | | | | | | |

|1993 | - | 56 | 55.667 |14.637 | 42.949 | 252,3 |- 5.735 |

+--------------------------------------------------------------------------------------+

(*) = Estimations

(**) = Prévisions

Source : - Emil-Maria CLAASSEN, op. cit., p.69

- BNR : Direction des statistiques, 1993

- NGIRIRA Mathieu et NZITABAKUZE Jean Bosco, "le Rwanda

à la croisée des chemins", Butare, juin 1991,

p.115-116.

- MINIPLAN/GTZ, Direction de la politique économique,

"modèle de prévision macroéconomique", op-cit, p.28.

L'analyse faite à l'aide des données ci-dessus laisse apparaître le mouvement instable du déficit budgétaire, passant de (-8059) millions de FRW en 1986 à une prévision de (-5735) millions de FRW en 1993.

En suivant la tendance affichée par les données statistiques, il est clair que la chute de 41,7% des cours mondiaux du café et celle de 34% des termes de l'échange entre 1986 et 1987, ont provoqué une baisse de 58,8% des droits de sortie et celle de 2% des recettes totales. Par contre, les dépenses publiques affichent un accroissement de 15%; entraînant par ce fait une hausse du déficit budgétaire de 59,6%. Sur d'autres années, un tel impact s'observe toujours, dénotant une fluctuation des recettes parallèles à cellle qui marque les chocs extérieurs; avec une tendance inverse au niveau des dépenses publiques et du déficit budgétaire qui ne font que croître.

En effet, bien que plusieurs facteurs se seraient conjugués pour accroître le déficit budgétaire constaté; il est vrai que les facteurs les plus déterminants restent l'instabilité des cours mondiaux des principaux produits d'exportation; la détérioration des termes de l'échange; la guerre d'octobre 1990 et les mesures prises dans le cadre du P.A.S. (66(*)).

Dans la partie qui suit, nous tenterons de présenter les différents résultats de notre analyse.

QUATRIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS, RECOMMANDATIONS ET CONCLUSION.

L'analyse menée jusqu'ici aura permis de déceler le comportement de la gestion budgétaire rwandaise face aux différents chocs extérieurs. L'exercice suivant consiste donc à la présentation globale des résultats ainsi qu'à la formulation de quelques recommandations.

IV.1. LES RÉSULTATS DE L'ANALYSE.

Au terme de notre analyse nous retenons les résultats suivants :

a) Contrairement à l'effet positif qu'exerce l'amélioration des termes de l'échange, leur détérioration entraîne la réduction des impôts indirects prélevés sur le commerce extérieur. Et comme ces derniers impôts constituent la principale source des recettes publiques au Rwanda, leur diminution exerce sans doute un effet négatif sur la gestion budgétaire et accentue le déficit budgétaire.

b) L'accroissement des cours des principaux produits d'exportation permet l'augmentation des impôts perçus sur le commerce extérieur et provoque par ce fait l'amélioration des recettes budgétaires. La diminution de ces derniers cours exerce un impact contraire à celui cité ci-haut.

c) La hausse du taux d'intérêt sur la dette publique extérieure provoque l'accroissement des dépenses relatives aux versements des intérêts. Une telle situation n'est pas favorable à la gestion des finances publiques, vu qu'elle entraîne l'augmentation des dépenses publiques et l'accentuation du déficit budgétaire. En plus, elle entraîne l'alourdissement du service de la dette.

d) La guerre exerce une incidence négative soit sur les recettes publiques, soit sur les dépenses publiques ainsi que sur la gestion des finances publiques au Rwanda.

En effet, notre analyse aura démontré que suite aux effets négatifs de la guerre, les marges de manoeuvre de la fiscalité rwandaise se trouvent réduites, alors que de l'autre côté, les dépenses publiques ne font que croître à cause de l'augmentation des dépenses militaires. Dans ces conditions, la gestion budgétaire ne peut qu'être affectée négativement et le déficit budgétaire ne peut que croître.

e) La fluctuation de l'environnement économique mondial exerce un effet négatif sur les recettes publiques à travers l'instabilité qu'elle entraîne au niveau des recettes fiscales prélevées sur le commerce extérieur, alors que la fiscalité intérieure n'est pas assez développée pour subvenir aux pertes de recettes éventuelles. De ce fait, la gestion budgétaire est également affectée négativement et le déficit budgétaire ne fait que croître.

Dans l'ensemble, qu'elle exerce un impact positif ou négatif, l'instabilité des facteurs extérieurs considérés n'est pas favorable à la gestion budgétaire rwandaise dans ce sens qu'elle provoque sa fluctuation. Il revient alors aux gestionnaires budgétaires, de savoir comment manier les deux bouts de l'impact exercé par ces différents facteurs sur le budget rwandais. Les lignes qui suivent sont très explicites à ce sujet.

IV.2. LES RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES D'AVENIR.

Nous venons de mettre en lumière certaines difficultés majeures de l'ajustement budgétaire au Rwanda. Comme l'analyse vient de le montrer, ces difficultés ont comme origine, les différents facteurs extérieurs dont les effets négatifs affectent aussi bien les recettes que les dépenses publiques.

Dans cette partie de l'analyse, il n'est pas question de proposer les changements qu'il faut introduire dans la gestion budgétaire rwandaise, mais d'attirer l'attention sur les options fondamentales sur lesquelles une réflexion approfondie s'impose afin d'imaginer une gestion budgétaire moins flexible aux chocs extérieurs.

A la base de cette réflexion, se trouve une question fondamentale de doter le Rwanda d'un système fiscal moins dépendant de l'extérieur et qui par ce fait, reste moins vulnérable aux contre-coups des chocs extérieurs liés à l'instabilité de l'environnement économique mondial.

Bon nombre d'auteurs (67(*)) ont déjà essayé de résoudre cette fameuse question. Selon eux, l'hypothèse de départ est que l'on peut qualifier ce système fiscal d'instrument qui :

- permettrait un rendement maximal des impôts;

- satisferait aux exigences des dépenses publiques;

- serait d'administration facile et;

- n'introduirait pas de désordre dans l'ajustement budgétaire.

Bien que ce système fiscal constitue un idéal qu'il est difficile d'atteindre, la distance qui le sépare du système actuel ne doit pas être négligée.

Tel que nous l'avons démontré tout au long de notre analyse, la caractéristique principale de la gestion budgétaire au Rwanda reste la polarisation et la dépendance excessive des recettes fiscales par rapport aux échanges extérieurs.

Nous avons également prouvé que quelques fois, les dépenses fluctuent en fonction des recettes fiscales et des cours des principales matières premières d'exportation. Enfin les dépenses publiques augementent plus rapidement que les recettes publiques.

Afin de pallier aux difficultés qu'implique cette situation de dépendance extérieure pour les finances publiques, nous nous proposons d'explorer quelques axes de solutions tant au niveau des recettes qu'à celui des dépenses publiques (68(*)).

IV.2.1. POUR UNE RESTRUCTURATION DE LA FISCALITÉ RWANDAISE.

IV.2.1.1. Vers l'accroissement de la part qu'occupent les impôts directs dans les recettes publiques.

Ayant déjà démontré que les impôts directs ne jouent pas un rôle important dans la fiscalité rwandaise, nous tenons à rappeler le rôle croissant qu'ils joueraient une fois développés.

En effet, bien que l'impôt sur le revenu des personnes et des sociétés se heurte à l'heure actuelle au problème de la capacité administrative et de la mise en oeuvre, et qu'en plus il paraît très difficile d'instaurer un impôt général sur le revenu qui remplacerait l'actuel système, cet obstacle pourrait être levé en envisageant une réforme et en repensant à la fiscalité qui pourrait embrasser toutes les potentialités déjà en friche. Il suffit de développer les impôts sur le revenu locatif, les impôts sur les bâtiments, sur les terrains, sur les véhicules et sur les concessions minières, pour que l'augmentation de leur part occupée dans la fiscalité totale puisse jouer un rôle d'amortisseur lorsque les impôts issus du commerce extérieur baissent.

IV.2.1.2. Pour la restructuration des impôts indirects.

Comme nous avons déjà eu l'occasion de le montrer plus haut, le problème d'ajustement budgétaire au Rwanda ne tient pas uniquement à la prédominance des impôts indirects mais également à la structure de ces derniers. En réalité, axer la fiscalité sur les ressources fournies par le secteur d'exportation revient à la soumettre à l'instabilité de ce secteur qui échappe totalement au contrôle des autorités d'un pays comme le Rwanda.

Nous ne pouvons pas envisager de modifier cette situation à court terme, mais nous devons en outre, à côté des mesures de diversification des exportations, commencer à explorer les possibilités d'imposition intérieure des biens et services. Cette réorientation est d'autant plus urgente que les recettes au titre de la taxation des transactions internationales ne cessent de se réduire en fonction de la fluctuation des termes de l'échange et celle des cours mondiaux des principaux produits d'exportation.

D'autre part, nous l'avons également vu, les accises qui sont la deuxième source des recettes fiscales en importance, proviennent d'un petit nombre de sociétés. Ce qui risque de créer un problème en cas de faillite de l'une ou l'autre société.

En vue d'atténuer cette difficulté, il serait urgent d'élaborer des bases imposables en étendant l'imposition à tous les autres produits industriels et en développant les autres recettes fiscales comme les intérêts de retards et les récupérations des arriérés.

Toutefois, la mise en place de ces différentes options devrait être précédée d'une analyse coûts-bénéfices, faisant apparaître clairement les avantages et les désavantages des mesures. On éviterait ainsi les inconvénients que provoquerait l'obligation de réviser les objectifs de la loi fiscale.

Cela pourrait se produire également pour l'impôt sur le chiffre d'affaire.

En réalité, comme il s'agit d'un impôt à paiements fractionnés, prélevés à chaque stade de la chaîne de production et de distribution, on y décèle un effet de cascade en ce sens que chaque nouvelle transaction engendre une nouvelle obligation fiscale qui vient s'ajouter aux impôts déjà acquittés lors des phases précédentes.

Néanmoins, on peut affirmer que depuis la promulgation de la loi portant l'instauration de l'ICHA au Rwanda en avril 1986, cet impôt a fait l'objet de nombreuses critiques de la part des opérateurs économiques. Même si les pouvoirs publics semblent disposés à revoir certaines caractéristiques de la loi instituant cet impôts, il faudrait que cette action n'ait pas de conséquence sur le volume des recettes fiscales.

IV.2.1.3. L'amélioration des services d'administration fiscale.

Selon l'analyse du MINIPLAN (69(*)), les performances d'un système fiscal dépendent du personnel qui le fait fonctionner. En plus, aucune réforme fiscale ne peut atteindre son objectif si elle n'est pas mise en oeuvre par un personnel bien formé, honnête et efficace.

Pour ce qui est de la disponibilisation d'un personnel qualifié, la création de l'Institut Supérieur des Finances Publiques (I.S.F.P.), représente déjà un premier pas dans la bonne direction. Toutefois, l'augmentation du nombre d'économistes et gestionnaires universitaires dans le Ministère des Finances, permettrait d'assurer au maximum la performance.

Selon certains auteurs (70(*)), un autre moyen d'améliorer la performance des services de l'administration fiscale reste l'informatisation.

En effet, vu que les administrations fiscale et douanière des P.V.D. en général et du Rwanda en particulier sont confrontés à un alourdissement de la charge de travail en raison de l'augmentation du nombre de contribuables, de la complexification des procédures et réglementations, de l'intensification des échanges commerciaux et de la nécessité de réunir de plus grandes quantités de données pour pouvoir mener à bien la politique économique et fiscale; la technologie informatique permettrait alors d'augmenter la capacité de traitement des formulaires d'exécution, des procédures fiscales et de compiler les statistiques et les prévisions des recettes budgétaires.

IV.2.1.4. Prévoir un fonds de stabilisation conjoncturelle.

Ayant déjà montré qu'à cause des chocs extérieurs favorables, les gestionnaires du budget rwandais profitent toujours de la hausse temporaire des recettes budgétaires pour accroître les dépenses publiques, et qu'il est toujours difficile de les réduire au cas où les chocs exercent un impact négatif sur les recettes, nous nous permettons de recommander qu'un fonds de stabilisation conjoncturelle soit mise en place. Ce fonds devrait être alimenté au moment où les chocs extérieurs favorables entraînent l'accroissement des recettes et il serait utilisé au cas où les chocs extérieurs deviennent moins favorables ou exercent un impact négatif sur les recettes publiques.

IV.2.2. LES PRIORITÉS DANS LES DÉPENSES PUBLIQUES.

Non seulement les chocs extérieurs exercent un impact négatif sur les recettes publiques, mais également sur les dépenses publiques.

Nous avons déjà démontré qu'à cause des chocs extérieurs, plusieurs pays en développement dont le Rwanda, enregistrent des évolutions des dépenses qui sont parallèles à celles des recettes perçues sur le commerce extérieur. Nous avons également levé la difficulté d'ajustement des dépenses publiques, lorsque les recettes baissent. De telles considérations nous amènent à recommander un programme de stabilisation budgétaire dans le cas du Rwanda.

Toutefois, comme cela impliquerait un ensemble de choix difficiles en matière de dépenses publiques, et que l'examen de ces dernières intervient au moment où le Rwanda doit faire face à la guerre et aux autres chocs extérieurs, nous constatons que deux difficultés sont à éviter dans l'application d'un tel programme.

Le premier choix consisterait à éviter de se lancer dans un programme de finances publiques où le souhaitable (accroissement des salaires, dépenses d'investissements élevés, dépenses courantes en hausse) cohabiterait avec l'inévitable (Dépenses militaires importantes, recettes déprimées) pour produire un déficit incontrôlable.

Sinon, une telle solution conduirait au chaos financier et les avantages momentanés pour les populations défavorisées seraient rapidement annulés par la nécessité de revenir à une rigueur budgétaire extrême.

L'autre choix est celui de la sélection et du respect des priorités.

En effet, les deux priorités auxquelles devait répondre tout programme de dépenses publiques resteraient le retour à la croissance économique et la protection des populations les plus vulnérables. De telles priorités devaient impliquer une sélection quant aux moyens choisis et au cibrage des bénéficiaires.

C'est d'ailleurs pour cette raison que, non seulement les programmes d'investissements publics devaient représenter une augmentation des investissements, mais également une sélection des projets les plus profitables au développement et qui seraient capables de s'autofinancer.

Cela signifie qu'en éliminant ou en repoussant un certain nombre de projets, le Gouvernement devait attacher une importance primordiale à l'affectation des ressources, en l'occurrence, celles provenant des impôts sur le commerce extérieur, de l'aide extérieur et du crédit. Les augmentations des budgets de santé et de l'éducation devaient être privilégiées et avoir pour objet d'augmenter la qualité des services publics de base pour les populations les plus défavorisées. Et même si ces choix impliqueraient un déficit budgétaire, il faut que l'Etat soit capable de financer et de soutenir ce déficit.

Enfin, pour ce qui concerne les dépenses liées au redéploiement politique dans le cadre du pluralisme politique, tous les efforts devaient être faits pour que les réorganisations du Gouvernement, les créations des Ministères et autres postes de l'administration centrale se fassent sans coût budgétaire additionnel, mais qu'elles soient financées plutôt par réaffectation des moyens existants.

IV.3. LES RÉSULTATS ATTENDUS DES MESURES PRÉCONISÉES.

Le tableau qui suit tente de résumer les résultats attendus des recommandations formulées.

Tableau XXXI : Classement des mesures préconisées et leurs incidences sur la gestion budgétaire.

+---------------------------------------------------------------------------------------------+

| INCIDENCES | Incidences sur|Incidences sur|Incidences sur|

| | les recettes |les dépenses |la gestion |

| MESURES | publiques |publiques |budgétaire |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 1. L'accoissement de la part des impôts | | | + |

| directs dans les recettes publiques | + | | |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 2. La Restructuration des impôts indirects | + | | + |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 3. L'amélioration de l'administration fixale | + | | + |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 4. La prévision du fonds de stabilisation | + | | + |

| conjoncturelle | | | |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 5. Rigueur budgétaire | | + | + |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 6. La préparation de programmes annuels de | | + | + |

| dépenses publiques par secteur | | | |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 7. La sélection du P.I.P. | | + | + |

+-----------------------------------------------+---------------+--------------+--------------|

| 8. Le financement de redéploiement politique | | + | + |

| par réaffectation des moyens existants. | | | |

+---------------------------------------------------------------------------------------------+

Considérant ces résultats attendus des différentes mesures préconisées, nous tenons à rappeler aux gestionnaires budgétaires rwandais, que dans un domaine aussi complexe que celui de la gestion budgétaire, l'essentiel est l'adoption des mesures facilement maniables plutôt que des mesures dont l'applicabilité risque de provoquer des conséquences politico-économiques.

CONCLUSION

L'analyse que nous venons de mener avait pour but de déceler l'impact négatif et positif des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire au Rwanda. Elle aura permis de montrer que tout au long de la seconde moitié des années 1970, les chocs extérieurs ont été bénéfiques à la gestion budgétaire dans ce sens qu'ils ont permis l'amélioration des recettes fiscales prélevées sur le commerce extérieur en général et celle des recettes publiques totales en particulier.

Grâce aux chocs extérieurs généralement favorables, le budget ordinaire de l'Etat a été excédentaire presque chaque année malgré la croissance relativement rapide des dépenses publiques. De l'autre côté, un environnement économique international favorable a été dangereux du fait qu'il aura entraîné la prépondérance des impôts indirects sur le commerce extérieur dans les recettes publiques ainsi que la forte dépendance de la fiscalité rwandaise vis-à-vis de l'extérieur.

Cependant, notre analyse aura montré qu'un retournement des tendances a eu lieu tout au début des années quatre-vingt. En effet, ce retournement a été symbolisé par l'instabilité budgétaire due à la fluctuation des termes de l'échange en général et à celle des cours mondiaux du café en particulier. A l'intérieur du pays, l'analyse aura prouvé que les effets négatifs de ces chocs extérieurs ont été aggravés par l'effondrement du secteur minier et la dégradation de la production d'exportation.

Tous ces facteurs se sont conjugués pour provoquer l'instabilité des impôts indirects perçus sur le commerce extérieur, alors que ceux qui sont prélevés sur l'activité intérieure ont toujours été marqués par un faible développement. De ce fait, il en découle l'instabilité des recettes et celle des dépenses publiques.

En outre, notre analyse aura montré que l'expansion des dépenses budgétaires enregistrée dès le début des années quatre-vingt fut toujours le résultat du caractère temporaire du boom caféier des années soixante-dix. Aussi, l'accroissement des dépenses qui en découle a provoqué la fluctuation de l'équilibre budgétaire jusqu'en 1983, année au cours de laquelle la politique restrictive en matière des dépenses a été mise en place (71(*)).

Malgré cet effort, l'analyse vient de démontrer que la fluctuation a continué jusqu'en 1987, année pendant laquelle les difficultés budgétaires ont été aggravées par une forte détérioration des termes de l'échange, par celle des cours des principaux produits d'exportation en général et du prix du café en particulier, par la dégradation du secteur minier ainsi que par le faible développement de la fiscalité tournée sur l'activité intérieure.

Depuis lors, le budget rwandais est entré dans une situation de crise sans précédent dans ce sens que, malgré la chute des recettes publiques, les dépenses avaient toujours accusé continuellement une croissance. Cela a conduit à des déficits budgétaires importants et pour les financer, l'Etat a été toujours obligé de recourir de plus en plus à l'endettement, avec comme conséquence l'alourdissement de la dette et l'accroissement du service de la dette publique.

C'est dans l'optique de faire face à cette situation de crise aiguë que traversait l'économie rwandaise en général et les finances publiques en particulier que les autorités rwandaises ont tardivement décidé de prendre des mesures de redressement et de relance économique avec comme objectif de comprimer les dépenses publiques et de réformer la fiscalité afin d'atténuer l'impact négatif de la fluctuation des recettes fiscales.

Toutefois, avant que ces mesures n'entrent en action pour produire des effets tangibles, l'analyse aura prouvé que le budget rwandais a été également déstabilisé par la guere d'octobre 1990. En réalité, suite à cette guerre, les recettes publiques ont continué à fluctuer alors que les dépenses publiques avaient toujours accusé une expansion rapide en raison de l'accroissement des dépenses militaires.

Cependant, c'est au cours de cette période de guerre que le Programme d'Ajustement Structurel (P.A.S.) a été mis en place, avec comme objectif au niveau des finances publiques, de renforcer la politique budgétaire restrictive par la réforme du système fiscal et d'améliorer la programmation des dépenses publiques en vue de diminuer le déficit budgétaire (72(*)).

Par contre, bien que cet objectif budgétaire prévoie la baisse des dépenses publiques et la hausse des recettes publiques et plus spécialement celles qui sont prélevées sur l'activité tournée vers l'extérieur, l'analyse aura prouvé que la réalisation de cet objectif a été contrecarré par les effets négatifs de la guerre d'octobre 1990.

En définitive, malgré la politique restrictive en matière des dépenses publiques mise en place en 1983; malgré les mesures d'assainissement et de relance économique renforcés par celles de redressement économique prises en novembre 1989 et malgré les mesures préconisées par le P.A.S.; force est de constater que le budget rwandais continue à accuser un déficit croissant.

A moins que des mesures correctrices ne soient prises, le Rwanda resterait confronté à un énorme problème de financement en raison de la progression des dépenses et de la lenteur du développement des recettes imputables aux facteurs extérieurs difficilement contrôlables.

L'on peut convenir qu'il n'est pas facile d'introduire des réformes surtout dans un domaine aussi sensible que celui de la gestion budgétaire. Il semble cependant que les circonstances actuelles ne favorisent pas une telle entreprise (la guerre, le multipartisme, ...). Quoiqu'il en soit, la réussite exige la mise au point d'une stratégie de réforme. Une telle stratégie doit se fonder sur une compréhension en profondeur des causes des difficultés actuelles que l'on vise à résoudre.

La présente analyse devra donc être comprise comme une contribution, sans doute modeste, à la nécessité pressante de repenser à l'ajustement budgétaire au Rwanda. Elle aura permis de mettre en lumière (à travers l'analyse de l'évolution des dépenses publiques et celle des recettes générées par le commerce extérieur et par l'activité intérieure), les difficultés que connaît l'ajustement budgétaire au Rwanda compte tenu des différents chocs extérieurs.

Nous n'aurons pas la prétention d'avoir analysé exhaustivement ce vaste problème; de nombreux aspects qui méritaient un approfondissement ont été seulement survolés. Nous pensons cependant avoir essayé de relever l'un des traits les plus importants de l'ajustement budgétaire au Rwanda, à savoir que les recettes publiques reposent sur les bases imposables étroites pour ce qui est de la taxation directe et sur les bases étroites et incertaines en ce qui concerne la taxation indirecte.

Un tel système ne pourra évidemment pas générer les ressources dont le pays a besoin pour financer de nombreux programmes de développement, à moins de subir une profonde restructuration. Toutefois, les objectifs de cette restructuration seraient de s'assurer un volume suffisant de recettes publiques.

Cependant, nous avons voulu indiquer tout au long de notre analyse, quelques solutions qui pourraient déjà être explorées. La recherche doit alors se poursuivre afin d'embrasser tous les aspects de l'exercice et, dans la mesure du possible, celle-ci devra limiter ses investigations tant au niveau des recettes qu'à celui des dépenses publiques afin d'identifier les postes sur lesquels l'Etat pourrait réaliser les économies.

Bref, vu que l'impact des chocs extérieurs sur l'ajustement budgétaire au Rwanda a été amplifié par les effets de la guerre d'octobre 1990, nous nous permettons d'affirmer sans aucun doute que le retour à la paix, le redressement et la reconstruction économiques d'après guerre,entraîneront certainement la stabilité des dépenses en général et la réduction des dépenses militaires en particulier.

En définitive, leur conjugaison avec la restructuration de la fiscalité directe et indirecte permettra de résoudre les problèmes liés à l'ajustement budgétaire au Rwanda, tout en atténuant l'impact négatif des chocs extérieurs sur les recettes et les dépenses publiques en général et sur l'ajustement budgétaire en particulier.

BIBLIOGRAPHIE

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*     1...... Jean Claude Berthelemy, "La théorie des transferts internationaux"

Economica, 29, rue Héricart, 75015, PARIS 1986, p. 186.

*     2 Antoine BASILE, "Commerce extérieur et Développement de la petite nation" Université Libanaise-BEYROUTH, Librairie Droz-Génève-Paris 1972, p. 192.

*     3 KE-YOUNG CHU, External Shocks and Fixal Policy in LDCs: How policymakers adjust expenditures and tax policies in response to difficult and uncertain global economic conditions in "Finances et Développement", June 1988, p. 28

*     4 Voir à ce sujet :

- G.de Lacharrière, "La nouvelle division internationale du travail "Genève, Droz, 1988, p. 339

- J. Claude Berthlemy, op-cit, p. 190

- KE-YOUN CHU, op-cit, p.28.

*     5 Peter S. HELLER, Analyse et Ajustement des dépenses publiques dans le P.M.A. : Cadre d'analyse et description de l'approche suivie dans les programmes soutenus par le Fonds. "In finances et Développement", Juin, 1985.

*     6...... D'après Petit Larousse illustré (1988), "cette guerre fut le quatrième conflit Israélo-Arabe. En effet, comme la création en 1948 de l'Etat d'Israël résultant du partage de la Palestine en 1947 ne fut pas acceptée par les Etats Arabes; il en a résulté une tension permanente qui a abouti à plusieurs conflits armés. Le premier en 1948-49 a été occasionné par la définition des frontières d'Israël; Le second en 1956 occasionné par la nationalisation du canal de Suez par l'Egypte; La troisième, en juin 1967 (Guerre des six jours) s'est déroulé sur le canal de Suez et sur le Front du Golan; En fin le quatrième, mené sur ces deux fronts en Octobre 1973 (Guerre du KIPPOUR) a été compliqué par la décision prise par les pays arabes de réduire leurs exportations et s'est terminé par des accords de désengagement militaire entre l'Israël, la Syrie et l'Egypte en 1974-1975".

*     7 A la fin de 1974, le prix du pétrole avait quadruplé par rapport au prix de janvier 1973. Le prix du baril avait passé de 3,1 à 11 dollars américains et le prix de l'ordre de 12 dollars allait être atteint au premier trimestre de l'année 1974.

*     8...... Bela BALASSA, "Les effets exercés sur la balance des payements par les chocs extérieurs et les mesures prises pour y répondre", OCDE, Paris, 1981, p. 5.

*     9 Eliane MOSSE, "Comprendre la politique économique" Editions du Seuil, Paris, 1978, p. 188

*     10 Bela Balassa, Op-cit, p. 7

*     11 Parvez HASAN, Ajustement aux chocs extérieurs : Réussite économique durable en Asie de l'Est in "Finances et Développement", Décembre 1984/Volume 21/Numéro 4, p. 14

*     12...... Jean Claude Berthelemy, Op-cit p. 66

*     13 Eliane MOSSE, Op-cit p. 191

*     14 Pour l'ensemble des pays de l'OCDE, la hausse annuelle des prix (indices des prix à la consommation des ménages) est passée de 2,7 % pour la première moitié des années soixante, à 3,7 % pour la période 1966-1973. En 1973, la hausse des prix a atteint 7,9 %.

*     15...... BOURGUINAT H.; "La quadrature des transferts pétroliers" Banque, n 389, Nov 1979, p.p. 1273-1979 cité par Jean Claude Berthelemy, op-cit, p.67

*     16 SCHWARTZ, A.N., "The effect of the rise in the oil prices on the economy of industrialized countries : a methodological and quantitative investigation" central planning Bureau (Netherlands), Monograph n 17, 1974, 25 pp

*     17 BURNS,T. et G.R., Dicks "The effect of oil price shocks on world out put and inflation" London, Busness School, 1980, 17 pp

*     18 Eriane MOSSE, op-cit, p. 193

*     19...... KE-YOUNG CHU; Chocs extérieurs et politique budgétaire des P.M.A. : Ajustement des dépenses et politique fiscale. In "finances et Développement", Juin 1988/Volume 25/Numéro 2.pp 28-30.

*     20...... H.NONORGUES et J.LABORDE,"La fiscalité et le développement des pays du Tiers-Monde" République Française, secrétariat d'Etat aux Affaires étrangères, réédition, 1974, p.11

*     21...... Nous avons essentiellement consulté deux auteurs :

i) KALINIJABO Charles, "Le rôle et la structure des impôts au Rwanda, Bruxelles, 1984

ii) MINIPLAN, "Étude de l'impact des budgets de l'administration centrale sur l'économie nationale, Kigali, Mai 1990.

*     22...... R.GOODE, G.E.Lent et P.D. OJHA, Role of export taxes in developping countries in "I.M.F. staff papers", N 3, 1966, p.479 cité par KALINIJABO Charles, op-cit, p. 145.

*     23 J.K. ROTHWELL, Taxes on export in under-developping countries, In Public Finance - Finances Publiques n 3-4, 1963, p.311 cité par KALINIJABO Charles, op-cit p. 146.

*     24...... Antoine BASILE, op-cit p. 155

*     25 Ezriel M.BROOK et Enzo R.Grilli, La stabilisation des prix des produits de base et le monde en développement : Les choix qui s'offrent aux pays en développement. In "Finances et développement", Volume 14/Numéro 1, Mars 1977, p. 26.

*     26 André Vanhaeverbeke, " Les problèmes économiques des P.V.D.", Edition ACCD (Boîte 57) Boîte du champs de Mars, Bruxelles 1982, p.44

*     27 KALINIJABO Charles, op-cit p. 152.

*     28...... On y reviendra très profondément dans le paragraphe suivra.

*     29 Peter H. Lindert et Charles P.Kindleberger, "Economie Internationale" Tendences actuelles, 7e édition, 1983, pp.444-447.

*     30 R.Gendarme, "La coordination entre les organes de planification et les organes financiers dans les P.V.D." Travaux de colloque de l'OCAM, Bordeaux, 1967, p.180.

*     31 H.C. WALLICH, Underdevelopment countries and the international mecanism in "money, trade and economic growth", New York, Mc Millan, 1951, pp. 15-32

*     32 DELAMAS, W.C., "The economics of development of small countries with special reference to the carebbean", Montréal, M.Gill univ. Press 1965

*     33 Nations Unies, " Le financement compensatoires des déficits d'exportations", New York, 1985, p.6

*     34...... Nous avons consulté principalement les deux auteurs :

i) Nations unies "La planification et le contrôle des dépenses ordinaires de l'Etat : Leçons tirées d'expériences nationales", New York, 1987.

ii) MINIPLAN, op-cit pp. 58 - 62

*     35...... Ezriel M.Brook et Enzo R.Grilli, op-cit p. 26

*     36...... MINIPLAN, op-cit, pp. 60-61

*

    37 Nations Unies, "La planification et le contrôle des dépenses ordinaires de l'Etat : Leçons tirées d'expériences nationales", New York, 1987, p.26

*     38...... Christian Morrisson, "Ajustement et équité au Maroc" OCDE, Paris, 1991, Chap I et II.

*     39...... Alan ROE et Hartmust Schneider : "Ajustement et équité au Ghana", OCDE, Paris, 1992, Chap II et III.

*     40...... Banque Mondiale, "Ghana, Progress on adjustment" Report n 9475-GH, Washington DC, Avril 1991

*     41 GREEN, R.H, "Stabilisation and adjustment policies and programs", country study 1 Ghana, wider publication, Mars 1987

* 42 Alan Roe et Hartmust Schneider, op-cit chap. III

* 43...... David Demery et Lionel Demery, "Ajustement et équité en Malaisie", OCDE, Paris 1992, Chap. II et III.

* 44 Idem

* 45...... Erik Thorbecke, "Ajustement et équité en Indonésie" OCDE, Paris, 1992, pp 39-51

* 46 Paddy : Riz non décortiqué exporté par l'Indonésie

* 47...... François Bourguignon et Christian Morrisson, "Ajustement et équité dans les pays en voie de développement : Une approche nouvelle", OCDE, Paris, 1992 p. 19-23.

* 48...... Ibidem, p. 19-23.

* 49...... B.N.R., "Rapport d'activités, 1972-1980", p.73.

*

50...... Nous avons surtout utilisé les données issues du MINIPLAN, "Etude de l'impact des budgets de l'administration centrale sur l'économie nationale", Kigali, mai 1990, chap. 2; pp.13-26.

* 51...... B.N.R., Rapports 1980-1987.

* 52 Idem.

* 53 Nous avons essentiellement consulté :

- MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts", Kigali, 1987;

- Discours prononcé par le Chef de l'Etat à l'occasion du 25ème anniversaire de l'Indépendance, Kigali, le 1/07/1987.

* 54...... MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts",

KIGALI, 1987, p.42.

* 55 Idem, p. 51.

* 56...... Emil-Maria CLAASSEN, "le taux de change, politique de stabilisation et d'ajustement structurel", Kigali, 1992, p.29.

* 57 MINIPLAN : "Etude de l'impact des budgets de l'administration centrale sur l'Economie nationale"; op. cit., p.51.

* 58...... MINIPLAN, "Analyse de la situation économique et mesures de redressement", op. cit., p.5.

* 59 MINIFIN, "Economie rwandaise, 25 ans d'efforts", op. cit., p.17.

* 60...... MINIPLAN, "Cahiers économiques n3", op. cit.,p.2.

* 61 BNR, "Rapport sur l'évolution économique et monétaire", Kigali, 1987.

*

62...... NGIRIRA Mathieu et NZITABAKUZE Jean Bosco, "Le Rwanda à la croisée des chemins", op-cit, p. 118.

* 63...... BNR, "Rapport sur l'évolution économique et monétaire", 1987 et 1989.

* 64 Banque Mondiale, "Rwanda, priorités dans les dépenses publiques", Kigali, juin 1992.

* 65 MINIPLAN, "Document cadre de la politique économique", 1991.

* 66...... Emil-Maria CLAASSEN, "Taux de change, Politique de stabilisation et d'ajustement structurel", rapport de mission effectué à la Direction de la Politique économique au MINIPLAN, Kigali du 22/9 au 9/10/1992; p.40.

* 67...... Nous avons consulté :

- MINIPLAN : "Etude de l'impact des budgets de l'administration centrale sumr l'économie nationale", op. cit., p.42-46.

- SHYIRAMBERE Jean Damascène, "l'impact de la politique budgétaire sur la croissance économique au Rwanda", Butare, sept. 1992, p. 107-109.

* 68 Certaines voies de solution ont été proposées par :

- MINIPLAN et SHYIRAMBERE Jeau Damascène, idem.

- Banque Mondiale, "Rwanda, priorités dans les dépenses publiques pour la croissance et le développement social", Kigali, 26 juin 1992, p.39.

* 69...... MINIPLAN, op. cit., p.46.

* 70 Nous avons consulté :

- MINIPLAN, op. cit., p.47

- SHYIRAMBERE J.D., op. cit., p.108

* 71...... MINIPLAN,"Analyse de la situation économique et proposition des mesures de redressement"; Hôtel AKAGERA, du 30 octobre au 10 novembre 1989, p.2-6.

* 72 MINIPLAN, "Document-cadre de la politique économique", Kigali, 1991, p. 8.






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