4.3. Analyse de l'évolution de l'état
nutritionnel des enfants sortis guéris
71,3% des enfants admis au CREN sont sortis guéris.
Pour ces enfants, le gain moyen en poids au cours du séjour était
de 1,2 (0,7) kg. Cela représentait un gain de poids journalier moyen de
8,8 (6,0) g/kg/j.
Le gain moyen en poids ne différait pas de
manière statistiquement significative en fonction de l'âge, du
sexe et de la présence d'oedèmes à l'admission. Par
contre, statistiquement, il différait significativement en fonction de
la sérologie VIH et de l'état de malnutrition. Les enfants qui
n'étaient pas infectés par le VIH avaient pris presque deux fois
plus du poids que les enfants infectés. De même, plus les enfants
étaient malnutris à l'admission au CREN, plus ils ont pris du
poids. En effet, les enfants en malnutrition aigue (émaciation)
sévère ont pris 4 fois plus de poids que ceux en malnutrition
modérée et 16 fois plus par rapport à ceux qui
n'était pas en malnutrition. Ces derniers ont même perdu du
poids ! Cette tendance se vérifie également à travers
la relation entre le Z-score périmètre brachial pour âge et
le gain en poids (tableau 3). En effet, cette relation montre une association
inverse, certes faible mais significative entre le Z-score
périmètre brachial pour âge et le gain en poids au cours du
séjour.
Le gain pondéral moyen journalier de 8,8 (6,0) g/kg des
enfants sortis guéris du CREN reste insuffisant selon Waterlow [13]
qui estime qu'un gain de 10 à 20 grammes/kg/jour est nécessaire
pour une bonne réhabilitation nutritionnelle. De même, l'OMS
recommande pour une bonne réhabilitation nutritionnelle des enfants
malnutris, un gain pondéral journalier de 20 g/kg par jour. Cependant,
elle estime qu'un gain pondéral journalier de 10 à 15 g/kg par
jour est acceptable [31]. Le gain pondéral des enfants sortis
guéris du CREN est plus élevés que ceux obtenus par Sall
et al. en 1999 à Dakar (7,64 g/kg/ jour)
[20], et Mouko et al. au Gabon en 2007 (637,27
(200-1000)g) [18] . Par contre, il est plus faible que celui obtenu en 1987
par Van Roosmalen et al en Tanzanie (16,7 #177; 5,1 g/kg/jour) [30].
4.4. Analyse de la durée de séjour des enfants
sortis guéris
La durée médiane de séjour des enfants
sortis guéris était de 24,0 (17,0-30,0) jours avec des
extrêmes de 7 à 68 jours. Elle ne variait pas significativement
en fonction du sexe, de la présence d'oedèmes à
l'admission, de la sérologie VIH et du Z-score poids pout taille
à l'admission. Par contre, elle variait significativement en fonction de
l'âge et du statut vaccinal contre la rougeole. Concernant l'âge,
plus les enfants étaient jeunes, plus long était leur
séjour au CREN. L'autonomie alimentaire des enfants plus
âgés leur permettant de se nourrir plus suffisamment pourrait
expliquer cette situation. En effet le critère de sortie étant le
gain d'un kilogramme de poids, les enfants qui pouvaient manger le plus sont
ceux qui pouvaient prendre le plus rapidement du poids et donc avoir le
séjour le plus court.
Le séjour au CREN des enfants qui n'avaient pas
été vaccinés contre la rougeole était plus long par
rapport à ceux qui avaient été vaccinés. Cela
confirme le constat de Maniette [32] qui, en 2006 au Burkina Faso relevait que
les enfants vaccinés contre la rougeole étaient moins souvent
modérément et sévèrement malnutris. L'action
bénéfique de la vaccination sur la malnutrition avait
également été relevée en 2000 au Burkina Faso par
Zala [27] qui constatait qu'une vaccination complète exposait moins les
enfants au risque de malnutrition.
Le séjour au CREN des enfants sortis guéris
était plus court que celui de 30 jours observé par Sall et al [
20] en 1999 à Dakar au Sénégal. Par contre, il
était plus long que les 14,8 et 15 jours relevés respectivement
par Van Roosmalen et al [30] en Tanzanie en 1987 et par Sall et al [17] en 2000
à Kaolack au Sénégal.
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