4.5. Analyse de la mortalité
Sur les 275 enfants admis au CREN, le statut à la
sortie était connu pour 274 enfants. Au total, 52 décès
ont été observés au cours de la période
étudiée ce qui représente une mortalité de 19,0%.
Il n'y avait pas d'association statistiquement significative
entre la mortalité et l'âge, le sexe, la présence
d'oedèmes, la rechute, le statut vaccinal contre la rougeole,
l'infection au VIH et l'anémie. Cela pourrait s'expliquer par la faible
taille de l'échantillon. Bien que non significatif, le risque de
décès était plus élevé pour : les
jeunes enfants (<12 mois), ceux qui n'avaient pas les oedèmes, ceux
qui étaient admis pour la première fois au CREN, ceux qui avaient
été vaccinés contre la rougeole, ceux qui étaient
infectés par le VIH et ceux qui n'étaient pas
anémiés.
Par contre, il y avait une association statistiquement
significative entre la présence de la diarrhée, la malnutrition
et la mortalité. Le risque de mortalité était presque deux
fois plus élevé chez les enfants qui avaient la diarrhée
(RR=1,9) par rapport à ceux qui n'avaient pas la diarrhée.
Chez les enfants qui souffraient de la malnutrition chronique,
le groupe qui était en malnutrition chronique modérée
(Z-score taille pour âge à l'admission compris entre -3 et -2)
était le plus vulnérable comparativement à ceux qui
étaient en malnutrition chronique sévère (Z-score taille
pour âge à l'admission inférieur à-3) et à
ceux qui n'étaient pas en malnutrition chronique (Z-score taille pour
âge à l'admission supérieur ou égal à -2). En
effet, le risque de mortalité était 2,2 fois plus
élevé dans le groupe de ceux qui avaient un Z-score taille pour
âge compris entre -3 et -2 à l'admission par rapport aux deux
autres groupes (Z-score taille pour âge à l'admission < -3 et
= -2).
Chez les enfants qui souffraient de la malnutrition aigue, le
risque de mortalité augmentait graduellement avec le mauvais état
nutritionnel. Plus l'enfant était malnutris, plus grand était son
risque de décès. En tenant compte de la distribution du Z-score
périmètre brachial pour âge à l'admission, on se
rend compte que, comparativement aux enfants situés dans le dernier
tiers de la distribution (Z-score périmètre brachial pour
âge à l'admission >-3,91), le risque de mortalité
était 2,8 fois plus élevé chez les enfants qui se
situaient dans le deuxième tiers (Z-score périmètre
brachial pour âge à l'admission compris entre -4,79 et -3,91) et
4,6 fois plus pour ceux qui se situaient dans le premier tiers (Z-score
périmètre brachial pour âge à l'admission <
-4,79).
La mortalité des enfants admis au CREN de Tenghin est
élevée (19%). Cela peut se comprendre du fait que, comme le
confirment les analyses, les enfants qui sont très
sévèrement malnutris à l'admission sont ceux qui
présentaient un risque très accru de décès.
Pourtant le CREN étaient confronté à des enfants
sévèrement malnutris avec 91,5% d'enfants admis avec un Z-score
périmètre brachial pour âge à l'admission < -3.
Or il est connu que les cas avancés de malnutrition sévère
sont accompagnés de nombreuses complications métaboliques
(hypoglycémie, hypothermie, anémie, insuffisance cardiaque) et
infectieuses (respiratoires, diarrhées, septicémies), causes
principales de décès de ces enfants [33,34]. Ces enfants
nécessitaient donc une prise en charge médicale et nutritionnelle
intenses, ce qui ne semblait pas être à la portée du CREN
à cette période au vu de la composition de son équipe (3
infirmières et 3 animatrices).
D'autres études ont relevés des taux de
mortalités variés. Cependant, ces études ont
été réalisées dans un contexte différent au
notre car elles mettaient en évidence, la relation entre la malnutrition
et la mortalité certes, mais chez des enfants hospitalisés pour
d'autres motifs que la malnutrition. Joseph et al. au Cameroun [24] avaient
relevé une mortalité de 23,8%, 6,8 % pour Sall et al. au
sénégal en 1999 [20], 15,3 % pour SAVADOGO et al. au Burkina Faso
en 2002 [35].
Dans l'ensemble, la malnutrition reste demeure une grande
cause de mortalité, que ce soit directement ou à travers les
complications qu'elle engendre.
|