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Contribution des ressources naturelles renouvelables dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans les collectivités territoriales du Mali

( Télécharger le fichier original )
par Baba Faradji N'DIAYE
Université de Bamako - DEA 2006
  

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ABREVIATIONS

 
 

AGEFORE

: Groupement pour l'aménagement et la gestion des forêts et l'environnement

AMACO

: Association Malienne d'Appui aux Collectivités locales

CILSS

: Comité Inter - Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel

CSA

: Commissariat à la sécurité alimentaire

CSLP

: Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté

CT

: Collectivités territoriales

DNM

: Direction Nationale de la Météorologie

DNSI

: Direction Nationale de la Statistique et de l'Information

DPA

: Domaine public artificiel

DPN

: Domaine public naturel

EDSM

: Enquête démographique et de santé Mali

FAO

: Organisation mondiale pour l'agriculture

GRN

: Gestion des ressources naturelles

IRAM

: Institut de recherches et d'applications des méthodes de développement

ISFRA

: Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée

ONG

: Organisation Non Gouvernementale

PIRL

: Projet d'Inventaire des Ressources Ligneuses

RN

: Ressources naturelles

RNR

: Ressources naturelles renouvelables

SA

: Sécurité alimentaire

SCN

: Service de Conservation de la Nature

SLACAER

: Service local d'appui conseil pour l'aménagement et l'équipement rural

UBT

: Unité bétail tropical

UPA

: Unité de production agricole

RESUME

La présente recherche a été menée dans la commune rurale de Banamba. Située dans la zone agro - climatique du soudan nord, la commune rurale de Banamba est caractérisée par la précarité des conditions de vie des communautés villageoises. Cette précarité se traduit par une surexploitation des ressources naturelles renouvelables installant les communautés villageoises dans l'insécurité alimentaire.

Actuellement, le problème fondamental est de parvenir à assurer la sécurité alimentaire à travers une utilisation judicieuse des ressources naturelles renouvelables de la commune. A cette fin les systèmes de production doivent permettre une utilisation durable des bases productives. En quelque sorte, les bases d'une gestion durable des ressources naturelles renouvelables doivent être posées dans le but de sceller les perspectives d'un développement durable.

Cette étude se veut une évaluation de la contribution des ressources naturelles renouvelables dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune rurale de Banamba. A cet effet,

§ elle analyse les potentialités physiques de la commune ;

§ elle étudie les activités liées aux ressources naturelles et les revenus générés ;

§ elle analyse l'état de la sécurité alimentaire dans la commune ;

§ elle analyse la perception que les populations ont des ressources naturelles renouvelables et la valeur qu'elles leur accordent ;

§ elle étudie la capacité institutionnelle de la commune à gérer les ressources naturelles et/ou à soutenir des activités de gestion des ressources naturelles.

A la suite des recherches effectuées, les principaux résultats auxquels cette étude est parvenue sont les suivants :

§ Les terres cultivables, les ressources végétales et animales constituent les principales sources de revenu de la commune rurale de Banamba. Elles alimentent tous les secteurs d'activités de la commune. Dans cette optique, l'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune dépend largement de l'utilisation de ces ressources par les populations et des profits que celles - ci peuvent en tirer ;

§ Les ressources naturelles renouvelables de la commune sont soumises à une forte exploitation alors que la production agricole connaît une baisse tendancielle. Les niveaux de faible productivité et la dégradation de l'état des ressources naturelles renouvelables constituent ainsi les principales causes de la vulnérabilité des populations ;

§ Les textes actuels ne favorisent pas une gestion communautaire des ressources naturelles renouvelables. Ils sont imprécis et risquent de faire aboutir à une base insuffisante pour soutenir la sécurité alimentaire.

INTRODUCTION

La présente étude s'inscrit dans le cadre de la production d'un mémoire de DEA. Elle porte sur la Contribution des ressources naturelles renouvelables (sols, végétales et animales) dans l'atteinte de la sécurité alimentaire. La zone d'étude est le cercle de Banamba, qui est situé dans la bande sahélienne de la région de Koulikoro. Cette zone est caractérisée par la grande pauvreté des populations qui y habitent et l'extrême précarité des conditions écologiques.

Le choix d'un tel thème a été motivé par nos activités d'Agent de Développement Communautaire auprès des communautés rurales de Banamba. En effet, depuis 1998, nous exécutons des projets de développement dans le cercle de Banamba. Pendant ces huit ans d'appui aux communautés villageoises de Banamba, certains faits ont retenu notre attention à savoir : l'extrême précarité des conditions d'existence, l'insécurité alimentaire, la pauvreté. Ces populations pour faire face à leurs besoins toujours croissants ont pour seul recours la nature et ce qu'elle leur offre (terre, arbres, animaux). Plus leurs besoins augmentent, plus ces populations s'acharnent sur les ressources naturelles par des actions de défrichement, de réduction des jachères, de coupe de bois. Elles n'en deviennent que plus misérables. Face à cette situation d'auto - destruction, nous nous sommes toujours posés ces questions :

F Les populations font - elles le lien entre les modes d'exploitation des ressources naturelles de leur terroir et la précarité de leurs conditions d'existence ?

F Les populations ont - elles conscience des limites de la nature ?

F Quelle perception les populations ont de l'environnement de façon générale ?

Le champ d'analyse se limite à l'échelle de la commune rurale de Banamba. Plusieurs raisons ont motivé ce choix :

- Comme indiqué plus haut, Banamba est situé dans la bande sahélienne caractérisée par la grande pauvreté des populations qui y habitent et l'extrême précarité des conditions écologiques. Une telle étude nous parait importante car autant il est vrai que les populations ont tendance à épuiser les ressources naturelles dans leur lutte pour survivre, autant il est vrai que la sécurité alimentaire passe par une gestion efficace des ressources naturelles. Dans ces conditions, une analyse des pratiques d'utilisation des ressources naturelles, de la perception que les populations ont de leurs ressources naturelles et de la valeur qu'elles leur accordent est fondamentale pour toute action entrant dans le cadre de la sécurité alimentaire.

- En ramenant l'étude à l'échelle de la commune, nous l'inscrivons dans le nouveau système d'administration qu'est la décentralisation. Au coeur de ce concept se trouve l'expression « libre administration » qui signifie que les populations décident elles - mêmes de leur propre destin à travers des organes élus. Actuellement, c'est réellement au niveau des communautés villageoises que se joue le développement durable et c'est à ce niveau que des stratégies de développement durable doivent être développées.

- Banamba constitue une ville en pleine mutation notamment avec le développement des moyens de communication (route bitumée Koulikoro - Banamba, télévision). Cela crée des transformations dans les modes de vie des populations dues à l'attrait des villes de Koulikoro et Bamako.

Cette étude est pour nous une opportunité dans la mesure où elle nous permettra certainement d'approfondir la réflexion en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles, d'appréhender les comportements des populations vis - à - vis de l'environnement et de proposer des solutions pour un développement durable.

Ce mémoire en plus de l'introduction et de la conclusion, comporte quatre grandes parties et des annexes. Après l'introduction qui situe le cadre de l'étude, le choix du thème et de la zone, la première partie évoque les questions de recherche qui justifient l'étude, précisent les objectifs, les résultats attendus et les hypothèses de recherche. La deuxième traite de la méthodologie utilisée dans le cadre du présent mémoire ; la troisième partie s'attache à présenter la zone d'étude ; les données recueillies sont analysées et discutés dans la quatrième. Pour terminer, la conclusion récapitule les problèmes qui entravent la contribution des ressources naturelles dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune rurale de Banamba et propose quelques axes d'interventions susceptibles d'améliorer la sécurité alimentaire. Les annexes sont constituées des fiches d'enquêtes.

1. PROBLÉMATIQUE

La commune rurale de Banamba est une des neuf communes du cercle de Banamba. Elle se trouve dans la zone agro - climatique du soudan nord (PIRL, 1991). Suite aux sécheresses répétées et à certaines pratiques humaines, les ressources en terres et en forêts, principales bases productrices, connaissent une dégradation continue, mettant en cause la biodiversité et la survie des communautés humaines.

Mais ce sont surtout les activités humaines qui restent déterminantes dans le déclenchement des processus de désertification sur les terres vulnérables de la commune. Les pratiques agricoles traditionnelles, en particulier les cultures itinérantes, ne posaient pas de problème particulier dans le passé parce que la population de la zone était beaucoup moins nombreuse qu'aujourd'hui. La population de la commune est passée de 14 699 habitants en 1976, à 18 591 habitants en 1987 et à 23 933 habitants en 1998 soit un taux d'accroissement de 2 ,9 % par an entre 1976 et 1998.

L'accroissement démographique au niveau de la commune entraîne une multiplication de la demande de nourriture, de combustible, de pâturage et de logements. Il en résulte des défrichements importants et des prélèvements considérables pour le bois qui est la principale source d'énergie domestique.

Dans ce contexte, pour la satisfaction des besoins alimentaires et non alimentaires, les populations ont adopté plusieurs stratégies de survie. La plus immédiate et la plus générale des attitudes de survie est la surexploitation des ressources naturelles immédiatement accessibles au prix d'un travail souvent énorme et épuisant. Il s'agit principalement de la réduction des jachères, des défrichements pour l'extension des cultures et de la coupe du bois pour les besoins domestiques. Ces stratégies pour le moins suicidaires installent les populations dans un cercle vicieux1(*). Le cercle vicieux part de l'hypothèse d'une chaîne de causalités entre pauvreté, croissance démographique élevée, dégradation de l'environnement et baisse de la production agricole par habitant, qui peut enfermer les sociétés rurales dans un cercle vicieux de réactions de plus en plus destructrices. En d'autre terme, les personnes démunies des zones rurales et, vivant dans l'insécurité alimentaire ont tendance à épuiser les ressources naturelles dans leur lutte pour survivre. Plus cette partie de la population augmente, plus la dégradation des terres s'accentue et cette dégradation, du fait de ses effets négatifs sur la production agricole, entraîne l'insécurité alimentaire.

Dans ces conditions, la préoccupation majeure accordée aux changements globaux ne doit pas occulter le fait que c'est à l'échelle locale que se joue véritablement l'enjeu du développement durable. C'est en effet à partir d'une bonne connaissance des modes de gestion des ressources naturelles et des réponses que les populations apportent aux modifications de leur environnement que des mesures adéquates permettant d'atteindre la sécurité alimentaire peuvent être prises.

En adoptant la décentralisation comme système d'administration, le Mali permet à des «groupements humains organisés, unis par des liens de solidarité, d'entraide mutuelle et qui sont localisés sur des portions du territoire national de s'administrer eux-mêmes sous le contrôle de l'Etat»2(*). Ces groupements ou collectivités territoriales ont reçu de l'Etat une reconnaissance de leur personnalité juridique. Elles disposent à cet effet de pouvoirs propres pour s'auto administrer par des organes élus.

La décentralisation crée les conditions favorables au développement économique des collectivités territoriales en améliorant les capacités des acteurs en matière de gestion locale. Elle est une opportunité de promotion des acteurs locaux et de leur savoir faire. Par ailleurs, la décentralisation constitue un champ en faveur de la participation villageoise sous le triple angle de :

- la participation des citoyens à la gestion des affaires locales ;

- l'élaboration et de la mise en oeuvre des programmes de développement local et ;

- l'aménagement et la gestion communautaire de l'espace communal.

Cependant, après plus de cinq (05) ans d'exercice, il faut reconnaître que dans les faits, beaucoup de villages n'ont encore rien vu venir notamment en ce qui concerne la gestion des ressources naturelles. Au titre de l'exercice triennal 2001 - 2003, les collectivités territoriales ont mobilisé 24 216 826 612 FCFA sur 25 353 889 188 FCFA de droits de tirage alloués, soit un taux de mobilisation de 95,51 %3(*). Le nombre total de conventions de financement de projets signées depuis novembre 2001 est de 2 694. Dans leur majorité, les projets sont des nouvelles constructions : classes, sièges de mairie, piste, puits et adductions d'eau, maternités et dispensaires, aires d'abattage et marchés.

Les collectivités territoriales privilégient les actions visibles et aisées à réaliser. Au niveau des communes, les choix d'investissement prioritaires des programmes de développement économique, social et culturel (PDESC) se rapportent peu à la vie d'agriculture ou d'éleveurs des communautés villageoises, à la gestion des espaces ruraux dans lesquels les communautés vivent difficilement depuis des générations, à l'ingratitude des conditions climatiques, à l'accès au foncier et aux moyens de production.

Par ailleurs, la décentralisation requiert à la fois des transferts de pouvoirs et une représentation responsable. Dans le cas du Mali et en ce qui concerne les ressources naturelles, la décentralisation est caractérisée par l'insuffisance des transferts de pouvoirs aux institutions locales qui demeurent sous la tutelle étroite du gouvernement central.

Pourtant, autant il est vrai que les secteurs de l'agriculture et de l'élevage occupent une place primordiale au Mali, sur le plan de leur contribution au produit intérieur brut, à l'emploi, aux revenus, etc. autant il est indéniable que la sécurité alimentaire dans les collectivités décentralisées du Mali dépendra de l'augmentation de la productivité et de la production agricole, de la diversité des activités et de l'accroissement des revenus de la population rurale.

Les préoccupations que suscitent l'état de l'environnement et la diminution des ressources en terres et en forêts, ainsi que leur dégradation amènent à poser des questions telles que :

F Dans les conditions actuelles d'utilisation des ressources naturelles renouvelables, la sécurité alimentaire  peut - elle être assurée dans nos collectivités décentralisées ?

F La décentralisation est effective avec la mise en place des organes de 703 communes et des 52 conseils de cercle. Cela suppose un transfert de compétences en ce qui concerne notamment la gestion des ressources naturelles. Dans le cadre de la gestion des ressources naturelles, cette nouvelle configuration administrative permet - elle de réaliser cet objectif ?

F l'environnement politique et socio - économique national et international s'organise autour de la logique du marché entraînant un phénomène de précarité, de vulnérabilité et d'extrême pauvreté de la population. Dans ces conditions, quelles stratégies adopter pour atténuer les effets des actions humaines sur les ressources naturelles ?

Ces préoccupations ont été l'objet de plusieurs études et réflexions. L'Institut du Sahel (Mars 1995), suite à une `'Analyse des pratiques d `utilisation des ressources naturelles au Sahel'', conclut que les systèmes de productions actuels accélèrent la dégradation des sols et de la végétation dans les milieux ou leur pratique est généralisée. Il convient donc d'adopter d'autres stratégies d'exploitation.

La FAO (2000), dans ses notes directives sur `'La Sécurité alimentaire et la gestion durable des ressources naturelles'', examine les relations réciproques entre population, environnement et agriculture. Elle conclut qu'il est extrêmement ardu de réaliser la sécurité alimentaire en Afrique. La raison est que la production alimentaire n'a pas suivi l'accroissement démographique.

Lipper, L. et Wilmsen, C. (1999) dans `'Evaluation report for the Northern New Mexico Rural Agricultural Improvement and Public Affairs Project'', Berkeley, Californie, États-Unis (non publié), soutiennent que la dégradation des forêts représente une menace pour la sécurité alimentaire, mais elle peut aussi être un produit des efforts déployés dans cette direction. Les coûts de cette dégradation doivent être mis en balance avec la valeur obtenue. Cette réflexion s'est limitée aux forêts.

Pour Michel Picouët (2001) dans `'Population, environnement et développement'' c'est plutôt du fonctionnement des sociétés que dépendent les actions exercées sur les systèmes écologiques ainsi que la façon dont les êtres humains perçoivent l'environnement et la valeur qu'ils lui accordent.

Caspar Schweigman dans sa publication sur `'la Sécurité alimentaire : Opportunité et Responsabilité'', après avoir diagnostiqué la situation de la sécurité alimentaire en Afrique, conclut que l'accès aux aliments plutôt que leur disponibilité est important dans une analyse de la sécurité alimentaire.

Doubangolo COULIBALY (2002) dans son mémoire de DEA `'Evaluation des potentialités pastorales des parcours de la commune de Duguwolo wila'' fait ressortir que ces ressources sont soumises à une dégradation. Les facteurs climatiques et les activités anthropiques en sont les principaux facteurs.

Face à ces constats, beaucoup de spécialistes de l'environnement ont plaidé pour une gestion participative des ressources naturelles et qui responsabilise les communautés villageoises. La plupart de ces études ont été menées en zone sud du Mali qui dispose d'un potentiel en ressources naturelles très important. Ainsi, Jesse C. Ribot (2002) dans `'la Décentralisation Démocratique des ressources naturelles'', évoque les conditions en vue d'augmenter l'efficacité de la gestion de l'environnement. Inter coopération (2001) dans `'Développement local et gestion communautaire des forêts. Expérience du Mali'', considère la participation et la responsabilisation des communautés comme condition de réussite de la GRN. Zazé Norbert Dembélé (2003) dans son rapport sur le `'Transfert de compétences dans la gestion des ressources naturelles, expérience de gestion décentralisée'' soutient que le transfert de compétences en GRN rencontre des blocages surtout politiques. Selon lui, les doutes sans fondements sur les capacités des acteurs locaux d'accueillir les compétences annoncées semblent l'emporter sur l'esprit des textes législatifs. Amadou Mody Diall (2000) dans son rapport final `'Etude relative aux aspects juridiques et institutionnels de la gestion des questions environnementales'' fait une analyse critique de la législation sur la gestion des ressources naturelles en vigueur au Mali. Il fait ressortir les points forts (approche managériale, participative et de responsabilisation des populations), les faiblesses et les insuffisances.

Cette revue de la littérature qui est loin d'être exhaustive, porte d'une part sur l'analyse des modes de production et d'autre part sur la problématique de la gestion durable des ressources naturelles. Par contre, elle n'accorde pas une attention particulière au rôle des ressources naturelles pour l'atteinte de la sécurité alimentaire tant recherchée par les communautés. Pourtant, le degré d'implication des communautés villageoises dans la gestion des ressources naturelles est tributaire de la place que ces ressources occupent dans leurs activités socio - économiques.

Ainsi, pour qu'une gestion des ressources naturelles renouvelables puisse garantir la sécurité alimentaire, `'une approche de l'intérieur" s'impose pour a) saisir et assimiler les conceptions endogènes ; et b) connaître le rôle des ressources naturelles dans le développement socio - économique des terroirs.

La présente étude se veut une contribution pour combler ce vide en portant une attention particulière à la place qu'occupe les ressources naturelles dans l'atteinte de la sécurité alimentaire de façon générale dans nos collectivités décentralisées, et dans la commune de Banamba de façon spécifique. Une telle évaluation pourra également servir d'outil d'aide à la décision dans le processus de gestion et d'aménagement des terroirs villageois.

2. OBJECTIFS

2.1 Objectif général

La présente étude a pour objectif d'évaluer la contribution des ressources naturelles renouvelables (sols, ressources végétales et animales)4(*) dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune rurale de Banamba.

2.2 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques sont :

a) Faire l'état des terres cultivables, des ressources végétales et animales5(*) dans la commune de Banamba ;

b) Etudier les activités liées aux ressources naturelles et les revenus générés pour connaître l'état de la sécurité alimentaire et mieux cerner l'incidence de ces activités sur les ressources naturelles renouvelables de la commune ;

c) Analyser la perception que les populations ont des ressources naturelles renouvelables et la valeur qu'elles leur accordent ;

d) Etudier la capacité institutionnelle de la commune à gérer les ressources naturelles et/ou à soutenir des activités de gestion des ressources naturelles. Il s'agit de voir les possibilités qu'offre la décentralisation et ses limites.

3. RÉSULTATS ATTENDUS

Au terme de cette étude, les résultats suivants sont attendus :

F l'état des terres cultivables, des ressources végétales et animales est connu dans la commune de Banamba ;

F Une évaluation de la production et des revenus des populations, ainsi que la situation de la sécurité alimentaire dans la commune sont connues ;

F La perception que les populations ont des ressources naturelles renouvelables et la valeur qu'elles leur accordent sont connues.

F Une analyse critique des pouvoirs délégués aux communes et aux communautés villageoises est faite.

4. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE

Pour la présente étude, trois hypothèses serviront de fil conducteur.

F Hypothèse 1 : Les pratiques d'exploitation actuelles des ressources naturelles renouvelables au niveau de la commune rurale de Banamba sont une des principales causes de l'insécurité alimentaire.

F Hypothèse 2 : La sécurité alimentaire dans les collectivités décentralisées du Mali dépend de l'utilisation judicieuse des ressources naturelles renouvelables.

F Hypothèse 3 : A l'état actuel des choses, les textes sur la gestion des ressources naturelles renouvelables sont assez restrictifs en ce qui concerne la délégation de responsabilités à des instances représentant les populations et jouent donc négativement sur l'atteinte de la sécurité alimentaire.

5. METHODOLOGIE

La présente étude concerne la commune rurale de Banamba. Elle a porté sur 7 villages. La méthode utilisée repose sur plusieurs approches :

- La revue bibliographique ;

- les entrevues ;

- le questionnaire ;

- Le Système d'Information Géographique (SIG) et la Télédétection.

5.1 La revue bibliographique

Elle s'est faite en deux étapes. Dans un premier temps la revue de la littérature a permis d'avoir des connaissances générales sur la problématique de la gestion des ressources naturelles et la sécurité alimentaire, de clarifier un certain nombre de concepts utilisés dans le présent mémoire et de dégager un axe de recherche. Dans un second temps, l'information disponible au niveau de la commune relative aux fiches de collecte, aux rapports d'activités, à la monographie du cercle de Banamba, au schéma d'aménagement et de développement du cercle a été exploitée.

5.2 Les entrevues

Au cours des enquêtes de terrain, les entrevues ont été réalisées avec différents acteurs techniques de Banamba dont le maire de la commune, le chef du Service de la Conservation de la Nature, du SLACAER et de la réglementation et du contrôle, le médecin chef du Centre de Santé de Référence et certains paysans. Les entretiens ont porté entre autres sur :

§ l'occupation des terroirs villageois ;

§ l'utilisation des ressources naturelles ;

§ la description des types de formation végétale et leur utilisation ;

§ les mesures réglementaires en matière de GRN ;

§ la situation nutritionnelle dans la commune ;

§ les difficultés liées à la GRN et les solutions envisageables, etc.

Les informations issues des entretiens ont été mises à profit pour mieux orienter les questionnaires et compléter les données de l'image Landsat 2000.

5.3 Le questionnaire

Pour recueillir l'information au niveau des concessions, deux fiches d'enquête ont été élaborées : l'une porte sur la perception que les populations ont de la gestion des ressources naturelles et la valeur qu'elles accordent aux ressources naturelles et l'autre sur les activités productrices. Pour l'administration des questionnaires, un échantillonnage a été fait.

Caractéristique de l'échantillon : Le Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) réalisé au Mali en avril 1998 a servi de base de sondage. L'échantillon de cette étude a été réalisé à partir d'un échantillonnage en grappe à plusieurs degrés. La commune de Banamba compte 28 villages. L'étude ne pouvant couvrir les 28 villages, 25 % des villages, soit 7 villages ont été sélectionnés au hasard (tirage au sort). Le nombre de concessions à enquêter a été limité à 59 soit 20 % des concessions de la base de sondage. Les villages n'ayant pas le même nombre de concessions, 20 % ont été appliqués à chaque village pour avoir le nombre de concessions à enquêter par village.

A l'issue des différents tirages, les villages suivants ont été retenus (Tableau 1) :

Tableau 1 : Caractéristique des villages enquêtés

Villages

Population

Nombre de concessions

Nbre de concessions à enquêter (20%)

 

 

H

F

T

 

 

 

 

 

1.

Banamba*

5 679

5 782

11 461

 
 

1.1

- Niamacoro**

 
 
 

70

14

1.2

- Doualala**

 
 
 

50

10

2.

Diangalambougou

150

170

320

15

3

3.

Diassani

219

298

517

41

8

4.

Kassela

496

456

952

68

14

5.

Sinzena

260

252

512

27

5

6.

Tomba

213

199

412

24

5

 

TOTAL

7 170

7 292

14 462

259

59

* la ville de Banamba est constituée de 7 quartiers. Pour les besoins de l'étude, chaque quartier a été considéré comme village. Après application des 20%, 2 quartiers ont été retenus : Niamacoro et Doualala.

** La population au niveau des deux quartiers n'a pu être obtenue. Mais, le nombre de concessions par quartier est connu suite aux journées nationales de vaccination (JNV) effectuées par les services socio - sanitaires du cercle.

Ainsi, 59 concessions ont été enquêtées. Dans chaque concession, deux questionnaires ont été administrés : l'un à l'intention d'un focus groupe composé d'hommes et l'autre à l'intention des femmes également en focus groupe. Au total, 558 personnes ont été touchées par l'enquête dont 58% de femmes. Le nombre moyen par groupe cible est de 5,5 pour les femmes et de 3,9 pour les hommes.

Au niveau du village, pour identifier et sélectionner les concessions sur lesquelles doit porter l'enquête, la méthode suivante a été utilisée : après avoir déterminé 5 comme pas d'échantillonnage, le centre du village a été choisi comme point de départ. Les déplacements se sont effectués le long des axes principaux et les concessions ont été choisies en fonction du pas d'échantillonnage.

Les données recueillies ont été traitées à l'aide du logiciel Access.

5.4 Le Système d'Information Géographique (SIG) et la Télédétection

Les potentialités des SIG en font un outil privilégié pour la gestion des ressources naturelles. La possibilité de stocker les informations utiles à la connaissance de la région étudiée (les données satellites en font largement partie), la capacité de pouvoir les croiser pour mettre en évidence certains phénomènes, comme par exemple la dégradation de zones forestières, et d'en expliquer le processus en prenant en compte les facteurs du milieu physique et humain, peuvent justifier l'utilisation de tels systèmes, à condition bien sûr d'en connaître les limites.

Dans le cadre de la présente étude une carte de la végétation (Projet d'inventaire des ressources ligneuses au 1/400 000) et une Image LANDSAT 2000 ont été utilisées.

La carte de la végétation PIRL au 1/400 000

Le transfert des données sous forme numérique à partir d'une carte est l'une des étapes les plus longues et coûteuses dans les projets SIG. Il existe plusieurs modes d'acquisition des données graphiques sous forme numérique :

ü Mode manuel par la saisie au clavier des coordonnées des points (mode vectoriel) ou des valeurs des cellules (mode matriciel). On procède ensuite à la génération subséquente des couches d'information.

ü La récupération (import) de fichiers provenant de bases de données diverses avec ou sans topologie.

ü La digitalisation qui consiste à tracer les limites spatiales d'entités sur une carte et à enregistrer parallèlement sur l'ordinateur les coordonnées des points de calage à partir des coordonnées des villages sélectionnés grâce à une souris reliant l'ordinateur à la table à numériser. On numérise les différents thèmes, les points, les lignes et les polygones.

ü La scannérisation : les organismes qui doivent faire face à la saisie d'un grand nombre des données doivent envisager des solutions rapides et automatiques de numérisation à l'aide de scanner. Celui-ci est un appareil copieur qui permet de << photographier>> un document sur support papier et de convertir l'image sous forme de fichier numérique. Le coût encore élevé des équipements et des logiciels de scannérisation font que l'utilisation de cette technique est encore peu répandue.

Dans le cadre de notre étude, le mode d'acquisition utilisé est la scannérisation. Après scannérisation, nous avons procédé à la numérisation. La numérisation ou digitalisation consiste à reproduire l'élément graphique sur papier à l'ordinateur. Il y a deux sortes de numérisation : la numérisation à partir de la table, et la numérisation à l'écran. Pour la numérisation à la table, le document est collé sur une table à numériser relié à l'ordinateur. Quant à la numérisation à l'écran, le document à numériser est scanné et sauvegardé dans l'ordinateur. Avant l'opération de numérisation dans chacun des deux cas de possibilité, le document est calé à partir des coordonnées connues de trois points au minimum. Un quatrième point est nécessaire en guise de vérification.

Ces travaux ont été faits avec le logiciel Map info. La carte PIRL une fois à l'ordinateur a été reproduite en faisant la numérisation à l'écran. Ils ont permis la production d'une carte des formations végétales de la commune de Banamba et leur superficie en 1986.

L'image Landsat 2000

Les images Landsat sur l'ensemble du Sahel qui ont servi pour notre étude ont été commandées à l'USGS (US Geological Survey) et ont été reçues le 10 juillet 2005. La prise de vue date du 9 novembre 2000. Le format des images est GeoTiff, format raster géoréférencé en UTM 29 WGS 84, les corrections radiométriques et géométriques ont déjà été faites par le fournisseur. Pour leur traitement, le logiciel ERDAS spécialisé en traitement d'images a été utilisé pour les traitements radiométriques.

Le CD de données Landsat comporte 9 Bandes, correspondant aux radiométries enregistrées dans les canaux 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et en Panchromatique pour le capteur Landsat 7 Thematic Mapper (TM). Les caractéristiques de chaque bande sont données au tableau 2. 

Tableau 2 : Caractéristiques de chaque bande:

N° de bande TM

Bande spectrale

Résolution spatiale

Zone fréquentielle

B1

0,45-0,52u

30m

Visible-bleu

B2

0,52-0,60u

30m

Visible-Vert

B3

0,63-0,69u

30m

Visible-Rouge

B4

0,76-0,90u

30m

Proche Infrarouge

B5

1,55-1,75u

30m

Moyen Infrarouge

B6

10,4-12,5u

60m

Infrarouge thermique

B7

2,8-2,35u

30m

Moyen Infrarouge

B8 Panchromatique

0,5-0,9u

15m

Visible+PIR.

Pour les besoins de notre étude la combinaison 4-2-1 a été adoptée.

Traitement d'image. Choix radiométriques.

Le choix de la composition colorée est déterminant. Il conditionne l'efficacité du zonage à partir de l'oeil humain au niveau de la différentiation des différentes entités (limite entre deux types de cultures) mais aussi au niveau de l'identification. Une composition colorée différente pourra d'ailleurs être utilisée en fonction de l'étape.

Pour des applications précises, nous avons également procédé à une vérification par un calage à partir de points de référence terrain mesurés par GPS au cours d'une vérité terrain.

Les travaux effectués à partir de l'image Landsat 2000 ont permis la production d'une carte des formations végétales de la commune de Banamba et leur superficie en 2000. Une comparaison des deux cartes nous permettra entre autre de faire ressortir l'évolution des ressources végétales de la commune entre 1986 et 2000 et de faire des commentaires.

5.5 Limites de la méthode

Les principales limites de cette méthode dans le cadre de l'étude peuvent être résumées comme suit :

§ La lourdeur et le coût du dispositif.

§ La superficialité des réponses qui ne permettent pas l'analyse de certains processus tels que l'évolution des productions agricoles, des ressources végétales.

§ La relative fragilité de la fiabilité du dispositif. Pour que la méthode soit fiable, plusieurs conditions doivent être remplies : rigueur dans le choix de l'échantillon, formulation claire et univoque des questions, correspondance entre le monde de référence des questions et le monde de référence du répondant, atmosphère de confiance au moment de l'administration du questionnaire. Pour des chercheurs débutants que nous sommes, certaines conditions exigées ont pu faire défaut ou être incorrectement remplies par nous.

§ La quasi - inexistence de données quantifiables sur la population, les ressources naturelles. Cela nous a amené à considérer des taux nationaux et à faire des extrapolations.

§ Les données secondaires n'étant pas recueillies par nous mêmes selon les critères qui conviennent le mieux à l'étude, elles ont fait l'objet de manipulation destinée à les présenter sous la forme requise pour la vérification des hypothèses. Ces manipulations sont toujours délicates car elles ne peuvent altérer les caractères de fiabilités qui ont précisément justifié l'utilisation de ces données.

§ L'outil statistique peut décrire des relations, mais il ne dispose pas en lui - même d'un pouvoir explicatif. C'est le chercheur qui donne un sens à ces relations par le modèle théorique qu'il a construit au préalable et en fonction duquel il a choisi une méthode d'analyse statistique. Cet exercice est toujours périlleux pour des chercheurs débutants qui peuvent occulter des éléments d'explication très pertinents.

6. Présentation de la zone d'étude

6.1 Localisation géographique de la commune

La commune rurale de Banamba est située dans la partie Sud - Ouest du cercle de Banamba, entre le 14°85 et le 15°20 de latitude Nord et le 6°55 et le 6°85 de longitude Ouest. Son chef lieu de commune est Banamba. Elle couvre une superficie de 553,59km2. Elle est limitée au Nord par la commune de Madina Sacko, au Sud par la commune de Sirakorola, à l'Ouest par la commune de Benkady et à l'est par les communes de Toukoroba, Kiban et Duguwolo Wila (carte 1). Elle est située à 150km de Bamako.

Carte 1 : Carte administrative de la commune rurale de Banamba

3.1 6.2 Caractéristiques des aspects socio - économiques

6.2.1 Population de la commune

Les données sur la population de la commune ont été recueillies au niveau de la DNSI. Elles couvrent les trois derniers recensements généraux de la population et de l'habitat notamment celui de 1976, 1987 et 1998 (Tableau 3).

Tableau 3 : Population de la commune de Banamba

 

Villages

1998

1987

1976

 

 

H

F

Total

H

F

Total

H

F

Total

1

Badoucourebougou

184

231

415

186

189

375

118

119

237

2

Bakaribougou

130

129

259

141

167

308

89

106

195

3

Bamoribougou

362

364

726

272

311

583

225

304

529

4

Banamba

5.679

5.782

11.461

4.679

4.719

9.398

3.544

3.721

7.265

5

Bougounina

331

347

678

223

234

457

191

204

395

6

Dankolon

215

213

428

125

138

263

160

165

325

7

Diankalanbougou

150

170

320

145

136

281

 

 

0

8

Diassani

219

298

517

200

220

420

175

184

359

9

Diatroubougou

277

284

561

69

61

130

98

122

220

10

Fadabougou

39

46

85

45

37

82

57

69

126

11

Falenbougou

139

163

302

118

130

248

 

 

0

12

Galo Bamanan

110

100

210

103

101

204

113

96

209

13

Galo Marka

81

66

147

48

57

105

47

49

96

14

Gana

239

249

488

192

225

417

139

163

302

15

Kassela

496

456

952

312

322

634

441

480

921

16

Kolondialan

293

314

607

208

248

456

159

193

352

17

Kouna

156

194

350

108

102

210

110

118

228

18

Madina

115

106

221

106

93

199

43

47

90

19

N'Galamandibi

368

424

792

262

288

550

280

295

575

20

N'Ganou

350

355

705

292

296

588

142

169

311

21

N'Ganouba

194

218

412

171

183

354

2

3

5

22

Ouleny Marka

771

838

1.609

437

477

914

374

436

810

23

Ouleny Peuhl

38

29

67

63

66

129

 

 

0

24

Sabalibougou

55

59

114

25

28

53

64

70

134

25

Sinzena

260

252

512

247

223

470

178

189

367

26

Tiontala

197

195

392

170

148

318

128

128

256

27

Tomba

213

199

412

144

155

299

132

130

262

28

Zambougou

94

97

191

61

85

146

56

74

130

 

TOTAL

11.755

12.178

23.933

9.152

9.439

18.591

7.065

7.634

14.699

Source : DNSI, 2005

La commune rurale de Banamba compte 28 villages avec une population de 23 933 habitants (RGPH 1998). La densité est de 43 habitants/km2. Les ethnies sont les Bambaras, les Sarakolés, les Peuhls et les Maures. Les langues les plus parlées sont le Bambara et le Soninké. La population étant essentiellement rurale, l'unité sociale représentative est l'unité de production agricole (UPA).

6.2.2 Caractéristiques de la population de la commune

La population de la commune, à l'instar de celle du pays est caractérisée par sa forte croissance et sa pauvreté. Elle est ainsi passée de 14 699 habitants en 1976 à 18 591 habitants en 1987 pour atteindre 23 933 habitants en 1998. Elle se répartit comme suit : 12 178 femmes (51 %) contre 11 755 hommes (49 %), soit un taux de masculinité de 97 hommes pour 100 femmes.

Au dernier recensement, la structure par âge de la population était la suivante :

- Population < à 15 ans : 12 014 personnes soit 50% de la population totale ;

- Population comprise entre 15 ans et 64 ans : 11 033 personnes soit 46% de la population totale ;

- Population > 64 ans : 886 personnes soit 4% de la population totale.

La population active est difficile à déterminer dans le cadre de notre étude. Habituellement, elle est définie comme étant le nombre total de personnes qui sont entre 15 et 64 ans et qui sont employées, ainsi que les travailleurs qui sont à la recherche active d'un emploi dans le secteur formel mais qui n'en n'ont pas pour le moment. Dans le cas présent, cette définition ne peut être prise en compte parce que, d'une part dans les villages, les enfants sont très tôt (entre 7 - 9 ans) associés aux travaux champêtres, de cueillette et de ramassage de bois ; et d'autre part, personnes employées sous entend une rémunération alors que le travail de la plupart des bras valides dans les champs entre dans le cadre des activités familiales et n'est donc pas rémunéré.

Au sein de cette population, la pauvreté se manifeste en termes d'absence de capacités dans les domaines majeurs du bien-être : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé, habitat insalubre, environnement, participation réduite à la vie économique et sociale. Les trois facteurs de risque les plus cités par les populations elles - mêmes portent sur l'alimentation, la maladie et l'absence de travail.6(*)

Cet état de précarité de la population est préjudiciable aux ressources naturelles renouvelables. En effet, accroissement démographique, pauvreté et dégradation des ressources restent intimement liés. L'accélération de l'accroissement démographique entraîne une multiplication de la demande de nourriture, de combustible, de pâturage, de logements, et oblige à exploiter massivement les ressources naturelles renouvelables, notamment les terres et les forêts.

6.2.3 Systèmes de production

Vivant dans un milieu hostile caractérisé notamment par des périodes de sécheresse récurrentes, les populations sahéliennes ont développé au cours de leur histoire des stratégies et des systèmes d'utilisation des ressources naturelles qui leur ont permis de s'adapter à ce milieu. Elles ont ainsi vécu pendant longtemps en harmonie avec leur environnement. Cependant, selon une hypothèse admise, les changements survenus au fil du temps, dans les conditions socio - économiques, culturelles, démographiques et politico - institutionnelles combinés aux facteurs bio - climatiques, ont abouti à une rupture de l'équilibre établi7(*).

Dans la commune de Banamba, les systèmes de production sont de type agro-pastoral à dominance agricole. Ce sont des systèmes de production à faible utilisation d'intrant et de travail par unité de surface. L'augmentation de la production est recherchée plus par l'augmentation des surfaces que par l'augmentation des rendements. Les systèmes de productions actuels sont une des principales causes de dégradation des ressources naturelles.

6.2.4 Activités productrices

Il ressort des enquêtes réalisées que les principales activités productrices dans la commune rurale de Banamba sont l'agriculture et l'élevage. Ces activités sont complétées par des activités secondaires agricoles et des activités secondaires non agricoles.

.

6.2.4.1 Agriculture

L'agriculture est la principale activité de production. Elle est pratiquée par 100 % des groupes cibles masculins et 93 % des femmes. C'est une agriculture itinérante sur brûlis. Les superficies emblavées au cours de la campagne agricole 2003-2004 représentent environ 54,64 % de la superficie totale; ce qui correspond en moyenne à 1,26 ha cultivé par habitant. Les superficies emblavées ont connu une forte augmentation au cours des vingt dernières années.

L'agriculture est essentiellement basée sur le système mil/sorgho avec 56 % des surfaces cultivées et l'arachide avec 40% des surfaces cultivées. D'autres céréales comme le maïs, le fonio et le riz y sont aussi cultivées. Le niébé et le sésame, en faible proportion, constituent les cultures commerciales.

Les données recueillies sur les 4 dernières campagnes agricoles (2000 - 2004) sont consignées dans le tableau 4. Couvrir plus de 4 campagnes n'a pas été possible puisque les données avant 2000 ne sont pas disponibles. Cette insuffisance des données peut rendre l'analyse très superficielle. En plus, la culture du henné pourtant pratiquée dans la commune n'a pu être prise en compte du fait de l'absence totale de données la concernant.

Tableau 4 : Données sur les productions agricoles 2000 - 2004

Campagne

2000 - 2001

2001 - 2002

2002 - 2003

2003 - 2004

Cultures

Superficies cultivées (en ha)

Production (en tonnes)

Superficies cultivées (en ha)

Production (en tonnes)

Superficies cultivées (en ha)

Production (en tonnes)

Superficies cultivées (en ha)

Production (en tonnes)

Mil

14 430

3 432

11 600

2 946

12 000

2 579

11 341

1 864

Sorgho

6 600

1 387

6 650

659

7 000

1 321

5 595

613

Maïs

110

30

120

16

150

70

136

24

Riz

21

0

21

3

40

15

40

3

Fonio

362

36

370

12

400

135

340

41

Arachide

1 500

91

1 440

261

1 600

306

12 128

135

Niébé

3 000

117

3 325

211

3 500

656

302

49

Sésame

249

5

225

19

300

41

259

10

Vouendzou

20

0,50

45

1

50

6

52

5

Hibiscus

14

1,00

30

2

40

0,32

71

12

Total

26 306

5 100

23 826

4 130

25 080

5 129

30 264

2 756

Source : SLACAER _ Banamba, 2005

Les superficies cultivées ont une tendance à la hausse alors que les productions pour l'ensemble des cultures excepté l'hibiscus manifestent une baisse tendancielle. La campagne 2003 - 2004 a enregistré des rendements faibles comparés aux rendements en temps normal sauf pour le niébé et l'hibiscus (Tableau 5).

Tableau 5 : Données sur les superficies cultivées et les rendements (2003 - 2004)

Spéculations

Superficie en ha

Production en tonne

Rendement réel Kg/ha

Rendement en temps normal Kg/ha

Mil

11 341

1 864

164

880

Sorgho

5 595

613

110

544

Maïs

136

24

176

948

Riz

40

3

75

440

Fonio

340

41

121

250

Arachide

12 128

135

11

435

Niébé

302

49

162

250

Sésame

259

10

39

250

Vouendzou

52

5

96

200

Hibiscus

71

12

169

170

Total

30 264

2756

 

 

Source : SLACAER _ Banamba, 2005

6.2.4.2 Elevage

Après l'agriculture, l'élevage est l'activité la plus pratiquée dans les unités de production agricole. Il est pratiqué par 98 % des hommes et 97 % des femmes. Il est de type semi - intensif. Dans la composition du cheptel des UPA, les petits ruminants (ovins/caprins) sont les plus nombreux avec 65,85 % ; suivent les bovins avec 28,20 % et les asins, 5,95 %. Le cheptel de la commune est estimé à 5 592,6 UBT, soit une densité de 10,10 UBT km2. La répartition du bétail par habitant rural donne 0,23 UBT.

Le bétail joue un rôle capital dans la vie socio-économique de la commune. Les effectifs se répartissent entre le système agro-pastoral en essor et le système pastoral en diminution. La constitution de troupeaux par les agriculteurs explique ce changement. Les systèmes traditionnels nomades se sont transformés en un système mixte agro-pastoral de type semi - intensif. Le système agro-pastoral est un élevage semi - intensif associé aux cultures pluviales. Il est pratiqué par les agriculteurs sédentaires. Les résidus des récoltes sont ramassés, stockés et distribués comme compléments. Les animaux utilisent les pâturages communaux. Ils effectuent de faibles déplacements en dehors des zones de culture en saison des pluies.8(*)

En marge de l'élevage des ruminants, il faut souligner la pratique de l'aviculture.

6.2.4.3 Activités agricoles secondaires :

Elles sont pratiquées par 93% des hommes et 86% des femmes enquêtés. Les principales activités secondaires concernent :

§ Le maraîchage qui est pratiqué par 51% des hommes et 88% des femmes. Les principales spéculations sont  la tomate, le piment, l'aubergine, le gombo, la pastèque, la courge, le melon et le concombre. Les données disponibles ne concernent que les quantités produites au cours de la campagne 2003 - 2004. Les autres informations portant sur les superficies cultivées, les quantités vendues, transformées ou consommées ne sont pas disponibles. Cette situation rend l'analyse très difficile ;

§ La culture d'arbres fruitiers comme les manguiers, les goyaviers, les citronniers, les papayers, etc. Elle est pratiquée par 27% des hommes et 14% des femmes ;

§ D'autres cultures comme l'arachide, le haricot, l'hibiscus, le vouandzou, le henné, les légumineuses, les pastèques sont également pratiquées par 87% des hommes et 67% des femmes.

6.2.4.4 Activités secondaires non agricoles :

Elles sont pratiquées par 64 % des hommes et 41 % des femmes enquêtés. Elles concernent :

§ l'artisanat pratiqué par 87 % des hommes et 88 % des femmes. Il s'agit de la vannerie, du tricotage, de la menuiserie, le forgeage ;

§ la maçonnerie pratiquée par 47 % des hommes ;

§ le commerce pratiqué par 82 % des hommes et 83% des femmes. Il s'agit en fait d'une activité temporaire de vente de certains produits pendant les périodes difficiles. Les produits qui font l'objet de vente sont les céréales, les produits ligneux (bois de chauffe, charbon de bois), les produits de cueillette, la volaille ;

§ le transport des matériaux de construction pratiqué par 11 % des hommes.

6.3 Caractéristiques des potentialités physiques

Les facteurs climatiques et le relief sont déterminants dans la formation et l'évolution des paysages végétaux et édaphiques. L'ensemble de ces facteurs détermine les différentes zones agro - écologiques, la distribution spatiale et temporelle des ressources naturelles. L'appréhension de ces facteurs est indispensable pour une gestion rationnelle des écosystèmes.

6.3.1 Le Climat

Le climat a une influence déterminante par trois facteurs agissant sur les phénomènes d'érosion physique et mécanique et les phénomènes de dégradation chimique et biologique des sols et de la végétation. Ce sont la pluviosité, la température et le vent.

6.3.1.1 La pluviosité

Les données pluviométriques collectées auprès de la Direction Nationale de Météorologie permettent d'apprécier la pluviosité dans la zone d'étude de 1971 à 2002 (Tableau 6).

Tableau 6 : Pluviométrie mensuelle (mm) du cercle de Banamba 1971 - 2002

ANNEES

JANV

FEVR

MARS

AVRIL

MAI

JUIN

JUIL

OAUT

SEPT

OCT

NOV

DEC

TOTAL

1971

0,0

0,0

56,8

28,5

3,2

138,7

161,6

222,0

118,2

0,0

0,0

0,0

729,0

1972

0,0

0,0

0,0

14,2

13,9

107,3

121,2

157,7

53,1

37,9

0,9

0,0

506,2

1973

0,0

0,0

0,0

0,8

35,2

70,8

157,8

164,3

87,4

4,5

0,0

0,0

520,8

1974

0,0

0,0

0,0

4,4

14,5

65,9

154,9

237,8

158,2

22,0

0,0

0,0

657,7

1975

0,0

0,0

3,1

1,0

3,5

73,8

182,5

257,3

104,2

0,7

5,2

0,0

631,3

1976

0,0

0,0

0,0

19,2

53,5

74,3

142,4

126,5

148,3

161,9

14,3

0,0

740,4

1977

2,3

0,0

0,0

6,3

22,4

73,9

110,5

178,7

96,8

6,4

0,0

0,0

497,3

1978

0,0

0,0

0,0

0,0

9,3

128,5

190,0

114,5

75,6

26,9

0,2

0,0

545,0

1979

0,0

0,0

0,0

0,0

48,9

72,0

187,5

275,3

116,5

36,2

0,0

0,0

736,4

1980

0,0

0,0

0,0

0,0

0,0

115,1

167,6

137,5

99,7

18,4

0,0

0,0

538,3

1981

0,0

0,0

0,0

28,9

27,9

158,4

101,8

185,1

63,3

37,9

0,0

0,0

603,3

1982

0,0

0,0

0,0

0,0

87,8

56,6

182,8

136,1

90,2

61,2

0,0

0,0

614,7

1983

0,0

0,0

0,0

11,4

26,0

58,9

143,6

166,4

95,1

16,4

1,2

0,0

519,0

1984

0,0

0,0

4,2

0,0

11,0

45,5

121,4

116,4

107,3

32,2

9,9

0,0

447,9

1985

0,0

0,0

0,0

2,1

0,0

55,6

169,2

318,3

174,9

10,0

3,7

0,0

733,8

1986

0,0

0,0

0,0

12,4

18,4

116,0

123,6

145,9

177,0

0,0

0,0

0,0

593,3

1987

0,0

0,0

0,0

0,0

3,0

57,3

147,8

150,4

53,2

65,8

0,0

0,0

477,5

1988

0,0

0,0

9,1

27,4

35,3

43,7

454,0

330,7

102,8

25,2

0,0

0,0

1 028,2

1989

0,0

0,0

0,0

4,5

2,6

116,5

94,0

234,8

64,5

71,3

0,0

0,0

588,2

1990

0,0

0,0

0,0

14,2

17,8

59,6

294,0

102,6

80,3

24,2

0,0

0,0

592,7

1991

0,0

0,0

0,0

35,8

2,1

12,9

148,9

239,2

60,2

49,9

0,0

0,0

549,0

1992

26,8

0,8

0,0

0,7

116,2

170,5

280,8

276,1

82,2

0,0

0,0

0,0

954,1

1993

0,0

0,0

0,0

0,0

10,5

40,8

242,1

227,1

76,7

16,2

0,0

0,0

613,4

1994

0,0

0,0

0,0

0,0

42,8

83,5

260,5

285,9

202,6

**

0,0

0,0

875,3

1995

**

**

**

**

**

**

**

**

**

**

**

**

0,0

1996

0,0

0,0

0,0

4,5

22,5

129,7

179,6

151,6

142,4

5,1

0,0

0,0

635,4

1997

0,0

0,0

0,0

1,3

12,0

82,0

203,7

170,4

114,5

27,5

0,0

0,0

611,4

1998

0,0

0,0

0,0

4,6

18,7

42,1

117,5

322,9

163,0

**

0,0

0,0

668,8

1999

0,0

0,0

0,0

14,0

17,4

146,0

127,3

315,0

111,5

**

0,0

0,0

731,2

2000

0,0

0,0

0,0

**

6,5

125,2

141,9

234,2

74,0

**

0,0

0,0

581,8

2001

**

**

**

**

**

**

**

**

**

**

0,0

0,0

0,0

2002

0,0

0,0

0,0

0,0

54,0

56,6

171,7

131,8

44,6

40,3

**

**

499,0

Source : Direction Nationale de la Météorologie, Bamako novembre 2005

** Il s'agit des mois pour lesquels les données ne sont pas disponibles. Ainsi, 1995 et 2001, pour lesquelles aucune donnée n'est disponible, n'ont pas été prises en compte dans le calcul de la moyenne.

La pluviosité annuelle moyenne est de 634 mm. La zone d'étude se situe donc dans le Soudan nord car la pluviosité moyenne est comprise entre 600 et 900 mm (Tableau 6)

Tableau 7 : Caractéristiques climatiques de la zone d'étude

Zone climatique

Sahel - Nord

Sahel - Sud

Soudan - Nord

Soudan - Sud

Pluviosité annuelle moyenne (mm) (1)

200-400

400-600

600-900

900-1200

Durée saison sèche (mois) (1)

7-9

7-9

6-8

6-8

Température moyenne (°C) (2)

- Saison pluvieuse

- Saison sèche

31

26

30

25

29

26

28

27

Évaporation potentielle (mm an-1) (2)

2000-2500

1800-2300

1600-2000

<1600

Source: (1) PIRL, 1988; (2) Breman et Kessler, 1995, in D. COULIBALY `'Evaluation des potentialités pastorales des parcours de la commune de Duguwolo wila'', 2002.

La pluviosité de la zone d'étude se caractérise par une variabilité interannuelle importante (Figure 1). On enregistre des écarts par rapport à la moyenne de - 200 à + 400 mm de pluie d'une année à l'autre. Ces variations sont préjudiciables pour la production primaire.

Figure 1 : Courbe de variation pluviométrique

 

6.3.1.2 La température

Les températures moyennes sont de 29° C en saison pluvieuse et 26° C en saison sèche (Tableau 6). Les variations de la température aggravent le déficit hydrique par l'augmentation de l'évapotranspiration potentielle variant entre 1600 et 2000 mm an. Ces températures, souvent très élevées pendant plusieurs mois, provoquent des sécheresses qui empêchent la végétation de se développer.

6.3.1.3 Le vent

Le vent est un facteur très important contribuant à limiter le volume végétal, allant jusqu'à limiter la croissance des arbres. Il a été démontré qu'un vent léger a un effet bénéfique parce qu'en brassant l'air il ramène sans cesse du CO2 vers les stomates. Mais dès qu'il dépasse 2m / seconde, il accélère la transpiration à un tel degré que les stomates doivent se fermer et que l'assimilation chlorophyllienne est fortement réduite. Cependant la fermeture des stomates n'empêche pas la déshydratation.9(*)

6.3.2 Le relief

Dans son ensemble le relief de la commune est peu accidenté à l'instar de la grande partie du Sahel10(*). Il est composé d'une succession de deux ensembles constitués de plateau et de glacis.

6.3.2.1 Le plateau

Il fait suite aux monts manding dont il constitue la terminaison orientale. Les reliefs les plus élevés du plateau culminent à environ 450 mètres. Dans le détail, ce plateau est parcouru par un réseau de vallées étroites et sinueuses notamment dans la partie sud - est et le nord de la commune. Elles recueillent les eaux de ruissellement et constituent les principaux cours d'eau temporels de la commune. Le plateau est dominé par 2 ensembles d'unités : P. 41.2 et P.42.2, chacune correspondant à des reliefs cuirassés gravillonnaires à recouvrement sableux à sablo - limoneux peu épais.11(*)

Les unités P 41.2 occupent les plages d'altitude plus élevées. Ce sont des collines surplombant les basses croupes des unités P 42.2.

6.3.2.2 Le glacis d'épandage

Il occupe le piedmont du plateau manding et s'étend sur l'ensemble de la commue avec une pente de 2 à 6 %. Il est entrecoupé d'affleurements gréseux et de cuirasses de bas de pente. L'ensemble alluvio - colluvial et le glacis d'épandage est à faciès de sables limoneux d'épaisseur supérieure à 1 mètre. La carte PIRL y reconnaît deux grands ensembles P 31.3 et P 31.1.2. Dans son ensemble, le relief de la commune favorise les phénomènes d'érosion hydrique et éolienne. Ces phénomènes s'observent beaucoup sur les sols sableux, sablo - limoneux. En effet, le décapage des couches superficielles des sols squelettiques a favorisé l'extension des zones gravillonnaires et des plages dénudées (Bowé)12(*). Cette situation est en grande partie responsable de l'occupation actuelle des terroirs villageois de la commune.

6.3.3 Sols et végétation

Le PIRT (1983) et le PIRL (1988) ont mené deux études d'inventaire dans le cercle de Banamba. De ces deux études, l'accent a été mis sur la caractérisation des types de sols et des types de formations végétales associées.

6.3.3.1 Les sols

Trois unités y ont été décrites (Carte 2) : 

- Plaine avec matériaux argileux (Pa 1) : Cette unité occupe des plaines limoneuses allant de plates à très faiblement inclinées. Les sols profonds de limons fins, modérément bien drainés portent une végétation modérément dense de petits arbres et de gros arbres dominés par Schoenefeldia gracilis, Acacia seyal, Ziziphus mauritiana. L'unité sert à la fois à la culture du sorgho et du mil et au pâturage. Elle représente 40,88 % de la superficie de la commune.

- Dunes aplanies (Da 5) : Elle occupe des dunes de sable aplanies et stabilisées et des plaines de sable dans l'extrême Nord - est de la commune. Les sols profonds, bien drainés et à texture modérément grossière portent une végétation relativement dégagée d'arbustes de grande taille, d'arbres dispersées (surtout Bombax costatum), de graminées annuelles. L'unité est communément employée pour la culture du mil avec une longue jachère. Elle représente 10,68 % de la superficie de la commune.

- Terrains rocheux (Tr 8) : L'unité occupe les zones à pente douce d'affleurement, de grès et les sommets de buttes de grès. Les sols sont peu profonds à modérément profonds. Ils sont normalement gravillonaires et biens drainés, et à réaction fortement acide. Ils portent une végétation sporadique avec des fourrés modérément denses de gros arbustes surtout Pterocarpus et Combretum Spp entrecoupés de zones aplanies, dégagées et dépourvues de végétation ou recouvertes de quelques graminées annuelles. L'unité qui représente 48,88·% de la superficie de la commune sert au pâturage.

Carte 2 : Sols de la commune rurale de Banamba

6.3.3.2 La végétation

La carte N°3 qui est issue de l'image Landsat 2000 délimite neuf formations végétales. Celles - ci occupent 53,92% du territoire de la commune de Banamba (Carte des formations végétales). Les différentes formations végétales sont : les savanes boisée (2,85%), arborée (4,92 %), arbustive (3,41 %), verger (5,90 %) et verger dégradée (0,22 %), les steppes arbustive (24,46 %) et arborée (5,88 %), les formations buissonneuses (1,92 %) et les Bowé nu (4,37 %).

Le paysage végétal est dominé en grande partie par les Combrétacées surtout Anogeissus leïocarpus et Bombax costatum. Dans une moindre mesure on trouve, des Mimosacées (Acacia nilotica), des Bombacacées (Adansonia digitata L) et des sapotacées (Butyrospermum parkii).

Carte 3 : Formations végétales de la commune de Banamba

 

Les sols et les formations végétales constituent les principales ressources naturelles de la commune rurale de Banamba. Elles sont dites renouvelables car les réserves se reconstituent au fur et à mesure qu'on les utilise à condition toutefois qu'elles soient bien gérées. Elles alimentent les trois secteurs d'activités de la commune à savoir l'agriculture, l'élevage et l'exploitation des produits forestiers. De ce fait, elles pèsent de tout leur poids dans la vie socio - économique de la commune. Elles constituent les bases productives pour l'ensemble de la population et contribuent à la satisfaction des besoins alimentaires et non alimentaires. L'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune dépend largement de l'utilisation de ces ressources par les populations et des profits que celles - ci peuvent en tirer.

7. RÉSULTATS

Il est difficile d'évaluer la contribution totale des ressources naturelles renouvelables dans l'atteinte de la sécurité alimentaire. Une part importante des produits issus des ressources naturelles est consommée par ceux qui les récoltent, la quantité variant selon l'année, les conditions d'accès et les autres possibilités offertes. La plupart des informations disponibles sont de type descriptif. Rares sont les études qui quantifient la part des intrants du ménage, l'affectation de la main-d'oeuvre, les revenus et les coûts attribuables aux activités concernant les ressources naturelles13(*).

Toutefois, à travers cette étude et en nous appuyant sur la notion de sécurité alimentaire au Mali, nous tenterons d'identifier les contributions générales des ressources naturelles renouvelables aux moyens d'existence des communautés villageoises de la commune de Banamba.

7.1 Bref aperçu de l'évolution de la notion de sécurité alimentaire au Mali

La sécurité alimentaire peut se définir à différents niveaux : au niveau global, d'une nation, d'une région ou d'un ménage et son principal déterminant est le pouvoir d'achat. Il existe deux grandes alternatives pour assurer la sécurité alimentaire au niveau national : l'autosuffisance ou l'autosubsistance alimentaire14(*).

Assurer l'autosuffisance alimentaire signifie satisfaire les besoins alimentaires dans la mesure du possible à partir d'approvisionnements nationaux et en dépendant le moins possible des échanges commerciaux. En revanche, la notion d'autosubsistance alimentaire prend en compte les possibilités qu'offre le commerce international. Elle suppose de maintenir un certain niveau de production intérieure et de créer la capacité d'importer sur le marché international, le cas échéant.

Au Mali, les politiques de sécurité alimentaire sont restées longtemps fondées principalement sur l'objectif de développement de la production céréalière. La sécurité alimentaire était considérée comme un problème au niveau de l'offre nationale, concernant surtout les céréales. Ces politiques se justifiaient par l'importance de la population rurale, centrée sur des stratégies d'autoconsommation familiale ou communautaire, et par l'importance des céréales dans les régimes alimentaires.

L'option de base était la réalisation de l'autosuffisance alimentaire définie comme la capacité du pays «à fournir à la population en général, à chaque individu et à chaque famille en particulier, d'une part une alimentation suffisante, par la production locale, en exploitant le mieux possible son potentiel agricole et en mobilisant les ressources humaines, et d'autre part, un niveau nutritionnel suffisant, garantissant à la population une ration équilibrée15(*)»

L'option autosuffisance alimentaire était soumise à plusieurs contraintes qui ont entraîné son échec, notamment les aléas climatiques, la forte disparité régionale en matière de production céréalière, l'enclavement des zones déficitaires.

La sécurité alimentaire pour qu'elle soit assurée doit aller au delà de l'autosuffisance alimentaire en prenant en compte en plus de la production nationale, les importations commerciales. Au Sommet Mondial de l'Alimentation (Novembre 1996), la définition suivante de la sécurité alimentaire a été adoptée à l'unanimité : «La sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active».

Ce concept implique la reconnaissance du fait que la capacité de chacun à se nourrir peut dépendre aussi bien de sa propre production que de sa capacité d'acheter des aliments, et que cet approvisionnement doit avoir un caractère suffisant, stable et continu pour que la sécurité alimentaire soit assurée. Dans cette optique, la sécurité alimentaire se base sur l'augmentation et la diversification de la production agricole, l'amélioration des revenus des populations par une meilleure organisation du marché des aliments de base (céréales, sucre, huiles, fruits et légumes, produits animaux, etc.) et le développement de la transformation des produits locaux. Elle est en conséquence largement tributaire de l'interaction entre le secteur du développement rural et les autres secteurs notamment la santé, l'éducation, l'industrie, le commerce et le transport, prenant ainsi en compte les quatre dimensions de la sécurité alimentaire qui sont : la disponibilité, la stabilité, l'accessibilité géographique et économique et l'utilisation biologique optimale.

7.2 Etat de la sécurité alimentaire dans la commune rurale de Banamba

Les deux premiers éléments à prendre en compte lorsque l'on étudie la contribution des ressources naturelles renouvelables à la sécurité alimentaire dans les collectivités territoriales au Mali sont l'utilisation actuelle des terres agricoles et l'exploitation des ressources forestières. Il faut considérer que parallèlement aux pertes engendrées par l'exploitation des ressources, le déboisement et la dégradation des terres de culture et des formations végétales constituent également une source de profits, grâce à la vente des produits forestiers destinés à la consommation alimentaire et aux productions agricole et animale de subsistance ou de rente issues de l'agriculture et de l'élevage. Lorsque l'on mesure les conséquences de la dégradation des ressources naturelles, il est important de considérer le rapport entre la valeur obtenue et les coûts supportés16(*).

Sous cet angle, la dégradation des ressources naturelles renouvelables représente un transfert de valeur d'un groupe à un autre. En prenant en compte les quatre dimensions de la sécurité alimentaire, il s'agit donc de déterminer de quelle façon des groupes présentant des risques d'insécurité alimentaire échange ce patrimoine naturel.

7.2.1 Disponibilité

La disponibilité signifie l'existence en quantité suffisante des produits alimentaires de base essentiellement de production interne dans le cas qui nous concerne. Toutefois des importations et des aides alimentaires sont nécessaires en cas de crise alimentaire grave.

7.2.1.1 Disponibilité en céréales

La production totale de céréales a connu ces cinq dernières années une évolution en dents de scie avec toutefois un maximum de près de 5 130 tonnes au cours de la campagne 2002/2003 (Tableau 8). Elle est constituée en grande partie par le système mil/sorgho. Au cours des quatre dernières années, la part du système mil/sorgho a varié entre 75 % et 95 % de la production totale.

Tableau 8 : Evolution des productions au cours des 4 dernières années (en tonnes)

Disponibilités

 

 

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

Toutes productions

 

5 100

4 129

5 129

2 756

Céréales de base (mil + sorgho)

4 819

3 605

3 900

2 477

% céréales de base

 

94,49%

87,31%

76,04%

89,88%

Source SLACAER _ Banamba, 2005

A l'heure actuelle, la sécurité alimentaire n'est pas atteinte dans la commune de Banamba. Par ailleurs, elle reste tributaire des aléas climatiques. En partant des normes de consommation officielle (202 kg/hbt/an), les disponibilités nettes en céréales ont été légèrement excédentaires pour les campagnes 2000/2001 et 2002/2003. Par contre elles sont largement déficitaires pour les autres campagnes. Et depuis 2000, les disponibilités en céréales de base (mil + sorgho) sont déficitaires. Le tableau 9 donne la situation des disponibilités par habitant :

Tableau 9 : Disponibilité nette en céréales en Kg/tête/an.

Disponibilités

 

 

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

Toutes productions

 

213

173

214

115

Céréales de base (mil + sorgho)

201

151

163

103

Source SLACAER _ Banamba, 2005

Pour la période 2000 - 2004, les productions ont donné une disponibilité moyenne de 179 kg/hbt/an de la production totale, dont 155 kg de mil/sorgho/hbt/an. En partant des normes de consommation officielle (202 kg toutes céréales), les besoins ont été couverts sur toute la période par la production locale à 88 % pour toutes les céréales (Figure 2).

Figure 2 : Evolution des disponibilités en céréales en Kg/tête/an (2000 - 2004)

 

7.2.1.2 Disponibilité en tubercules

Les statistiques de production des tubercules ne sont disponibles que pour 2004 et uniquement pour le manioc et la patate douce (Tableau 10). Ainsi, d'après les données du SLACAER, la production de la commune a été la suivante pour la campagne 2003 - 2004 :

Tableau 10 : Production et disponibilité nette en tubercules.

Disponibilité

 

 

Manioc

Patate

Production (en kg)

 

1 800

1 100

Disponibilité (en Kg/tête/an)

0,075

0,045

Source SLACAER _ Banamba, 2005

La production donne une disponibilité de 0,075 kg/hbt/an pour le manioc et 0,045 kg/hbt/an pour la patate en 2004. Cette disponibilité est largement inférieure à la norme de consommation de ces produits (2,11 kg/hbt/an, d'après l'EBC 1988/1989).

7.2.1.3 Disponibilité en produits oléagineux : Arachide - Niébé - Sésame.

L'arachide et le niébé, sources de protéines végétales occupent une place importante dans l'alimentation des populations. Leur culture connaît un essor depuis 2000 et les productions n'ont cessé d'augmenter, excepté la campagne 2003 - 2004 qui a été une année particulièrement difficile sur le plan agricole pour tout le pays (Tableau 11).

Tableau 11 : Evolution des productions oléagineuses au cours des quatre dernières années (en tonnes)

Produits

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

Arachide

91

261

306

135

Niébé

117

211

656

49

Sésame

5

19

41

10

Source SLACAER _ Banamba, 2005

En cas d'année pluvieuse, ces cultures constituent également des cultures de rente pour les populations de la commune, surtout le sésame qui fait l'objet depuis 2001 d'un projet de production d'huile de sésame.

Pour la période 2000 - 2004, les productions oléagineuses ont permis une disponibilité moyenne de 8,28 kg/hbt pour l'arachide, 10,79 kg/hbt pour le niébé, 0,78 kg/hbt pour le sésame et 0,13 kg /hbt pour le vouendzou.

7.2.1.4 Disponibilité en productions animales :

Comme les céréales, les productions animales sont liées aux aléas climatiques et aux performances des systèmes de production. Après les périodes de sécheresse, la reconstitution du cheptel entre 1985 et 2001 a favorisé l'accroissement des disponibilités en viande et en lait. D'après le Service de la Réglementation et du Contrôle, les effectifs 2004 du cheptel sont :

Bovins : 5 494, Ovins - caprins : 12 832, Asins : 1 159. Le tableau 12 fait ressortir la production de viande (carcasse et abats) pour les quatre dernières années.

Tableau 12 : Evolution de la production de viande au cours des quatre dernières années (en kg)

Cheptel

2001

2002

2003

2004

 

Nombre

Poids (kg)

Nombre

Poids (kg)

Nombre

Poids (kg)

Nombre

Poids (kg)

Bovin

1 078

108 550

1 194

103 623

1 347

126 987

1 339

132 315

Ovin

627

11 483

579

9 309

495

7 805

425

6 573

Caprin

1 414

25 669

1 962

27 603

1 860

28 138

1 572

27 080

Total

 

145 702

 

140 535

 

162 930

 

165 968

Source : Service de la Réglementation et du Contrôle _ Banamba, 2005

Pour les quatre dernières années, la production totale de viande est de 615 135 kg, repartie comme suit :

Bovins  : 417 475 kg soit 76,65 %

Ovins  : 35 170 kg soit 5,72 %

Caprins  : 108 490 kg soit 17,64 %

Cette production assure une disponibilité de 6 kg/hbt/an.

Les quantités de lait produites au niveau de la commune sont difficiles à connaître. Selon les données recueillies au niveau du SLACAER, la production de lait en 2003 est estimée à 1 620 000 litres pour les vaches.

La production de viande de volaille est assurée essentiellement par l'élevage traditionnel (poulet et pintade), celle des oeufs par les pintades (saison pluvieuse). Ces productions à cycle court sont essentielles pour la sécurité alimentaire. Elles permettent en effet d'améliorer les revenus et les régimes alimentaires des populations.

7.2.1.5 Disponibilité en productions maraîchères :

Les produits maraîchers ont fait l'objet de campagne de diffusion, notamment dans les stratégies de lutte contre l'insécurité alimentaire et d'amélioration de la nutrition. Périmètres maraîchers, mares aménagées et puits à grands diamètres ont constitué les principaux supports de ces productions. Les productions estimées pour la campagne 2003 - 2004 pour l'ensemble du cercle sont les suivantes :

Tomates : 247 t

Piment : 56 t

Aubergine : 48 t

Gombo  : 737 t

Pastèque  : 840 t

Courge  : 75 t

Melon  : 2 t

Concombre  : 13 t

7.2.1.6 Disponibilité en produits de cueillette :

Les aliments tirés de la cueillette constituent une part importante de l'alimentation des ménages. Dans de nombreux villages, la contribution des produits forestiers à l'alimentation est essentielle pour la sécurité alimentaire, car ils fournissent des apports alimentaires importants qui ne sont pas convenablement assurés par la production agricole classique.

Le parc à karité est bien développé sur le glacis d'épandage. La fructification est variable selon les années. La production est destinée essentiellement à l'autoconsommation. La production de mangues bien qu'abondante, ne bénéficie d'aucun suivi. Ces produits contribuent en grande partie à réduire ou même éviter les carences alimentaires et la monotonie des régimes habituels en recourant à cette "récolte cachée"17(*).

7.2.1.7 Disponibilité en produits ligneux

Dans le continent africain, la consommation de bois de feu est la plus élevée au monde (0,89 m3 par habitant et par an)18(*). Les arbres sont la principale source d'énergie des ménages de la commune. Selon les estimations des Services de Conservation de la Nature de Banamba, les forêts et les arbres fournissent 554 431 mètres cubes de combustible ligneux qui sert, pour l'essentiel, à cuisiner, et contribue ainsi à la sécurité alimentaire et à la nutrition des ménages. Ils sont vitaux pour la nutrition et la prévention des maladies, car la cuisson est indispensable pour rendre de nombreux aliments digestibles, pour tuer des micro-organismes pathogènes et pour éliminer les parasites. Toutefois, les prélèvements abusifs peuvent entraîner un grave déboisement, une perte de biodiversité et une diminution des possibilités alimentaires offertes par la végétation naturelle et l'agriculture.

En plus de leur dimension énergétique, les arbres constituent la principale source de revenu des populations de la commune à travers la vente de bois - énergie (bois de chauffe et charbon de bois). Les produits ligneux contribuent également aux moyens d'existence en fournissant des matériaux de construction, des produits pour la pharmacopée, la matière première pour l'artisanat (vannerie,), des structures de stockage, des outils agricoles. Ils fournissent des intrants pour les systèmes agricoles, comme le fourrage et le paillis, contribuent aux cycles des éléments nutritifs des sols, aident à conserver la terre et l'eau et offrent un abri et de l'ombre pour les cultures et les animaux.

7.2.2 Stabilité :

La stabilité suppose de réduire au minimum le risque que, pendant les années ou les saisons difficiles, la consommation alimentaire puisse tomber en dessous du seuil de consommation requis.

Elle repose sur les possibilités d'approvisionner régulièrement les consommateurs en produits suffisants quantitativement et qualitativement, ce qui implique l'accroissement continu et la diversification des productions, le désenclavement des zones de production et le développement des marchés. Le risque majeur qui pèse sur la production et par conséquent sur la stabilité d'approvisionnement est le risque climatique. Dans la commune de Banamba, la production céréalière est destinée essentiellement à la consommation (figure 2). Elle couvre rarement toute l'année, installant les populations dans une situation critique où les greniers sont vides à certaines périodes de l'année. Pour la campagne 2003 - 2004 qui a été une année déficitaire, cette situation a duré souvent toute l'année (figure 3).

Figure 3 : Destination de la production céréalière

 

Cette production couvre en moyenne cinq mois. Pour une grande majorité de la population (78 %), la production agricole est épuisée au bout de 5 mois (Figure 4).

Figure 4 : Nombre de mois d'autonomie céréalière des ménages enquêtés

 

Pour compléter la production céréalière, les populations s'investissent beaucoup dans des activités agricoles secondaires et des activités non agricoles (Figure 5). La pratique de ces activités secondaires n'est pas exclusive. Les ménages pratiquent tantôt une seule de ces activités, tantôt plus d'une à la fois.

Figure 5 : Activités secondaires des ménages

 

Les activités secondaires constituent les principales sources de revenu monétaire des ménages de la commune. En effet, en l'absence d'autres possibilités d'emploi, les ruraux pauvres produisent, transforment, et vendent souvent les produits forestiers (fabrication de paillassons et de paniers et vente de bois de feu), généralement comme gain d'appoint. Au compte de l'année 2004, les revenus des ménages sont situés entre 35 000 FCFA et 100 000 FCFA (figure 6).

Figure 6 : Revenu issu des activités productrices

 

Les perspectives du développement du revenu agricole que doit engendrer la diversification des activités, sont limitées à court terme par la faiblesse de la production agricole, l'étroitesse du marché, la faiblesse du pouvoir d'achat, l'absence d'unités de transformation et le manque de structures de suivi de la qualité des produits forestiers (mangues, amandes de karité). Les revenus générés sont entièrement investis dans l'alimentation, la santé, l'éducation, le logement, la main d'oeuvre pour la préparation des terres de cultures (figure 7).

Figure 7 : Destination du revenu des ménages

 

La composante marchande des activités secondaires s'accroît, mais ces dernières n'ont pas atteint un niveau garantissant la stabilité d'approvisionnement toute l'année et dans toute la commune. Cette situation est aggravée par le faible développement des techniques de transformation/conservation.

7.2.3 Accessibilité

La notion d'accessibilité vise à attirer l'attention sur le fait que, même en cas de disponibilités abondantes, de nombreuses personnes connaissent encore la faim parce qu'elles sont soit trop pauvres pour produire ou acheter la nourriture dont elles ont besoin, soit les zones où elles se trouvent sont difficiles d'accès. Dans la commune de Banamba, en dépit de la disponibilité des bases productives, l'accessibilité aux produits de consommation se pose en termes de fluctuation des prix des produits et du pouvoir d'achat. La baisse des prix des produits céréaliers notamment le mil et le sorgho juste après les récoltes est suivie pendant les périodes de soudure (mois de juin à octobre), d'une hausse perceptible des prix des mêmes produits en raison de la baisse des stocks (Figure 8). Les populations achètent les produits souvent au double du prix auquel elles les ont vendus.

Figure 8 : Comparaison des prix de certains produits à la vente et à l'achat

 

Fondamentalement le bas niveau des revenus des populations limite leur capacité de consommer les denrées nécessaires pour couvrir leurs besoins de 2 450 kcal par jour et les besoins en protéines, oligo-éléments et vitamines. Ainsi, en dehors des céréales, les légumineuses, les produits maraîchers et même les aliments d'origine animale ne sont pas utilisés suffisamment pour améliorer la ration des populations.

7.2.4 Utilisation biologique des aliments

L'état physique des enfants malnutris souligne l'importance de ce déterminant. Les aliments consommés ne peuvent donner les résultats que si le consommateur est en bonne santé et si la ration respecte l'équilibre optimal des différents nutriments destinés à satisfaire les besoins biologiques d'entretien, de croissance et de production. Or le niveau de connaissance et d'information des populations ne leur permet pas toujours de tirer le meilleur profit des aliments disponibles.

7.2.4.1 Consommation alimentaire

La quantité moyenne de céréales consommées par an et par personne pour les quatre dernières années pour l'ensemble de la commune est de 155 kg et représente 86 % de la ration alimentaire. La consommation est inférieure à la moyenne nationale (202 kg).

La consommation énergétique moyenne journalière au niveau national est de 2254 kcal/personne (EBC 1989) dont 82 % sont assurés par les glucides, 5 % par les lipides et 13 % par les protides. On note que la ration alimentaire moyenne du consommateur malien est déséquilibrée par rapport aux normes recommandées qui sont constituées à 55 à 60 % de glucides ; 20 à 25 % de lipides et 12 à 15 % de protéines. En prenant cette norme, la consommation énergétique moyenne journalière au niveau de la commune de Banamba serait de 1730 kcal/personne. Cette consommation énergétique (1730 kcal) comparée à la norme de 2450 kcal recommandée par l'OMS et la FAO, indique un taux de couverture d'environ 70%.

7.2.4.2 Situation nutritionnelle

La situation nutritionnelle est caractérisée par des niveaux élevés de malnutrition protéino- énergétique, de carence en vitamine A, fer et iode19(*). Le taux de malnutrition des enfants fournit une excellente mesure de la privation dans le temps et dans l'espace et représente un excellent indicateur de pauvreté. L'Enquête Démographique et de Santé du Mali (EDSM), réalisée en 1995-96 sur 4678 enfants de moins de 3 ans a montré une prévalence élevée de la malnutrition :

« 30% de ces enfants accusent un retard de croissance ;

« 23% sont émaciés ;

« 40% des enfants présentent une insuffisance pondérale.

Au Mali, il n'y a pas d'enquêtes représentatives au niveau national pour estimer l'ampleur du problème des carences nutritionnelles en vitamines et en oligo-éléments. La carence en fer demeure l'un des troubles nutritionnels les plus importants en terme de prévalence et de distribution géographique. Sa situation apparaît totalement méconnue. L'EDSM 1995-96 a trouvé que seulement 1,6 % des enfants de moins de 3 ans ont reçu au moins une dose de vitamine A d'après les cartes de vaccinations pour l'enfant, 7,9 % selon les déclarations de la mère et au total 9,5 % selon les deux sources.

La brève description de l'état de la sécurité alimentaire dans la commune de Banamba qui vient d'être faite indique clairement les rôles multiples des ressources naturelles dans sa réalisation. Ces multiples avantages que procurent les ressources naturelles aux populations de la commune ont malheureusement un coût. Dans une perspective de sécurité alimentaire, lorsque l'on mesure les conséquences de la dégradation des ressources naturelles, il est important de considérer le rapport entre la valeur obtenue et les coûts supportés20(*).

7.3 Impact de l'état actuel de la sécurité alimentaire sur les ressources naturelles renouvelables de la commune

Il ressort d'une analyse des tendances récentes de la dégradation des sols que près de 25 % des sols dégradés du monde entier se trouvent en Afrique. Près de 15 % de la dégradation est causée par la déforestation et la surexploitation des forêts, et près de 25 % par une érosion liée aux activités agro - pastorales de l'homme21(*). Les principales activités liées à l'agriculture et à l'élevage sont :

- la pratique incontrôlée des feux pour la préparation des sols de culture. Les feux de brousse détruisent le couvert végétal qui protège les sols, les exposant ainsi à des phénomènes d'érosion hydrique et/ou éolienne ;

- la réduction des temps de repos (jachère) des sols cultivés, les défrichements, le manque de fertilisation organique et minérale. Les pressions économiques conduisent à une surexploitation des terres, et généralement, les populations les plus démunies sont également les plus durement affectées. Parce que la pauvreté oblige les populations dont la subsistance dépend de la terre à surexploiter celle-ci pour s'alimenter, se loger et disposer de sources d'énergie et de revenus ;

- le surpâturage qui est souvent sélectif. En effet, le mode de pâture continu adopté par les populations empêche les graminées d'accomplir leur cycle22(*).

7.3.1 Impacts sur les ressources en terre

Dans la commune de Banamba, les ressources en terres cultivables sont évaluées à 48 436 ha soit 87,49 % de la surface totale avec des sols à potentiel de production peu variable. Les terres à pâturage occupent le reste de l'espace. L'utilisation du sol est axée principalement sur la production agricole. Les superficies cultivées (culture + jachère) sont passées de 16 114 ha en 1986 à 25 720 ha en 2000 pour atteindre 30 264 ha en 2005. Sur près de 20 ans les superficies cultivées sont passées à peu près du simple au double avec une progression de 87,81 % (figure 9).

Au cours des cinq dernières années (2000 - 2004) les superficies cultivées ont augmenté de 17,67 %. Par contre la production n'a pas connu la même progression. Elle a même diminué de près de moitié (46 %)

Figure 9 : Evolution de la production et des superficies cultivées

 

Ainsi, malgré l'augmentation des superficies cultivées, la production agricole connaît une baisse tendancielle depuis 2002. La faible productivité agricole, jointe aux fluctuations des rendements dues à l'insuffisance et à l'irrégularité des précipitations est synonyme de famine et de pauvreté. Pour trouver d'autres moyens de subsistance mais surtout des revenus, les populations sollicitent de plus en plus les ressources en sol et les forêts. Les principales sollicitations sont l'extension de champs de culture, l'approvisionnement en bois (fourniture de combustibles ligneux, charbon de bois), bois d'oeuvre et de service et le surpâturage. Les activités de production agro - sylvo - pastorales utilisent 88,57% de la superficie totale de la commune (Tableau 13). Ce taux d'exploitation illustre bien les pressions qu'exerce l'homme sur les ressources naturelles.

Tableau 13: Utilisation de l'espace rural

Superficie totale km2 (ST)

553,59

Population totale

23 933

Densité de la population (hbt/km2)

43

Cheptel (UBT)23(*)

5 592,6

Nombre UBT km2

35,20

Bovins

5 494

Ovins/caprins

12 832

Asins

1 159

1 Superficies cultivables (ha)

48 436

2 Ratio superficie cultivable sur superficie totale (%)

87,49

3 Surface cultivée en 2004-2005 (ha)

30 264

- Proportion des surfaces cultivées (%)

54,66

Mil - sorgho

55,96

Maïs

0,45

Riz

0,13

Fonio

1,12

Arachide

40,07

Niébé

1,00

Sésame

0,85

Vouendzou

0,17

Hibiscus

0,23

- Superficie moyenne cultivée /hbt- (ha)

0,79

4 Surface de bois nécessaire (ha)24(*)

4 786,6

5 Surface nécessaire pour bétail (ha)25(*)

13 981,5

6 Surface Totale (T) = 3+4+5 (km2)

490,32

7 Taux d'exploitation T/ST (%)

88,57

Source: SLACER, 2005.

7.3.2 Impacts sur les ressources végétales

Pour les populations démunies, un effet manifeste de la dégradation des ressources végétales, pourra être la diminution de la biomasse produite, c'est-à-dire l'affaiblissement de la capacité future de la forêt de produire du bois, du fourrage, des fruits, des plantes médicinales, et autres.

Les produits de la forêt, notamment les produits alimentaires et les articles ménagers, et le revenu qui en est tiré, peuvent contribuer d'une façon assez importante à la sécurité alimentaire des communautés locales du monde en développement, qui sont souvent en situation d'insécurité alimentaire.

Par ailleurs, les produits de la forêt jouent également un grand rôle dans la sécurité alimentaire en tant que produits "tampons", contribuant à couvrir les besoins de consommation pendant les pénuries alimentaires périodiques (Arnold et Townson, 1998 ; FAO, 1990)26(*). Même s'ils ne contribuent qu'en faible partie à la consommation alimentaire totale et à la production de revenus, leur absence en période de crise peut accroître considérablement le risque de pénurie alimentaire. La perte de cette récolte cachée pour les ménages en situation d'insécurité alimentaire peut avoir, à son tour, des effets négatifs du fait de son impact sur les stratégies d'investissement au niveau des ressources agricoles et naturelles. Il a été démontré que le risque d'insécurité alimentaire engendre des modèles d'investissement à faible risque et à faible rentabilité (Holden et Binswanger, 1998)27(*).

La dégradation des forêts influe également sur la sécurité alimentaire par le biais de son incidence sur les approvisionnements en bois de feu, une source importante de revenus pour bon nombre de ménages pauvres. En ce qui concerne l'exploitation du bois et des autres produits forestiers, les prélèvements échappent au contrôle des autorités locales. Toutefois, l'analyse de la carte de la végétation PIRL (carte 4) comparée à celle élaborée à partir de l'image Landsat 2000 (carte 5), a permis de mesurer l'évolution des formations végétales de la commune. La superficie totale des formations végétales est passée de 39 245 ha en 1986 à 30 101 ha en 2000 soit un taux de régression de 23,30%. Les superficies des formations végétales ont connu des taux de régression allant de 5% à 67%. La figure 10 donne l'évolution des formations végétales de la commune entre 1986 et 2000.

La diminution de l'approvisionnement énergétique se répercute sur la préparation des aliments, dont la valeur nutritionnelle peut s'en trouver réduite et avec des risques accrus d'intoxications alimentaires. Dans bien nombre de ménages, les femmes sont responsables du ramassage du bois de feu et le fait de devoir consacrer plus de temps à la collecte de ressources raréfiées peut les empêcher de participer aux travaux ménagers et agricoles, et compromettre ainsi la sécurité alimentaire des familles.

D'autres bienfaits de la forêt pour les utilisateurs locaux, outre la production de biomasse, sont la régulation des processus de solifluxion et d'écoulement de l'eau, l'ombrage et la protection contre le vent. La dégradation des forêts, qui se traduit par une diminution du couvert végétal, expose le sol aux précipitations et peut en accélérer l'érosion (Bruijnzeel, 1990; Chomitz et Kumari, 1996)28(*). La perte de la couche arable riche en éléments nutritifs peut entraîner un fléchissement notable de la productivité agricole (Tengberg, Stocking et Dechen, 1998)29(*).

Les écosystèmes forestiers fournissent deux importants services à la communauté mondiale, à savoir le piégeage et le stockage du carbone, et la conservation de la biodiversité grâce aux habitats qu'ils offrent à une grande variété d'espèces végétales et animales. Le changement du climat mondial est lié à l'augmentation du niveau des gaz à effet de serre (du gaz carbonique, notamment) dans l'atmosphère. Les écosystèmes forestiers, y compris les éléments de surface et souterrains, constituent d'importants puits de carbone, capté dans l'atmosphère; ils jouent donc un rôle important dans l'atténuation du changement climatique. Les effets potentiels de ce changement sont encore mal connus, mais la variabilité du climat et l'augmentation des températures auront probablement des répercussions plus graves sur la sécurité alimentaire dans les régions les plus pauvres de la planète (FAO, 2000; Zilberman et Sunding, 1999)30(*). Toutefois, les coûts d'adaptation face aux changements liés au réchauffement du globe pourraient être lourds dans le monde entier (Zilberman et Sunding, 1999)31(*).

Selon la FAO, les forêts constituent, à l'échelle de la planète, l'habitat terrestre qui accueille la plus grande diversité d'espèces. Les ressources génétiques forestières procurent la matière première nécessaire pour l'amélioration des cultures vivrières et de rente, du cheptel et des produits médicaux. La diversité génétique des espèces végétales et animales peut être un avantage pour les producteurs, notamment dans les zones de production marginales, auxquels elle fournit une assurance contre les risques de production. De plus, la conservation des ressources génétiques pourrait avoir des retombées futures encore inconnues aujourd'hui, en termes par exemple de nouveaux traitements médicaux ou de résistance à des maladies nouvelles. La plupart de ces pertes, comme l'extinction d'espèces, sont souvent irréversibles.

Figure 10 : Evolution des formations végétales (ha) (1986 - 2000)

 

Toutes les formations végétales ont subi la dégradation. Elle est plus accentuée dans la partie sud de la commune qui regroupe un peu plus de la moitié (68 %) des villages de la commune à une distance de moins de 10 km du chef lieu de commune. Cette partie connaît, cependant une forte concentration de personnes avec plus des ¾ de la population de la commune. Cela dénote bien des effets de la pression démographique sur les ressources naturelles. Des formations comme les savanes vergers, les formations buissonneuses et les steppes arbustives ont diminué respectivement de 49 %, 45 % et 30 % entre 1986 et 2000.

La dégradation des formations végétales apparaît clairement sur la deuxième carte ci - dessous (cartes 4 et 5). A gauche une carte de 1986 et à droite une carte de 2000. Les plages blanches (cultures + jachère) ont considérablement augmenté contrairement aux autres plages en couleur qui ont diminué ou même disparu.

Cartes 4 et 5 : Evolution des formations végétales de la commune de Banamba

 
 

Cette situation est d'autant plus grave qu'elle se concrétise dans la réalité par la surexploitation des ressources ligneuses pour la production de bois - énergie, de bois d'oeuvre et de bois de service et des ressources herbeuses pour le pâturage. Les essences les plus prisées sont Combretum micranthum, Bombax costatum, Anogeissus leïocarpus, Parkia biglobosa, Andansonia digitata, Sclerocarya birrea, Acacia nilotica, Piliostigma reticulatum, Diospyros mespiliformis.

Au vue de ce qui a été développé ci - dessus, le mode d'utilisation actuelle des bases productives (sol et végétation) est l'une des principales causes de l'insécurité alimentaire que connaît la commune rurale de Banamba. En effet, la surexploitation n'envisage pas le renouvellement. Elle aboutit à un épuisement entraînant toujours un déplacement de la zone d'exploitation. Les défrichements de champs suivis de feux de brousse modifient profondément l'écosystème. L'abandon des terres s'accompagne du développement d'un revêtement forestier. Les nombreux faciès de savane arbustive et de savane verger liés à la présence d'anciennes jachères attestent que cette reconstitution ne crée pas le paysage originel. Ces modifications conduisent donc à transformer l'écosystème sans qu'il soit présumé qu'il pourra retrouver un nouvel équilibre ou même un capital potentiel de ressource identique.

On ignore l'étendue réelle des effets du recul ou de la détérioration des forêts tropicales, non seulement pour l'humanité mais aussi pour d'autres formes de vie. Ce que l'on sait en revanche, c'est que la dégradation des ressources naturelles renouvelables peut causer un affaiblissement de la capacité des communautés tributaires de ces ressources à en tirer des revenus et de la nourriture, favoriser l'érosion du sol, la disparition de certaines espèces et la perte de diversité génétique, de même que l'accroissement des émissions de carbone qui contribuent au réchauffement de la planète32(*).

Il faut considérer que parallèlement à ces pertes, le déboisement et l'exploitation des produits forestiers constituent également une source de profits, grâce à la production agricole et animale de subsistance ou de rente, à la vente de bois - énergie (bois de chauffe et charbon de bois) et autres produits ligneux, aux produits forestiers destinés à la consommation alimentaire (Figure 6). A cet égard, il est important de déterminer de quelle façon les populations présentant des risques d'insécurité alimentaire sont affectées par ce transfert. Cela permettra d'effectuer des choix plus éclairés quant aux compromis inhérents à la gestion des ressources naturelles.

8. Quel type de gestion des RNR pour garantir la SA dans les collectivités décentralisées du Mali ?

8.1 Aperçu sur le Cadre institutionnel de la gestion de la sécurité alimentaire au Mali

Dans le diagnostic de la situation nationale en matière de population et ressources naturelles, l'accent est mis de façon invariable sur la pression qu'exerce la population sur les ressources naturelles renouvelables, notamment sur les terres et le potentiel ligneux. La population y est considérée sous l'angle de la taille, du taux de croissance, de la répartition, des migrations et de l'urbanisation.

Ainsi, afin de résoudre les nombreux problèmes environnementaux, le Mali a élaboré  et adopté un certain nombre de stratégies et de politiques notamment la politique nationale de population, la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté (1998), le Plan National d'action Environnementale (1998) (PNAE).

En adoptant en mars 2002 le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), le Gouvernement du Mali exprime sa volonté d'engager une action de développement plus intense, plus organisée, plus consensuelle et plus efficace qui soit capable de réduire la pauvreté de façon durable. Le CSLP devient le cadre unique de ses politiques et stratégies à moyen terme et le principal document de négociation avec l'ensemble des partenaires techniques et financiers.

Le CSLP est donc le point d'ancrage désigné et le cadre politique de support idéal pour la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire.

L'élaboration d'une Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire à l'horizon 2015 et d'un programme de sécurité alimentaire durable dans une perspective de lutte contre la pauvreté au Mali, découle des décisions prises par la conférence au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays du CILSS ténue en novembre 2000 à Bamako, suite au deuxième forum des Sociétés sahéliennes. La déclaration finale de Bamako a "adopté le cadre stratégique de sécurité alimentaire dans une perspective de lutte contre la pauvreté au Sahel, de manière à assurer les conditions d'une sécurité alimentaire durable, structurelle et régionalement intégrée et à renforcer la prévention et la gestion des crises alimentaires". La déclaration engage les Etats sahéliens à inscrire la priorité de la sécurité alimentaire durable pour tous les sahéliens au coeur de leur stratégie de développement économique et social et de leurs arbitrages budgétaires.

Dans la mise en oeuvre de ces priorités par les pays une place importante est accordée à la réalisation d'une véritable sécurité alimentaire aux niveaux national et sous régional, en raison de l'importance des enjeux alimentaires dans les pays et dans la sous - région.

Au regard des dimensions de la sécurité alimentaire et de son incidence sur la pauvreté des populations, la création en mai 2004 d'un Commissariat à la Sécurité alimentaire traduit la volonté politique du gouvernement de la République d'assurer la sécurité alimentaire de tous les maliens

Le Commissariat à la Sécurité Alimentaire a pour mission d'élaborer et d'assurer la mise en oeuvre de la politique nationale de sécurité alimentaire.

A ce titre, il :

- propose les stratégies, prépare et met en oeuvre, en rapport avec les départements ministériels concernés, les mesures visant à assurer une pleine couverture des besoins alimentaires du pays ;

- veille à l'analyse, à la reconstitution et à la bonne gestion du stock national de sécurité et des banques de céréales ;

- procède à l'analyse des perspectives alimentaires résultant de la campagne agricole et à l'identification des zones sinistrées ou déficitaires ;

- planifie, coordonne et contrôle les opérations de distribution de vivres dans les zones sinistrées ;

- élabore et met en oeuvre, en rapport avec les structures publiques et privées concernées, les mesures d'organisation des marchés céréaliers et de modernisation des circuits de distribution des denrées alimentaires ;

- veille à l'information des consommateurs notamment sur les prix et sur la qualité sanitaire et nutritionnelle des denrées alimentaires.

Le Commissariat à la Sécurité Alimentaire comprend des départements et des services :

- le département Production, Prévention et Gestion des crises alimentaires ;

- le Département Planification et Suivi ;

- le Département Promotion des Echanges.

A l'heure actuelle, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire n'est représenté qu'au niveau national. Toutefois, `il peut, s'il en est besoin, se faire représenter au niveau de la région ou du cercle''. Il coordonne et contrôle les opérations d'approvisionnement et de distribution de vivres dans les zones déficitaires et sinistrées''. A travers ses départements, la nouvelle législation associe la sécurité alimentaire à `'la constitution, à la reconstitution et à la bonne gestion du stock national de sécurité.''

Dans sa mission d'élaborer et d'assurer la mise en oeuvre de la politique nationale de sécurité alimentaire, le CSA s'appuie sur d'autres structures déjà existantes comme :

- Le Comité d'Orientation et de Coordination du Système de Sécurité Alimentaire (COCSSA) ;

- La Cellule d'Appui au Développement à la Base (CADB) ;

- L'Office des Produits Agricoles du Mali (OPAM) ;

- Le Système d'Information du Marché (SIM), l'Observatoire des Marchés Agricoles (OMA) ;

- Le Système d'Alerte Précoce (SAP) ;

- La Cellule de Planification et de Statistique du MDR (CPS/MDR) ;

- La Cellule de Planification et de Statistique du Ministère de la Santé.

L'option prédominante est la disponibilité alimentaire vers l'accès géographique et économique aux aliments par `'l'élaboration et la mise en oeuvre de mesures d'organisation des marchés céréaliers et autres marchés de produits agricoles et de modernisation des circuits de distribution des denrées alimentaires'' et `'la régularisation des marchés et des prix des denrées alimentaires''.

Il faut reconnaître qu'au niveau national, il existe une forte disparité régionale en matière de production céréalière, avec des régions/zones le plus souvent excédentaires (Ségou, Sikasso, Koulikoro) et des régions/zones en situation de déficit chronique par rapport aux besoins (Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti). Les situations de crise alimentaire s'expliquent surtout par le non accès des populations des régions/zones à la nourriture en raison de la défaillance du système de distribution, des prix très élevés des aliments et du manque de pouvoir d'achat33(*). Ces résultats montrent que l'accès aux aliments plutôt que leur disponibilité est important dans une analyse de la sécurité alimentaire. Le CSA, à travers ses missions, peut résorber les situations de crise alimentaire en procédant très tôt `'à l'analyse des perspectives alimentaires résultant de la campagne agricole et à l'identification des zones sinistrées ou déficitaires''.

A l'échelle des communes rurales notamment Banamba en ce qui concerne la présente étude, la situation d'insécurité alimentaire est plus complète. Les populations sont sous-alimentées en raison de l'indisponibilité physique de vivres, de l'instabilité des productions, de leur manque d'accès économique aux vivres et de l'utilisation inadéquate des aliments. Les niveaux de faible productivité et la dégradation de l'état des ressources naturelles renouvelables constituent les principales causes de la vulnérabilité des populations.

Pour lutter contre l'insécurité alimentaire, les populations continuent cependant les mêmes pratiques d'exploitation des ressources naturelles tant décriées. Cela suscite forcement des interrogations en ce qui concerne la perception des populations de la commune rurale de Banamba vis-à-vis des ressources naturelles renouvelables de leur terroir.

8.2 Perception des populations de la commune de Banamba vis-à-vis des RNR de leur terroir

Les textes issus de la colonisation et repris à l'indépendance considèrent que la terre et les autres ressources naturelles appartiennent à l'Etat. Mais le droit d'usage et de jouissance est accordé aux exploitants. Dans la pratique, l'Etat n'a jamais eu les moyens de véritablement gérer les ressources naturelles. De fait, la gestion de celles - ci incombe aux communautés paysannes qui revendiquent le droit de premier occupant. La mission de médiation et d'arbitrage des litiges est la plupart du temps reconnue dans les textes, comme étant une des fonctions des autorités locales issues généralement des chefferies traditionnelles et reconnue comme relais de l'administration.

Par ailleurs, la faiblesse de l'Etat et la corruption des agents chargés de faire respecter les règles édictées par l'Etat ont très souvent conduit à «délégitimer » les réglementations produites au niveau national (codes forestiers, aires protégées).

A l'opposé, une des spécificités des ressources naturelles est liée au fait que les usages et pratiques (agricoles et forestières) fondent un droit d'usage prioritaire. Le travail agricole notamment marque profondément le milieu naturel et justifie une appropriation des fruits de ce travail. Mais, comme le souligne Bernard Bonnet34(*), il ne s'agit pas d'un droit d'usage exclusif de type privé de la terre ; il est assorti d'un devoir de vivification, destiné à donner la vie et à transmettre cette vie de la ressource aux descendants de la communauté. Dans cette logique, il n'est pas étonnant qu'une grande majorité (83 à 84%) des ménages enquêtés dans la commune rurale de Banamba, pense que les ressources naturelles appartiennent aux communautés à travers les chefferies traditionnelles seules habilitées à les distribuer (Figure 11).

Figure 11 : Perception sur l'appartenance des RN

 

Actuellement, plusieurs facteurs se combinent pour plonger ces sociétés dans une crise agraire sans précédent. En premier lieu c'est la croissance démographique et la saturation foncière à laquelle elle conduit qui sont en cause. Elles provoquent une course au foncier accélérant la dégradation du milieu naturel, un exode vers les zones de front pionnier et vers les villes. Elles sont enfin aussi facteur de déstructuration sociale : remise en question des autorités foncières, fragilisation des liens sociaux. Toujours selon Bernard Bonnet35(*), la déstructuration sociale fait que les centres de décision, de régulation, d'arbitrage des usages communautaires ne fonctionnent plus, ouvrant la porte au droit du plus fort en l'absence de structures capables de défendre des intérêts communs.

Du coup il y a une fuite de responsabilité en ce qui concerne l'amélioration des RN. En effet, quand bien même les communautés revendiquent le droit de propriété des RN, elles n'assument pas l'exclusive responsabilité en ce qui concerne l'amélioration de l'état des RN. Pour elles, l'amélioration de l'état des RN est avant tout une responsabilité commune (Figure 12), et dans une moindre mesure, une responsabilité de l'Etat et des autres partenaires au développement (ONG, notamment).

Figure 12 : Acteur devant améliorer les RNR

 

Pourtant, actuellement face au désengagement de l'Etat en ce qui concerne la gestion des RN, du moins au niveau rural, les populations participent aussi bien physiquement que financièrement à l'amélioration de l'état des RN notamment dans la préparation des terres de cultures (main d'oeuvre) et l'alimentation du bétail qui est le principal producteur d'engrais. Cette participation, il est vrai reste insuffisante. Plusieurs raisons expliquent cette insuffisance dans la participation des communautés à l'amélioration de l'état des RN. Comme souligné plus haut, l'insécurité alimentaire peut être un facteur limitant de la participation communautaire dans l'amélioration de l'état des RN. En effet, elle réduit les investissements au niveau des ressources agricoles et naturelles au profit des dépenses alimentaires (achat de céréales et autres produits alimentaires).

En 2004, 69% des revenus monétaires ont été utilisés pour satisfaire les besoins alimentaires. Les 30% restant ont été investis dans la santé (10%), l'éducation (4%), le logement (2%) et dans d'autres domaines (15) comme les cas sociaux36(*), les voyages, l'élevage et la main d'oeuvre agricole. (Figure 7)

Une autre raison qui explique la faible participation des populations à l'amélioration de l'état des RN est que la prise de conscience de l'absolue nécessité d'une utilisation rationnelle des ressources naturelles n'est pas encore suffisamment répandue pour plusieurs raisons :

- existence d'espaces non cultivés qui donne l'illusion d'une marge de manoeuvre ;

- les soucis du court terme (principalement avoir à manger) sont plus préoccupants. Le long terme ne s'inscrit pas forcement dans les valeurs culturelles.

La dégradation des ressources naturelles est perçue beaucoup plus comme une conséquence d'une conjugaison de deux principaux facteurs (déficit pluviométrique et pauvreté), d'une calamité naturelle (déficit pluviométrique) (Figure 13). L'homme est cité comme facteur de dégradation par moins de 3 % parce qu'il contrôle peu les ressources naturelles, ou qu'il les surexploite. Dans le premier cas, l'Etat est jugé responsable et dans le deuxième cas, ce sont les populations qui sont responsables.

Figure 13 : Perception sur les facteurs de dégradation

 

A cet égard, face à l'envergure des facteurs de dégradation, les populations manifestent un esprit fataliste. Elles ont le sentiment de lutter contre plus fort qu'eux, donc de s'engager dans une lutte perdue d'avance. L'ampleur des problèmes dépasse la capacité d'intervention réelle des communautés villageoises, d'où leur attitude favorable à des actions communes allant dans le sens de l'amélioration des ressources naturelles (Figure 12).

L'insécurité alimentaire telle que vécue par les populations de la commune, n'est pas conjoncturelle. Elle est plutôt structurelle. Les systèmes de production des ressources naturelles sont en déphasage avec les réalités socio-économiques actuelles notamment l'accroissement démographique galopant, l'accroissement des besoins alimentaires et non alimentaires. Dans ces conditions, pour assurer la sécurité alimentaire, il est capital d'adopter d'autres stratégies d'exploitation portant sur la restauration/fertilisation des terres de culture en vue d'augmenter la production agricole et de développer des programmes d'activités rémunératrices en vue d'augmenter le pouvoir d'achat des populations. A cet effet, un aperçu sur la législation relative à la gestion des ressources naturelles aidera certainement à mieux affronter les préoccupations de l'heure dans la commune rurale de Banamba.

8.3 Aperçu sur la législation relative à la protection et à la gestion des RN au Mali

La législation malienne en ce qui concerne les questions relatives à la protection et à la gestion des ressources naturelles comporte trois générations :

La 1ère génération de législation est celle du Mali indépendant. Elle traite essentiellement de la protection des ressources naturelles et se compose des textes suivants :

- loi N° 63 - 7 AN - RM du 11 janvier 1963 relative à la pèche ;

- loi N° 68 - 8 AN - RM du 17 février 1968 portant code forestier ;

- ordonnance N° 60 CMLN du 11 novembre 1969 portant code de chasse.

La 2ème génération des textes date des années 1986. Elle a été motivée par une véritable prise de conscience du phénomène de désertification suite aux sécheresses désastreuses de 1973 et 1984 et des effets induits sur les ressources naturelles, mais aussi des conséquences de l'action de l'homme sur l'environnement naturel. Elle traite notamment du renforcement de la protection des ressources naturelles contre l`exploitation et les feux de brousse et de la restauration du couvert végétal par des activités de reboisement et des activités piscicoles. Elle est régie par les textes suivants :

- loi N° 86 - 42 / AN - RM du 24 mars 1986 portant code forestier ;

- loi N° 86 - 42 / AN - RM du 24 mars 1986 portant code de la chasse et de conservation de la faune et de son habitat ;

- loi N° 86 - 46 / AN - AM du 21 mars 1986 rendant obligatoire l'installation et l'utilisation d'un foyer amélioré et fixant le taux d'une taxe de défrichement ;

- loi N° 86 - 66 / AN - RM du 26 juillet 1986 portant code du feu.

La 3ème génération des textes date de 1991 qui constitue un véritable tournant dans l'histoire malienne. Au plan interne elle est marquée par de nombreux changements parmi lesquels on peut relever :

§ l'avènement du processus de démocratisation et d'état de droit que caractérisent la montée en 1990 et l'exacerbation en 1991 des mouvements sociaux sous l'émergence de nouvelles organisations politiques et d'une nouvelle presse indépendante ;

§ le renforcement du processus de démocratisation par la proclamation de la Troisième République en1992, et la mise en place des institutions de la République ;

§ la mobilisation du soutien des partenaires à la restauration des conditions de sécurité et de paix favorisant un développement socio- économique harmonieux ;

§ l'engagement des autorités dans un processus volontariste effectif de décentralisation devant permettre une meilleure gouvernance, et lutter efficacement contre la pauvreté.

En ce qui concerne la législation relative aux questions environnementales, la capitalisation des expériences dans l'application des textes de 1986, la prise en compte des griefs du monde rural contre l'Etat et ses méthodes de gestion, l'intégration des réflexions menées depuis la fin des années 80 et surtout la démocratisation ont permis de développer d'autres approches. Elles sont de plus en plus participatives et intègrent les notions de management, de gestion, d'aménagement et de responsabilisation des populations. Elle est régit par les textes suivants :

- loi N° 95 - 03 / AN - RM du 18 janvier 1995 portant organisation de l'exploitation, du transport et du commerce du bois en République du Mali.

- loi N° 95 - 04 / AN - RM du 18 janvier 1995 fixant les conditions de gestion des ressources forestières en République du Mali.

- loi N° 95 - 031 / AN - RM du 20 mars 1995 fixant les conditions de gestion de la faune en République du Mali ;

- loi N° 95 - 032 / AN - RM du 20 mars 1995 fixant les conditions de gestion de la pêche et de la pisciculture au Mali.

Depuis l'avènement de la décentralisation, de nouvelles dispositions réglementaires ont été arrêtées en ce qui concerne les domaines des ressources naturelles propres aux collectivités territoriales. Il s'agit de :

- loi N° 95 - 034 / AN - RM du 12 avril 1995 portant code des collectivités territoriales au Mali ;

- loi N° 96 - 050 / AN - RM du 16 octobre 1995 portant principes de constitution et de gestion du domaine des collectivités territoriales au Mali.

La législation sur la décentralisation traite des ressources naturelles notamment la loi N° 96 - 050 / AN - RM du 16 octobre 1996 portant principes de constitution et de gestion du domaine des collectivités territoriales au Mali. La législation institue un domaine propre aux collectivités territoriales, domaine composé d'un domaine public et d'un domaine privé selon l'article 1 de la même loi. Les articles 6, 7, 8 et 9 de cette même loi définissent le domaine des collectivités territoriales. Ainsi, le domaine d'une collectivité territoriale est constitué d'un domaine public et d'un domaine privé.

Le domaine public est constitué :

- d'un domaine public naturel (DPN) qui comprend :

* les cours d'eau ;

* les mares, lacs et étangs ;

* les nappes d'eau souterraines ;

* Les périmètres de protection ;

* Les sites naturels déclarés domaine public par la loi.

- d'un domaine public artificiel (DPA) qui comprend :

* les aménagements et ouvrages réalisés pour des raisons d'intérêt régional, de cercle ou de commune ainsi que les terrains qui les supportent, déterminés par la loi ou ayant fait l'objet d'une procédure de classement.

Le domaine privé immobilier des collectivités territoriales comprend :

* Les terres immatriculés du domaine privé de l'Etat cédés par celui - ci à titre onéreux ou gratuit ;

* Les terres non immatriculées situées dans les limites des collectivités territoriales affectées ou cédées par l'Etat ;

* Les biens immobiles acquis à titre onéreux ou gratuits ;

Remarque :

En ce qui concerne les éléments du DPN, les collectivités n'en obtiennent que la conservation et la gestion sur transfert de l'Etat (article 7) et en la matière aucun transfert ne semble encore intervenu.

En ce qui concerne le DPA, les éléments doivent être déterminés par la loi ou faire l'objet d'un classement, et qu'en la matière aucune loi n'est encore intervenue et aucune procédure de classement n'est encore faite du moins en ce qui concerne les collectivités rurales.

En ce qui concerne les éléments du domaine privé, les terres pour être cédées aux collectivités territoriales doivent être immatriculées. Les terres non immatriculées peuvent être affectées ou cédées aux collectivités territoriales à la condition qu'elles soient situées dans les limites desdites collectivités. Dans la pratique aucune limite des collectivités territoriales n'ayant été encore officiellement indiquée, ces terres du domaine des collectivités restent encore juridiquement fictives.

Le processus de décentralisation étant encore à un stade de démarrage, le domaine des collectivités territoriales n'est pas encore juridiquement délimité (au plan territorial). Toutefois leurs activités s'exercent sur le territoire des anciennes régions administratives.

Le domaine de la collectivité territoriale a en ce moment un caractère conventionnel et pratique. L'article 10 de loi N° 96 - 050 / AN - RM du 16 octobre 1996 stipule que les CT en disposent conformément à la loi.

L'article 11 de la même loi leur confie la responsabilité de la gestion, de l'aménagement, de la conservation et de la sauvegarde de l'équilibre écologique. A cet effet, la loi prescrit aux CT l'élaboration d'un schéma d'aménagement de leur territoire qui tiendra compte du schéma national, revu périodiquement et qui définira entre autre :

* Un domaine forestier ;

* Un domaine agricole ;

* Un domaine pastoral ;

* Un domaine faunique ;

* Un domaine piscicole ;

* Un domaine minier ;

* Un domaine habitat.

La loi donne habilitation aux organes délibérants des CT pour déléguer leur pouvoir de gestion domaniale aux autorités villageoises, de fraction ou de quartier.

Les CT organisent les activités professionnelles relevant des domaines d'activités respectifs, ce en rapport avec les organisations professionnelles. Elles peuvent confier par contrat la gestion de certaines unités d'aménagement de leur domaine à des personnes physique ou morale, publique ou privée.

L'article 14 de la loi N° 95 - 034 / AN - RM confie à la commune qui les règle par délibération de son conseil les responsabilités et prérogatives en matière de :

- Protection de l'environnement ;

- Plan d'occupation et opération d'aménagement de l'espace communal ;

- Gestion domaniale et foncière ;

- Politique de création et de gestion des équipements collectifs dans les domaines de :

* Hygiène publique et assainissement ;

* Hydraulique rurale et urbaine

- Organisation des activités de production agro - sylvo - pastorales ;

- Institution des taxes rémunératrices des prestations et fixation des taux dans le cadre des bases et maxima fixés par la loi.

L'article 16 la loi N° 95 - 034 / AN - RM stipule que le conseil communal de cercle donne son avis toutes les fois qu'il est requis par la loi ou demandé par l'autorité de tutelle, et qu'il est obligatoirement consulté pour la réalisation des projets d'aménagement ou d'équipement de l'Etat ou d'autres CT sur son territoire.

Au regard de ce qui précède, ce qui caractérise donc les ressources naturelles c'est un phénomène de double superposition des droits et des usages. Il y a superposition des droits reconnus par l'Etat et ses lois d'une part, et les droits acquis par l'utilisation locale des ces ressources (cf. Figure 11).

Les textes sectoriels semblent donc - en l'état actuel des choses - témoigner d'une position hybride, avec des ouvertures réelles mais en même temps assez restrictives vers une délégation de responsabilités à des instances représentant les populations.

Les instances ayant des responsabilités dans la gestion des terres et des autres ressources naturelles sont le Conseil communal, regroupant plusieurs villages. Même s'il a été choisi par les populations, cela représente souvent une centralisation par rapport au niveau où se gèrent au quotidien ces ressources, et qui est souvent le quartier ou le village. La question du rapport des élus aux autres instances de pouvoir, en particulier aux autorités coutumières, n'est qu'évoquée par la loi, qui dit que les organes délibérants peuvent procéder à des délégations de pouvoirs aux autorités villageoises (Article 14 de la loi N° 96 - 050 / AN - RM). Les élus - qui restent toujours sous la domination politique du personnel administratif - jouent rarement le jeu. La question de l'articulation des instances légales (collectivités territoriales) avec les autres pouvoirs et niveaux de décision reste donc dans l'incertain. Les ouvertures existent, elles ne sont pas vraiment favorisées.

CONCLUSION

Une étude de la contribution des ressources naturelles renouvelables dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans la commune de Banamba met en évidence plusieurs liens clés entre les trois composantes (Ressources naturelles renouvelables - sécurité alimentaire - Collectivité décentralisée), avec toujours une dimension réciproque. Ainsi,

a) Les pratiques d'exploitation actuelles des ressources naturelles renouvelables au niveau de la commune rurale de Banamba entraînent une dégradation des ressources naturelles et cette dégradation du fait de son incidence sur les revenus des populations entraîne l'insécurité alimentaire

b) Dans un contexte de pauvreté, les communautés rurales sont les plus durement affectées. En effet, la pauvreté oblige les populations dont la subsistance dépend des ressources naturelles à surexploiter celles - ci pour s'alimenter, se loger et disposer de sources d'énergie et de revenus. La dégradation des RN est en même temps la cause et la conséquence de la pauvreté. La dégradation entraîne la pauvreté, qui à son tour conduit à la dégradation des ressources naturelles.

c) les textes sur la gestion des ressources naturelles renouvelables sont assez restrictifs, confuses et difficiles à appliquer en ce qui concerne la délégation de responsabilités à des instances représentant les populations.

d) Les pouvoirs limités (encore ignorés des communautés à la base) confiés aux collectivités locales et souvent l'inexistence de pouvoir du moins en ce qui concerne les RN (pour fixer les priorités, contrôler, sanctionner, octroyer les investissements, mettre en place des programmes, etc.) se traduisent généralement par un manque de capacité à gérer de façon durable les ressources naturelles et mobiliser les recettes y afférentes. Les ressources naturelles apparaissent aux yeux des communautés rurales comme des ressources individuelles dans le meilleur des cas, sinon elles sont considérées comme des `'ressources naturelles'' donc sans propriétaire.

e) Cette perception des ressources naturelles a pour conséquence principale leur utilisation abusive pour la satisfaction des besoins alimentaires et non alimentaires. Il s'en suit une surexploitation des ressources naturelles entraînant leur dégradation qui à son tour aboutit à l'insécurité alimentaire.

f) A long terme, l'absence de responsabilité réelle sur le terrain due à l'imprécision des textes risque de faire aboutir à une base insuffisante pour soutenir la sécurité alimentaire. Ainsi, les productions des bases productives resteraient basses, garantissant à nouveau le manque ou l'insuffisance de revenu.

Trois problèmes fondamentaux à notre avis, entravent la contribution des ressources naturelles dans l'atteinte de la sécurité alimentaire dans nos collectivités décentralisées. Il s'agit des problèmes suivants :

l'héritage centralisé et colonial du régime qui concentrent les pouvoirs et les ressources au centre. Ainsi, la gouvernance locale et les recettes locales sont constamment soumises à la politique centrale. Laissées sans pouvoir par l'état colonial, les collectivités locales restent sensibles aux caprices et à la mode du jour, à la paralysie quand le centre se débat dans des conflits politiques ou des changements soudains et aux " jeux " des responsables politiques du centre. Etant donné que le pouvoir politique part de l'hypothèse qu'il a pour origine le centre, les collectivités locales sont en attente perpétuelle : de lois qui leur conféreraient certains pouvoirs, de l'approbation administrative, de l'approbation budgétaire, du transfert de fonds, de l'affectation du personnel, etc. Puisque les collectivités locales ne prendront peut-être pas l'initiative de résoudre ces problèmes, le manque de volonté politique et la perception négative des divers intervenants politico - bureaucratiques pourraient mettre fin au meilleur des efforts de décentralisation. Plusieurs déclarations politiques très pertinentes37(*) ont ainsi été compromises par le manque de rigueur dans l'application, d'implication des communautés concernées, ou simplement par le fait que la politique et la loi sont délaissées.

Le second problème général concerne celui du contexte économique marqué par une pauvreté extrême et l'environnement physique difficile de la commune. Le premier élément signifie que la commune rurale de Banamba, à l'instar de la plupart des collectivités locales, a peu d'argent pour garder un bon personnel, pour fournir les services locaux nécessaires, pour procéder aux investissements et renforcer leurs capacités administratives. Manquant d'argent, elle ne peut pas développer la capacité de recouvrer et de mobiliser de l'argent.

Les conditions physiques éprouvantes signifient qu'une pluviométrie insuffisante, des terres de cultures en dégradation constante, une production agricole de plus en plus faible et des besoins toujours croissants ne permettent pas aux faibles ressources d'aller bien loin. La performance en souffre évidemment.

Le troisième problème concerne la faiblesse relative des organes élus et du personnel au niveau local. Ce fait conduit à la domination politique du personnel administratif employé par les ministères centraux et la mainmise sur les ressources locales, en accord ou non avec les élites locales. L'argent est consacré aux salaires, aux bureaux du personnel, à la formation, aux indemnisations, aux logements du personnel, etc. Il est rare que les fonds soient versés aux services et aux équipements dont souhaite disposer la population. Cette situation laisse dans son sillage une population cynique qui ne fait plus confiance aux autorités aussi bien communales qu'administratives et qui n'a donc guère envie de contribuer, ni d'apporter des revenus à ce gouvernement. La collectivité locale craint le plus souvent de recouvrer les impôts à cause des niveaux de services insatisfaisants ou même inexistants ou par crainte d'impopularité.

Ces trois grands problèmes sont à l'origine des " goulots d'étranglement " bloquant la résolution du problème clé : la faiblesse réciproque des productions agricoles et non agricoles locales et de la capacité d'intervention locale. On peut les nommer de la manière suivante :

Le goulot d'étranglement des " productions et des revenus" : La commune rurale de Banamba ne produit pas assez pour générer des ressources. L'utilisation actuelle des bases productives ne permet pas de créer un surplus de production agricole. Et puisque ce surplus manque, la commune ne peut pas mobiliser de ressources pour faire des investissements d'envergure en ce qui concerne les ressources naturelles. Elles n'arrivent pas à sortir du cercle vicieux.

Le goulot d'étranglement des " pouvoirs ": dans la pratique, la collectivité locale et encore moins les communautés, n'ont pas les pouvoirs nécessaires pour fournir les services ou recouvrer des recettes importantes. Manquant de cette autorité, la collectivité n'a ni crédibilité ni pouvoir politique. Par conséquent, elle n'a pas la stature nécessaire pour influencer les politiques du centre et obtenir ainsi plus de pouvoirs.

le goulot d'étranglement " de la gestion des ressources naturelles ": La commune de Banamba n'a pas de politique de gestion publique qui encouragerait les habitants à mobiliser des ressources et à superviser la performance de la collectivité. Celle - ci a du mal à développer une politique viable et efficace de gestion des ressources naturelles car les frais de participation à la politique pour le pauvre sont relativement élevés avec peu de bénéfices en retour. Les élites locales semblent contrôler la gouvernance locale et s'approprier les recettes locales. Principal résultat : anarchie dans l'exploitation des ressources naturelles, tant par les dirigeants populaires que par ceux qui travaillent sous leurs ordres.

Que prévoir ?

Les liens entre les productions, la sécurité alimentaire et la décentralisation sont évidents vus sous la direction " négative " : pas de production supplémentaire, pas de génération de revenu ; et pas de gouvernance locale efficace, pas de gestion durable des ressources naturelles.

La question d'importance critique qui se pose à ceux intéressés par le changement du lien d'affaiblissement mutuel entre productions, sécurité alimentaire et décentralisation consiste à s'attaquer aux goulots d'étranglement : productions et revenu, pouvoirs, gestion des ressources naturelles.

A cet égard, il est important :

- D'adopter des pratiques d'exploitation des ressources naturelles renouvelables efficientes. L'exploitation des ressources naturelles renouvelables étant considérée comme un transfert de valeur d'un groupe à un autre, la valeur obtenue doit supporter les coûts d'exploitation. Le surplus généré doit permettre de diversifier les activités et d'adopter des modèles d'investissement rentable.

- De délaisser certains préjugés. L'incapacité des collectivités à mobiliser les ressources qui est invoquée par l'administration centrale pour ne confier aucun pouvoir supplémentaire aux collectivités locales, n'est pas fondée. Pour aboutir à un développement communautaire durable, il est nécessaire de procéder à une délégation de responsabilités sans restriction à des instances représentant les populations. Cela nécessite forcement une volonté politique au plus haut niveau hiérarchique.

- D'asseoir les bases d'une gestion communautaire des ressources naturelles. En effet, il est admis que «Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement, du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable38(*)».

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WARNER Katherine, 1998 - Foresterie et moyens d'existence durables. FAO.

ANNEXES

- Annexe 1 : Fiche d'enquête Perception que les populations ont de la GRN et la valeur qu'elles accordent aux RN.

- Annexe 2 : Fiche d'enquête Activités productrices.

* 1 Partha Dasgupta, in FAO : La sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles. Note directive, 2000. p 6

* 2 Loi 95-034

* 3 Cf. Rapport général de fin d'exercice triennal 2001-2003 ANICT Bamako février 2004

* 4 L'étude portera seulement sur trois types de ressources renouvelables : les ressources en sols, végétales et animales. Les ressources en eau très difficiles à appréhender ont été écartées.

* 5 Seul les produits de l'élevage domestique seront pris en compte. La faune sauvage qui n'existe presque plus n'est pas prise en compte.

* 6 Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, 2002. p 5

* 7 Gaousssou Traoré, INSAH 1995

* 8 Wilson R. T., (1988), cité par Doubangolo Coulibaly, mars 2002

* 9 BIROT, P Les formations végétales du globe, 1965 P 145

* 10 Penning de Vries et. DJITEYE M.A (1982)

* 11 Monographie du cercle de Banamba, SCN 1992

* 12 Idem

* 13 Katherine Warner, Foresterie et moyens d'existence durables. 1998. p 4

* 14 FAO, Séminaire régional tenu au Gabon du 13 au 14 juillet 2000. p 3

* 15 Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire au mali. P 3

* 16 Leslie Lipper, Dégradation des forets et sécurité alimentaire 1999. p 2

* 17 FAO, 2000

* 18 FAO, 2000

* 19 CSREF de Banamba, 2005

* 20 Leslie lipper, FAO _ 1999

* 21 FAO Note directive sur la sécurité alimentaire et la GDRN, 2000. P 4

* 22 Jean Boutrais, 1992

* 23 UBT : (Unité Bétail Tropical, équivaut à un animal de 250 kg de poids vif), obtenue à partir des taux de conversion de Le Houérou et Hoste, 1977, 1 bovin = 0,7 UBT; 1 équin = 1 UBT; 1 asin = 0,4 UBT; 1 ovin/caprin = 0,1 UBT.

* 24 Normes de 0,2 ha/habitant pour couvrir les besoins en bois énergie pour la cuisson des aliments et bois d'oeuvre pour les constructions en Zone soudano - sahélienne (500-1100 mm) établie Bulteau (1984) cité par Christian Pieri (1989)

* 25 Disponibilité de 2,5 ha/UBT en fourrage des strates ligneuse et herbacée pendant une année sèche en zone nord de la savane (H. Breman et de Ridder, 1991).

* 26 Leslie Lipper, Dégradation des forets et sécurité alimentaire 1999. p 4

* 27 Idem p 5

* 28 Idem p 5

* 29 Idem p 5

* 30 Leslie Lipper, Dégradation des forets et sécurité alimentaire 1999. p 6

* 31 Idem

* 32 Kaimowitz, Byron et Sunderlin, 1998

* 33 Amartya Sen cité par Caspar Schweigman, 2003 P 11

* 34 Bernard Bonnet, Problématique foncières et gestion des ressources communes. 2001. p 3

* 35 Bernard Bonnet, Problématique foncières et gestion des ressources communes. 2001. p 4

* 36 Il s'agit essentiellement des mariages, baptêmes et décès

* 37 il s'agit entre autre de la loi N° 95-003 et des décrets N° 97-053/P-RM, N° 98-402/P-RM

* 38 Principe 22 de la déclaration de Rio sur l'environnement et le développement (juin1992).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway