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Caractérisation d'un site Ramsar l'aulnaie d'Ain Khiar - proposition d'un plan de gestion et de conservation

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par Youcef Bouchareb
Université Badji Mokhtar Annaba, Algerie - Master 2 2011
  

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UNIVERSTÉ BADJ MOKHTAR ANNABA
FACULTE DES SCIENCES
DEPARTEMENT DE BIOLOGIE
LABORATOIRE DES ECOSYSTEMES TERRESTRE ET AQUATIQUES

MEMOIRE DE MASTER

Filière : Monitoring des Milieux Naturels et Gestion Durable des Ressources Option : Diagnose des communautés animales

Caractérisation d'un site Ramsar

l'aulnaie d'Ain Khiar - Proposition d'un plan de gestion et de conservation

Présenté par : BOUCHAREB YOUCEF

DEVANT LE JURY :

PRESIDENT : ROUAG RACHID (MAA C.U d'El Tarf).

DIRECTEUR de Mémoire : BENYACOUB SLIM (Professeur UBM d'Annaba).

EXAMINATEUR : BOULAHBAL RAOUF (MAA C.U d'El Tarf).

Année 2011

REMERCIEMENTS

Je tiens à adresser mes sincères remerciements à Monsieur ROUAG Rachid pour avoir accepté de présider ce jury.

Mes remerciements particuliers son également adressés à Monsieur BOULAHBAL Raouf pour avoir pris le temps d'examiner mon mémoire.

Monsieur BENYACOUB Slim a consacré une partie de son temps pour dispenser conseils et suggestion. Qu'il en soit respectueusement remercié.

Je tiens tout particulièrement à exprimer ma reconnaissance à Madame BENYACOUB Zahra pour ses conseils, ses encouragements et la documentation spécialisée qu'elle m'a aidé à me procurer.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à mon père et ma mère pour m'avoir soutenu durant toute ma formation universitaire et à mes frères et soeur pour avoir partagé avec moi les efforts de rédaction et de confection de mon mémoire.

Enfin, Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance aux personnes qui ont participé de près ou de loin à la conduite de ce travail. Mes amis m'ont été d'un grand réconfort, je ne pourrais les citer tous, mais je voudrais qu'ils sachent que je leur suis très reconnaissant.

LISTE DES FIGURES

Figure

Titre

Page

1

Localisation générale de l'aulnaie d'Ain Khiar.

6

2

Bassin versant de l'Aulnaie d'Aïn Khiar et de son réseau hydrographique (1/50 000).

9

3

Zones inondables autour de l'Aulnaie (1/50 000).

10

4

Principales formations naturelles de l'aulnaie d'Ain Khiar.

12

5

Physionomie classique de l'aulnaie d'Ain Khiar.

13

6

(Image SPOT, décembre 2006).

17

7

Evolution de l'urbanisation d'Ain Khiar.

17

8

déversement des eaux usées.

18

9

Vaches pâturant dans l'aulnaie.

18

LISTE DES TABLEAUX

Tableau

Titre

Page

1

paramètres physicochimiques des eaux de l'aulnaie d'Ain Khiar

10

2

Hauteur, DBH et recouvrement des principales essences arborées

13

3

Grille de qualité globale des eaux de surface

20

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

I.MATERIEL ET METHODES 3

I-1. HYDROGRAPHIE 3

I-2. CARACTERISATION DE LA ZONE D'ETUDE 3

I-3. CARACTERISATION ECOLOGIQUE 4

I-3-1. Caractérisation de la flore 4

I-3-2. Caractérisation de la faune 4

I-4. MENACES ET FACTEURS D'ALTERATION 5

II. CONTEXTE BIOGEOGRAPHIQUE 6

II-1.DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE 6

II-2. TYPES DE SOLS 7

II-3. OCCUPATION DU SOL 7

II-4. CLIMAT 8

III. RESULTATS 9

III-1. GEOMORPHOLOGIE ET HYDROLOGIE 9

III-1-1. RESEAU HYDROGRAPHIQUE 9

III-1-2. ZONES INONDABLES 10

III-1-3. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE DE L'EAU 10

III-2. CARACTERISTIQUES ECOLOGIQUES GENERALES 11

III-2-1. STRUCTURE ET COMPOSITION DE L'AULNAIE 11

III-2-1-1. La Strate arborée 11

III-2-1-2. La Strate arbustive. 11

III-2-1-3. La strate herbacée 12

III-2-2. DIVERSITE BIOLOGIQUE 14

III-2-2-1. LA FLORE 14

III-2-2-2. LA FAUNE 15

III-2-2-2-1. L'avifaune 15

III-2-2-2-2.La Faune mammalienne 16

III-2-3. FACTEURS D'ALTERATION ET MENACE 16

III-2-3-1.L'urbanisation 16

III-2-3-2. La pollution 17

III-2-3-3. Pâturage 18

III-2-3-4. Sécheresse et incendies 18

IV. DISCUSSION 20

V. MESURE DE GESTION ET DE CONSERVATION 24

V-1.CONSERVATION DU SITE ET DES ESPECES VEGETALES D'INTERET MAJEUR 24

V-2. GESTION DE L'EAU 24

CONCLUSION 26

BIBLIOGRAPHIE 28

RESUME

ANNEXES

Introduction

Classées au rang des milieux naturels les plus menacés, les zones humides remplissent pourtant un grand nombre de fonctions utiles à l'homme. Elles sont précieuses pour leurs fonctions hydrologiques et biologiques. Ainsi, elles contribuent au maintien et à l'amélioration de la qualité de l'eau en agissant comme un filtre épurateur physique (rétention des sédiments) et biologique (dégradation biochimique) et jouent un rôle déterminant dans la régulation des régimes hydrologiques (épanchement des crues). Elles constituent également un important réservoir de biodiversité en abritant une faune et une flore remarquable.

L'aulnaie d'Aïn Khiar est un milieu caractéristique du Parc National d'El-Kala, particulièrement rare en Algérie. En effet, la Numidie orientale est la seule zone africaine qui compte des aulnaies. De tels écosystèmes ont probablement des valeurs biologiques et scientifiques élevées dans le Maghreb. A ce titre Junqua (1954) affirmait déjà que « c'est uniquement dans le cercle de la Calle qu'on trouve les peuplements nord africains connus d'Aulne glutineux (Alnus glutinosa) ». C'est donc un site sensible qui justifie pleinement son classement Ramsar.

Cette formation forestière a été classée d'importance internationale selon les critères Ramsar en 2003. Cette convention a pour objectif déclaré la conservation et la promotion de l'utilisation rationnelle des zones humides par des actions nationales et une coopération internationale comme moyen de parvenir au développement durable partout dans le monde. L'Aulnaie de Ain Khiar est caractérisée par une importante richesse floristique. On y observe de nombreuses espèces arborées inféodées aux sols hydromorphes - Frêne, Aulne, Saule, Orme - et une strate buissonnante exigeante en humidité. Cette diversité botanique s'accompagne d'une complexité structurale du milieu qui permet à une faune remarquable de s'installer. Oiseaux, mammifères et insectes y déploient une diversité généralement supérieure à la moyenne des milieux forestiers limitrophes.

Ce petit écosystème de 110 hectares, fragile et original, est très vulnérable. Depuis quelques années, à la suite de l'expansion urbaine de la petite agglomération éponyme qui répond à la croissance démographique de la région, ce milieu naturel subit de multiples agressions dues essentiellement à l'action de l'homme. En effet, le développement de l'agriculture, de l'élevage et de l'habitat ont eu pour conséquence une dégradation progressive de l'aulnaie.

De ce fait, nous nous proposons dans cette étude de caractériser l'état actuel de ce milieu patrimonial d'importance internationale ; afin d'en décrire et présenter les différents aspects physionomiques et écologique sur la base d'une définition des paramètres naturels, hydrologiques, botaniques, zoologiques ; d'en souligner la vulnérabilité ; d'identifier les facteurs d'altération et de proposer quelques mesures raisonnées de conservation et de gestion durable.

La présente étude s'inscrit dans le cadre d'un plan de gestion des six zones humides classées Ramsar du parc national d'El-Kala, financée par le Ministère de l'Agriculture - Sous-Direction des Forêts. Ce plan directeur de gestion des sites Ramsar doit fournir les outils techniques et conceptuels de gestion et de conservation des sites sensibles pour une période de cinq années.

I. MATERIEL ET METHODES

La caractérisation des différents aspects physionomiques et écologiques de l'Aulnaie a nécessité un certain nombre de déplacements sur site pour des enquêtes diverses, des vérifications de limites géographiques de certaines formations naturelles, des mesures physico-chimiques des eaux, des mesures de structure de végétation, des sondages ornithologiques et des relevés botaniques.

I-1.HYDROGRAPHIE

Cette partie de l'étude a pour objectif d'identifier, de délimiter et de cartographier les principales voies de circulation des eaux. Aussi bien le flux entrant d'alimentation de l'aulnaie que les exutoires d'évacuation du trop-plein d'eau.

Des mesures altimétriques ont été réalisées à l'aide d'un altimètre Suunto® Digital pour déterminer le sens d'écoulement des cours d'eau lorsqu'ils étaient à sec.

Nous avons également estimé le débit de l'écoulement d'un cours d'eau, oued El Aloui, qui est un exutoire de l'aulnaie vers Oued El Kebir.

Les paramètres physico-chimiques de l'eau on été mesurés in-situ au niveau de 6 stations. Le PH, la température de l'eau, la conductivité et l'Oxygène dissous ont été mesurés à l'aide d'une sonde multiparamètres (WTW - pH/Cond 340i/SET) et HANNA Instruments - HI 9143. Le dosage des nitrates, des nitrites et de la silice a été effectué à l'aide d'un Kit colorimétrique (Visocolor ECO - MACHEREY-NAGEL)

Les stations de prélèvement de l'eau ont été sélectionnées selon un choix raisonné. Elles ont privilégié les points d'alimentation de l'aulnaie (station 2, 5 et 6) et les points de sortie des eaux vers les exutoires (station 3 et 4). La station 1 permet de définir les variables de la rive « Est » de l'aulnaie. Cette répartition des points d'échantillonnage devrait nous permettre d'évaluer l'ampleur de la pollution hydrique qui affecte l'aulnaie ; et éventuellement, ses capacités d'autoépuration à la sortie.

I-2. CARACTERISATION DE LA ZONE D'ETUDE

L'étude a débuté par une délimitation géographique de l'aulnaie proprement dite ; ainsi que les différentes formations végétales qui la caractérisent. Cette étape a été réalisée à l'aide d'un traceur GPS. Les données ont été restituées sous logiciel GIS Map InfoTM version 6.0 Via MAp Source TM version 6.15.7. Cette délimitation s'est également appuyée sur l'interprétation d'images Google Earth TM 2001-2005-2009.

I-3. CARACTERISATION ECOLOGIQUE I-3-1. La flore

Nous décrirons dans cette partie les éléments généraux de la flore et de la faune de l'aulnaie ; sans rentrer dans les détails des associations d'espèces, qui ont du reste, été définies par plusieurs botanistes pour la flore et par des ornithologues pour les oiseaux. Nous nous attacherons donc à en étudier les aspects patrimoniaux sur la base de la littérature disponible. En ce qui concerne la caractérisation de la flore, les délais impartis pour la réalisation du stage nous ont juste permis de caractériser les grands traits de la végétation ligneuse. Tout le

reste de la flore, notamment la végétation herbacée, qui compte de nombreuses espèces endémique, rare et rarissime a été étudiée à partir des travaux (Belouahem et al., 2009).

Cette caractérisation a été confortée par une prospection au mois d'avril avec une Botaniste de l'INA d'El-Harrach : Pr. BENHOUHOU S. qui nous a permis de vérifier et de reconnaitre un certain nombre d'espèces présentes sur le site.

La structure de la végétation a fait l'objet d'un échantillonnage afin de disposer d'un état structurel de référence. Ces données sont utiles pour mesurer le degré d'évolution ou de régression du milieu forestier à partir d'une période de référence.

L'analyse de la structure de la végétation a été réalisée à partir de la mesure de la hauteur, du recouvrement et du DBH des principales essences arborées de l'aulnaie, formant des peuplements identifiables et distincts : la zeenaie, la fraxinaie et l'aulnaie proprement dite.

Le DBH :(diameter at breast height) se mesure par convention à 1m30 du sol on divisant la circonférence mesuré de l'arbre par ð =3,14 (Lucy et al., 1994).

La hauteur moyenne de la strate arborée H est mesurée à l'aide d'un dendromètre (Blum Leiss).

Le recouvrement au sol de la végétation est mesuré à l'aide d'une simple grille de recouvrement qui permet une évaluation du pourcentage de la surface du sol recouverte par la strate arborée. On peut utilement utiliser les images Google EarthTM dans certains cas.

Les arbres mesurés on été sélectionnés selon un échantillonnage systématique en effectuant une mesure tous les 20 m environ. Le pas de mesure a été fixé de manière arbitraire afin de réaliser 16 relevés par formation arborée, répartis sur toute la zone d'étude.

I-3-2. La faune

Dans cette partie nous ne traiterons que de l'avifaune et des mammifères, car les insectes sont encore trop peu renseignés dans ce type de milieu.

L'avifaune a été caractérisée par la réalisation des sondages ornithologique sur site avec l'appui du Pr Benyacoub .S et sur la base de données sur l'avifaune du parc national d'ElKala (Benyacoub et al., 2007)

I-4. MENACES ET FACTEURS D'ALTERATION

Dans cette partie de l'étude, nous identifions les différents facteurs d'altération et de dégradation auxquels est soumise l'Aulnaie. Les effluents d'eaux usées sont localisés et leur débit évalué. Une enquête auprès des cultivateurs a permis de confirmer l'utilisation d'engrais chimiques en bordure de l'aulnaie.

L'expansion urbaine a été estimée par une méthode comparative des images Google 2001, 2005, 2009. Elle a été appuyée par l'interprétation d'une image spot de 2006 (BOUGHERARA et al., 2009).

II. CONTEXTE BIOGEOGRAPHIQUE II-1.DESCRIPTION DE LA ZONE D'ETUDE

Annaba

Aulnaie de Ain

El Tarf

Figure 1: Localisation générale de l'aulnaie de Ain Khiar

Le territoire de l'aulnaie de Aïn Khiar, à l'instar des zones telliennes littorales algériennes, se caractérise par un relief et une géologie relativement complexes. D'une manière générale, on distingue, selon une ligne fictive Nord-Sud, de grands ensembles géomorphologiques, des formations collinaires basses de 30 à 310 m d'altitude, comme Djebel Koursi avec une altitude moyenne de 100 m. Ces collines de basses altitudes qui peuvent être dunaires près du littoral ou gréseuses plus à l'intérieur, s'étirent sur une quinzaine de kilomètres vers le Sud et s'interrompent au niveau de l'étroite vallée de l'Oued El Kebir qui draine toute la région. C'est dans cette vallée, qui marque un seuil entre les formations collinaires précédentes et les contreforts des monts de la Medjerda, que se constituent les aulnaies à la faveur de résurgences de la nappe phréatique des dunes (Thomas, 1975) (GÉHU J.M.,et al.,1992 .1994).

L'aulnaie d'Aïn Khiar est caractéristique de ces Aulnaies (Melloul, Oum Lagareb, Righia) qui bordent, au sud, les massifs dunaires et qui se sont développées dans les dépressions du littoral du nord-est du pays. Elle bénéficie à la fois des apports hydriques quasi permanents provenant des aquifères dunaires et de ceux des eaux des crues hivernales de l'oued Kébir. On peut supposer que des échanges existent avec les nappes d'eau souterraine des plaines alluviales du Kébir (Nefaâ et al. 2008). L'Aulnaie d'Aïn Khiar se situe à 5 km au nord du chef-lieu de wilaya, El-Tarf. Ses coordonnées géographiques sont : 36,799° N et 8,322° E. C'est une zone humide inscrite en 2003 sur la liste Ramsar des sites d'importance internationale (Boumezbeur ,2002). Elle est entièrement inscrite dans la commune d'El-Tarf

et dans le Parc national d'El Kala où elle n'a pas le statut de Réserve intégrale (classe I) ou celui de Réserve primitive et sauvage (classe II). Ceci est probablement dû à sa faible étendue comparée à celles des autres zones humides du Parc national. Cette aulnaie est à proximité immédiate de l'agglomération d'Aïn Khiar qui a tendance à s'étendre le long de la route qui la borde au nord et où est déjà implanté l'établissement pénitentiaire d'El-Tarf. À l'ouest, la mechta de Agbet Chaïr s'urbanise en prenant de l'extension. Le sud de l'aulnaie est barré par un drain qui récolte et évacue les eaux des crues hivernales qui avant cela, immergeaient l'aulnaie pendant une longue période de l'année. (KHERICI N.1985).

II-2. TYPES DE SOLS

Ce sont des sols de marécages à base de limons, largement développés dans les bas fonds inondés. Partout l'imperméabilité du sous-sol est liée à l'extension des argiles de Numidie. Alluvions limoneuses du fond de vallée de l'Oued Kebir datant du Néopléistocène et des basses terrasses de la vallée de l'Oued Kebir datant du pléistocène récent, à base de limons, sables et de cailloux roulés. Ces sols hydromorphes sont relativement acides et peuvent développer des conditions de tourbières (Neffaâ et al. Op. cit.) (BOULEKROUD Z. & ZERKOUT E.F.2001)

II-3. OCCUPATION DU SOL

Les parcelles agricoles sont rassemblées dans la partie ouest du BV, au pied des reliefs du Djebel Hadjr Siah au nord de la mechta de Agbet Chaïr. La végétation naturelle est celle constituée par l'aulnaie proprement dite fortement pâturée avec des signes évidents de coupes d'arbres. La végétation des dunes est constituée par des maquis livrés au pâturage et aux défrichements pour étendre les parcelles agricoles. Au nord-est du BV, les pouvoirs publics ont entrepris le défrichement de 150 ha dans le maquis des dunes pour offrir aux jeunes des opportunités d'emploi avec des activités agricoles et de 200 ha pour des projets pilotes de reboisement en chênes-lièges dans le cadre d'une opération de reconstitution de la subéraie. La rive Est de l'aulnaie est occupée par des prairies qui sont parfois inondées en hiver.

Le nord-est de l'aulnaie est l'objet d'une urbanisation qui a tendance à croître vers l'est et le sud.

II-4. CLIMAT

Selon la classification d'Emberger (1971), l'Aulnaie de Ain Khiar se situe dans l'étage bioclimatique Subhumide caractérisé par un hiver froid et humide et un été chaud et sec. Le volume des précipitations varie de 717,2 mm à 944 mm par an. Janvier est le mois le plus pluvieux. Ce volume d'eau important est dû à l'absence d'obstacles topographiques ainsi qu'à la proximité de la mer et des lacs environnants du complexe humide d'El-Kala (Boumezber, 2002). Les variations thermiques montrent qu'août est le mois le plus chaud, les minima des températures moyennes sont de 8°C et les maxima de 29,7°C. Les vents les plus violents soufflent en hiver et les plus faibles en été ; ceux qui prédominent sont de direction NordOuest, à l'opposé des vents de Sud-ouest qui amènent le Sirocco pouvant souffler 14 jours par an. Le maximum de journées étant enregistré en août à raison de 2 à 3 jours de vent chaud (MESSERER YACINE.1998).

III. RESULTATS

III-1. GEOMORPHOLOGIE ET HYDROLOGIE

III-1-1. RESEAU HYDROGRAPHIQUE

Le bassin versant de l'aulnaie d'Aïn Khiar s'étend sur près de 980 ha. Son périmètre est d'environ 14 km. Il comprend l'aulnaie proprement dite d'une superficie de 110 ha qui occupe la partie plane au sud du bassin, une zone de basses collines d'altitude moyenne de 75 m formées par des dunes qui appartiennent au massif dunaire de Bouteldja et, au nord-est, une cuvette où est localisé le petit plan d'eau de Garaât El Ouez. L'aulnaie présente en fait une forme à géométrie variable selon la quantité d'eau qu'il y a dans les cours d'eau qui la traversent et les zones d'épandage qui se forment de part et d'autre. Le microbassin versant de la Chaâbet Boukechrida qui est localisé au sud-ouest du bassin versant, alimente de manière pérenne la partie basse de l'aulnaie (Baba-Hamed, com.pers.).

Figure2 : Bassin versant de l'Aulnaie d'Aïn Khiar et de son réseau hydrographique (1/50 000)

Deux petits cours d'eau traversent en permanence l'aulnaie. Le premier, est relié à l'étang de Garaêt El Ouez, qui est alimenté tout le long de son parcours par la nappe phréatique des dunes. Il draine la partie centrale de la zone humide. Le second, l'oued Boukchrida alimente l'excroissance que développe l'aulnaie au sud-ouest. Les apports proviennent à la fois des eaux de surface du bassin versant et des eaux souterraines stockées dans les aquifères des formations dunaires du nord-ouest. Cependant, on peu observer que l'aulnaie d'Ain Khiar est drainée de manière définitive par deux oueds : oued Tchaouf et oued El Aloui qui se déversent dans oued Kébir. L'aulnaie est alimentée aussi de manière permanente avec les écoulements de surface alimentés par les aquifères des formations dunaires en amont du bassin et par la résurgence des écoulements souterrains qui apparaissent au contact des aquifères des dunes et des terrains limoneux des formations alluviales de la plaine.

De manière temporaire, elles est alimentée par les eaux des précipitations récoltées sur son bassin versant et des crues hivernales assuré par une multitude de cours d'eau qui drainent d'est en ouest, sur la rive droite de l'Oued El Kébir, la plaine d'Aïn El Assel qui se prolonge par celle d'Ain El Khiar, ce qui favorise la restitution de l'eau de crue mise en réserve du réseau complexe relié au lac Oubeira.

III-1-2. ZONES INONDABLES

Figure3: Zones inondables autour de l'Aulnaie (1/50 000

)

Situés au fond d'une cuvette qui se transforme en réceptacle du trop plein du réseau hydrographique de l'oued El Kébir, l'aulnaie d'Aïn Khiar prend l'aspect d'une vaste plaine d'inondation qui s'étale sur son flanc sud. La réalisation à cet endroit d'un drain dans le cadre d'un projet hydroagricole pour « assainir » la plaine ne semble pas avoir résolu le problème. La zone d'inondation peut atteindre 190 ha. (MAJOUR H., & OUELAA K.1990)

III-1-3. ANALYSE PHYSICO-CHIMIQUE DE L'EAU

L'analyse de l'eau a été effectuée en 6 points répartis à la périphérie de l'aulnaie. Station 1 : bordure est - Station 2 : bordure nord-est à proximité du village

Station 3 : déversoir El Aloui vers Kebir - Station 4 : Pointe Boukechrida

Station 5 : Chaâba Boukechrida dans aulnaie - Station 6 : Ruisseau d'alimentation nord de l'aulnaie

Station

Temp
°C

pH

Cond. uS/cm

Nitrates
mg/l

O2
dissous
%

Silice
mg/l

1

21,8

7,15

419

4,5

76

> 10

2

22,6

6,92

256

5

78,5

> 10

3

21,6

7,80

328

5

77

> 10

4

22,8

7,38

277

3

76,8

> 10

5

18,6

6,36

245

4

 

> 10

6

21,3

6,85

203

3

 

> 10

Tableau 1 : paramètres physicochimiques des eaux de l'aulnaie d'Ain Khiar

Remarquons les valeurs élevées des concentrations en nitrate aux stations 1,2 et 3. Les valeurs des concentrations en silice sont également supérieures aux limites mesurables par les tests. La conductivité à la station 1, avec 419 uS/cm, est supérieure à la moyenne des valeurs mesurées dans les autres stations. Les valeurs du pH ne présentent pas de singularité. Elles varient entre 6,36 et 7,80.

Les mesures de débits effectuées font apparaître des valeurs de 80 l/s au niveau de l'exutoire de l'oued Alloui (station 3) ; environ 2 l/s au niveau du rejet d'égout de l'établissement pénitentiaire, et 3 l/s au niveau de l'alimentation nord-est de l'aulnaie affectées par des rejets d'eau usées du village (station 2).

III-2. CARACTERISTIQUES ECOLOGIQUES GENERALES

III-2-1. STRUCTURE ET COMPOSITION DE L'AULNAIE

III-2-1-1. La Strate arborée

La strate arborée est principalement constituée d'Aulne (Alnus glutinosa) qui domine dans les parties inondées en permanence au centre de l'aulnaie. Il est associé au frêne (Fraxinus angustifolia) et à l'orme (Ulmus campestris) lorsque les conditions d'exondation le permettent. Le saule (Salix pedicellata et S. alba) s'installe préférentiellement lorsque la profondeur de l'eau réduit au minimum la période d'exondation. Le laurier noble (Laurus nobilis) apparaît ça et là dans des conditions stationnelles de lisière, ombragées et faiblement inondées.

Les deux principaux chênes font partie aussi de ce mélange d'espèces arborescentes : le chêne zeen (Quercus faginea ssp Mirbeckii) forme un peuplement continu en lisière ouest grâce à un rehaussement topographique qui réduit le caractère hydromorphe du sol. Dès que son hygrométrie diminue fortement, apparaît alors le chêne liège qui s'installe dans les parties où la sécheresse estivale a un effet significatif sur la lame d'eau du sol (Belouahem et al., Op.cit.).

III-2-1-2. La Strate arbustive

Sous le couvert de la strate arborée, une strate arbustive sciaphile, plus ou moins abondante, se développe lorsque l'aulnaie n'est pas inondée en permanence. La présence de lumière a pour conséquence l'apparition d'arbustes à feuilles caduques : la bourdaine (Rhamnus frangula), l'aubépine (Crataegus oxyacantha subsp. monogyna), le merisier (Prunus avium). On trouve également dans cette strate arbustive des arbustes à feuilles persistantes comme la viorne (Viburnum tinus).

Les lianes sont nombreuses et sont représentées par les phanérophytes suivantes : la salsepareille d'Europe (Smilax aspera), le lierre grimpant (Hedera helix), la vigne sauvage (Vitis vinifera), la ronce à feuilles d'orme (Rubus ulmifolius), l'églantine (Rosa sempervirens), les clématites (Clématis cirrhosa et C. flammula), la nanophanérophyte nommée garance voyageuse (Rubia peregrina). Parmi les géophytes lianoïdes, il a été inventorié la bryone dioïque (Bryonia dioïca), l'asperge à feuilles épineuses (Asparagus acutifolius) ainsi que (Tamus communis) « l'herbe aux femmes battues » !, généralement toutes ces lianes sont humicoles.

Plusieurs arbustes propres au cortège floristique de la subéraie se trouvent sur les bordures
asséchées des aulnaies marécageuses; c'est le cas de la filaire (Phillyrea latifolia), le myrte
commun (Myrtus communis), le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) , la bruyère à balai

III-2-1-3. La strate herbacée

La strate herbacée est constituée par quelques ptéridophytes : l'osmonde royale (Osmunda regalis), (Dryopteris gongyloides), le capillaire noir (Asplenium adiantum nigrum), la fougère femelle (Athyrium filix femina) quand le milieu est ombragé. Au bord des aulnes prospèrent abondamment la fougère aigle (Pteris aquilina) espèce héliophile envahissante et parfois quelques pieds du capillaire de Montpellier (Adiantum capillus veneris) en terrains sablonneux. Parmi les épiphytes inventoriées, le polypode commun (Polypodium cambricum ou P. vulgare) affectionne les troncs d'arbres et se développe vigoureusement sur les branches étalées des aulnes et des frênes (Belouahem et al, op. cit., 2009).On remarque aussi la présence de Bellis anua , Ranunculus sp , Hypericum sp, ficaria verna , Fedia cornucopiae , Carex flacca , Biscutella didyma ,Iris pseudacorus . C'est parmi les herbacées que se recrutent les espèces les plus vulnérables et les plus patrimoniales.

Figure 4 : Principales formations naturelles de l'aulnaie de Ain Khiar

H (m)

DBH (m)

H (m)

DBH (m)

H

(m)

DBH (m)

13,00

0.35

15.50

0.64

11.5

0.47

10,00

0.22

18

0.65

17

0.41

08.50

0.35

18.50

0.53

19

0.46

10.50

0.16

13

0.46

17

0.43

10.50

0.29

14

0.36

18.50

0.58

11.50

0.22

18.50

0.37

12

0.29

10

0.17

15.50

0.33

19.50

0.33

9.50

0.14

16.50

0.35

18

0.29

11

0.17

15.50

0.46

17.50

0.35

11

0.28

13

0.54

17.50

0.39

10.50

0.22

9.50

0.17

9.50

0.33

11.50

0.30

19

0.60

15

0.47

13.00

0.35

15

0.38

19

0.45

8

0.22

17.50

0.39

10.5

0.33

9.50

0.29

14.50

0.41

17.5

0.46

14

0.42

13

0.40

19

0.38

H moy : 10.75 m Ecart type :

1,61

DBH moy : 0.26 m Ecart type : 0,082

H moy : 15.4 m Ecart type : 2 ,577

DBH moy : 0.44 m Ecart type : 0,127

H moy : 16.12 m Ecart type : 3,344

DBH moy : 0.40 m Ecart type : 0,079

recouvrement
Moy : 70%
Ecart type
8,37

recouvrement
Moy : 58%
Ecart type
8,89

recouvrement
Moy : 59%
Ecart type
15,74

Tableau 2 : Hauteur, DBH et recouvrement des principales essences arborées

Les mesures du DBH, de la hauteur et du recouvrement au sol de l'aulne glutineux, du frêne et du chêne zeen sont consignées dans le tableau

Figure 5 : Physionomie classique de l'aulnaie de Ain Khiar

L'aulne a le recouvrement le plus important avec 70% en moyenne. De fait la densité de peuplement est élevée, notamment au niveau des zones de régénération dans lesquelles il forme un perchis dense. Cependant, les DBH mesurés révèlent des arbres de faible diamètre.

Le Chêne zeen forme un peuplement quasi continu sur près de 500 mètres. Avec un recouvrement moyen de 58%, une hauteur moyenne de 16,2 m et un DBH moyen de 40 cm. Le Frêne connait également des conditions optimales de croissance puisque la hauteur moyenne des sujets est de 15 ,4 m en moyenne, pour un DBH moyen de 44 cm et un recouvrement de 59%.

III-2-2. DIVERSITE BIOLOGIQUE III-2-2-1. LA FLORE

L'aulnaie glutineuse de Ain Khiar est une formation hygrophile dont la diversité des espèces végétales est liée à une diversité de conditions de milieu due aux variations de l'hygrométrie du sol, le niveau de la nappe phréatique et l'intensité de l'éclairement.

La compilation des données floristiques des aulnaies glutineuses de la Numidie fait ressortir une richesse exceptionnelle de ce milieu avec un total d'environ 370 espèces (Belouahem et al., 2009).

L'examen détaillé de ce cortège floristique illustre une valeur patrimoniale remarquable. En effet, sur les 370 espèces recensées

· 10 espèces sont endémiques et considérées communes :

Brassica procumbens, Campanula alata, Cyclamen africanum, Cynosurus

polybracteatus, Genista ferox, Hypericum afrum, Iris unguicularis, Laurentia bicolor, Scilla aristidis, Drimia maritima ssp anthericoides (Urginea maritima).

· une endémique assez rare : Borago longifolia

· une endémique rare : Linaria pinifolia

· une endémique très rare : Satureja hispidula

· 28 espèces très rares : Alternanthera sessilis, Helosciadium crassipes, Bellis repens, Carex elata, Carex

pseudocyperus, Cyperus longus subsp eu-longus, Dryopteris gongyloides, Eleocharis multicaulis, Eragrostis atrovirens, Eragrostis pilosa, Illecebrum verticillatum, Juncus bulbosus, Ludwigia palustris, Mibora minima, Nymphea alba, Polygonum hydropiper, Polygonum senegalense, Ranunculus flammula, Rhamnus frangula, Salix triandra, Salvinia natans, Satureja hispidula, Scirpus inclinatus, Scirpus setaceus, Sideritis

romana subsp numidica, Tolpis barbata eu-barbata, Utricularia exoleta, Wolffia arrhiza.

· 35 espèces rares :

Anagallis crassifolia, Anthemis arvensis, Aristolochia longa, Carduus numidicus, Carex acutiformis, Cladium mariscus, Colocasia antiquorum, Cyperus esculentus, Dactyloctenium egyptiacum, Daucus carota ssp maritimus, Daucus virgatus, Dryopteris aculeata, Eryngium barrelieri, Euphorbia biumbellata, Fimbristylis squarrosa, Geranium dissectum, Hypericum androsaemum, Juncus heterophyllus, Leersia hexandra, Lemna gibba, Linaria flava, Linaria pinnifolia, Lotus pedunculatus, Malcolmia parviflora, Osmunda regalis, Paspalum distichum, Populus nigra, Potamogeton lucens, Ranunculus bulbosus, Ranunculus sceleratus, Salix cinerea, Stachys marrubifolia, Tetragonolobus maritimus, Utricularia vulgaris subsp major, Vitex agnus castus.

· 22 espèces assez rares :

Alnus glutinosa, Athyrium filix femina, Astragalus pelecinus, Borago longifolia, Carex punctata, Carex remota, Carex vulpina, Crataegus azarolus, Cystopteris filix fragilis, Erica scoparia, Iris planifolia, Lycopus europaeus, Mentha aquatica, Myosotis

lingulata, Pinus pinaster, Potamogeton trichoides, Prunella vulgaris, Solanum

dulcamara, Thypha latifolia, Trifolium filiforme, Trifolium pratense, Vicia hirsuta.

En ce qui concerne la protection de ces espèces, seules 8 espèces ont été évaluées par l'IUCN. L'évaluation de l'IUCN 1997 concerne : Borago longifolia, Laurentia bicolor et Satureja hispidula (Walter & Gillets, 1998).

L'évaluation de l'IUCN 2010 concerne : Anagallis crassifolia, Helosciadum crassipes, Campanula alata, Fimbristylis squarrosa et Juncus heterophyllus (Garcia et al., 2010). Dans les aulnaies seules 3 espèces sont protégées par décret : Nymphaea alba et Saturaja hispidula, Salix triandra. (ZERAIA L. 1983, REDHA MALEK.1993)

Environ 26% du cortège floristique des aulnaies est caractérisée par une valeur patrimoniale élevée (endémiques et /ou plus ou moins rares).

III-2-2-2. LA FAUNE

III-2-2-2-1. L'avifaune

L'aulnaie d'Ain khiar est une formation forestière de plaine à essences caducifoliées, caractérisé par la présence d'arbres de grande taille et d'arbres âgés et une densité de peuplement végétal importante. Elle a la particularité d'être accolée à des formations forestières sempervirentes telle que la subéraie dégradée à l'ouest et la pineraie à pin maritime au nord-ouest. Cette diversité de milieux, va être le siège de la mise en place d'une avifaune aux exigences diverses caractérisée par une richesse élevée et une composition à l'éventail taxonomique large.

Les relevés d'avifaune ont permis d'y mesurer une richesse égale à 54 espèces (Benyacoub et al, 2000). Les espèces de grande taille, comme les rapaces, y sont attirés par la présence de populations proies abondantes, mais également par la disponibilité de vieux arbres vivants ou morts sur pied qu'ils utilisent comme perchoirs ou comme support de nid. Les espèces cavicoles, comme les pics, les mésanges, l'étourneau unicolore, profitent largement de la présence de ces vieux arbres qu'ils occupent pour se reproduire. Les fourrés denses du sousbois attirent de nombreux sylviidae comme la Bouscarle de Cetti, la Fauvette à tête noire ; mais également des turdidés comme le Rossignol philomèle, très abondant. Les fringillidés sont omniprésents dans le feuillage des arbres. Ils exploitent volontiers les prairies sèches ou humides en périphérie du site. La présence permanente de l'eau et la constitution de mares couvertes d'hélophytes, relativement pérennes, favorise grandement l'installation d'une avifaune aquatique. Celle-ci est composée d'anatidés, d'ardéidés, de rallidés et de sylviidés paludicoles. L'aulnaie se comporte ainsi comme un sanctuaire qui héberge une avifaune qui ressemble à l'avifaune ancestrale des anciens milieux forestiers nord-africains durant les périodes glaciaires du quaternaire (Blondel, 1979).

Les sondages effectués au printemps 2011 confirment la richesse mise en évidence en 2000. La présence de rapaces nicheurs comme l'Aigle botté, le Circaète Jean-le-blanc ; atteste de la qualité encore exceptionnelle de ce site qui peut assurer la mise en place de réseaux trophiques complexe et complets.

III-2-2-2-2.

La Faune mammalienne

L'aulnaie

d'Ain khiar fait l'objet d'une importante fréquentation faunique grâce à une
on (milieu forestier, pelouse,

variabilité structurelle de la végétati subéraie). Les ressources

trophiques disponibles générées par une i

mportante productivité primaire suivi des niveaux de consommateurs suivants, va être la source d'une fréquentation du site par plusieurs espèces de mammifères.

Parmi l es mammifères les plus fréquents on note la présence du chacal (Canis aureus), du renard roux (Vulpes vulpes

), de la Genette (Genetta genetta), de

la mangouste ( Herpestes ichneumon), du sanglier (Sus scrofa). La hyène rayée (Hyaena hyaena)( HAOU f. comm. Pers.)

serait un visiteur régulier du site. Nous pouvons affirmer par ailleurs que la Loutre commune est présente. En effet, nous avons eu l'occasion de la contacter au sein même de l'aulnaie. Le Hérisson

(Erinaceus algirus), fréquente les lisières des formations végétales. On note également la présence des lagomorphes comme le lapin et le lièvre au niveau de la subéraie dégradée.

Les rongeurs et les chiroptères sont partout présents et profitent largement de la production la faune entomologique.

primaire disponible et de la masse de

III-2- 3. FACTEURS D'ALTERATION ET MENACE

III-2-3-1.

L'urbanisation

Aïn Khiar (5000 Hab) est la seule agglomération importante à proximité du bassin versant de l'aulnaie. A l'ouest, on trouve la mechta de Agbet Chaïr (500 Hab). Les habitants sont en premier lieu agriculteurs, mais cette activité est devenue complémentaire pour les ménages, car les parcelles, rarement de plus d'un hectare, sont loin de suffire aux besoins des familles (BABA-

HAMED, com. Pers).

L'observation des images SPOT 2002 et 2006 , nous révèle que la répartition des zones blanches est une signature chromatique de l'armature urbaine. En effet, toutes les agglomérations sont entourées par une couronne blanche qui marque l'impact de celles -ci sur les milieux naturels environnants .

logements

400

600

500

300

200

100

0

2001 2005

2009

Figure 6 : (Image SPOT, décembre 2006) Figure 7 : évolution de l'urbanisation d'AinKhiar

Les mesures du taux d'extension urbaine montre une évolution de 24% entre 2001/2005 et une évolution de 42 % entre 2005 et 2009. Cette évolution empiète largement sur la zone périphérique de l'aulnaie

III-2-3-2. La pollution

La population en constante croissance voit ses besoins en eau augmenter. Corrélativement, les rejets d'eaux usées connaissent la même tendance. L'aulnaie constitue malheureusement le .

réceptacle naturel et obligatoire de ces rejetsCe phénomène devient de plus en plus intense

-

et peut avoir une incidence grave sur la qualité physico chimique de l'eau.

La réalisation d'une enquête sur site nous a confirmé la présence de deux exutoires d'eaux usées qui se déversent directement dans l'aulnaie. Ces déversements sont dus à la mauvaise

l'établissement pénitentiaire

qualité des conduites d'assainissement de situé au nord et de

celles de l'agglomération urbaine situé à l'est de l'aulnaie.

Figure 8 : déversement des eaux usées.

III-2-3-3. Pâturage

L'aulnaie de Ain Khiar est exposée à un pâturage intensif ; ce qui n'est pas sans conséquences sur la régénération des essences arborées. L'aulne, le frêne et le chêne zeen en souffrent très probablement surtout dans la partie ouest de l' aulnaie ; qui a con nue, par ailleurs, une dégradation importante c es dix dernières années par l'action conjuguée, de la sécheresse, des incendies et du surpâturage. ( MEKADEM, 1997)

Figure 9 : Vaches pâturant dans l'aulnaie

III-2-3-4. Sécheresse et incendies

L'aulnaie d'Ain Khiar à connu plusieurs épisodes d'altération par le feu et la sécheresse. La conséquence de ces phénomènes est un recul de la strate arborée caducifoliée avec une quasi impossibilité de régénération du fait de la pression de pâturage.

Ain khiar 2001 Ain khiar 2009

Les deux images ci-dessous ont une dizaine d'années d'intervalle. Elles révèlent nettement le recul de l'aulnaie dans la zone considérée

IV. DISCUSSION

> HYDROLOGIE

Nous remarquons d'emblée que l'état de l'eau est satisfaisant. D'une manière générale les indicateurs physico-chimiques ne sont pas dans des intervalles de valeurs alarmants. Le pH est généralement proche de la neutralité, et les concentrations des nutriments sont plutôt caractéristiques d'une eau de bonne qualité selon les normes de qualité des eaux de surface du MEAT.

Tableau 3: Grille de qualité globale des eaux de surface (Ministère de l'équipement et de l'aménagement du territoire ; agence du bassin hydrographique constantinois-Seybouse-Mellegue, octobre 1999)

Qualité de

l'eau

Paramètre

Excellente

Bonne

Passable

Médiocre

Pollution
excessive

O2 dissous mg/l

> 7

5 à 7

3 à 5

< 3

0

% saturation

> 90

70 à 90

50 à 70

< 50

0

DB0 5 mg/l

< 3

3 à 5

5 à 10

10 à 25

> 25

DCO mg/l

< 20

20 à 25

25 à 40

40 à 80

> 80

NH4 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,5

0,5 à 2

2 à 8

> 8

PO4 mg/l

< 0,2

0,2 à 0,5

0,5 à 1

1 à 2

> 2

NO3 mg/l

< 5

5 à 25

25 à 50

50 à 80

> 80

NO2 mg/l

< 0,1

0,1 à 0,3

0,3 à 1

1 à 2

> 2

Cependant, il serait prudent de surveiller la qualité des eaux d'alimentation de l'aulnaie, notamment au niveau du rejet des eaux usées du village. La conductivité qui y a été mesurée est égale à 419 uS/cm, c'est la valeur la plus forte. Elle pourrait être due à cette pollution dont les effets à long terme peuvent être fortement perturbateurs pour le milieu récepteur.

La zone sud-ouest présente aussi une conductivité plus ou moins élevée. Il est probable que le déversement des eaux usées de l'établissement pénitentiaire y soit pour beaucoup dans ces valeurs. En revanche, la valeur la plus faible (203) est mesurée au nord de l'aulnaie dans le ruisseau d'alimentation nord. Ce ruisseau prend naissance dans un étang « Es Sahara » à l'écart de tout habitat rural ou urbain qui est donc indemne de tout déversement d'eaux usées.

La concentration en nitrate est conditionnée par la minéralisation de la matière organique et par les apports d'origine anthropique : eaux usées domestiques et lessivage d'engrais azotés.

Nous remarquons que les apports naturels d'eau par les ruisseaux d'alimentation de Boukechrida et Es Sahara présentent les valeurs les plus faibles avec 3 et 4mg/l : points 5 et 6. Le point 4 qui correspond à la sortie des eaux de Boukechrida présente une faible valeur avec 3 mg/l. Ceci suggère une épuration des eaux efficace, à l'oeuvre dans cette partie de l'aulnaie (Rodier, 1978). Ces observations doivent sans aucun doute être validées par des mesures supplémentaires.

La charge en nitrates augmente par la suite au niveau du cours d'eau exutoire El Aloui, avec 5 mg/l ; point 3. L'augmentation de cette charge est vraisemblablement à imputer aux parcelles agricoles que l'exutoire traverse sur près d'un kilomètre.

La concentration en oxygène dissous est en dessous de la saturation. Ceci révèle une activité biologique consommatrice d'oxygène (biodégradation bactérienne) mais également un confinement de l'eau de l'aulnaie, qui est de ce fait non exposée à la lumière solaire, réduisant ainsi la prolifération algale productrice d'oxygène et la soustrayant également à l'action du brassage mécanique du vent, qui facilite l'incorporation du gaz dans l'eau.

Tous les dosages de silice effectués ont révélé des teneurs importantes de cet élément. L'environnement géologique, où les grès et les argiles de Numidie sont le principal substrat, en est de toute évidence à l'origine.

> STRUCTURE ET DIVERSITE

L'Aulnaie de Ain Khiar est constitué de l'imbrication étroite de plusieurs groupements arborés. Dans sa partie ouest, on distingue une subéraie dégradée qui occupe un rehaussement topographique sur 50 ha. Au sud de l'aulnaie proprement dite on distingue un fourré dense d'oléo-lentisque, chêne liège et quelques frênes, de forme parfaitement circulaire qui occupe une superficie de 20 ha : « El Guendoula ». Cette formation bénéficie de conditions d'exondation grâce, à un léger rehaussement topographique. De ce fait, l'aulnaie sensu stricto, n'occupe en réalité que 110 ha environ.

L'aulnaie est caractérisée par sa complexité structurale. Les mesures de hauteur, de recouvrement et de DBH, réalisées offrent une information globale actualisée de la strate arborée. Cette information de référence permettra de mesurer l'évolution (ou la régression) du milieu. Elle révèle que l'aulnaie de Ain Khiar constitue un milieu forestier dont la structure est équivalente aux peuplements forestiers d'altitude (djebel Ghorra, djebel Dir...). Cela est dû aux conditions d'humidités édaphiques qui jouent un rôle déterminant dans cette situation. Les végétaux, stimulés, par ces conditions ont une croissance importante. Nous obtenons ainsi un milieu forestier de plaine qui constitue, pour la faune et la flore, une zone refuge favorable à leur pérennité. Ces milieux peuvent constituer également un pôle de dispersion et de repeuplement d'espèces animales ou végétales (Benyacoub et al. 2007).

Par ailleurs la valeur patrimoniale de ce milieu est remarquable à plus d'un titre. L'analyse détaillée du cortège floristique montre qu'environ 26% du cortège floristique des aulnaies est caractérisée par une valeur patrimoniale élevée. En effet, 28 espèces sont considérées très rares, 35 espèces considérées comme rares et 22 espèces comme assez rares.

85 espèces y sont donc classées comme patrimoniales.

En ce qui concerne la protection de ces espèces, 8 d'entre elles ont été évaluées par l'IUCN et inscrites dans la liste des espèces menacées d'extinction plus ou moins imminente. Ce qui souligne encore le caractère précieux de ces milieux. Ont déplorera que, parmi ces 373 espèces recensées dans les aulnaies, seules 3 d'entre-elles bénéficient d'une protection légale. Cette complexité du milieu et la disponibilité permanente de l'eau, vont conditionner une large disponibilité de ressources qui vont profiter à une des plus importantes biodiversités animales des milieux forestiers d'Afrique méditerranéenne. Les conditions de déroulement de l'étude n'ont pas permis la caractérisation complète de l'avifaune et de la faune mammalienne. Cependant, des études approfondies antérieures (Benyacoub, 1996) ; (Benyacoub et al., 1998), (Benyacoub et al. 2000), ont mis en évidence la richesse ornithologique importante de ces milieux forestiers caducifoliés de plaine. Les relevées d'avifaune ont montrés une richesse de 54 espèces, cette valeur est d'autant plus exceptionnelle qu'elle se mesure sur un territoire d'à peine 180 hectares. Sur les 54 espèces

d'oiseaux, 20, soit 37% sont protégées. Pas moins de 8 rapaces fréquentent et/ou nichent dans le site. Nous avons, du reste, la preuve formelle de la nidification du Circaète JLB et de l'Aigle botté. Cette richesse en espèces carnassières hautement intégratrices est un signe fort en faveur de la grande qualité écologique globale d'un milieu naturel.

L'examen de la liste d'espèces du tableau 3 révèle par ailleurs, une hétérogénéité forte qui ne peut qu'être le résultat d'une structure en mosaïque du secteur écologique que constitue le site.

Cette complexité abrite en parallèle une faune mammalienne importante qui contribue fortement à la valeur écologique du site. Parmi les mammifères présents, l'Hyène rayée et la Loutre commune constituent un élément de biodiversité remarquable. Ces deux espèces se maintiennent cependant difficilement eu égard au morcellement global qui affecte les milieux naturels de la région.

Notons par ailleurs, que l'entomofaune doit, de toute évidence, refléter le caractère humide du site. On peu donc soupçonner la présence d'une odonatofaune particulièrement riche ; qui est connue pour compter de nombreuses espèces patrimoniales tels que les populations d'odonates d'origine africotropicale qui constituent une faune relictuelle comme Acisoma panorpoides ascalaphoides, Diplacodes lefebvrii, Trithemis annulata, Hydrocyrius columbae, Anisops sardea et Mesovelia vittigera (Samraoui et al.1993). ( Kheouf Sofiane., Attar wadii .2009).

> LES FACTEURS D'ALTERATION

L'Aulnaie de Ain Khiar est un type d'habitat étroitement dépendant de facteurs sensibles comme l'eau. Cet élément fait malheureusement l'objet d'une exploitation et d'une détérioration permanente par l'homme. Notamment par l'implantation d'exploitations agricoles consommatrices d'eau à proximité immédiate, mais également par le déversement direct d'eaux usées par les zones urbaines limitrophes (AOUADI H. 1989).

Ce milieu est donc soumis à des facteurs d'altération multiples, due à l'action anthropique généralisée comme les défrichements sur la périphérie du site, le pompage continu et incontrôlé de l'eau, le surpâturage intense, les incendies, les coupes de bois illicites.

> AGRICULTURE

L'évolution des activités agricoles sur la zone périphérique de l'aulnaie est à l'origine de plusieurs menaces. Elle représente d'abord une pression foncière qui empêche les possibilités d'expansions de l'aulnaie et qui réduit peu à peu sa superficie.

Ces activités ont un impact sur la quantité et la qualité de l'eau disponible pour l'aulnaie qui est, de ce fait, directement concurrencée pour cette ressource ; surtout durant la période estivale où elle devient un facteur limitant, indispensable pour la croissance des végétaux. L'agriculture représente aussi une source de pollution trophique (eutrophisation) par transfert des intrants non utilisés vers le site de l'aulnaie, par lessivage, lors des orages violents. Elle peut être à l'origine d'une certaine mortalité de la faune invertébrée par l'action de fongicides et insecticides utilisés en masse durant la saison chaude.

La présence permanente des agriculteurs représente également une source de dérangement qui peut empêcher la fréquentation du site par la grande faune mammalienne.

> ELEVAGE

Le pastoralisme est le système traditionnel de conduite des élevages. Cette méthode profite des ressources naturelles en fourrage pour assurer la croissance et la multiplication du bétail. Son action peut être véritablement catastrophique sur le développement et l'expansion de l'aulnaie. Elle n'est limitée que par l'accessibilité du site due à l'inondation. En cas d'assèchement, même temporaire, le bétail peut en profite pour pâturer le maximum de production primaire.

> POLLUTION

Les eaux de l'aulnaie d'Ain Khiar souffrent d'une contamination provoquée par les activités humaines. En effet, cette zone est affectée par une pollution provoquée essentiellement par le déversement des eaux usées. Cette contamination dégrade la qualité de l'eau de surface et augmente le risque de contamination de la nappe phréatique par infiltration de ces polluants. Sa concentration en nutriments (nitrates, nitrites, phosphates...) est un facteur d'eutrophisation du milieu avec toute ses conséquences sur la détérioration de la qualité de l'eau. Ainsi, les risques de mortalité d'invertébrés et de vertébrés auxiliaires et la prolifération d'espèces opportunistes vulnérantes ou nuisibles, ne seront plus négligeables. Ils révèleront une détérioration irréversible du milieu.

V. MESURE DE GESTION ET DE CONSERVATION

V-1. CONSERVATION DU SITE ET DES ESPECES VEGETALES D'INTERET MAJEUR

La conservation des espèces patrimoniales passe par une action urgente qui garantisse la pérennité de leur habitat et la permanence des facteurs qui régissent son fonctionnement. Cette démarche nécessite :

- La fixation définitive des limites foncières de l'aulnaie qui bloque toutes expansions des terres agricoles périphériques.

- La mise en place d'un dispositif de veille et d'intervention rapide contre les incendies de forêts.

- Une réglementation sévère du pâturage, et des travaux sylvicoles.

A ce titre, la création de parcelles mises en défend permet d'évaluer précisément l'impact de ces menaces sur l'aulnaie qui reste jusqu'à présent méconnues. Cette procédure favorise automatiquement l'amélioration de la régénération naturelle des différentes formations végétales

V-2. GESTION DE L'EAU

À court terme, il faudra entreprendre des démarches en vue de sensibiliser les agriculteurs riverains sur les conséquences d'une mauvaise gestion de l'eau du site. La pollution des eaux peut être également due à l'utilisation des engrais chimiques. Nous ne disposons d'aucunes données sur les quantités utilisées par les agriculteurs, ni sur la fraction lessivée qui rejoint la nappe. Cependant, il ne sera pas inutile de s'attacher la collaboration des cultivateurs pour appliquer certains principes de précaution.

- Les intrants chimiques doivent être épandus à des phases précises de la croissance des plants, et qui seraient précisées par des ingénieurs agronomes. Outre une utilisation optimale par la plante, on limitera au minimum la fraction lessivée dans la nappe.

- Les amendements ne doivent pas être effectués les jours pluvieux pour éviter leur lessivage dans la nappe. Ce qui réduirait en même temps les pertes financières dues à ce phénomène.

- On préfèrera une fumure organique, utile pour les plantes et les sols, qu'un amendement chimique.

La gestion du volume d'eau est essentiellement liée aux prélèvements pour l'irrigation. Là encore nous ne disposons que de peu d'éléments pour mesurer l'impact de cette pratique sur les volumes disponibles. D'une manière générale les prélèvements sont effectués pour une irrigation saisonnière de cultures de plein air. Ils assurent la croissance des plantes durant la saison vernale et estivale : soit de mai à fin juillet. Les volumes prélevés sont variables. Ils dépendent de la surface cultivée et de la spéculation concernée. Arachides et petits pois sont moins exigeants en eau que pastèques et melons. On peut redouter une baisse importante du niveau de l'eau en cas de sécheresse prolongée.

Dans ces conditions, ces quelques principes d'irrigation peuvent être préconisés aux cultivateurs :

- L'irrigation doit être effectuée exclusivement en début de soirée. Soit une heure après le coucher du soleil, pour limiter les déperditions par évaporation.

- on évitera les systèmes gaspilleurs tels que les « sprinklers ». Notamment pour les cultures alignées (haricots, pastèques, arachides...). Ce système favorise de plus la croissance des adventices et provoque des baisses de rendement. On lui préfèrera une irrigation gravitaire judicieusement contrôlée ou mieux une irrigation au goutte-à-goutte. Cette opération peut être financée par les agriculteurs avec une aide du ministère de tutelle.

- Les motopompes doivent être installées sur des plates-formes discrètes éloignées (10 m au moins) des rives des étangs. Ceci aura pour but de limiter voir de supprimer la pollution de l'eau par le fuel et les huiles.

- il faudra limiter les prélèvements au strict nécessaire pour éviter tout dérangement par le bruit.

Il est essentiel d'élaborer des programmes d'action et de s'attacher la collaboration active de tous les agriculteurs. Ces programmes comportent les mesures de bonnes pratiques agricoles visant à limiter l'épandage d'engrais minéraux.

Concernant les eaux usées, les municipalités concernées devront veiller à s'assurer du respect des normes d'assainissement des eaux usées à l'intérieur des limites de leur agglomération. Cela nécessite la création d'une station de collecte et d'épuration des eaux au niveau de la zone périphérique du site.

L'expansion urbaine devra être sévèrement contrôlée et préférentiellement orientée vers l'est de l'agglomération plutôt que vers le sud ou l'ouest.

Conclusion

L'étude de la flore et de la faune de l'aulnaie d'Ain Khiar nous a confirmé que ce milieu se singularise par une valeur patrimoniale importante. Sa localisation en plaine, à la jonction de plusieurs grands massifs forestiers : Bougous au sud, Feggaïa au nord ; en fait un milieu de transit très favorable pour de nombreuses espèces d'oiseaux et de mammifères. Les conditions de fraicheur qui règnent durant la saison estivale jouent un puissant rôle attracteur pour toute une faune qui y trouve le moyen de se soustraire aux fortes températures. Le classement international de ce site s'en trouve donc largement justifié, même s'il ne bénéficie pas d'une protection légale nationale. Il lui confère une notoriété qui peut être utile pour appuyer des actions de sensibilisation.

L'existence de ce site est largement déterminée par l'eau. Ce facteur fait également l'objet d'une convoitise grandissante par l'homme pour assurer ses besoins vitaux (irrigation, eau potable...). L'aulnaie se retrouve donc dans une situation de concurrence directe avec l'homme, pour cet élément.

Par ailleurs, cet écosystème à une productivité primaire importante. En plus de la diversité et du caractère patrimonial des espèces en présence, cette productivité est à l'origine d'une concentration animale supérieure à la moyenne. Cette production primaire constitue une ressource qui n'est pas à la seule disposition de la faune sauvage. Elle fait l'objet d'une exploitation intensive directe par les animaux domestiques (bovins, ovins, caprins).

Enfin, la proximité de l'habitat humain confère à cet écosystème sensible la fonction de réceptacle de résidus de toute sorte. Eaux usées, ordures ménagères...

On l'a vu le classement international de ce site n'est pas suffisant pour le soustraire aux multiples agressions dont il est l'objet. Sa valeur patrimoniale, largement établie n'a plus besoin de renseignements supplémentaires pour l'étayer. Il faut désormais passer aux actes en établissant un plan détaillé et précis de conservation. Ce plan de conservation doit être accompagné d'une maîtrise des paramètres qui agissent sur le fonctionnement du milieu. Ces paramètres sont de nature anthropique (exploitation de l'eau, de l'espace, pollution, incendies...) et participent du fonctionnement naturel des écosystèmes (facteurs biotiques et abiotiques).

La maîtrise de ces paramètres implique la mise en place d'un véritable plan pour gérer l'ensemble des enjeux (économiques, sociaux, écologiques et patrimoniaux).

Mais les enjeux écologiques seront irrémédiablement sacrifiés sur l'autel de l'urgence économique, face à la précarité d'une existence où les besoins vitaux de bases (nourriture, soins, éducation...) seront difficilement satisfaits.

Il sera donc impératif d'accompagner les mesures de conservation ; de mesure de gestion à même d'assurer une exploitation raisonnée et durable par les riverains dont on doit impérativement s'attacher la contribution volontaire.

Cette contribution doit concerner tous les aspects liés au fonctionnement et à la structure de l'aulnaie. Agriculture, élevage, urbanisme, pollution, niveau des eaux, faune, flore, doivent constituer en permanence un pôle de sensibilisation, de dialogue, de négociation, pour dégager la meilleure conduite à tenir afin de garantir la pérennité de l'ensemble de l'écosystème.

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ANNEXES

Diversité des milieux dans l'aulnaie

Situation générale et répartition des principales unités paysagères de l'aulnaie de Ain Khiar

-6.

Fond cartographique 1/25000 feuille BOUTELDJA 5

L'eau est omniprésente dans l'aulnaie et sa périphérie

Peuplement d'oiseaux de l'aulnaie de Ain Khiar

Espèces

Abondance

Espèces

Abondance

1. Aigle botté

**

28. Héron pourpré

***

2. Aigrette garzette

***

29. Héron crabier

***

3. Bouscarle de Cetti

****

30. Héron garde-boeufs

****

4. Bulbul gris

***

31. Hibou petit-duc

**

5. Buse féroce

**

32. Hypolaïs pâle

**

6. Canard colvert

***

33. Loriot d'Europe

***

7. Canard souchet

***

34. Martin pêcheur

**

8. Chouette hulotte

**

35. Merle noir

***

9. Chouette chevêche

**

36. Mésange bleue

****

10. Chouette effraie

**

37. Mésange charbonnière

***

11. Cisticole des joncs

***

38. Milan noir

**

12. Circaète Jean-Le-Blanc

**

39. Pic de Levaillant

***

13. Coucou gris

***

40. Pic épeiche

***

14. Epervier d'Europe

**

41. Pic épeichette

**

15. Etourneau unicolore

***

42. Pigeon ramier

***

16. Fauvette à tête noire

***

43. Pinson des arbres

****

17. Fauvette grisette

**

44. Pouillot de Bonelli

****

18. Fauvette mélanocéphale

**

45. Pouillot véloce

***

19. Fauvette passerinette

**

46. Poule d'eau

***

20. Fuligule nyroca

**

47. Roitelet triple-bandeau

***

21. Gobe-mouches gris

***

48. Rossignol philomèle

***

22. Grimpereau brachydactyle

****

49. Rouge-gorge

****

23. Gros bec

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50. Serin cini

***

24. Guêpier d'Europe

***

51. Tourterelle des bois

***

25. Héron blongios

**

52. Tourterelle turque

***

26. Héron bihoreau

**

53. Troglodyte mignon

****

27. Héron cendré

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54. Verdier

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