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Le BIR et la GP dans la politique de défense et de sécurité du Cameroun. Socioanalyse du rôle présidentiel, des concepts stratégiques et d'emploi des forces

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par Hans de Marie HEUNGOUP
Université catholique d'Afrique centrale - Master en gouvernance et politiques publiques 2011
  

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SECTION II LA NOUVELLE INGENIERIE DE LA PROPHYLAXIE POLITIQUE

Dans le système bureaucratico-présidentiel, la présidentialisation, des forces de défense et de sécurité constitue la condition sine qua non de la perpétuité du gouvernement. Cette présidentialisation se définit en termes de contrôle du chef de l'État des appareils sécuritaires et militaires, mais aussi en termes de monopolisation des moyens de défense et de sécurité au profit du chef de l'État et du collectif bureaucratico-présidentiel, la sécurité et la défense apparaissant en ce moment comme une ressource politique, un bien dont ne peuvent avoir droit que les membres du clergé d'État.

I- La technologie sécuritaire du gouvernement perpétuel

La technologie politico-sécuritaire du gouvernement perpétuel se décline en deux volets : la gestion présidentialiste des forces de défense et la gestion présidentialiste des forces de sécurité.

I.A- La gestion présidentialiste des forces de défense

La gestion présidentialiste des forces de défense est identifiable à la fois dans l'organigramme des états-majors interarmées et le fonctionnement des organes de la défense.

La présidence de la République est le centre de force et de gravité en matière de défense au Cameroun. Le MINDEF ne dispose que des pouvoirs qu'on veut bien lui accorder. La création en 1983 d'un état-major particulier du président de la République marque la primauté de la personne du président dans la conduite de la défense. D'après un enquêté, « les vraies décisions se prennent à ce niveau, nous on se charge juste d'appliquer ».131 Ces paroles d'un haut gradé de l'armée camerounaise témoignent que tout se noue et se dénoue au niveau de l'état-major particulier du président de la République. C'est donc à juste titre qu'au Cameroun on n'a pas un Ministre de la Défense, mais un ministre délégué à la présidence, chargé de la défense. Cette situation est particulièrement aggravée avec la prolifération des unités spéciales, comme nouvelle doctrine opérationnelle d'emploi des forces du Cameroun.

D'après Elie MVIE MEKA,

L'armée régulière a marquée son inefficacité à assurer la défense et la sécurité du pays. Face aux nouvelles menaces et aux nouvelles criminalités, il était important de doter le pays des forces spécialement entraînées et équipées, capables de défendre la souveraineté du pays. Tout ceci est du au fait que l'armée est une institution sociale dans notre pays. J'avais dit au président d'arrêter le recrutement militaire, que nous ne pouvons pas entretenir une armée de 40 000 hommes. Mais comme il faut trouver du boulot aux gens.132

L'analyse que l'on peut faire de ces propos est que les forces spéciales constituent une réponse présidentielle face aux défis de la défense et de la sécurité et à l'incapacité de l'armée régulière d'assumer ce rôle. L'armée régulière qui apparaît pléthorique pour les 180 milliards de Francs CFA de budget de l'armée camerounaise, il faut les substituer par des forces spéciales. Et ces forces spéciales sont directement contrôlées par le président. Le cas du BIR

131 Interview avec un Colonel de l'armée de Terre du Cameroun, 23 mai 2011.

132 Entretien le 19 avril 2011 à 11 heures avec le Dr. Elie MVIE MEKA, ancien directeur des études à l'EMIA.

que nous venons d'évoquer, qui compte tout de même 4000 hommes sur une armée qui ne compte que 40 000, est patent. Le MINDEF ici n'a aucun mot à dire, ce d'autant que l'ex colonel du BIR était lié à un contrat « privé » à la présidence de la République. Les autres forces telles que le BSA, le BTAP, le FAI, les FMC sont liées pour leur déplacement ou leur engagement à l'approbation du président. De même, le matériel de guerre aéronaval est contrôlé par le président.

I.B- La gestion présidentialiste des forces de sécuritéLa gestion présidentialiste des forces de défense a comme corolaire la gestion

présidentialiste des forces de sécurité. Une distinction qui est en réalité factice, dans un environnement d'imbroglio entre le champ de la défense et celui de la sécurité. La gestion présidentialiste des forces de sécurité est caractérisée par le contrôle des forces de police à travers la DGSN et des forces de la Gendarmerie à travers le SED, la monopolisation des services de renseignement et de services secrets, et le contrôle des unités spéciales de la gendarmerie (GPIGN) et de la police (ESIR, GSO) par le président de la République.

Comme pour le secteur de la défense, le patron de la police camerounaise est le président de la République, le DGSN n'étant effectivement comme son nom y fait référence un délégué. Nommé par le président, ainsi que tous ses collaborateurs, il exécute les missions définies par celui-ci. L'étude du décret de 2001, portant organisation de la DGSN, permet de concevoir l'atrophie des pouvoirs du délégué au profit de celui qui l'a nommé : le chef de l'État. Ici, la présidence apparait également comme le centre de force de la sécurité au Cameroun. L'ESIR, financé par les États-Unis et le GSO, financé par la France sont directement liés à la présidence, et ne dépendent pas de la DGSN.

Le SED obéit à la même configuration et au même principe de fonctionnement : celui de la prééminence présidentielle. La coexistence du MINDEF et du SED est par ailleurs problématique. Pourquoi créer un SED alors qu'il y a déjà un MINDEF ? La réponse réside dans le fait que le SED effectue surtout des missions de police. Même si le SEMIL et le CRM sont rattachés au MINDEF, dans les faits le renseignement militaire camerounais provient du SED. La gestion des forces de sécurité se caractérise par la monopolisation et la confiscation des services de renseignement aux fins de prévention de la déstabilisation et de la sécurité intérieure, qui dans le contexte camerounais signifie la prévention d'un coup d'état ou d'un assassinat conte la personne du président. Les services secrets et les services de renseignement du Cameroun sont le lieu par excellence où la sécurité présidentielle

surplombe la sécurité de la nation. Ils sont également le lieu d'expérimentation de l'obsession sécuritaire. Tandis que les services secrets chinois tentent de « voler » les savoirs technologiques des firmes occidentales, tandis que les services secrets américains participent à la guerre économique, à la lutte contre le terrorisme ou à consolider les régimes qui leur sont favorables ; au Cameroun, le rôle prépondérant des services secrets est la survie présidentielle.133

Enfin, le dernier né en date de la présidentialisation sécuritaire est le Conseil National de sécurité, créé par décret n° 2009/004 du 8 janvier 2009, portant création et organisation d'un Conseil national de sécurité. Ce décret abroge le décret de 1986, portant organisation du comité interministériel du renseignement. Le Conseil est appelé à : « faire périodiquement la synthèse des renseignements intéressant la sécurité intérieure et extérieure de la nation; formuler des propositions d'orientation de renseignement prévisionnel; donner son avis sur tout dossier à lui soumis par le président de la République ».134

Le Conseil national de sécurité est administrativement rattaché au secrétariat général de la présidence de la République. Sont membres du CNS camerounais:

> le Secrétaire Général de la Présidence de la République;

> le Ministre chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation > le Ministre chargé de la Défense;

> le Ministre chargé des Relations extérieures ;

> le Directeur du Cabinet civil du Président de la République;

> le Délégué général à la Sûreté nationale;

> le Secrétaire d'État à la Défense ;

> le chef d'état-major des armées;

> le chef d'état-major particulier du Président de la République ;

> le Directeur de la sécurité présidentielle;

> le Directeur général de la Recherche extérieure;

> le Directeur central de la coordination à la gendarmerie nationale;

> le commandant de la garde présidentielle.

133 France 24, Émission Intelligence économique, les services secrets français et américains, mai 2011.

134 Décret n° 2009/004 du 8 janvier 2009, portant création et organisation d'un Conseil national de sécurité.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry