WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse comparative de la crise économique de 1929 et de la crise financière internationale de 2007

( Télécharger le fichier original )
par Ben KATOKA
Université de Kinshasa - Economie Monetaire 2009
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

    `ESSAI'

    ANALYSE COMPARATIVE DE LA CRISE

    ECONOMIQUE DE 1929 ET DE LA CRISE

    FINANCIERE INTERNATIONALE DE

    2007.

    Hen KA TOKA K.L.V.

    Kinshasa, aoiit 2010.

    41( Imaginez une r~gle tenue verticalement sur votre doigt : cette position tres instable devrait conduire et sa chute, au moindre mouvement de la main ou en raison d'un tres lager courant d'air. La chute est liée fondamentalement au caractire instable de la position; la cause immediate de la chute est, elle, secondaire x,.

    Didier SORNETTE, 2002.

    INTRODUCTION GENERALE

    L'économie mondiale subit depuis 2007 sa crise la plus grave depuis de nombreuses décennies. Un environnement favorable, caractérisé par une forte croissance et une inflation faible durant les années précédentes, avait conduit les investisseurs à penser que l'avenir serait éternellement radieux et à sous-estimer les risques.

    Aux Etats-Unis, le prix du logement et d'autres actifs est monté en flèche. Les crédits immobiliers ou prêts hypothécaires font leur apparition et sont accordés aux ménages américains à revenus modestes.

    Ces prêts, appelés « subprimes », profitent aux institutions financières tant que les prix de l'immobilier augmentent et que les taux (variables) sont bas, car, elles sont sûres de recouvrer leurs fonds en vendant les biens hypothéqués à des prix qui leur seraient favorables.

    Le statu quo s'est accentué suivant le mouvement sans cesse en hausse du prix du logement, nourri par une stabilité accrue des évolutions macroéconomiques (croissance et inflation).

    Lorsque la courbe des prix du logement s'est inversée, entraînant l'effondrement de la valeur des biens hypothéqués et rendant par conséquent le recouvrement des fonds prêtés difficile par les institutions financières, tous les ingrédients de la crise étaient réunis.

    La baisse drastique du prix des logements, couplée à la hausse des taux d'intérêts, a rendu le remboursement trop difficile pour plusieurs ménages causant l'insolvabilité puis la faillite de plusieurs organismes financiers.

    La faillite des institutions financières a engendré une crise de confiance touchant l'ensemble des agents économiques et provoquant une crise à l'ensemble de l'économie.

    Dans un contexte marqué par une intégration mondiale rapide et des interconnexions étroites et complexes entre les institutions financières et marchés du monde entier, la crise s'est propagée à toute vitesse à l'ensemble du système financier et à l'économie mondiale.

    Plus loin, dans le courant des années 1920 et 1930, le monde a eu également à connaître une crise d'une très grande ampleur, touchant une grande partie de l'économie mondiale.

    Cette grande crise, connue sous le nom de « la crise économique de 1929 » ou encore « la grande dépression », a pris naissance aux Etats-Unis, en octobre 1929, mettant fin à une importante période de prospérité, et s'est rapidement étendue au reste du monde.

    Au cours de la décennie 1920 et même bien avant, les Etats-Unis connaissent une grande prospérité marquée par un boom économique caractérisé par d'importantes innovations technologiques telles que la radio, le téléphone et de nouveaux outils et systèmes de production rénovateurs qui entraînent une augmentation de la productivité industrielle, une forte croissance, un recours au crédit de plus en plus important causé par des taux d'intérêt très bas et une grande spéculation boursière.

    Mais le recours trop important au crédit, la surproduction industrielle (on produit trop par rapport à ce que les américains consomment), la crise dans le secteur de l'agriculture (en raison de la baisse des prix de gros des produits agricoles et de l'accumulation des stocks), et surtout la spéculation boursière, jettent les bases de la crise.

    L'annonce d'une baisse prochaine des prix (consécutive à une offre trop abondante) et des bénéfices industriels en octobre 1929, pousse certains spéculateurs boursiers à vendre leurs titres au moment où ils sont encore cotés à un niveau élevé en bourse. Un nombre trop important d'actifs sont alors mis en vente, provoquant un effondrement des cours et une panique boursière qui débouche sur la faillite et la fermeture de nombreuses banques, engendrant une forte diminution de la production industrielle et de la consommation.

    Lorsque les banques américaines, à court de liquidités pour assurer le remboursement des dépôts, ont commencé à réclamer le remboursement de leurs prêts à l'étranger, la crise s'est étendue au monde entier, provoquant l'effondrement du système financier mondial, et s'est propagée à l'échelle de l'économie mondiale par le biais des échanges commerciaux qui se sont resserrés du fait de la montée des barrières commerciales dans un grand nombre de pays.

    La comparaison entre la crise financière internationale de 2007 et la crise économique de 1929 permet de déceler le fait qu'à l'origine de chaque crise on trouve différentes combinaisons de causes, souvent endogènes aux systèmes, ayant

    des effets à diverses échelles et appelant à l'intervention de l'Etat, à travers différentes mesures pour résorber les dangers qu'elles suscitent.

    Pour résoudre la crise de 1929, L'Etat était obligé d'intervenir (aux Etats-Unis comme dans d'autres pays capitalistes) à travers certaines mesures et politiques interventionnistes. Dans le cadre de la crise de 2007, l'histoire a semblé se répéter, suscitant une confusion quant aux croyances de ces pays au libéralisme, à l'autorégulation des marchés, et à l'interventionnisme keynésien auquel ils font recours pour résoudre les crises.

    La crise financière internationale de 2007 a eu certes une profondeur énorme, une étendue et une férocité extraordinaires. Mais quelle a été son ampleur par rapport à la crise de 1929 ? Les interventions des Etats signifient-elles un abandon du libéralisme ? Que devrait-on faire, se référant à la crise de 1929, pour endiguer définitivement les dégâts de la crise financière internationale de 2007 ?

    Le corps de cette étude a la prétention de réunir les éléments de réponse à ces importantes interrogations à travers l'analyse approfondie :

    · des facteurs à l'origine de chaque crise ;

    · du déroulement et des mécanismes de propagation de chaque crise ;

    · des interventions et politiques nationales pour endiguer chaque crise ;

    · de l'importance de l'Etat dans l'économie.

    Partant de l'acception selon laquelle l'hypothèse cherche à établir une vision provisoire du problème soulevé, ou à apporter des réponses anticipatives devant découler de la problématique, nous émettons, au regard de l'objectif poursuivi dans notre travail, l'hypothèse que, la crise que la crise financière internationale de 2007 est bien comparable, de par son ampleur, à la crise économique de 1929, et que les différentes interventions des Etats ont conduit effectivement à un certain abandon du laissez-faire.

    L'histoire économique nous montre que vers la fin de la deuxième décennie du vingtième siècle jusqu'à la décennie d'après, il y a eu une crise économique d'envergure mondiale, avec d'énormes pertes financières, faillites d'entreprises et d'institutions financières ainsi que des déséquilibres commerciaux, etc.

    Depuis 2007, une importante crise sévit l'économie mondiale, entraînant des pertes financières d'une très grande ampleur, la faillite en cascade de plusieurs institutions financières, ainsi que des crises dans divers secteurs de

    l'économie. Nous pouvons dès lors constater que dans les deux cas, il y a des effets dévastateurs dans l'économie mondiale.

    L'ampleur de la crise de 2007, vue sa propagation dans les moindres recoins de l'économie mondiale, a réellement représenté pour la prospérité de la planète, une menace sans précédent depuis la crise de 1929.

    C'est dans ce cadre qu'il nous a paru important d'analyser et de comparer la crise financière internationale de 2007 à la crise économique de 1929, sans toutefois avoir l'intention d'écrire une histoire économique des deux périodes. Et ce, en vue d'en faire ressortir les causes, l'impact économique, ainsi que ce que l'on peut faire pour en endiguer les dégâts et prévenir une nouvelle calamité de cette espèce, dans l'espoir que cette analyse sera utile pour les futures analyses sur les crises économiques et financières, car l'histoire peut aider à trouver des solutions aux problèmes qui se posent au présent.

    BEN KATOKA K.L.Y.

    Juin 2010

    Ce travail portera respectivement, pour la crise économique de 1929, sur la période allant de 1920 à 1934, laquelle nous permettra d'une part, de faire une analyse de la période 1920-1929, caractérisée par l'expansion ayant précédée la crise et d'où nous chercherons les facteurs ayant causé la crise. D'autre part, nous étudierons la période 1929-1934, considérée comme celle du déroulement de la crise économique. Ensuite, concernant la crise financière internationale de 2007, nous nous intéresserons à la période allant de 2000 à ces jours, d'où nous étudierons la période 2000 à 2007, ayant précédée la crise, puis la période de crise proprement dite, c'est-à-dire, de 2007 (année de déclenchement de la crise) à ces jours.

    I

    NOTIONS SUR LES CRISES FINANCIERES ET

    ECONOMIQUES

    Avant d'entrer dans le vif de l'analyse des deux périodes faisant l'objet de la présente étude, il est prioritaire de passer en revue certains concepts susceptibles d'en fluidifier la lecture, et faciliter la compréhension. C'est ainsi que ce chapitre sera consacré à l'explication et l'analyse de certaines notions basiques.

    1.1. DEFINITIONS

    Le mot crise peut être compris selon différentes acceptions. Il peut en effet être compris comme un brusque changement d'état ou une aggravation subite, une apparition brutale d'un état morbide, une période d'intense activité qui retombe soudainement et un point de paroxysme où s'expriment des graves tensions.

    Il peut également désigner le moment périlleux ou décisif d'une affaire, une période d'instabilité ou de doute collectif. Ou encore, comme une phase grave dans l'évolution des choses, des événements, des idées.

    On peut alors distinguer diverses sortes de crises à savoir, les crises de santé, les crises politiques, les crises sociales, les crises culturelles, les crises de change, les crises boursières, les crises financières, les crises économiques, etc.

    Dans le cadre de ce chapitre, il sera question d'approfondir la notion de crise financière et de crise économique.

    1.1.1. Crise financière

    Une crise financière peut être comprise comme le blocage du fonctionnement de l'économie d'un pays, d'une région ou encore du monde, en raison d'une rupture de liquidité et de la crise de confiance des acteurs économiques vis-à-vis du système financier.

    Elle peut également être comprise comme une période d'instabilité et de déficits financiers.

    Elle peut aussi être définie comme une oscillation de grande ampleur affectant tout ou partie d'un ensemble de variables financières : volumes d'émission et cours des obligations ou des actions, encours de crédits et de dépôts bancaires, taux de change1.

    Une crise financière peut être également décrite comme un ensemble de situations diverses dans lesquelles certaines institutions financières perdent soudainement une grande partie de leur valeur du fait d'un dérèglement du système de refinancement.

    Il y a également crise financière, selon Michel AGLIETTA, lorsqu'un accident localisé peut se propager à l'ensemble du système financier, à cause des externalités qui sont inhérentes à la présence du risque dans un système2.

    Selon F. MISHKIN, une crise financière désigne une interruption profonde du fonctionnement des marchés financiers, caractérisée par des fortes baisses du prix des actifs et par la défaillance de nombreuses sociétés financières et non financières3.

    1 BCC, « De la crise financière à la crise économique », in Notes de conjonctures, Kinshasa, 2008, pp. 1-2.

    2 M. AGLIETTA, Macroéconomie financière, 4ème Edition, La découverte, Paris, 2008, p.7.

    3 F. MISHKIN, Monnaie, Banques et Marchés Financiers, 8ème Edition, Nouveaux Horizons, 2008, p. 231.

    Dans le cadre de la présente étude, nous avons choisi de retenir cette dernière définition, car elle cadre bien avec la situation de la crise financière dont il sera question dans les chapitres suivants.

    Une crise financière, telle que nous l'avons définie, peut être d'échelles différentes. Elle peut en effet, être régionale, nationale, mondiale, ou se limiter à une seule institution financière, entreprise, secteur, etc.

    Elle se traduit généralement par des conséquences sociales dramatiques sur l'économie réelle (faillites en cascades d'entreprises, déflation, chômage, etc.) et résulte, selon F. MISHKIN4, la plupart du temps de :

    · la hausse des taux d'intérêt ;

    · la baisse de la bourse ;

    · déclin non anticipé du niveau des prix ;

    · la montée de l'incertitude ;

    · paniques bancaires.

    1.1.2. Crise économique

    Comme pour la crise financière, plusieurs acceptions peuvent être accordées à la notion de crise économique. Par crise économique en effet, on peut entendre une période de grave déséquilibre économique résultant du décalage entre production et consommation.

    Elle peut également désigner une période où le climat des affaires dégrade brusquement la majorité des activités économiques, entraînant sur une échelle importante, des faillites et des licenciements, arrêtant l'investissement, bloquant le crédit, ruinant une partie du secteur bancaire, et freinant les échanges5.

    Toutes ces définitions semblent bien cadrer avec la crise économique dont il sera question plus loin. Cependant, quelles sont les causes d'une crise économique ?

    Selon l'école Autrichienne d'économie, les crises économiques sont essentiellement dues à l'accumulation de défauts d'ajustement de l'appareil de

    4 F. MISHKIN, Cité par Banque de France, « Les canaux de transmission monétaire : leçons pour la politique monétaire », In Bulletin de la Banque de France, n°27, mars 1996, pp. 98-99.

    5 BCC, Op. cit., pp 2-3.

    production à la demande réelle6. Les économistes de cette école notent en effet qu'à mesure que les prix deviennent de plus en plus faussés, des malinvestissements, soit des investissements qui n'auraient pas été faits dans les conditions normales du marché, finissent par s'accumuler et, la surabondance de crédit fait en sorte que des décisions de plus en plus risquées sont prises dans le but d'accroître les rendements, et l'effet de levier atteint des niveaux dangereusement élevés.

    Par contre, la théorie marxiste7, voit dans le libéralisme un système en lui-même générateur de crise, à cause essentiellement des conflits entre patrons et ouvriers (lutte des classes).

    La crise économique est définie dans les théories économiques du cycle8, comme une période de ralentissement de l'activité économique, faisant suite à une période d'expansion :

    Figure 1. Phases du cycle économique

    3 4

    1

    2

    6« Le libéralisme au service du peuple », in Cinquième Université annuelle du Club de l'Horloge, Paris, 1er octobre 2OO5.

    7 Le Marxisme représente une doctrine et une méthode d'analyse formulées par Karl Marx et Friedrich Engels et développées par leurs disciples. Selon cette école, c'est sur le travail que repose tout le principe de la production capitaliste..., or, dans le salariat, le prix de la force de travail est sous-évalué par rapport à la valeur qu'elle produit..., le salaire que chaque travailleur reçoit pour commencer et reproduire ainsi sa force de travail reste inférieur à la valeur que son travail produit... C'est cette situation qui conduit à terme au blocage de la machine capitaliste.

    8 Les théories qui distinguent la succession plus ou moins régulière des périodes de prospérité et de dépression dans une économie. On distingue essentiellement 3 types de cycles à savoir, le cycle de 40 mois ou KITCHIN, cycle de 8 à 10 ans ou JUGLAR, cycle de 50 ans ou KONDRATIEFF. Voir P. GILLES, Histoire des crises et des cycles économiques, ARMAND COLLIN, Paris, pp. 20-70. ; MAGNAN (Jean de Bornier), « Cycles et fluctuations économiques, 2008 » ; Et MUBAKE MUMEME, « Fluctuations et croissances économiques », Cours de L1 Sciences Economiques, UNIKIN, Kinshasa, 2OO8.

    Source : Figure élaborée par nous-même sur base du cours de Fluctuations et Croissances économiques (Première Licence Sciences Economiques), et d'autres ouvrages consultés.

    · La première phase (1) correspond à la haute conjoncture, la croissance ou l'expansion, qui se caractérise par une hausse de la production ;

    · la deuxième (2) correspond à la phase de crise ou récession, c'est-à-dire le point de retournement ou de passage d'une phase de croissance à une phase de décroissance9, marquée par un affaiblissement du rythme d'accroissement de la production ;

    · la troisième (3) constitue une phase de basse conjoncture, de dépression, de creux, de liquidation10. Elle s'accompagne d'une baisse de la production ;

    · la quatrième (4), s'analyse comme une phase de reprise.

    Nous pouvons également ajouter que l'expansion des crédits met en mouvement les différentes phases du cycle économique : le boom (expansion) est marquée par l'expansion de l'offre de monnaie et par des erreurs d'investissement tel que nous aurons à l'expliquer plus loin ; la crise survient lorsque l'expansion des crédits s'arrête et que les mauvais investissements deviennent évidents ; la dépression est le processus par lequel l'économie connaît des réajustements pour préparer la reprise.

    Durant la phase de croissance, où l'on assiste en effet à une augmentation de l'emploi, des salaires et des bénéfices, les entrepreneurs expriment un optimisme les amenant à accroître leur niveau de production futur. Cependant, à partir d'un seuil donné, se dressent certaines barrières faisant obstacle aux attentes de ces derniers : hausse des coûts de production, hausse des taux d'intérêt, des prix, baisse de la consommation en réaction aux hausses des prix, etc. Le niveau de la production n'étant pas proportionnel à celui de la consommation, les stocks s'accumulent, provoquant une chute des prix. Face à une telle situation, les entrepreneurs réduisent alors leurs dépenses et procèdent à des licenciements. Le cumul de tous ces événements débouchent sur une récession.

    Autrement, tel que nous l'avons évoqué plus haut, toute période d'expansion provoque une expansion du crédit et une augmentation de l'endettement emmenant les agents économiques à s'engager au-delà de leurs capacités d'endettement. Ce surendettement est la cause première de la panique boursière. En effet, la panique provoque une volonté de liquidation de la dette qui, à

    9 D. J. MAGNAN, « Cycles et fluctuations économiques », 2008, ( http://fr.wikipedia.org/wiki/crisefinancière), p. 2.

    10 Idem.

    son tour, entraîne un dégonflement de la masse monétaire, puisqu'on a ici beaucoup plus de remboursements de crédits que d'émissions de crédits, débouchant sur une contraction de la masse monétaire, puis du niveau de la demande.

    MURRAY N. ROTHBARD affirme que : « le boom economique est en

    realite une periode de malinvestissements, durant laquelle les erreurs sont faites, du fait des credits fausses des banques et du libre marche ; la crise signale la fin du desordre accumule pendant la periode du boom ; la depression est le processus preparant la reprise et dont la fin annonce le

    retour a la normale de l'activite »11. Il renchérit en affirmant que : « la

    depression, loin d'etre un mauvais fleau, peut etre consideree comme le
    retour necessaire et benefique de l'economie a la normalite apres une
    periode de graves distorsions causees par l'expansion
    »12. En effet, durant

    cette période, les projets non rentables doivent être abandonnés ou être révisés à bon escient, tandis que les activités, les firmes, les entreprises inefficaces ayant vu le jour pendant le boom doivent être liquidées ou mises à la disposition des entreprises plus efficaces. Autrement, comme le dit Nicolas CRESPELLE : « une crise est un

    accelerateur de changement, et s'en sortent les premiers, et mieux que les autres, ceux qui disposent de la plus grande flexibilite et ceux qui disposent de la plus grande capacite d'investissement»13.

    Cela dit, une crise économique peut être provoquée par :

    · une politique monétaire erronée : taux directeur trop faible ou trop élevé, provoquant respectivement un surinvestissement ou un assèchement des liquidités réduisant la demande et donc le niveau de la production ;

    · une crise financière : via les canaux des crédits, puisqu'en effet, lorsqu'il y a une rupture dans le système financier qui provoque un accroissement de l'anti-sélection et du risque moral sur les marchés financiers, et lorsque les marchés sont incapables d'organiser les transferts de fonds efficacement des prêteurs vers les agents à qui s'offrent des occasions d'investissement productif, il en résulte une forte contraction de l'activité économique réelle. En effet, si le taux directeur est revu trop à la hausse en vue de contrecarrer une demande accrue de crédit, il est probable que les bons risques de crédit cesseront de chercher un financement, alors que les mauvais risques voudront encore emprunter. L'anti-sélection s'intensifiant, les prêteurs pourraient devenir plus retissant quant à consentir des nouveaux prêts. Il en résulte une baisse des prêts qui conduit à une chute importante de l'investissement et de

    11 M. ROTHBARD, America's great depression, Mises Institute, Alabama, 2000, p.12.

    12 Idem, pp 13-14.

    13 N. CRESPELLES, La crise en questions, Eyrolles, Paris, 2009, p.22.

    l'activité économique globale. En outre, une diminution des crédits aux ménages suite à une crise bancaire par exemple, est susceptible d'entraîner une réduction des dépenses de consommation, qui à son tour provoque une contraction de la production ;

    · un changement majeur du contexte politique (guerre, instabilité politique, etc.) ;

    · des erreurs des politiques économiques : mises en place des politiques protectionnistes, nationalisations massives, déficits publics excessifs ;

    · etc.

    Toutefois, il est important de noter que la variable considérée comme la plus importante (ou centrale) pour le repérage de la conjoncture (crise) est soit la production industrielle, soit le PIB14. Ainsi, pour mieux analyser la morphologie d'une crise, il faut étudier le comportement des différentes variables économiques relativement à la variable centrale. Il s'agit par exemple : des prix industriels, des ventes des producteurs, du taux de chômage, de l'investissement privé, de la production des biens durables (automobiles, réfrigérateurs, etc.), des profits, des taux d'intérêt, des nouveaux projets d'investissement, de la masse totale du crédit, etc.

    1.2. CRISES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DE L'HISTOIRE

    Comme nous l'avons déjà évoqué précédemment, l'activité économique n'est pas constante. Elle est marquée par des périodes de haut et de bas, c'est-à-dire de croissance, de crise, de récession, etc.

    La théorie des cycles économiques, qui intègre la crise économique comme un événement récurrent de l'histoire économique, permet cependant de voir que c'est depuis des siècles lointains que l'humanité est marquée par des crises financières et économiques majeure :

    Tableau 1. Quelques crises économiques et financières de l'histoire

    Année

    Crise

    Mécanisme

    1720

    Krach de 1720

    Crise survenue simultanément en France et en Angleterre, concernant les titres des compagnies exploitant les ressources du nouveau monde (Amérique)

    1797

    Crise monétaire de 1797

    En France, les mauvaises récoltes agricoles enregistrées au début de la décennie 1790 conduit à la Révolution Française.

     

    14 D. J. MAGNAN, Op. cit., P. 3.

     
     

    Durant la même période, l'Angleterre est frappée par une crise financière déclenchée le 26 février 1797. Des bruits d'invasion ayant amené une foule de particuliers, fermiers et petits commerçants à retirer leurs avoirs auprès des banques, ont conduit à l'insolvabilité puis la banqueroute de nombreuses d'entre elles.

    1810

    Crise de 1810

    Durant les années 1810-1811 éclate une crise de l'industrie cotonnière en Europe continentale, à la suite d'un manque de matière première résultant d'un blocus des cotes et de l'augmentation des droits de douane. L'effondrement des ventes provoque l'insolvabilité des industriels face aux banques qui, jusque là ont financé leurs activités. Ces dernières, en manque de liquidités, obligent les industriels du coton à vendre leurs stocks à fin de rembourser. Un trop grand stock de coton est alors mis en vente à des prix très bas et prive les banques des liquidités dont elles avaient besoin. Cette situation entraînant la faillite de

    plusieurs établissements bancaires, à Hambourg, Amsterdam, Paris, Vienne, etc. et les industriels privés de liquidités, déposent leurs bilans et ferment leurs usines.

    1819

    La crise américaine de 1819

    Considérée comme la première crise financière de grande ampleur aux USA, la crise de 1819 met un terme à l'expansion qui a suivi la guerre de 1812 (entre colons britanniques et Indiens). Le financement de cette dernière avait en effet conduit à un assèchement des réserves

    bancaires, débouchant sur une augmentation des

    émissions monétaires privées qui se sont investies dans

    des placements fonciers spéculatifs jusqu'à ce que la Banque Centrale Américaine (Second Bank of the United States, aujourd'hui FED) engage une politique restrictive qui débouchera sur une vague de faillites et une profonde récession aux Etats-Unis qui entraînera par la suite la faillite définitive (en 1837) de la Second Bank of The United States.

    1836

    Krach de 1836

    En 1836, l'Angleterre connaît un important Krach boursier qui survient suite à la décision du Président américain Andrew Jackson15 de subordonner la vente de terres américaines à un paiement en métaux précieux et non plus en monnaie papier, entraînant la panique dans le secteur foncier, la faillite de nombreuses banques Britanniques ayant prêté aux établissements bancaires américains et aura des sérieuses répercutions sur le système financier Français, Allemand, etc.

    L'ensemble de ces événements débouchât sur une longue
    récession économique de plusieurs années, marquée par

     

     
     

    d'importantes faillites bancaires (343 établissements sur 850 fermèrent leurs portes)

    1857

    Crise de 1857

    En août 1857, la banque Ohio Life and Insurance

    Company, une des plus importantes banques américaines, est confrontée à une forte demande de crédit et suspend ses paiements. Elle est rapidement suivie par les banques de New York, du Maryland et de Pennsylvanie, puis par d'autres banques importantes à Baltimore, Philadelphie et Boston. Le taux de l'escompte s'accroît fortement et, dans le courant de septembre, les actions de chemin de fer enregistrent une forte baisse à la Bourse de New York. La crise américaine se propage immédiatement en Angleterre sous la forme d'une crise de change qui se complique rapidement d'une crise de crédit intérieur. Bien que moins violente, elle atteint également la France où la Bourse de Paris connaît une forte baisse. Elle est suivie d'une récession économique dans tous les pays unis par des liens monétaires, financiers et économiques.

    1907

    Crise boursière américaine de 1907

    La crise boursière de 1907a pour origine le resserrement des conditions de crédits suite au relèvement du taux d'intérêt par les établissements bancaires américains ainsi que différents scandales financiers à New York, provoquant par la suite une ruée des déposants vers les banques pour retirer leurs dépôts.16 Partie de New York, la panique se propage dans tout le pays et de nombreuses banques et entreprises font faillite

    1966

    Crise

    américaine du crédit

    Après plusieurs années de forte croissance de l'économie, les banques américaines se trouvent à

    court de réserves dans un contexte où la Réserve

    Fédérale conduit une politique restrictive afin de

    contenir l'inflation. La crise se traduira par une chute des cours boursiers, une baisse de liquidités et une hausse des taux d'intérêts provoquant un fort ralentissement de l'activité économique.

    1982

    Dette des pays en voie de développement

    Les pays en voie de développement s'étaient lourdement et facilement endettés à la suite du choc pétrolier de 1973. En effet, les banques de dépôt cherchaient à utiliser les énormes dépôts de pétrodollars dont elles disposaient. Une partie importante de la dette des PVD était à taux

    variable et à court terme. La hausse des taux courts

    américains décidée fin 1979 a donc considérablement

    alourdi la charge de la dette. Le pays où la situation de la balance des paiements s'est dégradée le plus rapidement a été le Mexique, qui a fait défaut brusquement en août 1982. Cela a eu un effet de raréfaction générale du crédit

     

    16 http://www.lemonde.fr/web/module

     
     

    et provoqué une crise bancaire mondiale. La banque

    centrale américaine dut baisser ses taux en catastrophe, tandis que le FMI accordait des lignes de crédit d'urgence aux PVD.

    1997

    La crise économique asiatique

    L'ancrage fixe au dollar US de plusieurs monnaies de l'Asie du Sud Est, en particulier le bath thaïlandais, donnait l'illusion d'une garantie de change. Le système bancaire local s'endette considérablement à court terme et en devises, sans se préoccuper du risque de change, notamment pour financer les deux gigantesques vagues de spéculation immobilière et boursière qui ont lieu dans toute la région. Les banques locales se livrent donc à une double transformation: elles empruntent à court terme, en devises, pour prêter à long terme, en monnaie locale. Quant aux garanties des prêts, elles sont constituées par des immeubles surévalués ou par des actions également

    surévaluées. L'afflux de capitaux étrangers est, de son

    côté, facilité par la politique monétaire expansive que

    mène la banque centrale japonaise pour lutter contre la déflation. Mais les créanciers étrangers réduisent progressivement leur exposition au cours de l'année 1997 et le 2 juillet 1997, les autorités thaïlandaises doivent laisser flotter le bath. Le piège se referme alors sur les économies de la région, par une crise des taux de change et une crise bancaire.

    N.B. Cette crise est attribuée à la libéralisation financière incontrôlée, encouragée par le concessus de Washington17

    2000

    Bulle Internet

    La survalorisation des sociétés internet et technologique et la frénésie des acquisitions par les plus grandes sociétés (en terme de valorisation), conduiront à une envolée des indices boursiers dans les années 1998-1999, puis à l'éclatement ensuite de cette bulle spéculative à partir de fin 2000 puis 2001. Le Dow Jones passera ainsi de pratiquement 12.000 points en 2000 à 7.000 points en 2003 (-40%).L'éclatement de la bulle internet a donné lieu à une crise classique de surinvestissement, tout le monde se précipitant sur un marché apparemment porteur.

     

    A travers ce tableau, nous pouvons constater que le monde connaît depuis les siècles passés des crises financières et économiques, souvent accompagnées de paniques boursières et bancaires, de ruées des épargnants vers les guichets des banques fragilisées, et de faillites importantes d'établissements

    17 J.-P. PIROU, Lexique des sciences économiques et sociales, 8ème édition, La découverte, Paris, 2009, p.35.

    bancaires et d'entreprises non financières. Les crises qui feront l'objet des chapitres suivants n'ont pas dérogées à cette règle, tel que nous aurons à le démontrer.

    Ainsi, avant de passer aux chapitres suivants, nous définirons certains concepts élémentaires, essentiels à la compréhension des crises qui en feront l'objet.

    1.3. QUELQUES CONCEPTS DE BASE

    Comme nous avons eu à le souligner, une meilleure compréhension des crises dont il sera question dans les chapitres suivants nécessite à priori celle de certains concepts tels que :

    1.3.1. Titre

    Un titre est un document représentant un droit de propriété ou de créance. Ainsi, on distingue différents types de titres, dont :

    · Les actions : sont des titres représentatifs d'une partie du droit de propriété sur une entreprise, et dotées de rémunérations variables appelées dividendes.

    · Les obligations : une obligation est un titre de créance représentant une partie d'un emprunt à long terme émis par une personne morale (société, Etat, etc.).

    1.3.2. Bourse

    Est un marché organisé et public où s'échangent des titres ou des marchandises.

    1.3.3. Titrisation

    La titrisation au sens plus large est un montage financier qui permet à une société d'améliorer la liquidité de son bilan18. Mais pris dans le contexte des activités bancaires, elle est une opération qui consiste pour une banque, dans un premier temps, à revendre les créances correspondant à des crédits immobiliers (ou à la consommation, etc.) à un organisme qui va les transformer en titres financiers. Ensuite, ces organismes à leur tour, revendent ces titres à des investisseurs (banque, Hedge Funds, ménages, etc.), qui en contrepartie touchent le principal et les intérêts des prêts versés par les emprunteurs.

    Elle est une transformation d'actifs financiers non liquides (prêts immobiliers, crédits automobiles, etc.) en titres échangeables sur le marché de capitaux19.

    1.3.4. Prêt subprime

    Un prêt subprime est un crédit à taux variable basé sur une garantie hypothécaire prise sur le logement acquis par l'emprunteur.

    1.3.5. Agence de notation

    Une agence de notation est une entité commerciale qui évalue les titres émis par les banques, les entreprises, les investisseurs et les gouvernements. Cette évaluation permet de refléter les risques associés aux titres émis, et de vérifier la solvabilité de l'émetteur20.

    1.3.6. Marché des capitaux

    Les marchés des capitaux sont des marchés qui permettent la rencontre entre les agents ayant un excédent de capitaux et les agents ayant des besoins de financements. Dans ce cadre, on distingue :

    · les marchés financiers : sur lesquels s'effectuent les emprunts et placements à long terme, où se négocient les titres (actions, obligations, etc.) ;

    · les marchés monétaires : sur lesquels les agents économiques négocient entre eux leurs besoins et leurs excédents de capitaux à court et moyen terme. Il comprend le marché interbancaire (où les acteurs exclusifs sont les banques), le marché des gros, le marché au jour le jour, le marché de réescompte, le marché des effets publics21.

    1.3.7. Bulle

    Une bulle se dit d'une hausse du prix d'actifs suite à l'augmentation de la demande de cet actif22. Cette augmentation est lié au fait que de nombreux agents

    19 F. MISHKIN, Op. cit., p. 286.

    20 http://www.wikipedia.com/fin

    21 « L'impact de la crise financière sur le choix de financement des entreprises françaises », http://www.lemonde.fr

    22 J. PIROU, Op. cit., pp. 10-11.

    se portent acheteurs de cet actif parce qu'ils anticipent une hausse de son prix et de son rendement. Dans ce cadre, une bulle spéculative désigne une situation dans laquelle les agents pensent que le prix de l'actif va augmenter (parce qu'il a déjà augmenté), et anticipent alors une poursuite « certaine » de la hausse. Ainsi, en achetant massivement l'actif, son prix augmente de manière effective, et pousse d'autres agents à faire de même. Ce qui nourrit davantage cette hausse de prix.

    Cependant, l'éclatement de la bulle survient suite à un événement fortuit (hausse des taux d'intérêt, attentats terroristes, etc.) qui pousse les agents à prendre conscience de la réalité et à vendre les actifs le plus vite possible de peur d'enregistrer des pertes23. Ce qui fait chuter les prix, et conduit à un krach boursier.

    1.3.8. Panique bancaire

    La panique bancaire peut être comprise comme un enchaînement des défaillances bancaires résultant de la détérioration des bilans des banques, et provoquant un effet de contagion dans l'ensemble du système bancaire.

    23 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 18.

    HISTORIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE DE

    1929 ET DE LA CRISE FINANCIERE

    INTERNATIONALE DE 2007

    1. HISTORIQUE DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929

    La crise économique de 1929, dite aussi la grande dépression, est une crise déclenchée aux Etats-Unis en octobre 1929, à la suite d'un krach boursier, provoquant d'importantes vagues de faillites, un accroissement significatif du chômage et plongeant le monde dans la récession pendant plusieurs années (1929 à 1935 en moyenne dans la majorité de pays).

    Dans cette section, il sera question de retracer l'historique de cette crise économique de 1929, d'en décrire les facteurs à l'origine, de confronter les différentes explications théoriques sur les causes profondes de cette crise et enfin, d'en analyser les effets.

    Comme nous l'avons évoqué dans le chapitre précédent, la crise est une période qui fait suite à une période de prospérité ou d'expansion. Ainsi dans le cadre de l'analyse de la crise économique de 1929, nous analyserons l'économie américaine d'avant la crise, c'est-à-dire, durant la période 1920-1929, période de croissance ayant précédée le déclenchement de la crise.

    1.1. Déroulement de la crise économique de 1929

    Vers le début du 20è Siècle, l'Europe est en déclin24 et les Etats-Unis deviennent la première puissance économique du monde. Wall Street25 remplace la bourse de Londres comme première place financière mondiale et l'Amérique devient créancière de l'Europe.

    Les Etats-Unis confortent de plus en plus leur position et connaissent, à partir du début des années 1920, un boom économique caractérisé par d'importantes innovations révolutionnaires telles que l'électricité, la radio et le téléphone, de nouveaux outils et systèmes de production rénovateurs tels que les chaînes d'assemblage automobile, l'organisation scientifique du travail (le taylorisme), qui permettaient d'augmenter considérablement la productivité de l'industrie américaine et emmenant la prospérité ainsi qu'une vaste gamme de nouveaux produits de grande consommation à des niveaux de plus en plus élevés.

    Dans un marché libre en effet, et c'est le cas du marché américain durant cette période, une amélioration de la productivité conduit à une augmentation de l'offre de biens et services et donc, à une baisse du niveau des prix, et à l'amélioration du niveau de vie des consommateurs. C'est ainsi que l'on peut noter que durant cette période, les prix étaient relativement bas et stables.

    Cette amélioration de la productivité et l'augmentation de la richesse dans l'économie avaient ainsi conduit à une croissance très marquée du PIB américain durant cette période. On note également une remarquable augmentation du taux d'épargne et de l'investissement26.

    24 Les dépenses de guerre (1ère guerre mondiale) ont ruiné les économies européennes

    25 Place boursière des Etats-Unis, autrement appelée New York Stock Exchange (NYSE), (voir NYEMBWE MUSUNGAIE, « Institutions et Marchés Financiers Internationaux », cours de L2 Economie Monétaire, Unikin, Kinshasa, 2009.).

    26 M. ROTHBARD, Op. Cit., pp. 86-87.

    Tableau 2. Evolution du PIB Américain 1920-1929

    Année

    PIB nominal
    (en milliards de Dollars)

    PIB nominal/tête
    (en milliers de
    Dollars)

    1920

    88,4

    830

    1921

    73,6

    678

    1922

    73,4

    667

    1923

    85,4

    763

    1924

    87,0

    762

    1925

    90,6

    782

    1926

    97,0

    826

    1927

    95,0

    803

    1928

    97,4

    808

    1929

    103,6

    851

    Sources : http://www.digitalhistory.uh.edu/database/article http://research.stlouisfed.org/fred2/data/INDPRO http://www.federalreserve.gov/releases/htm

    Comme l'indique le tableau ci-dessus, durant la période du boom, nous pouvons constater que le PIB nominal a augmenté de 15 milliards de Dollars, soit une augmentation de 17%. Le PIB par tête a quant à lui augmenté de 2,53%.

    M. FRIEDMAN, dans son ouvrage, coécrit avec Anna SCHWARTZ, « Histoire monétaire des Etats-Unis, 1860-1963»27, décrit les années 1920 comme une période d'accélération de la croissance économique sans contraction majeure, où le progrès dans l'industrie et la finance a modifié sensiblement le rôle des banques, changeant remarquablement le caractère et la distribution des actifs bancaires, etc.

    Durant cette période de forte expansion, où l'on note une augmentation remarquable de la production industrielle, on constate également une expansion considérable des crédits, favorisée par des taux d'intérêt très bas (3% en moyenne), causant une forte croissance de la masse monétaire.

    TABLEAU 3. Evolution du taux directeur de la FED 1920-1929

    Années

    Taux

    1920

    -

    1921

    4,83

    1922

    3,47

    1923

    3,93

    1924

    2,77

    1925

    3,03

    1926

    3,23

    1927

    3,10

    1928

    3,97

    1929

    5,42

    Source : http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97.011.pdf

    http://www.digitalhistory.uh.edu/database/articledisplay.cfm?HHID=188

    L'accès facile au crédit, favorisé par des taux faibles, tel que l'indique le tableau 3, a sensiblement accéléré le volume de la masse monétaire dans l'économie américaine durant cette période.

    Le tableau suivant renseigne sur l'évolution de la masse monétaire durant la période du boom.

    Tableau 4 : Evolution de la masse monétaire 1920-1929

    Date

    Circulation

    fiduciaire
    hors banque
    (en milliards
    de Dollars)

    Volume de
    Dépôts
    (en milliards de
    Dollars)

    Prêts spéculatifs
    (en milliards de
    Dollars)

    Offre totale de
    monnaie
    (en milliards de
    Dollars)

    30 juin
    1920

    -

    -

    -

    -

    30 juin
    1921

    3,68

    16,58

    1,85

    45,30

    30 juin
    1922

    3,35

    17,44

    2,08

    47,16

    30 juin
    1923

    3,74

    19,72

    2,42

    51,79

    30 juin
    1924

    3,65

    21,26

    2,89

    54,67

    30 juin
    1925

    3,57

    23,19

    3,48

    59,86

    30 juin
    1926

    3,60

    24,74

    4,09

    63,62

    30 juin
    1927

    3,56

    26,46

    4,70

    66,91

    30 juin
    1928

    3,62

    28,53

    5,39

    71,12

    30 juin
    1929

    3,64

    28,61

    6

    73,26

    Source : http://www.federalreserve.gov/releases/htm

    Ce tableau nous montre que, durant la période du boom, l'offre de monnaie s'est accrue de 28 milliards de Dollars, soit une augmentation de 61,7% en huit ans. On note également une augmentation moyenne de l'ordre de 7,7% l'an. Les dépôts se sont accrus de 12,03 milliards de Dollars, soit une augmentation de 72,6%, tandis que les prêts ont augmentés de 4,15 milliards de Dollars, soit 224,3% d'augmentation. Cette augmentation des crédits peut être vue sur la figure 1, laquelle donne une vision claire de cette expansion.

    Murray N. ROTHBARD, déjà cité, affirme que, ce qui avait nourri cet accroissement de l'offre de monnaie résidait dans le fait que l'on enregistrait durant cette période, un accroissement du taux d'épargne de l'ordre de 30,8%, tandis que la

    demande de retraits des déposants diminuait de 72,3% au cours de la même période. Cette situation avait nourri un certain laxisme dans le respect des ratios de gestion de la part des banques, notamment celui des réserves obligatoires qui, entre 1920 et 1929, avait baissé de 10% à 3%, entraînant un fort accroissement de la création monétaire28.

    Figure 1 : Evolution des prêts en milliards USD

    4

    0

    5

    3

    2

    1

    1921 1922 1923 1924 1925 1926

    Prêts ...

    Source : voir chiffres du tableau 4

    Cette figure, à travers sa courbe positive, montre que la manière dont les prêts bancaires ont évolué entre 1920 et 1929, a contribué à la désarticulation de la situation économique, tel que nous aurons à le démontrer plus loin.

    Cet accès facile au crédit entre 1920 et 1929, a entraîné d'une part, une masse de plus en plus accrue d'investissements et une production des biens de consommation qui devient supérieure à la demande des américains (on produit trop par rapport à ce que les américains consomment). D'autre part, cette augmentation trop importante de la masse d'investissements, a accru remarquablement la spéculation boursière, augmentant sensiblement la valeur du Dow Jones, passant de 166 points en 1926 à 245 points en 1928, puis à 452 points en 192929, doublant pratiquement les cours des valeurs industrielles en moins de deux ans.

    La raison de cet envolé des cours résidait cependant dans le fait qu'un nombre de plus en plus élevé d'américains, encouragé par l'accès facile au crédit, s'était lancé dans la spéculation boursière, vu les profits qu'elle rapportait.

    28 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 93.

    29 http://www.bloomberg.com/data

    Ainsi, aussi longtemps que les cours continuaient à grimper, les investisseurs faisaient profit, poussant un nombre encore plus grand d'américains à se lancer dans les investissements en bourse. Et durant cette période on note même le fait que certains américains moins dotés en capitaux, empruntaient massivement et ce, dans le seul but d'investir en bourse.

    Il en ressort qu'en 1929, 1 548 707 d'américains étaient lié à des opérations en bourse, sur une population de 120 million d'habitants, et environ 30 millions de ménages étaient activement liés aux opérations boursières.30 La figure suivante la relation entre les prêts spéculatifs et le prix des actifs.

    Figure 2. Evolution des prêts spéculatifs et du prix des actifs de 1927 à
    1929

    250

    10

    7,5

    200

    5

    150

    2,5

    100

    50

    0

    Dec

    Jun

    Mar

    Dec

    Jun

    Mar

    Dec

    Jun

    Mar

    Sep

    Sep

    Sep

    1929

    1928

    1927

     

    Prêts spéculatifs Prix des actifs

    Source : Vincent SARDA, « La crise de 1929 », p.6.

    La figure 2 illustre bien la manière dont l'augmentation des prêts spéculatifs a nourri la hausse des prix d'actifs. En effet, en regardant cette figure, nous nous apercevons que les prix des actifs évoluent positivement dans le sens des prêts spéculatifs.

    En vue de stopper cette hausse effrénée des prix des actifs et limiter la spéculation, les autorités Américaines ont décidé d'interdire tout prêt à but spéculatif (les ventes de titres se faisant même à crédit) et de relever le niveau du taux d'intérêt, passant de 3,97% en 1928 à presque 6% en 1929. D'autre part, l'annonce d'une baisse prochaine des prix et des bénéfices industriels en octobre 1929, poussent certains spéculateurs à anticiper l'évolution des cours et donc, à vendre

    leurs actions pour empocher une plus-value au moment où les cotations boursières de Wall-Street sont encore à un niveau élevé. Plus de 13 millions de titres, au lieu de 4 millions habituellement, sont alors mis en vente, provoquant l'effondrement des cours, faisant chuter le Dow Jones de 452 points à 224 points, soit moins que le niveau atteint en décembre 1928, c'est-à-dire 241 points31, le jeudi 24 octobre 1929 (jeudi noir), et entraînant une grave panique boursière dans laquelle des centaines de milliers d'actionnaires se sont retrouvés complètement ruinés.

    La figure suivante montre la relation entre le taux d'intérêt de la FED et les prix en bourse, lesquels ont quasiment évolué en sens opposés. Ce qui revient à dire que les prix en bourse étaient négativement liés au taux d'intérêt de la FED.

    Figure 3. Evolution des prix en bourse et du Taux de réescompte de la FED de
    janvier 1928 à décembre 1929

    255

    230

    205

    5

    180

    155

    130

    Prix des actifs Taux de la FED

    1929

    1928

    J

    F

    J

    J

    J

    J

    M

    A

    M

    A

    S O

    N

    D

    F

    M

    A

    M

    A

    S

    O

    N

    D

    J

    4

    3

    7

    6

    Source : Vincent SARDA, Op. cit., P. 9.

    Cette figure renseigne sur la manière dont les prix en bourse ont évolué par rapport au taux d'intérêt de la FED. Nous remarquons en effet, une évolution des prix en bourse fonction relativement inverse du taux d'intérêt de la FED. Cela permet ainsi clairement d'apercevoir l'effet des politiques restrictives de la FED vers le milieu de l'année 1929, lesquelles ont conduit au Krach boursier en octobre de la même année. C'est alors de cette crise que se déclenche la panique dans le secteur bancaire des Etats-Unis.

    En effet, la crise boursière dégénère très vite en crise bancaire, vu que les banques, ayant multiplié les crédits depuis plusieurs années, sont prises en

    31 http://www.workforall.net/library, Op. cit., p.1.

    tenailles, puisque dans l'incapacité de récupérer leurs fonds au près des personnes endettées, alors que, dans le même temps, il commençait à se produire une ruée des déposants vers les guichets des banques.

    Devant les défauts de remboursements de leurs emprunteurs et les retraits massifs des déposants, des nombreux établissements bancaires feront faillites, entraînant l'effondrement du système bancaire. On note que près des 2/5 des banques détenant un volume très important des dépôts aux Etats-Unis ont ainsi commencé à suspendre leurs activités à cause des difficultés financières consécutives à cette situation32. Dès l'année suivante, on recensait 9000 banques en faillites, représentant plus de 15% du système bancaire américain33.

    En même temps, la raréfaction des liquidités débouchera sur une diminution du volume des investissements industriels et de la consommation des produits manufacturés et agricoles, conduisant à une profonde crise économique, aux conséquences très désastreuses sur non seulement l'économie Américaine, mais aussi sur celle du reste du monde.

    Comme nous l'avons constaté, l'économie Américaine durant la période de boom était en fait, un mélange de deux forces différentes, et fondamentalement incompatibles. D'une part, une grande prospérité, avec une augmentation considérable de l'épargne (voir tableau 4), due notamment à l'augmentation du revenu par tête, elle-même liée à l'augmentation de la productivité et de l'investissement. D'autre part, une expansion du crédit, débouchant sur l'accumulation de mauvais investissements (tel qu'évoqué précédemment), causant finalement et inévitablement la crise, dont les causes profondes seront évoquées aux points suivants.

    32 M. ROTHBARD, Op. cit., p.299.

    33 P.C. HAUTECOEUR, « La crise de 1929 et ses enseignements », In Crises Financières, Economica, Paris, 2008, p.2.

    1.2. Causes de la crise

    C'est bien le Krach boursier survenu en octobre 1929 qui, comme nous avons eu à le souligner, a déclenché la crise économique, ayant par la suite dégénéré en dépression, la plus longue et la plus sévère qu'a connu le monde au 20è siècle.

    Cependant, de nombreuses études menées au sujet de cette grande crise, ont permis de déceler divers facteurs à son origine. Il s'agit notamment de la baisse de la demande des consommateurs ou la sous-consommation (explication keynésienne), des politiques monétaires inadaptées (explication monétariste), ainsi que les relations économiques internationales, qui, quant à elles, avaient joué un rôle majeur dans la transmission de la crise des Etats-Unis au reste du monde.

    1.2.1. Les politiques monétaires inadaptées

    Les politiques monétaires inadaptées dont il est question ici, peuvent être regroupées en deux catégories à savoir, les politiques expansionnistes menées entre 1920 et 1929, ainsi que les politiques restrictives menées par la FED vers la fin de la même période.

    1.2.1.1. Les politiques monétaires expansionnistes entre 1920 et 1929

    Pour Murray ROTHBARD, Friedrich HAYEK et de nombreux autres économistes de l'école Autrichienne, la principale cause de la crise de 1929 résidait dans l'expansion des crédits au cours de la décennie 1920 (voir tableau 4), qui a conduit à des malinvestissements.

    En effet, à partir du moment où les autorités monétaires avaient décidé de gonfler le volume de la masse monétaire et du crédit, les taux d'intérêt ont commencé à diminuer. Et dans ce contexte, les entreprises ont investi cet argent facile dans de nouveaux projets de production, entraînant un certain essor dans la production des biens de consommation. Cependant, avec l'évolution du boom, les coûts des entreprises ont à leur tour commencé à augmenter, conduisant à un réajustement des taux d'intérêt à la hausse, avec pour effet de comprimer les profits.

    Dans ce contexte, les autorités monétaires Américaines, craignant une inflation des prix, ont décidé de réduire la croissance de la masse monétaire en augmentant les taux d'intérêts. Et, cela a suffit pour déclencher l'effondrement de toute l'activité.

    Dans le même ordre d'idées, Irving Fisher pense que c'est la frénésie boursière nourrie par les taux d'intérêt faibles, et l'irresponsabilité des banquiers, qui ont prêté sans retenue aux spéculateurs, c'est-à-dire, le fait que les banques finançaient non plus l'économie réelle, mais la spéculation, qui se trouve être à l'origine de la crise34.

    1.2.1.2. Les politiques monétaires restrictives de la FED

    La décennie 1920-1929, comme nous avons déjà eu à le souligner, était une période de grande prospérité, caractérisée aussi par une certaine constance du prix de gros.

    Cependant, on a enregistré durant cette période, une augmentation très marquée du prix des actions, ayant presque quadruplé entre 1920 et 1929. C'est dans ce contexte que, la Réserve Fédérale (FED), dans le but de ralentir cette hausse vertigineuse des prix des actions, avait décidé de relever les taux d'intérêt (voir tableau 3). Mais seulement, contrairement aux attentes des autorités monétaires américaines, ces taux d'intérêt plus élevés avaient eu pour effet de baisser sensiblement les dépenses dans les achats des biens immobiliers, automobiles et autres biens durables (pourtant en plein essor et moteur de la croissance durant cette période), réduisant par la suite la production (dans les secteurs qui connaissaient le plus gros volume d'investissements).

    Cette réduction des dépenses a par la suite conduit à une baisse progressive des prix, provoquant des anticipations baissières des prix des actions (les investisseurs ayant perdu toutes certitudes sur les bénéfices futurs), et débouchant sur le Krach du « jeudi noir ».

    Les incertitudes sur les bénéfices futures, et la chute des prix, ont à leur tour conduit les consommateurs et les entreprises à retarder leurs achats de biens durables, ce qui a sans doute débouché sur la baisse de la production réelle aux EtatsUnis dès la fin de l'année 1929, et à une spirale déflationniste, à la base de faillites d'entreprises, et de vagues de licenciements.

    Dans le même temps, les difficultés des banques à recouvrer leurs prêts, avaient elles aussi provoqué de grosses faillites bancaires, débouchant sur une profonde crise de confiance entre les institutions bancaires encore viables. Ce qui a eu pour effet de resserrer davantage les crédits, avec pour conséquence la chute de

    34 « La grande dépression », ( http://www.wikipédia.org/wiki/grande_dépression)

    la consommation et de la production réelle, débouchant sur la grande dépression les années qui ont suivi.

    Plusieurs économistes, dont notamment Milton FRIEDMAN et Anna SCHWARTZ, insistent sur le fait que la grande dépression a été causée par la contraction monétaire consécutive aux politiques restrictives de la FED.

    Si en effet, la FED avait effectivement joué son rôle de prêteur en dernier ressort, les banques ne seraient pas tombées en faillites, et ainsi, la crise économique consécutive à la panique bancaire, aurait pu être évitée.

    Ainsi, d'après les monétaristes, c'est la politique restrictive de la FED qui était à l'origine non seulement du krach boursier, mais aussi, et plus gravement, des crises bancaires qui ont débouché sur la crise économique. En effet, c'est en freinant la réalisation de l'activité économique par le coût excessif de crédits, que la consommation a sensiblement baissé, que les investissements ont progressivement commencé à disparaître, et que les entreprises ont cessé de fonctionner. C'est de là que la crise s'est remarquablement aggravée, pour déboucher sur la grande dépression.

    1.2.2. La sous-consommation

    Pour J.M. KEYNES, la prospérité de l'économie Américaine pendant la période 1920-1929 n'avait pas réussi à éliminer les inégalités sociales aux EtatsUnis35. Le laissez-faire prôné par les Républicains au pouvoir à l'époque, n'avait pas permis un certain interventionnisme étatique en vue de mieux redistribuer la richesse, notamment aux plus pauvres, possédants des propensions marginales à consommer plus élevées. On sait en effet que, un accroissement de la richesse chez les petits revenus entraîne une forte propension marginale à consommer.

    Or, au cours des années 1920 aux Etats-Unis, une grosse part de la richesse allaient aux entreprises et à leurs chefs, mais pas aux petits revenus. Cela a, dans une certaine mesure, nourrit l'accroissement remarquable du volume de l'épargne durant cette période. Et, c'est en s'inscrivant au point de vue de KEYNES, que François COCHET stigmatise la très inégale répartition des revenus aux EtatsUnis, qu'il identifie comme étant le facteur majeur de transmission de la crise. Il

    35 http://www.wikipedia.com/article

    souligne le fait qu'entre 1928 et 1929, 5% de la population Américaine contrôlait 33% des revenus individuels36.

    Ainsi, pour KEYNES, la phase de très forte croissance enregistrée durant la décennie 1920-1929, avait permis aux Etats-Unis d'accumuler considérablement la richesse. Mais cette richesse, cependant, n'a pas été suffisamment diffusée dans toutes les couches de la société Américaine. Et, c'est cette concentration de la richesse qui a réduit les possibilités de consommation que l'appareil de production permettait (les riches dépensant proportionnellement moins que les pauvres). C'est alors la diminution progressive de la consommation tout au long des années 1920- 1929, qui a conduit à une baisse de la production vers la fin de ladite période.

    1.2.3. Les relations économiques internationales.

    D'autre part, l'importance des liens internationaux, la mobilité des capitaux, ont également joué un rôle majeur dans la transmission de la crise au reste du monde.

    Comme nous avons déjà eu à l'évoquer plus haut, les Etats-Unis, au lendemain de la première guerre mondiale, vers le début des années 1920, étaient devenus créanciers de l'Europe et de plusieurs Etats du monde. Des nombreux prêts avaient été octroyés en effet aux pays étrangers, notamment Européens, Asiatiques, etc. comme l'illustre le tableau suivant :

    Tableau 5. Evolution des prêts américains a l'étranger par régions du monde (en
    millions de $)

    Année

    Europe

    Asie et Océanie

    Canada

    Amérique Latine

    Total

    1924

    527

    100

    151

    191

    969

    1925

    629

    147

    137

    163

    1076

    1926

    484

    38

    226

    377

    1125

    1927

    577

    164

    237

    359

    1337

    1928

    598

    137

    185

    311

    1251

    1929

    142

    58

    295

    176

    671

    Total

    2957

    644

    1231

    1597

    6429

    Source : P. GILLES, Histoire des crises et des cycles économiques, ARMAND COLIN, Paris, p. 152.

    Ce tableau démontre l'importance des capitaux américains à l'étranger, qui étaient en constante évolution de 1924 à 1928, puis en nette diminution en 1929.

    36 F. COCHET, La grande crise, 1929-1939, Dunod, Paris, p.42.

    En effet, avec la hausse des taux d'intérêt en vue de faire face à la crise dans le secteur bancaire américain, il s'est amorcé d'importants rapatriements des capitaux vers les Etats-Unis dès la fin de l'année 1929, et qui ont eu pour conséquence de baisser la production dans les pays emprunteurs (Allemagne, Autriche, Brésil, Argentine, etc.).

    Cependant, dans l'optique de faire face à la réduction de la production aux Etats-Unis, et de rendre les produits américains plus compétitifs face à la chute enregistrée dans la production mondiale, les autorités américaines ont alors décidé de durcir les politiques commerciales protectionnistes. D'autres pays ayant emboité le pas, les échanges commerciaux se sont réduits, conduisant à une baisse de la production mondiale et à une profonde récession.

    Toutes les causes de la crise évoquées ci haut, tiennent bien. Cependant, nous convenons de souligner l'importance des politiques monétaires menées par les autorités monétaires américaines durant la période 1920-1929, qui, nous semblent bien tenir le rôle de premier plan au déclenchement de la crise économique.

    En effet, les politiques expansionnistes, menées par la FED, durant la période du boom, et les politiques restrictives mises en place dès le début de l'année 1929, sont effectivement à la base de la spéculation et du krach boursier ayant précédé le déclenchement de la crise économique, et ce, concrètement de la manière suivante :

    Premièrement, grâce aux politiques expansionnistes menées pendant la période du boom, avec des taux d'intérêt d'une moyenne de 3% (voir tableau 3), les banques, nourries également par des taux d'épargne très élevés, ont énormément prêter. Mais à partir d'un moment donné, elles ont, au lieu d'octroyer des crédits à l'économie réelle, à travers des investissements productifs, commencé à prêter massivement aux spéculateurs.

    Dans ce contexte, où il y a une abondance de liquidités sur le marché financier Américain (Wall Street), les Etats étrangers (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Brésil, Argentine, etc.), ont commencé à emprunter également des capitaux privés américains pour financer leurs dépenses, en vendant des titres publics (obligations et bons du Trésor). Mais seulement cependant, ces titres d'Etats étrangers étaient porteurs de gros intérêts. En effet par exemple, les Gouvernements Allemand et Brésilien, vendaient respectivement des bons à intérêt de 8% et 7%, pendant que les banques Américaines pouvaient emprunter à des taux d'environ 3%

    sur le marché interne37. Ainsi en se lançant dans les achats de ces titres d'Etat, ces dernières pouvaient bénéficier d'une marge de 4 à 5%.

    Ainsi, toutes les banques Américaines, petites ou grandes, éparpillées dans tout le territoire Américain, ont, dans ce contexte de profit, commencé à prêter aux spéculateurs, en vue que ces derniers acquièrent ces titres d'Etats à Wall Street.

    C'est alors de ce besoin pressant des banques de faire profit, de l'empressement pour un grand nombre d'Américains à acquérir ces titres, et de cette euphorie totale, que les prix des actifs ont commencé à grimper en bourse, jusqu'à atteindre le niveau le plus élevé en septembre 1929 (voir figure 2).

    Deuxièmement, consciente de cette situation, la FED, en tant que régulatrice du marché monétaire Américain, décide alors de freiner l'augmentation des prêts à but spéculatif, en relevant son taux directeur jusqu'à environ 6% (voir tableau 3). C'est ainsi, consécutivement à cette décision de la FED, qu'un climat de morosité s'est installé parmi les déposants38, qui de ce fait, ont petit à petit commencé à réclamer leurs dépôts au près de leurs banques. Celles-ci n'ayant pas suffisamment de liquidités, parce que trop engagées dans les prêts spéculatifs, ont commencé à leur tour à réclamer le retour de l'argent prêté aux spéculateurs. Ces derniers, à leur tour, n'ayant pas suffisamment de liquidités, étaient contraints de vendre les titres qu'ils détenaient39, en vue de faire face à la pression des banques créditrices. Mais cependant, en vendant un trop grand nombre d'actifs au même moment, cela a entraîné la chute drastique de leurs prix, qui pourtant fondaient la prospérité et des banquiers et des spéculateurs. C'est alors la faillite en cascade des banques.

    Dans ce cadre, nous pouvons ajouter que les banques, en prêtant aux spéculateurs, s'exposaient à des graves risques. Cela peut s'expliquer par le fait que, logiquement, lorsqu'une banque prête pour financer un investissement productif, elle est en mesure, en cas de défaut de remboursement, de récupérer au moins le principal (montant du prêt accordé sans les intérêts). Mais en prêtant aux spéculateurs, ces derniers n'ayant rien produit, sont incapables ni de payer les intérêts, ni même de rembourser le principal, en cas de perte de la valeur des actifs sur lesquels cette spéculation est faite. Ainsi dans ce cas, ce qui représente l'argent

    37 G. GARETT, A bubble that broke the world, Little, Brown and Company, Boston, 1932, pp. 54-55.

    38 Durant la période du boom, on note une augmentation drastique du taux d'épargne et une diminution des retraits. (Voir M. ROTHBARD, Op. Cit., pp. 86-87.)

    prêté (soit le titre) est perdu. Et c'est ce qui est survenu lors du krach ayant déclenché la crise économique.

    Après avoir retracer l'historique de la crise économique de 1929 au premier point de cette section, le deuxième point a consisté à passer en revue les différentes causes à l'origine du déclenchement de la crise aux Etats-Unis, et à sa diffusion au reste du monde. Quant au dernier point de cette section, il sera question de voir ce qu'ont été les conséquences de ladite crise.

    1.3. Conséquences de la crise économique de 1929

    Le krach boursier survenu en octobre 1929 a eu, comme nous avons eu à le souligner, des lourdes conséquences sur la sphère financière et réelle aussi bien Américaine que du reste du monde.

    Aux Etats-Unis, le krach a provoqué une vente précipitée des actions, plongeant davantage leurs valeurs ; les banques engagées dans les prêts spéculatifs connaissent des pertes d'avoirs très considérables, occasionnant une crise de confiance sur l'ensemble des banques, et des retraits massifs des dépôts, lesquels ont débouché sur une crise de liquidités dans le système bancaire.

    Dans ce contexte, les banques ont diminué leurs activités de crédits aux entreprises et aux ménages. C'est alors l'ensemble de l'économie Américaine qui est entré en crise, et, par différents canaux, a transmis ces bouleversements au reste du monde, tel que nous avons eu à l'expliquer plus haut.

    Cette crise déclenchée en 1929, déjà diffusée dans le monde entier, a alors entraîné, en l'espace d'une période assez courte, soit dès le début de l'année 1930, la chute de la production mondiale et du niveau de vie, et à une grave récession.

    C'est dans ce cadre que ce point s'intéressera à l'analyse des conséquences de la crise, notamment sur les cours des actions, le secteur bancaire, l'investissement, l'emploi, le commerce mondial, la production industrielle, le niveau des prix, le commerce extérieur, etc.

    1.3.1. Les cours des actions

    La crise a eu des non seulement aux Etats boursières au monde.

    Figure 4. Evolution des cours des actions aux Etats

    Source : Figure élaborée à partir des données de l'ouvra

    La figure 4 permet de lire l'évolution des cours

    Unis, laquelle a eu un impact très négatif sur le comportement des agents. En effet, ces derniers anticipant une évolution de plus en plus négative d

    augmenté leur incertitude sur le futur. Et c'est cette incertitude qui

    méfiance vis-à-vis des banques, débouchant sur une réticence à l'épargne bancaire, et à des retraits massifs des dépôts. Situation qui

    bancaires, tel que cela sera démontré au point suivant.

    traduit également le climat d'incertitud

    après le krach. En effet, les investisseurs sont réticents à acheter

    entreprises ne trouvent pas de nouvelles opportunités d'investissements.

    La figure 4 permet également de voir

    baissé entre 1929 et 1932, et ont connu une

    crise ait atteint son creux aux Etats

    contracycliques mises en place par les autorités, et que nous verrons plus loin.

    Comme nous l'avons souligné plus haut, la crise a eu également des effets dévastateurs sur l'évolution de

    travers le monde, notamment au Royaume

    Figure 3. Evolution des cours boursiers dans différents pays (1929-1933)

    400

    600

    500

    300

    200

    100

    0

    1929 1930 1931 1932 1933

    Royaume Uni France

    Allemagne

    Source : P. GILLES, Op. cit., p. 168.

    Comme le renseigne cette figure, les cours ont également baissé dans d'autres pays, notamment européens entre 1929 et 1932. Cela traduit sans doute l'incertitude qui prévalait dans l'économie mondiale durant cette période.

    La chute des prix des actions aux Etats-Unis cependant, ayant suscité un climat de méfiance dans le système bancaire, a débouché sur l'effondrement de plusieurs institutions bancaires, soit plus de 8000 entre 1929 et 1933.

    1.3.2. Faillites bancaires entre 1929 et 1933

    Comme nous avons déjà eu l'occasion de le souligner, le krach d'octobre 1929 a entraîné une grave crise dans le secteur bancaire américain, notamment par la perte de confiance des déposants, la méfiance entre les banques elles-mêmes à se prêter de l'argent, débouchant sur une crise de liquidités et sur de nombreuses faillites.

    Cependant, les faillites bancaires durant la crise reflètent deux aspects :

    1° Elles impliquent les pertes patrimoniales et des banques et des déposants : en effet, d'un côté, plusieurs banques étant engagées dans les prêts spéculatifs se sont retrouvé ruinées avec l'effondrement des cours boursiers. De l'autre, les agents ayant effectué des dépôts dans ces banques se sont à leur tour retrouvé ruinés.

    2° Suivant les politiques restrictives menées par la FED, les faillites ont constitué un
    mécanisme à travers lequel s'est traduite la réduction drastique de l'offre de
    monnaie. En effet, les banques n'étant plus en mesure d'emprunter en vue de faire

    face à d'éventuels retraits des déposants, étaient alors fatalement contraintes à la faillite.

    Le tableau suivant permet d'entrevoir le nombre de faillites bancaires, ainsi que l'importance des pertes subies par les banques et par les déposants.

    Tableau 6. Evolution des faillites bancaires et des pertes patrimoniales (1929-1933)

    Années

    Faillites bancaires

    Dépôts bancaires
    (en milliers de $)

    Pertes des
    déposants (en
    milliers de $)

    1929

    659

    230643

    76659

    1930

    1350

    837096

    237359

    1931

    2293

    1690232

    390476

    1932

    1453

    706187

    168302

    1933

    4000

    3596708

    540396

    Source : http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97-011.pdf

    Tax and Budget Bulletin N°14, mars 2003, CATO INSTITUTE

    M. FRIEDMAN et A. SCHWARTZ, Histoire monétaire des Etats-Unis, 1860-1963, Princeton University Press, New Jersey, 1965, p. 438.

    Le tableau 6 permet de voir l'importance des faillites bancaires entre 1929 et 1933, consécutives au krach boursier et aux politiques restrictives de la FED. Les faillites bancaires ont positivement évolué entre 1929 et 1931, avant de baisser en 1932, puis remonter l'année suivante, durant laquelle 4OOO banques feront faillites. Les raisons de cette évolution seront développées plus loin.

    Les dépôts bancaires et les pertes des déposants suivent également le même mouvement de hausse entre 1929 et 1932, avant de retomber en 1932, puis remonter en 1933.

    Notons également durant cette période, une diminution de la masse monétaire (M1 et M2), c'est-à-dire la circulation fiduciaire hors banque, les dépôts à vue, les dépôts à terme, etc., du fait notamment des pertes subies par les déposants.

    Tableau 7. Evolution de la masse monétaire M1 et M2 (1929-1932)

    Années

    M1 (en millions de $)

    M2 (en millions de $)

    1929

    26189

    45918

    1930

    25293

    45303

    1931

    23883

    42598

    1932

    20449

    34480

    1933

    19232

    30087

    Source : http://research.stlouisfed.org/wp/1997/97-011.pdf

    Le tableau 7 permet de voir que la masse monétaire, dans ses composantes M1 et M2 a évolué négativement de 1929 à 1933. Nous pouvons noter une diminution de 26,56% de M1 et de 34,48% de M2, entre 1929 et 1933.

    C'est alors, l'ensemble d'événements dans les secteurs bancaire et financier, c'est-à-dire, la panique boursière, la chute des prix des titres, les faillites bancaires, les pertes des déposants, le manque de liquidités et le resserrement du crédit, qui vont créer un climat d'insécurité économique totale.

    Dans ce contexte, les agents économiques réduisent leurs dépenses de consommation, et les entreprises, devant les difficultés à obtenir des liquidités, réduisent leurs productions et leurs investissements.

    1.3.3. La production industrielle

    Au premier chapitre de ce présent travail, en expliquant sommairement les phases du cycle économique, nous avons eu à évoquer le fait que toute crise perturbe le fonctionnement normal de l'économie. Cela dit, l'important recul dans l'offre de monnaie (raréfaction des liquidités) et la réduction considérable dans les dépenses de consommation consécutives à la crise, ont eu pour effet de réduire à leur tour le niveau d'investissement aux Etats-Unis.

    Le tableau suivant permet d'entrevoir l'évolution de la production industrielle aux Etats-Unis, entre 1929 et 1933.

    Tableau 8. Evolution de la production industrielle en milliards de $ (1930-1933)

    Années

    Production
    Industrielle (en
    milliards de $)

    1930

    81

    1931

    68

    1932

    54

    1933

    64

    Source : http://www.digitalhistory.uh.edu/database/articledisplay.cfm?HHID=188 NBER, Bulletin n° 53, Décembre 1934.

    Ce tableau renseigne que le volume de la production industrielle a chuté de 1929 à 1933, le plus faible niveau par rapport à celui d'avant le début de la crise étant atteint en 1932, soit 54 milliards USD. Durant cette période, nous notons une chute de près de 33% de la production industrielle. Mais après le plus faible

    niveau enregistré en 1932, il y a eu une re milliards USD.

    Ces oscillations enregistrées dans la production industrielle s'expliquent par la chute des prix enregistrée dès le déclenchement de la crise en 1929, jusqu'en 1932, du fait notamment des anticipations

    part des américains, qui ont eu pour effet de diminuer les dépenses de consommation. La remontée dans le niveau de production

    celle des prix dès le début de la même

    La figure suivante illustre en exemple l'évolution de la producti manufacturière (en milliards

    Figure 5. Evolution des prix et de la p

    Source : NBER, Bulletin n°53, Décembre 1934

    Cette figure renseigne qu'effectivement l'évolution de la

    industrielle est positivement

    est boostée par les politiques de soutien à la consommation, mises en place par les autorités, à travers un vaste programme baptisé «

    loin.

    L'incertitude

    entraîné une baisse drastique de la consommation, la chute du niveau des prix et de la production industrielle, a alors causé la faillite de no

    poussé des nombreux américains au chômage.

    Le tableau suivant donne un aperçu de l'évolution du taux de chômage aux Etats-Unis durant la crise.

    Tableau 9. Evolution du taux de chômage aux Etats-Unis de 1929 à 1933

    Années

    Taux de chômage

    1929

    3,1

    1930

    8,7

    1931

    15,2

    1932

    22,3

    1933

    20,5

    Source : http://www.digitalhistory.uh.edu/database http://research.stlouisfed.org/fred2/data

    Ce tableau témoigne de la gravité du chômage pendant la période de crise. En effet, le taux de chômage a grimpé de 619,36% en 1932, par rapport à son niveau de 1929, dépassant les 20% de la population active américaine.

    Le climat d'incertitude dans l'économie Américaine depuis le déclenchement de la crise, qui a réduit sensiblement la masse monétaire, les dépenses de consommation, les prix, et, qui a considérablement augmenté le taux de chômage, a également entraîné une forte diminution du PIB Américain.

    Le tableau suivant renseigne sur l'évolution du PIB Américain de 1929 à

    1933.

    Tableau 10. Evolution du PIB Américain de 1929 à 1933

    Années

    PIB nominal (en
    milliards USD)

    PIB nominal par
    tête (en USD)

    1929

    103,6

    851

    1930

    91,2

    741

    1931

    76,5

    617

    1932

    58,7

    470

    1933

    56,4

    449

    Source : http://www.digitalhistory.uh.edu/database

    Le tableau 10 permet de voir la manière dont le PIB a baissé entre 1929 et 1930. En effet, le PIB nominal a chuté de 45,6% de 1929 à 1933, avec une baisse annuelle d'une moyenne de 13%, tandis que le PIB nominal par tête a quant à lui connu une baisse de 47,2% durant la même période.

    La production industrielle ayant baissée, celle-ci a également très lourdement affecté le commerce extérieur des Etats-Unis, le faisant chuter de plus de 50% entre 1929 et 1933.

    Tableau 11. Commerce extérieur des Etats-Unis en millions USD

    Années

    Exportations

    Importations

    1929

    437

    366

    1930

    315

    260

    1931

    198

    174

    Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.

    Le tableau 11 renseigne que le commerce extérieur Américain a été également très lourdement affectée par l'ampleur de la crise déclenchée en 1929. En effet, les exportations ont chuté de 55% entre 1929 et 1931, et les importations ont quant à elles chuté de 52,4% durant la même période.

    Ainsi que le démontrent tous les chiffres fournis par les tableaux précédents, la récession aux Etats-Unis était d'une ampleur remarquable. Durant cette crise déclenchée à la suite du krach boursier d'octobre 1929, la production industrielle Américaine avait chuté de 33%, le PIB nominal, les exportations et les importations quant à eux, de plus de 40%.

    Cependant la crise déclenchée aux Etats-Unis et ayant déjà atteint le reste du monde, a eu également des lourdes conséquences sur le plan économique dans de nombreux pays, affectant notamment le commerce extérieur, leur production industrielle, l'emploi, etc.

    Ici, l'exemple est tiré des pays tels que la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, et l'Allemagne, qui ont été très profondément affectés par les effets de la crise.

    Tableau 12. Production industrielle dans le reste du monde (en millions USD)

    Années

    Royaume Uni

    France

    Allemagne

    Italie

    1930

    92

    100

    88

    92

    1931

    84

    89

    72

    78

    1932

    83

    77

    58

    67

    1933

    88

    83

    65

    74

    Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.

    Dans le même ordre d'idées, le chômage a également, bien que dans des proportions moindres que celles enregistrées aux Etats-Unis, augmenté dans ces différents pays, et ce, en raison de diverses causes, dont notamment la réduction des achats américains à l'étranger, consécutive à la crise.

    Tableau 13. Evolution du chômage (en %)

    Années

    Royaume-
    Uni

    France

    Allemagne

    Canada

    1929

    7,2

    5,5

    5,9

    2,9

    1930

    11,1

    7,0

    9,5

    9,1

    1931

    14,8

    9,7

    13,9

    11,6

    1932

    15,3

    13,7

    17,6

    17,6

    1933

    13,9

    16,3

    14,2

    19,3

    Source : P. GILLES, Op. cit., 164.

    En lisant les chiffres du tableau n°13, nous nous apercevons que les taux de chômage ont certes augmenté dans tous ces pays durant la période allant de 1929 à 1933, mais qu'ils ont été plus élevés au Royaume Uni et en Allemagne, où ils ont baissé dès l'année 1933, alors qu'ils ont poursuivi leur évolution en France et au Canada, et ce, pour des raisons qui seront évoquées plus loin.

    Le Royaume Uni, malgré l'effet de contagion de la crise déclenchée aux Etats-Unis, a vu s'aggraver sa situation notamment à cause de sa politique monétaire de prestige, qui consistait à réévaluer la Livre Sterling, et ce, dans le but de repositionner la Livre comme monnaie mondiale face à un Dollar de plus en plus puissant40. Cette politique a eu pour conséquence de rendre les biens et produits britanniques moins compétitifs à cause des prix trop élevés.

    En Allemagne, la réduction suite à la crise, des investissements Américains, qui représentaient un peu plus de 250 millions de Dollars en 1928, et qui sont passé à seulement 40 millions de Dollars l'année suivante, a affecté sensiblement l'économie, notamment dans les secteurs du textile, charbon, sidérurgie, pourtant en grand essor avant la crise. C'est sans doute ce qui justifie les taux élevés de chômage enregistrés pendant la crise.

    Les pays en développement (d'Amérique latine, d'Asie et d'Océanie) quant à eux, ont été également très lourdement frappés par la crise, à cause notamment du fait que leur croissance enregistrée dans les années 20 avait été centrée sur les produits de base et dépendait par conséquent de leur accès aux

    40 F. COCHET, Op. Cit., p. 46.

    marchés des pays développés ainsi qu'aux capitaux de ces derniers. Dès lors que ces marchés à l'exportation et que les capitaux ont commencé à se réduire, ces pays sont vite tombés en faillite.

    Cependant, comme nous avons déjà eu l'occasion de le souligner, la réduction des prêts et des achats américains à l'étranger, suite à la crise, a donné lieu à des contractions de nouveaux crédits et à la baisse de la production dans les pays emprunteurs (voir tableau 12).

    Mais il convient également de souligner le fait que, la mise en place par le Gouvernement Américain, de la loi dénommée « Smoot-Hawley-Tariff »41, visant à relever les tarifs douaniers aux Etats-Unis, a davantage contribué à la contraction des échanges commerciaux mondiaux, et à la réduction de la production.

    Cette loi qui visait à favoriser les producteurs Américains et contrer l'accélération de la récession par la réduction de la concurrence étrangère, a eu pour effet de réduire la production mondiale, car, d'autres pays n'ont pas tardé à prendre des mesures comparables. C'est dans ce contexte de guerre tarifaire entre partenaires commerciaux que tout le commerce mondial s'est contracté.

    Le tableau suivant renseigne sur le volume du commerce mondial entre 1930 et 1933.

    Tableau 14. Commerce mondial entre 1930 et 1933(en millions de $)

    Années

    Royaume-
    Uni

    France

    Allemagne

    1930

    92

    100

    88

    1931

    84

    89

    72

    1932

    83

    77

    58

    1933

    88

    83

    65

    Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.

    Ce tableau illustre la contraction du commerce mondial dans quelques pays42. En effet en termes de USD, les échanges du Royaume-Uni avec d'autres pays, qui étaient de 92 millions en 1930, ont chuté à 84 millions de dollars en 1931, et à 83

    41 Smoot-Hawley-Tariff Act, loi adoptée en juin 1930, suite à l'aggravation de la crise, et dans le but de protéger les producteurs américains contre la concurrence étrangère. Dans cette loi, le taux moyen Ad valorem des droits sur les importations, qui était de 25,9%, est passé à 50%.

    42 Une contraction des échanges contribue à aggraver la crise. En effet, une baisse de l'activité dans un pays, diminue, par la contraction de ses importations, les exportations et donc l'activité de ses partenaires commerciaux. Les importations de ce pays diminuent à leur tour, ce qui réduit les débouchés des autres pays et alimente une spirale baissière. Voir cours de macro-économie, Première Licence Sciences Economiques.

    millions en 1932, avant de remonter en 1933, à 88 millions. En France et en Allemagne, les échanges ont chuté respectivement de 23 et 34%, entre 1930 et 1932.

    Dans la majorité des pays du monde, cette contraction du commerce mondial a eu pour effet de réduire drastiquement les recettes fiscales, et ce, notamment dans les pays en développement.

    Suite à cette contraction du commerce mondial, l'Australie par exemple, dont l'économie dépendait en grande partie de l'exportation des produits agricoles et industriels, a enregistré une forte réduction de sa production, et une importante augmentation du chômage, à un peu plus de 25% de la population active en 1932.

    Le canada également, a subi de plein fouet les effets de la contraction du commerce mondial. En effet, il a vu sa production industrielle chuter de plus de 55% en 1932, par rapport à son niveau de 1929. Son revenu national a chuté de 56% en 1932, tandis que le taux de chômage est passé à 17% la même année, et à 19% l'année suivante (voir tableau 13).

    Le japon, quant à lui, n'a pas été très lourdement frappé par la crise. En effet, l'économie Japonaise a connue une contraction de 8% entre 1929 et 1931, mais est vite sortie de la crise, en raison notamment de la mise en place des politiques expansionnistes, impliquant des réductions d'impôts et d'importants déficits budgétaires, ainsi qu'en procédant à la dévaluation de sa monnaie.

    Le déficit a permis entre autres l'achat d'équipements militaires, tandis que la dévaluation a permis un important accroissement des exportations japonaises, permettant une sortie de crise dès 1933.

    D'autres pays, notamment ceux d'Amérique latine et d'Afrique, ont été également très fortement frappés du fait de la contraction de la demande d'exportation des produits agricoles et miniers.

    L'étalon-or, comme nous avons également eu l'occasion de le souligner, a joué un rôle majeur dans la diffusion de la crise au reste du monde. Cependant, les pays qui ont abandonné l'or avant les autres ont pu bénéficier d'une sortie de crise beaucoup plus rapide, tandis que ceux qui en sont resté fidèles ont été plus sévèrement touchés.

    En effet, les pays en régime de change fixe, sont contraints de mener des politiques déflationnistes pour sauvegarder la valeur interne de leur monnaie. Or, les politiques déflationnistes ont tendance à aggraver la crise43.

    Dans le même contexte, les pays en développement (d'Amérique latine et d'Océanie), producteurs des produits primaires, ont subi de plein fouet la crise, en ce qu'ils s'étaient endettés dans les années 1920 pour construire les capacités de production nécessaires aux besoins apparemment indéfiniment croissants de l'Europe. Et, quant les prix de leurs exportations se sont effondrés, ils se sont retrouvés face à de graves crises de balances de paiements44. Ainsi, ces pays ayant perdu leurs recettes d'exportation, se sont retrouvé contraints de choisir entre politiques de rigueur et dévaluations45.

    Avec les changes fixes en effet, pour ne pas transgresser les règles, les pays déficitaires étaient contraints à mener une politique de rigueur, tandis que les pays excédentaires étaient contraints à ne pas effectuer de relance économique. Politiques qui sans doute, ont été procycliques, aggravant davantage la crise.

    Le tableau suivant montre que les pays qui sont sortis de l'étalon-or, ont recouvré leurs niveaux de production plus tôt que les autres.

    Tableau 15. Production industrielle par rapport aux politiques de change (en %)

     

    1929-1932

    1933

    1934

    Pays du bloc-or

    -28,17

    -22,6

    -21,8

    Pays de la zone
    Sterling

    -8,7

    -2,5

    8,8

    Autres pays ayant
    dévalué

    -17,4

    -1,6

    3,2

    Source : P. GILLES, Op. cit., p. 164.

    Ce tableau renseigne que les pays qui ont poursuivi avec l'étalon-or, ont vu leur production industrielle continuer à baisser. Il s'agit des pays tels que la France, la Belgique, etc.

    A l'inverse, les pays qui ont dévalué et abandonné l'étalon-or plus tôt, ont vu jouer en leur faveur les termes de l'échange. Il s'agit des pays de la zone

    43 F. COCHET, Op. cit., p. 44.

    44 Pierre-Cyrille HAUTECOEUR, « La crise de 1929 et ses enseignements », In Crises financières, Economica, Paris, 2008, pp. 9-10.

    45 Idem, p. 10.

    Sterling (Grande-Bretagne et pays du Commonwealth) ainsi que d'autres pays ayant choisi d'abandonner l'étalon-or (Allemagne, Japon, etc.)46.

    De ce qui précède, nous pouvons retenir que la crise économique de 1929, qui s'est transformé par la suite en une importante récession durant trois années successives (1930-1932), a causé d'importants dégâts aussi bien dans l'économie américaine que dans celle du reste du monde.

    Aux Etats-Unis, elle a poussé le chômage à des niveaux très élevés (soit plus 20% de la population active), causé la chute drastique de la production industrielle, la déflation générale des prix, la faillite de plus de 9000 banques sur un peu plus de 20000 que comptaient le pays (soit plus du tiers), la contraction de ses exportations, la fermeture de milliers d'entreprises, etc. La figure suivante illustre l'évolution des faillites d'entreprises entre octobre 1930 et mars 1932.

    100

    80 60 40 0

    Figure 6. Faillites d'entreprises (en millions usd)

     
     
     
     
     
     
     
     

    O

    N

    D

    J

    F

    M

    A

    M

    J

    1931

     

    JASON

     
     

    D

    J

    F
    1932

    M

    Faillites

    Source : Vincent SARDA, Op. cit., p. 19.

    La figure 6 témoigne bien de l'ampleur de la crise, avec les sommets atteints en janvier 1931 et 1932.

    46 En Grande-Bretagne, l'étalon-or est abandonné en 1931. La Livre Sterling est alors dépréciée par rapport au Dollars, qui lui, est resté sur le système. Dans ce contexte, les prix anglais diminuent et deviennent plus compétitifs, et les producteurs étrangers, notamment américains sont eux aussi contraints, pour résister à cette forte concurrence, suivre le mouvement. C'est alors qu'en 1932, la FED décide à son tour de quitter l'étalon-or. (Voir, F. COCHET, La grande crise 1929-1939 ; HAUTECOEUR (Pierre-Cyrille), « La crise de 1929 et ses enseignements », M. ROTHBARD, America's great depression ).

    Dans le reste du monde, elle a également causé la faillite de nombreux établissements bancaires (notamment en Europe), la hausse sensible du chômage, la chute de la production industrielle, la déflation des prix, la chute du commerce mondial, etc.

    Dans le même ordre d'idées, il convient également de noter que la crise économique de 1929 a entraîné l'abandon général de l'étalon-or, et le bouleversement de l'ensemble de l'économie mondiale.

    2. HISTORIQUE DE LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007.

    Dans la première section de ce chapitre, nous avons analysé la crise économique de 1929, laquelle était parti des Etats-Unis, et a constitué la crise économique la plus sévère qu'ait connu le monde durant le 20è siècle. Cette crise avait en effet eu des lourdes conséquences sur l'économie mondiale, tel que les chiffres en ont témoigné.

    Cependant en aout 2007, s'est de nouveau déclenchée une crise aux Etats-Unis, importante de par son ampleur, puisqu'étant certainement la plus sévère depuis celle de 1929. Cette crise dite « financière internationale de 2007 » ou « crise des subprimes », au-delà des frontières Américaines, a causé des grandes pertes sur quasiment tous les marchés financiers du monde, et a non seulement débouché sur un profond ralentissement de la croissance mondiale, avec une sensible diminution de la production dans de nombreux secteurs de l'économie, mais aussi sur un accroissement du chômage dans la quasi-totalité des pays du monde. Cependant, comment cette crise a-t-elle commencé ? Quelles en sont les effets ?

    En vue de répondre à ces importantes interrogations, il sera question dans cette section, de retracer l'historique de cette crise, d'en décrire les différents facteurs à l'origine, et enfin d'en analyser les conséquences.

    Dans ce cadre, et comme nous avons eu à procéder dans la section précédente, nous procéderons avant tout à l'analyse de la période de prospérité ayant précédée le déclenchement de ladite crise financière, c'est-à-dire celle d'expansion entre 2000 et 2007, puis de la période de crise proprement dite, soit, de 2007 à ce jour.

    2.1. Déroulement de la crise financière internationale

    Dans la première moitié de la décennie 2000-2009 aux Etats-Unis, un environnement favorable, caractérisée par une inflation faible et stable, et un taux de croissance en constante évolution, avait conduit les investisseurs, les entreprises et les ménages à penser que l'avenir serait éternellement radieux47et à sous-estimer le risque. Durant cette période, nous pouvons noter également que la FED a mené une politique très expansionniste, caractérisé par des taux d'intérêt très bas.

    Tableau 16. Taux d'inflation et de croissance (en %) aux Etats-Unis de 2000 a 2007

    Années

    Taux d'inflation

    Taux de
    croissance

    2000

    2,2

    -

    2001

    3,4

    6,0

    2002

    2,8

    2,6

    2003

    1,6

    3,0

    2004

    2,3

    6,0

    2005

    2,5

    5,9

    2006

    3,2

    2,5

    2007

    2,5

    -1,6

    Source : http://www.indexmundi.com/

    Le tableau 16 renseigne que le taux d'inflation était en moyenne de 3% entre 2000 et 2007.

    L'environnement favorable qu'a ainsi offert l'économie Américaine a entraîné la baisse des taux d'intérêt, alimenté des crédits abondants et bon marché48, et donc une forte augmentation de l'offre de monnaie.

    Tableau 17. Evolution de la masse monétaire de 2000 a 2007 (en milliards de $)

    Date

    M2

    Date

    M3

    01/12/00

    4920,9

    25/12/00

    7147,9

    O1/12/01

    5430,3

    24/12/01

    8045,0

    01/12/02

    5774,1

    23/12/02

    8574,7

    01/12/03

    6062,0

    22/12/03

    8876,9

    01/12/04

    6411,7

    27/12/04

    9458,7

    01/12/05

    6669,4

    26/12/05

    10193,4

    01/12/06

    7021,0

    13/12/06

    10336,3

    01/12/07

    7081,3

    -

    -

    Source : http://www.federalreserve.gov/releases
    http://www.forecasts.org/data

    Durant cette période, comme le montre ce tableau 17, nous pouvons noter une augmentation de la masse monétaire, dans ses composantes M2 et M3, en constante évolution. De décembre 2000 à décembre 2007 par exemple, la composante M2 de la masse monétaire s'est accrue de 43,9%. Ce qui témoigne parfaitement de l'expansion de la masse monétaire durant la période ayant précédée le déclenchement de la crise.

    Durant cette période en effet, nous pouvons également noter des taux d'intérêt très faibles, d'une moyenne de 1,3% entre 2001 et 2004, et qui ont également permis l'émergence d'une forme de crédits appelés « subprimes ». Le tableau suivant donne un aperçu sur l'évolution du taux d'intérêt de la FED au courant de cette période.

    Tableau 18. Evolution du taux d'intérêt de la FED

    Date

    Taux d'intérêt

    Mai 2000

    6,5%

    Décembre 2001

    1,75%

    Novembre 2002

    1,25%

    Juin 2003

    1,00%

    Juin 2004

    1,25%

    Décembre 2005

    4,25%

    Juin 2006

    5,25%

    Août 2007

    5,25%

    Source : http://www.federalreserve.gov/data

    Avec les taux d'intérêt faibles, facilitant les crédits subprimes, les ménages américains dont l'accès au crédit était jusque là très limité, parce que ne présentant pas de garantie suffisante en terme de revenu, d'emploi, ou de patrimoine, se sont vu offrir la possibilité de contracter des emprunts immobiliers mieux adaptés à leurs besoins49.

    En effet, traditionnellement, nous savons qu'un crédit est accordé à un individu (ménage) au regard de son revenu, emploi ou patrimoine, de sorte qu'il ne puisse s'endetter au-delà de sa capacité de remboursement. Mais aux Etats-Unis, depuis quelques années, des crédits étaient octroyés aux ménages à faibles revenus, lesquels crédits étaient gagés sur la valeur du logement acheté et apporté en garantie par l'emprunteur.

    Ces crédits, hypothécaires, ont connu une très grande et rapide expansion entre 2000 et 2007.

    Tableau 19. Evolution des emprunts hypothécaires aux Etats-Unis de 2000 a 2007

    Années

    Emprunts (en
    milliards USD)

    2000

    383,3

    2001

    507,1

    2002

    704,5

    2003

    870,1

    2004

    927,2

    2005

    1033,4

    2006

    977,4

    2007

    658,9

    Source : FED, «Statistical release», 10 décembre 2010.

    Ce tableau illustre bien l'attractivité des crédits subprimes aux EtatsUnis. En effet, entre 2000 et 2005, ils ont progressé d'environ 170%. Ensuite, à partir de 2006, ils se sont réduits pour des raisons que nous évoquerons plus loin.

    Ces crédits, octroyés à des taux d'intérêt variables, ont ainsi attiré largement les ménages américains, dans un contexte où les taux d'intérêt évoluaient dans le sens de la baisse (voir tableau 18).

    Ainsi ces crédits ont été largement répandus entre 2001 et 2005, dans la mesure où le secteur de l'immobilier était en pleine croissance aux Etats-Unis, nourri notamment par la politique expansionniste menée par la FED (et qui a eu une incidence très considérable sur les prix des actifs).

    Tableau 20. Evolution du prix moyen des maisons aux Etats-Unis 2000 a 2007

    Années

    Prix moyen

    2000

    147300

    2001

    156600

    2002

    167600

    2003

    180200

    2004

    195200

    2005

    219000

    2006

    221000

    2007

    217900

    Source : http://www.census.gov/const/uspricemon.pdf

    Ce tableau renseigne que le marché immobilier aux Etats-Unis était en plein expansion durant cette période, avec une évolution des prix en constante augmentation entre 2000 et 2006, avant de chuter en 2007 en raison de la hausse des taux d'intérêt par la FED50.

    Notons toutefois que l'attractivité des crédits subprimes pour les banques pouvait s'expliquer par le fait de leur forte rentabilité et du peu de risque « apparent » que ces dernières prenaient en les octroyant.

    Il était en effet possible pour une banque de saisir une maison achetée par un emprunteur en défaut de remboursement, puis la revendre et recouvrer facilement ses fonds, dans un contexte d'augmentation continu des prix dans le secteur immobilier.

    Ces crédits présentaient également une grande attractivité pour les ménages, dans un contexte de hausse continue des prix :

    Supposons en effet par exemple, un ménage qui emprunte 50000$ pour acheter une maison. Quelques temps après, la valeur de la maison monte à 75000$. Dans ces conditions, l'emprunteur peut décider d'effectuer un nouvel emprunt de 25000$, et en profiter pour acheter un autre bien (un véhicule par exemple), ou payer les études de ses enfants, etc.

    50 Les crédits étant indexés sur le taux directeur de la FED

    Cela permet de voir à quel point pour un ménage, une maison acquise grâce à un prêt subprime peut garantir plusieurs prêts et varier les activités du ménage.

    Ces prêts hypothécaires étaient cependant favorables aux banques et aux ménages tant que les prix immobiliers continuaient à augmenter et les taux d'intérêt à baisser. Car en effet, en cas de contraction du marché de l'immobilier, la maison détenue et hypothéquée par le ménage vaudrait moins que le crédit contracté pour l'acquérir et par conséquent causer une perte qui entraînerait un problème de remboursement pour le ménage, et amener la banque créditrice à enregistrer une perte.

    Cependant, dans un contexte de rentabilité généralisée des activités sur les crédits subprimes, ces derniers sont vite devenus des produits phare des courtiers en bourse, car, leur attractivité ont conduit à leur titrisation, c'est-à-dire, leur transformation en titres financiers.

    La rentabilité des titres subprimes attirent les investisseurs non seulement américains, mais du monde entier, et conduisent les banques à se lancer davantage dans les activités de titrisations, qui, comme nous l'avons évoqué plus haut, est une activité qui consiste à transformer des prêts bancaires (traditionnellement illiquides) en titres aisément négociables sur le marché, par l'intermédiaire d'une entité juridique ad hoc (investisseurs institutionnels, banques d'affaires, etc.)51.

    A travers ce mécanisme, la banque ayant octroyé des crédits subprimes, les cède à ces entités ad hoc, qui financent cette acquisition, c'est-à-dire financent la banque en contre partie de ces crédits, et ensuite émettent des titres représentant ces crédits sur le marché (financier), que les investisseurs (ménages, banques, entreprises, etc.) aussi bien nationaux qu'étrangers achètent, en vue de percevoir les revenus (intérêt et principal) issus des prêts représentés par ces titres52.

    Par conséquent, à travers la titrisation, les banques transforment les risques liés aux prêts et obtiennent rapidement des liquidités grâce aux plus-values générées par ces opérations et sont par conséquent en mesure d'octroyer plus rapidement des nouveaux crédits.

    Ces opérations ont été profitables aux banques, aux entités émettrices des titres, et aux investisseurs tant que le marché immobilier continuait à être en hausse et que les taux d'intérêt continuaient à baisser.

    51 P. ARTUS et J.P. BETBEZE, Op. cit., p. 36.

    52 Idem, pp. 36-37.

    Figure 7. Evolution du New York stock Exchange (NYSE)

    12000

    10000

    4000

    8000

    6000

    2000

    0

    01/12/2000 01/03/2001 01/06/2001 01/09/2001 01/12/2001 01/03/2002 01/06/2002 01/09/2002 01/12/2002 01/03/2003 01/06/2003 01/09/2003 01/12/2003 01/03/2004 01/06/2004 01/09/2004 01/12/2004 01/03/2005 01/06/2005 01/09/2005 01/12/2005 01/03/2006 01/06/2006

    DJI

    Source : www.forecasts.org/data

    La figure 7 illustre la tendance positive de l'évolution de l'indice du Dow Jones entre 2000 et 2006, avec toutefois une régression entre 2001 et 2002, en raison des attentats terroristes du 11 septembre 2001, qui avait provoqué un climat de morosité dans les activités boursières.

    Toutefois, en se lançant dans les activités de prêts aux plus démunis, et ensuite en s'octroyant la possibilité de vendre ces prêts à d'autres établissements, investisseurs, etc. à travers la titrisation, les banques s'exposaient à de graves risques, susceptibles d'entraîner tout le système bancaire et financier dans une profonde crise. En effet, dans les deux cas, elles opéraient dans l'hypothèse d'une expansion continue du marché immobilier et d'une baisse des taux d'intérêt.

    Dans ce contexte d'euphorie générale, la FED a alors commencé à relever son taux directeur. Le faisant passer de 1,25 à 2,00%, de juin à novembre 2004, puis à 2,75 ; 3,50 ; 4,00 et 5,00 entre mars 2005 et mai 2006, pour ensuite atteindre 5,25% en août 2006 (voir tableau 18, p. 48).

    Avec cette augmentation des taux d'intérêt d'une part, les ménages américains se sont retrouvé dans l'incapacité de rembourser les crédits leur accordés53. Plus de 2 millions de ménages américains se sont ainsi retrouvés ruinés, faute de pouvoir rembourser. D'autre part, cette augmentation des taux d'intérêt par la FED, a débouché à court terme, sur un assèchement des liquidités, lequel a conduit à une contraction de l'offre de crédit.

    53 Le remboursement des crédits étant indexé sur le taux directeur de la FED.

    Dans ce contexte, les banques ont vite récupéré les maisons acquises par les ménages grâce aux crédits subprimes, et les ont mises en vente, dans le but de recouvrer les fonds prêtés. Ce reflexe « maladroit » des banques n'a eu pour effet que de provoquer la baisse drastique des prix de l'immobilier, en août 2007, le stock des biens immobiliers en vente ayant trop augmenté.

    Cependant, les banques qui avaient excessivement recouru aux prêts subprimes se sont retrouvées dans l'impasse54. Et, étant donné la titrisation, de nombreuses banques, investisseurs, entreprises, américains comme étrangers détenteurs des titres subprimes, se sont retrouvés complètement ruinés.

    Dans cette situation de panique générale, un climat de méfiance s'est installé sur le marché interbancaire, et les banques ont commencé à refuser de se prêter. Faute de liquidités, de nombreuses institutions bancaires à travers le monde sont au bord de la faillite.

    Avec le resserrement des crédits, les ménages par crainte de chômage, ont accru leur épargne de précaution et réduit leurs dépenses de consommation. Ce resserrement des crédits, conjugué à une baisse de la demande, conduisent alors les entreprises à restreindre leurs activités, avec comme effet direct, le licenciement de nombreux travailleurs.

    Cette baisse de la demande, ayant déjà entraîné une réduction de la production, a alors débouché sur une contraction du commerce mondial, propageant la crise à l'ensemble de l'économie mondiale et causant une récession quasigénéralisée, n'épargnant surtout aucun des grands pays industrialisés55.

    Comme nous avons eu à l'évoquer au début de cette section, entre 2000 et 2007, l'économie Américaine en pleine croissance, a connu une abondance de liquidités, favorisée par des taux d'intérêt faibles. Cette situation a à son tour favorisé un octroi abondant de crédit et l'émergence des crédits hypothécaires dits « subprimes » et à leur transformation en titres par la titrisation. C'est donc la conjonction de tous ces phénomènes qui a débouché sur le déclenchement de la crise, dite « des subprimes », dont les causes profondes seront évoquées au point suivant.

    54 http://www.politique.net/

    55 J.C. BRICONGNE, Op. cit., p.26.

    2.2. Causes de la crise

    C'est bien l'éclatement de la bulle immobilière survenu en août 2007 aux Etats-Unis qui, comme nous avons eu à le souligner au point précédent, a déclenché la crise dans le secteur bancaire américain et du monde entier, et qui par la suite a débouché, à travers certains canaux, sur une importante crise économique ressentie par quasiment tous les pays du monde.

    Plusieurs études menées au sujet de cette crise, ont cependant permis d'en déceler les divers facteurs à son origine. Il s'agit notamment de la régulation inadéquate du secteur bancaire et financier durant la période ayant précédée le déclenchement de la crise, de l'abondance de crédits « subprimes » par les banques, la sous-évaluation du risque par les banques, les agences de notation, les investisseurs et les régulateurs56, par rapport particulièrement aux risques de la titrisation, laquelle a joué un rôle majeur dans la transmission de la crise des EtatsUnis au reste du monde, par le biais des interconnexions entre les marchés financiers du monde.

    2.2.1. Sous-évaluation massive du risque

    Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer, l'expansion des crédits subprimes a été nourrie par un environnement macroéconomique favorable. L'expansion des crédits et l'abondance des liquidités ont favorisé une hausse de prix d'actifs57. Cette situation a alors entretenue des anticipations de hausses de prix futures d'actifs.

    Ce même contexte d'abondance de liquidité a favorisé le recours à l'emprunt pour financer l'achat des actifs subprimes. De nombreuses banques, entreprises, sociétés d'assurance, ménages, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du monde (Europe, Asie, Etc.) se sont alors lancé dans les achats desdits actifs, vu le rendement qu'ils procuraient, négligeant les risques potentiels qu'ils comportaient.

    Dans ces conditions, les responsables de la bulle immobilière sont les banques elles-mêmes ainsi que leurs filiales, les agences de notation, les fonds d'investissement ou spéculatifs (hedge funds), ainsi que les particuliers du monde

    56 Aux Etats-Unis, les secteurs bancaire et boursier sont respectivement régulés par la FED (Federal Reserve) et la SEC (Securities and Exchange Commission)

    57 En période d'expansion, la richesse des agents économiques augmente. Ainsi la demande d'actifs augmente, et augmente leur prix. Voir F. MISHKIN, Monnaie, banques et marché financiers, 8ème édition.

    entier, ayant acheté en masse les titres subprimes58. Les banques sont les artisans majeurs de la bulle dans la mesure où, étant devenu de moins en moins exigeantes sur le profil des emprunteurs et multipliant les risques en octroyant des prêts à taux variables, elles ont prêté à des ménages américains à faibles revenus (donc peu solvables), et se sont par conséquent exposé à des graves risques.

    2.2.2. Régulation inadéquate

    La régulation financière a en effet présenté d'importantes failles face à l'expansion des crédits subprimes et de la titrisation.

    Nous savons en effet que l'un des piliers de la gestion bancaire repose sur le respect strict des ratios prudentiels de gestion59. Ainsi, la supervision du système bancaire prévoit par exemple que l'augmentation du volume des crédits s'accompagne d'une augmentation des besoins en fonds propres des banques60, dans le but de contraindre celles-ci à être plus prudentes dans leur offre de crédits.

    Cependant, la réalité est telle que, les années ayant précédées le déclenchement de la crise, les banques se sont détournées de cette contrainte, en particulier grâce à la titrisation. La titrisation permettait ainsi aux banques (qui accordaient des prêts subprimes), de transférer le risque de crédit.

    En effet, grâce à la titrisation, une banque qui cédait les crédits subprimes dont au départ elle était à l'origine, pouvait poursuivre ses opérations, et accorder des nouveaux crédits, avec une base en fonds propres intacte. Ce qui ne l'obligeait pas par conséquent au strict respect des ratios prudentiels.

    En utilisant plus rigoureusement les moyens de contrôle et de sanction existants, les régulateurs auraient pu mieux cerner et contrer les institutions à prendre trop de risque.

    58 N. MARTELIN, « Crise financière : causes et conséquences », In Les Jeunes Radicaux,

    ( http://www.jeunesradicaux.net/crise-financière)

    59 Dans la plupart des pays, les autorités chargées des contrôles bancaires ont édicté des règles professionnelles portant entre autres sur la constitution des réserves liquides, le contrôle permanent des comptes et de l'activité (de manière à éviter des risques inconsidérés) : règles d'intervention de la Banque Centrale en cas par exemple de défaillance d'une banque, les ratios prudentiels (de liquidité, de division de risques, de couverture de risque, de solvabilité, de trésorerie, etc.). Voir BOLALUETE MBWEBEMBO, « Politique Monétaire », Cours de L1 Economie Monétaire, UNIKIN, Kinshasa, 2008.

    60 Le ratio de fonds propres permet par exemple de limiter la transformation des dépôts à court terme en prêts à long terme, et permet ainsi de limiter les risques liés à cette transformation.

    2.2.3. La titrisation

    Grâce à la titrisation, nous sommes en mesure d'expliquer comment la crise qui, au départ ne concernait que le secteur de l'immobilier, a pu se transformer en crise bancaire et contaminer toute l'économie et la finance mondiale :

    Certes les crédits subprimes étaient octroyés aux Etats-Unis, aux ménages américains, mais seulement cependant, ces prêts n'étaient pas resté au sein des banques prêteuses, mais ont été transféré sous forme de titres de créance à d'autres banques et investisseurs institutionnels via la bourse61. C'est ainsi que s'est propagé le mal à travers les marchés boursiers pour se retrouver au bilan de nombreuses banques à travers le monde. C'est ainsi que lorsque la bulle immobilière a éclaté aux Etats-Unis, tous les marchés financiers se sont retrouvés dans l'alerte, jusqu'à affecter l'économie réelle.

    2.2.4. Les agences de notation

    Les agences de notation ont fait une évaluation erronée du risque lié aux titres subprimes, en leur attribuant une note élevée, tout en sous-estimant les grands risques qu'ils comportaient62. Elles ont ainsi une grosse part de responsabilité en ce que, par leur action, les titres subprimes ont connu une grande expansion, exposant leurs acquéreurs à des gros risques.

    2.2.5. Les fonds d'investissements ou fonds spéculatifs (Hedge Funds)

    Les fonds d'investissement avaient amassé des titres affectés par les défauts de paiements (subprimes)63. Et, lorsque la crise s'est déclenchée, les Hedge Funds détenaient plus de 40% de titres subprimes sur le total du marché, représentant environ 1400 milliards de Dollars, sur les 2000 milliards de Dollars d'actifs qu'ils géraient. C'est de cette manière qu'ils se sont retrouvés au coeur de la crise64.

    61 N. MARTELIN, Op. cit., pp. 2-3.

    62 Nous pouvons dans ce cadre souligner le fait que les agences de notation sont rémunérées par les émetteurs de titres. Si les titres sont bien notés, la rémunération sera d'autant plus intéressante pour les agences de notation. Ce facteur aurait donc joué dans la défaillance de ces dernières.

    63 A. NYEMBWE et R. LUANYI, « La crise financière internationale causée par les subprimes : Analyses et leçons pour la réforme du système financier Congolais », In Notes Economiques de l'Ambassade de RDC en Belgique, août 2008, p.2.

    64A. CARTAPANIS et F. PISANI, « Les Hedge Funds et la crise financière internationale », in Revue d'Economie financière, juin 2008, p.4.

    Le tableau suivant montre la place des Hedge Funds dans la détention de titres subprimes.

    Tableau 21. Place des Hedge Funds dans la détention de titres subpimes (en 2007)

     

    Sociétés
    d'Assurances

    Hedge Funds

    Banques

    Autres

    Total en %

    9,8

    46,5

    24,9

    18,8

    Total en
    milliards
    USD

    295

    1396

    746

    564

    Source : A. CARTAPANIS et F. PISANI, « Les Hedge Funds et la crise financière internationale», in Revue d'Economie financière, juin 2008, p.4.

    Ce tableau illustre bien l'importance de la détention de titres subprimes par les Hedge Funds, qui s'élevait à un peu plus de 46% en 2007.

    Les Hegde Funds sont devenus des acteurs majeurs dans le marché des produits de titrisation, puisqu'en effet, ils étaient les plus gros acheteurs de titres adossés aux crédits subprimes, et leur part était particulièrement élevée, comme l'illustre (le tableau 21). Il a donc suffit de leur effondrement pour plonger tout le marché dans la crise.

    2.2.6. Les investisseurs

    Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer, l'attractivité des titres issus des prêts subprimes avait conduit des nombreux investisseurs à les acquérir. La part de ces derniers dans la détention de titres subprimes s'élevait à des milliards de Dollars.

    Ainsi, dans la mesure où leur participation était importante sur le marché des subprimes, il a suffit de leur panique pour accentuer la crise. Car, lorsqu'ils ont décidé de déverser en masse leurs titres sur le marché par crainte de pertes, cela a contribué à l'effondrement de leurs valeurs, et à l'approfondissement de la crise.

    Après avoir retracer l'historique de la crise financière internationale actuelle au premier point de cette section, au deuxième point, nous avons passé en revue les différents facteurs à l'origine de son déclenchement, c'est-à-dire, partant de l'abondance des crédits subprimes à l'éclatement de la bulle immobilière en août 2007 aux Etats-Unis, qui a débouché sur une désarticulation des marchés financiers du monde entier et à une importante crise économique au niveau mondial. Ainsi, le troisième point de cette section s'intéressera aux conséquences de la crise.

    2.3. Conséquences de la crise financière internationale

    L'éclatement de la bulle immobilière survenu en août 2007 a eu, comme nous l'avons souligné, des lourdes conséquences sur la sphère financière, non seulement Américaine mais du monde entier.

    Aux Etats-Unis, la défaillance des emprunteurs subprimes, suite à la hausse des taux d'intérêt et à la baisse des prix de l'immobilier, a occasionné d'importantes défaillances des banques, surtout celles engagées dans les prêts subprimes.

    La défaillance de certaines banques a à son tour occasionné une crise de confiance sur l'ensemble du secteur bancaire, laquelle, conjuguée à une hausse des taux d'intérêt, a débouché sur un resserrement de crédits aux Etats-Unis. Dans ces conditions, la consommation a baissé, et les entreprises ne trouvant plus de ressources pour financer leurs activités, se sont retrouvées contraintes de réduire leurs activités.

    Cependant, avec l'expansion de la titrisation, et dans un contexte marqué par une intégration mondiale et des interconnexions étroites entre les institutions financières, la crise s'est propagée à toute vitesse aux actifs, aux marchés et aux économies du monde entier65.

    C'est dans ce cadre que ce point s'intéressera à l'analyse des conséquences de la crise financière internationale actuelle.

    2.3.1. Conséquences sur le marché immobilier

    D'abord, les défaillances des emprunteurs américains ont créé une baisse auto-entretenue des prix de l'immobilier.

    Figure 7. Evolution du prix moyen de l'immobilier résidentiel aux Etats

    300000

    200000

    100000

    0

    2000 2001 2002

    Source : http://www.census.gov/const/uspricemon.pdf http://www.guardian.co.uk/business/2009

    Cette figure montre que le prix de l'immobilier

    positivement évolué de 2000 à 2006, avant de chuter à partir de 2007, notamment de la hausse des taux d'intérêt de la FED.

    Cette baisse des prix de l'immobilier est auto-entretenue. En effet, lorsque par exemple la dette d'un ménage américain est supérieure à la valeur de son bien immobilier (étant donné la hausse des taux d'intérêt et la baisse des prix des logements), il a la possibilité d'annuler le remboursement de sa dette et accepter de se faire saisir sa résidence, qui est alors mise en vente par le créancier. C'est donc ce

    sse de plus en plus accrue des prix de l'immobilier

    mécanisme qui a entraîné une bai

    ouché sur une spirale

    et du nombre de ménages en défaut de paiement, et qui a déb

    baissière66.

    La multiplication des défauts de remboursement des crédits subprimes,

    ur les titres subprimes, pourtant très

    a provoqué des anticipations de perte s

    répandue sur les marchés financiers, débouchant sur une chute de la capitalisation boursière aux Etats-Unis.

    66 J.C. BRICONGNE, Op. Cit., pp 28- 29.

    La figure suivante illustre l'évolution du Dow Jones et du Standard and Poor's67 entre 2006 et novembre 200

    Figure 8

    Source : http://www.federalreserve.gov/data

    La chute enregistrée entre 2007 et mars 2009

    des produits issus de la titrisation, et le man

    financier68, qui a provoqué une augmentation de l'incertitude sur le marché b étant donné l'opacité qui ne permettait

    actifs. Tandis que la remontée à partir de mars 2009 po

    politiques contracycliques mises en place par les autorités, et que nous verrons plus loin.

    2.3.2. Conséquences sur les banques

    Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer, la régulation financière avait failli durant la période précédent le déclenchement de la crise défaillance avait permis aux banques

    Cependant, la perte de la valeur des titres subprimes

    banques avait installé un climat de méfiance entre les banques, refusant de se pr des liquidités entre elles69.

    67 S & P est la bourse de valeurs spécialisées dans les titres hypothécaires

    68 Le manque de transparence ici est lié au fait que les bons et les mauvais actifs sont mélangés, ne permettant pas aux investisseurs de pouvoir les distinguer.

    69 Quand le doute s'installe sur le marché interbanca

    mutuellement s'envolent. En effet, les banques se financent à court terme sur le marché interbancaire. Normalement, les taux interbancaires à 3 mois ne dépassent pas de plus de 20 points de base le ta

    Ainsi, si par exemple le taux directeur est à 4%, le taux interbancaire à 3 mois doit être inférieur ou égal à 4,2%. Cependant, les pertes subies par certaines banques créent un élément d'incertitude qui débouche sur des hausses importantes de taux d'intérêt à des niveaux 2 à 6 fois supérieurs à la normale.

    Devant cette situation, les banques ont été contraintes à enregistrer d'énormes pertes dans leurs actifs, et certaines ont été au bord de la faillite. Le tableau suivant illustre les résultats de quelques grandes banques internationales.

    Tableau 22. Résultats nets de quelques grandes banques internationales (en
    milliards USD)

     

    3ème

    trimestre
    2006

    3ème trimestre

    2007

    4ème trimestre
    2007

    Citigroup

    3,00

    -2,24

    -7,8

    UBS

    1,4

    -0,495

    -7,57

    Merill Lynch

    3,00

    -2,24

    -7,8

    Bank of America

    5,44

    3,7

    3,3

    JP Morgan

    3,24

    3,3

    3

    Société Générale

    1,27

    1,12

    -3,35

    Source : P.ARTUS et J.P. BETBEZE, La crise des subprimes, La Documentation Française, Paris, 2008, p. 75.

    Ce tableau illustre l'impact de l'exposition aux crédits subprimes par les banques. En effet, certaines ont même enregistré des résultats négatifs. Nous pouvons également noter que ces banques ont enregistré d'importantes dépréciations d'actifs liés aux subprimes. En fin 2007 par exemple, Citigroup, UBS et Merill Lynch ont enregistré respectivement des pertes de 30.1, 18, et 24 milliards USD.

    Cependant, il convient de noter que c'est la faillite en septembre 2008 de la banque Lehman Brothers, l'une des plus importantes des Etats-Unis, et de plus grandes au monde, qui a aggravé les tensions sur les marchés financiers, laquelle faillite a enfoncé le secteur dans la crise, avec la multiplication de fermetures d'autres banques.

    Une autre conséquence de la crise est qu'elle a provoqué de nombreuses fusions et acquisitions entre banques.

    Les défauts de paiement des ménages combinés aux pertes sur les actifs subprimes, lesquels sont largement détenus par d'autres institutions financières, notamment les compagnies d'assurance, les Hedges Funds, etc.

    2.3.3. Conséquences sur les ménages

    La baisse des prix des actifs qui a également eu une incidence très considérable sur la richesse des ménages, en ce qu'avec le resserrement des crédits, ils ont vu leur capacité d'endettement s'effriter profondément, provoquant une chute de la consommation. Le tableau suivant illustre l'évolution des crédits à la consommation et hypothécaires, suite au resserrement du crédit.

    Tableau 23. Evolution des crédits (en %)

    Années

    Crédit à la
    consommation

    Crédit
    hypothécaire

    2005

    13,2

    4,5

    2006

    11,0

    4,1

    2007

    6,7

    5,7

    2008

    -0,6

    1,6

    2009

    -3,6

    -3,2

    Source : http://www.federalreserve.gov/data FED, Statistical release, Décembre 2009

    2.3.4. Conséquences sur les entreprises

    Le resserrement des crédits suite à la hausse des taux d'intérêt, avec la chute des dépenses de consommation, ont eu pour effet de réduire le niveau d'investissement et la production. La figure suivante illustre l'évolution de la production industrielle de 2004 à 2005, et montre la chute drastique à partir de 2008, c'est-à-dire après le déclenchement de la crise aux Etats-Unis.

    Figure 9. Taux de croissance annuel de la production industrielle aux USA de 2004 à

    2009

    -2

    -4

    -6

    -8

    4

    0

    2

    004 2005

    3 2,6

    2006 2007 2008

    1,8 1,8

    -6,6

    2009

    -4,5

    Taux de croissance

    Sources : FED, « Statistical release

    », 15 janvier 2010. http:// www.sourceocde.org

    La figure 9 illustre bien l'impact de la crise sur la production industrielle

    aux Etats-

    Unis. En effet, le constat est que, après l'année du déclenchement de la crise, le taux de croissance de la production industrielle a été négatif . Cela est sans doute la conséquence du resserrement du crédit et de la baisse de la consommation.

    En effe t, d'une part, les entreprises, face à un durcissement des conditions d'octroi de crédits, se sont retrouvées dans l'incapacité de financer leurs activités et par conséquent contraintes de réduire leurs activités, avec pour effet, de faire chuter la production.

    Dans ce contexte d'incertitude continue au sein de l'économie américaine, avec déjà une baisse drastique de la consommation, une chute des prix et de la production industrielle, les entreprises se sont retrouvées contraintes de réduire leurs effect ifs, provoquant une vague de licenciements.

    -1

    -2

    -3

    0

    3

    2

    1

    2006

    2,8

    Taux de croissance

    2007 2008 2009

    2

    1,1

    -2,6

    Tableau 24. Evolution du taux de chômage aux USA

    Années

    Taux de
    chômage

    2000

    4

    2003

    6

    2004

    5,5

    2005

    5,1

    2006

    4,6

    2007

    4,4

    2008

    5,1

    2009

    7,5

    Janvier 2010

    10,2

    Source : http://www.martincapital.com/charts http://www.sourceocde.org/stat

    Le taux de chômage qui était d'une moyenne de 4,7% avant le déclenchement de la crise, a grimpé pour atteindr e un niveau supérieur à 10% en janvier 2010.

    L'éclatement de la bulle immobilière en 2007, qui a déjà, comme nous avons eu à le signaler, entraîné d'importantes pertes pour les banques, les ménages, les entreprises, etc., et qui a entraîné une baisse dela consommation et une forte chute de la production, a plongé l'économie américaine dans une profonde récession.

    Figure 10.

    Evolution du taux de croissance annue l du PIB Américain

    Comme l'illustre la figure 10, le taux de croissance annuel du PIB américain a évolué decrescendo à partir de 2006, jusqu'à être négatif en 2009, soit - 2,6%.

    2.3.5. Conséquences sur le commerce extérieur

    Aux Etats-Unis, le retournement des prix immobiliers, a d'abord, comme nous l'avons évoqué, réduit la capacité d'emprunt des ménages dont le patrimoine s'est trouvé diminué. Ensuite, le durcissement des conditions de financement des ménages a entraîné une contraction de la demande de ces derniers. Ainsi, la consommation et les prix se sont contractés. Cependant, les mêmes difficultés étant également ressenties dans d'autres pays (notamment partenaires commerciaux des Etats-Unis), le commerce extérieur des Etats-Unis s'est également contracté.

    2.3.6. Conséquences sur l'économie mondiale

    La crise financière qui a débuté aux Etats-Unis sur le marché des subprimes, s'est ensuite amplifiée et propagée dans le reste du monde. En effet, par l'étroitesse des interconnexions des marchés financiers, comme nous avons eu à l'évoquer, la transmission de la crise des Etats-Unis au reste du monde, s'est faite à un rythme très accéléré.

    Etant donné la diffusion des actifs issus de la titrisation dans la quasitotalité des marchés financiers, banques, et entreprises du monde entier en effet, la crise a obligé plusieurs institutions financières et non financières du monde entier à enregistrer des dépréciations d'actifs, et donc d'énormes pertes dans leurs bilans, tel que nous avons déjà eu l'occasion de le souligner.

    C'est donc par les interconnexions des marchés financiers, avec la forte expansion des titres subprimes, que la crise a eu des conséquences considérables sur les principales places boursières du monde, qui ont également essuyé d'importantes pertes.

    Les deux figures suivantes, illustrent comme exemple l'évolution de la bourse de Londres (le FTSE), et celle de Paris (le CAC 40), comptées parmi les plus importantes places boursières au monde.

    Figure 11. Evolution du FTSE

    Source : http://www.bloomberg.com/markets

    Figure 12. Evolution du CAC 40

    4000

    6000

    5000

    3000

    2000

    1000

    0

    2004 2005 2006 2007 2008 2009

    CAC 40

    Source : http://www.bloomberg.com/markets

    Comme l'illustrent les figures 11 et 12, les places boursières du monde entier ont été sérieusement touchées par l'éclatement de la bulle immobilière en août 2007. En effet, nous pouvons noter une évolution très positive du CAC 4O et du FTSE de 2004 à 2006, puis une chute à partir de 2007, c'est-à-dire, après le déclenchement de la crise aux Etats-Unis.

    La raréfaction des liquidités, consécutive à l'effondrement de la valeur des actifs, et la baisse de la consommation ont également entraîné au niveau mondial, une chute de la production industrielle.

    Dans ce contexte, le repli de la demande des ménages et, partant, des entreprises, dans les économies déjà victimes de la crise immobilière s'est diffusée aux autres économies via l'effondrement du commerce mondial. Un mouvement de déflation rapide s'est alors amorcé dans de nombreux pays, débouchant sur une spirale baissière du commerce mondial, de la production industrielle, et sur une augmentation du chômage.

    Figure 13. Taux de croissance annuel du commerce mondial

    -10

    15

    10

    -5

    0

    5

    2000 2001 2002

    10,6

    0,6

    3,5

    Taux de croissance annuel du CM

    Source : http://www.sourceocde.org/stat

    A la lecture de la figure 13, nous constatons une tendance positiv et 2006, freinée par la crise déclenchée en 2 commerce mondial entre 2001

    partir de ladite année en effet, nous pouvons noter une sensible diminution du commerce mondial, avec un taux négatif de -9% atteint en 2009.

    La chute de la production mondiale s'explique surtout par une chute de la demande d'importation et une contraction du commerce international

    Dans le même ordre d'idées, la chute de la production industrielle dans de nombreux pays, et la contraction du commerce mondial, ont

    augmentation du chômage , conséquence de nombreux licenciements

    Noto ns cependant qu'au cours de l'année 2008, les économies avancées, mais également de nombreux pays émergents, sont entrés en récession Jusqu'en 2007 en effet , la croissance mondiale était tirée par le dynamisme de la

    ndettement croissant, dans un

    demande des ménages, financée par un e

    -Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne.

    nombre de pays, notamment les États

    demande profitait

    aux économies exportatrices, en particulier l'Allemagne et le Japon, qui souffraient

    d'une demande intérieure quelque peu atone, et celle des rattrapage industriel. La crise financière grands pays émergents en pleine phase de

    de 2007 a donné un coup d'arrêt à cette dynamique, avec la contraction de la

    70 Au total, à partir de 2008, l'ensemble des économies avancées est entré en récession. D'une part, la demande des ménages s'est contracté du fait du durcissement des conditions d'octroi d

    banques, des pertes de richesse induites par le retournement général des marchés immobiliers et boursiers, et de la baisse de leurs rev

    enus d'activité, avec la montée du chômage notamment. D'autre part, les entrepr qui ont ajusté leur activité

    à la baisse de la demande, sont confrontées à des stocks élevés et

    de financement difficiles ; elles réduisent fortement leurs stocks et leurs dépenses

    . Voir « l'économie mondiale en 2008 : du ralentissement à la

    accélèrent le rythme des licenciements

    récession », REDOULES (Olivier).

    demande des ménages des économies en déficit commer

    cial. Par le biais des éc hanges extérieurs, les économies japonaise et allemande71, qui

    semblaient moins

    et de la

    exposées à la crise, du fait du faible niveau d'endettement des ménages modération de leur marché immobilier, ont été touchées par la contraction de la demande de leurs

    partenaires commerciaux. La figure suivante

    illustre le taux de

    croissance du PIB par zone économique.

    Figure 14. T

    aux de croissance du PIB par zone é conomique

    15

    10

    -5

    0

    5

    2,4

    -0,3

    Japon Chine Zone Euro -2,6

    -5

    13

    9

    6,7

    2,6

    1

    2007
    2008
    2009

    Source : http://www.sourceocde.org/stat

    La figure 14

    illustre bien l'impact de la crise sur la croissance des pays aussi bien développés qu'émergents.

    Quant aux pays en développement, notamment africains, la crise a eu, dès les mois qui ont sui vis son déclenchement, et surtout en 2008, un impact considérablement négatif sur leur économie réelle, du fait de leur extrême dépendance aux exportations. Ainsi, avec la contraction du commerce mondial, la demande pour les matières premières a sensiblement baissée.

    Dans ce contexte, la crise dans les pa ys en développement a eu pour effet entre autres :

    - l

    a réduction des exportations de matières premières, entraînant une chute

    de recettes fiscales 72, et donc un ralentissem ent des investissements

    publics ;

    - la réduction des réserves de change ;

    71

    Les pays les plus touchés par la contraction du commerce international sont le Japon et l'Allemagne, du fait de la prépondérance des exportations dans leur commerce extérieur.

    72

    En RDC par exemple, 40 à 70 sociétés qui intervenaient dans l'exploitation minière ont fermé, et cela a débouché sur la suppression de plus de 300000 emplois. Voir BCC, Note de conjoncture au 27 février 2009, Kinshasa, et « Rapport économique annuel 2009 », Représentation Suisse à Kinshasa, 28 juillet 2009.

    - la baisse de l'aide publique au développement, avec pour effet, la réduction du financement des projets de développement, avec une grande incidence notamment sur la croissance et l'atteinte des OMD.

    En RDC notamment, la crise financière de 2007 a eu une incidence très considérable sur les recettes du secteur minier, entre 2008 et 2009. Le tableau suivant renseigne sur l'évolution des recettes du secteur minier en RDC, de juin 2008 à février 2009.

    Tableau 25. Evolution des recettes du secteur minier en RDC (en millions USD)

    Date

    Juin-

    Juil-

    Août-

    Sept-

    Oct-

    Nov-

    Déc-

    Janv.

    Fév.

     

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2009

    2009

    Montant

    7,8

    24,7

    9,3

    7,9

    6,3

    13,1

    1,4

    3,4

    3,3

    Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février 2009, Kinshasa.

    Nous pouvons constater en lisant le tableau 25, que les recettes du secteur minier ont connu une forte diminution en RDC, passant de 24,7% en juillet 2008, à 3,3% en février 2009. Cela résulte de la chute des cours sur les marchés mondiaux, et de celle des exportations en RDC, consécutives à la crise financière internationale de 2007.

    Concernant les réserves de change, la crise a imposé une lourde contrainte sur les pays en développement, du fait, comme nous avons eu à le souligner plus haut, de leur forte dépendance à leurs exportations des matières premières notamment le cuivre, le cobalt, le pétrole, le bois, le diamant, etc.

    C'est donc le déclin des prix dans le secteur minier par exemple, qui a conduit à la chute des recettes dans le secteur, en RDC notamment (voir tableau 25). C'est dans ce même contexte que la Zambie a enregistré également une importante baisse de ses recettes d'exportations, réduisant considérablement ses réserves de change73. En effet, le volume des réserves de change généré par le secteur minier en Zambie, est passé de 649 millions USD au premier semestre de l'année 2008, à 454,5 millions USD, au second semestre de la même année74.

    En RDC, la chute des recettes d'exportation, a également eu un impact très considérable sur ses réserves de change. Le tableau suivant illustre l'évolution des réserves internationales de la Banque Centrale du Congo de mai 2008 à février 2009.

    73 M. BENHAMMOU, « Impact de la crise économique internationale sur le développement économique et social en Afrique », Centre Marocain d'Etudes stratégiques, Tanger, Novembre 2009, p.9.

    74 Idem

    Tableau 26. Evolution des réserves internationales de la BCC (en millions USD)

    Date

    Mai-

    Juin

    Juil-

    Août

    Sept-

    Oct-

    Nov-

    Déc-

    Jan.

    Fév.

     

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2008

    2009

    2009

    Montant

    252,8

    181,8

    184,7

    210,7

    219,7

    189,5

    159,0

    77,0

    34,5

    32,9

    Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février 2009, Kinshasa.

    Comme l'indique le tableau 26, les réserves internationales ont sensiblement baissé en RDC entre mai 2008 et février 2009. En effet, elles sont passé de 252,8 millions USD en mai 2008, à seulement 32,9 millions en février 2009.

    LES POLITIQUES MISES EN PLACE POUR

    LUTTER CONTRE LES CRISES

    La crise économique qui s'est déclenchée aux Etats-Unis après le krach boursier en octobre 1929, a provoqué de nombreuses faillites bancaires, de fermetures d'entreprises, l'augmentation du chômage, la chute des prix, la contraction du commerce international, etc. elle a eu, comme nous avons eu à l'expliquer, des effets désastreux sur la sphère réelle et financière aussi bien américaine que du reste du monde.

    De même, la crise financière internationale, toujours déclenchée aux Etats-Unis, après l'éclatement de la bulle immobilière en 2007, a eu des conséquences désastreuses sur les établissements bancaires, les entreprises, etc. les obligeant à enregistrer d'énormes pertes dans leurs actifs. Elle a engendré une chute de la production, une contraction du commerce international, une augmentation du chômage, etc., et ce, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du monde.

    Dans ce cadre, et étant donné, comme nous l'avons évoqué dans les chapitres précédents, que les effets n'ont cessé de s'aggraver à partir du déclenchement de chacune des deux crises, et chacune à son époque, des mesures ont dues être prises dans le but de les résorber.

    dans la seconde, à un essai de comparaison des deux crises qui ont fait l'objet de notre travail, à travers leurs points les plus marquants.

    1. POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISE ECONOMIQUE
    DE 1929 ET FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007

    1.1. Politiques initiées dans le cadre de la crise économique de 1929

    La crise déclenchée après le krach boursier d'octobre 1929, s'est transformée en récession, avec la chute de la production, de la consommation et des prix, la fermeture de nombreuses banques et entreprises, l'accroissement du chômage, etc.

    Dans ce contexte, quelles mesures ont-elles pu être prises par les autorités de l'époque en vue de combattre la crise, notamment aux Etats-Unis, et ailleurs ?

    En décidant par exemple d'augmenter les taux de salaire, avec l'augmentation du chômage, elles auraient davantage aggravé la situation. Avec la déflation, une décision visant à booster les prix n'aurait qu'entraîner une augmentation des surplus invendus. De plus, une augmentation des recettes par les impôts pour financer les dépenses du gouvernement, n'aurait eu pour effet que de réduire le revenu des ménages et diminuer davantage la consommation, débouchant au final sur une plus forte contraction de la production75. Quelles politiques les autorités ont-elles alors mises en place pour résorber la crise ?

    1.1.1. Politiques mises en place aux Etats Unis

    Aux Etats-Unis, les autorités en place à l'époque, ont tardé à prendre des mesures conséquentes, du fait de leur grand attachement au « laissez-faire » et à l'autorégulation du marché, qui les faisaient croire en un retour rapide à l'équilibre. Mais vu que la crise ne cessait de s'aggraver, le Gouvernement, à l'époque dirigé par le Président Herbert Hoover76, était finalement obligé de prendre certaines mesures « contracycliques » dans le but de contrer la phase de plus en plus descendant du cycle. Ces mesures ont porté notamment sur :

    - L'augmentation des taux de salaires et des prix, et l'obligation pour les entreprises de ne plus effectuer des licenciements

    - L'augmentation des dépenses du gouvernement (augmentation des indemnités de chômage, grands travaux, etc.)

    75 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 185.

    76 Herbert Clark HOOVER, Président des Etats-Unis arrivé au pouvoir en 1928 et investi en mars 1929, succédant ainsi au Président WIDROW. IL fît un seul mandat, de 1929 à 1932.

    Ces politiques ont eu des effets assez encourageants sur la crise, expliquant ainsi le faible taux de chômage enregistré en 1930 (voir tableau 13).

    Poussées par les résultats de leurs mesures, les autorités ont alors résolu au courant 1930, de prendre d'autres mesures bien plus importantes et révolutionnaires comportant :

    - La loi « Smoot-Hawley Tariff », établissant des tarifs spéciaux sur certains produits (notamment agricoles et manufacturés).

    - Le « Revenu Act », établissant une augmentation de 25 à 63% des impôts sur le revenu77.

    La mise en place de la « Smoot-Hawley Tariff » aux Etats-Unis, a cependant donné aux autres pays le signal d'une prolifération des politiques protectionnistes78, y entraînant l'instauration des mesures similaires. Ce qui a eu pour conséquence de faire chuter le commerce international (Voir tableau 14), et provoquer la contraction de la production et des exportations américaines (voir tableau 11). C'est ainsi que la production et les prix ont fortement chuté, et que le taux de chômage a de manière drastique augmenté, dans des proportions plus grandes, comparées à celles enregistrées entre 1929 et 1930.

    Cependant, l'approfondissement du chômage a conduit le gouvernement à prendre d'autres mesures, portant notamment sur le bannissement de l'immigration, en vue de combattre le chômage.

    L'autre facette des politiques du gouvernement pour combattre la crise, et qui portait sur l'augmentation des taxes pour financer les dépenses du gouvernement, n'ont eu pour conséquence que d'aggraver la crise. En effet, nous savons que dans une situation de basse conjoncture, telle que c'était le cas depuis 1929, il était important pour le gouvernement de réduire la charge fiscale des entreprises, en vue de permettre le réinvestissement des profits encore existant, et favoriser l'augmentation des investissements. Or, les politiques fiscales menées par le gouvernement, ont été procycliques, c'est-à-dire, réduisant les revenus, la consommation, et aggravant davantage la situation des entreprises et approfondissant la récession.

    C'est donc cette même politique qui explique la chute brutale enregistrée dans la production industrielle dès 1931 (voir tableau 8).

    77 V. DE RUGY, « High taxes and high budget deficits : The Hoover-Roosevelt tax increases of the 30s », in Tax & Budget Bulletin, n°14, CATO INSTITUTE, mars 2003, p.2.

    78 Idem, pp 2-3.

    Ainsi, après toutes ces mesures prises pour lutter contre la crise, des signes plus menaçants ont commencé à apparaître dans l'économie américaine vers la fin de l'année 1931, tels qu'en témoignent les chiffres contenus dans les différents tableaux (voir chapitre 2). C'est alors le début de la grande dépression.

    En 1932, d'autres mesures ont alors été prises, et portant notamment

    sur :

    - La mise en place du fonds national pour la création : chargé de la redistribution de fonds publics entre banques, industries, secteur agricole, gouvernements locaux.

    - La baisse des taux d'intérêt par la FED

    - La création d'une banque spécialement chargée du financement des projets de construction

    - L'élargissement de l'aide publique aux banques privées

    - L'élargissement des restrictions à l'immigration

    - Prêts de 300 millions de dollars aux Etats.

    Cependant, ces nouvelles mesures n'ont pas produits les effets escomptés, tellement le mal était devenu profond, et la crise s'étant déjà transformée en dépression.

    Jusqu'au début de 1933, la crise atteint son paroxysme. Le Président nouvellement élu, Franklin Roosevelt79, apporte ses nouvelles politiques, dans le but de mettre fin à la crise. C'est alors l'ensemble de mesures contenues dans le programme plus connu sous le nom du « New Deal ». Quel en a cependant été le contenu ?

    Le New Deal

    La crise ayant atteint son paroxysme, le Président Roosevelt apporte son plan dans le but de combattre celle-ci. Ce vaste programme a pour but de stimuler la demande et fournir de l'emploi, à travers notamment une augmentation des dépenses publiques. Ainsi, le New Deal portait sur :

    1. La réforme du système financier et un soutien massif aux entreprises en difficulté. Dans ce cadre, nous pouvons retenir la mise en place de plusieurs lois dont :

    - Le « Securities Act » : dans le but d'apporter un soutient financier massif aux entreprises en difficulté et soutenir les nouveaux investissements. Dans

    79 Franklin Delano ROOSEVELT, 32è Président des Etats-Unis et successeur de Herbert Hoover.

    ce cadre, le taux d'intérêt de la FED qui était de plus de 4% en 1931 a été ramené à 2,75 en 1933 et 1,75 en 1934.

    - Le « Glass-Steagal Act » : loi promulguant l'abandon de l'étalon-or, et permettant à la FED de multiplier les opérations d'open market (par une vente massive des bons du Trésor Américain) en vue de financer les dépenses du Gouvernement, et permettre ainsi de moins recourir à l'impôt.

    - Le « Emergency Banking Act » : Cette loi instaure le contrôle strict des organismes financiers par les Banques Fédérales, afin de rétablir une confiance populaire ébranlée par de nombreuses faillites bancaires. Elle établit ainsi le plein contrôle par l'Etat des établissements bancaires en très mauvaises postures. La loi établit également une distinction claire entre banques d'affaires et banques de dépôts. En outre, elle assure les déposants (en cas de défauts des banques) à travers un fond appelé « Federal deposit Insurance Corporation».

    2. La mise en place d'une politique de diminution des prix intérieurs en vue de rendre les biens et les entreprises américains plus compétitifs80.

    3. L'accroissement du salaire minimum

    4. Le « Social Security Act » : loi sur les retraites, et l'augmentation des indemnités de chômage.

    5. Le « National Industrial Recovery Act » (NIRA) : réglemente la collaboration entre l'Etat et les entreprises dans un but concerté contre la crise, à travers notamment la fixation des prix, des salaires, etc.

    6. Le « Civilian Conservation Corps » (CCC) : élaborant les grands travaux financés par l'Etat dans le but prioritaire d'employer directement des chômeurs, et par conséquent donner un pouvoir d'achat à ces derniers, et donner un nouvel élan à la consommation, qui aura à son tour pour effet d'augmenter l'investissement.

    Ainsi, en mesurant les effets du New Deal, nous pouvons évoquer la reprise qu'il a induite, à travers notamment l'augmentation de la production industrielle, la diminution du chômage, dès 1933.

    Pour ce qui est des politiques menées dans d'autres pays pour combattre la crise, nous pouvons retenir essentiellement que la gestion de la crise n'était pas concertée. Chaque pays voulant combattre la crise à sa manière et selon ses propres intérêts.

    En Europe, cette gestion non concertée de la crise était notamment favorisée par le climat d'hostilité qui existait encore entre d'une part, l'Allemagne et ses alliés, et d'autre part, les pays ayant combattu contre ces derniers durant la première guerre mondiale.

    1.1.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne

    Les mesures prises par les autorités britanniques peuvent être énumérées comme suit :

    - L'abandon de l'étalon-or

    - Les politiques de dévaluation de la Livre Sterling, dans le but de rendre les produits britanniques plus compétitifs

    - La mise en place de la loi baptisée «Import Duties Act », instaurant des tarifs préférentiels sur les produits provenant des colonies et des pays du Commonwealth (Australie, Canada, RSA, Inde, etc.)

    1.1.3. Politiques mises en place en Allemagne

    Pour combattre la crise, les autorités allemandes ont pris différentes mesures qui peuvent être synthétisées comme suit :

    - Les politiques d'industrialisation et de militarisation

    - Les politiques anti-chômage portant notamment sur l'interdiction de travailler pour les femmes mariées et la suspension de l'immigration.

    - La suspension des paiements des dommages de guerre

    1.1.4. Politiques mises en place dans d'autres pays

    Ici, nous signalons simplement le fait que les pays ayant abandonné l'étalon-or (comme la Grande-Bretagne) ont recouru à des politiques de dévaluation. Par contre, d'autres, comme la France, la Belgique, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, qui sont restés fidèles à l'étalon-or ont dû mener des politiques déflationnistes, qui les ont davantage plongé dans la crise (voir tableau 15).

    1.2. Politiques dans le cadre de la crise financière internationale de 2007

    La crise déclenchée après l'éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis en août 2007, a profondément secoué les marchés financiers, a atteint l'économie réelle et provoqué d'importantes vagues déflationnistes à la base de la récession enregistrée dans la majorité de pays du monde. Cependant, quelles mesures ont-elles été prises en vue de combattre cette crise ?

    Comme nous avons eu à l'évoquer, l'étroitesse des interconnexions entre les différents marchés financiers et économies du monde, a favorisé une diffusion à grande vitesse de la crise dans le monde entier.

    Ainsi, face à la crise et aux difficultés des institutions financières, les Etats sont intervenus massivement :

    - En injectant d'importantes liquidités et en baissant les taux directeurs, en vue notamment d'éviter le risque de faillites en chaîne des établissements financiers

    - En assurant le remboursement des ménages, vu les difficultés des institutions bancaires

    - En recapitalisant les principales banques, voire en nationalisant certains établissements en situation critique.

    1.2.1. Politiques mises en place aux Etats-Unis

    Le Gouvernement Américain en place au moment du déclenchement de la crise, et dirigé par le Président Georges BUSH81, a proposé dès décembre de l'année 2007, un plan baptisé « Hope Now Alliance », en vue de lutter contre la crise et prévenir d'autres situations similaires. Ce plan propose (en grandes lignes) :

    - De limiter les faillites hypothécaires à travers le gel pendant 5 ans des taux

    d'intérêt sur les prêts subprimes

    - Des mesures de grâce pour les propriétaires (emprunteurs subprimes) en mesure de rembourser mais qui ont été mis en difficulté par l'augmentation des taux d'intérêt

    - Le réalignement des taux variables pour les prêts qui ont moins de 3% de différence entre la valeur de la maison et la valeur du prêt.

    81 Georges Walker BUSH, 43ème Président américain, au pouvoir de 2001 à 2008.

    En rendant ces mesures effectives, l'Etat Américain devait ainsi éviter la saisie de 300000 maisons, et des pertes de plus de 300 milliards de dollars sur deux ans, soit 250 milliards USD en 2008, et 70 milliards USD en 200982.

    Toujours avec le même Gouvernement dirigé par le Président Bush, un plan de 700 milliards de dollars a été mis en place. Ce plan baptisé « Paulson », élaboré en 2008, prévoit une prise de participation du Trésor Américain dans le capital des institutions financières les plus fragiles et les plus exposées aux activités liées aux subprimes, en vue de débarrasser celles-ci de leurs actifs à l'origine de la crise, et dans le but de restaurer la confiance dans le système financier. Dans le même cadre, l'Etat sera tenu d'assouplir les modalités des prêts subprimes pour soulager les emprunteurs propriétaires de maisons menacées de saisies.

    Toujours dans le but de combattre la crise, le nouveau Gouvernement investi en 2009 et dirigé par le Président Obama83, a également mis au point un plan de relance baptisé « New Foundation », visant principalement à soutenir la demande, limiter la chute de la production, rétablir la confiance et relancer les dépenses privées. Ce plan, monté pour un montant d'environ 816 milliards USD, prévoit :

    - 544 milliards USD de dépenses fédérales, portant entre autres sur le financement des grands travaux de modernisation d'infrastructures (bâtiments publiques, autoroutes, etc.), des prêts aux Etats.

    - 275 milliards USD de réduction d'impôts pour les particuliers et les entreprises

    Concernant les mesures contre la crise bancaire, le Gouvernement Américain actuel prévoit :

    - de limiter la taille des banques et encadrer leurs activités sur le marché ;

    - l'interdiction pour les banques de s'adonner à la spéculation pour leur propre compte ;

    - l'interdiction pour les banques de dépôt de posséder des fonds d'investissement spéculatifs ;

    - l'interdiction pour les fonds spéculatifs de s'endetter auprès des banques

    - l'augmentation de la taxation de 50 des plus grandes institutions bancaires.

    82 P. ARTUS et J.P.BETBEZE, Op. cit., p. 104.

    83 Barack Hussein OBAMA, 44ème Président américain, successeur de G. BUSH, et au pouvoir depuis Janvier 2009.

    1.2.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne

    Les mesures prises en Grande-Bretagne pour lutter contre la crise peuvent être synthétisées comme suit :

    - Injection de 50 milliards de Livres, soit un peu plus de 70 milliards USD, pour soutenir le crédit, et un peu plus d'argent public, pour prendre des participations dans des banques en état critique, et procéder à une nationalisation partielle des établissements bancaires via l'achat d'actions.

    - Ouverture d'une ligne de crédit de 200 milliards de Livres, soit un peu plus

    de 230 milliards USD pour assurer le refinancement des banques

    - Réduction de 5% de taxes et ce, dans le but de stimuler la demande

    1.2.3. Politiques mises en place en Allemagne

    Le Gouvernement Allemand a adopté un plan de 500 milliards d'Euro, soit un peu plus de 500 milliards USD, en vue principalement de stabiliser le marché financier84. Il porte ainsi sur :

    - 400 milliards USD pour relancer le marché des crédits interbancaires

    - 100 milliards USD pour la recapitalisation des établissements bancaires en difficulté

    En plus de ce plan, le gouvernement a mis au point un plan de relance économique qui vise à soutenir la consommation et les entreprises, sous forme d'allègements fiscaux.

    1.2.4. Politiques mises en place en France

    Le Gouvernement Français a, quant à lui, élaboré un plan de 26 milliards d'Euro, ciblant principalement les entreprises et les infrastructures. Il prévoit :

    - 12,1 milliards d'Euro d'aide aux entreprises

    - 10,5 milliards d'Euro d'investissement publics

    - 1,8 milliards d'Euro d'aide au secteur du logement - 1,52 milliards pour d'autres dépenses

    84 www.magazine_deutshland.de/fr/article

    A travers ce plan, nous pouvons cependant noter que les autorités françaises privilégient l'outil de production au détriment de la consommation.

    Mais de manière plus globale, nous pouvons noter qu'au niveau international, les banques centrales ont massivement réagi dès les mois, voire les semaines qui ont suivis le déclenchement de la crise, dans le but d'éviter une crise bancaire systémique en injectant des liquidités :

    - La BCE a injecté plus de 4OO milliards d'Euros en 2007 (sur le marché au jour le jour), puis 95 et plus de 300 milliards d'Euros, respectivement en 2007 et 2008

    - La FED a injecté plus de 100 milliards USD, avec une forte baisse de son taux directeur

    - La banque du Japon a injecté 2OOO milliards de Yens, soit un peu plus de 2 milliards USD dans le système bancaire, en vue de prévenir une pénurie des liquidités85.

    Signalons en outre que le Japon et la Chine ont adopté des plans de stimulation économique d'envergure, s'élevant respectivement à 276 milliards USD en octobre 2008 et 588 milliards USD en novembre de la même année86.

    85 http://r.orange.fr/r

    86 K. SASI, « Les conséquences de la crise financière mondiale », in Rapport de l'assemblée parlementaire Européen, Janvier 2009, pp. 2-3.

    2. ESSAI DE COMPARAISON DES DEUX CRISES

    Comme nous l'avons évoqué en introduisant ce travail, analyser les crises économique de 1929 et financière internationale de 2007 permettrait de déceler le fait qu'à l'origine de chacune d'elles se trouvaient différentes combinaisons de causes, conduisant à des effets pervers à diverses échelles.

    Cependant, avant de nous lancer dans cette démarche, nous aurions pu être emmené à penser que, comparer la crise financière internationale de 2007 à la crise économique de 1929 était excessif. Mais l'analyse approfondie de la situation actuelle depuis 2007 nous a permis de voir qu'elle est indéniablement la plus sévère depuis la grande dépression.

    En effet, par le mécanisme qu'elle développe et sa diffusion dans les moindres recoins de la planète, la crise de 2007 a sans conteste représenté la plus grande menace pour l'économie mondiale depuis la crise économique de 1929.

    Les deux crises présentant de grandes similarités, un parallélisme doit cependant être fait, au regard de ce qui a été dit aux chapitres et sections précédents.

    Avant tout, nous convenons d'évoquer le fait qu'une bulle (boursière en 1929 et immobilière en 2007) se situe à l'origine desdites crises, accompagnée chaque fois d'un surendettement des ménages (crédit à la spéculation boursière en 1929 et à la construction immobilière en 2007), conduisant à une crise bancaire, et débouchant sur une déflation (par le biais du resserrement de crédit « credit crunch »).

    En outre, en comparant quelques statistiques des deux crises, nous pouvons déceler certaines différences et similarités :

    Concernant l'ampleur des pertes financières engendrées par l'éclatement de la bulle boursière en 1929 et immobilière en 2007, aux Etats-Unis, elles s'élèvent respectivement en 1933 à plus de 50 milliards USD (voir tableau 6) et à plus de 1400 milliards USD en 200987. Ceci témoigne donc de l'ampleur des pertes engendrées par la crise de 2007.

    En ce qui concerne le secteur bancaire en particulier, nous relevons le fait qu'il y a eu moins de faillites bancaires dans la crise de 2007 que lors de la crise de 1929, où nous avons noté pas moins de 9000 établissements tombés en faillite aux Etats-Unis.

    87 http://www.imf.org/fandd

    La raison réside dans les retraits massifs des déposants et le resserrement de crédits sur le marché interbancaire. La situation a semblé se répéter lors de la crise de 2007, mais cependant avec moins d'ampleur, en raison de la réaction prompte du Gouvernement Américain, et de la FED dans le secteur bancaire, notamment en jouant véritablement son rôle de prêteur en dernier ressort.

    Concernant le taux de chômage aux Etats-Unis notamment, la différence entre les deux crises sera bien observable à travers la figure suivante.

    Figure 15. Evolution du taux de chômage durant les trois premières années

    1930-2007 1931-2008 1932-2009

    7,5

    8,7

    4,4

    22,3

    5,1

    15,2

    La crise de 2007
    La crise de 1929

    Source : voir chiffres des tableaux 9 et 24

    La figure n°15 renseigne que durant les trois premières années de la crise de 1929, le chômage avait frappé plus de 20% de la population active alors que pour la crise de 2007, seulement 7,5% de la population active était au chômage aux Etats-Unis jusqu'en 2009. Cependant, à notre entendement, la différence entre les deux épisodes relève tout simplement du fait que les autorités avaient tardé à prendre des mesures conséquentes pour résorber le chômage lors de la crise de 1929, alors que dans le cas de la crise de 2007, les autorités n'ont pas tardé à mener des politiques budgétaires et monétaires adéquates pour soutenir l'économie.

    Concernant la production industrielle, notons qu'elle s'était contracté de plus de 16% en 1931, alors qu'en 2008, elle n'a baissé que d'un peu moins de 7%. Il convient également de souligner le fait que la gestion des deux crises a joué dans la contraction de la production industrielle. En effet, lors de la grande dépression, ce n'était qu'en 1933, soit 4 ans après le déclenchement de la crise, qu'un véritable soutien a été apporté au secteur industriel.

    Soulignons également une importante contraction du commerce mondial lors de la crise économique de 1929, qui semble se répéter dans la crise de 2007, avec une diminution de 9% en 2009.

    En outre, nous convenons d'ajouter que la contraction du commerce mondial dans la crise de 2007 réside dans la diminution de la demande adressée aux pays partenaires par les pays en crises, tel que nous avons eu à l'évoquer au chapitre 2. En effet, les difficultés bancaires qui ont entraîné un resserrement de crédits, ont à leur tour provoqué une baisse de la demande pour les produits étrangers dans les pays en crise. C'est alors de cette baisse de la demande qu'a débouché la contraction du commerce mondial, par le mécanisme du multiplicateur du commerce extérieur (voir chapitre 2). En revanche, la raison de la contraction du commerce mondial dans la crise de 1929 réside essentiellement dans la montée des politiques protectionnistes dans différents pays, partenaires commerciaux.

    Dans le même ordre d'idées, un autre facteur permettant de faire un parallélisme entre les deux épisodes, concernant le commerce mondial, réside dans les mouvements internationaux des capitaux.

    En effet, les économies frappées par une crise financière procèdent aux rapatriements des capitaux investis à l'étranger lors des périodes d'expansion précédentes, afin de palier aux problèmes de fonds. C'est dans ce contexte que, les Etats-Unis, alors créancier de l'Europe, avait décidé du rapatriement de ses capitaux en vue de faire face à la crise bancaire qui commençait à pointer à l'horizon. Ces retraits des capitaux Américains avaient alors lourdement pesé sur l'économie Européenne, plongeant le commerce mondial dans un profond tourment.

    De même, le mécanisme de retrait des capitaux suite à la crise de 2007, a contribué lourdement à l'approfondissement de la crise dans de nombreux pays émergents et en voie de développement88. C'est ce qui a expliqué les interventions du Fond Monétaire International dans nombre de ces pays89. C'est dans ce cadre que lors du sommet du G-20, à Londres, en novembre 2008, il avait été décidé un renflouement de l'ordre de 500 milliards USD au capital du FMI, pour venir en aide aux pays émergents et en voie de développement en crise90.

    De ce qui a été dit dans les lignes précédentes, notamment sur la comparaison des quelques statistiques des deux crises, nous pouvons souligner le fait

    88 C'est ainsi que la crise s'est approfondie dans des pays tels que l'Islande, l'Ukraine, etc.

    89 Le FMI est intervenu sans tarder pour aider les pays émergents touchés par les répercussions des perturbations économiques mondiales et par le brusque ralentissement de l'activité dans les pays industrialisés. En Europe notamment, le FMI a accordé 16,4 milliards USD à l'Ukraine et 15,7 milliards USD à la Hongrie. En RDC, entre autres pays Africains, le FMI a débloqué en 2009, un total de 195,6 millions USD au titre de Facilité de protection aux chocs exogènes, tandis que la Banque Mondiale et la BAD ont débloqué chacune 100 millions USD, la même année. Voir Finances & Développement, décembre 2008, et « Rapport économique annuel 2009 », Représentation Suisse à Kinshasa, p. 2.

    90 Journal De SPIEGEL du O4 septembre 2009.

    que, le caractère relativement contenu de la crise financière internationale de 2007, comparé à la crise économique de 1929, se justifie par :

    - La présence dans le contexte actuel des stabilisateurs automatiques tels que la sécurité sociale, l'assurance-chômage, qui compensent le retournement de l'économie et amortissent les effets de pertes d'emplois. Sur ce point cependant, il convient de noter que lors de la crise économique de 1929, la sécurité sociale, l'assurance chômage aux EtatsUnis n'ont vu le jour que plusieurs années après le déclenchement de la crise, précisément en 1933, grâce au New Deal, à travers le « Social Security Act », encore en application à ce jour.

    - Lors de la crise économique de 1929, les autorités avaient tardé à réagir, laissant l'économie à la merci de la crise, alors que pour contrer la débâcle de 2007, elles n'ont pas tardé à injecter des sommes colossales dans l'économie.

    - La mise en place par le Gouvernement de l'assurance sur les dépôts bancaires, qui a sans ambages aidé à réduire les effets d'une panique bancaire, mais qui n'avait cependant vu le jour aux Etats-Unis lors de grande dépression que grâce à l' « Emergency Banking Act » du New Deal, en 1933, soit plus de trois ans après le déclenchent de la crise.

    - Lors du déclenchement de la crise de 2007, la FED a effectivement joué son rôle de prêteur en dernier ressort, au secours de grandes banques en difficulté, tandis qu'elle avait attendu longtemps avant de baisser son taux directeur et apporter des liquidités au secteur bancaire en général et aux banques en difficulté en particulier.

    Ainsi, comme nous avons eu à l'évoquer, les interventions massives des Gouvernements, aussi bien sur le plan budgétaire que monétaire, notamment aux Etats-Unis, pour résoudre la crise de 2007, justifie son caractère relativement contenu comparé à la crise de 1929. La figure suivante permet de voir l'importance des déficits budgétaires dans les deux épisodes.

    Figure 16 . Déficit public en pourcentage d u PIB aux Etats -Unis

    15

    10

    0

    5

    1931-2008

    0,7

    3,24 2,78 3,27

    1932-2009 1933-2010

    10,64

    9,92

    Crise de 1929
    Crise de 2007

    Source : http://www.usgovernementspending.com/charts

    La figure 16 témoigne de l'importance du déficit budgétaire dans le cadre de la crise

    financière internationale de 2007 comparé à la

    situation lors de la grande dépression. En 1931 par exemple (deux ans après le déclenchement de la crise), le déficit n'était que de 0,7%, alors qu'en 2008, il était déjà à 3,24%.

    CONCLUSION GENERALE

    Cette étude visait à faire une comparaison des crises économiques de 1929 et financière internationale de 2007, laquelle nous a permis de percevoir le fait que depuis les années 1930 le monde n'avait pas connu une crise classique majeure à la hauteur de celle qui a secoué l'économie mondiale à partir de 2007. Cela dit, de cette analyse nous avons pu tirer quelques leçons concernant de nombreux points.

    Le premier chapitre s'est efforcé de présenter la notion de crise financière et économique, en analysant cependant un certain nombre d'éléments susceptibles de conduire l'économie réelle ou financière à une situation de marasme. En outre, nous avons relevé la récurrence des crises économiques et financières dans le système capitaliste à travers le temps.

    Le deuxième chapitre, faisant une analyse quasi-complète des deux épisodes, montre que les deux crises dont il est question dans ce travail, tirent leurs origines dans les perversions enregistrées durant les périodes d'expansion. Les chiffres et illustrations présentés dans ce chapitre montrent en outre l'impact des deux crises sur l'économie mondiale.

    Le troisième chapitre a présenté les différentes politiques anticrises mises en place lors des deux épisodes. Nous avons vu dans ce chapitre que la crise économique de 1929, ayant du reste enfoncé l'économie mondiale durant trois années successives après octobre 1929, n'avait pas vu une forte réactivité des dirigeants de l'époque, contrairement à ce qui s'est produit dès les mois, voire les semaines qui ont suivi le déclenchement de la crise financière actuelle. En effet, nous avons vu que les dirigeants d'aujourd'hui, contrairement à ceux de l'époque, ont réagi différemment en adoptant des solutions plus agressives en termes de mise en place des politiques visant à soutenir la demande, limiter la chute de la production, rétablir la confiance et relancer les dépenses privées.

    Cependant, la lecture des deux épisodes nous a permis de comprendre que la crise de 1929 et financière internationale de 2007 sont des crises, comme nous avons eu à l'évoquer, résultant des perversions du « laissez-faire », et que les remèdes y apportés, avec les différents plans de relance (New Deal, New Alliance, ou aussi les différentes politiques protectionnistes mises en place lors de la grande dépression, notamment en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans d'autres pays), se sont bien inspiré des théories économiques de l'économiste Anglais John

    MAYNARD KEYNES (interventionnisme), et ont tous porté un sacré coup au libéralisme, en donnant à l'Etat une place centrale dans l'économie et en mettant les marchés sous « tutelles ».

    En outre, l'expérience des deux crises nous a permis dans une certaine mesure, à connaître parfaitement par avance les enchaînements des raisons qui conduisent à la formation des bulles (hausses excessives et auto-entretenues des prix d'actifs dans les périodes d'euphorie au cours d'une phase de prospérité), les difficultés ou le laxisme dans l'évaluation des risques, jusqu'à l'éclatement de ces bulles et à leurs conséquences sur l'économie réelle.

    Nous avons de plus constaté dans les faits, que le déclenchement de la crise pour les deux épisodes est toujours la même : une expansion monétaire permet aux agents économiques d'emprunter massivement et avec une telle facilité pour acquérir de plus en plus d'actifs qui voient ainsi leurs valeurs s'envoler pour finir par chuter. Et, quand à leur tour, les banques sont touchées par la perte de la valeur de ces actifs, les conséquences se répercutent sur l'économie réelle. Nous assistons alors à un resserrement des crédits (credit crunch), qui débouche sur la chute de la consommation, des prix, des investissements, de la production, un important accroissement du chômage, etc.

    Au cours de cette étude, nous avons également relevé que le contexte économique international joue indubitablement un rôle majeur dans l'amplification d'une crise. Ainsi, l'étalon-or a eu un rôle dans l'approfondissement de la crise de 1929, tandis que la globalisation des marchés financiers a eu à son tour un impact décisif sur la diffusion de la crise financière en cours depuis 2007 dans la quasitotalité de pays du monde.

    Cette étude nous a permis en outre de tirer quelques leçons, concernant les excès du libéralisme avec son « laissez-faire », et ce à quoi le monde s'expose en laissant celui-ci voué à lui-même. Nous l'avons relevé cependant, à travers les différentes politiques interventionnistes (du reste contraires aux principes du libéralisme) des gouvernements pour résorber les effets des crises, que l'interventionnisme a chaque eu raison sur le laissez-faire pour combattre les crises.

    Cela nous pousse donc à affirmer que le capitalisme a été mis en péril par la crise économique de 1929 et l'a encore été par la crise de 2007. Cependant, le recours à l'interventionnisme pour résoudre les crises, nous conduit en outre à affirmer que si la crise économique de 1929, malgré ses effets dévastateurs n'a pas débouché sur la chute pure et simple du capitaliste, la crise de 2007 n'aboutira pas

    non plus à la disparition du capitalisme, mais probablement à un système hybride, combinant libéralisme et interventionnisme.

    Cela dit, malgré le caractère contenu des effets de la crise de 2007, nous pensons que la sortie définitive de crise, n'est à envisager qu'en 2012, voire début 2013. Cette sortie dépend cependant de l'assainissement complet des bilans des banques, de la restauration de la confiance des investisseurs et des prêteurs. Elle dépend aussi et surtout de l'application de certaines réformes au niveau mondial, dans le système bancaire et l'industrie financière, et dont le but sera également de prévenir toute nouvelle crise.

    Comme Murray ROTHBARD, nous pensons qu'il est préférable de prévenir une crise plutôt que d'en souffrir. Nous estimons pour cela qu'il est nécessaire d'opérer certaines réformes dans la sphère financière internationale, devant passer par le renforcement de la réglementation prudentielle des banques et par la régulation des marchés financiers (notamment la transparence de l'information sur les produits financiers). En outre, dans ces temps modernes, étant donné qu'aucun pays ne vit en vase clos du point de vue économique, nous pensons qu'il est important, pour une économie « locomotive » qu'est celle des Etats-Unis, d'avoir une parfaite maîtrise de son secteur financier en vue d'éviter de plonger le monde entier dans une nouvelle débâcle.

    De ce qui a été dit, une question reste cependant posée concernant les différentes politiques mises en place par les gouvernements pour résorber la crise de 2007. En effet, en dehors des impôts, un Etat ne peut que recourir à l'emprunt pour financer ses dépenses, en émettant pour cela des bons du trésor ou des obligations d'Etat (le recours au seigneuriage étant dépassé pour tout Etat sérieux et moderne). Cela dit, si à un moment donné, les créanciers estiment que l'Etat s'est trop endetté, ils peuvent de ce fait, décider de ne plus lui prêter, avec pour conséquence de plonger son économie dans une crise.

    Certes les plans de relance des différents gouvernements, du reste, se chiffrant à des centaines de milliards de dollars, ont permis d'amortir les effets de la crise financière internationale de 2007, mais cela ne nous empêche pas néanmoins de craindre que la situation puisse se retourner. En effet, sur quoi le financement des différents plans de relance débouchera-il sur le long, voire le moyen terme ?

    SIGLES ET ABREVIATIONS

    B.A.D. : Banque Africaine de Développement

    B.C.C. : Banque Centrale du Congo

    B.C.E. : Banque Centrale Européenne

    B.M. : Banque Mondiale

    CAC 40 : Cotation Assistée en Continu des 40 plus grandes entreprises

    Françaises

    DJI : Dow Jones Index

    S&P : Standard and Poor's

    Fed : Federal Reserve

    FMI : Fond Monétaire International

    FTSE : Financial Time Stock Exchange Index

    G-20 : Groupe des 20

    NBER : National Bureau of Economic Research

    NYSE : New York Stock Exchange

    OCDE : Organisation de Coopération et de développement Economiques

    OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

    PIB : Produit intérieur brut

    SEC : Security and Exchange Commission

    UBS : Union des Banques Suisse

    VEC : Vision Economiste

    BIBLIOGRAPHIE

    I. DOCUMENTS OFFICIELS

    1. BCC, « Note de conjoncture au 28 février 2009 », Kinshasa, pp. 1-14.

    2. BCC, « De la crise financière à la crise économique », in Note de Conjoncture, Kinshasa, 2008, pp. 1-4.

    3. Boards of Governors of the Federal Reserve System : juillet 1999, juin 2003, mars 2009, decembre 2009, janvier 2010, Washington D.C.

    4. Bureau of Census, « Historical statistics of the United-States », Washington D.C, 1975.

    5. Banque de France, « Les canaux de transmission monétaire : leçons pour la politique monétaire », Bulletin de la Banque de France n°27, mars 1996, pp 91-105.

    6. FED, Statistical releases : 15 janvier 2010, 27 mars 2009, 12 fevrier 2010, 10 decembre 2009.

    7. NBER, Bulletin n° 53, 22 décembre 1934, New York.

    8. Représentation Suisse à Kinshasa, « Rapport économique annuel 2009 », Kinshasa, 28 février 2009.

    II. OUVRAGES

    1. AGLIETTA (Michel), Macroéconomie financière, 4ème édition, La Découverte, Paris, 111 P.

    2. ARTUS (Patrick) et BETBEZE (Jean-Paul), La crise des subprimes, La Documentation Française, Paris, 2008, 284 P.

    3. COCHET (François), La grande crise 1929-1939, Dunod, Paris, 1998, 121 P.

    4. CRESPELLE (Nicolas) : La crise en questions, EYROLLES, Paris, 2009, 180 P.

    5. FRIEDMAN (Milton) et SCHWARTZ (Anna), A monetary history of the United-States, 1867- 1960, Princeton University Press, New Jersey, 1963, pp. 189-491.

    6. GARETT (Garet), A bubble that broke the world, Little, Brown and Company, Boston, 1932, 178 P.

    7. GILLES (Philippes), Histoire des crises et des cycles économiques, ARMAND COLIN, Paris, 285 P.

    8. MISHKIN (Frederick), Monnaie, Banques et Marchés financiers, 8ème édition, Nouveaux Horizons

    9. PERRI (Fabrizio), The great depression in Italy : Trade restrictions and real wage rigidities, CEPR, New York, 51 P.

    10. PINTO (RAUL) et GRAWITZ, Méthode de Recherche en Sciences Sociales, éd. Dalloz, Paris, 1971, pp. 285-291.

    11. PIRIOURI (Jean-Paul) et CLERC (Denis), Lexique des sciences économiques et sociales, 8ème édition, La Découverte, Coll. `Repères', Paris, 126 P.

    12. ROTHBARD (Murray), America's great depression, Mises Institute, Alabama, 2000, 348 P.

    III. REVUES ET ARTICLES

    1. BAYARD (Kimberly) et GILBERT (Charles), «Industrial production and capacity utilization:

    The 2008 annual report », in Federal Reserve Bulletin, aout 2008.
    ( http://www.federalreserve.gov/publications)

    2. BENHAMMOU, « Impact de la crise économique internationale sur le développement économique et social en Afrique », Centre Marocain d'Etudes Stratégiques, Tanger, Novembre 2009, pp. 5-15.

    3. BISCHOFBERGER (Alois) et WALSE (Rudolf), « Mesures de politique budgétaire contre la crise : Potentiel, limites et risques », in Avenir Suisse, mars 2009, 24 P.

    4. BRENDER (Anton) et PISANI (Florence), « L'économie Américaine après le choc », in CEPII L'Economie Mondiale 2010, septembre 2009, 10 P.

    5. BRICONGNE (Jean-Charles), « La crise des subprimes : De la crise financière à la crise économique », in Note de conjoncture, Mars 2009, pp. 25-44.

    6. CALOMIRIS (Charles W.), « Runs on Banks and the lessons of the great depression», in Banking, Volume 22, n°1, 2009.

    7. CARTAPANIS (André) et TEILETCHE (Jérôme), « Les Hedge Funds et la crise financiere internationale », in Revue d'Economie Financière, juin 2008, pp. 1-12.

    8. « Crise financière : Effets sur les pays en développement »,
    ( http://www.worldbank.org/eds24).

    9. « Crise financière : il faut faire davantage pour endiguer la crise mondiale », ( http://www.imf.org/imfsurvey)

    10. « Current crisis shows uncanny parallels to Great depression», 29 avril 2009, ( http://www.spiegel.de/international/world).

    11. DAUPHIN (Roma), « La croissance de l'économie du Québec au 20ème siècle », Institut de la statistique du Québec.

    12. DE RUGY (Véronique), « High Taxes and high budget deficits : The Hoover-Roosevelt tax increases of the 1930s», in Tax and Budget Bulletin, CATO INSTITUTE, 14 mars 2003.

    13. DUJARDIN (Vincent) et COSTA (Rafael), « Après la crise, Quel 21è siècle ? », juillet 2009, pp 1-39, ( http://www.uclouvain.be/rhetos) FMI, « Fissures dans le système », in Finances & Développement, Washington D.C., décembre 2008.

    14. FMI, « Et maintenant, dans quelle direction aller ? », in Finances & Développement, Washington D.C., septembre 2009, pp. 10-15.

    15. FMI, « Fissures dans le système », in Finances & Développement, Washington D.C., décembre 2008, pp. 2-45.

    16. HAUTCOEUR (pierre-Cyrille), « La crise de 1929 et ses enseignements », in Crises Financières, 2008, ( http://www.pse.ens.fr/hautcoeur/crise-financière)

    17. JOBST (Andreas), « Qu'est-ce que la titrisation ? », in Finances & Développement, Washington D.C., Septembre 2008, pp. 48-49.

    18. JOHNSON (Karen) et SMALL (David), « Monetary policy and price stability », in Board
    of Governors of the Federal reserve System,
    juillet 1999.

    19. « Leçons du crash de 1929 et de la grande dépression », 14 novembre 2008, ( http://www.workforall.net/library »).

    20. LACOUE-LABARTHE (Dominique), « Le système de réserve fédérale, Banque Centrale des Etats-Unis », ( http://www.federalreserve.gov/pub

    21. « Le libéralisme au service du peuple », in Cinquième Université annuelle de l'horloge, Paris, 1er octobre 2005.

    22. LEONARD (Jacques), « Titrisation et risque systémique », Université de Poitiers, Janvier 2008, pp. 1-4.

    23. « Les Etats-Unis, dans la dépression et non pas récession », in The Economist, le 3 janvier 2009, pp. 3-4.

    24. « L'impact de la crise financière sur le choix de financement des entreprises françaises », ( http://www.lemonde.fr), pp. 1-6.

    25. MAGNAN (de BORNIER J.), « Cycles et fluctuations économiques », 2008, ( http://fr.wikipedia.org/wiki/crisefinancière)

    26. MARTELIN (Nicolas), « La crise financière : causes et conséquences », in Les Jeunes Radicaux, pp. 1-5., ( http://www.jeunesradicaux.net/crise-financière)

    27. MILLEQUANT (Jean-Philippe) et HASSAN (Asraoui El), « Monde : Faiblesse de la demande aux Etats-Unis », in Conjoncture Européenne et Régionale, n°018, 20 juillet 2009, Lille, pp. 1-6.

    28. MORENO (Jérôme), « Crise financière : une analyse des causes et des futures conséquences », in Nations Presse, 11 octobre 2008.

    29. NYEMBWE (André) et LUANYI (René), « La crise financière causée par les subprimes : Analyses et leçons pour la réforme du système financier Congolais », in Notes Economiques de l'Ambassade de la RDC en Belgique, août 2007.

    30. PRESUMEY (Vincent), « Subprimes, immobilier, faillites bancaires : retour sur la crise financière », ( http://www.legrandsoir.info/subprimes)

    31. REDOULES (Olivier), « L'économie mondiale en 2008 : du ralentissement à la récession », ( http://www.insse.fr/articles)

    32. REED (Lawrence W.), « La grande dépression démystifiée », in Le Québécois Libre, n°209, 21 janvier 2009.

    33. « Réponses de l'OCDE à la crise financière et économique »,
    ( http://www.sourceocde.org/article)

    34. RITSCHL (Albert), « Did the monetary forces cause the great depression», ( http://www.personal.lse.ac.uk/ritschl).

    35. ROTHBARD (Murray N.), « Economic Depressions: Their cause and cure », Mises Institute, 2008, ( http://www.nationmaster.com/).

    36. SARDA (Vincent), « la crise de 1929 », pp. 1-31, ( http://www.pisaniferry.typepad.com/files/sarda ).

    37. SASI (Kimmo M.), « les conséquences de la crise financière mondiale », in Rapport de la commission économique et du développement de l'Assemblée parlementaire Européenne, Doc. 11807, 27 janvier 2009.

    38. STEVENSON (Patrick), « Les fonds de Hedge Funds : origine, rôle et perspectives », Banque de France, in Revue de la Stabilité Financière, No 10, avril 2007.

    39. WARNE (Kate), « Investir en période de récession : tout ce que vous devez savoir », in Edward Jones Le sens de l'Investissement, janvier 2009.

    IV. SITES INTERNET

    1. http://www.bloomberg.com/

    2. http://www.census.gov/

    3. http://www.datastream.com/

    4. http://www.digitalhistory.uh.edu/

    5. http://www.federalreserve.gov/

    6. http://www.forecasts.org/data/

    7. http://www.imf.org/

    8. http://www.indices.insee.fr/

    9. http://www.indexmundi.com/

    10. http://www.lemonde.fr/

    11. http://www.magazinedeusthland.de/

    12. http://www.martincapital.com/

    13. http://www.nationmaster.com/

    14. http://r.orange.fr/

    15. http://www.politique.net/

    16. http://www.sourceocde.org/

    17. http://www.spiegel.de/

    18. http://www.stlouisfed.org/

    19. http://www.usgovernementspending.com/

    20. http://www.wikipédia.com/

    21. http://www.workforall.net/

    TABLE DES MATIERES

    INTRODUCTION GENERALE 3

    1 : NOTIONS SUR LES CRISES FINANCIERES ET ECONOMIQUES 8

    1.1. DEFINITIONS 8

    1.1.1. Crise financière 8

    1.1.2. Crise économique 10

    1.2. CRISES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DE L'HISTOIRE 14

    1.3. QUELQUES CONCEPTS DE BASE 18

    1.3.1. Titre 18

    1.3.2. Bourse 18

    1.3.3. Titrisation 18

    1.3.4. Prêt subprime 19

    1.3.5. Agence de notation 19

    1.3.6. Marché des capitaux 19

    1.3.7. Bulle 19

    1.3.8. Panique bancaire 20

    2. HISTORIQUES DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929 ET DE LA CRISE FINANCIERE

    INTERNATIONALE DE 2007 21

    1. HISTORIQUE DE LA CRISE ECONOMIQUE DE 1929 21

    1.1. Déroulement de la crise économique de 1929 322

    1.2. Causes de la crise 330

    1.2.1. Les politiques monétaires inadaptées 330

    1.2.1.1. Les politiques monétaires expansionnistes entre 1920 et 1929 330

    1.2.1.2. Les politiques monétaires restrictives de la FED 31

    1.2.2. La sous-consommation 32

    1.2.3. Les relations économiques internationales. 33

    1.3. Conséquences de la crise économique de 1929 36

    1.3.1. Les cours des actions 37

    1.3.2. Faillites bancaires entre 1929 et 1933 38

    1.3.3. La production industrielle 40

    2. HISTORIQUE DE LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007. 49

    2.1. Déroulement de la crise financière internationale 550

    2.2. Causes de la crise 57

    2.2.1. Sous-évaluation massive du risque 57

    2.2.2. Régulation inadéquate 58

    2.2.3. La titrisation 59

    2.2.4. Les agences de notation 59

    2.2.5. Les fonds d'investissements ou fonds spéculatifs (Hedge Funds) 59

    2.2.6. Les investisseurs 60

    2.3. Conséquences de la crise financière internationale 61

    2.3.1. Conséquences sur le marché immobilier 62

    2.3.2. Conséquences sur les banques et autres institutions financières 63

    2.3.3. Conséquences sur les ménages 65

    2.3.4. Conséquences sur les entreprises 65

    2.3.5. Conséquences sur le commerce extérieur 65

    2.3.6. Conséquences sur l'économie mondiale 68

    3. LES POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISES 74

    1. POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISE ECONOMIQUE DE

    1929 ET FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007 76

    1.1. Politiques initiées dans le cadre de la crise économique de 1929 76

    1.1.1. Politiques mises en place aux Etats Unis 76

    1.1.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne 80

    1.1.3. Politiques mises en place en Allemagne 80

    1.1.4. Politiques mises en place dans d'autres pays 80

    1.2. Politiques dans le cadre de la crise financière internationale de 2007 81

    1.2.1. Politiques mises en place aux Etats-Unis 81

    1.2.2. Politiques mises en place en Grande-Bretagne 83

    1.2.3. Politiques mises en place en Allemagne 83

    1.2.4. Politiques mises en place en France 83

    2. ESSAI DE COMPARAISON DES DEUX CRISES 85

    CONCLUSION GENERALE 90

    SIGLES ET ABREVIATIONS 93

    BIBLIOGRAPHIE 94






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault