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Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire

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par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN
Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009
  

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Paragraphe 2 : La culture, les religions et croyances

Les sciences humaines et sociales donnent continuellement la preuve que la culture, la religion et les systèmes de pensée sont les fondements des sociétés humaines. En conséquence, il apparaît intéressant, pour la Côte d'Ivoire, d'étudier les conceptions environnementalistes des cultures traditionnelles et des religions étrangères, afin de jauger de leur intégration dans une politique environnementale qui serait levier de sécurité et de stabilité écologique et économique pour tous.

A. Les cultures traditionnelles

D'une façon générale, les conceptions environnementales des cultures ivoiriennes s'intègrent dans un vaste système philosophique et religieux qui conçoit le monde comme émanant de Dieu, qui crée, harmonise et vivifie toutes choses. Aussi la nature est elle-même vivante, animée par des forces invisibles, prolongements naturels de l'action divine permanente, et elle fonctionne selon des lois que l'homme, à la fois fils de la terre et gestionnaire de la création, se doit d'observer. Sous peine de bouleverser l'équilibre d'un système dont il fait lui-même partie. De là il se déduit que l'homme doit respecter l'environnement et entretenir des rapports harmonieux avec les esprits de la nature - vicaires du Dieu lointain ou possédant quelque particularité - et les différents éléments du monde afin de vivre dans un minimum de bien-être. Aussi la vie dans les sociétés traditionnelles se déroule-t-elle selon un certain ordre, dont la terre nourricière est le lieu de l'accomplissement.

Bien qu'on ne puisse pas parler d'environnementalisme au sens politique du terme dans les sociétés traditionnelles éburnéennes129(*), ce vitalisme culturel a donné lieu, comme partout ailleurs, à des manifestations folkloriques évocatrices et significatives. On notera par exemple le vaste univers des contes et légendes du pays, où Dieu est un interlocuteur direct et personnel, où des arbres comme le fromager et le baobab, et des animaux comme l'éléphant, le lièvre, la tortue, l'araignée, le lion et l'hyène sont des héros ou des personnalités de la société130(*).

Ce patrimoine culturel environnemental ne doit guère être négligé et il s'agira de réintégrer l'Ivoirien des sociétés traditionnelles et par ricochet l'Ivoirien tout court dans ce contexte d'interdépendance et de solidarité, dont les preuves scientifiques viennent solidement confirmer les tenants culturels131(*). La mise en oeuvre d'une telle vision, alliant données scientifiques et conceptions culturelles, est susceptible de rencontrer un écho favorable auprès des populations. La responsabilité envers l'environnement n'en sera que plus ressentie, pour le plus grand bénéfice de tous. Cependant, le réalisme suggère prudence et patience pour un changement d'attitude qui nécessitera aussi un soutien politique et économique. Mais, faut-il se rassurer, la visée ne peut souffrir d'utopie. Il existe encore dans le monde des peuples possédant un savoir environnemental sûr et vivant en harmonie avec l'environnement, en un exemplaire équilibre écologique, ainsi qu'il a été déjà vu132(*).

Pourtant, l'exploitation du patrimoine culturel ivoirien à des fins environnementalistes ne peut vraisemblablement suffire à une implication ressentie des populations. Le modernisme et l'intégration culturelle implique que l'on s'intéresse aux forces sociales non autochtones et qui sont un fondement essentiel de la société ivoirienne : les religions étrangères.

B. Les religions étrangères

Pour ce qui est de ces religions, on se bornera ici, compte tenu de certaines limites et pour ne pas prétendre épuiser la question, à étudier les plus connues et les plus importantes numériquement sur le territoire national.

La population de la Côte d'Ivoire est certes animiste dans son fonds, mais elle compte une proportion majoritaire de chrétiens et de musulmans133(*). Ces deux religions révélées, à vocation universelle, si chargées d'autorité morale à travers le monde, comportent dans leur théologie d'indéniables et incontestables valeurs en faveur de l'environnement. Celles-ci, longtemps occultées, sont progressivement redécouvertes. L'autorité dont jouissent ces religions en fait des acteurs clés pour un changement de mentalité et d'attitude en faveur de l'environnement.

Pour le christianisme et l'islam, « l'éthique environnementale est compatible avec la croyance dans le caractère sacré de la Terre et la vision d'une nature oeuvre de Dieu. »134(*) La création de l'univers par Dieu est explicitement affirmée dans la foi chrétienne. De même que l'animation et la gestion responsable de la Terre par l'homme, image du Créateur. On lit dans la Bible : « Dieu vit tout ce qu'il avait fait. Voilà, c'était très bon. »135(*) L'harmonie et la paix, bénédictions de l'Etre suprême, régnaient dans l'univers entier et entre toutes les créatures, dont l'homme, chargé de continuer et de perpétuer l'ordre divin. La chute de l'être humain l'a précipité, lui et la Création, dans la dégénérescence physique et morale, le malheur et la douleur. Cependant, même après la sanction diluvienne qui s'en suit, Dieu affirme toujours son attachement à la vie : « Je vais établir mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes les bêtes sauvages qui sont avec vous, bref tout ce qui est sorti de l'arche avec vous, même les bêtes sauvages. J'établirai mon alliance avec vous : aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du Déluge, il n'y aura plus de Déluge pour ravager la terre... Voici le signe de l'alliance que je mets entre moi, vous et tout être vivant avec vous, pour toutes les générations futures. »136(*) Par la suite les oracles des prophètes ont constamment mis l'homme face aux conséquences de ses mauvaises actions vis-à-vis de ses semblables et des autres créatures : « Ecoutez la parole du SEIGNEUR, fils d'Israël : le SEIGNEUR est en procès avec les habitants du pays... Imprécations, tromperies, meurtres, rapts, adultères se multiplient : le sang versé succède au sang versé. Aussi le pays est-il désolé, et tous ses habitants s'étiolent, en même temps que les bêtes des champs et les oiseaux du ciel ; et même les poissons de la mer disparaîtront. »137(*) Tout en annonçant une ère de renouveau, de restauration, de retour à l'ordre voulu par Dieu138(*). Cela est accompli par la vie et le sacrifice du Christ, selon la parole de l'apôtre Paul : « Car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, et sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix. »139(*) C'est la réconciliation de l'homme avec Dieu, avec lui-même et avec toute la création, qui « elle aussi sera libérée de l'esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. »140(*)

Témoins du réveil progressif de l'Eglise aux enjeux environnementaux, les déclarations de divers chefs religieux et les actions menées par eux141(*). Ainsi, dans le Nouveau Catéchisme de l'Eglise catholique, on lit notamment que « l'usage des ressources minérales et animales de l'univers ne peut être détaché du respect des exigences morales. La domination accordée par le Créateur à l'homme sur les êtres inanimés et les autres vivants n'est pas absolue : elle est mesurée par le souci de la qualité de la vie du prochain, y compris celle des générations à venir : elle exige un respect religieux de l'intégrité de la création. »142(*) Responsabilité de l'homme dont on mesure le sérieux à l'aune d'un autre texte biblique : « Les nations se sont mises en colère, mais c'est ta colère qui est venue. C'est le temps du jugement pour les morts, (...) le temps de la destruction pour ceux qui détruisent la terre. »143(*)

L'islam ne se place guère dans une position autre au sujet du caractère sacré de l'environnement. Dans le Coran, le livre saint, Dieu dit : « Et Nous avons créé, à partir de l'eau, toute chose vivante »144(*) - l'univers étant lui-même créé ex nihilo. Il est dit encore : « Lui qui fait descendre du ciel une eau, dont Nous faisons sortir végétation de toute chose, sortir la verdure, sortir l'épi composite... »145(*) Les anges régissent le ciel et la terre. Ils sont l'âme des forces et des éléments naturels, l'esprit des lieux, montagnes ou déserts, et sont les agents qui accomplissent l'ordre et la finalité des choses146(*). Il s'en suit au plan pratique une conduite intègre et responsable vis-à-vis de la création divine, du cadre de vie. Aussi le texte sacré dit : « Ne faites pas nuisance à la terre alors qu'elle a été mise en ordre par Dieu.147(*) » Des hâdiths authentiques du Prophète Mohamed le confirment : « Etre croyant c'est être propre. » ; « Nul musulman ne doit uriner dans l'eau stagnante. » ; et un autre hâdith, tout aussi significatif au plan moral, écologique et sanitaire, enseigne : « Méfiez-vous des trois malédictions : ne déféquez pas dans l'eau, ni sur les routes, ni à l'ombre. »148(*)

On mesure l'importance et l'ampleur de telles conceptions, qui renvoient au sens même de l'identité et de la finalité des choses en même temps qu'elles offrent des pistes pratiques pour la sensibilisation et la responsabilisation des acteurs de la société149(*) : la Création, d'origine divine, est sacrée. Respecter, aimer, promouvoir et vivre en harmonie avec la Terre nourricière, l'environnement, est un acte de foi pour tout bon croyant. Détruire la Nature, c'est offenser Dieu, se détruire soi-même et par conséquent compromettre le développement.150(*)

L'incontournabilité de l'éthique environnementale en vue d'un développement durable étant posé, il s'agit par la suite d'examiner la nécessité d'une insertion de la gestion environnementale dans un cadre général d'éco-économie.

CHAPITRE 2 : L'INSERTION DE LA GESTION ENVIRONNEMENTALE DANS

UN CADRE GENERAL D'ÉCONOMIE ÉCOLOGIQUE

Dans l'optique de proposer des éléments pour une politique de l'environnement gage de développement durable pour l'Etat de Côte d'Ivoire, il a été analysé dans un premier chapitre la question de la nécessité d'une éthique environnementale, qui disposerait la conscience individuelle et collective à agir de façon plus responsable envers la nature et le cadre de vie. Cela en ayant à l'esprit que cette responsabilisation doit se traduire en réalités palpables pour tous les acteurs. Matérialisation qui à son tour s'opérerait par un changement progressif des normes et structures politico-économiques qui constituent des entraves à la santé de l'environnement, donc des menaces pour l'économie naturelle et celle de l'homme. A ce propos, on assiste à une évolution des mentalités, qui reconsidère la viabilité du système économique actuel. Ainsi, au niveau interétatique, Maciej Nowicki, ministre polonais de l'environnement déclarait, à la réunion d'ouverture de la conférence de Poznan : « L'humanité a poussé le système de la planète Terre à ses limites, poursuivre ainsi provoquerait des menaces à très forte intensité... Ne cédez pas à d'obscurs intérêts particuliers quand nous devons modifier la direction dangereuse qu'a prise l'humanité... »151(*)

La politique environnementale de l'Etat de Côte d'Ivoire, dans un tel contexte, doit être intégrée à l'économie du pays en même temps qu'elle doit l'orienter et la conditionner. Pour la réalisation politique et technique d'un tel chantier, l'Etat a besoin de partenaires. Ainsi, on étudiera dans le rôle des partenaires externes (Section 1) puis celui des partenaires internes (Section 2).

* 129 Voir la section première du chapitre 1er, deuxième partie de la présente étude.

* 130 C'est un immense univers que celui du folklore ivoirien, où les êtres vivants autres que l'homme occupent une place éminente, à côté de celui-ci. Voir les notes et les références bibliographiques, consacrées au patrimoine culturel ivoirien, des différents ouvrages consacrés au pays ou/et cités dans le cadre de la présente étude. Voir aussi Mylène REMY, La Côte d'Ivoire aujourd'hui, éditions du Jaguar, 1996.

* 131 Ces évocations folkloriques de fraternité et de communauté d'intérêt entre toutes les créatures sont corroborées par les connaissances scientifiques qui certifient l'unité indiscutable de la vie. Aussi le Pr. Edward O. WILSON a pu dire : « L'humanité n'est pas un peuple d'anges descendus en ce monde(...) Nous y avons fait notre évolution, nous, espèce parmi de nombreuses autres, durant des millions d'années, et nous y existons en tant que miracle organique lié aux autre miracles organiques. » In L'avenir de la vie, op. cit., p. 69.

* 132 Mohamed L. BOUGUERRA, op. cit., p. 77 : « Les Bishnoï, en Inde, ont été officiellement honorés, en 1988, par le gouvernement pour leur lutte héroïque à défendre la faune, la flore et l'eau du désert de Rajasthan. » Voir aussi la sous-partie intitulée « Quelques exemples de culture écologique », p. 24-27, au chapitre 1er de la première partie.

* 133 Données statistiques du recensement général de 1998, in Rapport national sur le développement humain en Côte d'Ivoire 2002, p. 49.

* 134 Edward O. WILSON, L'avenir de la vie, op. cit., p. 201.

* 135 Genèse 1 : 31, Traduction OEcuménique de la Bible (TOB). Toutes les citations bibliques de la présente étude sont tirées de cette traduction.

* 136 Genèse 9 : 9-12.

* 137 Osée 4 : 1-3.

* 138 Esaïe 11 : 1-9 ; Ephésiens 1 : 9-10.

* 139 Colossiens 1 : 19-20.

* 140 Romains 8 : 19-21.

* 141 A l'occasion du huitième centenaire de saint François d'Assise, le pape Jean-Paul II s'est adressé aux Ministres Généraux des Ordres Franciscains en ces termes : « Les créatures et les éléments ne seront plus protégés de toute violation que dans la mesure où on les considère comme des êtres auxquels l'homme est lié par des devoirs. » (Cf. Jean GAILLARD, Les animaux, nos humbles frères, éditions Fayard, 1986, p. 20-21.) On considérera aussi l'importance des propos du révérend Stan L. LEQUIRE, aux Etats-Unis : « Nous, évangélistes, reconnaissons de plus en plus que les questions environnementales ne sont ni républicaines ni démocrates, mais trouvent en réalité leur origine dans les plus merveilleux des enseignements contenus dans les Ecritures, qui nous commandent d'honorer Dieu en prenant soin de sa création. » (Cf. Edward O. WILSON, op. cit., p. 202.)

* 142 Catéchisme de l'Eglise catholique, 1992. Paragraphe 2415.

* 143 Apocalypse 11 : 18.

* 144 Sourate XXI, v. 30.

* 145 Sourate VI, v. 99.

* 146 Philippe FAURE, Les anges, éditions du Cerf/Fides, 1988.

* 147 Sourate VII, v. 45.

* 148 Water and sanitation in Islam, WHO, cité par Mohamed Larbi BOUGUERRA in Les batailles de l'eau, op. cit., p. 33 & 39.

* 149 PACIPE infos/news, op. cit. Le PACIPE, dans sa méthode d'éducation environnementale a utilisé des hadiths du Coran traitant de la question. Initiatives simples à réaliser et précieuses.

* 150 Le pape Jean-Paul II a déclaré : « L'engagement du croyant en faveur d'un environnement sain découle directement de sa foi en Dieu créateur » (Message du Pape à l'occasion de la 23ème journée mondiale de la paix, le 1er janvier 1990.) et encore « La protection animale est une éthique chrétienne. » (Jean NAKOS, éditorial intitulé « Pour une théologie de l'animal » du webzine « Les chrétiens et les animaux »). Le cardinal Joseph RATZINGER (l'actuel pape Benoît XVI) s'est posé la question suivante dans son livre L'esprit de la liturgie : « Le cosmos ne nous concernerait-il plus aujourd'hui ? » Le patriarche Bartholomée Ier, chef spirituel des chrétiens orthodoxes et cité par Edward O. WILSON (op. cit., p. 201), a dit : « Provoquer l'extinction d'une espèce et détruire la diversité biologique de la création divine, dégrader l'intégrité de la Terre (...) contaminer les eaux de la Terre (...) tout cela, ce sont des péchés. »

* 151 Discours d'ouverture prononcé à la Conférence internationale sur l'environnement tenue à Poznan en Pologne du 1er au 12 décembre 2008. Cette conférence visait à avancer sur la voie d'un nouveau texte en remplacement du protocole de Kyoto sur la réduction des GES, qui expire en 2012 (Source : AFP, Jeudi 4 décembre 2008, citée par Yahoo ! news.)

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius