WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Accès à  l'eau potable et à  l'assainissement; quels enjeux pour la santé dans les quartiers précaires? Etude appliquée au quartier Gamkallé de la commune IV de Niamey au Niger

( Télécharger le fichier original )
par Nguengar NASSARTEBAYE
Université Abdou Moumouni de Niamey - Maà®trise de géographie 2011
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

TABLE DES MATIERES

TABLE DES FIGURES 7

TABLE DES TABLEAUX 8

TABLE DES PHOTOS 9

SIGLES ET ABREVIATIONS 10

REMERCIEMENTS 11

RESUME 12

SUMMARY 12

INTRODUCTION GENERALE 13

1. LA PROBLEMATIQUE 15

1.1. Contexte de l'étude 15

1.2. Revue de littérature 18

1.3. Les hypothèses 21

1.4. Les raisons du choix du sujet et de la zone d'étude 22

1.5. Les objectifs 23

1.6. Clarification des concepts 23

2. LA METHODOLOGIE 24

2.1. Présentation des objets d'étude 25

2.2. Techniques et méthodes utilisées 26

2.2.1. Recherche documentaire 26

2.2.2. Observations visuelles 26

2.2.3. Enquêtes 26

2.2.4. Les entretiens 27

2.2.5. La cartographie 27

2.2.6. Les matériels utilisés 27

2.2.7. Analyse et interprétation des données 28

3. LES DIFFICULTES RENCONTREES 28

CHAPITRE I : LES POLITIQUES GENERALES EN MATIERE

D'ACCES A L'EAU POTABLE ET L'ASSAINISSEMENT 29

1.1. L'inventaire des ressources en eau 30

1.1.1. Les ressources en eau de surface 30

1.1.2. Les ressources en eau souterraine 30

1.2. Les instruments de gestion de l'eau et de l'assainissement 30

1.2.1. Politiques et stratégies internationales en matière d'eau potable et d'assainissement 30

1.2.1.1. Les indicateurs de l'UNICEF/OMS en matière d'accès à l'eau potable et le cas de Gamkallé 31

1.2.1.2. Les indicateurs de l'UNICEF/OMS en matière d'accès à un système d'assainissement et le cas de Gamkallé 32

1.2.2. Les instruments de gestion de l'eau 33

1.2.2.1. Les instruments juridiques 33

1.2.2.2. Production, transport et distribution de l'eau potable dans la ville de Niamey 34

1.2.2.2.1 Les mécanismes de production de l'eau potable 35

1.2.2.2.2 Transport et distribution de l'eau potable dans la ville 36

1.2.2.2.3. Les contrôles de la qualité de l'eau aux robinets 36

1.2.3. La facturation de l'eau potable 36

1.3. Les instruments de gestion de l'assainissement 37

1.3.1. Les dispositifs institutionnels : le ministère de l'hydraulique et de l'environnement 37

1.3.2. Les instruments administratifs et techniques 38

1.3.2.1. Le service d'hygiène et d'assainissement de la CN IV 38

1.3.2.2. Les partenaires 38

1.3.2.3 Autres opérateurs informels 39

CHAPITRE II : PRESENTATION GENERALE DU QUARTIER ET DESSERTE EN INFRASTRUCTURES URBAINES DE BASE . 40

2.1. Présentation générale du quartier 41

2.1.1. L'historique et la croissance démographique du quartier Gamkallé 41

2.1.2. Délimitation et morphologie du quartier 42

2.1.2.1. La délimitation géographique 42

2.1.2.2. La trame morphologique 44

2.2. Desserte en infrastructures urbaines de base à Gamkallé 45

2.2.1. Typologie de l'habitat 45

2.2.2. Les conditions de vie des ménages 45

2.2.3. Les voies 45

2.2.3.1. La voirie principale 46

2.2.3.2. Voiries de desserte interne 47

2.3. Desserte en eau potable 48

2.3.1. Les branchements privés particuliers 48

2.3.2. Les bornes fontaines 48

2.3.3. Les vendeurs d'eau ou (Garoua) 49

2.4. Desserte en infrastructures d'assainissement 50

2.4.1. Drainage des eaux de pluie 50

2.4.2 Les dépotoirs 50

2.4.3. Les toilettes publiques 52

CHAPITRE III : ACCES A L'EAU POTABLE ET A

L'ASSAINISSEMENT DANS LE QUARTIER GAMKALLE 53

3.1. Accès à l'eau potable dans le quartier Gamkallé 54

3.1.1. Les sources d'eau potable 54

3.1.2. Les sources d'eau non potable 54

3.1.3. Approvisionnement en eau potable dans le quartier Gamkallé 54

3.1.3.1. Les points d'approvisionnement en eau potable à Gamkallé 55

3.1.3.2. La répartition spatiale des points d'eau 56

3.1.3.3. Les puits 56

3.1.3.3. Hygiène des périmètres des bornes fontaines : une des clauses du contrat de gérance 57

3.1.3.4. Les modes d'approvisionnement en eau, les dépenses et volumes consommés 58

3.1.4. Les contraintes et difficultés en matière d'approvisionnement en eau potable
et les volumes consommés 60

3.1.4.1. Le poids démographique et volume consommé 60

3.1.4.2. La distance et son impact sur le volume consommé 60

3.1.4.3. Les contraintes liées au temps et volume consommé 61

3.1.4.4. Précarités économiques et le volume d'eau consommé 62

3.1.4.5. Genres et catégories face aux travaux ménagers 62

3.1.5. Les Volumes d'eau potable consommés dans le quartier Gamkallé 63

3.2. Les modes d'accès à l'assainissement dans le quartier Gamkallé 64

3.2.1. Lieux d'aisance et toilettes 64

3.2.1.1. Types de lieux d'aisance dans les ménages 65

3.2.1.2. Les excréta et eaux vannes 66

3.2.1.3. Nombre de ménages et de personnes par lieu d'aisance 66

3.2.2. Les modes d'évacuation des déchets 66

3.2.2.1. Les ordures ménagères 66

3.2.2.2. Les eaux usées 67

3.2.4. L'hygiène alimentaire 67

CHAPITRE IV : EVALUATION DES RISQUES SANITAIRES (DIARRHEE ET PALUDISME) LIES AUX PROBLEMES D'ACCES A L'EAU POTABLE ET A L'ASSAINISSEMENT DANS UN QUARTIER PRECAIRE 69

4.1. Evaluation des risques sanitaires liés à la consommation de l'eau et à l'insalubrité 70

4.1.1. Les maladies liées à l'eau au Niger 70

4.1.2. Le profil épidémiologique du quartier Gamkallé 71

4.1.3. Les risques diarrhéiques 72

4.1.3.1. La diarrhée 72

4.1.3.2. Le poids des maladies diarrhéiques 72

4.1.3.3. Le poids économique des maladies diarrhéiques 72

4.1.3.4. Dynamique saisonnière des maladies diarrhéiques 72

4.1.4. Les indicateurs de risques diarrhéiques 73

4.1.4.1. Le volume moyen d'eau consommé et les niveaux

de risques sanitaires 73

4.1.4.2. Les risques liés aux modes de gestion de l'eau 74

4.1.4.2.1 La collecte et le transport de l'eau 74

4.1.4.2.2 Les modes de conservation de l'eau de boisson 74

4.1.4.3. Facteurs d'aggravation du risque diarrhéique 75

4.1.4.3.1. Le niveau d'instruction 76

4.1.4.3.2. Les comportements des populations en matière d'hygiène et d'assainissement

77

4.1.4.3.3. Les modes d'évacuation des déchets et les risques sanitaires 77

4.2. Les risques du paludisme 77

4.2.1. Le paludisme et l'anophèle femelle 78

4.2.1.1. Le paludisme 78

4.2.1.2. L'anophèle femelle et la transmission du paludisme 78

4.2.2. Le poids de la maladie 78

4.2.2.1. Le coût économique de la maladie 78

4.2.2.2. La dynamique saisonnière de la maladie 79

4.2.3. Les indicateurs de risques du paludisme 79

4.2.3.1. Présence prolongée des eaux usées 79

4.2.3.2. Les caniveaux non curés 79

4.2.3.3. Les toilettes avec regards non fermés 79

4.2.3.4. Les eaux de pluies stagnantes 80

CHAPITRE V : QUELQUES PROPOSITIONS

D'AMENAGEMENT 81

5.1. Actions à réaliser à court et moyen termes 82

5.1.1. Drainage des eaux pluviales 82

5.1.2. Excréta et toilettes 82

5.1.3. Desserte en eau potable 82

5.1.4. Sensibilisation 83

5.2. Actions à réaliser dans le long terme 83

5.2.1 La Voirie et les caniveaux 83

5.2.2. Les conditions de l'habitat 85

Conclusion 85

BIBLIOGRAPHIQUE 87

LOIS, DECRETS, ORDONNANCES 89

WEBLIOGRAPHIE 90

TABLE DES FIGURES

Fig.1 Localisation du quartier Gamkallé dans la CUN 43

Fig.2 Le quartier Gamkallé 44

Fig.3 La voirie principale à Gamkallé 47

Fig.4 Modèle type de borne fontaine en vigueur 49

Fig.5 La localisation des dépotoirs à Gamkallé 52

Fig.6 Carte de réseaux d'adduction d'eau potable au quartier Gamkallé 55

Fig.7 Localisation des bornes fontaines à Gamkallé 57

Fig. 8 Les différents modes d'approvisionnement en eau potable de la population de

Gamkallé 59

Fig.9 Les distances séparant les ménages d'une borne fontaine la plus proche 61

Fig.10 Les pourcentages des ménages de Gamkallé selon les dépenses pour l'eau potable

62
Fig.11 les pourcentages des genres et catégories assurant la corvée d'eau dans les ménages

de Gamkallé 63

Fig.12 proposition d'une carte d'aménagement du quartier 84

TABLE DES TABLEAUX

Tableau 1 Répartition de la population de Gamkallé selon le sexe dans les deux sous ensembles et le nombre de

ménages 41

Tableau 2 Les dépenses pour eau potable selon les modes d'approvisionnement à

Gamkallé (tableau croisé) 60
Tableau 3 Variation des volumes d'eau consommée par la population durant les six

dernières années à Gamkallé 64
Tableau 4 Les différents modes d'évacuation des ordures ménagères dans le quartier

Gamkallé 67

Tableau 5 Les dix maladies les plus représentées au Niger et leurs liens à l'eau. 71

Tableau 6 Accès à l'eau potable et impact sanitaire 73

Tableau 7 Répartition des modes de conservation de l'eau de boisson 75

Tableau 8 Les cas de diarrhée selon les tranches d'âge et le niveau d'instruction de la

ménagère (tableau croisé) 76

Tableau 9 Les mesures d'hygiène et leurs impacts sur la réduction de diarrhées 77

TABLE DES PHOTOS

Photo 1 Un dépotoir officiel de Gamkalley après le retrait du conteneur de HYSACAM 51

Photo 2 Les Garoua et les filles de ménages à la collecte d'eau potable à une borne

fontaine 58

Photo3 Une douche et un lieu d'aisance dans un ménage enclavé de Gamkallé 65

Photo 4 model d'un lieu d'aisance dans un ménage de Gamkallé 65

Photo 5 les récipients utilisés par les ménagères de Gamkalley pour collecter de l'eau

potable à la borne fontaine 74

Photo 6 : un puisard dans un ménage de Gamkallé 79

SIGLES ET ABREVIATIONS

AFD : Agence Française de Développement

AIMF : Association Internationale des Maires Francophones

ARM : Autorité de Régulation Multisectorielle

BM : Banque Mondiale

BRANIGER : Brasseries du Niger CCFN : Centre Culturel Franco-Nigérien

CFA : Communauté Financière d'Afrique CUN : Commune Urbaine de Niamey DES : dépotoir Sauvage Entretenu

DIEPA : Décennie Internationale de l'Eau Potable et Assainissement

DOA : Dépotoir Officiel Abandonné DOC : Dépotoir Officiel avec Conteneur DS : Dépotoir Sauvage

ENITEX : Entreprise Nigérienne des Textiles

EPPRVUG : Etudes Préparatoires du Projet Réhabilitation du Village Urbain Gamkalley

FLSH : Faculté de Lettres et Sciences Humaines

GPS : Global Positionning System

HYSACAM : Société d'Hygiène et d'Assainissement du Cameroun

INS : Institut National de la Statistique

IRSH : Institut de Recherche en Sciences Humaines

JICA : Agence Internationale de Coopération Japonaise

LANSPEX : Laboratoire National de Santé Publique et d'Expertise

MESS/RS : Ministère de l'Enseignement Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé ONU : Organisation des Nations Unies

PAC : Programme d'Action Communautaire

PH : Potentiel d'Hydrogène

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PSEau : Programme Solidarité Eau

SEEN : Société d'Exploitation des Eaux du Niger

SNE : Société Nigérienne des Eaux

SPEN : Société des Patrimoines des Eaux du Niger

UNICEF : Organisation des Nations Unies pour l'Enfance et l'Education

VB1 : Voie Bitumée N°1

VB2 : Voie Bitumée N°2

VB3 : Voie Bitumée N°3

VL1 : Voie Latérite N°1

VP1 : Voie Pavée N°1

REMERCIEMENTS

Nous rendons grâce à Dieu tout puissant pour son infini soutien à la réalisation de ce travail. Nous remercions particulièrement notre encadreur Dr BONTIANTI Abdou dont la disponibilité, les conseils et les soutiens ont été sans mesures pour la réalisation de ce travail d'étude et de recherche. Nous disons merci à Dr Hamadou Issaka pour avoir accepté d'apporter ses corrections à ce document. Nos remerciements vont également à Mr Kladoum Nadjaldongar qui ne nous a pas refusé son aide un moment où nous en avons besoin. Merci à Siddo, à Hassane, à Maiga, à Ibrahim, à Noma, à Hassoumi, à Mansour, à Raînatou, tous à l'IRSH pour avoir répondu présent toutes les fois que nous avons sollicité leur soutien. Nous disons merci à notre mère Larmadje Chikang Monique, restée au pays (Tchad), pour nous avoir porté chaque jour dans son coeur. Nos remerciements vont à l'endroit de certains administrateurs de la SEEN, notamment Mr Halidou Doudou Habibou, de la SPEN Mr Saddikou Abdoulaye, de la CNIV, de la primature, les ménages de Gamkallé, les gérants des bornes fontaines, les Garoua, pour leur collaboration nécessaire à la collecte des informations. Nous n'oublions pas de nombreuses personnes dont les noms ne sont pas cités ici, mais qui ont contribué à leur façon à la sortie de ce document ; nous leur disons merci.

RESUME

Ce travail d'étude se propose d'analyser le problème d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers urbains précaires. Cette thématique qui intéresse très peu les études réalisées au Niger reste pourtant un véritable révélateur des facteurs de risques sanitaires. Le phénomène est d'autant plus marqué lorsque la croissance démographique oblige des hommes et des femmes à s'entasser dans des quartiers urbains précaires ou des villages qui, par la force irréversible de l'histoire de la ville, deviennent des quartiers urbains. Notre étude s'est appropriée un terrain d'observation (Gamkallé) à partir duquel la formulation d'une problématique a fait générer des objectifs, des hypothèses et un jeu de questions réponses qui ont suscité davantage des besoins en informations et donc de la littérature, des entretiens, enquêtes et observations de terrain. La restitution des données structurée en 5 chapitres a permis de révéler qu'une proportion importante (30%) de la population de Gamkallé ne dispose pas d'une quantité suffisante d'eau potable pour ses besoins quotidiens et plus de 23% n'ont pas de latrine et vit dans un environnement très insalubre. En conséquence, de nombreuses maladies telles que la diarrhée, le paludisme, les dermatoses marquent la vie de milliers de personnes parmi lesquels se trouvent majoritairement des sujets totalement innocents et vulnérables dont nous avons la responsabilité de protéger la vie: les enfants ! Ainsi, l'étude est assortie de propositions qui, nous espérons, contribueront à améliorer la situation des populations de Gamkallé dans un avenir proche ou lointain.

SUMMARY

This survey work is to analyze the problem of access to clean water and sanitation in precarious neighborhoods. This theme which interests very few studies conducted in Niger remains nevertheless a true indication of health risk factors. The phenomenon is especially pronounced when population growth is forcing men and women crammed in precarious urban neighborhoods or villages, by the irreversible force in the history of the town, become urban neighborhoods. Our study has appropriated land observation (Gamkallé) from which the formulation of a problem did generate objectives, assumptions and a set of questions and answers that have attracted more information needs and thus the literature , interviews, surveys and field observations. Retrieval of data structured into 5 sections revealed that a significant proportion (30%) of population Gamkallé do not have enough drinking water for their daily needs and more than 23% have no latrine and lives in a very unhealthy environment. Consequently, many diseases such as diarrhea, malaria, skin diseases marked the lives of thousands of people among whom are mostly issues that are completely innocent and vulnerable that we have a responsibility to protect life: children. Thus, the study contains proposals which we hope will improve the situation of populations Gamkallé in a near or distant future.

INTRODUCTION GENERALE

La Décennie Internationale de l'Eau potable et de l'Assainissement (DIEPA), après l'ambition loyale à sa formulation (en 1981) mais sans moyens nécessaires à sa réalisation s'était achevée en 1990 sans fournir de l'eau potable et de l'assainissement à tous. Des progrès sont certes réalisés mais les objectifs ne sont pas atteints surtout en milieu urbain.

Une douzaine d'années après cet échec, la communauté internationale a élaboré les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). A travers son chapitre 7 qui consiste à assurer un environnement durable à toute la population mondiale, les Nations Unies se sont engagées à réduire de moitié, d'ici à 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des services d'assainissement de base (ONU, 2005).

La mise en oeuvre de ces deux programmes et plus récemment, l'organisation de plusieurs forums et sommets de l'eau (Marrakech en 1997, La Haye en 2000, Kyoto en 2003, Mexico en 2006, et Egypte en 2008) montrent l'ampleur des problèmes d'accès à l'eau potable dans les pays en voie de développement, et notamment dans les pays d'Afrique situés au Sud du Sahara. Dans ces pays, plus de 150 millions de citadins, soit près de la moitié de la population urbaine totale, n'ont pas accès

à un service d'eau potable. A cela s'ajoute la faiblesse des taux de connexion au réseau d'approvisionnement en eau potable de certaines capitales telles que Dakar (16,7%), Bamako (10%), Nouakchott (25%), Conakry (15%), Niamey (33,2%) ou Ouagadougou (22,8%) (ENDA, 2006 ; Care International Niger et ORC, 1999 ; EMIUB, 2002).

De nombreux ménages des villes d'Afrique subsaharienne ne disposent pas d'un assainissement amélioré, notamment des latrines. Ils sont contraints de vivre dans des milieux insalubres qui les exposent à des risques sanitaires assez élevés.

Les principales causes de cette situation résident dans la croissance démographique et spatiale importante qu'ont connue ces villes au cours des trente dernières années (Alain Duberson, 2003).

A l'intérieur des villes, des disparités s'expriment en termes de quantité et de qualité d'eau consommée entre les quartiers relativement bien équipés et les zones précaires, faiblement équipées. Notre étude s'est donné comme terrain d'observation un des quartiers précaires (Gamkallé) de la ville de Niamey.

Les conséquences immédiates des problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement sont la limitation de la consommation d'eau potable pour la boisson, l'insuffisance d'eau pour la satisfaction des besoins d'hygiène de base (se laver les mains, faire sa toilette personnelle, etc.), le recours à des sources d'eau non potable plus facilement accessibles et l'augmentation des durées de conservation de l'eau collectée. Or, les difficultés qu'éprouvent les ménages à disposer du minimum vital d'eau entraînent des risques sanitaires qu'il convient d'aborder. Divers indices de

mortalité - surtout infantile - existent et mettent en évidence la réalité et l'importance de ces risques. Chez les enfants, cette mortalité est inextricablement liée aux maladies diarrhéiques et au paludisme problèmes majeurs de santé publique avec deux millions de décès par an dans le monde (UNICEF, 2003).

1. LA PROBLEMATIQUE

1.1. Contexte de l'étude

Les Nations Unies estiment que d'ici à 2025 plus de la moitié de la population ouest africaine sera urbaine (ONU : 2005). Alain Duberson1 a démontré que le processus de l'urbanisation de l'Afrique est l'un des plus rapides au monde et le devenir du continent est indissociable de l'urbanisation de masse qui est la plus spectaculaire transformation survenue depuis des années 1950. Cette croissance n'est malheureusement, pas soutenue par une croissance économique capable de satisfaire les besoins en infrastructures de base, d'emploi, etc. En réponse à cette distorsion, se développent des agricultures marchandes intra et périurbaines parfois intensives (maraichage, arboriculture fruitière), le commerce alimentaire, stratifié de la vente ambulante de rue au grand marché en passant par la petite échoppe, l'artisanat de service (en particulier l'entretien et la réparation des cycles, d'automobiles et de camions, flottes de transports en commun privés illicites ou tolérés) et des productions (tailleurs, métier du bâtiment...). Un ensemble fort hétéroclite, mais constituant une solution, une adaptation à une nouvelle forme de vie. Il y'a donc des changements dans le mode de vie des populations, changements susceptibles d'apporter de profondes modifications du cadre de vie et d'influer sur la santé. Dans de nombreuses villes d'Afrique au sud du Sahara, cette situation se caractérise par la création des quartiers précaires densément peuplés et dépourvus d'infrastructures urbaines de base facilitant l'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

A Nairobi au Kenya, Kibera est couramment cité comme le plus grand bidonville du monde avec plus de 700.000 habitants en 2005.2 Faute d'infrastructures d'accès convenable à l'eau potable et à l'assainissement, cette population vit dans des conditions très inadéquates qui l'exposent aux risques sanitaires. A N'djamena3 au Tchad, les quartiers Ridina, Chagoua, Dembé, Walia, sont d'une configuration morphologique qui ne permet pas aux ménages d'avoir accès direct aux réseaux d'adduction d'eau, et d'évacuer leurs ordures ménagères. Le recourt aux vendeurs d'eau, aux rares bornes fontaines et à d'autres sources d'eau non potables sont les modes les plus utilisés par les ménages pour se procurer de l'eau. En saison des pluies, certaines concessions sont souvent inondées et les retenues d'eau de ruissellement constituent des lieux privilégiés de reproduction de moustiques, aggravant les cas de paludisme. A Abidjan, le bidonville de Yaosehi de la commune de Yopougon, compte plus de 20 000 habitants4 dont la vie quotidienne côtoie la misère. A Niamey au Niger, les quartiers tels que Boukoki, Talladjé, Saga, Koira

1 Information Géographique l'Afrique, Alain Buber son, hors série N°1, septembre 2003

2 Rapport sur le Développement Humain, PNUD : 2006

3 Nos observations de terrain

4Http// :www.infoscience.epfl.ch.>infoscience

tegui, Liberté, Lacroussou, Yantala Bas, Deyzeybon, Zongo, Gamkallé se rapprochent de ces entités géographiques ci-dessus citées. Dans tous ces quartiers, avoir accès à l'eau potable se traduit par les faits suivants :

-Les ménages pauvres paient l'eau plus chère pour une petite quantité. Exemple : 78,3% 5 des ménages de Gamkallé s'approvisionnent en eau potable chez les vendeurs d'eau ;

-Parcourir une distance et patienter parfois des heurs durant dans les files d'attente devant les bornes fontaines. Exemple : 4,7% des ménages de Gamkallé s'approvisionnent aux bornes fontaines ;

-Ne pas disposer de robinet avec compteur individuel et utiliser un robinet avec compteur commun. Exemple 7,8% des ménages de Gamkallé utilisent un robinet en commun.

-Avoir recourt aux autres sources d'eau non potable telles que les eaux du fleuve avec tout le risque que cela présente. Exemple, 0,2% des ménages de Gamkallé utilise l'eau du fleuve.

A l'échelle du quartier Gamkallé, les diagnostics révélés par les études (EPPRVUG)6, indiquent que l a trame morphologique du quartier Gamkallé est irrégulière avec des voies sinueuses de largeur variable et peu de rues sont carrossables. Plus de 13% des concessions sont desservies par des voies qui se terminent dans l'impasse et plus d'une concession sur 100 se trouve totalement enclavée.

En matière d'accès à l'eau potable, ces études révèlent que seulement 16,8% de concessions sont raccordées à un réseau d'AEP et 3,35% disposent de branchements particuliers. Les différents modes d'approvisionnement en eau potable :

· 4,3% de ménages disposent de robinet avec compteur individuel ;

· 7,4% de ménages utilisent de robinet avec compteur commun ;

· 4,7% de ménages ont recourt aux bornes fontaines ;

· 78,3% de ménages achètent avec les vendeurs d'eau ;

· 0,2% de ménages s'approvisionnent au fleuve.

En matière d'assainissement, les mêmes études (EPPRVUG) 7 indiquent que
Gamkallé est très peu irrigué par les collecteurs d'eaux usées et ces rares ouvrages

5 Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000.

6 Idem

7 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé, Cabinet d'études BALA et HIMO ; Rapport final : 2000

passent à l'extérieur des deux sous quartiers. On a en moyenne une douche pour 3,38 ménages.

Les modes de gestion des eaux usées, des excrétas et des ordures ménagères : 7,2% de ménages déversent leurs eaux usées dans la cour ;

53,3% les déversent dans les rues ;

4,5% dans les fosses ou puits abandonnés ;

25,9% les déversent dans les ouvrages de drainage pour les eaux pluviales.

Dans le domaine de gestion des excrétas, il y a en moyenne un lieu d'aisance pour 3,02 ménages. 86,9% de ménages utilisent de latrines et 2,3% disposent de WC modernes, pendant que 1,5% vont dans les toilettes publiques. L restes utilise les espaces publiques.

Les ordures ménagères sont déposées dans les conteneurs pour 43,1% de ménages. 15,7% de ménages les déposent dans les dépotoirs agréés et 26,8% abandonnent leurs ordures dans les dépotoirs « sauvages ».

Gamkallé comptait trois conteneurs à ordure tous localisés à Sebangueye dont un à l'intérieur du centre de santé intégré, et sept points de dépôts sauvages.

C'est dans ce contexte d'une urbanisation non contrôlée, non maitrisée qui devance les infrastructures urbaines de base, expose les populations des quartiers précaires à des risques, que s'inscrit le travail d'étude et de recherche. Ces transformations semblent freinées la progression vers l'atteinte des cibles des OMD et les stratégies de développement accéléré et durable auxquelles se sont souscrits les Etats.

L'examen de ce contexte et les observations de terrain ont suscité les questions suivantes :

§. Toute la population de Gamkallé a-t-elle accès à l'eau potable et à un système d'assainissement convenables ?

Au vu de la configuration du quartier Gamkallé, disposer de robinet avec compteur individuel ne pourrait être possible pour tous les ménages et l'insuffisance de système adéquat d'évacuation des eaux usées et de ruissellement contribuent à soutenir cette hypothèse.

§. Comment la population de Gamkallé procède t-elle pour accéder à l'eau potable et assainir son cadre de vie ? Dispose-t-elle suffisamment de l'eau pour ses besoins ?

Pour obtenir de l'eau potable et pour se débarrasser de ses déchets, la population doit utiliser des modes qui peuvent l'exposer aux risques sanitaires, créer des dommages environnementaux et économiques.

§. Quels sont les risques sanitaires, les coûts environnementaux et économiques que comportent les modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement ?

D'une part, disposer de l'eau en quantité insuffisante et de qualité douteuse, peut engendrer des facteurs de nombreuses maladies dont celles diarrhéiques. D'autre part, la durée des eaux usées et de ruissellement ainsi que celle des ordures ménagères à proximité des habitations est susceptible de générer les risques du paludisme et des dommages environnementaux.

§. Les normes internationales et nationales sont-elles observées lorsqu'il s'agit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers précaires comme Gamkallé ?

D'une part, disposer d'au moins 20 litres d'eau potable par jour et par personne et à moins de 200 mètres de la maison comme le préfigure l'OMS, sont des conditions qui ne seraient pas remplies par tous les ménages de Gamkallé. D'autre part, le quartier est contigu à la zone industrielle et on pourrait craindre que les normes internationales de rejet des effluents dans la nature ne soient pas respectées.

§.Dans ce contexte, quels liens possibles peut-on établir dans l'écheveau complexe d'interaction : eau potable-assainissement-santé-environnement-économie ?

Avoir accès à l'eau potable ne signifierait rien lorsque l'environnement serait insalubre. Un environnement insalubre peut-être porteur de risques de santé humaine, animale et végétale. Des populations humaines, animales et végétales en mauvaise santé produiraient moins et pourraient dépenser plus pour la santé.

§. A quelles conditions les reformes du sous secteur de l'hydraulique et le nouveau code de l'eau et de l'assainissement peuvent-ils favoriser la progression vers les cibles des OMD notamment dans les quartiers précaires?

Equiper les quartiers précaires en infrastructure urbaine de base facilitant leur accès convenable à l'eau et à l'assainissement resterait une condition nécessaire qui favoriserait la progression vers les cibles des OMD dans ce domaine.

§. Les hommes et les femmes sont-ils égaux face à la problématique d'accès à l'eau potable et à l'assainissement ?

La vulnérabilité des femmes et des enfants fait penser que ceux-ci peuvent-êtres les plus affectés par les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

1.2. Revue de littérature

L'accès à l'eau potable et à l'assainissement a fait l'objet de nombreuses études réalisées à des échelles différentes. Ces études qui, par le passé, sont beaucoup plus orientées vers les milieux ruraux où l'eau est un facteur de production important, s'intéressent aujourd'hui de plus en plus aux centres urbains du fait de la croissance démographique et spatiale des villes et les problèmes qui en découlent.

A l'échelle du monde

Les Nations Unies sont particulièrement préoccupées par les problèmes d'accès à l'eau et à l'assainissement. En mars 1977, à la conférence de Mer Del Plata, elles ont décrété les années 1981-1990, Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (DIEPA) qui devrait au terme de dix ans, favoriser à tous, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Deux ans après la DIEPA, lors du sommet de la Planète Terre de Rio de Janeiro, les Nations Unies ont inscrit dans leur agenda d'action la date du 23 mars de chaque année comme Journée Mondiale de l'Eau. Il s'agit de marquer cette journée de réflexions et d'actions en faveur de l'eau dans le monde. La synthèse de la table ronde sur l'eau potable et la santé dans les quartiers urbains défavorisés organisée par la conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, et le programme « solidarité eau » (PSEAU) à Sophia Antipolis du 21 au 23 février 1994 a fait deux constats : l'étalement des villes expose les populations à des graves dangers liés à la dégradation de l'environnement sous le regard impuissant sinon inconscient des autorités. Des conditions de vie précaires dans les zones périurbaines non lotis augmentent la vulnérabilité des populations, menacent les valeurs sociales et morales ainsi que la dignité humaine. Selon cette synthèse 80% des maladies et plus d'un tiers de décès dans les pays en développement sont liés à la consommation d'eau de mauvaise qualité et à un assainissement insalubre. Elle a aussi noté que les efforts conjugués de la communauté internationale et ceux des Etats lors de DIEPA ont permis une amélioration très significative d'accès à l'eau potable dans les milieux urbains alors que la situation dans les quartiers périurbains reste préoccupante. Le rapport mondial du PNUD sur le développement humain 2006 : « Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau » a énoncé la situation de l'eau et de l'assainissement en ces termes : « L'eau et l'assainissement figurent parmi les médicaments préventifs les plus puissants dont disposent les gouvernements pour faire baisser le nombre des maladies infectieuses. Les investissements dans ce domaine sont aux maladies meurtrières telle que diarrhée, ce que la vaccination est à la rougeole : ils sauvent des vies ».

Une étude menée par « India Institut of Médical Science » en 1996 montre que les enfants de moins de cinq ans ont jusqu'à trois épisodes de diarrhées par an, tandis que ceux qui vivent dans les zones urbaines irrégulières en ont jusqu'à huit (BHAN M.K. :2000). GORTER A. C. et col. (1991), soulignent à travers des études réalisées à Nicaragua que les enfants qui habitent la maison où la disponibilité en eau potable est faible ont un taux de diarrhée plus élevé (34%) que ceux qui bénéficient d'un meilleur approvisionnement. William D : (2007) a fait remarquer en ce terme « On croit souvent à tort qu'il suffit de disposer de médecins et des hôpitaux en quantité et en qualité pour obtenir le meilleur état de santé possible. Aussi importantes qu'elles soient, ces ressources ne suffisent pas ». L'environnement est donc déterminant pour l'état de santé. Wateraid, dans la synthèse de son dernier rapport (12 mai 2009), semble rappelé à la communauté internationale et aux pays pauvres que certaines

promesses des OMD n'auront qu'un effet d'annonce. Cette ONG britannique qui oeuvre pour l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les pays en développement révèle que :

Plus de 1milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable ;

Plus de 2 milliards de personnes dans le monde ne bénéficient pas de solutions de l'assainissement.

A l'échelle des villes Africaines

Les ouvrages réalisés dans le domaine de l'eau potable et de l'assainissement à l'échelle africaine sont aussi nombreux.

Dans une thèse de Doctorat en pharmacie sur « L'alimentation en eau potable d'une grande ville ouest africaine », LAOUSSE T. (1983) a souligné que la consommation de l'eau à Dakar est satisfaisante, aussi bien en quantité qu'en qualité. Cependant, il évoque avec insistance les différences croissantes d'alimentation en eau potable et l'urgence de mettre en place d'autres sources de captage au regard du rythme actuel de consommation à Dakar. SALEM G. (1998), dans son ouvrage « Santé dans la ville, géographie d'un petit espace dense : Pikine (Sénégal) » a procédé par une caractérisation de l'espace urbain qui fait transparaitre la santé comme un puissant révélateur des inégalités intra urbaines. Pour cet auteur, l'espace est un distributeur de facteurs de risques sanitaires notamment diarrhéiques et du paludisme. ADELINE T. (1997) a établi un lien entre la qualité de l'eau, le type d'adduction et le type d'aménagement et en vient à la conclusion que les populations qui ont recourt aux forages consomment de l'eau très souvent fortement polluée. Son analyse portait sur la qualité chimique et bactériologique des eaux souterraines en milieu périurbain au Cameroun. La thèse de Doctorat présentée par BANZA NSUNGU A. (2004) sur « L'environnement urbain et santé : la morbidité diarrhéique des enfants de moins de cinq ans à Yaoundé au Cameroun » a montré que le niveau d'accès à l'eau potable est plus préoccupant dans les zones d'habitation spontanée que dans les zones d'habitat planifié. REMIS-THOMAS N. est arrivé au constat que les quartiers périurbains non lotis ont des difficultés d'accès à l'eau potable. Il révèle que le problème d'approvisionnement est rendu beaucoup plus complexe par la configuration même de ces zones.

A l'échelle de Niamey

A l'échelle de Niamey, nombreuses sont les études réalisées dans le domaine de la pollution des ressources en eau et le cadre de vie collective que celles traitant de la problématique d'accès à l'eau potable dans la ville.

BECHLER-CARMAN N., MIETTON M., LAMOTTE M., (1999), sous le titre «Le risque de pénurie en eau potable dans la ville de Niamey », paru dans Sécheresse N°4, vol 10, avaient posé la problématique en termes de pénurie en cette ressource face à une population de plus en plus nombreuse. La pénurie s'exprime ici en termes

d'absence d'infrastructure et d'équipement devant accompagner la croissance démographique. Dans sa thèse de Doctorat sur « Cadre de vie et système de santé à Niamey », MOTCHO K. H. :(1991), a souligné la dégradation du cadre de vie à Niamey par des pollutions d'origine diverse qui affectent l'eau et la santé des populations urbaines. La gestion non maitrisée des déchets urbains est responsable d'aggravation des risques sanitaires, a estimé cet auteur. BONTIANTI A. (1992), dans un mémoire de maitrise de géographie, attirait aussi l'attention des gestionnaires de la ville sur l'ampleur que prenait le niveau d'insalubrité. L'étude conduite par HASSAN I.D. : (2005) sur « Déchets urbains : de gestion, pollutions et risques sanitaires majeurs dans la communauté urbaine de Niamey » a débouché sur une évaluation d'un ensemble de pathologies liées à l'insalubrité. Il s'agit principalement de la diarrhée, du paludisme, de la bilharziose et autres qui sont comptés parmi les dix principales maladies qui affectent la population urbaine. En 2008, dans un ouvrages intitulé : « Gestion des déchets à Niamey », SIDIKOU & BONTIANTI dressent un état des lieux qui doit interpeller les décideurs politiques, les partenaires à la coopération, les gestionnaires de la ville ainsi que les citadins de Niamey sur les problèmes que pose l'administration des déchets de la ville. Et à ces deux chercheurs de trouver le terme juste « Le tout dans la rue » pour qualifier une pratique urbaine qui, malheureusement, a encore de beaux jours devant lui, malgré ses conséquences sanitaires, esthétiques, environnementales et économiques. Pour améliorer la performance du sous secteur de l'hydraulique urbaine des reformes institutionnelles ont conduit à la signature d'un contrat dit de performance en 2001, entre le Groupe Veolia Water et ses filiales SEEN (l'ex-SNE), SPEN, ARM et l'Etat nigérien. La Stratégie de Développement Accéléré et de la Réduction de la Pauvreté, dans sa publication pour l'année 2008-2012 souligne qu'en 2009, 96,7% de ménages de Niamey ont accès à l'eau potable. Cependant, les différents modes d'accès à cette ressource restent un facteur de risque pour la santé de la population et l'environnement.

1.3. Les hypothèses

Hypothèse 1 : Au vu de la configuration actuelle de Gamkallé, il est évident qu'une bonne partie des habitants n'a pas directement accès à l'eau potable et à un assainissement adéquat.

Hypothèse 2 : Le manque d'infrastructures urbaines de base dans le quartier impose aux ménages d'autres modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

Hypothèse 3 : Les modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement à Gamkallé présentent des risques de santé publique et des coûts économiques.

1.4. Les raisons du choix du sujet et de la zone d'étude

Les raisons qui militent en faveur du choix de ce thème sont de plusieurs ordres. Le premier est qu'en tant qu'étudiant Tchadien venu poursuivre ses études de Géographie au Niger, nous sommes dans l'incapacité de choisir notre terrain en territoire Tchadien. En effet, en géographie, le mémoire est un travail d'étude et de recherche qui exige des passages répétés sur le terrain. Par conséquent, nous avons préféré orienter la thématique vers l'eau et l'assainissement dans les quartiers précaires de Niamey, en prenant l'exemple de Gamkallé. En d'autres termes, il s'agissait juste de choisir un thème que nous pourrons continuer à peaufiner même après le retour au pays.

La deuxième motivation est que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers précaires est aujourd'hui au centre des préoccupations des institutions du système des Nations Unies ainsi des politiques d'aménagement urbain au Tchad. Ces deux sous secteurs font partie des critères de classification utilisés par ces organismes pour déterminer les performances des pays dans la lutte contre la pauvreté : OMD, IDH, etc.

Par ailleurs, l'étude de la problématique de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers précaires peut permettre d'identifier les facteurs qui freinent le progrès vers l'atteinte des cibles des OMD8, notamment ceux qui préconisent de diminuer de moitié, d'ici à 2015, le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable et à l'assainissement. Elle peut permettre aussi d'apprécier au niveau local (celui du quartier), les insuffisances ou les performances des reformes initiées en juin 2001, dans le sous secteur de l'hydraulique par les pouvoirs publics.

Deux autres raisons fondamentales justifient le choix de Gamkallé comme la zone d'étude :

- Premièrement, on peut remarquer que la morphologie du quartier renseigne sur sa précarité, donc sur la vulnérabilité des ménages. Il est à noter que ce quartier, situé entre les zones péricentrale et périphérique, était un village rattrapé par l'urbanisation de Niamey. Pour cela, il a conservé ses traits ruraux : par la sinuosité des rues qui n'est pas favorable au développement d'un service en réseau comme celui de l'eau.

- Deuxièmement, on constate que la densité du bâti et de la population engendre une promiscuité qui a des conséquences sur la propagation des pathologies.

- Enfin, Gamkallé se rapproche beaucoup des quartiers précaires de N'Djaména (Dembé, Ridina, Chagoua Walia etc) concernés également par les programmes du système des Nations Unies évoqués plus haut.

8 Rapport mondial sur le développement humain, PNUD, 2005

1.5. Les objectifs

Objectif global : Etudier et analyser les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers urbains précaires et leurs impacts sanitaires et économiques sur les populations.

Objectif spécifique 1 : Décrire les dispositions naturelles, juridiques, institutionnelles et les politiques générales en matière d'eau potable et d'assainissement pour en déceler les acquis et les contraintes.

Objectif spécifique 2 : Etudier et analyser les différents modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans le quartier Gamkallé afin d'en élaborer les indicateurs de facteurs de risques sanitaires.

Objectif spécifique 3 : Faire une évaluation, à partir des indicateurs de risque de diarrhée et du paludisme, des impacts sanitaires et économiques liés aux problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans un quartier précaire.

1.6. Définition des concepts

Eau potable : OMS définit l'eau potable comme celle dont la consommation est sans danger pour la santé. Pour que l'eau soit qualifiée de potable, elle doit satisfaire à des normes relatives aux paramètres organoleptiques (odeur, couleur, turbidité, saveur), physico-chimiques (température, potentiel d'hydrogène (PH) etc.), microbiologiques (coliformes fécaux et totaux streptocoques fécaux etc.), des substances indésirables et toxiques (nitrates, nitrites, arsenic, plomb, hydrocarbures etc.). Pour chaque paramètre, des valeurs limites à ne pas dépasser sont établies.

Le fait qu'une eau soit potable ne signifie pas qu'elle est exempte d'agents pathogènes, mais que leur teneur a été jugée insuffisante pour déclencher une maladie. Les standards de référence dans ce domaine varient selon les époques et les pays. Au Niger, les normes de potabilité de l'eau proposées par la SEEN répondent aux exigences de l'OMS.

Accès à l'eau potable est donc la plus ou moins grande facilité avec laquelle on peut accéder à une source d'eau potable. Il se décline en termes de disponibilité de la source, de permanence, de distance qui sépare le ménage de son point d'eau (moins de 200m : OMS, 2003). Toujours est-il que le mode d'accès à l'eau potable et les conditions de stockage compromettent parfois sa potabilité. En termes de coût, l'accessibilité à l'eau potable est difficilement mesurable, puisque le prix de l'eau varie en fonction des villes, des quartiers, des saisons, du type d'infrastructure.

Assainissement : l'encyclopédie libre de Wikipédia définit l'assainissement comme
un processus par lequel des personnes peuvent vivre dans un environnement plus
sain. Pour cela, des moyens physiques, institutionnels et sociaux sont mis en oeuvre

dans différents domaines. L'assainissement est fortement lié à la santé publique en raison de nombreuses maladies liées à un milieu malsain. La proximité avec les eaux usées peut engendrer des maladies à transmission fécale, orale (diarrhée, typhoïde, hépatite, choléra) ou liées à un vecteur (paludisme, filariose, dengue). L'UNICEF et l'OMS utilisent l'accès à une latrine améliorée comme indicateur de l'assainissement de base, avant de considérer les eaux usées et les déchets solides.

Enjeux : L'enjeu est une valeur morale ou matérielle que l'on risque dans une activité. Il est donc ce que l'on peut gagner ou perdre dans une entreprise ou une activité économique. Tout enjeu présente de risques. Appliquée au concept « accès à l'eau potable et à l'assainissement », la notion d'enjeu fait essentiellement référence à la perte ou gain en état de santé ainsi qu'en esthétique respectivement de la population et du cadre de vie.

Précarité : La précarité est une forte incertitude de conserver ou d'accéder à une situation acceptable dans un avenir proche. Elle est caractérisée par l'absence d'une ou de plusieurs sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. C'est une notion subjective et relative, puisqu'elle se définit par rapport à une « situation acceptable » au sein d'une société donnée. Les Nations Unies utilises quatre critères pour définir un quartier précaire : 1/ l'accès à l'eau potable ; 2/ l'assainissement ; 3/ la qualité du logement ; 4/ la densité du logement.

Gamkallé : Selon le chef du quartier (celui de G. Gollé), à l' origine le mot était une phrase en langue Zarma qui dit : « Aï gamma kan aï kali ». Restituée en français, elle signifie : « Mon espace que j'ai clôturé (aménagé). Et comme la formation des noms de nombreux villages, villes, et mêmes pays des colonies d'Afrique française, l'expression a évolué pour donner le nom que nous connaissons aujourd'hui « Gamkallé ». L'origine du nom de ce quartier fait comprendre qu'il était un village de pratique agricole et pastorale où l'agriculteur ne délimite pas seulement son espace de culture, mais doit le clôturer pour le maître à l'abri des animaux domestiques.

2. LA METHODOLOGIE

La démarche méthodologique adoptée comporte une présentation des objets d'étude, les techniques et les méthodes utilisées.

2.1. Présentation des objets d'étude

L'objectif principal est d'étudier et d'analyser les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, puis d'évaluer les impacts sanitaires liés aux modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans un quartier précaire à travers l'exemple de Gamkallé à Niamey. Pour parvenir, nous avons procédé à une étude et une analyse des différents modes que la population de Gamkallé utilise pour accéder à l'eau potable et à l'assainissement convenables.

Nous nous sommes intéressés aux 8 variables suivantes :

La répartition des points d'eau auxquels ont recours les ménages du quartier Gamkallé. Pour cette variable, nous avons localisé les 25 bornes fontaines à l'aide d'un GPS et évaluer l'état d'hygiène du périmètre du point d'eau et sa proximité aux ménages ;

Nous avons déterminé les distances séparant les ménages d'une borne fontaine la plus proche, les volumes d'eau consommée par jour et par personne, le nombre de toilettes et latrines par ménage et par personne, les fréquences d'entretien des toilettes, fréquences d'enlèvement des eaux usées.

Pour ces dernières variables, les données sont collectées auprès des ménages à l'aide d'un questionnaire structuré sur le logiciel sphinx. Cela a fait l'objet d'une enquête de terrain au cours de laquelle, une soixantaine de questions est adressée aux ménagères et à défaut, au chef de ménage. Nous avons considéré les variables suivantes pour élaborer les indicateurs de risques diarrhéiques liés à l'eau de boisson et de risques du paludisme liés à l'environnement insalubre :

Le type de points d'eau auxquels ont recours les ménages ;

Le type de récipients utilisés pour les collectes et le stockage ; La salubrité des points d'eau ;

Les conditions de collectes, de transport, de stockage et la durée du stockage ;

Les systèmes d'évacuation des eaux usées et de ruissellement ; Les eaux stagnantes (rues et caniveaux);

L'hygiène (désinfection) des maisons et des toilettes;

Type et proximité du lieu d'aisance avec les sources d'eau.

Toutes ces données sont prises en compte dans les guides d'entretien que nous avons administré auprès des gérants des bornes fontaines, des vendeurs d'eau ou Garoua (en Haoussa), des chefs de service de l'hygiène et de l'assainissement de la commune IV, du CSI de Gamkallé et le questionnaire adressé aux ménages. A tout cela s'ajoutent nos observations de terrain ainsi que la revue de littérature.

2.2. Techniques et méthodes utilisées

Elles ont consisté en une recherche documentaire, des observations de terrain, la réalisation des enquêtes par questionnaire et en des entretiens auprès des acteurs et usagers d'eau potable et assainissement.

2.2.1. Recherche documentaire

Il s'agit d'une exploration de la littérature s'inscrivant dans la ligne du thème du travail de recherche. Nous avons fréquenté notamment : la primature, le ministère de l'hydraulique et de l'environnement, le ministère de la santé publique, l'Institut National de la Statistique (INS), l'OMS, l'UNICEF, la JICA, le CCFN, l'IRSH, la bibliothèque de la FLSH, la bibliothèque du département de Géographie, le centre de documentation des Nations Unies, la Commune Urbaine de Niamey IV, l'ONG Eauvive, la SEEN, l'ONG Mercy corps. Ces différents lieux nous ont permis d'avoir accès à une littérature abondante sur l'eau et l'assainissement d'une manière générale et précisément au Niger. Ils nous ont permis de découvrir les différentes techniques et méthodes utilisées par les chercheurs pour aborder la thématique de l'eau et de l'assainissement à travers le monde, en Afrique et au Niger.

2.2.2. Observations de terrain

Pour nous rendre compte de la configuration complexe du quartier, des états des caniveaux non curés, des voies sinueuses qui se terminent en impasse, des égouts à ciel ouvert, des dépotoirs officiels et « sauvages », l'état d'hygiène des maisons et des points d'eau, nous avons procédé par des visites de terrain. Ces visites nous ont permis d'assister directement aux efforts que consentent quotidiennement les ménagères de Gamkallé pour se procurer de l'eau potable ou encore rendre salubre leur cadre de vie. C'est aussi au cours de ces visites que nous avons réalisé les photographies.

2.2.3. Enquêtes

Dans la chaine d'acteurs d'utilisation de l'eau et de la gestion des déchets, nous avons considéré les ménages et plus particulièrement les femmes (les jeunes filles et les enfants) comme notre première population cible. Certains ménages préfèrent s'approvisionner chez les vendeurs d'eau et d'autres aux bornes fontaines ce qui nous a conduit à considérer les gérants des bornes fontaines et les vendeurs d'eau comme une deuxième population cible. Notre objectif est d'administrer une soixantaine de questions auprès de 80 ménages choisis aléatoirement dans le quartier Gamkallé. Selon le poids en nombre de ménages de chaque sous ensemble qui compose ce quartier, cinquante (50) ménages de Gamkallé Gollé et 30 ménages de Gamkallé Sebangueye étaient sollicités pour répondre à nos questions. Nos

questionnaires structurés sont saisis sur le logiciel sphinx et imprimés sur des papiers format A4.

2.2.4. Les entretiens

Pour collecter certaines données relatives aux variables constituant nos objets d'étude, nous avons procédé outre les enquêtes domiciliaires, aux enquêtes semi-directives au moyen des guides d'entretien auprès d'autres acteurs décideurs ou administrateurs en matière d'eau potable, assainissement. Ainsi, un guide d'entretien était adressé à la Société des Patrimoines des Eaux du Niger (SPEN), un autre à la Société d'Exploitation des Eaux du Niger (SEEN) afin de savoir les politiques présentes, à court et à long terme pour les quartiers précaires. Nous avons sollicité le centre de santé intégré de Gamkallé afin de rechercher le profil épidémiologique du quartier. Enfin, un guide pour le service de l'hygiène et de l'assainissement de la commune IV afin d'obtenir les mesures prises et les résultats obtenus dans le domaine d'eau potable et assainissement.

Outre les données collectées, nos interviews avec les décideurs et acteurs et usagers de l'eau potable et assainissement nous ont permis de déceler les relations conflictuelles qui constituent des freins aux activités normales.

2.2.5. La cartographie

Nous avons réalisé une carte de localisation de la zone d'étude (Gamkallé) dans la communauté urbaine de Niamey et une carte de Gamkallé. Une carte de réseau d'adduction en eau potable dans le quartier Gamkallé est réalisée pour souligner la faiblesse en densité de ce réseau. Nous avons réalisé une carte pour présenter les positions relatives des bornes fontaines dans le quartier et une autre pour les dépotoirs officiels et sauvages. Une carte qui montre l'excentricité des principales voies de Gamkallé. Enfin, nous avons proposé une carte d'aménagement du quartier.

2.2.6. Le matériel utilisé

Le matériel utilisé dans ce travail est composé :

- d'un appareil photo numérique pour réaliser des images ;

- d'un GPS numérique pour déterminer les coordonnées des lieux.

- d'un ordinateur portable pour saisir les textes et traiter les données.

2.2.7. Analyse et interprétation des données

Les résultats de nos enquêtes collectés sont intégrés au logiciel sphinx pour faciliter les dépouillements. Outre ces données, nous disposons de celles fournies par la revue de littérature. Nous avons croisé les données de nos travaux et construit des tableaux et des figures qui permettent des analyses et interprétations beaucoup plus compréhensibles.

3. LES DIFFICULTES RENCONTREES

Ce travail d'étude et de recherche a été réalisé sans bourse d'études. Par conséquent nous avons éprouvé d'énormes difficultés à mobiliser des ressources nécessaires à la réalisation du document. Il existe très peu de travaux réalisés sur la problématique d'accès à l'eau potable dans la ville de Niamey. Il est donc difficile de trouver des données précises sur la thématique.

Sur le terrain de collecte des données, certaines informations nous sont volontairement refusées par certains administrateurs (la SEEN) qui les jugent très sensibles. Au niveau des ménages, nos questions qui, en générale s'intéressent à la vie privée, ne trouvent pas très bonne audience chez certaines ménagères qui se voient gêner de parler de leur vie quotidienne. La non maitrise de la langue de mon milieu d'étude, fait que je dois le plus souvent me faire accompagner par un guide auprès des ménages pour la collecte des informations.

A cela s'ajoute le contexte psychologique assez marqué à la suite de l'incendie du 19 Aout 2010 qui a calciné tous les travaux de recherche dans l'ordinateur, dans les clés USB, les supports manuscrits ainsi que d'autres effets de la maison.

La restitution des résultats est structurée en cinq chapitres. Le premier s'articule autour des politiques générales en matière d'eau potable et de l'assainissement. Le second aborde la présentation générale et la desserte en infrastructures urbaines de base du quartier Gamkallé. Le troisième chapitre s'attèle à la question d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans le quartier Gamkallé. Le chapitre quatre procède à l'évaluation des risques sanitaires liés aux problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Et enfin, le chapitre qui propose quelques pistes d'aménagement du quartier.

CHAPITRE I : LES POLITIQUES GENERALES

EN MATIERE D'ACCES A L'EAU POTABLE ET

ASSAINISSEMENT

Le chapitre I étudiera les politiques générales mises en oeuvre à travers les instruments juridiques, institutionnels et techniques pour garantir à toute la population l'accès équitable et convenable à l'eau potable et à l'assainissement. Ce chapitre nous permettra de déceler les limites de ces politiques générales.

1.1. L'inventaire des ressources en eau 1.1.1. Les ressources en eau de surface

Les potentialités hydrauliques du Niger sont élevées. Le pays dispose de 30 milliards9 de mettre cube par an d'écoulement superficiel concentré en grande partie dans le fleuve Niger (moins de 1% actuellement exploité). Cette source est utilisée par la SEEN pour la production de l'eau potable dans la ville de Niamey et Tillabéry.

La dégradation du régime pluviométrique enregistrée ces dernières années menace d'ensablement le fleuve Niger. Ce qui, à la longue, peut augmenter les coûts des ouvrages hydrauliques urbains ainsi que les charges récurrentes et par conséquent l'augmentation du prix de l'eau chez le consommateur.

1.1.2. Les ressources en eau souterraine

Les eaux souterraines sont constituées de 2,5 milliards de mettre cube d'eau souterraine renouvelable par an dont moins de 20% sont exploités pour les besoins de l'hydraulique villageoise, pastorale, et urbaine, de 2000 milliards10 de mettre cube d'eau constituant une réserve non renouvelable. Une infime partie de cette réserve est utilisée dans le cadre des activités minières au nord du pays.

Au Niger, l'eau disponible pour les usages humains représente environ 500 m3 par an et par habitant, mais la production d'eau au Niger s'élève aujourd'hui à environ 150l/jour/habitant, soit 0,15m3.

1.2. Les instruments de gestion de l'eau et de l'assainissement

Il s'agit d'exminer les politiques générales, décrets, ordonnances et lois qui réglementent l'usage de l'eau et garantissent la protection de l'environnement afin de relever leurs insuffisances.

1.2.1. Politiques et stratégies internationales en matière d'eau potable et d'assainissement

La réalisation des OMD11 dans leur ensemble est, en grande partie, tributaire de la
politique d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. En effet, l'association des
services d'approvisionnement en eau potable et assainissement hygiénique est une

9 Eau potable, hygiène et santé ; Guide du cadre : Société d'Exploitation des Eaux du Niger (VEOLIA Eau). P 18

10 Idem

11 http://www.un.org/french/millennium...

condition préalable au succès de la lutte contre la pauvreté et la faim (objectif 1), l'éducation primaire (objectif 2), l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (objectif 3), la mortalité de l'enfant (objectif 4), la santé maternelle (objectif 5), le VIH/SIDA et le paludisme (objectif 6), l'assurance de l'environnement (objectif 7) et la mise en place d'un partenariat mondial (objectif 8). C'est pourquoi depuis le 28 juillet 2010, l'ONU a reconnu que l'accès à une eau potable de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l'homme et demande l'aide technologique et financière des Etats membres. Les préconisations énoncées dans l'observation mettent en exergue : l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des stratégies, de la législation et des politiques sur l'eau ; l'identification d'indicateurs et de critères permettant d'assurer le suivi de la mise en oeuvre du droit à l'eau ; tout particulier ou tout groupe dont le droit à l'eau a été enfreint doit avoir accès à des recours effectifs, judiciaires ou autres, à l'échelle nationale et internationale. L'objectif dans le domaine est d'emmener les Etats à garantir l'accès à une eau potable de qualité et en quantité suffisante, et à un environnement salubre comme un droit constitutionnel à l'exemple de l'Uruguay en article 47 de sa constitution. Ainsi, le référentiel mobilisateur adopté par la communauté internationale, les OMD, est assorti des indicateurs qui sont des instruments permettant de mesurer et d'évaluer les politiques et stratégies envisagées.

1.2.1.1. Les indicateurs de l'UNICEF/OMS12 en matière d'accès à l'eau potable et le cas de Gamkallé

Le programme conjoint UNICEF/OMS de suivi et évaluation pour le secteur de l'eau

et l'assainissement utilise les indicateurs suivants pour désigner l'accès à une source améliorée :

- Le raccordement individuel au réseau (maison, cour, jardin). Pour cet indicateur, notre étude de terrain a montré que seulement 5% de ménages de Gamkallé disposent d'un robinet individuel ;

- Les bornes fontaines publiques. L'approvisionnement en eau potable aux bornes fontaines publiques concerne 55% de ménages de Gamkallé ;

- Les forages, puits ou source protégée. Il y a une proportion de 2,5% de ménages de Gamkallé qui utilise l'eau des puits. Cependant, ces ménages affirment ne pas faire usage de cette source comme eau de boisson mais pour abreuver les animaux domestiques, faire la lessive et vaisselle, fabriquer des briques et autres.

Les sources non améliorées désignent :

- Les puits ou source non protégée. Aucun ménage de notre échantillon que nous avons visité n'a fait usage de cette source.

12 Guide d'utilisation des indicateurs agréables dans les Etats étrangers à l'AFD, 2007, P 10 ; 11 ; 12

- Les charrettes à petit réservoir. Cet indicateur renvoie au mode utilisé par les vendeurs d'eau informel, les Garoua (en Haoussa). Nos enquêtes ont montré que 35% de ménages interrogés s'approvisionnent en eau chez les Garoua ;

- Les eaux de surface non traitées (l'eau du fleuve par exemple). Il y a une proportion de 2,5% de ménages de Gamkallé qui utilisent par moment l'eau du fleuve pour les lessives et la baignade en période de chaleur.

En somme, 62,5% (5% branchements particuliers, 55% bornes fontaines et 2,5% puits protégés) de ménages de Gamkallé ont accès à des sources améliorées selon les indicateurs édictés par le programme conjoint UNICEF/OMS. Cependant, l'usage de l'eau des bornes fontaines publiques est souvent accompagné des nombreux facteurs de risque de contamination que le titre 4.1.4.2.1 du chapitre IV de ce document a révélé.

1.2.1.2. Les indicateurs de l'UNICEF/OMS13 en matière d'accès à un système d'assainissement et le cas de Gamkallé

Les indicateurs que le programme conjoint UNICEF/OMS utilise pour désigner un système d'assainissement amélioré sont les suivants :

- Les toilettes avec chasse d'eau s'évacuant vers un réseau d'assainissement ;

- Une fosse septique. Les ménages de Gamkallé que nous avons interrogé ne disposent pas de ces deux systèmes d'assainissement amélioré.

- Les latrines améliorées (par exemple des latrines ventilée, latrines sèche avec du compost ou latrines à fosse avec dalle). Pour cet indicateur, notre étude a montré que 75% de ménages de Gamkallé interrogés, disposent de latrines à fosse, mais seules les 57% sont recouvertes d'une dalle.

Par système d'assainissement non amélioré, on entend :

- Les toilettes avec chasse d'eau s'évacuant dans la rue, le jardin, une tranchée etc. Nous avons constaté que de nombreux ménages de Gamkallé laissent couler leurs eaux de toilette dans les rues et ruelles du quartier.

- Latrines à fosse sans dalle, sceau, toilettes suspendues, etc. On dénombre à Gamkallé 18% de latrines en usage qui sont sans dalle et de nombreuses toilettes qui laissent leurs eaux usées couler dans les rues du quartier.

Bref, l'accès à un système d'assainissement amélioré selon les exigences internationales (UNICEF/OMS) reste une situation préoccupante dans le quartier Gamkallé. Car, si 57% de ménages ont des latrines recouvertes d'une dalle, deux réalités remettent en cause ce mérite. Nous avons, premièrement constaté sur le terrain que nombre de ces latrines améliorées sont souvent remplies jusqu'aux abords

13 Guide d'utilisation des indicateurs agréables dans les Etats étrangers à l'AFD, 2007, P 10 ; 11 ; 12

des dalles et cela peut présenter de risques de contamination pour les usagers. Deuxièmement, de nombreux ménages qui partagent une même concession utilisent parfois la même latrine. Dans ce dernier cas, l'indicateur précise que seules les installations non partagées et non publiques sont considérées comme améliorées.

1.2.2. Les instruments de gestion de l'eau

1.2.2.1. Les instruments juridiques

Ce sont des lois et décrets qui servent à réguler l'usage de l'eau dans une large mesure. L'Etat, à travers le ministère de l'hydraulique et de l'environnement, a généré un certain nombre de dispositions. Ainsi, dans l'ordonnance14 N°93-014 du 02 mars 1993, portant Régime de L'Eau, modifiée par la Loi N° 98-0141 du 7 Décembre 1998, nous pouvons souligner deux articles: l'article 7 stipule que « L'objectif premier de l'Etat dans ce domaine, est de mettre à la disposition de chacun de l'eau en quantité et de bonne qualité ». L'article 8 énonce en ce terme «La distribution des ressources en eau doit tenir compte des besoins économiques et sociaux des populations tels que : les besoins domestiques, les besoins publics, les besoins agricoles et pastoraux, les besoins de la pisciculture, les besoins de la navigation, les besoins de la production d'énergie électrique, les loisirs, les besoins pour assurer la fonction d'évacuation des eaux résiduaires et des déchets.

Cette même ordonnance précise dans son chapitre III, en son article 10 que « Toute personne a le droit d'utiliser et de disposer des eaux relevant du domaine publique ».

Le dernier acte juridique en date du premier Avril 2010 instituant le code de l'eau, notamment l'ordonnance 2000-09 loi-eau qui est assortie d'un fonds pour l'eau et assainissement fait figure de nouvelles politiques pour assurer une gestion durable.

Ces exemples des textes juridiques en matière d'usage de l'eau et de l'assainissement, reflètent l'engagement au plus haut niveau de l'Etat pour une gestion rationnelle et une distribution équitable de cette ressource qu'est l'eau. Cependant, avoir accès à l'eau potable et à un environnement salubre est une autre réalité qui met en défi ces dispositions juridiques et révèle chaque jour l'inégalité des sociétés quand il s'agit d'accéder aux ressources. Car il implique au-delà de ces dispositions, des réalisations en infrastructures permettant l'accès en qualité et quantité de l'eau et pour chaque personne où qu'elle soit.

14 Ordonnance n°93-014 du 02 Mars 1993, portant Régime de l'eau, modifié par la loi n°98-041 du 7 Décembre 1998, Ministère de l'hydraulique et de l'environnement.

1.2.2.2. Production, transport et distribution de l'eau potable dans la ville de Niamey

La production, le transport et la distribution de l'eau potable dans les centres urbains au Niger sont assurés, depuis 2001, par la SEEN en partenariat avec le ministère de l'hydraulique et de l'environnement, l'ARM, la SPEN et le groupe Veolia eau.

En effet, dans le cadre de la reforme institutionnelle du sous secteur de l'hydraulique urbaine, l'Etat a privatisé l'ex-Société Nationale des Eaux (SNE) et a confié à un opérateur privé (le groupe Veolia eau) qui détient 51% des actions, les 34% des parts reviennent aux privés nigériens, 10% aux salariés de la SEEN et seulement 5% à l'Etat. Le groupe possède par conséquent, et malheureusement, la direction et les décisions d'une entreprise dont les services sensibles s'adressent aux populations.

Selon les termes du contrat, la SPEN, concessionnaire du patrimoine de l'hydraulique urbaine, est donc responsable de la gestion de ce patrimoine, du service de la dette, de la mise en oeuvre des programmes d'investissement et assure la réalisation des grands travaux tels que la construction des châteaux et des canalisations.

La SEEN est la société fermière. Elle a la responsabilité de la gestion technique et commerciale de la production et de la distribution de l'eau. Elle assure l'exploitation et l'entretien de l'infrastructure et du matériel d'exploitation, du renouvellement du matériel d'exploitation, de l'exécution des branchements et des poses compteurs. La SEEN gère le service affermé depuis le 1er juin 2001 sous le contrôle de la SPEN et de l'ARM selon les règles de l'art définies dans ce contrat de performance.

L'Etat (ministère de l'hydraulique et de l'environnement) est responsable de la définition de la politique sectorielle, de l'élaboration du cadre administratif, et réglementaire, de la gestion des ressources en eau et de la politique tarifaire.

L'Autorité de Régulation Multisectorielle (ARM) est chargée de veiller à l'application des textes législatifs et réglementaires, aux respects des contrats entre la SPEN et l'Etat d'une part et d'autre part entre la SPEN et la société fermière, et d'arbitrer les éventuels conflits. Veolia Water apporte son expertise et son expérience dans le domaine de l'eau potable et de l'assainissement.

Cependant, l'Etat ne paie pas régulièrement ses factures d'eau et l'augmentation régulière des tarifs d'eau prévue dans le contrat (selon la SEEN) ne s'était plus réalisée depuis 2006. Ce qui ne favorise pas le réinvestissement et l'extension de réseaux d'adduction d'eau dans les périphéries. Le personnel du ministère de l'hydraulique et de l'environnement se plaint de la collaboration très faible ou inexistante avec la SEEN.

1.2.2.2.1 Les mécanismes de production de l'eau potable

L'eau représente un milieu extrêmement complexe. Outre les molécules H2O, on y trouve principalement des gaz dissous tels que oxygène (O), de dioxyde de carbone (CO2), de l'azote (N), de méthane (CH4) ; une centaine d'éléments minéraux (calcium, magnésium, sodium, potassium, carbonates, bicarbonates, nitrates, chlorures, fer...) provenant du lessivage. Et enfin, plusieurs millions d'éléments organiques provenant de la décomposition des plantes et des animaux présents dans le milieu ou dans les sols lessivés par la pluie. Ainsi, à l'état naturel, l'eau contient de nombreuses substances, neutres, bonnes ou mauvaises pour la santé lorsqu'elles sont présentes en trop grande quantité, et qui peuvent être invisibles à l'oeil nu. L'eau à l'état naturel doit subir de traitement pour être bonne à la consommation.

La SEEN possède deux stations de traitement ou de potabilisation de l'eau : la station de Goudel avec une capacité de 80 000 m3/jr et la station de Yantala avec 30 000 m3/jr.

Une fois prélevée du fleuve Niger, l'eau va subir plusieurs types de traitement afin de la rendre propre à la consommation. Cinq étapes sont nécessaires dans ce processus de potabilisation :

1/ Dégrillage et tamisage

L'eau est d'abord filtrée à travers une simple grille afin d'arrêter les plus gros déchets qui s'y trouvent (feuilles, insectes, particules de plus de 1 mm). Elle passe ensuite dans des tamis à mailles fines retenant les déchets les plus petits.

2/ Floculation et décantation

Un coagulant est ajouté à l'eau pour rassembler les déchets flocons encore présents dans l'eau (poussières, particules de terre, oeufs de poissons, etc.). Les flocons, plus lourds que l'eau, se déposent au fond du bassin de la décantation et 90% des matières en suspense sont éliminés.

3/ Filtration

L'eau traverse un filtre, lit de sable et/ou filtre à charbon actif. La filtration à sable élimine les matières encore visibles à l'oeil nu. Les filtres à charbon actif retiennent les micropolluants comme les pesticides et consomment une grande partie de la matière organique « cassée par l'ozone ».

4/ Ozonation

L'eau est désinfectée par l'ozone qui a une action bactéricide et antivirus. Ce gaz mélangé à l'eau, agit aussi sur les matières organiques en les cassant en morceaux. Il améliore également la couleur et la saveur de l'eau.

5/ Chloration

On ajoute du chlore à la sortie de l'usine et différents points du réseau de distribution afin d'éviter le développement de bactéries et de maintenir la qualité de l'eau tout le long du parcours dans les canalisations. A chaque étape du processus, un échantillon de l'eau est prélevé et analysé au laboratoire.

1.2.2.2.2 Transport et distribution de l'eau potable dans la ville

L'eau potable ainsi produite est pompée dans les châteaux. Elle est transportée par les conduits souterrains vers les consommateurs. Pour garantir la potabilité de l'eau après le robinet, la SEEN organise des modules de formations et des sensibilisations à l'hygiène de l'eau et de la santé.

Malheureusement, ces formations se limitent aux personnels de la société et les sensibilisations restent faibles auprès des consommateurs surtout dans les quartiers pauvres.

L'eau potable est le résultat d'un long processus au cours duquel une succession d'opérations techniques à haute valeur ajoutée sont mises en oeuvre. Il est bien évident que l'eau potable représente un prix.

1.2.2.2.3. Les contrôles de la qualité de l'eau aux robinets

Chaque mois, deux prélèvements sont effectués au niveau des robinets. Ces échantillons prélevés sont analysés au laboratoire de la SEEN. Des analyses de contre expertise respectivement de LANSPEX, de la SPEN et de l'ARM doivent confirmer ou (infirmer) les résultats de la SEEN pour identifier l'eau aux normes de potabilité fixées par l'OMS (confère annexe N°9)

1.2.3. La facturation de l'eau potable

Selon l'arrêté N° 00008/MHE/LCD du 26/01/2006, du ministère de l'hydraulique et de l'environnement en charge de fixation du prix de l'eau, les tarifs de l'eau au Niger varient selon les catégories des clients consommateurs. Le prix du m3 d'eau est fixé à 127f CFA pour les bornes fontaines. Ceci vise à favoriser les ménages à faibles revenus ne disposant pas de branchement particulier et qui s'adressent aux bornes fontaines. Les administrations centrales, offices, commerces et collectivités s'acquittent le mètre cube à 425f CFA. Les unités industrielles bénéficient d'une

faveur et paient le mètre cube à 413f CFA. Par contre, les branchements particuliers sont soumis à une facturation contraignante, résultant du principe préleveur-payeur du crédo du développement durable. En effet, pour cette catégorie parmi lesquels se trouvent les ménages, la quantité de 0 à 10 m3 consommée dans le mois est payée à 127f/m3. La quantité de 11 à 40 m3 suivante est payée à 279f/m3. Et enfin de 41 m3 et plus, le consommateur paie 448f/m3 (confère annexe N°8).

Les quartiers précaires dans lesquels les ménages n'ont pas accès direct à un branchement privé, ne bénéficient pas d'une « catégorie exceptionnelle » où la tarification leur est favorable.

Cependant, il est bien difficile de savoir le coût de production d'1m3 d'eau potable par la SEEN car l'entreprise estime n'être pas en mesure de livrer cette donnée. En d'autres termes le consommateur ne doit pas savoir le prix de revient de l'eau mais doit se contenter de payer régulièrement sa facture mensuelle. Il manque donc de la transparence !

Le service client de la SEEN est vu par les ménages comme étant l'un des plus défaillants des services commerciaux d'une entreprise que l'on peut rencontrer. En effet, pour payer sa facture de consommation mensuelle, le client peut passer des heures, voire des jours dans la file d'attente avant d'atteindre un guichet de payement de l'agence commerciale. A cela s'ajoutent de nombreuses situations fréquentes de conflits entre les clients et les administrateurs des agences de la SEEN, résultant en général du non respect des termes du contrat liant la SEEN au client.

1.3. Les instruments de gestion de l'assainissement

Il s'agit d'analyser quelques instruments qui permettent de prévenir et de gérer l'environnement direct des populations urbaines afin de réduire les risques sanitaires.

1.3.1. Les dispositifs institutionnels : le ministère de l'hydraulique et de l'environnement

L'ordonnance N°93-01415 du 02 Mars 1993, portant Régime de l'eau, modifiée par la loi N°98-041 du 7 Décembre 1998, énonce trois articles qui sont significatifs pour la protection des eaux et de l'espace urbain.

L'article 27 stipule qu'il est interdit de faire un dépôt d'immondices, d'ordures ménagères, pierres, graviers, bois, déchets industriels, dans le lit ou sur les bords des cours d'eau, lacs, étangs ou lagunes et caniveaux du domaine public. De même, il est interdit d'y laisser écouler les eaux infectées ou nuisibles. L'article 28 de ce même titre avertit que tout déversement, dépôt, et enfouissement de déchets, de corps ou de

15 Ordonnance n°93-014 du 02 Mars 1993, modifié par la Loi n°98-041 du 7 Décembre 1998 : Ministère de l'hydraulique et de l'environnement

liquides usés qui sont d'une manière susceptibles d'altérer directement ou indirectement la qualité des eaux souterraines, sont interdits. L'article 29, s'énonce en ces termes : Tout déversement d'eaux usées, domestiques ou industrielles, est interdit sur les voies publiques et toléré dans les caniveaux, sauf dispositions contraires de la municipalité ou de l'autorité compétente.

La municipalité ou l'autorité compétente est tenue de veiller au bon fonctionnement des caniveaux et égouts publics et de les débarrasser de tout objet pouvant ralentir ou interrompre la circulation des eaux. Le ministère de l'hydraulique et de l'environnement a la charge de veiller au respect de ces règles édictées.

Cependant, l'application de ces règles juridiques reste tellement souple qu'elles n'ont de force que dans leur énoncé. Elles ne sont presque jamais assorties de sanctions. Exemple : les rares caniveaux de Gamkallé dont le curage relève de la compétence du service de l'hygiène et de l'assainissement de la commune IV, ne sont pas régulièrement curés et sont souvent obstrués par des dépôts de tout genre. De nombreux ménages laissent couler leurs eaux usées sur les voies publiques sans être inquiétés.

1.3.2. Les instruments administratifs et techniques

La forme administrative et technique de la politique d'hygiène et d'assainissement est représentée par les services d'hygiène et d'assainissement des communes.

1.3.2.1. Le service d'hygiène et d'assainissement de la CN IV

Au sein de la commune IV, il est créé un service d'hygiène et d'assainissement dont les attributions consistent à assurer la salubrité des quartiers relevant de son domaine, la construction et le suivi des ouvrages d'assainissement, et enfin sensibiliser les populations sur les règles d'hygiène et d'assainissement et faire respecter ces règles.

Cependant, limités par les moyens humains, financiers et logistiques, les deux sous services (le service d'assainissement chargé de la gestion des déchets solides et liquides et le service d'hygiène alimentaire chargé de contrôler la qualité des aliments) sont débordés et par conséquent inefficaces.

1.3.2.2. Les partenaires

Dans le domaine de l'eau potable, l'AFD et la BM interviennent pour la réalisation des branchements sociaux.

Dans le domaine de l'hygiène et de l'assainissement les partenaires comme AIMF (association internationale des maires francophones), PDIL (programme de développement des infrastructures locales), PAC (Programme d'action communautaire), MERCY CORP apportent leur soutien aux différents services.

La SEEN et les services d'hygiène et d'assainissement des communes, notamment la commune IV n'entretiennent pas de relations assez privilégiées qui pourront permettre de coordonner les actions en matière d'hygiène et d'assainissement.

1.3.2.3 Autres opérateurs informels

Pour compenser les insuffisances de la politique en matière d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, le secteur informel propose son service au niveau du quartier. Notamment les vendeurs d'eau ou Garoua qui transportent l'eau des bornes fontaines éloignées aux ménages moyennant 25f CFA un bidon de 20l.

Des enfants (Talibés) ou des adultes d'un certain niveau social du quartier qui se proposent d'enlever les ordures ménagères jusqu'au dépotoir contre une somme d'argent. Parmi les opérateurs informels il y a les éboueurs traditionnels qui, avec des équipements sommaires, s'emploient à vider les latrines dans les ménages contre une somme d'argent qui varie selon la quantité d'excréta enlevée.

Le chapitre I a permis de découvrir que le Niger dispose un potentiel important de ressources en eau, mais les politiques mises en oeuvre pour assurer à tous les citoyens un accès équitable à l'eau potable de qualité et en quantité ainsi qu'à un environnement respectueux de la santé, restent limitées et peu efficaces.

CHAPITRE II : PRESENTATION GENERALE DU

QUARTIER GAMKALLA ET LA DESSERTE EN

INFRASTRUCTURES URBAINES DE BASE

Ce chapitre permettra d'aborder l'historique du quartier Gamkallé, sa configuration géographique avant d'arriver à sa desserte en infrastructures urbaines de base. Ce qui permettra de diagnostiquer les manques en infrastructures de base qui ont pour conséquence de limiter l'accès des ménages aux services et ressources urbains comme assainissement et eau potable.

2.1. Présentation générale du quartier

2.1.1. L'historique et croissance démographique du quartier Gamkallé

Gamkallé est un village précolonial créé, probablement, vers le XVII ème siècle par des Zarma. Ce village était dès les premiers temps de sa création, composé de deux quartiers : Sébangueye et Golé. Le premier a été installé par Haoula, descendant de Sébangou-Mali, sur les terres de son oncle Zem, chef du village de Goudel. Quant à Golé, il fut créé par un Golé-Zarma, lui aussi un refugié de Zem. La chefferie de ce village, qui relevait du canton N'dounga, était entre les mains des descendants de Sébangou jusqu'en 1925 quand ils furent battus aux élections par les Golé suite à une mésentente entre deux frères Sébangou. L'annexion, en 1948 de Gamkalley, à la ville de Niamey16 a vu drainer de milliers d'immigrants d'origines diverses avec un rythme assez spectaculaire de croissance de sa population : 1346 hbts en 1945 ; 3 976 hbts en 1961 ; 13 129 hbts en 1966 ; 22 972 hbts en 1988 ; 28 086 hbts en 2000 et 33208 hbts en 200917.

Des infrastructures urbaines très limitées, des habitations précaires, la pratique de l'agriculture et de l'élevage de cour, le quartier Gamkallé conserve quelques traits ruraux qui limitent les possibilités des ménages d'accéder aux ressources et services de la ville.

La répartition de la population dans les deux sous groupes selon le sexe est la suivante :

Quartier

Hommes

Femmes

Ensemble

Ménages

Gamkalley Golley

10691

10354

21045

2 953

Gamkalley Sebangueye

6171

5992

12163

1 703

GAMKALLEY

16862

16346

33208

4 656

Tableau 1 : Répartition de la population de Gamkallé dans les deux sous groupes selon le sexe, et le nombre de ménages. Sources : INS, Répertoire National des Communes, Août 2006,18

16 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkalley ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000

17 RENACOM 2006, INS, p228 et (EPPRVUG)

18 Idem

2.1.2. Délimitation et morphologie du quartier

2.1.2.1. La délimitation géographique

Le quartier Gamkallé est situé dans la partie Sud-est de la ville de Niamey au bord du
fleuve Niger, sur l'Avenue de l'Afrique (route de Kolo). Sa superficie est de 80ha. Iiest limité à l'Est par la zone industrielle, au Nord, à l'Ouest et au Sud par des

casernes militaires. Le quartier est subdivisé en deux sous ensembles : Gamkallé Golé et Gamkallé Sebangueye (figure 1 et 2).

Figure 1

Fig. 2 Le quartier Gamkallé

2.1.2.2. La trame morphologique

Le quartier Gamkallé est d'un trait morphologique qui correspond aux principes d'aménagement des villages au Niger. Il a connu deux opérations d'aménagement : l'une en date de 1945-46 (EPPRVUG)19, et l'autre dans les années 1970 qui a vu l'ouverture des principales voies et l'aménagement de Carré Tégui (nouveau carré en langue Zarma). La grande trame viaire actuelle est issue de cette dernière opération. Une trame irrégulière avec des voies sinueuses, de largeurs variables et peu carrossables. Cette situation se traduit par des difficultés de circulation à l'intérieur du quartier et surtout par des eaux de pluies qui stagnent par endroit, responsables de développement des moustiques.

19 EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000. P 75

2.2. Desserte en infrastructures urbaines de base a Gamkallé

2.2.1. Typologie de l'habitat

Les maisons sont en général construites avec des matériaux de différente nature et dans une géométrie carrée ou rectangulaire. Elles sont recouvertes soit de tôles soit de terre. Sur les 80 ménages de Gamkallé que nous avons visité, 80% sont des habitats de cour en banco, 13,5% 20 sont des habitats de cour semi-dure et 6,5% sont des habitats de cour en dur. L'un des quatre critères utilisés par les Nations Unies dans la définition de quartier précaire est la qualité de logement. Les 80% d'habitat de cour en banco justifient la précarité de ce quartier.

La cour de chaque concession est en général restreinte et compte en moyenne 7 ménages ; dans chaque ménage 7 personnes se partagent une maison de 2 pièces. Certains ménages partagent cette petite cour avec leurs animaux domestiques qu'ils élèvent.

2.2.2. Les conditions de vie des ménages

Les ménages de Gamkallé sont en majorité pauvres avec un fort degré de précarité. Nos enquêtes ont révélé que 60% des ménagères n'exercent aucune activité génératrice de revenu et les 37% qui l'exercent gagnent en moyenne 30000 frs CFA/mois. Ce qui reste inférieur au revenu moyen d'un Nigérien qui est de 4000021 frs CFA. Le niveau d'instruction des ménagères interrogées est en général très faible. Il ressort de nos enquêtes que 36,5% des ménagères n'ont jamais été à l'école et parmi celles-ci 53,7% sont âgées de 20 à 30 ans. Parmi les 32,5% des ménagères qui ont un niveau du cycle primaire, 32.5% sont âgées de moins de 20 ans. Nous avons observé que 23,5% des ménagères ont un niveau du cycle secondaire, 2,5% le cycle supérieur et enfin 5% ont fréquenté l'école coranique.

La pauvreté et le faible niveau d'instruction des ménagères sont un indicateur de facteur d'aggravation de risques sanitaires que nous verrons au chapitre suivant.

2.2.3. Les voies

La voirie occupe 14,84 ha à Gamkallé, soit 23,44% de la superficie brute totale (63,31 ha) EPPRVUG22. On distingue des voiries principales, et des voiries de desserte interne.

20 Les résultats de nos enquêtes auprès de 80 ménages de Gamkallé,

21 www.rananiger.info (17 mai 2008)

22 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000 p 67

2.2.3.1. La voirie principale

Elle correspond aux voies aménagées pour la plupart. La superficie correspondant à cette voirie calculée à partir des axes est de 75800 m2, soit 11,98% de la superficie totale (EPPRVUG)23.

Au pourtour du quartier

L'Avenue de l'Afrique ou route de Kolo notée VB3 sur le Plan longe le quartier au Sud-ouest. C'est une voie bitumée d'emprise variant entre 25m à 40m. Elle assure la liaison de Gamkallé avec le centre-ville et la zone administrative, mais aussi constitue un passage naturel entre Niamey et Kolo.

L'Avenue du progrès notée VB2 sur le Plan au Sud-Est de Gamkallé Gollé. C'est une voie bitumée de 40m d'emprise et qui relie Gamkallé à la partie Est de la ville partant de Talladjé et Aéroport. Elle est aussi la sortie vers l'Est du pays, via le boulevard du 15 avril.

L'Avenue des offices notée VB1 sur le Plan est aussi une voie bitumée passant au Nord-est de Gamkallé Gollé avec une emprise de 30m. C'est un élément tampon entre la zone d'habitation et la zone industrielle.

L'Avenue de l'Armée notée VP1 sur le Plan est une voie double pavée de 30m d'emprise située au Nord-Ouest de Sebangueye. Elle assure la liaison entre Gamkallé et les quartiers situés au Nord (Nouveau marché, Poudrière,...). Elle constitue également un axe de sortie vers les zones Est (Talladjé, Aéroport).

L'Avenue de Gamkallé notée VL1 sur le Plan est une voie revêtue de latérite de 40m d'emprise qui sépare les deux sous quartiers Gollé et Sebangueye. Elle a une vocation de desserte interne et de liaison vers le boulevard du 15 Avril et l'Avenue de L'Afrique. La chaussée est cependant soumise à une dégradation sous l'action de l'érosion hydrique.

Si la route reste une infrastructure urbaine privilégiée d'accès à d'autres services, il est à constater que toutes ces voies ci-dessus décrites, à l'exception de l'Avenue de Gamkallé, passent pour la plupart à l'extérieur du quartier et ne favorisent pas certaines opérations comme l'installation des réseaux d'adduction d'eau à l'intérieur du quartier (confère figure 3).

23 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000 p 67- 69

Fig.3

2.2.3.2. Voiries de desserte interne

Un peu plus de la moitié des concessions possèdent un accès par voie carrossable. L'accès à un tiers des concessions ne peut se faire que par une rue piétonne ou cyclable. Plus de 13% 24 des concessions sont accessibles par des voies se terminant en impasse tandis qu'une concession sur 100 est totalement enclavée.

La desserte en voirie est révélateur des difficultés qui se posent quand il s'agit d'accéder aux branchements, à une borne fontaine ou d'évacuer les ordures ménagères. Selon la SEEN, l'insuffisance de desserte de Gamkallé en voiries principales et surtout en voiries internes, fait que la priorité est accordée à la réalisation des bornes fontaines plutôt qu'à des branchements privés. Ces points d'eau se localisent pour la plupart le long des axes qui passent à l'extérieur du quartier. L'accès aux ménages internes par les conducteurs d'eau potable souterrains

24 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000 p 69

est presque impossible. Il en est de même pour les revendeurs d'eau potable
informels et les agents privés d'enlèvement d'ordures ménagères, qui éprouvent des
difficultés à faire des acrobaties pour atteindre certains ménages avec leurs charriots.

2.3. Desserte en eau potable

2.3.1. Les branchements privés particuliers

Vu la trame morphologique du quartier et le revenu faible des ménages, le nombre de branchements privés est très limité. Gamkallé compte aujourd'hui 201 branchements 25 privés pour 4656 ménages26 recensés en 2006. En moyenne 5 ménages sur 100 possèdent un robinet privé avec compteur individuel. Le nombre de ces branchements est en baisse en 2009. Cette baisse en nombre de branchements privés est révélatrice de la faiblesse d'une politique d'accès direct des ménages à l'eau potable et par conséquent d'un faible volume nécessaire pour les besoins quotidiens.

2.3.2. Les bornes fontaines

Les difficultés de disposer d'un branchement privé par les ménages de Gamkallé fait penser qu'une priorité est accordée à la réalisation des bornes fontaines. Mais en dépit de cette évidence, le quartier ne compte que 25 bornes fontaines27 actives en 2009 soit une borne fontaine tous les 3.2ha. L'ensemble des bornes fontaines de Gamkallé ont consommé en 2009 un volume de 103 833m3. Ces points d'eau sont en général très vétustes et ne répondent plus au modèle type en vigueur proposé par la SEEN. Un modèle respectant les normes minimales d'hygiène (confère figure 4). Une terrasse construite en béton d'une superficie de 2,5 m2 protège les récipients de collecte des boues et donc limite les contaminations de l'eau. Le système est équipé de deux robinets, prolongés par des tuyaux en plastique. En arrière plan de la terrasse se trouve le compteur de la SEEN.

25 Nos recherches auprès de la SEEN et observations de terrain.

26 Répertoire National des communes, 2006, p 228, INS

27 Nos recherches auprès de la SEEN et observations de terrain.

Fig. 4

2.3.3. Les vendeurs d'eau ou (Garoua)

Les revendeurs d'eau ou Garoua (en Haoussa) sont des opérateurs privés informels qui proposent aux ménages sur place un service de vente d'eau potable. Sur un fond privé, ils arrivent à s'équiper d'un charriot contenant en moyenne 10 bidons de capacité 20l chacun qui leur permet d'acheter de l'eau auprès des fontainiers et de la revendre aux ménages. A la question lavez-vous vos bidons chaque matin ? Tous nous répondent par l'affirmatif.

Cependant, les Garoua reconnaissent n'avoir jamais lavé les bidons avec eau de javel ou tout autre produit. Presque tous reconnaissent que les difficultés qu'ils éprouvent à porter de l'eau aux ménages résident dans le fait que les voies d'accès à certains ménages sont impraticables en certaines périodes de l'année. Les ménages ne remboursent pas les dettes contractées et souvent cela crée des différends qui opposent les deux parties. Enfin, ce maillon de la chaine d'acteurs de l'eau potable ne bénéficie d'aucune formation ou sensibilisation en matière d'hygiène de l'eau potable.

2.4. Desserte en infrastructures d'assainissement 2.4.1. Drainage des eaux de pluie

Selon les résultats du bureau d'études BALA & HIMO, Gamkallé est traversé par 2747m (soit 2,747Km) de collecteurs d'eau et caniveaux, toutes sections confondues. En plus de ces collecteurs et caniveaux, l'Avenue de l'Armée, double voie pavée passant à la limite Nord-Ouest du quartier contribue de manière significative, à l'évacuation des eaux de pluies.

Il est à noter cependant que, non seulement, l'ensemble de ces ouvrages passent pratiquement à l'extérieur du quartier mais les collecteurs ne sont pas curés régulièrement faute d'équipement et de personnels suffisants selon les plaintes du service d'hygiène et d'assainissement de la CN IV. Exemple : pour les trois mois du début de saison des pluies 2010 (juin, juillet, Août), les caniveaux de Gamkallé n'ont connu que deux curages effectués par l'association des agents d'assainissement appuyés par l'ONG MERCY CORPS. Très peu pour ce quartier, lorsqu'on connait la mentalité des habitants à confondre les collecteurs d'eau aux dépotoirs. Un mètre linéaire de caniveau curé coûte 600 francs CFA (soit 1 648 200 francs CFA pour les 2747m à Gamkallé) et le service de la commune se plaint d'un budget insuffisant pour assurer le curage régulier des caniveaux. Par conséquent, en période de fortes pluies, les eaux de ruissellement distribuent des tas d'immondices au gré des pentes. Des flaques d'eau, celles des caniveaux constituent des lieux privilégiés de reproduction des moustiques et d'autres agents vecteurs de maladies.

2.4.2 Les dépotoirs

Gamkallé compte 11 dépotoirs dont 4 officiels et 7 non officiels. Les dépotoirs officiels sont en général équipés d'un conteneur et surveillés par un gardien. Un poly bene de la commune enlève ces conteneurs lorsqu'ils sont remplis d'ordures. Par contre, les dépotoirs non officiels ou « sauvages » ne sont pas équipés de conteneur et ne bénéficient d'aucune surveillance. Ils débordent souvent de leur cadre d'ailleurs imprécis et les ordures peuvent y rester très longtemps avant d'être enlevées.

Depuis la résiliation du contrat de l'Hysacam, deux des quatre dépotoirs officiels sont dépossédés de conteneur et leurs ordures ne sont plus enlevées régulièrement (confère la photo 1).

Photo N° 1 Un dépotoir officiel après le retrait du conteneur de HYSACAM

oir),

Au niveau de chaque entreprise (ENITEX, BRANIGER, UNILEVER et Abatt réputées

pour la dangerosité de leurs déchets, un conteneur est affecté par le service de CN IV pour récupérer les déchets solides de l'entreprise. Pour chaque conteneur plei

n enlevé par le service d'hygiène et d'assainissement, l'entreprise débourse 11 000 frs CFA.

Pour les déchets liquides, un contrôle régulier des stations d'épuration et les fiches

ce de CN

de traitement des eaux usées de chaque entreprise est organisé par le servi

IV. Le service assure que les normes de rejet des déchets exigées sont jusque là bien observées et que les risques de contamination par ces déchets sont réduits comme il se doit.

La localisation des dépotoirs sur la carte grâce aux coordonnées GP

S que nous avons

relevé montre que

les dépotoirs sauvages non entretenus

sont alignés le long de la

route de Kolo, en face des habitations et dans la zone du fleuve. Ces déchets sont

u les eaux de

donc transportés par les agents de transport naturel tels que les vents o ruissellement dans le fleuve Niger où ils contribuent à polluer les eaux du fleuve (figure 5).

Enfin, tous ces dépotoirs sont disposés tout au long du pourtour du quartier et donc bien loin

des ménages de l'intérieur qui, abandonnent leurs déchets autour des

maisons.

Figure 5. Emplacement des dépôts d'ordures à Gamkallé

2.4.3. Les toilettes publiques

Gamkallé possède un bloc de toilettes publiques constitué de 4 douches et 8 WC. 80 personnes en moyennes fréquentent ces lieux par jour. Les toilettes ne bénéficient pas d'un entretien adéquat. Le gérant reconnait n'avoir pas utilisé de grésil ou autres produits de nettoyage mais se contente de laver ces toilettes avec de l'eau et du détergent chaque jour à la fin de l'heure (19h). Ce qui ne peut qu'augmenter les risques sanitaires pour les usagers. Le service d'hygiène et d'assainissement n'effectue pas de contrôles réguliers sur ces toilettes qui relèvent de sa compétence.

Le chapitre II a montré un quartier qui échappe à tout lotissement et équipement urbain de base. Ceci aura de conséquences assez sérieuses sur l'accès aux ressources et services urbains comme l'eau potable et l'assainissement.

CHAPITRE III : ACCES A L'EAU POTABLE ET A

L'ASSAINISSEMENT DANS LE QUARTIER

GAMKALLE

Ce chapitre est consacré à la question de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans le quartier Gamkallé. Les différents modes d'approvisionnement et d'évacuation des déchets, ainsi que les contraintes rencontrées y seront analysés.

3.1. Accès à l'eau potable dans le quartier Gamkallé 3.1.1. Les sources d'eau potable

Dans la ville de Niamey, l'eau potable est produite en grande partie par la SEEN. A Gamkallé, cette eau de la SEEN peut être recueillie des robinets des branchements privés, des robinets des bornes fontaines publiques ou des branchements sociaux. Les eaux provenant des puits des forages modernes sont considérés comme potables. Et enfin les eaux minérales produites, embouteillées et vendues dans la ville sont supposées exemptes de danger pour la santé.

3.1.2. Les sources d'eau non potable

L'eau tirée du fleuve doit subir un traitement selon un processus que nous avons décrit dans le chapitre I pour être exempt de tout danger à la santé humaine. Ainsi, nous considérons l'eau du fleuve comme une source d'eau non potable. Les eaux de pluies recueillies non traitées sont considérées comme non potables. La dégradation des parois des conduits de transport d'eau peut aussi entrainer la dégradation de la qualité de l'eau sortie de robinet. Enfin, les conditions de collecte, de transport, de stockage ou de manipulation de l'eau après le robinet, lorsqu'elles ne respectent pas les règles d'hygiène, peuvent rendre l'eau non potable.

3.1.3. Approvisionnement en eau potable dans le quartier Gamkallé

Le quartier Gamkallé est très peu desservi par le réseau d'adduction d'eau potable. L'observation de la carte d'adduction d'eau potable que nous avons obtenue de la SEEN (figure 6), montre que les conduits primaires d'eau ceinturent le quartier ; ce qui ne favorise que très peu l'accès direct des ménages aux branchements particuliers. Le réseau des conduits primaires d'eau (indiqués en bleu sur la carte) et les conduits des branchements particuliers (indiqués en rouge sur la carte), est faible à l'intérieur du quartier. Les ménages qui n'ont pas accès direct sur les grands axes et situés au-delà de 20 m ne peuvent prétendre qu'à un accès par extension au réseau d'adduction d'eau potable de la SEEN. Ce qui n'est pas évident compte tenu de la précarité des ménages dans le quartier. C'est ce qui explique les traits discontinus de la figure 6. Seule une partie de Gamkallé Sebangueye est traversée par des axes routiers qui autorisent le passage de ces conduits d'eau primaires de la SEEN et par conséquent l'installation des bornes fontaines et l'accès des ménages aux branchements particuliers. Ce qui favorise les ménages de Sebangueye par rapport à ceux de Golé.

Fig. 6 é (Source : la

: Carte de réseaux d'adduction d'eau potable au quartier Gamkall

SEEN, 2010

, modifiée par Lawandi)

3.1.3.1. Les points d'approvisionnement en eau potable à Gamkallé28 (officielles)

Il s'agit essentiellement des 25 bornes fontaines dont 18 à Gamkallé
é Gollé

Sebangueye et 7 à Gamkall , des 219 branchements privés et sociaux dont 179

Sebangueye et 30 à Golley. Si la SEEN estime qu'il faut un point d'eau publique

é

(borne fontaine) pour desservir 250 personnes, Gamkallest bien loin de cette statistique . En effet, à Gamkallé les statisti

ques donnent une borne fontaine pour 701

é Gollé qui

personnes. Plus loin du compte encore sont les habitants de Gamkall

possèdent un branchement publique pour 1910 personnes alors que Sebangueye en compte un pour 334 personnes.

Pour les branchements privés, l'ensemble du quartier possède un branchement é

particulier pour 21 ménages. A Goll il faut compter 105 ménages pour un branchement privé alors qu'à Sebangueye il y a un branchement privé pour 10 ménages.

Cette faible et inéquitable répartition des points

d'approvisionnement en eau potable dans le quartier Gamkallé, liée à sa con

figuration morphologique joue

considérablement sur les quantités consommées.

28 Nos recherches auprès de la SEEN et observations de terrain.

3.1.3.2. La répartition spatiale des points d'eau

La répartition des bornes fontaines n'est pas proportionnelle à la densité de la population de chaque « sous quartier ». Ainsi pour pallier ce manque, trois ménages disposant de branchement particulier (un à Sebangueye et deux à Golé) procèdent à la vente de l'eau pour répondre aux sollicitations des voisins éloignés d'une source. Il y a donc au total 28 sources d'eau constituées par des bornes fontaines (confère figure 7). En effet, la carte de localisation des bornes fontaines montre une concentration des points d'eau dans le « sous quartier » Sebangueye pourtant moins peuplé que Golé. Ce privilège est due au fait que Sebangueye bénéficie de trois axes en terres battues à l'intérieur du quartier, favorisant le passage des conduits primaires d'eau de la SEEN. Par contre, Gamkallé Golé, fortement dense, ne dispose pas d'axes de circulation à l'intérieur du quartier et ne compte donc que cinq bornes fontaines auxquelles s'ajoutent deux branchements particuliers transformés en point de vente d'eau.

3.1.3.3. Les puits

Gamkallé compte en son sein deux puits d'eau qui sont encore opérationnels. Selon les ménages à proximité de ces puits, l'eau tirée des puits est soit utilisée pour l'abreuvage des animaux domestiques, soit pour faire les linges ou pétrir la boue pour la fabrication des briques des maisons. Aucun ménage n'a mentionné faire usage de l'eau de puits comme eau de boisson.

Figure 7. Répartition des bornes fontaines à Gamkallé

3.1.3.3. Hygiène des autour des bornes fontaines : une des clauses du contrat de gérance

Selon les termes du contrat de gérance de borne fontaine entre la SEEN et le gérant d'une borne fontaine, il est fait mention en article 6 (entretien de la borne fontaine), au titre I des obligations du gérant, de nettoyer les alentours de la borne fontaine et de garder ces lieux toujours salubres. L'article 10 (résiliation) du titre III des dispositions finales stipule que la SEEN peut décider de rompre le contrat après un mois de préavis lorsque le gérant ne respecte pas les règles d'hygiène et de salubrité aux abords de la borne fontaine (confère annexe 3).

Cependant, ni la SEEN, ni les gérants des bornes fontaines ne respectent les termes de ce contrat. Car le service d'hygiène alimentaire de la commune IV n'assure pas le contrôle régulier de ces points d'eau relevant de sa compétence. Les périmètres des bornes fontaines sont très mal entretenus et gardent constamment flaques d'eau. Ce qui peut constituer une source de contamination de l'eau ou de reproduction des agents vecteurs de maladies. L'insalubrité des abords et alentours d'une borne fontaine est un indicateur de facteur de risques sanitaires tels que la diarrhée et le paludisme.

Photo N°2 : Les Garoua borne fontaine

3.1.3.4. Les modes d volumes consommés

Plus de la moitié (55%) de

pour s'approvisionner en eau potable. La préférence des bornes fontaines se justifie par le fait qu'à une distance relativement faible d'un point d'eau (moins de 150m), les ménages trouvent plus économique d

20l. Mais les conditions de collecte et de transport de l'eau ne se passent rarement pas dans les règles d'hygiène. Les récipients

filles et les femmes de m

germes errant dans l'air.

Les ménages qui dépensent

ceux qui sollicitent le service des Garoua. La préférence du service

souvent motivée par le fait que les ménages se trouvent bien loin d'une source d'approvisionnement en eau potable. Ces ménages sont en général situés au

200m. Nous avons trouvé que

d'eau à 25f CFA chez les Garoua.

On compte 5 ménages sur 100 dispos mensuelle entre 2000 et 3500f.

Pour certains usages secondaires (lessives) et même pour les baignades, certains ménages de Gamkallé vont

n'est pas sans risques sanitaires car les eaux du fleuve

par JICCA) sont assez polluées par des rejets divers ainsi que celles de nappes phréatiques (selon les travaux

contamination. La figure 8

eau potable dans le quartier Gamkall

Certains ménages sollicitent à la fois le service des Garoua et vont chercher l'ea borne fontaine selon la disponibilité de leur revenu.

Garoua; 35%

Branch.Part.;

Fig.8

les différents modes d'approvisionnement en eau potable de la population de Gamkallé

Nos enquêtes

ont montré que 45% des ménages qui s'approvisionnent en eau potable aux bornes fontaines dépensent en moyenne 4000f/mois ; par contre 43% des ménages qui sollicitent les services des Garoua déboursent en moyenne 8750f/mois

i s'adressant aux bornes fontaines. Alors que 86,5%

soit deux fois plus que ceux qu

el paient la facture mensuelle

des ménages qui ont un robinet avec compteur individu

moins de 3000f et consomment en moyenne 20000l/mois, soit 95l/jr et p

(pour un ménage de 7 personnes). Il est donc nécessaire de promouvoir la politique des branchements particuliers qui présente trois avantages pour les ménages présence d'un robinet dans le ménage dispense les ménagères de longs parcours à la

2/ le ménage dépense mensuellement moins d'argent et

recherche de l'eau potable.

le ménage dispose de

l'eau de qualité et en quantité suffisante pour les

quotidiens.

Le tableau 2 montre

les dépenses mensuelles pour l'eau potable selon les modes

d'approvisionnement.

Dépense

mensuelle

Eau Mode

d'approv.

Moins de
1500f

De 1500
à 3000f

De 3000 à 5000f

De 5000 à 7500f

De 7500 à 10000f

Plus de 10000f

Total

Robinet privé

36,5%

50%

8,5%

5,5%

0,0%

0,0%

100%

Borne fontaine

14,5%

27%

45%

13,5%

0,0%

0,0%

100%

Garoua

3%

5,5%

17%

43%

23%

9%

100%

Tab.2 les dépenses en eau potable selon les modes d'approvisionnement à Gamkallé (tableau croisé)

3.1.4. Les contraintes et difficultés en matière

d'approvisionnement en eau potable et les volumes
consommés

3.1.4.1. Le poids démographique et volume consommé

Les contraintes exercées par le poids démographique s'expriment d'abord en termes

de temps que les filles et les femmes passent dans la file d'attente devant une borne fontaine pour collecter de l'eau potable. En 2009, 4455 ménages doivent s'adresser à 25 bornes fontaines actives et aux Garoua de Gamkallé. Ce qui, aux heures de pointe (entre 7 h et 9 h du matin et entre 17 h et 19 h du soir), crée facilement des embouteillages et décourage de nombreuses femmes et filles de ménage. Cela contribue à réduire le volume d'eau consommé par jour et par personne dans les ménages. Car nos enquêtes de terrain ont montré que plus de 45% de ménages qui utilisent les bornes fontaines, dépensent entre 3000frs et 5000frs CFA et consomment à peine un volume de 19l/jr/personne.

3.1.4.2. La distance et son impact sur le volume consommé

Selon la définition de la notion « accès à l'eau potable », 30% de ménages de

Gamkallé (soit 1396) n'ont pas accès à l'eau potable. En effet, l'un des critères de l'OMS de la définition de la notion « accès à l'eau potable » dans les centres urbains, est la localisation d'une source d'eau potable à moins de 200m du ménage. Or, ces 1396 ménages sont situés à plus de 200m d'un point d'eau potable. Nous avons observé que 22% des ménages sont situés entre 100 et 200m d'une borne fontaine. Seulement 48% de ménages sont à moins de 100m de leur source d'eau potable. Les

contraintes liées à la distance orientent les ménages vers les services des Garoua qui
les font La

dépenser plus pour une petite quantité et consomment donc moins d'eau. figure 8 suivante représente les distances séparant les ménages d'une borne fontaine la plus proche.

De 100 à
200m; 22%

Plus de
200m; 30%

Moins de
50m; 26%

De 50 à
100m; 22%

Fig.9 les distances séparant les ménages d'une borne fontaine la plus proche

3.1.4.3. Les contraintes liées au temps et volume consomméOn estime en moyenne 30 secondes le temps nécessaire pour remplir un sceau ou un bidon de 20l

selon le débit au robinet que nous avons observé sur le terrain. Seulement, les files d'attentes s'observent très souvent devant les bornes fontaines ; ce qui suscitent de la fatigue et de découragement et même des querelles chez les ménagères autour de la borne fontaine. Selon nos observations de terrain, une femme

e pour charger 20

perd en moyenne 13mn à la borne fontain l d'eau et a besoin d'au

moins 5mn pour rej oindre son domicile. Au total 22 mn sont nécessaires pour disposer de 20l d'eau potable à sa famille. Il faut aussi souligner le rôle social servent de lieux de re

traditionnel des points d'eau qui ncontres conviviales entre les

femmes. Si 82% des ménagères interrogées con

firment la disponibilité de l'eau à la borne fontaine pendant la journée, le reste (16,5%) se plaint

des déplacements et des activités parallèles de certains gérants de borne fontaine qui les privent de l'eau pendant un certain moment

. Certaines ménagères préfèrent assurer la corvée d'eau la tombée de nuit ou un peu tard pour gagner le temps de la matinée de lendemain, mais leur borne fontaine se ferme un peu plus tôt qu'elles ne le souhaitent.

La collecte de l'eau potable entame à elle seule, une partie importante du budget temps de la femme et fille de ménage ; temps qu'elles pouvaient consacrer à d'autres s conditions

activités pouvant améliorer leur de vie. Les contraintes liées au temps

sont aussi un facteur de réduction du volume consommé par jour et par personne.

3.1.4.4. Précarités

économiques et le volume d'eau consomméLa réglementation fixant l

e prix de l'eau potable à la borne fontaine n'est jamais observée par les intermédiaires du service d'eau potable, notamment les gérants des bornes fontaines et les vendeurs d'eau qui réalisent d'importants profits de ce marché

pauvres

au détriment des ménages . En effet, la SEEN fixe le prix de l'eau à 5f CFA

les 20l au niveau des bornes fontaines, mais nos enquêtes de terrain ont révélé que ce prix est simplement multiplié par deux au niveau des bornes fontaines et les Garoua à 25f CFA.

qui revendent le bidon de 20l

é

Lorsqu'on sait que la majorité des ménages du quartier Gamkallont un très faible revenu et une part importante des ménagères (plus de 60%) n'exercent aucune activité génératrice de revenu, les contraintes économiques se présentent comme de

ritables facteurs limitant d'approvisionnement en eau potable. C'est un facteur déterminant de la quantité d'eau consommée par jour et par personne. Par exemple é

27% des ménages de Gamkall qui dépensent entre 5000 et 7500f CFA/mois pour s'approvisionner en eau potable ne consomment en moyenne que 18,8l/jour/personne. Ce qui est en dessous du minimum de 20l exigé par l'OMS La figure 9 représente les proportions des ména ges selon les dépenses mensuelles pour l'eau potable.

Il est important de souligner que les vendeurs d'eau, les ménages et les gérants de bornes fontaines sont unanimes sur un point : le prix de l'eau potable à Gamkall é est invariable depuis 2006.

De 5000 à
7500f;
27,00%

7500 à
10000f;
11,00%

Plus de
10000f; 4%

Moins de

1500f; 11%

De 1500 à

3000f; 23%

De 3000 à
5000f;
24,00%

Fig. 10 Proportions des ménages de Gamkall é selon les dépenses mensuelles pour l'eau potable

3.1.4.5. Genres et catégories face aux travaux ménagers

La division du travail dans nos sociétés africaines est telle que les travaux ménagers
échoient aux femmes en général et la corvée d'eau est assurée dans la plupart des cas

par la jeune fille. Cett

e règle qui semble cantonnée la femme dans un cycle de travaux sans cesse renouvelés n'a pas beaucoup évolué. En effet, dans 40% des ménages de Gamkallé

que nous avons interrogés, ce sont les filles de ménage qui
n'interviennent que dans les 10

assurent la corvée d'eau et les garçons

La fille dispose donc de très peu de temps pour se consacrer à ses leçons ou à
d'autres activités susceptibles d'améliorer le cours de sa vie. Nous remarquons aussi

âge de se consacrer aux

que ce sont les plus jeunes enfants (filles et garçons) en

activités pouvant développer leurs capacités physiques et intellectuelles qui sont les

La figure 10 est l'illustration graphique de

plus employés pour les corvées d'eau.

cette situation.

40%

20%

0%

Fig.11 Proportions des genres et catégories assurant la corvée d'eau dans les ménages de Gamkallé

3.1.4.6. Les difficultés d'approvisionnement en eau potable

Disposer tous les jours de l'argent pour acheter de l'eau, parcourir une certaine distance et s'armer de patience à la borne fontaine ou payer l'eau un

chez les Garoua constituent les difficultés quotidiennes des ménages de Gamkalley. Ces mu

ltiples épreuves quotidiennes qui se caractérisent par les différents modes d'accès à l'eau potable, ont pour conséquence la dégradation de la qualité d'eau de consommation et la réduction de la quantité.

3.1.5. Les volumes d'eau potable consommés dans le Gamkallé

Selon nos recherches auprès de la SEEN (rassemblées dans le tab.3)

é durant les six dernières

la consommation d'eau potable dans le quartier Gamkall

années (2004 à 2009) n'a pas connu une augmentation assez sensible qui i amélioration. Pour l'ensemble du quartier, le volume individuel consommé par jour

est resté inférieur à 30l/jr/personne depuis 6ans. Cette faible consommation est liée à la faiblesse du réseau d'adduction d'eau, laquelle est due à la trame morphologique du quartier. Car, dans Gamkallé Sebangueye où cette trame morphologique est légèrement améliorée par le passage des grands axes routiers, les volumes consommés par jour et par personne dépassent les 30l.

Pourtant, les études29 ont montré que dans les pays tempérés, un homme au repos consomme 2 à 2,5 l d'eau par jour dont 1 à 1,5 l par ingestion d'eau de boisson (le reste est couvert par l'eau contenue dans les aliments). Par contre, en pays chaud comme le notre, le corps a besoin de dix fois plus d'eau, soit 20 à 25 l d'eau par jour dont 10 à 15 l sous forme de boisson.

Il n'y a donc pas assez d'eau potable pour la boisson et pour assurer l'hygiène de tous les jours.

Année

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Pop. Gollé

17903

18494

19104

19734

20386

21058

Vol/jr/personne

18l

19l

19l

17l

22l

18l

Pop. Sebangueye

10322

10670

11022

11386

11762

12150

Vol/jr/personne

33l

33l

35l

30l

36l

32l

Pop. Gamkallé

28232

29164

30126

31120

32148

33208

Vol/jr/pers

25,5l

26l

27l

23,5l

29l

25l

Tab.3 Evolution du volume d'eau consommée par la population de Gamkallé durant les six dernières années (les données de la SEEN)

3.2. Les modes d'accès à l'assainissement dans le quartier Gamkallé

3.2.1. Lieux d'aisance et toilettes

C'est en général une petite partie de parcelle de la concession isolée par de mur en banco, de Seko ou de matériaux de récupération que l'on divise en deux parties dont l'une sert de lieu d'aisance et l'autre de douche. Un petit trou creusé à la base du mur ou du Seko conduit l'eau de douche dans un puisard traditionnel creusé à l'extérieur de la concession dans la ruelle qui côtoie l'habitation. Ce regard est une simple excavation de moins de 2 mètres de profondeur, recouverte dans le meilleurs des cas par des matériaux de récupération (planchettes, vieilles tôles, bidons). Généralement de faible capacité, ces regards se remplissent rapidement. Leur évacuation se fait nuitamment ou très tôt le matin dans les ruelles qui arpentent les habitations. Mais le

29 Eau potable, hygiène et santé 2008: Guide du cadre, SEEN. P 32

plus souvent, ces regards

débordent et rependent leur contenu dans les rues, distribuant des odeurs nauséabondes et créant des conflits entre les voisins.

Dans les concessions enclavées, il est impossible de conduire l'eau des toilettes hors des parcelles. Les eaux usées issues des toilettes restent dans la concession et constituent de véritables foyers de reproduction des agents vecteurs de maladies.

(confère photo 3).

C'est un indicateur de facteur de risques sanitaires

Photo 3 Une douche et un lieu d'aisance dans un ménage enclavé de Gamkallé 3.2.1.1. Types de lieux d'aisance dans les ménages

Ce sont l es latrines qui dominent à Gamkall é (92,5%). L'intérieur de ce lieu
d'aisance décrit précédemment est fait d'un trou creusé à environ deux mètres de
profondeur et recouvert d'une dalle faite en ciment équipé d'un trou qui permet de

e visite

communiquer avec l'intérieur. Un dans ce lieu montre que les trous sont en

s général presque remplis et les excrétas (liquides) se trouvent à moins de 10 cm de abords. Dans les faits un projectile qui atterrit dans ce milieu liquide peut faire éclabousser ces eaux extrêmement dangereuses et asperger le sujet émetteur qui se

4.

trouve à quelques centimètres. Ce qu'indique la photo

Photo 4 modèle d'un lieu d'aisance dans un ménage de Gamkallé

3.2.1.2. Les excréta et eaux vannes

L'OMS et l'UNICEF(2006) estiment que les latrines sont un élément de base d'accès à l'assainissement. Pour ces organisations (OMS et UNICEF), si les déchets ménagers et les eaux usées peuvent être rejetés dans la rue en l'absence d'un système de gestion adéquat, la défécation dans la nature est une source importante de maladies diarrhéiques et de gène dans la vie quotidienne. L'exposition aux risques de contracter les maladies diarrhéiques est d'autant plus élevée que les enfants en bas âge défèquent dans la cour des concessions ou dans les rues. Nous avons observé sur le terrain que dans certaines concessions, les selles des enfants trainent au sol, beaucoup d'enfants jouent à même le sol et sont presque nus. Ce qui révèle que le risque de contamination reste permanent. La situation de l'hygiène et de l'assainissement reste préoccupante dans le quartier Gamkallé.

Lorsque les latrines sont remplies, ce sont les éboueurs traditionnels qui en assurent l'évacuation moyennant une somme de 7500f CFA (en moyenne). Ce coût de service semble souvent prohibitif pour beaucoup de ménages et les excréta arrivent aux centimètres des abords.

3.2.1.3. Nombre de ménages et de personnes par lieu d'aisance

La proportion de 75% des ménages de Gamkallé interrogée dispose de toilettes comprenant une douche et un lieu d'aisance ; par contre 25% n'ont pas cet équipement et doivent aller chez les voisins ou ailleurs. On estime en moyenne 7,8 personnes pour un lieu d'aisance. Ce qui fait que ces lieux sont souvent mal entretenus et restent très sales.

3.2.2. Les modes d'évacuation des déchets

Le manque d'hygiène et de l'assainissement figurent parmi les principaux facteurs qui favorisent l'apparition et la propagation des maladies infectieuses, notamment la diarrhée et le paludisme selon l'OMS. Ces deux facteurs, ajoutés aux difficiles conditions d'accès à l'eau potable dans les quartiers précaires, peuvent augmenter l'exposition aux maladies.

3.2.2.1. Les ordures ménagères

La grande partie (85%) de ménages interrogés prend en moyenne 30 mn par jour pour balayer leur cour. Les ordures ainsi ramassées sont entassées dans un vieux sceau pour la plupart des cas et garder dans un coin de la parcelle pendant 1 à 3 jours avant d'être acheminées sur un dépotoir « sauvage » pour la majorité des ménages (55%). Cet apparent souci d'hygiène et d'assainissement manifesté par les ménages ne franchit pas cependant le seuil des cours et les rues et alentours des maisons sont encombrés d'ordures. Les espaces vacants du quartier sont pris pour dépotoirs

naturels car ils sont considérés comme la brousse ou les champs dans les campagnes, lieux naturels d'évacuation. Une partie importante (75%) des ménages transportent eux-mêmes leurs ordures au dépotoir contre seulement 23,3% qui sollicitent le service des ramasseurs d'ordures informels du quartier. Le tableau 4 rassemble les différents modes d'évacuation des ordures ménagères dans le quartier Gamkallé.

Contrairement à la corvée d'eau qui est assurée en grande partie par les filles de ménage, ce sont les femmes de ménage qui assurent l'entretien de la cour dans 65% des cas.

Modes d'évacuation

Nombre de cas

Pourcentage

Dépotoir officiel

24

30

Dépotoir « sauvage »

44

55

Espace vide

4

5

Rue

8

10

Total

80

100

Tab 4 les différents modes d'évacuation des ordures ménagères dans le quartier Gamkallé

3.2.2.2. Les eaux usées

La rue reste un lieu privilégié d'évacuation des eaux usées issues des lessives, vaisselles et cuisine des ménages. De nombreux ménages (72%) de Gamkallé déversent leurs eaux usées dans les rues ; 20% de ces ménages les versent dans leur propre cour ; les 5% qui sont proches d'un caniveau y versent leurs eaux usées. Ces eaux donnent des odeurs pestilentes et favorisent la reproduction des agents pathogènes qui sont facilement transportés par les mouches sur les aliments vendus aux abords des rues.

3.2.4. L'hygiène alimentaire

Les règles d'hygiène élémentaire sont très peu observées. Dans 57% des ménages que nous avons interrogé, les enfants ne se lavent pas les mains avec du savon avant les repas. Lorsque nous demandons aux personnes adultes si elles se lavent les mains avec du savon après avoir été aux toilettes, seulement 45% affirment l'avoir fait régulièrement et les 55% ne le font pas.

Les aliments vendus dans la rue dans le quartier Gamkallé sont peu ou pas couverts
et ne sont pas à l'abri de contamination. Le risque de contamination est d'autant plus
élevé que le lieu de vente se trouve à proximité d'un dépotoir, d'un lieu d'aisance ou

d'un égout à ciel ouvert. Car le trajet aliment-dépotoir-lieu d'aisance-égout à ciel ouvert est constamment entretenu par les mouches.

Il ressort de l'analyse de ce chapitre que les ménages de Gamkallé éprouvent des difficultés assez importantes pour accéder à une quantité d'eau potable qui ne couvre pas convenablement les besoins quotidiens. Les différents modes utilisés pour disposer de l'eau potable dans le ménage contribuent à la dégradation de sa potabilité. Une très mauvaise gestion des déchets expose cette population à des risques sanitaires.

CHAPITRE IV : EVALUATION DES RISQUES

SANITAIRES (DIARRHEE ET PALUDISME) LIES

AUX PROBLEMES D'ACCES A L'EAU

POTABLE ET A L'ASSAINISSEMENT DANS UN

QUARTIER PRECAIRE

Après avoir étudié les politiques générales en matière d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, présenté les infrastructures urbaines du quartier Gamkallé et analysé les conditions d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, nous restituons les enjeux de la problématique d'accès à l'eau potable et à l'assainissement en une évaluation des risques sanitaires.

4.1. Evaluation des risques sanitaires liés à la consommation de l'eau et à l'insalubritéEn présentant les principales maladies liées à la consommation ou à la proximité de

l'eau, nous tenterons de dresser un répertoire complet des situations de risques liées à l'usage de l'eau et à un milieu insalubre.

4.1.1. Les maladies liées à l'eau au Niger

Les principales maladies liées à la consommation ou à la proximité de l'eau.

La proximité de l'eau peut être responsable du paludisme, de la fièvre jaune, des filarioses ex : éléphantiasis, onchocercose...). En effet, les agents vecteurs, responsables de ces pathologies se développent dans des eaux de surface. Exemple : l'anophèle femelle qui transmet la malaria, pond ses oeufs à la surface des eaux stagnantes.

Le manque d'eau pour l'hygiène du corps peut engendrer de dermatoses, de la conjonctivite, de la toux, du rhume, de la grippe, de la pneumonie, de gastro-entérite, hépatite A et E...) La conjonctivite par exemple est une maladie qui se transmet par les mains souillées non lavées qui contaminent les yeux.

L'eau de boisson « sale » est responsable de la diarrhée, de la dysenterie, des parasitoses intestinales, bilharziose, choléra, fièvre typhoïde, ver de Guinée...) L'eau non potable est un milieu de culture microbienne. L'ingestion de cette eau permet à ces microbes de pénétrer dans le corps et de provoquer de maladies.

Parmi les dix maladies les plus représentées au Niger selon le ministère de la santé publique en 2006, les huit sont liées à l'eau selon les résultats rassemblés dans le tab.5 suivant. Les deux autres maladies qui complètent cette liste sont la malnutrition et les traumatismes (plaies, brûlures).

Classement des maladies

Influence de l'eau sur cette maladie

1. Paludisme

Moustiques (prolifération dans les eaux
stagnantes)

2. Toux/rhume

Lavage des mains permet d'éviter la
contamination

3. Pneumonie

Lavage des mains permet d'éviter la
contamination

4. Diarrhée.

Péril fécal (eau de boisson ou aliments
lavés à l'eau contaminée)

5. Affection dermatologique

Souvent par manque d'eau et donc
d'hygiène personnelle

6. Parasitoses intestinales

Péril fécal (eau ou aliments contaminés,
mains sales)

7. Dysenterie

Péril fécal (eau de boisson ou aliments
lavés à l'eau contaminée)

8. Conjonctivite

Souvent par manque d'eau et donc
d'hygiène personnelle

 

Tab 5 : Les huit des dix maladies les plus représentées au Niger et leurs liens à l'eau, (source : Ministère de la Santé Publique, 2006)

4.1.2. Le profil épidémiologique du quartier Gamkallé

Le profil épidémiologique du quartier Gamkallé est fourni par le centre de santé intégré de Gamkallé. En 2009, selon ce centre, les pathologies les plus fréquentes rencontrées parmi les populations de Gamkallé, enregistrées, sont le paludisme (1360 des cas dont 65% sont des enfants), la diarrhée (998 des cas dont 80% d'enfants), le rhume (1220 des cas), la conjonctivite (554 des cas) et les dermatoses (765 des cas).

Ces résultats confirment bien les résultats de nos travaux du chapitre III. En effet, les cas de conjonctivite, des rhumes, des dermatoses résultent du faible niveau de consommation d'eau potable par jour et par personne que nous avons relevé. Le cas élevé de diarrhée est une conséquence de différents modes d'accès et de gestion d'eau potable qui dégrade sa potabilité. Enfin, le paludisme est la maladie la plus représentée du fait de très mauvaise administration des eaux usées et de ruissellement.

4.1.3. Les risques diarrhéiques

Les risques de contracter les malades diarrhéiques sont en général liés à la qualité de l'eau de boisson ou aliments contaminés. L'ingestion d'une eau dont la potabilité est altérée par des pollutions d'origine diverses est à l'origine des maladies diarrhéiques.

4.1.3.1. La diarrhée

La diarrhée désigne une perturbation caractérisée par des émissions quotidiennes, fréquentes et abondantes des selles liquides ou très molles d'une masse supérieure à 300 g/l. Elle est le plus souvent accompagnée de nausées et vomissements, douleurs abdominales et péri-anale, de crampes et nausées, des gargouillements intestinaux (selon OMS). L'OMS estime qu'il faut au moins trois selles très molles ou liquides par jour pour qu'en pratique on parle de diarrhée.

4.1.3.2. Le poids des maladies diarrhéiques

Les maladies diarrhéiques représentent l'une des principales causes de mortalités des enfants de 0 à 5 ans dans le monde. Selon les statistiques sanitaires de 2007 du ministère de la santé publique, 420187 cas de diarrhées simples et dysenteries sont déclarés au Niger parmi les enfants de 0 à 5 ans sur un total de 563702 soit un pourcentage de 74,54%. Les mêmes sources précisent un nombre de 33353 enfants de 0 à 5 ans souffrant des affections digestives et parasitaires intestinales (soit 19,22%) du total.

Pour le quartier Gamkallé, les chiffres de CSI de 2009 donnent 998 cas de maladies diarrhéiques dont 80% concerne les enfants.

4.1.3.3. Le poids économique des maladies diarrhéiques

Les maladies diarrhéiques représentent un coût pour les ménages pauvres. Une proportion de 35% des ménages affirment avoir dépensé plus de 3000 FCFA pour soigner le dernier cas de diarrhée dans leur ménage. Pour les ménages qui ne se présentent pas dans un centre de santé, ce coût de traitement s'élève en moyenne à 1000 FCFA. Mais aussi le plus souvent, la ménagère perd deux ou trois jours de ses activités génératrices de revenu pour prendre soin de la personne malade. Néanmoins il existe une prise en charge qui permet de soigner les enfants de 0 à 5 ans.

4.1.3.4. Dynamique saisonnière des maladies diarrhéiques

C'est pendant la saison des pluies que le centre affirme recevoir beaucoup de patients souffrant de diarrhée, parmi lesquels de nombreux d'enfants. On compte 460 cas enregistrés pour le 3e trimestre (juillet-septembre) 2010. L'humidité constante, les eaux de ruissellement qui véhiculent les déchets dans les maisons et la reproduction

accélérée des mouches peuvent faciliter la contamination des eaux de boisson et des aliments.

4.1.4. Les indicateurs de risques diarrhéiques

4.1.4.1. Le volume moyen d'eau consommé et les niveaux de risques sanitaires

Selon les relevés de consommation du quartier Gamkallé fournis par la SEEN et vérifiés par nos enquêtes de terrain (tableau 3 du chapitre III), la population de ce quartier vit un niveau de risque sanitaire élevé. En effet, d'après les études de Howard G. & Bartram J., réalisées en 2003 et dont les résultats sont rassemblés dans le tableau 6, un volume inférieur à 20l par jour et par personne ne permet pas à l'individu d'assurer l'hygiène corporelle. Cependant, nous considérons que consommer un volume entre 23 et 28l dans un pays chaud et plus précisément dans un quartier insalubre comme Gamkallé, peut ramener l'individu à une situation d'accès basique c'est-à-dire un niveau de consommation inférieur à 20l/jr/personne.

En conséquence, nos enquêtes de terrain ont révélé de nombreux cas de maladies de la peau : les dermatoses 15% ; et d'yeux : la conjonctivite 10%. Ces maladies sont liées à une insuffisance d'eau pour l'hygiène corporelle.

Volume d'eau consommée par personne et par jour

Couverture des besoins

Risques sanitaires

Pas d'accès (<5 litres)

Insuffisant pour la consommation Pas de pratique d'hygiène

Très élevé

Accès basique (< 20 litre)

Consommation assurée

Besoins minimums couverts Bains : ressources insuffisantes

Elevé

Accès immédiat (50 litres)

Consommation assurée

Hygiène : besoins basiques assurés Bain et lavage possibles

Faible

Accès optimal (> 100 litres)

Tous les besoins sont couverts

Très faible

Tab 6 Accès à l'eau potable et impact sanitaire (Source: HOWARD G. & BARTRAM J., (2003)

4.1.4.2. Les risques liés aux modes de gestion de l'eau

4.1.4.2.1 La collecte et le transport de l'eau

La manipulation et le parcours de l'eau après le robinet ont un impact considérable
sur sa potabilité. Nos observations de terrain ont montré que, mis à part les garçons
qui pre mes de ménages

nnent l'eau avec les bidons de 20l, en moyenne 9 filles et fem

sur 10 prennent

l'eau à la borne fontaine avec des récipients non couverts. Ces sont en général des sc

eaux en plastique qui sont utilisés pour collecter l'eau aux bornes fontaines (confère photo5).

Photo 5 : vue d

es récipients utilisés par les ménagères pour collecter de l'eau potable à la borne fontaine

A cela s'ajo utent les situations de contact s permanents des mains sales avec l'eau, tels que les transvasements de l'eau d'un récipient à un autre et des lavages inappropriés de

ces récipients. Ces récipients dépourvus d'anses sont hissés sur la tête de sorte que les doigts peuvent souiller l'eau. Cette pratique peut contribuer à une contamination d'origine fécale lorsqu'on sait que dans plus de la moitié des ménages (55%) le lavage des mains avec du savon après les selles n'est pas observé. Enfin, la vidange non complète des futs métalliques utilisés(pourtant interdit depuis 2006) par certains

Garoua, peut favoriser les oxydoréductions et d'autres réactions chimiques susceptibles de nuire à la santé humaine.

4.1.4.2.2 Les modes de conservation de l'eau de boisson

Les ménages de Gamkallé

que nous avons interrogés procèdent à un stockage de

l'ea

u de boisson pendant un temps durant la consommation.

La préservation de la potabilité de l'eau ou la dégradation de sa qualité dépendent en grande partie de ses modes et temps de stockage. En effet, le produit chlore ajouté à l 'eau au bout de son traitement a

pour fonction de conserver la qualité potable de tact

cette eau. Or cet élément se dégage en con de l'air faisant ainsi perdre à l'eau,

non seulement sa potabilité, mais cette eau devient du coup un milieu favorable de culture microbienne. Certains barriques en plastique et des jarres que nous avons observé ne sont pas couverts et la petite cuvette (gobelet) utilisée pour prendre l'eau de boisson n'est pas rangée à l'abri de la saleté (déposé sur la natte, sur un siège ou autres). Il arrive, et c'est le cas le plus observé, que les ménagères ne font pas de sérieuses différences entre les récipients servant à stocker l'eau de boisson et ceux servant à d'autres usages. Ces pratiques font augmenter un risque de diarrhée permanent sur la population et surtout les enfants.

La durée prolongée de conservation de l'eau de boisson est un facteur important participant de la dégradation de sa qualité. Il est cependant appréciable d'observer que 85% des ménages interrogés ne conservent pas l'eau de boisson au-delà de 24 h (ils n'en ont pas assez d'ailleurs). Néanmoins 13,5% de ces ménages conservent l'eau au-delà de 24 h. Or selon les résultats d'une étude du ministère de l'eau du Burkina menée en 1988, au bout de 18 h de stockage, tous les récipients de stockage présentent un taux de coliformes fécaux supérieur à 22 unités pour 100 ml quelque soit le récipient utilisé pour le transport ou stockage. A Gamkallé, plus de 13,5% de ménages qui se situent à plus de 200m d'un point d'eau ont tendance à conserver l'eau de boisson pendant plus de 24 h.

Les différents récipients utilisés pour conserver l'eau de boisson sont rassemblés dans le tableau 7 :

Type récipient de stockage de l'eau de boisson

Nombre de cas

Pourcentages

Jarre

52

65

Barrique en plastique

11

14

Bidons de 20l

14

17,5

Réfrigérateur

3

3,5

Total

80

100

Tableau 7 Répartition des modes de conservation de l'eau de boisson

4.1.4.3. Facteurs d'aggravation du risque diarrhéique

Banza Nzungu30, dans une thèse de doctorat affirme que : « Le risque de contracter
les maladies diarrhéiques est exacerbé par les facteurs tels le niveau de scolarisation

30 Banza Nzungu A, (2004) Environnement urbain et santé, la morbidité diarrhéique des enfants de moins de cinq ans à Yaoundé (Cameroun) ; Thèse de doctorat en Géographie de la santé, Université Paris X Nanterre, 381p

et les pratiques des populations en matière de gestion de leur environnement physique ».

4.1.4.3.1. Le niveau d'instruction

En matière de niveau de scolarisation, la citation de Banza Nzungu est bien vérifiée par nos travaux de terrain. Nos enquêtes auprès des ménages de Gamkallé ont révélé la corrélation, niveau d'instruction et les cas de diarrhée. Nous remarquons dans le tableau8 ci-dessous que le pourcentage représentant le nombre de personnes souffrant de diarrhée la dernière fois dans le ménage décroit au fur et à mesure que le niveau d'instruction de la ménagère croit. En effet, nous avons rencontré 43% de cas des enfants souffrant de diarrhée chez les ménagères n'ayant aucun niveau d'instruction, 25% de cas chez les ménagères ayant le niveau primaire et 15,8% chez les ménagères ayant le niveau du cycle secondaire.

L'éducation, en influençant les systèmes de vie et les habilités de décision, peut assurer la prévention contre les maladies. Une mère instruite protégerait mieux son enfant en lui assurant de l'hygiène particulière, en lui donnant des aliments propres et nutritifs ou en se rendant régulièrement dans un centre de santé. D'où l'intérêt de poursuivre les efforts de scolarisation des filles en investissant dans l'eau potable et l'assainissement.

Le croisement des variables « Dernière victime de diarrhée dans le ménage et Niveau d'instruction de la ménagère » a donné le tableau 8.

Dernière victime de diarrhée

Niveau d'instruction de la ménagère

enfant

Adulte

Vieillard

Aucun

43%

21,5%

7,5%

Coranique

38,5%

50%

0,0%

Primaire

25%

15,5%

3,8%

Secondaire

15,8%

12,5%

2%

Supérieur

0,0%

0,0%

0,0%

Tab 8 Les cas de diarrhée selon les tranches d'âge et le niveau d'instruction de la ménagère (tableau croisé)

4.1.4.3.2. Les comportements des populations en matière d'hygiène et d'assainissement

L'hygiène et l'assainissement sont deux facteurs fondamentaux qui donnent du sens à d'autres opportunités d'accéder aux ressources comme eau potable ou logement. En effet, si le but recherché est d'obtenir le meilleur état de santé possible de la population, les mauvaises conditions d'hygiène et d'assainissement annuleraient systématiquement les efforts d'accès à l'eau potable. Les risques sont d'autant plus élevés que les difficiles conditions d'accès à l'eau potable viennent s'ajouter à une très mauvaise administration des déchets.

L'hygiène corporelle limite la contamination entre les individus, et contribue donc à réduire les infections par des micro-organismes. Ainsi, ce sont les comportements qui sont la clé de la santé publique et dès lors que les individus ne possèdent pas assez d'eau potable pour faire face aux besoins quotidiens alors les risques sanitaires sont toujours élevés.

Une étude (Esrey, 1991,1994) a montré l'impact de différentes mesures d'hygiène sur la réduction des diarrhées infantiles (tableau 9) :

Les mesures d'hygiène

Réduction des diarrhées

Meilleure évacuation des matières fécales

36%

Meilleure hygiène : lavage des mains, hygiène
alimentaire et domestique

33%

Amélioration de la qualité de l'eau

15 à 20%

Tab 9 Les mesures d'hygiène et leurs impacts sur la réduction de diarrhées : SEEN 4.1.4.3.3. Les modes d'évacuation des déchets et les risques sanitaires

Les éboueurs traditionnels qui assurent l'évacuation des excréta les font sans équipements adaptés à l'usage et les produits chimiques pouvant réduire la dangerosité de ces déchets ne sont pas utilisés. Ils sont donc exposés aux risques de contamination assez élevés. Ensuite, les excréta ainsi enlevés sont abandonnés sur les dépotoirs sans aucun traitement au préalable.

4.2. Les risques du paludisme

Les risques du paludisme sont essentiellement liés à un cadre de vie insalubre et surtout à la proximité des eaux.

4.2.1. Le paludisme et l'anophèle femelle

4.2.1.1. Le paludisme

Le paludisme ou malaria est une parasitose transmise par les moustiques, provoquant des fièvres intermittentes. Le paludisme concerne entre 300 à 500 millions de malades et provoque 1,5 à 2,7 millions de décès par an dans le monde. L'Afrique subsaharienne enregistre 80% des cas dont la majorité sont des enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes (OMS : 2008).

4.2.1.2. L'anophèle femelle et la transmission du paludisme

Le parasite est le plus souvent transmis par les piqures d'un moustique, l'anophèle femelle qui a besoin du sang pour nourrir ses oeufs. L'anophèle femelle pique entre le coucher du soleil et l'aube et se reproduit à la surface des milieux humides insalubres (les retenus d'eau de ruissellement, les eaux de caniveaux, les boites de conserves ou tout autre cuvette gardant de l'humidité).

A Gamkallé, 44,5% des ménages que nous avons interrogés sur les 80, affirment connaitre un cas de paludisme la dernière fois. Le paludisme est la maladie la plus fréquente dans les ménages de Gamkallé. Ce qui confirme les tendances nationales pour cette maladie. La maladie affecte les enfants dans une proportion de 56%.

Et pourtant, la prévention la plus efficace de paludisme est la destruction des gites larvaires des moustiques responsables de la transmission de la maladie.

4.2.2. Le poids de la maladie

Le paludisme est la première des dix maladies les plus représentées au Niger. Pour l'année 2010, déjà plus de deux millions (2000000) de cas sont enregistrés à travers le pays selon UNICEF. Ce qui représente deux fois le nombre de cas comptabilisés en 2009. La maladie concerne majoritairement des enfants de moins de cinq ans.

Pour le quartier Gamkallé, le centre de santé intégré de Gamkallé indique en 2009 le chiffre de 1360 cas de paludisme dont 65% sont des enfants de moins de cinq ans.

4.2.2.1. Le coût économique de la maladie

Si 800f CFA permet de soigner la maladie du paludisme dans un CSI (parce qu'il y a une prise en charge sanitaire assurée par l'Etat), les files d'attente qui s'observent devant le CSI de Gamkallé, ont contraint de nombreux ménages à s'adresser aux cliniques privés qui coûtent très chers. Cette situation conduit aussi et le plus souvent à l'auto médicamentation ; ce qui est un danger élevé.

4.2.2.2. La dynamique saisonnière de la maladie

Au Niger le pic de la saison du paludisme, selon le ministère de la santé, a lieu vers

é, c'est

le mois d'octobre, cependant le risque n'est jamais totalement nul. A Gamkall pe ndant la saison des pluies (surtout juillet-septembre)

que le centre de santé intégré du quartier reçoit beaucoup plus des patients souffrant du paludisme.

4.2.3. Les indicateurs de risques du paludisme

4.2.3.1.

Présence prolongée des eaux usées

Le ris a

que du paludisme est exacerbé par la présence des gites favorables à l reproduction des moustiques. Ces gites sont constituées par les eaux usées ,

abandonnées dans les rues du quartier. Le risque est d'autant plus élevé que la présence des eaux usées est prolongée.Les boites de conserves, les récipients abandonnés dans un coin de la cour, sont des gîtes potentielles de reproduction des moustiques.

4.2.3.2.

Les caniveaux non curés

Les caniveaux non régulièrement curés sont un véritable indicateur de facteur de

é,

risque du paludisme. En effet, les collecteurs d'eau de ruissellement de Gamkall comme nous l'avons indiqué au chapitre III, ne connaissent pas un curage régulier,

pas réalisée.

moins encore aucune désinfection de ces lieux n'est

4.2.3.3. Les toilettes avec regards non fermés

Les puisards ou regards creusés juste aux pieds des murs derrière les maisons pour recueillir les eaux usées issues des toilettes ne sont pas bien fermés mais au contraire souvent débordés de leur contenu. Ils restent pendant toute l'année un lieu propice à la multiplication des agents vecteurs du paludisme. C'est l'exemple sur la photo 6 suivante :

Photo 6 : un regard ouvert dans un ménage de Gamkallé

4.2.3.4. Les eaux de pluies stagnantes

Par défaut de collecteurs d'eau à l'intérieur du quartier Gamkallé, les eaux de pluies sont retenues par endroits dans le quartier pendant la saison des pluies. Ces eaux ne font l'objet d'aucune évacuation et constituent des gîtes larvaires des anophèles femelles responsables de la transmission du paludisme.

4.3. Le genre et l'âge face à la problématique d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers précaires.

Les hommes, les femmes et les enfants ne sont pas tous égaux lorsqu'ils s'agit d'accéder aux ressources en général et celles urbaines en particulier, même si les droits nationaux et internationaux consacrent à tous les êtres humains sans exception de race, d'ethnie, de genre ou de classe sociale, l'accès équitable aux ressources et infrastructures. La division sociale des responsabilités (et des taches récurrentes) dans les ménages fait que dans les quartiers précaires, les femmes et les enfants sont les plus vulnérables et les seuls qui assument (dans la grande majorité) les coûts liés aux problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. A Gamkallé, trois activités principales consomment quotidiennement le budget temps de la ménagère : il s'agit de la collecte de l'eau potable pour les besoins de la famille, de la salubrité de la maison et assurer les soins d'un membre de ménage malade de diarrhée ou du paludisme. Elle disposent donc de très peu de temps pour pouvoir participer aux réunions politiques, associatives ou tout autre activité sollicitant sa décision ou point de vue à une cause commune du quartier, de la ville ou du pays. Elle reste donc à l'écart des décisions dont elles assument malheureusement les conséquences.

Les enfants en âge d'aller à l'école sont non seulement les plus concernés par la collecte de l'eau pour leur ménage, mais aussi les principales victimes du paludisme et de diarrhée. Ce qui peut réduire les chances d'optimiser les performances et résultats scolaires de ces enfants et donc réduire leur chance de saisir les meilleures opportunités de l'avenir.

Le chapitre IV a donné les mesures objectives des pertes en santé que représente le manque d'accès adéquat à l'eau potable et à l'assainissement dans un quartier précaire. Il a permis d'identifier les femmes et les enfants comme les groupes les plus vulnérables faces à une politique insuffisante d'accès de la population aux ressources et services urbains. C'est pourquoi, cette étude est assortie des propositions à court, moyen et long termes formulées selon les différents aspects que nos travaux auprès de différents acteurs sur le terrain de Gamkallé nous ont permis de considérer.

CHAPITRE V : QUELQUES PROPOSITIONS

D'AMENAGEMENT

En nous inspirant des résultats de notre étude à Gamkallé, nous proposons quelques pistes d'aménagement en vue d'une amélioration des conditions d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Il s'agit des actions à court et moyen termes, et celles à réaliser dans le long terme. Nous proposons dans ce dernier cas une carte d'aménagement du quartier.

5.1. Actions à réaliser à court et moyen termes

5.1.1. Drainage des eaux pluviales

Nos entretiens réalisés avec les chefs de service d'hygiène et d'assainissement de la commune IV nous ont permis de relever l'insuffisance des moyens mis à leur disposition. Il est donc nécessaire de doter ce service des moyens humains, logistiques et d'un budget conséquent afin d'assurer le curage régulier des caniveaux et prévenir les inondations. Se donner les moyens techniques d'une stratégie de gestion des déchets adaptée à la morphologie de chaque quartier. On peut par exemple renforcer le système de collecte des ordures de porte à porte en s'appuyant sur les associations locales.

5.1.2. Excréta et toilettes

Nous avons constaté que 23,5% de ménages ne disposent pas de latrines, 18% disposent de latrines non améliorées et plus de 21% évacuent directement leurs eaux de toilettes dans les rues. Nous estimons nécessaire de procéder à une promotion des latrines améliorées telles que les modèles VIP (Ventilated Improved Pit) proposés par le PASEHA31. Ce système peut permettre de stocker les eaux vannes et les eaux usées des toilettes, puis présentent des facilités de vidange. Il est aussi souhaitable d'appuyer les éboueurs traditionnels avec des techniques et formations permettant de réduire les risques sanitaires et de faciliter leurs activités.

5.1.3. Desserte en eau potable

La loi N° 00008/MHE/LCD du 26/01/2006 fixant les tarifs de l'eau n'est pas respectée à Gamkallé. Il est important que la SEEN et le Ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement fassent respecter le prix de l'eau potable, notamment ceux pratiqués au niveau des bornes fontaines et qui pénalisent beaucoup plus les ménages pauvres. Il est préférable que la SEEN élargisse sa formation en matière d'hygiène et de santé publique au profit des populations des quartiers précaires. Elle pourra ainsi concevoir des modules de formation ou de sensibilisation utilisant des supports accessibles aux ménages pauvres pour réduire les risques de contamination de l'eau après le robinet. La réalisation des spots télévisés sous formes de sketchs en langues locales, mettant en scène les bonnes et mauvaises pratiques en matière d'hygiène et de santé publique serait nécessaire pour éduquer la population.

31 Programme d'Appui au Secteur Eau, Hygiène et Assainissement, Ministère de l'Hydraulique et de l'Environnement, février 2009

5.1.4. Sensibilisation

Les règles élémentaires d'hygiène et d'assainissement telles que se laver les mains après avoir été aux toilettes ou avant de manger ne sont pas respectées dans certains ménages de Gamkallé (52%). Il est donc important de reprendre les visites conjointes (auprès des ménages de Gamkallé) organisées par les agents de santé de CSI de Gamkallé et ceux du service d'hygiène et d'assainissement de la commune suspendues depuis 3 ans faute de moyens logistiques. Ces visites effectuées de porte à porte permettront d'éduquer davantage les ménages en matière de santé publique. Ensuite, s'appuyer sur les leaders d'opinions (politiques et religieuses) et les structures scolaires pour diffuser les messages de comportements en matière d'hygiène et d'assainissement est une initiative souhaitable.

5.2. Actions à réaliser dans le long terme

5.2.1 La voirie et les caniveaux

La voirie interne est limitée et ne facilite pas la fluidité de la circulation dans le quartier. Elle compromet nettement l'extension du réseau d'adduction d'eau et l'évacuation convenable des déchets. Un aménagement de la voirie avec augmentation des emprises permettra le désenclavement de certaines concessions et l'accès des ménages à d'autres services et ressources de la ville. Nous avons proposé, sur la Figure 12 ci-dessous, six voies pavées avec des emprises de 20 à 30m, à l'intérieur du quartier. Ces voies permettront d'augmenter la densité du réseau d'adduction d'eau potable jusque là limité par la morphologie du quartier, et par conséquent, l'accès direct des ménages à ce réseau. Ensuite, les caniveaux qui longent ces voies faciliteront l'évacuation des eaux usées des ménages qui sont présentement versées dans les rues du quartier pour une proportion de 72% de ménages interrogés. Nous avons aussi remarqué que pendant la saison des pluies, des retentions d'eau de ruissellement dans le quartier favorise le développement des agents vecteurs de maladies. En ouvrant donc ces voies et ces caniveaux on contribuera au drainage des eaux pluviales. Par ailleurs, en proposant des routes pavées qui sont d'un coût de réalisation moins élevé que celles bitumées, nous estimons rendre plus réaliste cette proposition d'aménagement auprès des décideurs. En outre, Gamkallé étant contigu à une zone industrielle et bientôt l'une des entrées de Niamey rive gauche, nous avons pris en compte la circulation des automobiles gros porteurs en proposant des routes bitumées d'emprise 30 à 40m qui constituent les grands axes de circulation.

Les ménages se trouvant à plus de 200m d'un dépotoir, abandonnent le plus souvent
leurs ordures dans les rues ou aux alentours des concessions. Nous proposons
l'installation de 15 conteneurs à répartir dans l'ensemble du quartier (figure 12).

Cette répartition sera faite en fonction de la distance séparant les ménages de leur point de dépôt et de la disponibilité de l'espace.

Notre étude a révélé qu'à Gamkallé, les enfants en âge d'aller à l'école et les femmes de ménages sont les plus concernés par la collecte de l'eau potable et la salubrité. La création d'un complexe d'enseignement secondaire (CES) et d'une école maternelle dans le quartier, réduirait les longues distances quotidiennes et offrirait des possibilités de saisir d'autres opportunités aux femmes et aux enfants. En effet, le temps ainsi gagné pourrait permettre aux femmes de participer par exemple aux cours d'alphabétisation, aux réunions associatives, politiques ou autres activités pouvant améliorer leur condition de vie. Il en va ainsi pour le marché qui offrirait aux ménagères les possibilités de pratiquer une activité génératrice de revenu et par conséquent payer davantage de l'eau potable ou assurer l'hygiène de leur famille par ces revenus.

Figure 12 : proposition d'une carte d'aménagement du quartier

5.2.2. Les conditions de l'habitat

La densité très élevée (415 habitants pour un 1 hectare) de la population crée de sérieux problèmes d'hygiène et de santé. Elle est un facteur favorable à la propagation des maladies contagieuses. Il est donc souhaitable de reconsidérer les initiatives de réhabilitation et de restructuration du quartier avortées, pour permettre son décongestionnement et d'ouvrir davantage d'espace destiné à l'évacuation des déchets. Notamment l'étude du projet réhabilitation du village urbain de Gamkallé (2000) qui propose un recasement de la population sur le site de l'hippodrome. Ce site est à la proximité de la zone à réhabilité et offre des avantages en infrastructures. Nous soutenons le choix de ce site même si, le dernier forum sur la ceinture verte du 15 au 17 décembre 2008, a proposé au gouvernement la suspension de toutes les activités en cours ou en projet sur le site selon l'arrêté N° 0070/MI/SP/ D/MUH/MELCD du 30 juillet 200932. Notre soutient se justifie davantage par le fait que le SDAU33 a inscrit ce site comme zone d'habitat.

Conclusion générale

Ce travail d'étude et de recherche a permis de présenter et d'analyser les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans un quartier précaire et a débouché sur un répertoire complet des facteurs des risques sanitaires, notamment les maladies diarrhéiques et le paludisme. Notre étude a montré que l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans le quartier Gamkallé reste marquer par de multiples contraintes : difficultés liées au poids démographique, celles liées au temps, à la distance et à l'économie, les problèmes liés aux genres et catégories. Toutes ces multiples difficultés qu'éprouvent quotidiennement les ménages pour disposer de l'eau et d'un cadre de vie amélioré ont contribué à limite les volumes consommés, à dégrader la qualité de l'eau et à vivre un environnement insalubre dégradant du point de vu esthétique et sanitaire.

Notre première hypothèse selon laquelle, la configuration morphologique actuelle du quartier Gamkallé n'autorise pas une bonne partie de ménages d'avoir un accès direct à l'eau potable et à l'assainissement adéquat est bien confirmée. En effet, nos travaux ont montré que seulement 5% des ménages de Gamkallé disposent d'un robinet privé, 30% n'ont pas accès à l'eau potable selon les normes de l'OMS, 23.5% ne disposent pas de latrines, 72% des ménages déversent leurs eaux usées dans la rue, 55% des ménages évacuent les ordures ménagères sur les dépotoirs sauvages.

32 Nigerdiaspora.net, 05 Août 2010

33 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé Cabinet d'études BALA et HIMO ; Rapport final : 2000 P 79

Ces différents modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement s'accompagnent de nombreux facteurs de risques sanitaires notamment des maladies diarrhéiques, du paludisme et des dermatoses dont le chapitre quatre de ce document a permis de faire l'inventaire. Ce qui confirme notre deuxième et troisième hypothèse.

Les enjeux d'une politique non maitrisée d'accès à l'eau potable et à l'assainissement à Gamkallé se résument en des pathologies (facilement évitables) qui marquent la vie de nombreuses personnes parmi lesquelles se trouvent majoritairement des enfants (des êtres innocents) dont nous avons la responsabilité de protéger la vie. Sur les 136034 cas de paludisme recensés par le CSI de Gamkallé (2009), 65% concernent les enfants. Par ailleurs, on compte 998 personnes atteintes de maladies diarrhéiques dont 80% sont des enfants. A ces deux maladies, s'ajoutent les cas de rhume, de conjonctivites, et des dermatoses. Et pourtant un effort supplémentaire dans le sens de fournir à la population de l'eau potable en qualité et quantité suffisante pour les besoins quotidiens de chaque personne et d'un environnement salubre contribuerait énormément à réduire nombre de ces maladies. Bref, eau potable et assainissement sont à la disposition des décideurs politiques, ce que les vaccins contre la rougeole ou la méningite les sont dans les mains des médecins : ils sauvent des vies. Par conséquent, cette étude est assortie de quelques propositions des pistes d'aménagement du quartier, en vue de l'amélioration des conditions d'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

Enfin, après l'inauguration du nouveau pont sur le fleuve Niger, Gamkallé sera l'une des entités urbaines qui vendrait le mieux l'image de la ville de Niamey qui est au carrefour de l'Afrique de l'Ouest et pourrait par conséquent, favoriser la ville dans la conquête des sièges des institutions internationales. C'est pourquoi, nous estimons que nos propositions formulées dans ce mémoire, intéresseraient les décideurs en politique d'aménagement de la ville de Niamey.

34 Notre étude de terrain auprès du CSI de Gamkallé

BIBLIOGRAPHIQUE

1. ADELINE T., (1997), alimentation en eau potable en milieu urbain, diagnostic, Yaoundé, Cameroun, rapport d'étude, 317p.

2. APOLLINAIRE K, (2006) L'accès à l'eau potable et les risques diarrhéiques dans les zones irrégulières de Ouagadougou : les cas de Yamtenga. Université de Ouagadougou, Maitrise de Géographie.

3. BANZA-NSUNGU A, (2004), Environnement urbain et santé, la morbidité
diarrhéique des enfants de moins de cinq ans à Yaoundé (Cameroun), Thèse de doctorat en géographie de santé. Université Paris X Nanterre, 381p.

4. BECHER-CARMAN(N), MIETTON (M), LAMOTTE (M), (déc. 1999), Le risque de pénurie en eau potable dans la ville de Niamey. Sécheresse N°4, vol 10,

5. BHAN M.K, (2000), Symposium on the treatment of diarrheal disease current and future management of childhood diarrhea International Journal of Antimicrobial Agents, pp 71-73.

6. BONNARD R., (2001), Les risques biologiques et la méthode d'évaluation du risque, Rapport final, 70p.

7. BONTIANTI Abdou et AL., 2008 : La gestion des déchets urbains à Niamey, Harmattan, Paris.

8. BONTIANTI A. (1993), Les problèmes de l'évacuation et de la gestion des ordures ménagères dans la communauté urbaine de Niamey (Niger). Contribution à l'analyse de l'environnement urbain. Mémoire de maitrise ès-Lettres (option Géographie).

9. BRUNO V. (Aout 2004), et al. Niger : état des lieux et perspectives du secteur eau et assainissement. Hydro conseil, Niamey, 19p.

10. Bureau d'Etudes BALA et HIMO : (septembre 2000), Etudes Préparatoires du Projet Réhabilitation du Village Urbain Gamkallé (EPPRVUG), Rapport final, 102p.

11. CARE INTERNATIONAL &ORC MACRO, (1999), Enquête Démographique et santé au Niger, 358p.

12. COMMUNAUTE URBAINE DE NIAMEY (Niamey, 2004). Projet Pilote de Gestion des Ordures Ménagères dans la communauté urbaine de Niamey, 9p.

13. CONED-PSEAU, (1994), L'eau et la santé dans les quartiers défavorisés, table ronde de Sophia Antipolis, Programme Solidarité Eau, les éditions du GRET, 191p.

14. DIALLO A. (2005). Caractérisation des rejets des eaux usées dans la communauté urbaine de Niamey : Impacts environnementaux sur le fleuve Niger, Université Abdou Moumouni de Niamey, faculté d'agronomie, mémoire de fin d'étude, Niamey 71p.

15. DJAMILA H.I. (2006). Déchets urbains : crise de gestion, pollutions et risques sanitaires dans la communauté urbaine de Niamey. Université Abdou Moumouni de Niamey. FLSH, mémoire de maitrise géographie, Niamey, 117p.

16. EMMENUEL Gapyisi, (1989), Le défi urbain en Afrique, édition l'Harmattan, ville et entreprises, 144p.

17. HAMADOU I. (2004). Les espaces d'occupation spontanée à Niamey : contribution à l'analyse des pratiques urbaines en milieu sahélien. Université Abdou Moumouni, Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH), mémoire de maitrise de géographie, Niamey, 107p.

18. JEAN-BERTRAND L., (1981), Les déchets et leurs traitements. PUF, Edition QSJ, 127P

19. LAOUSSE T., (1983), Alimentation d'une grande ville d'Afrique de l'ouest, Dakar, Thèse de doctorat en pharmacie, Université de Dakar 73p

20. MOTCHO K. H., (1996), Les problèmes de la croissance urbaine à Niamey. CAP2 Infos N°6

21. MOTCHO K. H., (1991), Cadre de vie et système de santé à Niamey (Niger). Thèse de doctorat, Université Michel de Montaigne de Bordeaux III UFR de Géographie et gestion des espaces. 330p

22. MOUSSA L (1990). Etude de faisabilité sur la création d'une société d'enlèvement des ordures ménagères et de vidange de fosses septiques dans la municipalité de Niamey. Ecole Nationale d'Administration de Lomé, mémoire cycle III administration générale, Lomé, 124p.

23. OMS, (2003), Année Internationale de l'eau douce, faits et chiffres, les maladies liées à l'eau.

24. OMS/UNICEF, (2004), Prise en charge de la diarrhée aigue, 13p.

25. OMS/UNICEF, (2005), Water for life, making it happen 44p.

26. PASCAL B., SERGE B., CATHERINE B., Août (2008), Dictionnaire de Géographie, 4è édition Hatier, 607p

27. PNUD, Rapport Mondiale su le Développement Humain, (2006), Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau.

28. REPUBLIQUE DU NIGER, CABINET DU PREMIER MINISTRE, Niamey, juin 2007. Projet de Développement des Infrastructures Locales (PDIL). Etude de faisabilité de la gestion des déchets ménagers à Niamey et Maradi. Rapport partiel, 95p.

29. REPUBLIQUE DU NIGER, CABINET DU PREMIER MINISTRE, (Niamey, octobre 2007) secrétariat permanent de la SRP. Stratégie de développement Accéléré et de Réduction de la pauvreté (2008-2012), 132p

30. REPUBLIQUE DU NIGER, MINISTERE DE L'EQUIPEMENT ET DES TRANSPORTS, Agence Japonaise de Coopération Internationale, 2001, Etude sur l'amélioration de l'assainissement de la ville de Niamey. Rapport final, vol II, Rapport principal, Rapport final, vol I.

31. REPUBLIQUE DU NIGER, MINISTERE DE L'HYDRAULIQUE ET DE L'ENVIRONNEMENT, 2008. Programme d'Appui au secteur Eau Hygiène et Assainissement. Etude pour l'opérationnalisation de la stratégie de promotion de l'hygiène et de l'assainissement au Niger, Rapport d'état des lieux. Niamey, Octobre, 49p.

32. REPUBLIQUE DU NIGER, MINISTERE DE L'HYDRAULIQUE, 2008. Programme National d'Alimentation en Eau Potable et Assainissement (PNAEPA). Niamey, juin 49p.

33. SALEM G., (1992), Crise urbaine et contrôle sociale à Pékine : bornes-fontaines et clientélisme, 18p.

34. SALEM G., (1998), La santé dans la ville : géographie d'un petit espace dense, Pekine (Sénégal), Edition KHARTALA & ORSTOM, 360p.

SDDIKOU A. H. (juin 2004) et al. Gestion des déchets urbains à Niamey. IRSH, Niamey, 81p+annexes.

35. SIDIKOU A, H. et BONTIANTI, A. Gestion des déchets à Niamey, l'Harmattan, Paris, 2008, 119p.

36. TOUNKARA H. (2004) et al. Problématique de l'hygiène et de l'assainissement dans la communauté urbaine de Niamey. Ecole Nationale d'Administration de Niamey, mémoire, administration III, Niamey, 47p.

37. VENNETIER P., (1998), Cadre de vie urbain et problème de l'eau en Afrique noire, Anales de Géographie, 540 pp 171-194.

38. WILLIAM D., (2007), Santé et environnement, PUF, édition QSJ, 127p

39. YOUNSA Yansambou Habibatou, 2007/2008, La problématique de l'assainissement dans le quartier Talladjé (Communauté Urbaine de Niamey). Université Abdou Moumouni, mémoire de maîtrise de Géographie

LOIS, DECRETS, ORDONNANCES

1. Loi n° 98-56 du 29 décembre 1998 portant loi cadre relative à l'environnement.

2. Décret n° 97-305/PRN/ME/T du 8 Août 1997 fixant les modalités d'élaboration, d'approbation et de mise en valeur des documents d'urbanisme prévisionnel.

3. Ordonnance n°93-13 du mars 1993 instituant un code d'hygiène publique.

4. Ordonnance N° 93-014 du 02 mars 1993, modifiée par la loi N° 98-0141 du 07 décembre 1998.

WEBLIOGRAPHIE

1. http://www.unicef.org/french/media27228.html

2. http://www.geophiles.net/memoterre/travaux/textes/memo001/resu001.html

3. http://www.cyes.info/themes/promotion santé/faq promotion santé.php

4. http://www.idrc.ca/fr/ev-92936-201-1-dotodic.html

5. www.rananiger.info (17 mai 2008)

6. http : //www.who.int/news/releases/2004/pr67/fr/index1.html

7. http : // ww2.unhabitat.org/amchud/documents/overview_fr.doc.

8. http : // www.ac-rennes.fr/pedagogie/hist_geo/ResPeda/villesafrique/stat/stat.htm

9. http : // www.un.org/french/waterforlifedecade/faqs.html






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo