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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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2) Le choix volontaire de ne pas consulter le dossier médical personnel des patients met en évidence une plus grande sincérité dans la relation, mais aussi des limites qualitatives sur la prise en charge.

Bien que le médecin-chef de service lui en ai donné l'autorisation, l'art-thérapeute stagiaire a choisi de ne pas consulter le D.P.P. (Dossier Patient Partagé) des patients qu'elle prenait en charge. L'argument mis en avant pour justifier cette décision était une préservation de la sincérité de la relation entre la patiente et la thérapeute, qui se serait perdue si elle avait consulté le dossier. Quels avantages peut-on tirer d'une relation << sincère >> avec le patient?

Premièrement, la thérapeute ne peut pas poser de << fausse question >> ; nous entendons par là que lorsqu'elle fait connaissance avec la patiente, elle part de zéro, ou presque ; elle n'a pas d'informations particulières à son sujet, sur sa vie, etc. La patiente a donc le libre pouvoir de dire ce qu'elle souhaite sur elle, tout en sachant que son intimité sera respectée, ce qui est une qualité essentielle de la relation de confiance.

Et deuxièmement, l'absence d' a priori que pourrait établir la thérapeute envers la patiente si elle avait consulté son dossier. Certaines informations, notamment les plus graves sur le passé judiciaire et affectif du patient, peuvent nous émouvoir et nous amener à nous comporter différemment avec la personne, et cela peut mettre en péril le lien relationnel qui tente de s'établir ; le patient peut ne pas le comprendre, et en souffrir. Même si le professionnel fait preuve de compétences remarquables dans l'exercice de son métier, et qu'il entretient une distance suffisamment bonne avec ses patients, il y a tout de même certaines choses qui, selon l'individu, vont lui paraître insupportables, invraisemblables, tristes ou révoltantes, et cela pourra se << lire >> dans ses gestes, ses paroles, ses attitudes ; nous sommes tous des êtres humains et possédons tous certaines zone de fragilité. C'est pourquoi il a semblé important d'aller à la rencontre des patients avec la plus grande neutralité possible, c'est aussi quelque chose qui peut changer de la routine des patients, qui lorsqu'ils consultent le médecin ou l'infirmière, sont au courant que ces derniers savent beaucoup de choses sur leur vie. Pour l'art-thérapeute stagiaire, la préservation de la sincérité de la relation permettait au patient de nouer des liens originaux avec un thérapeute.

Toutefois, on ne peut nier que la non-consultation du D.P.P. est une grave erreur, surtout dans une structure médicale, et pour plusieurs raisons : D'abord, ne pas connaître l'anamnèse du patient peut amener le thérapeute à lui poser des questions ou lui proposer des choses qu'il ne souhaiterait entendre pour rien au monde, car source de souffrance ou d'angoisse. Nous avions eu un bref exemple avec Mme B, lorsque l'art-thérapeute stagiaire lui avait demandé si elle avait des enfants, ce qui l'a enfermé dans un mutisme et une tristesse considérables jusqu'à ce qu'elle soit retournée dans sa chambre. Cette absence de connaissances peut très vite se retourner contre soi, et commettre des maladresses que l'on aurait facilement pu éviter en consultant le dossier.

Ensuite, il y a le fait de ne pas connaître la médication prescrite au patient. Pourquoi cela est-il important ? Les effets secondaires des médicaments peuvent entraîner toutes sortes de troubles chez le patient (somnolence, raideur, ralentissement moteur et psychique...), et peuvent constituer des difficultés dans le bon déroulement de la prise en charge. Et inversement, quand certains médicaments ne sont pas pris (essai, oubli), d'autres effets peuvent apparaître, notamment des douleurs musculaires, nerveuses, osseuses, et troubles migraineux, qui influencent l'humeur et l'état d'esprit du patient. Le thérapeute pourra toujours essayer d'adapter sa stratégie pour mener à bien la séance, mais ces efforts auraient pu être économisés et une alternative aurait pu trouver sa place bien avant si le thérapeute avait pris connaissance de la médication. Nous pouvons également noter les risques d'allergie qui peuvent mettre le patient en danger (exemple. allergie à certains composants chimiques de la peinture), et qui auraient du coup pu facilement être évités.

La connaissance du D.P.P. semblerait donc être vivement recommandée pour ce type de population et ce genre de structure. Même si l'équipe soignante fournit de précieuses données sur les patients, il n'est pas possible de se rappeler de l'intégralité du dossier, surtout certains détails qui n'auraient pas d'importance pour l'infirmière par exemple, mais qui en aurait pour l'art-thérapeute. La médication et l'état de santé du patient sont des données qu'il faut connaître avec précision avant de lui proposer le moindre projet. Toutefois cela impliquerait un mode relationnel conforme à celui que les autres soignants entretiennent avec le patient, enlevant par conséquence l'originalité du lien ; un compromis sans doute nécessaire à la sécurité du malade.

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