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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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2) Les différents intergénérationnels au regard de l'art peut amener la personne à refuser la prise en charge art-thérapeutique.

Cela a d'ailleurs été un problème de taille pendant le stage, car l'étudiante artthérapeute avait essuyé un nombre de refus considérable de la part des patients qui pouvaient être potentiellement pris en charge. Pourquoi refusaient-ils ? La raison principale était qu'ils se savaient incapables de faire de l'art. << Je ne sais pas faire ça >> ou << J'en ai jamais fait >> ou encore << À quoi bon faire de l'art ? J'y connais rien >>. L'art-thérapeute stagiaire a d'abord cru qu'elle commettait une maladresse dans son discours, et que cette maladresse avait pour effet de décourager les résidents à entamer un projet artistique. Mais c'est Mme D, au cours de l'atelier de modelage, qui lui a apporté la réponse : << C'est sûr qu'une fois qu'on s'est lancé, c'est pas sorcier au final. Mais c'est vrai que quand on vient nous parler d'art, ça fait toujours un peu peur. Ça intéresse, ça oui, mais ça fait peur car on craint de ne pas être à la hauteur, et d'être jugé par les autres. Jugé en mal, hein. Alors qu'en fait, on apprend tous ensemble, et on s'amuse. >>

Évidemment, tous les résidents n'ont pas la même ouverture d'esprit que Mme D. Mais cela a permis à l'art-thérapeute de réfléchir sur la manière de présenter l'art auprès des patients qui n'ont pas de familiarité artistique. Cela nous renvoie une nouvelle fois sur la manière dont l'art est perçu aujourd'hui ; et il semblerait que pour certaines personnes âgées, l'art n'appartient qu'aux artistes, qu'aux experts en la matière. Une vision plutôt élitiste. Il pourrait être intéressant de façonner un document informatif très accessible pour ce genre de personnes, cela pourrait permettre de lever le voile de certaines idées reçues injustement ancrées dans nos esprits.

En tous cas, cela ne veut pas dire que toutes les personnes âgées seraient enclines à faire de l'art. L'art est un sujet qui n'intéresse pas tout le monde, et nous devons prendre le soin de respecter ce choix.

3) L'écriture et les arts-plastiques ne sont peut-être pas les techniques artistiques les plus adaptées aux pathologies de la personne âgée dépendante vivant en institution.

Avant d'aborder en détail ce que sont précisément l'écriture et les arts plastiques, nous tenons à souligner quelque chose sur le plan de l'intervention de l'art-thérapie auprès du patient. Si, dans ce mémoire, nous nous sommes orientés vers la pénalité de la personne (l'exclusion), nous aurions tout aussi bien pu nous orienter exclusivement sur la pathologie (maladie d'Alzheimer pour Mme A et troubles neurologiques modérés pour Mme B). Les objectifs auraient été adaptés en conséquence, ce qui aurait pu donner pour Mme A, par exemple, le fait de préserver ses capacités résiduelles dans une optique de << frein >> de la maladie, et tout autre chose pour Mme B. Leur insertion sociale aurait pu être perçue comme un objectif intermédiaire. Le rôle fondamental de l'art-thérapeute n'est pas de travailler les parties du corps qui vont mal, mais de stimuler les parties saines, de sorte à << dépasser le

mal ». L'impact du travail d'art-thérapie a certes une incidence sur le plan physique du patient (les sensations), mais elle fait notamment appel à une réflexion psychologique (idées, imagination, émotions). Selon la technique artistique utilisée, le ciblage de l'impact sera évidemment différent. Nous allons étudier cela avec l'écriture et les arts plastiques.

L'écriture, du latin littera (caractère), dans sa définition la plus basique, est l'acte d'écrire. Écrire, c'est tracer un ensemble organisé de signes, le plus souvent linguistiques. Cependant, on appelle aussi «écrire » l'acte de composer une partition musicale. Nous la considérons donc comme la mise en mots des idées.

Par l'usage courant, nous nous servons de notre main pour écrire (préhension et manipulation de l'objet traceur), sur différents supports. Toutefois, pour ceux qui ne peuvent opérer de cette façon, il est possible d'apprendre à écrire en faisant l'usage d'autres parties du corps, comme la bouche ou les pieds. À travers l'avancée technologique que nous connaissons actuellement, nous sommes aussi amenés à écrire en appuyant sur les touches du clavier d'un ordinateur (même si cette technique a trouvé sa source dans des inventions plus anciennes telles que la machine à écrire ou encore l'imprimerie). L'expansion croissante de la technologique dite « tactile » ne requiert plus qu'une pression des doigts ou d'un objet sur une surface interactive pour rédiger un message.

Quelles sont les raisons qui nous poussent à écrire, et qu'écrit-on d'ailleurs ? Dans l'Antiquité, la littérature (et l'écriture par association) appartenait au monde des intellectuels, et oeuvrait dans la transmission des sagesses philosophiques et des textes de loi. La bibliothèque d'Alexandrie était l'un des monuments phares de cette époque, où l'on archivait les ouvrages (traduits en grec) des auteurs de toutes les contrées méditerranéennes. La civilisation gréco-romaine a attaché un intérêt majeur à la création et la sauvegarde des livres, véritables empreintes des savoirs et des cultures. Au Moyen-Âge, l'écriture était très liée à l'Église. Les lettrés étaient les moines et les prêtres, et était notamment chargés de recopier les anciens textes des Saintes-Écritures, et plus tard au XIIIe siècle, lorsque les premières universités sont apparues, les textes des savants. Les textes étaient écrits en latin. Ce n'est que lors de la Révolution Culturelle si caractéristique de l'époque de la Renaissance que l'on a commencé à apprendre obligatoirement à lire et écrire la langue française dans les grandes écoles. Ont émergé en France à cette époque de grands poètes et écrivains français comme Ronsard, Rabelais, le célèbre dramaturge Molière, mais aussi des philosophes comme Descartes. Le siècle des Lumières a connu le génie des intellectuels comme Rousseau, Voltaire, Chateaubriand, ou encore Lamartine, pour ne citer qu'eux. À notre époque actuelle, la politique d'éducation française agit en sorte à ce que chaque enfant scolarisé soit en mesure de lire et d'écrire sa langue maternelle.

À travers l'Histoire, l'écriture s'est enrichie, diversifiée, même si elle conserve son but premier de transmission d'un message, d'une trace. L'écriture possède une branche dont le but recherché est l'esthétique : il s'agit du Bel Écrit. On la retrouve principalement sous la technique de la calligraphie (latine, arabe, chinoise...). Le Bel Écrit se retrouve dans plusieurs civilisations et a émergé presque en même temps que l'apparition de l'écriture « classique ».

Les arts plastiques, quant à eux, constituent l'ensemble des techniques qui élaborent des formes (peinture, sculpture, architecture, dessin, modelage...). Elles ont pour but de tendre vers une harmonie personnalisée de la forme de la production (les matières utilisées et leur organisation, ce que l'on perçoit), avec le fond de cette production (le sens de l'oeuvre, ce que l'on ressent et reconnaît). Ces techniques existent aussi depuis bien longtemps, mais comme nous avions pris ces arts comme référence principale à l'explication de l'art dans la première partie, nous ne reviendrons pas en détail sur son cheminement historique. Nous pouvons tout de même préciser que les arts plastiques ont connu différents grands courants d'application (la

discipline de l'histoire de l'art a d'ailleurs pour but de retracer et d'expliquer ces courants), et que les artistes contemporains de ce courant devaient produire selon les règles et contraintes établies.

Les oeuvres plastiques (entendons ce terme comme correspondant aux arts plastiques) comptent parmi les plus répandues dans notre culture : toiles, statues et monuments, illustrations, graffitis... Elles font l'objet d'un nombre d'expositions considérables, et la plupart des musées d'Art accueillent ce genre d'oeuvres On trouve une diversité et une richesse des productions assez impressionnante aujourd'hui.

L'écriture consiste donc à laisser une trace signifiante de nos pensées, sous différentes formes : l'essai, le poème, le récit, etc. Et les arts plastiques sont un moyen de mettre ces pensées en forme ancrée dans le temps et l'espace. S'il y a bien quelque chose qui lie ces deux grandes catégories artistiques, c'est la trace potentiellement permanente de l'oeuvre En quoi l'usage de ces techniques et ce potentiel peuvent être pertinents chez la personne âgée dépendante souffrant d'exclusion ?

S'il y a bien un terrain d'entente entre la condition de la personne âgée et l'écriture, il s'agit de celui de l'intervention du processus de transmission. La personne âgée, c'est celle qui a l'expérience, un vécu riche, et un savoir que les populations plus jeunes n'ont pas. C'est pour cela qu'il incombe aux parents d'éduquer leurs enfants selon le savoir qu'ils ont acquis au cours de leur vie ; d'ailleurs, les grands-parents ont parfois un rôle éducatif à jouer envers leurs petits-enfants. C'est souvent eux qui connaissent le plus d'histoires, de jeux, de chansons, de connaissances, et leur transmission met en valeur leur importance au sein de la famille. L'apprentissage, l'échange et la transmission de connaissances sont des processus qui nous sont familiers et que nous appliquons au quotidien dans la société. Ils sont comme des moteurs qui nous entraînent dans une dynamique sociable.

Le travail d'écriture trouverait donc une cohérence avec ces processus. Comme son objectif premier est de transmettre une idée par des mots, le texte, une fois couché sur un support (papier par exemple), est amené, de par la nature conservatrice du support, à être relu, partagé, corrigé, voire même détruit. Le texte est ainsi inscrit dans un temps et un espace spécifiques ; il en va de même pour l'oeuvre plastique, mais aussi pour l'être humain pendant sa vie.

La personne âgée dépendante est, par l'atteinte de son autonomie, dans une relation ou c'est l'autre qui lui apporte, et non l'inverse. Cela est très pénalisant, car il serait plus logique que ce soit elle qui ait a apporté aux autres, grâce à son expérience et ses connaissances. Mais la fragilité et la maladie sont des critères qui freinent ou empêchent le développement de cette relation valorisante. Le goût de vivre, vu de cette façon, peut être mis en péril : quel intérêt de vivre si nous ne pouvons plus rien pour nous ni pour les autres ? C'est pour cela que les arts plastiques et l'écriture ont un intérêt avec cette population : la production inscrit la personne âgée dans une dynamique qui tend, en premier lieu, à améliorer l'image d'elle à travers l'exploitation de son potentiel artistique, et dans un second lieu, à présenter sa production au monde et établir ainsi une relation avec les autres. Nous avions pu voir cela avec les retours que Mme A avait eu sur son texte décoré sur les fleurs ; ces retours peuvent sembler si modestes au premier abord, mais ils ont un pouvoir grandement gratifiant pour une personne qui n'attendait plus rien du monde, ni d'elle-même. Mme B, à travers les activités d'arts plastiques, a pu établir une relation privilégiée avec sa voisine, puis avec d'autres résidents, qui aujourd'hui perdure encore, alors qu'au départ, cette dame qui s'ennuyait, en proie au chagrin, qui ne comprenait pas ce qu'elle faisait encore là dans l'établissement, ne s'investissait que dans l'idée fausse et obsédante d'être bientôt de retour à son domicile.

Toutefois, ces techniques artistiques auraient-elles eu le même impact positif si l'on s'était intéressé aux pathologies des patients, et non à << l'isolement social >> ? Les modalités pratiques auraient certainement dû être adaptées. Par exemple, pour un patient atteint de la maladie d'Alzheimer, on se serait davantage concentré sur le maintien du geste d'écriture, ou la thématique aurait pu concerner des souvenirs de vie que le patient aurait parfaitement conservé en sa mémoire (stimulation des parties saines). On aurait pu, concernant les arts plastiques, confectionner une valise décorée et/ou peinte, comprenant à l'intérieur des photos anciennes de la vie du patient. Mais on ne peut trop s'avancer sur ces idées tant que l'on ne connaît pas les caractéristiques du patient (état de santé, anamnèse...) ; l'idée est que le thérapeute doit savoir et pouvoir proposer un travail qui soit cohérent avec la personnalité du patient, ses capacités, et qui ne favorisent pas ses troubles et ses pénalités.

Tout ne peut cependant pas se résumer à l'usage exclusif de l'écriture et des arts plastiques pour cette population. Les excellents travaux de recherche de Jospitre et de Petitpré nous montrent qu'il est possible d'améliorer la qualité de vie des personnes âgées dépendantes atteintes de démence en leur proposant des activités de danse, et de musique. Cela illustre d'ailleurs que l'art-thérapeute ne doit pas, même s'il possède souvent une ou deux spécialités artistiques, se cantonner à ses atouts, et s'ouvrir aux potentiels qu'offrent les autres arts, afin d'être au mieux pour proposer un travail art-thérapeutique adapté aux conditions du patient pris en charge.

Nous allons maintenant nous concentrer sur les remarques et les questionnements qui concernent l'art-thérapie dans ses fondements et son enseignement.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery