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Stratégie des acteurs lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la Loi d'Orientation Agricole (LOA ) au Mali

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par Chantal Jacovetti
Supagro Montpellier institut des régions chaudes - Master acteur de développement rural 2010
  

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9.3 LES TEXTES EN COURS

(( Maintenant on ne sait plus rien depuis le dernier CSA .On a perdu toute la dynamique et le dialogue » regrette un salarié de la CNOP.

A partir de là nous abordons la phase de mise en oeuvre dans un cadre mouvant et flou, , sans pression, ni directive du plus haut de l'État, chacun naviguant a vu au gré de l'intérêt porté a la LOA. Avant de tenter une analyse de textes en cours, nous allons essayer de décrypter leur cheminement officiel.

9.3.1 Parcours pour les procédures des textes législatifs

Un exposé du juriste du Ministère de l'Agriculture lors de l'atelier de concertation, va nous éclaire sur le parcours des textes, en faisant sélectivement ressortir les points concernant les différents acteurs en jeu. Mise au point nécessaire faite à la demande de la CNOP mais qui arrive au bout de 3 ans ! A ce jour aucun document n'existe pour expliquer ce processus ! « Un texte sur le cheminement des décrets et lois n'est pas fait, mais la CNOP ne m'a pas relancé là-dessus». Faut-il attendre la demande d'une OP pour rendre public des textes sur le fonctionnement du système législatif ?

Cheminement des décrets

« Il y a les lois et le niveau réglementaire ce sont les décrets, il y a 2 sortes de décrets les décrets ministériels et les décrets simples. ». Dans le langage courant il n'est jamais spécifié quelle sorte de décret est en cours, donc à quelle étape il est.

« Le décret est proposé par les ministères. L'APCAM est obligatoirement saisie de tous les textes mais cela ne lie pas le gouvernement. Si pas d'avis de l'APCAM le texte repart, mais c'est aussi à ce moment là que les OP sont consultées. » Alors qu'il y a des élus CNOP à l'APCAM, nous retrouvons là la dualité ou le dysfonctionnement entre les 2 structures. Les informations arrivent aussi par d'autres canaux par les ONG de renforcement de capacité comme la SNV ou par le relationnel.

« Tout acteur peut faire des propositions au Ministère. Le Ministère fait un projet de décret, les directions le soumettent aux départements, puis si le conseil juridique estime que c'est bon, ça passe au Secrétariat du gouvernement où les textes sont écrits pour passer au Ministère. » Le problème à ce niveau est de savoir quel texte est en cours, à quel niveau d'écriture il est, quel est le référent et donc à quel moment il est opportun d'intervenir.

« Puis le texte [du Ministère] va au Secrétariat Général du gouvernement qui rédige le texte en se référant aux autres différents textes, car c'est là que sont les archives. Il y a une mémoire, une logique à pérenniser à stabiliser. C'est un garde-fou pour permettre de savoir si le texte est bon, s'il n'existe pas déjà, par rapport à l'histoire, à la cohérence du texte ». C'est l'aspect rédaction juridique et harmonisation avec tous les textes nationaux, et internationaux.

« Après il y a une réunion avec les ministères concernés, et là c'est dur car le texte touche automatiquement d'autres domaines! Chacun défend son secteur, chacun défend les intérêts de son département, s'ils ne se mettent pas d'accord, retour au Secrétariat général du gouvernement. Le premier ministre tranche en dernier recours après avis du Président » Où est la prise en compte de l'intérOt général, de la voix paysanne ?

« Puis il y a un tirage en 60 exemplaires pour tous les ministères, Cour suprême, institutions, chambres etc. Ce sont des textes sans tâche, ni rature, puis retour au Conseil des Ministres et s'il est adopté par lui, c'est dans l'état tel quel qu'il est validé avec des remarques, des réserves si besoin ! ».

Ayant moi-même expérimentée la recherche de documents tels que les décrets déjà sortis, ce n'est pas une simple affaire de pouvoir mettre la main dessus, alors que ce sont des textes votés, signés et publics. Lorsque la CNOP a accès aux textes en cours, c'est quand ils sont finalisés par les juristes des départements ministériels et arrivés au SP. Ce dernier les diffuse alors et devrait reprendre les remarques pour les intégrer avant l'étape suivante. Mais il y a toujours le problème de temps pour bien traiter le dossier en faisant des concertations. Ce temps là n'est jamais prévu.

Effectivement les décrets sont désormais écrits dans le cadre d'un circuit interne administratif avec plutôt une simple consultation rapide auprès des organisations Agricoles, surtout l'APCAM, avec la contrainte de « répondre pour hier » et sans débat, sans savoir ce qui va être repris ou pas.

Vote des lois et plus spécifiquement de la LOA

«Il y a aussi les ordonnances qui sont des textes qui passent devant l'AN car elles vont devenir une loi, par principe elles sont adoptées car reflètent la loi... mais elles peuvent être annulées mais je ne connais pas d'exemple... Pour les lois c'est la même procédure que les décrets avec un passage dans les commissions de l'AN. Une commission de saisie au fond et des commissions spécialisées sont consultées pour avis. Le bureau de l'AN se réunit et partage les textes dans les commissions dans lesquelles s'inscrivent les députés. Pour la LOA toutes les commissions ont été saisies, elles ont fait des écoutes sans interférence du gouvernement, elles peuvent même écouter un fou du village si elles veulent. Elles écoutent les ministres aussi puis font leur rapport qui passe après en session plénière avec les remarques...Dès que c'est voté même s'il y a des coquilles, elle est votée en l'état.. La cour suprême peut-être saisie pour un recours mais de mémoire il en a jamais vu ».

Le passage a l'AN semble n'être qu'une formalité d'après le fonctionnaire. Pourtant lors de l'élaboration, la CNOP a fait du lobbying car les députés voulaient amender les textes, « souvent parce qu'ils ne connaissaient rien au sujet ou aux enjeux ». Le travail de lobbying et plaidoyer a été anticipé. De plus la LOA était déjà validée par ATT. « La loi votée était bien à la fin le reflet des principales revendications paysannes ». Le jour du vote57 Le seul grand débat évoqué était la discussion d'écrire agricole avec un grand A. «Agricole avec un grand A est une convention, la majorité a accepté le texte est passé ».

A noter que l'AN a été modifiée lors des élections de juin 2007. Ainsi les députés actuels ne sont pas tous les mêmes et le travail de lobbying, donc de l'énergie, va revenir dans l'échéancier des OP.

A qui profite cette opacité d'écriture des textes ?

Pour les décrets, lois ou politiques en cours le désordre est maitre. Le vocabulaire employé n'est pas clair : les cursus et procédures sont différents et la transparence n'est pas de mise. Personne ne sait plus oü donner de la tête.

Cela a été flagrant en faisant le point avec la CNOP en octobre sur les textes en cours suite a l'entrevue avec le SP. Sur le foncier le SP parle d'une concertation dans 6 mois, alors que le Ministère de l'Urbanisme, des Affaires foncières et du Logement organiserait un colloque sur le sujet du 27 au 29 novembre (ça sera celui du 7 au 11 décembre). Sur le texte de politique semencière, pas au courant qu'il serait sur le bureau interministériel. Les statuts devraient être signés dans 2 semaines -mais où ?- alors que « ce n'est pas un décret mais une loi et donc elle doit passer devant l'AN.~. Appelé devant moi un député confirme qu'il n'a rien reçu. En fait c'était pour la signature au Conseil des ministres alors que le texte proposé, ne prenait pas en compte les remarques de la CNOP qui l'a fait savoir. En janvier le pré-projet de loi n'était toujours pas finalisé. Nous y reviendrons. Cet imbroglio fut mainte fois relevé par les paysans lors de l'atelier de concertation :

« Comment s'organiser pour se faire entendre avant le décret ? Il faut nous expliquer le processus, le cheminement des textes. ».

Cette opacité dans la rédaction des textes n'est peut-être pas innocente ou révèle tout au moins un dysfonctionnement et « chacun défend son pré-carré ». Il n'y a plus d'organe directeur comme l'était la CIFA rattachée directement à la Présidence. Convaincue et engagée la CIFA avait aussi réussi à faire bloc tout au long du processus en interne tout en tissant des liens avec le monde paysan. Selon le président de la CNOP « Sans Nouhoum TRAORE et Madame LANSRY il n'y aurait pas eu de loi avec la CNOP. »

57 La LOA faisait partie d'une liste de 10 lois prévues d'être toutes votées dans cette session extraordinaire du 16 août 2005. A 15h elle n'était toujours pas passée et la session a fini vers minuit, avec 9 lois votées dont la LOA.

Aujourd'hui les textes s'écrivent pratiquement sans la CNOP. Leur sentiment est que :

« La loi nous échappe. Il n'y a plus de cohérence entre les différents ministères, chacun a son conseiller juridique faisant sa loi de son côté. Chacun arrive avec un bout de la loi qu'il doit traduire en terme juridique en veillant a leur adéquation a toutes les dispositions existantes extérieures. Il n'y a plus de cohérence, alors que cela doit être le souci du SP ».

Les textes qui ne « devaient pas être écrits dans les bureaux » se retrouvent dans un processus administratif très normatif, corroboré par la FAO « Il y a des problèmes parce que les juristes prennent le dessus, il n'y a que les textes et les paysans n'ont pas le droit de dire ceci, cela »

Depuis plus de 3 ans que la mise en oeuvre de la LOA est en cours aucune initiative n'a été prise afin que les acteurs soient formés,informés, et surtout les OP qui s'y retrouvent impliquées pour la première fois.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote