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Incidence de l'entrepreneuriat sur la réduction de la pauvreté à  Kinshasa

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par Engels KASONGO NGIESU
Institut facultataire de développement - Licence en sciences et techniques de développement 2011
  

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1.3.2.2. Le rapport à l'argent.

L'esprit communautaire évoqué plus haut, qui caractérise l'africain, exerce, en outre, une influence sur la place réservée aux questions économiques. Comme l'indique Muamba, l'économique n'est valorisé que s'il permet l'autosubsistance de la famille, le développement des relations sociales et l'acquisition des femmes, source de fécondité et partant de la véritable richesse.

Cette prééminence du social est à la base de l'absence de toute stratégie de développement. Le profit réalisé est une simple conséquence des opérations menées pendant une période donnée et non d'une planification stratégique. L'entreprise vit au jour le jour ; Et l'absence de stratégie, voire de planification, est liée à la perception que l'africain se fait du temps et de la durée.

1.3.2.3. Le rapport au temps.

Malgré l'apparition de la science du temps et de l'horlogerie, indique Muamba111le rapport que l'Africain entretient avec le temps reste fortement influencé par le vécu primitif de la durée où cette dernière »est une chose en soi, apparentée à la nature. Elle se présente comme une réalité extérieure qui entoure, domine et parfois même écrase. L'individu n'a d'autre choix que de s'y soumettre d'une manière passive. La durée est donc avant tout une expérience individuelle et socialisée, expérience d'un conditionnement naturel avec lequel les acteurs sociaux cherchent à composer, bref, à vivre.

Il y a donc une soumission au temps, dont la signification est donnée par les activités qui les meublent et les mythes qui les décrivent. Ainsi dans les langues africaines, chaque mois ou mieux une période correspondant approximativement à un mois porte un nom en rapport avec les activités qui doivent y être menées. Une illustration peut être donnée par la signification de chacune des expressions luba désignant les différents mois du calendrier (voir tableau 2).

Ces activités périodiques relèvent plutôt d'une simple routine que d'une prévision. Le futur est une simple reproduction du présent, comme celui-ci l'est du passé. C'est là une représentation du temps basée sur une logique de reproduction simple et cyclique de la durée. En effet, écrit Bourdieu112, dans l'optique de la conscience du temporel, le futur ne peut apparaitre comme un champ ouvert sur une infinité de

111 Muamba M. Ngandu, op. cit

112 Bourdieu P., Société traditionnelle - Attitude à l'égard du temps et conduite économique, Sociologie du travail, Vol. 1, n° 5, janvier - mars 1963, pp. 24-44. Cité par Muamba M. Ngandu, op. cit., p. 23

choix, mais comme une projection en avant de l'empirisme vécu, de l'expérience présente. Cet état d'esprit, poursuit Bourdieu, entraîne une attitude de prévoyance, qui diffère de la prévision dans la mesure où elle est dictée par l'imitation du passé et la fidélité aux valeurs transmises par les anciens. Elle n'a en fait d'autre ambition que de réduire au minimum la part de l'imprévu. C'est au nom de cette prévoyance qu'en milieu rural on met de côté de la nourriture ou les semences pour la saison future en vue d'assurer la continuité du présent.

Tableau N° 2 : Le mois du calendrier luba

Expression / Mois

Caractéristiques ou Activités

01

Janvier : Ngondo wa kumpala113 => Tshongu wa minanga

Mois sana pluies ; soleil piquant, brûlant même les

cultures. Période de la petite saison (mi-saison) sèche

02

Février : Ngondo muibidi =>Lwishi

Fin petite saison sèche, début des pluies.

03

Mars : Ngondo muisatu =>Lwabanya nkasu

»Distribution des houes».

Période où commencent les travaux de champs

04

Avril : Ngondo muinayi
=>Tshisanga nkasu

Période d'abondantes pluies (Période pluvieuse)

05

Mai : Ngondo muitanu =>Lumungulu

Période de la pré-récolte. Début saison sèche. Cueillette des oranges, citrons, mandarines,...

06

Juin : Ngondo muisambombo => Kabalashipu

Saison sèche encore à ses débuts. Poursuite de la

cueillette des oranges, citrons et mandarines,...

07

Juillet : Ngondo wa mwanda mutekete => Kashipu mpumpumpu

Pleine saison sèche.

Diminution des fruits (oranges,...)

08

Août : Ngondo wa muanda mukulu => Tshimungu wa mashika

Période de grand froid. Incendie des brousses. Cueillette des mangues.

09

Septembre : Ngondo wa tshitema

=> Kabitende ou Mudila ntongolo

Période des grillons, des chenilles et des cigales

10

Octobre : Ngondo wa dikumi => Kaswa mansense

Période où l'on creuse des thermites.

11

Novembre : Ngondo wa dikumi ne umue => Kaswabanga

Période de crise alimentaire ou des jeunes pousse. Début par endroits des »nswa» (=ndonge)

12

Décembre : Ngondo wa dikumi ne muibidi

=>Tshiswa munene

Période de la récolte et de l'abondance alimentaire.

Période des ananas et des bananes, aussi des

pangolins, des »bilundu» -> nswa + mankenena et
champignons »bowu bwa bilundu»

Remarques : Les champs sont cultivés au bord des rivières ou dans la forêt et n'ont donc pas de période de récolte ou plantation à cause de l'humidité du sol ; le riz est planté dans les marécages et est récolté pendant la saison sèche.

La prédominance du rythme agricole, que les expressions luba désignant les différents mois du calendrier met en avant, fait qu'en Afrique, ainsi que le note Muamba114, la vie ne se conçoit pas comme l'expression d'une course contre la montre qui exigerait une constante référence au temps, afin de s'assurer des progrès accomplis ou à accomplir. Cet état des choses explique l'absence de planification stratégique chez les agents économiques. C'est bien encré dans les esprits d'autant plus que les mythes, les contes et les chansons populaires valorisent plus la jouissance immédiate. La vision à long terme, voire à moyen terme ne trouve de place dans les enseignements transmis aux générations successives grâce à ces puissants outils de communication que sont les contes, les mythes et les chansons populaires.

113 Ngondo = mois. Wakumpala = le premier ; muibidi = le deuxième ; muisatu = le troisième ; etc

114 Muamba M. Ngandu, op. cit.

Il en résulte une préférence du présent à l'avenir. Mais cette situation découle aussi de la conjugaison de certains autres facteurs négatifs, tels que les effets d'imitation, de démonstration ou d'ostentation, lesquels décrivent, en fonction des critères reconnus dans la société comme gages de la réussite, le comportement de nouveaux riches qui préfèrent la consommation de luxe, les voitures de luxe, des villas, maisons ou appartements dans le pays comme à l'étranger. A ce comportement s'ajoute la préférence de la consommation à l'épargne115.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway