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L'utilisation de téléphone mobile et dynamiques des acteurs dans l'espace urbain de Bamako

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par Issa FOFANA
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master II 2010
  

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Université Gaston Berger de Saint Louis

Unité de Formation et Recherche de Lettres et Sciences Humaines

Section de géographie/Laboratoire Leïdi

Option. Espaces et sociétés urbaines

Utilisation de téléphone mobile, dynamiques des acteurs dans l'espace urbain de Bamako

Mémoire de Master

Présenté par:

M. Issa FOFANA

Sous la direction de

M. Boubou Aldiouma SY

Maître de conférences

Année académique 2010-2011

Plan

Titres

N° pages

Résumé

3

Introduction générale

7

Chapitre 1: Problématique

11

Chapitre 2 : Définition des concepts

21

Chapitre 3 : Méthodologie

26

Première partie : la politique, les acteurs et les stratégies des dans le domaine de la téléphonie mobile dans l'espace urbain de Bamako

Chapitre 4: La politique de la télécommunication au Mali

35

Chapitre 5 : Les opérateurs de la télécommunication au Mali

38

Chapitre 6: Les stratégies de conquête des opérateurs

46

Deuxième partie : dynamique et recomposition de l'espace

Chapitre 7: La concurrence entre les deux opérateurs 

58

Chapitre 8: Dynamique urbaine de la ville de Bamako 

61

Chapitre 9: Organisation spatiale

65

Conclusion générale:

76

Bibliographie:

79

Table des matières

86

Annexes

88

Résumé

La libéralisation du secteur de la télécommunication a provoqué une dynamique concurrentielle entre les deux opérateurs (SOTELMA/Malitel et Orange Mali) et une réorganisation de l'espace bamakois. Cette dynamique de recomposition est plus accentuée par l'augmentation du nombre de clients par les opérateurs, c'est-à-dire les stratégies déployées pour attirer plus de clients. Du coup, ce qui sous entend l'augmentation du nombre des usagers et engendre une nouvelle appréciation des usagers de l'espace où ils habitent.

Par la réduction des déplacements, l'attachement de ses usagers, l'augmentation des affiches publicitaires dans les rues, aux bords des autoroutes, des antennes de relais sur les collines et le toit des bâtiments, etc., le téléphone mobile contribue fortement à la recomposition de l'espace urbain. Il n'est plus un téléphone lié à un espace (domicile, service, cabines etc.) auquel une personne doit toujours être à côté pour pouvoir répondre aux appels, il est devenu un outil de communication individuel de n'importe quel endroit pourvu qu'il existe un réseau mobile.

Avec l'évolution rapide, le citadin est dorénavant situé ici et là, ce qui implique à l'usage intensif du téléphone mobile. La mobilité qui signifie toujours un déplacement d'un point à un autre sur le plan physique, mais aussi virtuellement. Elle s'effectue dans un cadre spatial.

La transmission de l'information téléphonique crée une nouvelle fonction de l'espace physique. Par l'espace de l'information, nous comprenons ici, le contrôle de l'espace par la téléphonie mobile par rapport à l'espace physique. En somme nous faisons face à une réorganisation de l'espace urbain. Comme nouvel phénomène social, l'expansion de la téléphonie mobile se note généralement dans les villes et en particulier celle de Bamako.

Abstract

The liberalization of telecommunications has led to a competitive dynamic between the two operators (SOTELMA/Malitel and Orange Mali) and reorganization of urban space of Bamako. However, it should be noted that the dynamics of reconstruction are compounded by the conquest of space by the operators, which means, the strategies to get more customers. So, which implies an increase in the number of users and new appreciation of the area where they live.

By reducing travel, the attachment of its users, increasing publicity posters in the streets, at the edges of highways, the antennas on hills and roofs of buildings, etc.., the mobile phone contributes significantly to the reorganization of urban space. It's no longer bound to a space (homes, services, cabins etc.) which, user must always be on hand to answer calls; it became tool for individual communication of anyplace providing there is a wireless network.


With increasing of mobility in Bamako, the city is now located here and there, which involves the intensive use of mobile phones. Mobility that always means shift from one point to another on the physical plane, but also virtually. Mobility and space are two complementary concepts. Mobility here takes place in a spatial context.


The transmission of telephone information creates new function of physical space. By information space, we understand here the control of space by mobile telephony over the physical space. In conclusion, we are facing to the reorganization of urban space. As a new social phenomenon, the expansion of mobile telephony is noted particularly in Bamako.

Remerciements

Mes premiers remerciements vont naturellement à l'ensemble du corps professoral de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, à ceux en particulier l'Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Lettres et Sciences Humaines (LSH) pour la qualité de leur enseignement.

Mes remerciements sincères vont à mon encadreur le professeur SY, Boubou Aldiouma d'avoir accepté d'encadrer ce mémoire sur un sujet encore moins exploité en géographie au Mali. Qu'il trouve l'expression de ma gratitude pour son appui méthodologique concernant le mémoire. Sa disponibilité n'a pas fait défaut durant toute cette formation et cette rédaction, notamment dans les moments les moins propices à la réflexion intellectuelle, et je le remercie sincèrement pour toutes ses recommandations.

J'exprime ma sincère gratitude à Dr. SISSOKO, Moussa, Directeur de recherche et co-directeur du Centre POINT SUD, qui a permis un réel développement de ma réflexion dans le cadre plus formel de la recherche en m'accueillant au sein des différents programmes de recherche sur le savoir local. Son soutien sans faille, dès les premiers instants et sur l'ensemble du parcours de ce mémoire, a été fondamental dans l'accomplissement de cette recherche. Je lui suis reconnaissant pour tous les efforts et temps précieux qu'il m'a accordé dans le cadre de cette formation.

Je remercie particulièrement mes parents et ma famille pour leur soutien contant et leur encouragement.

Mes remerciements vont à tous ceux qui de près où de loin ont contribué à cette formation intellectuelle et morale.

Dédicaces

Je dédie ce mémoire :

à mes parents, qui m'ont donné l'affection et le soutien sans lesquels, je ne pouvais pas atteindre ce niveau.

à ma fille, Djita FOFANA, qui se sert du téléphone mobile pour relier Sanar et Bamako constamment pour avoir de mes nouvelles.

Introduction générale

« Le territoire est plus que jamais là. »

(BRUNET, 1990 : 87)

Beaucoup de questions se posent autour de la disparition de l'espace géographique, loin de disparaître ou de le rétrécir, il est placé au coeur de la préoccupation de plusieurs disciplines. Cette étude sur la relation entre le téléphone mobile et espace passe nécessairement par les acteurs du secteur de la téléphonie mobile.

Cette nouvelle ère de la communication technologique à distance éclate dans un contexte marqué par d'autres mutations de grande ampleur (globalisation de l'économie, urbanisation) qui font peser sur les acteurs économiques, les territoires et les citoyens de nouvelles contraintes. Aujourd'hui, le développement et la compétitivité des régions dépendent largement de la qualité de leur accessibilité à l'information, et plus spécialement à partir des réseaux de télécommunication. Dans les villes, le téléphone mobile est largement inscrit dans le paysage. Autour des rondpoints, de jeunes vendeurs de cartes de recharge prépayées se regroupent le plus souvent. Il est fréquent de voir le sourire des usagers en téléphonant sur les panneaux publicitaires et parfois dans les rues de la capitale.

Dans le District de Bamako, l'une des choses la plus remarquable, est l'augmentation des usagers du téléphone mobile, des antennes de relais sur les collines et les toits des maisons, des panneaux de publicité des opérateurs, des espaces de rencontre pour des jeux gagnant des usagers dans les rues, les familles, les bureaux, les marchés, les restaurants, etc. Partant de ce fait, il nous semble important de se poser la question comment l'espace se réorganise t-il ?

Il revient à l'homme de choisir le style d'organisation spatiale qui lui convient. Le rythme de croissance du téléphone mobile dans la ville de Bamako favorise une réorganisation spatiale rapide de l'espace. En moins de deux décennies, une personne sur deux possède le téléphone mobile.

La manière dont la technologie de la communication influence le temps et l'espace en général, a été beaucoup étudiée par les disciplines en sciences sociales. Cependant, un accent particulier sur la relation entre le téléphone mobile et l'espace urbain mérite d'être analysé parce que la ville est la première zone à être influencée par la diffusion de la téléphonie mobile dans le domaine économique, social et culturel. Le rôle de cet outil de communication est l'un des sujets le plus important dans la recomposition actuelle de l'espace urbain et croît de plus en plus. C'est ainsi que ABLER (1970), un célèbre auteur dans les études de la communication et de l'espace urbain disait que:

[A]dvances in information transmission may soon permit us to disperse information gathering and decision-making activities away from metropolitan center, and electronic communications media will make all kinds of information equally abundant everywhere in the nation, if not everywhere in the world.

Dans le même cadre, en plus de la diffusion de l'information et en donnant un sens particulier, la fin du territoire, à l'espace urbain en matière d'utilisation de l'ordinateur, GILDER (1995) argumente ainsi: "we are headed for the death of cities» due à l'augmentation du nombre de l'ordinateur personnel. Il prétendait que: "cities are leftover baggage from the industrial era." Par ce raisonnement, la ville n'a plus besoin d'accéder à une large activité culturelle et de source d'information parce que la télécommunication peut apporter la liberté individuelle. Cette même question est beaucoup plus accentuée dans l'utilisation du téléphone mobile.

L'avènement de la téléphonie mobile au cours des dernières décennies à Bamako, et son usage populaire, transforment la dynamique de communication, la compréhension des relations spatiales par la réduction de la distance et l'augmentation de l'accessibilité à l'information y compris certains rôles joués par l'ordinateur et de nouveaux services. Dans son essai sur les répercussions des Technologies d'Information et de Communication (TIC), (FATHY, 1991), voit l'avenir de la ville comme celui d'une «télécité» dans laquelle la structure urbaine deviendrait topologique (partie géométrique qui considère uniquement les relations de position), non hiérarchique, et où les rapports sociaux et économiques seraient fortement influencés.

Dans la dynamique de l'utilisation du téléphone mobile, c'est tout un mode de vie urbaine qui est révolutionné. Là où l'on se déplaçait au risque de trouver une boutique vide ou d'absenter un ami ou un parent, le coup de fil permet de vérifier en amont si la personne à qui on s'adresse est sur place ou non. Le gain de temps est essentiel et constitue déjà un changement radical dans les habitudes des usagers.

Les changements des perspectives spatiales de Bamako peuvent être abordés sous deux angles: de perception et de comportement c'est-à-dire la dimension subjective. La dimension subjective de l'espace bamakois se base sur l'usage du téléphone mobile en termes de comportement individuel de la population du territoire de Bamako. Il constitue un élément décisif dans le déroulement du processus d'organisation et de réorganisation spatiale.

Les usagers (considérés ici tant qu'un ensemble d'individu) déterminent la nature et la forme spatiale dans le cadre et les contraintes de leur espace de vie. Ce comportement peut s'exercer en mettant un certain nombre de facteurs : psychologique, culturels, sociaux, en évidence qui influencent et façonnent le processus cognitifs, c'est-à-dire des représentations et des attitudes des usagers de la téléphonie mobile.

A Bamako, le téléphone mobile est solidement ancré dans les habitudes. Il n'est pas non plus exclu de présenter ses condoléances, de féliciter pour un événement heureux (anniversaire, mariage, naissance, baptême, fêtes religieuses ou de fin d'année...) par téléphone de vive voix ou par Short Message Service (SMS)1(*) (à envoi multiple ou à liste). Certains plus compréhensifs que d'autres, mettent tout cela sur le compte des nombreuses obligations liées à la vie en ville. La solution du téléphone mobile s'est ainsi imposée comme la plus simple, la plus économique et la plus rapide. Elle est instantanée et devient de plus en plus accessible, en termes de coût et même de disponibilité de l'offre. D'où l'apport de la dynamique concurrentielle entre les opérateurs dans ce secteur. C'est grâce à cette dynamique que le nombre d'usager de la téléphonie mobile est considérable aujourd'hui.

Le besoin de communiquer est similaire chez les différentes catégories sociales (Riches et pauvres, jeunes et vieux, hommes et femmes). Tout le monde manifeste ce besoin, mais maintenant c'est le téléphone mobile qui est sollicité en fonction de sa rapidité et de son efficacité aujourd'hui. Toute chose qui demande une utilisation forte de la téléphonie mobile ce qui engendre une recomposition de l'espace urbain.

Le téléphone mobile a une influence importante sur l'organisation spatiale urbaine. MORSE, a été un des premiers a démontré cela 1844, par l'envoie d'un message par le télégraphe et plus tard, le téléphone de Baltimore à Washington, en fournissant ainsi une alternative à la circulation physique des messages (GOTTMANN, 1977).

La téléphonie mobile n'est pas analysée seulement ici en tant que moyen de communication mais aussi comme moyen qui peut intervenir dans la recomposition de l'espace. L'étude prend en compte l'ensemble des infrastructures du téléphone mobile en termes de matériels d'occupation et de restructuration de l'espace.

De plus en plus, le téléphone mobile se libère des contraintes du domicile ou du bureau. Il devient totalement urbain, c'est-à-dire qu'il accomplit l'idéal de la ville, fondé sur l'échange, l'insertion individuelle dans de multiples réseaux, en somme la circulation facile de l'information. L'espace urbain (la rue comme les transports collectifs) devra donc accueillir ces nouveaux usages. Les premières questions qu'on se pose lorsqu'on appelle quelqu'un sur son téléphone mobile sont "Où es-tu? (c'est-à-dire le lieu, mais aussi une mise en relation avec d'autre lieu. Il s'agit de faire une distinction entre ici et ailleurs) ; est-ce que je te dérange?", parce que nous n'avons aucun moyen de savoir où il se trouve à cet instant précis. Il peut être dans un marché, une école, au bureau, dans un véhicule, dans une rue, à la maison, etc.

Dans l'histoire, la télécommunication a été souvent vue comme la rébellion de l'homme contre les obstacles du temps et de l'espace et son succès les surmonte (OSLIN, 1999 : 1). Le progrès technologique à la fin du XIXème et au début du XXème siècle a largement contribué à bouleverser la conception du temps et de l'espace et à redéfinir le rapport de l'homme à son territoire (KERN, 1983). Or, depuis quelques années déjà, le phénomène commence aussi à se manifester : les espaces publics sont de plus en plus le théâtre de comportements et d'activités relevant du domaine privé. Si les espaces publics ne sont pas délaissés, l'utilisation qui en est faite s'en trouve quelque peu modifiée.

Ce mémoire est structuré en deux parties : une première partie aborde la politique, les acteurs et les stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile dans l'espace urbain de Bamako; enfin une deuxième partie qui souligne la dynamique et la recomposition de l'espace.

Chapitre 1: Problématique

Le Mali est un pays enclavé avec une superficie de 1 241 238 km². Sa population est estimée à 14 517 176 habitants en 2009, dont 73 à 75% vivent en zones rurales. A l'instar du continent africain en général, il est très faiblement équipé en matière d'infrastructures routières (Ministère de transports malien, 1994). La densité nationale de l'appropriation du téléphone à la même époque était de 0,40 ligne principale (LP)/100 (téléphone fixe) et de 0,44/100 (téléphone fixe et cellulaire). La densité urbaine de l'appropriation du téléphone à la même époque était de 1,15 LP/100 et celle des zones rurales était de 0,02 LP/100 en 2000 (IUT, 2001).

Source : CRT, (Comité de Régulation des Télécommunication du Mali, 2011)

Figure 1. La télé-densité de la téléphonie mobile du Mali de 2002 à 2009.

Cette figure indique une évolution croissante téléphonique (fixe et mobile) au Mali. En 2002, l'année de l'arrivée du deuxième opérateur la télé-densité était de 0,45% ; sept ans plus tard (2009) elle a attient 31%. Cette croissance est due à la concurrence entre les deux opérateurs dans leur quête de la clientèle dans un pays où les infrastructures du téléphone fixe ne répondaient pas à la demande des usagers.

La carte montre la répartition des infrastructures de la télécommunication du Mali, avec Bamako comme centre de distribution des services de communication.

Figure 2. Le principal axe de connexion de réseau téléphonique (Loïc Baron, 2006)

Le Mali n'a pas l'accès direct aux Backbones2(*), parce qu'il n'a pas de débouché sur la mer. Il reçoit la connexion à partir des réseaux internationaux de télécommunications avec les pays voisins: le Sénégal à travers la région de Kayes et la côte d'Ivoire à travers la région de Sikasso.

Au regard de la superficie du territoire, l'insuffisance des moyens de communication est remarquable et pour pallier cette insuffisance potentielle le recours est fait au téléphone. Le nombre d'abonnés au téléphone au Mali en 1999 était de 40165 dont 6375 pour les abonnés cellulaires contre 4 460 543 sur un effectif de 4 545 339 en 2009 pour les abonnés du téléphone, soit 98% du parc national (Comité de Régulation des Télécommunication du Mali, (CRT) 2010). Malgré la faiblesse de l'acquisition de téléphone en comparaison aux autres pays de la sous-région, nous pouvons soutenir que le Mali a fait son entrée dans le siècle des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC). Depuis la fin du régime de parti unique et l'avènement de la démocratie pluraliste au Mali, le paysage médiatique a connu de profondes transformations liées à la libéralisation du secteur de la télécommunication.

Les pouvoirs publics et les pouvoirs locaux ont depuis le début du 21ème siècle, une bonne conscience des enjeux des TIC qu'ils considèrent comme indispensables aux stratégies de développement économique et à l'attractivité territoriale.

Selon plusieurs auteurs comme LASSERRE, Frédéric en 2000, les TIC sont perçues comme des outils de lutte contre la distance et la fin de l'hétérogénéité spatiale. Il soutient l'idée selon laquelle que, grâce aux réseaux et services de TIC, la communication à distance devenait possible partout. Plusieurs expériences d'introduction des technologies de la télécommunication ont été menées au Mali. Cela va de la téléphonie rurale à Internet en passant par la radiodiffusion sonore et télévisuelle. Parmi ces moyens de communication, le téléphone mobile est l'outil de communication et de territorialisation qui efface le plus les contraintes liées à des distances et à des réalités de l'espace.

Le marché de la téléphonie mobile a connu une croissance de 30% en 2009. Le parc national mobile est passé de 3 429 019 abonnés en 2008 à 4 460 543 abonnés en 2009. L'introduction du téléphone mobile au Mali dans les années 90 s'est faite de façon progressive dans les grandes agglomérations et cela en fonction de la dimension démographique et des intérêts économiques.

Dans ce mouvement, les grandes agglomérations comme Bamako ont connu un essor remarquable et ont été le lieu de concurrence entre opérateurs de la télécommunication (SOTELMA/Malitel et Orange Mali). Au-delà de cette caractéristique essentielle, la perception de l'espace urbain, l'expérience urbaine, les stratégies d'interaction sont revisitées de multiples manières par l'emprise croissante du téléphone mobile.

Les villes étant caractérisées par la mobilité, le téléphone portable a permis de renforcer et de transformer les liens que les gens nouent dans le cadre des affaires et des échanges. Si avant l'attente d'un bus consistait un calvaire et une source d'anxiété, aujourd'hui avec le téléphone mobile on gagne en efficacité et en temps dans le cadre des échanges interpersonnels (FRACCHIOLLA, 2001). De tels scénarios ont fait leur apparition avec le téléphone mobile. L'une de ces tendances est celle de la privatisation des espaces publics.

Si la nature même des espaces publics est en mutation, l'utilisation croissante des moyens de communication mobile altère encore plus profondément le rapport à ces espaces (MOSS et TOWNSEND, 2000) qui deviennent, non plus des lieux de communication, mais des lieux de télécommunication. Grâce aux outils de télécommunications, il devient possible de s'isoler tout en déambulant sur la place publique. De première vue, l'évolution rapide de ces technologies de communication donne l'impression de la fin de la géographie. Parce que, le temps et l'espace se trouvent défier par elles. Les obstacles physiques qui pouvaient empêcher ou rendre difficile certaines activités sont aujourd'hui faisable dans un temps record.

Il faut tout de même noter que les modifications de ce genre ne sont pas forcement de grandes ruptures mais plutôt des adaptations liées à ce mélange croissant des dimensions physique et virtuelle de l'espace urbain. Ainsi pour RALLET (2001), « les grandes oppositions binaires qui caractérisaient l'espace (loin/proche, présent/absent...) ne disparaissent pas, mais s'atténuent. On peut désormais imaginer une coprésence continue. Quand on est loin, on reste présent. Nous sommes dans un continuum spatio-temporel, qui affecte la manière dont on interagit ». Dans le contexte de la ville l'individu peut continuellement optimiser les choix de localisation, de déplacements grâce au téléphone. Être urbain, ne devient-il pas une contrariété entre deux notions ? « Celle d'avoir besoin des autres pour interagir avec eux et celle d'être gérés par la présence des autres pour réaliser ces interactions ». Avec l'augmentation démographique, l'espace urbain s'accroît, ce qui tend à allonger les déplacements.

La morphologie urbaine est la conséquence des interactions sociales et non leur cause. Dans un contexte de mutation sociale, la valeur du temps est une donnée complexe qui varie selon les individus, les époques. Le temps devient un bien de plus en plus rare. Les moyens de transport avec moteurs ont bouleversé l'aménagement urbain (WIEL, 2004). Cependant, quand est -il pour la téléphonie mobile ?

Les comportements de transport n'en possèdent pas moins une certaine autonomie qui nait de leurs conditions effectives de réalisation.

Ainsi, le téléphone mobile vient combler ce désire tant important chez les besogneux. Du coup l'attractivité du téléphone mobile se comprend dans la mesure où les commissions sont de plus en plus effectuées par ce moyen de communication qui offre un certain nombre d'avantage plus que les autres moyens de communications.

Même si le déplacement permet de réaliser des activités localisées dans les lieux et se caractérise par un but, un moyen de transport, une distance, un temps..... Ces facteurs expliquent l'appropriation massive du téléphone portable dans le contexte bamakois. Bamako devient de plus en plus grand en superficie et le problème les moyens de transport se pose de plus en plus. Dans ce contexte le téléphone devient le «sang» de la communication.

Afin d'augmenter le nombre d'abonnés de la téléphonie mobile, le gouvernement a ouvert la concurrence du secteur en 2002. Cette réforme s'est traduite par l'introduction de l'opérateur Orange Mali qui a abouti à la baisse des tarifs). En matière de réglementation des tarifs, les textes de références sont l'ordonnance n°99-043-P-RM du 29 mars 1999 modifiée et le décret n°00-230-P-RM du 10 mai relatif à l'interconnexion.

Ces deux textes majeurs offrent aux deux opérateurs la main libre de fixer le niveau de leurs tarifs, sous réserves des engagements stipulés dans leurs licences et des dispositions de l'ordonnance. Cependant, précisent les textes, les opérateurs doivent soumettre au Comité de Régulation des Télécommunications au Mali (CRT) des tarifs applicables à tous leurs services. Mais il peut s'opposer à l'application de ces tarifs au cas où ceux-ci ne respecteraient pas les dispositions de l'ordonnance et les règles de concurrence.

1.2. Les objectifs de recherche

1.2.1. Objectif général

La géographie des télécommunications étudie les articulations entre les réseaux sociaux et techniques et leurs relations avec le milieu physique ; le téléphone mobile modifie le rapport entre l'homme, l'espace et le temps. Le but de cette recherche est de faire connaître, mieux encore, à la communauté scientifique la politique commerciale des opérateurs de la télécommunication en milieu urbain. L'objectif principal de notre étude est d'analyser la politique commerciale des opérateurs de la télécommunication au Mali. Cet objectif général rappelle des objectifs spécifiques.

1.2.2. Objectifs spécifiques

Ce mémoire a comme objectifs spécifiques:

-étudier l'évolution du téléphone mobile dans le District de Bamako ;

-explorer les stratégies et les politiques des deux opérateurs de la téléphonie mobile dans la conquête de l'espace (SOTELMA/Malitel et Orange Mali) ;

-dégager ces politiques dans le processus d'appropriation de la téléphonie mobile ;

-décrire les cadres de réglementation de leur concurrence ;

-décrire l'organisation spatiale urbaine de Bamako à partir des infrastructures de la télécommunication. Ces étapes vont sous-tendre l'analyse qui permettra de comprendre la recomposition de l'espace urbain de la ville de Bamako à travers la téléphonie mobile. Pour atteindre ces objectifs nous avons formulé les questions et hypothèses suivantes.

1.3. Questions et hypothèses de recherche

1.3.1. Les questions de recherche

- Quelles sont les stratégies des opérateurs dans la conquête de l'espace urbain ?

- Quelle est la perception des stratégies des opérateurs de la télécommunication ?

- Quelle est la différence entre les stratégies de conquête de l'espace des deux opérateurs ?

- Comment cette concurrence s'opère-t-elle dans l'organisation spatiale de la ville de Bamako ?

1.3.2. Les hypothèses

Hypothèse 1. L'engouement actuel pour la téléphonie mobile masque beaucoup de phénomènes complexes dans la ville de Bamako.

Hypothèse 2. Les dynamiques des acteurs de la téléphonie mobile constituent un facteur principal de la mutation urbaine de la ville de Bamako.

1.4. Intérêt et justification du thème

Bamako, capitale du Mali, a environ une population de 1 809 106 habitants répartis dans 288 176 ménages sur une superficie d'environ 267 km²3(*) (Projet urbain du Mali, 1996). La population de Bamako est composée de 908 895 hommes et de 900 211 femmes, soit 101 hommes pour 100 femmes. Les femmes représentent 49,8 % de la population contre 50,2 % pour les hommes. Elle a été multipliée par près de 1,8 depuis 1998, ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 4,8 % (Direction Nationale de la Statistique de l'Information, 2011). Cette croissance démographique et spatiale fait que la ville est exposée à des crises multiformes, qui touchent les moyens de transport public avec le prix élevé des transports en commun. Ce processus d'urbanisation a cru à un rythme annuel à 5 %.

L'accroissement de la population transforme l'organisation spatiale de cette ville dont les politiques d'aménagement du territoire sont limitées en raison de l'insuffisance des moyens financiers en matière d'habitat, de la prégnance de la relation centres-périphéries.

Ces facteurs conjugués ont fait que la ville de Bamako s'est développée sur la rive gauche, sur la terrasse alluviale du fleuve Niger, se trouvant coincé entre celui-ci et le Lassa Koulou, Koulouba, Point G et Sikoroni - Koulou qui forment d'ouest en est une série de collines en arc de cercle qui sont des formations gréseuses constituant les dernière marches des Monts Mandingues. Elle a débordé aussi sur la rive droite en occupant la plaine comprise entre le fleuve et les collines de cette rive ainsi que les hauteurs elles-mêmes (les collines de Badalabougou et de Magnambougou).

Cependant, la ville de Bamako connaît un trafic important dû à l'augmentation du parc d'automobile. Cette croissance dépasse le rythme d'aménagement des voies et d'équipement de transport.

Le trafic dans la ville de Bamako est déterminé par les problèmes qui sont : la mauvaise organisation des lignes de transport collectif qui convergent toutes vers le centre ; l'insuffisance des moyens de transports collectifs se traduit par de longues files d'attente pendant des heures de pointes ; l'insuffisance de parking et des aires de stationnement, limitant les espaces réservés aux piétons ; le mauvais état de certaines routes entre le centre et certaines périphéries de la ville.

Le réseau de transport en commun est organisé autour de «places» (gares routières) à partir desquelles s'organise la desserte des quartiers de la périphérie. Ces gares routières sont : Cinéma vox, Railda, Assemblée, Grande Mosquée, Nouveau Marché Médine. Les lignes, les gares routières et les arrêts sont déterminés par arrêté du district en concertation avec les organisations de transporteurs. Une ligne est un itinéraire auquel est associé le quartier desservi à la périphérie ou la place du centre-ville. Le réseau compte actuellement 46 lignes (seulement 6 lignes à la fin des années 60), desservant une soixantaine de destinations en fonction de la demande des usagers4(*).

La carte montre la répartition des différents quartiers de Bamako sur les rives gauche et droite.

Figure 3. Carte de repérage de Bamako et des ses quartiers (Bertrand, Fouétilou, département de Géographie de l'Université de Caen, 1997).

Ceci montre le caractère accidenté du milieu physique de Bamako et les contraintes sur les déplacements de la population d'où la nécessité de solliciter le téléphone mobile pour les besoin de communication.

L'espace urbain de Bamako est devenu un espace convoité par la population (flux migratoire). La morphologie urbaine et la mobilité sont deux aspects d'une même réalité sociale.

La ville est reconnue au premier plan par les dynamiques diverses des infrastructures des transports pour faciliter les déplacements.

Le téléphone mobile et les autres infrastructures participent à la génération d'économies d'agglomération, comprises comme la somme d'économies de localisation et d'économies d'urbanisation (BAKIS, 2010).

Actuellement, il faut signaler la recherche de clients par les opérateurs et l'appropriation du téléphone mobile par les acteurs territoriaux, urbains notamment. Elles sont intégrées dans une vision du territoire: équipement (pour renforcer son attractivité), mais aussi son image, et instrument de la concurrence avec les autres territoires.

L'accroissement du parc de téléphones mobiles a conduit l'ensemble des opérateurs (SOTELMA/Malitel et Orange-Mali) à implanter les stations relais pour permettre l'émission et la réception des communications. Les stations sont installées sur des points hauts situés sur des immeubles ou des ouvrages assez dégagés pour permettre une bonne couverture. Dans leur conquête de la plus grande part du marché du secteur de la téléphonie mobile, les deux operateurs au Mali se sont livrés depuis un certain temps à une concurrence sans précédent. Chacun utilise sa propre stratégie de marketing pour attirer la clientèle: les consommateurs peuvent bénéficier des bonus à trois chiffres. Les deux opérateurs expérimentent toutes sortes techniques de markéting en faveur de leurs consommateurs, facturation à la seconde, bonus de 50 %, 100 %, de 120 %.

Ainsi, Orange Mali s'est imposé avec la plus grande part du marché, soit plus de 3 millions d'abonnés ; il a procédé à la mise en place d'une fondation à vocation humanitaire. Il entreprend beaucoup d'oeuvres caritatives dans le domaine de l'éducation de la santé, du sport, etc.

Orange Mali fait du sponsoring et est présent sur tous les fronts pendant que Malitel éprouve des difficultés pour satisfaire sa clientèle: certains utilisateurs se méfiaient de communiquer avec un détenteur de puce Malitel.

« Orange Mali a un service de Marketing et de communication et sait comment conquérir le marché Malien » déclarait en son temps un responsable de cette société (FALL, 2010).

En revanche, la concurrence a longtemps tourné à l'avantage de Orange Mali, alors que l'opérateur historique était confronté dans des problèmes de gestion administrative. Mais depuis quelques mois, avec l'arrivée de Maroc Télécom, qui, en 2009, a racheté 51 % des actions de l'opérateur national malien pour 180 milliards de F CFA, SOTELMA/Malitel commence à se lancer dans une nouvelle stratégie de marketing avec des tarifs de communication plus bas que ceux de Orange. Ainsi la reconquête de l'espace demeure inéluctable. Cette guerre commerciale, qui a permis de faire passer le taux de pénétration de 5% à 42 % entre 2003 et 2008, se fait au bénéfice des clients.

Le dynamisme du secteur de la téléphonie mobile à Bamako impose de nouvelles donnes sur le plan de la socialisation et de la structuration de son espace. On s'interroge ainsi sur les stratégies d'attirance des clients et le mode d'appropriation du téléphone mobile dans la ville de Bamako.

Chapitre 2 : Définition des concepts

L'objectif de ce chapitre est d'éclaircir certains concepts structurant notre thématique de recherche.

2.1. Les acteurs dans le domaine de la téléphonie mobile à Bamako

L'acteur est celui qui réalise, qui se trouve à l'origine d'une action ou d'une décision. Le propos sur les acteurs dans les sciences sociales est relativement nouveau et problématique, en géographie il l'est encore en ce qui concerne leur rapport à l'espace. Le but ici est de présenter quelques idées de problématiques relatives au rapport entre acteurs et espace sans épuiser la question, ni prétendre présenter tous ses aspects.

L'acteur est une entité sociale (il peut être un individu, un groupe, un opérateur, un État.) dotée de la capacité d'action propre (ce qui est l'opérateur), autonome (ce qui est différent de l'agent) et possédant une compétence intentionnelle stratégique de nature à influencer les autres acteurs en terme de décision et de comportement spatial.

La géographie ne peut pas se passer d'identifier et d'étudier les acteurs et leurs stratégies spatiales, si non comment comprendre le sens du mouvement et de la formation spatiale. Quelle est la place des différents acteurs dans la mise en place des espaces géographiques ?

«L'espace n'est rien sans ses créateurs qui sont en même temps ses usagers» (KLEINSCHMAGER, 1998 : 425) et « les producteurs de l'espace ne sont autre que les acteurs sociaux qui sont producteurs et consommateurs, à la fois auteurs et acteurs et spectateurs » (BRUNET, DOLLFUS, Mondes nouveaux, 1990 : 46).

L'espace est le soubassement du système social et de la formation socio-spatiale. Il se trouve ainsi transformer par le jeu des acteurs consciemment ou inconsciemment. C'est un élément principal des stratégies des acteurs. Il est le lieu de concrétisation des actions. A titre de justification, il faut reconnaitre aujourd'hui que les dynamiques de la téléphonie mobile jouent un rôle central dans l'évolution urbaine contemporaine. Elles ont entraîné une croissance spatiale des villes, certes, mais aussi et surtout un redéploiement des fonctions urbaines. Avec le téléphone c'est tout une nouvelle géographie de sensibilité qui se met en place à travers l'aménagement des espaces pour les antennes téléphoniques.

2.2. La dynamique

C'est l'étude des faits dans leur mouvement au même titre que les forces qui conduisent ce mouvement, les interactions qui s'opèrent et les effets qui en résultent. Un jeu des forces naturelles et humaines qui incitent l'évolution d'un objet, d'une activité, d'un espace etc. dynamiques urbaines, les artères périphéries centrales apparaissent clairement comme des rues en intenses mutations. Cette dynamique urbaine s'accentue par de nouvelles nuisances pollution, engorgement, embouteillage, bruit, et mise en relation des différents espaces (DIARRA, 1999). Elle s'exprime par la migration de toute sorte, les déplacements quotidiens ou résidentiels...) avec l'usage massif du téléphone mobile.

La dynamique spatiale ou territoriale est l'étude de la recomposition spatiale et des forces sous-jacentes, de leurs processus et de leur logique, de leur interaction et de leur résultat.

La dynamique s'exprime à partir de l'analyse diachronique, qui vise à étudier de faits dans la durée, c'est-à-dire évaluer l'évolution d'un paysage dans une période donnée, des concepts dynamiques comme fusion, fission, diffusion, expansion, recomposition, relocalisation, redéploiement, etc.

En plus de toutes ces dynamiques, celle économique est beaucoup plus remarquable avec le concept de «centralité» et «d'attractivité» de la ville. Elle est un espace favorable pour la concurrence entre les opérateurs de la téléphonie mobile.

2.3. L'Espace

Un espace, du moins pour le géographe, n'est pas un simple concept. Il est à la fois l'existence et l'essence de la géographie. Il constitue le concept de base de la discipline. L'espace est une catégorie abstraite qui n'a de valeur que par les hommes ou objets qui le marquent dans l'exercice d'une certaine pratique. On peut distinguer l'espace physique5(*) (les rapports écologiques), l'espace kantien (lieu et forme de toute sensibilité) et l'espace durkheimien (produit par la représentation et l'action humaine). L'espace géographique est à la fois un écosystème et un produit social, une combinaison des trois espaces.

L'espace et sa composition peuvent handicaper ou favoriser un projet social sans que l'espace soit l'élément moteur. Cette dimension fait de l'espace un élément essentiel dans les questions de mutation, de transformation et d'innovation de son époque. L'espace forme ainsi un enjeu de pouvoir, un outil d'intermédiation, un produit social. Il se trouve manier, comme tant d'autres produits dans la société.

Le matériel passe le plus souvent par le spatial et c'est là où la stratégie de l'acteur peut ou non réussir. L'espace fixe, fait passer une image et c'est à ce titre qu'il se trouve occupé et organisé.

2.4. L'Espace urbain

L'espace public est multiple par sa forme. Il est place ou esplanade, rue, boulevard ou avenue, mais aussi voie périurbaine ou voie rapide. Il prend la forme de parking ou d'abord de zone industrielle, de centre commercial ou de grand ensemble.

Il peut être jardin, square, grand parc urbain ou bord de rivière, mais peut prendre aussi les formes les plus simples ou les plus saugrenues telles que talus planté, îlot directionnel, îlot central de giratoire, terre-plein... Tous ces espaces, aussi différents soient-ils, participent de façon importante à l'image de la ville (VAZQUEZ, 2010).

L'espace urbain est par essence un espace d'appropriation individuelle et collective, révélateur du fait social: espace de circulation, de croisements et de rencontres. Une multitude de signes indiquent par ailleurs que l'espace urbain est en mutation (due aux technologies de l'information et de la communication, à la croissance démographique, etc.), malgré une forte disposition de vouloir l'aménager et le contrôler. L'espace urbain n'est plus seulement un lieu d'ancrage ou un contexte, il est devenu un carrefour, un phénomène médian, et non pas un point statique. Le terme espace urbain désigne les espaces de rassemblement ou de passage, ouverts à tous les usagers. À la diversité sociale, s'ajoute la complexité issue du développement et des mutations économiques et technologiques. Il s'insère dans des contextes géographiques variés, en termes de «centralité» ou de différenciation socio-spatiale.

L'évolution du téléphone mobile a engendré un changement social dans la vie des individus. Très tôt, il a influencé la transformation des villes et la communication entre les personnes (WHEELER, AOYAMA et WARF, 2000). L'espace urbain est devenu une toile avec des réseaux de télécommunication complexe.

Cette transformation à son tour a engendré une autre dimension d'observation et d'interprétation des faits. Pendant que les uns sont en train de parler de la disparition de la communication de face-à-face et l'instauration d'un espace virtuel6(*), les autres supposent le maintien de la communication de face-à-face.

2.5. La téléphonie mobile 

La téléphonie mobile désigne toute l'infrastructure de télécommunication permettant d'utiliser des téléphones portables (que l'on appelle également téléphone mobile, téléphone cellulaire), permettant de téléphoner presque partout7(*). Cette technologie, notamment grâce aux progrès constant de l'électronique, s'est largement répandue à la fin des années 1990. Le téléphone est un système de communication, initialement conçu pour transmettre la voix humaine.

La téléphonie mobile est née dans les années 1950 aux États-Unis. Les premiers réseaux nécessitaient l'allocation d'une fréquence par communication, et les secteurs géographiques étaient larges (peu d'abonnés par unité de surface). Par la suite, les réseaux cellulaires ont permis un usage plus rationnel des fréquences, augmentant ainsi de façon considérable les capacités des réseaux.

Outre la communication téléphonique classique, le téléphone mobile a développé d'autres fonctionnalités telles que l'envoi de textes courts ( SMS), la photographie ou la vidéo numérique, l'accès au Web

2.6. La recomposition

L'augmentation de la téléphonie mobile aboutit à une nouvelle configuration de l'espace. Elle se traduit par une concentration des infrastructures du téléphone mobile pour une plus grande couverture de l'espace. L'usage du téléphone mobile a permis le développement d'une autre forme d'accessibilité au-delà des infrastructures routières, maritimes, aériens, etc. L'amélioration des infrastructures routières a favorisé la localisation de biens de consommation et de services en périphérie urbaine, dans des lieux facilement accessibles. Ce qui montre l'émergence d'un nouveau modèle spatial urbain (LEFEBVRE, 2010).

L'avènement de la téléphonie mobile participe à la mise en place d'un nouvel espace à partir des relations (télécommunication et transports rapides).

L'espace requiert des démarches qui visent à maintenir, restaurer ou promouvoir de nouveaux liens entre différents facteurs qui affectent son statut. Ces liens constituent des actions d'aménagement et de développement de l'espace (BAKIS, 1980). L'espace urbain n'apparaît plus tel qu'on l'a connu il y a quinze ans. Les antennes de relais, les panneaux de publicité des opérateurs, les sonneries de téléphone mobile un peu partout dans la ville, se développent.

Chapitre 3 : Méthodologie

La méthodologie s'articule autour de trois phases essentielles : la phase documentaire, la phase de terrain et la phase d'analyse des données.

3.1. La recherche documentaire

Elle concerne la recherche des documents qui ont traité le sujet. La recherche documentaire s'est effectuée dans les structures suivantes : SOTELMA/Malitel, Orange-Mali, CRT et des bibliothèques (des archives nationales, du Centre Culturel Français, du Centre Djoliba, de l'Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée (ISFRA), de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLASH), de l'université Gaston Berger de Saint-Louis et sur le net.

Pour une meilleure connaissance sur la relation entre l'espace urbain et le téléphone mobile, beaucoup de travaux scientifiques ont été réalisés dans le but de comprendre le rôle du téléphone mobile dans le changement de l'organisation de l'espace urbain. Parmi ces travaux on peut citer ceux des auteurs qui suivent :

DIALLO Fatimata dans son article «Espace public et technologies numériques en Afrique : Émergence et dynamique et gouvernance du cyberspace sénégalais» en 2008, traite comment dans un contexte de numérisation accrue l'espace public sénégalais, pris entre la spirale d'intérêts contradictoires du pouvoir politique, du marché et des citoyens, se redessine. DIALLO explore les différentes dynamiques qui pourraient rendre compte de la virtualisation accrue des technologies de la communication et les tentatives multiples, souvent vaines, de les canaliser. Son travail aide à comprendre les processus de virtualisation des technologies de la communication et la non maîtrise de ceux-ci au Sénégal.

GHOZALI Faïza  «La course folle à l'innovation», 2009, son travail porte sur les opérateurs qui redoublent d'imagination pour diversifier leur offre et enrichir leurs contenus. Transferts de données, M-Banking, accès à Internet... Le téléphone mobile est bien plus qu'un simple téléphone surtout en Afrique. Ils doivent se montrer plus offensifs dans la course aux services à plus forte valeur ajoutée. Et être le plus innovants possible. Le travail de GHOZALI nous aide à comprendre la diversification des produits et des services offerts par les opérateurs de la télécommunication.

SYLLA Ibrahima dans son mémoire de maîtrise «Approche géographique de l'appropriation des NTIC par les populations : l'exemple des télé-centres et des cybercafés dans le quartier Ouagou Niayes à Dakar», 2003-2004, note la présence massive des télé-centres à Ouagou Niayes et dans tout l'espace urbain dakarois. Selon lui, les cybercafés sont moins présents mais suivent au pas l'empreinte des télé-centres qui les «engendrent» parfois. Télé-centres et cybercafés sont des créneaux porteurs, créateurs d'emplois et de richesse. Ils intéressent presque tout le monde et caporalisent de ce fait beaucoup d'acteurs en même temps qu'ils suscitent de multiples enjeux. Ils ont colonisé l'espace du quartier même s'ils ne le structure pas encore. L'auteur nous fait comprendre la multiplication des télé-centres et des cybercafés dans l'espace urbain de Dakar.

KWAN Mei-Po, «Mobile Communications, Social Networks, and Urban Travel: Hypertext as a New Metaphor for Conceptualizing Spatial Interaction» en 2007 montre que l'utilisation généralisée des communications mobiles conduit à de nouvelles pratiques dans la vie familiale et la vie sociale, et ces changements ont des implications importantes pour l'étude de voyage en milieu urbain. En raison de l'adoption de nouveaux modes de coordination espace-temps, changement du temps, et évolution de noyaux urbains, le brouillage des frontières entre le domicile et le travail, l'importance des réseaux sociaux et du capital social, et le passage à la connectivité de personne à personne, la structure spatiale et les processus d'interaction entre les individus sont devenues beaucoup plus compliquer en cette ère de communications mobiles. Ce qui est important à retenir dans cet article, est : l'usage massif des communications mobiles entraine une nouvelle pratique dans le milieu urbain. Cette pratique se situe au niveau des usagers (vie familiale, vie sociale).

LAURIER Eric, «Why people say where they are during mobile phone calls», 2001, traite la caractéristique souvent remarquée des appels de téléphonie mobile comme une forme géographique localisation après un message d'accueil. L'auteur utilise certains cas singuliers de conversations téléphoniques pour fournir une réponse quant à pourquoi cette fonction géolinguistique a émergé. En examinant deux «cas concrets» et une vignette, un peu de lumière est fait sur un sujet spatial: la mobilité. Dans notre travail, ce qui est important à noter est que LAURIER examine la question géolinguistique dans un contexte de mobilité, comme pourquoi les usagers disent où ils sont lorsqu'ils s'appellent au téléphone donc une question de localisation.

GUY Gnamien, «Téléphone mobile, modes d'appropriation et structuration de l'espace urbain : exemple de la ville de d'Abidjan», 2001-2002, développe la question sur l'impact du téléphone mobile sur la ville d'Abidjan. L'accès aux infrastructures de télécommunication, facteur de développement humain, est en passe d'être amélioré en Côte d'Ivoire et ce par le biais de la téléphonie mobile. La propension à communiquer, la rapidité et l'instantanéité dans la circulation de l'information, le gain de temps et l'optimisation de la productivité qui en découle, sont des facteurs d'amélioration de l'existant. Cette dynamique devient possible grâce à l'insertion du téléphone mobile. L'auteur nous fait comprendre les facteurs d'attirance du téléphone mobile.

DULAU Caroline, «Systèmes de communication, acteurs et réseaux du grand commerce à Kayes au Mali», 2000-2001, aborde la complémentarité transport-télécommunication. Un système économique performant repose autant sur la circulation de l'information que sur celle des marchandises. Les TIC pourront abolir les distances virtuellement, mais il faudra toujours des moyens physiques pour acheminer les hommes et les marchandises. La complémentarité transport-télécommunications est fondamentale quand on parle de commerce. La ville de Kayes est mal raccordée au reste du pays et au monde à cause d'infrastructures de télécommunication souvent défectueuses.

CHENEAU-LOQUA Annie, «Les territoires de la téléphonie mobile en Afrique», 2001, a pour sa part, montré que le téléphone mobile connaît en Afrique un succès qui dépasse les prévisions les plus optimistes, succès plus immédiat que celui d'Internet. Du point de vue de l'infrastructure installée, à l'échelle d'un pays comme le Sénégal le réseau cellulaire, la structure des anciens réseaux installés, mais aussi, étant donné que sa configuration spécifique, permet des accès dans les zones périphériques aux lieux centraux dépourvues de toute autre infrastructure moderne. Cette relative «égalitarisation» de l'espace de circulation de l'information permet une création d'usages à moindre coût dans les zones urbaines ou périurbaines pauvres. L'auteur met l'accent sur l'usage de plus en plus massif du téléphone mobile dans le milieu urbain et dans les périphéries pauvres.

BAKIS Henry, «TIC et Aménagement numérique des territoires», 2010, estime que la diffusion massive des technologies de l'information et de leurs usages a été comprise comme relevant d'un phénomène de société.

Des termes à la mode ont été avancés et notamment l'expression de "société de l'information" consacrée par les politiques quoique souvent critiquée. A l'échelle régionale ou à celle des agglomérations, il souligne le poids croissant des activités liées à l'informatique et les TIC dans les nouvelles dynamiques territoriales. La mise à disposition d'infrastructures et de services apparaît comme une action fondamentale et obligatoire de l'aménagement des territoires. Il ne s'agit plus seulement de faire à distance, mais bien d'offrir aux habitants citadins des services de proximité, interactifs et personnalisés; d'offrir aux professionnels des services mobiles performants. Les TIC ont été beaucoup plus abordées dans cet article par l'auteur, ce qui nous permet de d'accéder à une certaine connaissance de leur évolution.

FRACCHIOLLA Béatrice, «Le téléphone portable pour une nouvelle écologie de la vie urbaine?», 2001, aborde la question de définition des relations au sein de la ville, qui prend en compte tous les moyens technologiques dans leur ensemble, et le téléphone portable plus particulièrement. L'apparition du téléphone mobile, comme le développement des vélos et moyens de locomotions différents sont des réponses à une sorte de délocalisation de la sphère du privé.

En 2007, KHAINNAR Smail, dans son article intitulé «TIC et stratégies d'acteurs urbains: Quelle utilisation pour quelle finalité ?» s'interroge sur la question d'intégration des TIC au service des politiques urbaines contemporaines, et voir comment à travers l'articulation des messages, des supports (TIC) et des dynamiques identitaires territoriales, un partage informationnel harmonieux puisse s'établir dans un cadre décisionnel élargi et transparent. Les TIC s'avèrent comme des outils stratégiques qui permettent de faciliter les diverses démarches urbaines, d'accompagnement communicationnel pour susciter de nouvelles pratiques urbaines, .... Cet article nous permet de voir que les TIC peuvent influencer d'une manière générale sur les déroulements et l'issue des démarches urbaines, et déterminer le degré de réussite de celles-ci auprès de l'habitant (principal destinataire et premier utilisateur de la ville).

Tous ces auteurs ont traité de façon générale sur TIC mais dans notre investigations, nous nous tacherons de cerner les stratégies des opérateurs de la téléphonie mobile et l'organisation spatiale urbaine de Bamako qui demeurent un champ peu exploré au Mali. À la suite de cette phase il est nécessaire de passer à l'activité de terrain, qui a permis d'analyser les cas spécifiques de la ville de Bamako.

3.2. L'étape de terrain

Il s'agit donc à présent d'exposer la démarche concrètement adoptée, c'est-à-dire la méthode et la mise en oeuvre des enquêtes. Les outils utilisés sont : le questionnaire, l'entretien, l'observation, la photographie et l'échantillonnage.

3.2.1. Le questionnaire

Un questionnaire est adressé aux agents des opérateurs de la télécommunication (SOTELMA/Malitel, Orange-Mali), aux responsables politiques du secteur de la communication et aux usagers du téléphone mobile. Nous avons utilisé le questionnaire pour recueillir les différents points de vue sur les stratégies de conquête des opérateurs et leur perception de la recomposition de l'espace.

3.2.2. L'entretien

En plus du questionnaire, nous avons utilisé des entretiens semi-structurés, durant lesquels nous avons accordé une grande importance à l'histoire de vie, de manière à obtenir des informations sur le sujet. Les entretiens que nous avons réalisés visaient à susciter chez les personnes enquêtées un récit à la fois diachronique et synchronique de leur histoire en rapport avec le téléphone.

Nous avons fréquenté autour des télé-centres, des espaces de communication des opérateurs, dans les rues, dans les marchés pour demander aux usagers du téléphone mobile leur perception des stratégies de conquête des opérateurs.

Les entretiens semi-directifs ont été utilisés de récolte de données. 60 personnes (groupe cible cité ci-haut) ont été enquêtées au cours de ce travail. Il impliquait la collecte systématique, l'organisation, et l'interprétation des matériels textuels issus de la parole ou d'observation. Les entretiens semi-directifs ont été menés sur la base de guides d'entretiens, sans liste exhaustive de questions et à caractère flexible; en ce sens que les thèmes suggérés par le processus de la conversation n'étaient pas fixés d'avance, puisque de nouveaux sujets, de nouvelles questions pouvaient apparaître au cours de l'entretien.

Quant aux histoires de vie, elles sont des entrevues spécialisées qui tentent de nous donner une idée sur l'usage du téléphone personnel. Ici, il s'agit de demander à l'informateur pour raconter son avis sur les opérateurs au Mali et sa préférence parmi les deux et sur la recomposition de l'espace urbain.

3.2.3. Les observations

L'observation est une partie importante de cette étude. Elle nous a permis de distinguer les dits des gens et leurs comportements de tous les jours. Pour montrer l'importance de l'observation, LOUBET DEL BAYLE, (1989) dit que « L'observation est définie comme la considération attentive des faits, afin de mieux les connaître ».

Il est toujours intéressant et préférable de combiner l'observation avec des points de vue des individus sur un fait. En mettant l'observation en relation avec le discours des individus, deux points de vue se confrontent : celui de l'enquêteur (qui normalement traduit une objectivité) et celui des enquêtés (qui traduit une certaine subjectivité propre à l'appartenance même au terrain). Elle est un outil de découverte mais aussi un outil de vérification, et nous permet de dégager certaines pistes de réflexion.

3.2.4. La photographie

Nous avons utilisé la photographie pour illustrer la situation de la téléphonie mobile sur l'espace urbain de Bamako. Elle concerne les antennes de relais des opérateurs de la télécommunication, les télé-centres, mais aussi pour décrypter et comprendre les messages publicitaires des différents opérateurs de la téléphonie mobile à Bamako.

3.2.5. L'échantillonnage

La technique d'échantillonnage est de type aléatoire. L'échantillon se composé de 60 personnes au total dont 20 personnes pour les agents de secteur de la télécommunication, 10 pour les responsables politiques de la communication et 30 pour les usagers du téléphone mobile.

3.3. Étape de traitement des données

Le traitement des données concerne les données collectées sur le terrain. Elles sont présentées sous forme de figure et de tableau et commentées au même titre que les photos. Ce traitement nous renseigne sur les politiques d'attirance des clients des deux opérateurs et l'appropriation du téléphone mobile par les utilisateurs à Bamako.

Toutefois, il sied de remarquer que les modèles théoriques qui conceptualisent le social et le technologique comme étant pris dans des interactions complexes et itératives, plutôt que dans des domaines séparés, sont nécessaires. Ils doivent intégrer l'indétermination fondamentale de l'avenir technologique des villes actuelles. Au-delà de ces études rassemblées sous la thématique de la recomposition urbaine par l'usage du téléphone mobile, un certain nombre de travaux se réclament explicitement d'une tentative d'élaboration théorique et partielle de cette problématique.

La croissance des villes en général s'accompagne par la cours derrière temps avec le manque de moyen de transport public et le prix de transport élevés. La téléphonie mobile pénètre de nouveaux espaces géographiques qui permettent à la consommation et le processus de communication qui doit être appliquée dans de nouveaux espaces sociaux, culturels et psychologiques. L'accent est mis davantage sur les environnements socioculturels que la technologie elle-même, en faisant valoir que l'infrastructure spatiale et technologique d'une ville est cruciale pour la création de ce qu'on appelle «path dependancy8(*)» en termes d'environnement économique, politique et sociale c'est-à-dire le processus de recomposition de l'espace par le téléphone mobile.

En somme, cette première partie nous a offert l'opportunité de délimiter certains paramètres de notre problématique, de comprendre et d'analyser les dynamiques concurrencielles et la recomposition de l'espace urbain de Bamako. Les données du terrain nous aideront à mieux appréhender la spécificité de la ville de Bamako.

Première partie:

La politique, les acteurs et les stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile dans l'espace urbain de Bamako

Introduction

L'objectif de cette partie est d'analyser la politique de la télécommunication au Mali, les acteurs et les stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile. Le secteur de la télécommunication mobile a subit une évolution effrénée depuis plus d'une décennie dans les villes maliennes suite à la reforme politique du secteur des télécommunications. Le téléphone mobile est devenu un outil incontournable en matière de relation interpersonnelle.

Les stratégies des opérateurs doivent être en corrélation avec la politique gouvernementale, car les opérateurs héritent d'un cahier des charges qui impose souvent la technologie à utiliser. C'est le cas des réseaux mobiles global system for mobile Communication (GSM) où la technologie est indiquée.

Cette volonté politique a favorisé le développement de la téléphonie mobile. Ainsi, se développent des dynamiques et des stratégies des acteurs (État, opérateur, usagers, etc.) dans l'espace urbain.

Le téléphone mobile réservé pour ceux qui avaient le moyen, il y a quelques années, est devenu un outil populaire grâce à la reforme politique du gouvernement.

Nous examinons ici, les comportements spatiaux des acteurs qui sont souvent conçus pour expliquer et prévoir la localisation des opérateurs.

Chapitre 4: La politique de la télécommunication au Mali

Face à l'Union International des télécommunications (UIT), le poids de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) s'est imposé depuis 1994 dans le secteur des télécommunications. L'Accord Général sur le Commerce des services (AGCS) relatif aux télécommunications traite des mesures qui affectent l'accès au service public et l'usage des réseaux de transport. A la demande du gouvernement malien, une équipe d'experts de l'UIT a réalisé en mai - Juin 1995 une mission de conseil dans le but de reformer le secteur. La mutation des opérateurs de télécommunications résulte du processus de la mondialisation de l'économie, des avancées technologiques permettant l'émergence de nouveaux services et l'entrée de nouveaux exploitants, de la croissance de la part des services dans le commerce mondial et du mouvement des capitaux. Tout ceci oblige les opérateurs à affronter une plus grande concurrence de fait.

L'entrée en vigueur de l'AGCS en 2005 n'a pas apporté beaucoup de changements dans le secteur, au moins en ce qui concerne les services de base. Le secteur de la télécommunication considéré comme très rentable avec des retours sur investissement plus rapides, est l'un des premiers à être visé par les Institutions Financières Internationales (IFI) (Banque Mondiale et Fonds Monétaires Internationales). Elles interviennent dans le cadre des programmes d'ajustement structurels ou autres cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté. Leur approche libérale a pour but d'assainir les indicateurs macroéconomiques des pays qui demandent de prêts, toujours avec la même recette : augmenter les impôts, couper les dépenses, vendre ce qui est rentable. De ce point de vue, la Banque Mondiale a financé dès le début du programme de la reforme du secteur des télécommunications. Le Mali étant un pays sous programmes d'ajustement structurels, tout prêt à long terme à une entreprise publique, y compris pour financer des investissements visant à en améliorer les équipements et les performances, est normalement interdit par la Banque : cela augmente la dette de l'État et contredit la directive de désengagement à laquelle est subordonnée son aide. Même si dans certains cas ; la Banque mondiale est obligée de céder du fait des particularités de la situation économique et sociale du pays (MELE et SANGARE, 2005).

Cette démarche a longtemps rencontré des obstacles politiques, les gouvernements ne voyant aucune urgence à transformer l'environnement économique et institutionnel de ce secteur généralement rentable.

Partant de là, le gouvernement du Mali a adopté une déclaration de politique sectorielle des télécommunications en 2000 qui définit les orientations, les enjeux et les bénéfices attendus de la réforme du secteur. L'Ordonnance N° 99-043/P-RM du 30 septembre 1999, ses décrets et arrêtés d'application régissent les télécommunications en République du Mali. Avec ces textes réglementaires, le gouvernement est déterminé à établir la transparence et une concurrence loyale dans le secteur des télécommunications et à reprendre le processus d'ouverture par un appel d'offre international pour l'octroi, avant la fin de l'année 2000, d'une licence à un opérateur privé. Ce dernier deviendra le concurrent de l'opérateur historique dans tous les services de télécommunications y compris les services mobiles et internationaux.

Ces textes créent un environnement favorable au développement des télécommunications et en particulier la téléphonie mobile.

Cette réforme a produit des progrès notables notamment en matière de télé-densité, même si celle-ci reste encore faible, soit 3,94 lignes pour 100 habitants en zones urbaines et 0,07 lignes pour 100 habitants en zones rurales au moment de l'introduction du second opérateur (Orange Mali). Le taux d'accès aux services de télécommunications a été ainsi amélioré. Ce qui a permis au Mali de se placer à la 8ème place au sein de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) abandonnant ainsi son rang de 12ème sur 15 précédemment et de passer de la 41ème place à la 28ème au sein de l'Afrique Subsaharienne.

Quant à la reforme, elle a été faite en deux étapes :

· la séparation de la poste des télécommunications et la création d'une société d'État des télécommunications, (SOTELMA) en 1989 ;

· la libéralisation du secteur des télécommunications qui sera couronnée par la privatisation de l'opérateur historique, la SOTELMA.

La stratégie de privatisation de la SOTELMA retenue a consisté à céder 51% du capital au partenaire stratégique, tandis que 19% du capital ont été cédés au grand public et 10% réservés aux salariés de la société, par la signature du contrat de cession le 6 juillet 2009. La privatisation de la SOTELMA génère une nouvelle ère dans la régulation des télécommunications au Mali avec le changement de statut de la SOTELMA, de société d'Etat à 100% à celle à capital majoritaire privé.

Cependant, la libéralisation de ce secteur consiste à rendre libre l'accès à une activité économique pour différents agents économiques. Elle signifie la fin du monopole de l'opérateur historique dans le secteur de la télécommunication définie par l'autorité publique.

La possibilité offerte à d'autres opérateurs d'intervenir dans le même secteur est un moyen de stimuler la concurrence, qui a pour but d'encourager l'innovation, la qualité de service et la baisse des prix pour les usagers.

Dans une large mesure, la privatisation ne se réduit pas à un non-engagement de l'État par la vente d'actifs publics. Elle consiste à développer la place dévolue au secteur privé. L'octroi d'une licence d'exploitation à Ikatel devenu Orange Mali, opérateur privé, participe de la privatisation.

Dans le cadre de l'extension du nombre des abonnés, chose souhaitée par la politique du gouvernement, le Mali dispose depuis le 1er novembre 2008 d'un nouveau plan de numérotation téléphonique à 8 chiffres. Avec ce nouveau plan, de nouvelles perspectives s'ouvrent au développement du secteur de la téléphonie mobile. En effet, le nouveau plan de numérotation à 8 chiffres offre un potentiel de 100 millions de numéros (cf. annexe IV). Il a l'avantage de permettre aux opérateurs d'étendre leurs réseaux et de donner à l'État malien la possibilité d'introduire sur le marché de nouveaux opérateurs.

En plus de tout cela, la libéralisation et la privatisation du secteur ont contribué à la dynamique de développement (l'augmentation de l'accès à l'information, le partage rapide des connaissances entre les personnes et la contribution à la construction du social). Cependant, cette dynamique est en grande partie concentrée dans les espaces urbaines et particulièrement à Bamako. Le téléphone mobile est devenu une alternative pour ceux qui n'avaient pas le moyen de se procurer un téléphone fixe parce que l'accès à une ligne fixe demandait plus d'investissement au gouvernement.

L'accès au service de la téléphonie mobile est un enjeu essentiel pour la majorité de la population. Aujourd'hui, il permet à beaucoup de secteurs et de citoyens d'accéder à moindre coût à l'information. Il a facilement intégré le quotidien des usagers dans la ville de Bamako. Pour un accomplissement parfait de la politique gouvernementale, il faut des acteurs pour servir les consommateurs que sont les opérateurs.

Chapitre 5 : Les opérateurs de la télécommunication au Mali

Au Mali, il existe deux opérateurs de la télécommunication : SOTELMA/Malitel et Orange Mali. Aujourd'hui, les deux opérateurs de téléphonie mobile du parc national augmentent l'offre des services de la communication.

5-1. SOTELMA/Malitel

La figure 4 donne une vision de la présence de SOTELMA/Malitel dans sur le territoire national.

Figure 4. Carte des zones de présence de SOTELMA/Malitel (Malitel, 2011)

La carte illustre la présence de SOTELMA/Malitel dans les zones marquées avec le « M ». Cependant, beaucoup de zones ne sont encore couverte.

Les insuffisances et difficultés ont conduit à la restriction de l'office des postes et télécommunications et ont donné naissance en 1989 à deux entreprises : la Société des Télécommunications du Mali et l'Office Nationale des Postes (respectivement la SOTELMA et l'ONP). La SOTELMA a été créée par ordonnance n°89-32/P-RM du le 9 octobre 1989. Elle dispose d'un réseau fixe et mobile. Le réseau (GSM)9(*) est exploité par sa filiale Malitel. Ainsi fut créée la société.

Malitel détenue à 46% par la SOTELMA, 44% par le consortium privé la Société de Gestion des Télécommunications (SOGETEL) comprenant France Télécom (qui assure la gestion technique et commerciale par sa filiale Sofrecom), Alcatel (qui apportait le matériel) et les investissements privés maliens, et le personnel de la SOTELMA 10%.

SOTELMA/Malitel détient une part de marché de 17%. Le taux de pénétration est de l'ordre de 30%. Elle dispose d'un parc d'environ 986 000 lignes (99% prépayé) au 31 décembre 2009. Ce parc est en croissance de 48% par rapport à 2008. SOTELMA /Malitel offre le roaming10(*) ainsi qu`une gamme variée de services adaptés aux besoins différenciés de la clientèle: grand public (Prépayé, Post payé), grands comptes (business, privilège, groupement fermé d'usagers11(*), etc.) (CRT, 2009).

Concernant les tarifs, par courrier n°0379/MCNT-CRT du 6 juillet 2009, la SOTELMA a été invitée à soumettre son projet d'Offre d'Interconnexion de Référence (OIR) en vue de la révision des tarifs d'interconnexion de 2010. Cette demande a été rappelée successivement à travers les correspondances n°512/MCNT-CRT du 15/09/09, n°0542/MCNT-CRT du 07/10/09, n°0186/MCNTC CRT du 15/03/10 et n°0232/MCNT- CRT du 02/04/10.

Dans l'attente de la communication par la SOTELMA de son projet OIR, le CRT a entrepris une mission d'audit des coûts d'interconnexion des réseaux. A cette fin, une notification lui en a été faite par la lettre n° 602/MCNTCRT du 26 novembre 2009.

Le tarif d'interconnexion de SOTELMA sur le segment de marché du fixe pour :

- l'Accès local fixe : 20,5 FCFA/mn HT ;

- l'Accès interurbain : 37 FCFA/mn HT.

Ces réductions du tarif de la communication par SOTELMA/Malitel, ont contribué à une augmentation considérable du nombre d'usagers du téléphone mobile.

Le tableau 1, illustre l'augmentation du nombre d'usagers de la puce SOTELMA/Malitel de 2001 à 2010.

Evolution du parc de la téléphonie mobile de SOTELMA/ Malitel

A

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

P1

13217

35151

53832

59348

166371

338357

497405

666225

978596

2600000

P2

10780

10823

11609

11497

11 615

9752

7950

7532

6995

7578

T

23997

45974

65441

70845

177986

348109

505355

673757

985591

2607578

NB : A : années ; P1 : prépayés ; P2 : post payés ; T : total.

Tableau 1. Augmentation du nombre d'usagers de la puce SOTELMA/Malitel de 2001 à 2010 (CRT, 2009)

Figure 5. Evolution du parc de la téléphonie mobile de SOTELMA/Malitel de 2001 à 2010.

En 2001 le nombre d'usagers de SOTELMA/Malitel était stagnant, à cause de la cherté de la puce et de l'appareil téléphonique. Nous constatons une forte augmentation du nombre d'usagers à partir de 2006.

Il faut noter aussi qu'il existe une grande différence entre le prépayé et le post payé. A titre d'illustration, en 2010 le nombre de prépayés était de 2 600 000 tandis que celui de post payés était de 7 578.

5-2. Orange Mali 

La figure 6 montre les zones de couverture du réseau Orange Mali sur l'ensemble du territoire du Mali.

Figure 6. Carte de la couverture du réseau Orange Mali de 2009 (Orange Mali, 2009)

Cette carte est une représentation à but commercial. En réalité beaucoup de zones ne sont pas encore couverte.

Orange Mali est une filiale de la Société Nationale des Télécommunications (SONATEL), opérateur historique du Sénégal. La SONATEL est, elle-même, détenue par France Télécom. Donc France Télécom détient indirectement une part du capital d'Ikatel. Ikatel a été créée suite à la délivrance de la licence GSM par l'État malien le 1er Aout 2002. Les services de Ikatel ont été lancés le 21 février 2003. Ikatel a développé rapidement un réseau GSM sur les grandes villes du pays et a mené une politique commerciale basée sur la baisse de tarifs. Devenu, Orange Mali le 30 novembre 2006, il est un acteur majeur du développement de la téléphonie mobile.

Par courrier n°263/09/DJF/DG du 07/09/2009, Orange Mali a soumis, pour approbation, son projet d'offre d'interconnexion de référence (OIR) pour l'année 2010.

Les tarifs proposés dans l'OIR de Orange Mali sont les suivants :

- Accès fixe = 18 FCFA /mn ;

- Accès Mobile = 54,35 FCFA/mn ;

- Accès SMS = 10 FCFA/SMS ;

Le tableau 2 montre le nombre de téléphone mobile de Orange Mali de 2003 à 2010

L'évolution du parc de la téléphonie mobile de 2003 à 2010.

A

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

P1

181053

333 841

581000

1156124

2023678

2763794

3472813

4715819

P2

729

21 75

3000

1762

1852

2017

2 139

2440

T

181782

336 016

584 000

1157886

2025530

2765811

3474952

4718259

NB : A : années ; P1 : prépayés ; P2 : post payés ; T : total.

Tableau 2. Evolution du parc de la téléphonie mobile de Orange Mali de 2003 à 2010 (CRT, 2009)

Figure 7. Evolution du parc de la téléphonie mobile de Orange Mali de 2003 à 2010.

Depuis l'arrivée de Orange Mali, le nombre d'usagers de téléphone mobile ne cesse d'augmenter d'année en année. Cependant, il existe une différence énorme entre les deux systèmes d'abonnement (prépayés et post payés). Par exemple en 2003 le nombre de prépayés était de 181 053 contre 729 de post payés. En 2010 le nombre de prépayés était de 4 715 819 contre 2 440 de post payés.

5-3. La communication par le téléphone mobile

Les TIC ont été caractérisées au cours des dix dernières années par des innovations et des avancées importantes. Ce qui a favorisé leur expansion et leur pénétration rapide dans les pays africains. De nombreux forums se sont tenus à l'échelle planétaire dans le cadre de la promotion et de la vulgarisation des TIC. Il s'agit entre autres de la Conférence tenue à Kuala Lumpur en 2000 ; le Sommet Mondial de 2003 à Genève sur la Société de l'Information, ou le Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) au niveau de la Cible 18 qui stipule que : «En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les avantages des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication soient accordés à tous». Le téléphone mobile est un exemple d'une des grandes évolutions dans ce secteur.

Il a été déclaré dans le 4ème Rapport National sur le Développement Humain (RNDH, 2000) que : «les NTICs se trouvent au coeur des mécanismes qui supportent le développement humain. Elles peuvent permettre d'égaliser les chances des populations dans l'amélioration de leurs conditions de vie. Avec les NTICs, le rêve devient réalité, l'inaccessible devient accessible et l'impossible devient possible ».

La Banque Mondiale confirme ainsi ce que le PNUD avait déjà mis en exergue dans le Rapport Mondial sur le Développement Humain (RMDH, 2001), en disant que : « les habitants du monde entier espèrent vivement que, grâce à ces nouvelles technologies, ils vivront en meilleure santé, avec davantage de libertés, en bénéficiant d'un niveau de connaissance plus élevé et des moyens de subsistance plus productifs. »

Ainsi dans le contexte particulier du Mali, il est constatable que depuis la libéralisation du secteur de la télécommunication à partir de 1996, et avec l'arrivée du deuxième opérateur, le nombre d'abonnés à la téléphonie mobile ne cesse de croitre. A l'instar du Mali, l'entrée des opérateurs de téléphonie mobile sur le marché africain est un témoignage de l'intensification de la concurrence. Dans ce nouvel environnement, les télécommunications africaines se voient offrir la possibilité de réaliser des progrès rapides.

Le Mali souffre d'analphabétisme12(*), du chômage et d'un niveau de vie très bas. Malgré cet état les TIC suscitent l'intérêt d'une grande partie de la population. La question du pouvoir d'achat des cartes de recharge se pose. Mais, cet intérêt pour les TIC est fort en zone urbaine.

Le téléphone mobile, le plus souvent utilisé, pour la quête de l'emploi ou de renseignement attire de plus en plus les usagers.

KELLERMAN (1993: 29) écrit que le téléphone mobile change l'idée de téléphoner quelqu'un à un endroit spécifique (une supposition sur laquelle le travail d'ABLER se repose) KELLERMAN (1993: 30) note que l'accès constant de la télécommunication détruit le sens de avant et après; l'hiérarchie temporelle est infaisable. Il suggère que « la télécommunication  ne créée pas directement la décentralisation, mais elle créée l'opportunité de prendre des décisions » (p.111). En même temps, la télécommunication ré-centralise et augmente « dispersion-concentration » ou « convergence divergence » (p.15).

Quant à MOSS (1987), il a divisé la géographie de la communication en deux écoles de pensée. Le travail d'ABLER caractérise la première de l'obsolescence immanente des villes centrales, dont l'importance est cédée à des réseaux de communications:

«. . . if communications systems provide complete time - and cost-space convergence, why have cities at all? If everyplace is everyplace, and if a person is as centrally located in Thief River Falls as he is in Manhattan, why have a Manhattan? . . . if the delights of Manhattan can be brought to Thief River Falls electronically via three dimensional, life-size holographic imagery, why make the trip? Innovations in interpersonal communications could bring us to the point of asking . . . where reality begins and where it ends» (ABLER, 1974: 51).

ABLER a lié le futur progrès dans la transmission des informations à la dispersion de la prise de décision et les fonctions de collecte de l'information loin des principaux centres urbains. Il a prévu une éventuelle égalité mondiale de renseignements sur la disponibilité de manière à minimiser les avantages de localisation pour les activités administratives dans les centres-villes (ABLER, 1970: 15). Bien qu'il suppose une libération considérable de la part de la technologie ; l'interaction entre les technologies de la communication et des relations sociales doit aussi attirer l'attention. En s'interrogeant Pourquoi Manhattan? Pourtant, dans la seconde pensée de cet auteur, il fait cas de ses délices. Pour ABLER, Manhattan existe, en partie, pour son unique «délices»; son propre exemple contredit son affirmation implicite que les communications peuvent rendre tous les lieux de même.

GOTTMANN (1977, 1983) illustre la seconde école de la géographie de la communication, qui reconnaît la primauté des technologies de communication comme le téléphone tout en même temps des effets de liaison de la télécommunication sur la configuration des villes.

En plus de ces aspects de réorganisation de l'espace et de son utilité dans la communication, le social n'est pas non plus épargné par l'influence du téléphone mobile. Il s'agit ici de son influence sur les relations interpersonnelles. L'usage du téléphone est toujours accompagné par une pratique de socialisation et de désocialisation. La réduction du prix de téléphone mobile et celle de la carte SIM y contribuent fortement à son accès.

Il maintient du lien familial (entre époux et épouse, parents et enfants...). Cet aspect constitue d'ailleurs une des raisons de son succès. L'usage du téléphone mobile, le contrôle, des parents des enfants s'exerce principalement de deux façons différentes. Le contrôle sur l'état de l'adolescent, l'endroit où il se trouve et où ses activités s'effectuent par un appel sur le portable. Lorsque les enfants possèdent des téléphones mobiles, les parents les utilisent de plus en plus comme des appareils leur permettant de s'épargner bien des soucis et de rester en relation avec eux. La séparation est éliminée par la capacité de garder le contact, de pouvoir être joint. Le fait de vivre ensemble sous le même toit n'empêche pas de rester en contact avec d'autres individus. Le téléphone mobile marche avec plusieurs types de liens. Le poids familial varie selon les personnes et découle le plus souvent des intérêts accordés aux relations, professionnelles, amicales....

Le téléphone mobile est de plus en plus source de problèmes conjugaux. Des maris ou des épouses jaloux qui prennent le téléphone mobile de leur conjoint pour vérifier les appels et les messages reçus. Certains couples se surveillent de très près grâce au téléphone mobile. D'autres préfèrent miser sur la confiance réciproque. Avant, une femme ou un homme pouvait entendre parler des relations amoureuses de son conjoint avec un ou une autre, mais il était difficile de le vérifier. Avec le téléphone, on peut avoir plus ou moins des pistes.

Pour illustrer quelques changements de comportement à partir de l'usage du téléphone mobile, voici quelques témoignages de nos informateurs.

Une femme raconte que son mari avait enregistré sa maîtresse dans son téléphone sous le nom de «patron» :

«Quand il recevait son appel, il sortait au calme, loin de la maison. Il me disait que son patron n'aimait pas le bruit. Une nuit, je l'ai suivi et je l'ai pris en flagrant délit. Il disait chérie, je t'aime, bisous. Depuis lors je n'ai pas eu confiance en mon mari. Quand j'ai été expliquée à mes parents, ils m'ont demandé de ne pas en faire un scandale à cause des enfants.»

Un autre jeune témoigne T., âgé de 19 ans estime que

« Grâce au téléphone mobile on ne fait plus le «poteau» pour attendre les filles ou passer par les enfants de la même famille pour les voir. Maintenant, non, on ne fait plus ça, on les appelle directement bouche à oreille ou par envoi des messages. Et on dit ce qu'on pense. Les filles aussi coopèrent sans difficulté. Elles inventent des histoires pour sortir. Le téléphone mobile est vraiment un outil indispensable dans la vie actuelle, On ne peut pas rester en marge de l'évolution technologique. Ce n'est plus le moment où le papa ou la maman contrôle tous les mouvements de l'enfant. Maintenant nous sommes libres»

Le changement de comportement se trouve au niveau de toutes les classes sociales. Le téléphone mobile a introduit en plus de changement de comportement a donné une certaine autonomie à l'usager qui échappe au contrôle.

Chapitre 6: Les stratégies des opérateurs

L'ossature générale de la réforme était la suivante : l'élaboration d'une politique sectorielle, d'un cadre légal et règlementaire; l'ouverture du secteur de la télécommunication par l'octroi des licences de téléphonie mobile à des opérateurs privés ; la mise en place des organes de régulation ; la privatisation des opérateurs publics nationaux.

La stratégie des opérateurs de télécommunications au Mali est en étroite corrélation avec la politique gouvernementale, car les opérateurs héritent d'un cahier des charges qui impose souvent la technologie à utiliser. C'est le cas des réseaux mobiles GSM où la technologie est toute indiquée.

Cependant, dans un marché en plein essor, les opérateurs n'hésitent pas à user toutes les stratégies commerciales pour faire augmenter les profits et ancrer définitivement le téléphone mobile comme technologie omniprésente et indispensable. Une réelle compétition existe entre les deux opérateurs. Les décisions d'un opérateur sont presque tout le temps suivies d'une réaction de son concurrent à partir de la diversification des offres :

· En plus des offres prépayés et post payés, plusieurs offres ont été développées en direction des entreprises et des institutions (offres entreprises post payées, offres entreprises prépayées, flotte) ;

· Introduction de la facturation à la seconde par l'opérateur historique et ensuite par le nouvel entrant;

· Introduction par Orange de l'offre de réseau unique: elle permet, aux abonnés de Orange Mali en voyage dans certains pays où le groupe Orange exploite des réseaux mobiles, de recevoir des appels et de téléphoner comme s'ils étaient au Mali ;

· Vente de cartes Subscriber Identity Module, SIM à zéro franc (la carte SIM est donnée avec crédit de 1000 FCFA au prix de 1000 FCFA);

· Bonification sur l'achat des recharges prépayées pouvant atteindre 30% en fonction du prix nominal de la recharge ;

· Proposition de package téléphone plus SIM plus la recharge à des prix très abordables.

6-1. SOTELMA/Malitel

La SOTELMA est le premier opérateur qui a bénéficié du monopole des télécommunications sur toute l'étendue du territoire national. Le réseau a une structure en étoile constituée autour d'un centre de transit international situé à Bamako, deux centres de transit national, des centres de transit régionaux, des centres locaux et des concentrateurs numériques.

Les centres sont reliés entre eux par des systèmes de transmission à fibres optiques (à Bamako, entre Bamako-Kayes et Bamako-Sikasso), des systèmes faisceaux hertziens (pour certaines liaisons), par satellite pour d'autres localités. Les liaisons internationales sont assurées par un centre de communication par satellite.

Le tableau 3 donne l'évolution des principaux tarifs des services téléphoniques de la SOTELMA. On peut constater que les baisses tarifaires de 2003 à 2010.

Année

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Reséau Malitel

204

168

150

150

130

109

109

109

Autres reséaux

240

240

150

150

130

109

109

109

Inter/Afrique

594

543

150

150

150

150

150

150

Inter/monde

990 à 2640

972

285

285

198

198

198

198

Tableau 3. Tarif mobile SOTELMA/Malitel en CFA/mn TTC (Tout Taxe Comprise) (CRT, 2010)

Figure 8. Tarifs des services téléphoniques de la SOTELMA/Malitel de 2003 à 2010.

De 2003 à 2010 nous constatons une diminution du tarif de la communication de façon général. Il existe des périodes (2005-2006; 2008 à 2009; de 2007 à 2009; etc.) où le tarif a stagné. Les services de communication internationale étaient très élevés dans les années 2003 et 2004. La diminution des tarifs des services téléphoniques contribue fortement à l'augmentation de la clientèle.

Pendant les années 2003 et 2004, la concurrence n'avait pas atteint un niveau élevé. Nous pouvons dire que Orange Mali était en phase d'installation de ses infrastructures et de développement de ses stratégies tandis que SOTELMA/Malitel était le seul opérateur de la télécommunication dans le pays.

Les promotions effectuées par la SOTELMA couvrent la période du 1er janvier au 31 décembre 2009 et sont au nombre de neuf (09), soit 0,75 promotion par mois. Ces promotions s'établissent sur plusieurs offres se déclinant sur les produits suivants : la baisse Internet (01) ; promo pèlerinage 2009 (01) ; les ventes promotionnelles (02) ; promo bonus recharge (05).

La durée cumulée des promotions est de 72 jours sur les 365 jours de l'année, soit une proportion de 19,72%. La plus longue durée (30 jours) est consacrée à la « promotion pèlerinage 2009 » (itinérance) du 04 novembre au 04 décembre.

Elle est suivie des « ventes promotionnelles » effectuées du 17 au 31 décembre 2009 qui permettaient d'activer une puce Waatibè à 500 franc avec 500 franc de crédit de communication (CRT, 2009).

· Waatibè (tout moment) est l'abonnement prépayé qui vous permet d'appeler et de recevoir des appels nationaux et internationaux, tout simplement en rechargeant votre compte selon son budget et sans aucune contrainte. Avec l'offre prépayé Waatibè appeler vers tous les opérateurs au Mali grâce à des tarifs uniques.

D'autre services ont été mis en place pour attirer plus de client comme :

· Teliman (en langue Bamanan) qui signifie rapide : Pour un usage intensif du téléphone de l'usager, et beaucoup d'autres services pour répondre aux besoins professionnels et personnels des usagers qui sont entre autres : les services de base (messagerie vocale au 6777 ; service client au 6700 ; présentation du numéro de l'appelant ; double appel ; facturation détaillée (sur demande) ; facturation à la seconde, conférence téléphonique ; renvoi d'appels ; transfert d'appels ; signalisation des appels en absence) et services optionnels (Taama post payé ; non présentation du numéro de l'appelant ; dépôt direct de message: 6799).

La solution post payée Teliman permet de téléphoner partout au Mali ou à l'étranger sans aucune restriction.

· PAANI signifie ici le transfert de crédit. Il est le nom d'un instrument de mesure en langue bamanan. Les vendeurs vont acheter du crédit qu'ils peuvent diviser en tout petit morceau pour le revendre en les transférant de leur portable à celui de leur client c'est-à-dire que le client achète en fonction de son pouvoir d'achat à partir de 100f. Il est l'expression utilisée par la SOTELMA/Malitel. Pour devenir un revendeur de Paani, il suffit de souscrire un engagement auprès de l'agence Malitel la plus proche. La distribution se fait selon le schéma suivant:


SOTELMA Masters Grossistes Revendeurs

La photo 1 illustre le PAANI.

Photo 1. PAANI de Malitel, (FOFANA, I., mars 2011).

La stratégie de recharge électronique a beaucoup contribué à l'augmentation du nombre d'usager de la puce Malitel. Les plaques de PAANI se trouvent généralement au bord des grands axes routiers de la ville de Bamako. On l'approfondira plus loin dans la troisième partie.

· Teriya qui veut dire amitié en Bamanan: permet de bénéficier d'un tarif préférentiel de communication vers cinq numéros Malitel. Il suffit de composer le 6789 pour activer vos numéros. La première activation est gratuite. Mais le reste est payant.

· Duo: permet d'avoir deux numéros Malitel sur une seule puce.

· Taama prépayé (cette stratégie a été initiée pour permettre aux pèlerins de rester en contact avec leurs parents, mais aussi pour les ceux qui désirent utiliser la puce Malitel étant à l'étranger) : restez joignable à l'étranger avec votre puce Waatibè, le roaming est automatiquement activé sur tous les numéros prépayés.

· Hokkam: composez *106# montant# bénéficiaire#1111# puis OK pour transférer du crédit à un proche depuis le téléphone de celui qui souhaite envoyer le crédit. Il faut avoir de crédit de plus de 2000 franc sur votre compte.

· Waati Duman (bon moment) est une offre prépayée qui donne droit à 60mn de communication vers SOTELMA/Malitel soit 3600 secondes. Il est valable du lundi au vendredi de 22h à 07h et le samedi - dimanche 24h/24. La validité de l'offre : les 60 mn sont valables 05 jours après souscription. Pour souscrire à Waati Duman, le client doit avoir du crédit sur son compte principal d'une valeur supérieure ou égale à 2900F CFA en cours de validité. Mode opératoire est de : 222*1111*100# puis OK.
NB : 1111 correspond au mot de passe par défaut.

La liste des services offerts par SOTELMA/Malitel n'est pas exhaustive. Les témoignages de quelques clients abonnés chez SOTELMA/Malitel :

«Personnellement, Je suis fier de Malitel qui vient de baiser le coût de la communication téléphonique. J'attends le vendredi pour acheter la carte de recharge et je bénéficie de pleins bonus», se réjouit Y. KEITA, commerçant au grand marché de Bamako.

Un autre qui voulu être anonyme, témoigne en disant que «les clients de la Malitel sont gâtés en matière de téléphone maintenant. Les bonus sur les cartes de recharge sont toujours offerts aux clients. Si cela continu le Malitel gagnera la confiance de ses clients et prendre la revanche sur l'Orange Mali».

Ces informateurs désirent tous une bonne continuation pour la SOTELMA/Malitel, pour le progrès de la téléphonie mobile au Mali, «Mali ka telefoni» qui signifie le téléphone malien. Cependant, ils soulignent que leur réseau préféré demeure toujours Malitel, parce que le coût de la communication est moins cher, mais soulignent en même temps que, c'est un réseau qui a encore beaucoup de choses à faire pour répondre aux nombreuses attentes de ses clients.

6-2. Orange Mali

En tant qu'opérateur global de télécommunication, Orange Mali développe plusieurs offres fixes, internet et mobiles innovantes dans le but de répondre aux besoins des clients et reste le leader tant en terme de part de marché que celui de la couverture du territoire. Son réseau est desservi par deux centraux, 9 BSC et 135 BTS13(*) organisés selon la structure étoilée. Les centres sont reliés entre eux par les systèmes de transmission à fibres optiques.
Le système de gestion de la qualité est un pilier majeur du développement de Orange Mali et l'obtention du certificat ISO14(*) (cf. annexe III) est un gage de son professionnalisme et Orange Mali portera cette reconnaissance avec plus de détermination. Orange Mali est détenue à 70% par le groupe SONATEL, qui elle-même est détenue à 42% par le Groupe France Télécom. Avec une gamme de produits et services innovants, Orange Mali est aujourd'hui leader sur le marché des télécommunications au Mali. Les prix bas pratiqués par Orange Mali font partie d'une stratégie qui vise à s'imposer sur le marché et à se créer une clientèle. Les tarifs de communication mobile sont 2 à 6 fois inférieurs à ceux pratiqués dans le secteur il y a 3 ans avec un coût d'accès au service mobile (SIM) à 500 franc, est à la portée des maliens. En 2007, la contribution d'Orange Mali à l'économie du pays est de 3% au PIB.

Le tableau 4 donne l'évolution des principaux tarifs des services téléphoniques de Orange. On constate que des baisses ont été faites sur l'ensemble des tarifs.

Année

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Réseau Orange

190

155

130

129

110

110

110

Autres réseaux

190

155

150

150

110

110

110

Inter/Afrique

300

300

150

150

150

150

150

Inter/monde

399

399

199

198

190

190

190

Tableau 4. Tarif mobile Orange Mali en CFA/mn TTC (CRT, 2010).

Figure 9. Tarifs des services téléphoniques de Orange Mali de 2004 à 2010.

Tout comme la figure 8, il existe des périodes de stagnations dans la présente figure. Toujours, les tarifs des services téléphoniques de l'internationale sont supérieurs à ceux des autres. Du 01 janvier au 31 décembre 2009, Orange Mali a procédé à 17 promotions soit environ 1,42 promotion par mois. Ces promotions s'établissaient sur plusieurs offres: (SMS) (03) ; voix (04) ; bonus SMS sur recharge (01); recharge (09). La durée cumulée des promotions est de 84,37 jours sur les 365 jours de l'année, soit une proportion de 23%.

La plus longue durée (60 jours) est consacrée à la « recharge tombola » qui consiste pour un rechargement cumulé de 5000 franc, à offrir au client la possibilité de participer à un tirage avec un gain potentiel. Autres services offerts par Orange Mali :

· La Recharge Nafama est un service qui permet de recharger un compte prépayé par transfert de crédit en temps réel auprès de tous les revendeurs agrées à tout moment et partout au Mali. Sans frais supplémentaires, cette offre est valable pour tous les clients prépayés qui peuvent recharger leur compte mobile avec du crédit de communication à partir de 100 F.

· Kiosque Vocal : Ce service permet d'accéder à une source d'informations régulièrement: Infos, jeux, pari mutuel urbain (PMU), Foot, Horoscope, Info Love, etc. mise à jour 7/7 et 24h/24 depuis votre mobile ou votre fixe Orange.

· Wele Tones : c'est pour personnaliser la musique d'accueil à un style sur mobile du client. Tous les clients Orange peuvent s'inscrire au service Wele Tones avec leur mobile quel qu'il soit pour une validité de deux mois.

· Orange Money est un moyen de paiement innovant par téléphone mobile qui permet aux clients Orange, qui y souscrivent d'effectuer les opérations financières suivantes : le dépôt d'argent sur son compte Orange Money, le retrait d'argent de son compte Orange Money, le transfert d'argent de particulier à particulier, l'achat de crédit téléphonique Orange, la consultation du solde de son compte et des dernières transactions effectuées. Les clients Orange (prépayés et post payés) ont ainsi la possibilité de bénéficier de cette innovation sur l'ensemble du territoire malien sous couverture réseau.

· Orange S'cool c'est Partagé plus de temps avec les personnes avec qui l'usager veut communiquer surtout en milieu scolaire. Il vise les élèves et les étudiants. Le tarif de la communication avec Orange S'cool, appelle à partir de 49 franc TTC/mn. Les inscriptions sont gratuit au niveau des agences ou espaces Orange, avec une carte scolaire ou un certificat de scolarité.

· Transfert de crédit : Tous les clients prépayés Orange peuvent accéder au service de transfert de crédit. Il s'agit de faire plaisir à ses proches en partageant gratuitement son crédit avec eux.

Des témoignages du côté de Orange Mali aussi :

Dans ses explications M. DIARRA, un détenteur de deux puces de la téléphonie mobile, montre sa préférence parmi les deux :

« La puce Malitel est ma première puce téléphonique. Je l'ai acheté à 80.000 franc. Aujourd'hui, j'ai mon numéro Malitel parce que beaucoup de mes interlocuteurs ont ce numéro et s'ils veulent me joindre, c'est ce numéro qu'ils connaissent à travers le monde. L'utilité de la puce Malitel c'est de savoir qui m'appelle afin de le rappeler avec  mon numéro Orange Mali  qui est le numéro qui me sert pour mes appels, car la communication est meilleure sur ce réseau ».

Un autre témoigne en disant TRAORE F.  :

« Le souci des déplacements inutiles est atténué et cela grâce à Orange Mali depuis son arrivée en 2003. Avant 2003, le coût d'accès au service du téléphone mobile était très surévalué. Moi F. Je t'aime, je t'aime orange Mali, tout le monde t'aime ».

Ces personnes enquêtées mettent l'accent sur la cherté de la puce SOTELMA/Malitel au début des années 2000. Orange Mali est l'opérateur qui a permis à beaucoup d'usagers d'avoir une puce donc un téléphone.

Conclusion 

Le présent mémoire, loin de vouloir verser dans la polémique entre les opérateurs du secteur de la télécommunication, se propose de faire l'analyse de la réforme, les stratégies déployées par chacun d'entre eux, et son incidence sur l'augmentation des usagers du téléphone mobile.

Bonus de crédit, SMS à moitié prix, appels gratuits vers les fixes, pack internet... telles sont les stratégies déployées par les deux opérateurs au Mali. En effet, Orange Mali est détenu par le sénégalais SONATEL, alors que SOTELMA et sa filiale mobile, Malitel, sont depuis 2009 dont 51% pour le Maroc Télécom.

La concurrence entre les deux opérateurs SOTELMA/Malitel et Orange Mali et les politiques étatiques ont beaucoup plus favorisé l'augmentation du parc de la téléphonie mobile et donné une multitude de choix à la clientèle dans l'utilisation du téléphone mobile au Mali et particulièrement à Bamako. Tandis que le nombre d'usagers augmente, la dynamique de la recomposition de l'espace s'est aussi améliorée.

Malitel a engagé une concurrence contre Orange Mali avec ses campagnes de  promotion et en procédant à des ventes promotionnelles de puces à des sommes abordables au grand public. Mais le plus souvent, les usagers sont confrontés à la saturation du réseau. Pour pouvoir communiquer, l'usager doit faire plusieurs essais avant que l'appel soit lancé. Malgré tout, des fois la qualité de la communication, laisse à désirer.

En outre, La facturation à la seconde fut lancée par SOTELMA/Malitel le 31 janvier 2006 - qui signifie - le payement de ce que le client consomme. Quelques semaines plus tard, elle était imitée par sa concurrente Orange Mali qui annonçait, le 27 février 2006, l'instauration sur son réseau de la facturation à la seconde et le maintien de la facturation par cadence de 20 secondes. Ces aménagements tarifaires confortent ainsi la place de leader de la sous-région qu'occupent les opérateurs maliens en matière de meilleur prix pour les usagers.

Dans cette concurrence, c'est Orange Mali qui sort l'heureux gagnant, dans la mesure où il détient environ le double de la clientèle de la téléphonie mobile sur l'ensemble du territoire du Mali aujourd'hui. En 2010 le nombre d'usagers du téléphone mobile chez Orange Mali était de 4 718 259 (les prépayés et les post payés) contre 2 607 578. SOTELMA/Malitel a fait un progrès de 165% entre juillet 2009 et fin 2010 grâce à sa privatisation.

Cependant, nous soulignons un problème dans cette partie, qui est la non répartition des usagers selon les régions du Mali. Les chiffres que nous avons utilisés dans ce mémoire sont ceux qui englobent l'ensemble des usagers des opérateurs. Ils ne disposent pas des moyens et des techniques nécessaires pour faire un tel travail pour le moment. Mais ce qui est certain, ils déploient un grand effort de la ville de Bamako.

Deuxième partie:

Dynamique et recomposition de l'espace

Introduction

Le lien entre l'expansion de la téléphonie mobile et les relations interpersonnelles n'est pas un phénomène nouveau. Il est posé avec l'arrivée du téléphone fixe, et, plus récemment, avec le développement de l'internet et du téléphone mobile. Il devient notamment pour l'utilisateur un moyen de navigation physique et pour ses interlocuteurs un moyen de le suivre dans l'espace. L'organisation des modes de vie, tout spécialement la recomposition des temps de travail, de loisirs et de déplacement, des relations sociales rend indispensable la compréhension du comportement spatial du consommateur et son analyse en rapport avec l'espace.

Nous sommes devant les mutations de l'information dont les conséquences sont encore grands tant au niveau des performances technologiques, des règles, des normes, et la recomposition spatiale.

L'urbanisation croissante et la transformation des formes de distribution des biens ont profondément modifié l'organisation urbaine des activités de distribution et de commerce depuis les années 1960 en Europe. La localisation des activités urbaines prend place dans le débat sur l'émergence de nouvelles formes de centralité urbaine. La question est de savoir si la ville restera marquer par une dualité simple des mouvements entre centre et périphérie, réel et virtuel avec l'utilisation du téléphone mobile?

Du point de vue géographique, l'intérêt se porte sur les relations entre l'espace géographique, les infrastructures de la téléphonie mobile et l'usage. Comment l'usage et les infrastructures de la téléphonie mobile ont pu recomposer l'espace urbain à Bamako?

La relation entre l'espace géographique et le téléphone mobile se pose en termes d'endroit dont on l'utilise. L'analyse géographique de cette virtualisation fait apparaitre des caractéristiques propres à l'usage du téléphone mobile.

La communication reste très marquée par l'importance des infrastructures (les routes, la télécommunication, etc.) mais une identification de la transmission de l'information comme domaine approprié dans la recomposition de l'espace en géographie commence à prendre une nouvelle forme aujourd'hui.

La construction des routes, l'invention de la technologie, etc., bref les tentatives de maitrise de l'espace pour satisfaire le besoin de la communication constituent le souci principal de la géographie aujourd'hui.

Chapitre 7: La concurrence entre les deux opérateurs

La photo 2 montre l'occupation des endroits stratégiques par les opérateurs.

Photo 2. Concurrence entre les opérateurs (FOFANA, I. 2011).

Ces deux plaques de publicité de part et d'autre d'une voie principale appartiennent aux deux opérateurs de la télécommunication au Mali. Celle qui se trouve à gauche est pour la SOTELMA/Malitel et celle à droite est pour Orange. La photo montre combien de fois la concurrence entre les deux est rude. Tout cela entre en compte dans le souci d'avoir plus de clients sur l'ensemble du territoire de Bamako mais aussi d'avoir plus d'espace pour montrer l'image de l'opérateur en question.

Les services sur les plaques sont : sur la plaque de SOTELMA/Malitel, le PAANI.

Sur l'autre plaque se trouve la publicité de la clé Universal Serial Bus (USB)15(*) avec un accès à la connexion internet.

La réforme des télécommunications a permis la libéralisation et l'ouverture du marché des télécommunications à la concurrence. Ce qui à son tour a permis la libéralisation du marché des télécommunications au Mali, le développement de deux entreprises qui sont donc en situation de concurrence.

Ces deux entreprises développent des réseaux de télécommunications concurrents.

Cette nouvelle donne sur le marché, auparavant exclusivement réservé aux opérateurs historiques, va changer les choses. Le marché devient de plus en plus contestable et le monopole d'état disparaît lentement.

L'harmonisation du paysage des télécommunications revient à l'État dès lors que la concurrence s'installe dans la téléphonie mobile. Les modalités d'attribution des licences d'exploitation doit respecter des normes de concurrence pure et parfaite et ne doivent donc pas être établies selon des choix publics purement délibérés. Si la montée de la concurrence conditionne la formation des tarifs, l'État doit tout de même procéder à un réajustement des prix afin de protéger l'intérêt des consommateurs.

L'octroi de la licence d'exploitation doit en effet refléter le niveau de la concurrence pure et parfaite où opérateurs sont traités de façon égale sans favoritisme ni clientélisme. C'est partant de là que la mise en place du CRT a été envisagée en 1999. Au moment de l'ouverture à la concurrence le service public minimum n'est pas garanti. De façon plus générale, le rôle de l'État doit être de promouvoir une réglementation efficace qui reflète l'objectif de la maximisation de l'utilité sociale. Le suivi des opérateurs dans les stratégies de la recherche de la clientèle n'est pas une tâche facile étant donné que le degré d'autonomie peut conditionner les résultats attendus. Ce qui soulève les conditions d'attribution de la licence. Ces conditions sont importantes dans la mesure où elle conditionne la crédibilité du processus et l'intensité de la concurrence.

La privatisation au Mali s'est effectuée dans un contexte de flou juridique et réglementaire, en l'absence de cahiers des charges méthodiques, sans véritable examen de la situation respective des entreprises à privatiser, sans trop de soin apporté à l'information des personnels, avec une opacité certaine sur les modes de rétrocession au privé et une grande indécision sur les objectifs poursuivis. Ce qui a amené l'octroi de la licence pour le téléphone fixe sans la fin du processus de la privatisation.

Au Mali, la licence de Orange a été accordée alors que le processus de privatisation du fixe n'était pas encore scellé. Orange Mali a bénéficié d'une exonération d'impôts exceptionnelle sur 15 ans, ce qui va à l'encontre de la réglementation relative au code des investissements et du code général des impôts. Elle a été justifiée par l'effort d'accessibilité fournit par Orange Mali et l'apport des TIC à l'économie nationale.

Les raisons invoquées font bien vite oublier que les prix pratiqués par Orange Mali sont sensiblement les mêmes que ceux de SOTELMA/Malitel. L'exonération porte sur la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) concernant l'importation et l'acquisition des infrastructures, des équipements et des services rentrant dans le cadre de ses activités et sur l'exonération totale des droits et taxes de douane à l'importation des équipements, des matériels et des matériaux de construction, de fabrication et des pièces de rechange. Ces exonérations ont été justifiées et elles privent l'État d'une rentrée fiscale importante16(*).

Le développement de la téléphonie mobile a entraîné une entrée rapide d'opérateurs mobile dans le marché africain, ce qui a engendré forcément une croissance rapide de la concurrence. La concurrence a fait accroître le parc d'abonnés d'une manière significative et a généré beaucoup d'emplois directs et indirects. Dans cette condition, les opérateurs ont la possibilité d'accroitre leurs profits.

Un agent du CRT souligne une évidence : « la société Orange Mali a participé de façon très significative à l'augmentation du nombre de Maliens ayant accès au téléphone à des tarifs abordables. La puce a cessé de se vendre sous le manteau à 250.000 franc. Et par effet d'entraînement, le coût de la communication a considérablement baissé à tous les niveaux. »

Un autre agent de la télécommunication, Kaya, le directeur de la communication de Orange Mali, fait remarquer qu'au bout de quelques années d'existence, « Orange a permis de faire passer le prix de la puce de 30.000 voire plus à 1000 franc, avec 1000 franc de crédits gratuits. Les tarifs des communications internationales sont maintenant 6 fois inférieurs à ceux de 2002 et 2003. Ils sont d'ailleurs parmi les plus bas en Afrique : 130 franc TTC en local, 150 franc TTC sur toute l'Afrique et 199 franc TTC pour le reste du monde ».

Ainsi, les fortes protestations du syndicat de la SOTELMA face à la concurrence de Orange d'obtenir des prêts pour financer l'infrastructure, l'ont permis de débloquer un prêt de 25,9 milliards de francs CFA auprès du consortium de banques maliennes.

La forte concurrence que se livrent les différents opérateurs, a contribué à des baisses importantes des coûts de communications, à une extension rapide de la couverture du territoire national et à une nette amélioration de la qualité des services.

Le téléphone cellulaire contribue aux actions de la privatisation et de la concurrence. La réussite du mobile tient aux arguments relevant à la fois de l'offre et de la demande. En même temps, la stratégie prépayé qui implique le paiement des services de communications téléphoniques, elle réduit les coûts indirects de recouvrement.

Chapitre 8: Dynamique urbaine de la ville de Bamako 

L'armature urbaine17(*) du Mali est classiquement macrocéphale, comme dans beaucoup de pays africains. Situé sur le 7°59' de longitude Ouest et le 12°40' de latitude Nord sur les deux rives du fleuve. La position particulière de Bamako provoque la concentration de toutes les ressources (constitue le carrefour en matière d'implantation des infrastructures de télécommunication18(*), (cf. carte1) et fonctions économiques dans la capitale. Son dynamisme à l'échelle nationale lui vaut néanmoins d'être le principal pôle malien de migrations. La diversité de la population bamakoise est liée à l'histoire de la capitale, qui n'a cessé d'être un point de rencontre entre des groupes d'origines diverses. Au 18ème siècle, la ville est une place de marché vers laquelle convergent des groupes de marchands itinérants.

Avec l'installation des colons français, la ville de Bamako se voit doter d'un statut administratif et devient capitale en 1908. Son rôle de pôle politique est confirmé en 1920 par sa constitution en capitale officielle du Soudan français. En 1918, elle devient une commune mixte administrée par un administrateur maire, et en 1955, son autonomie est consolidée. La ville confirme sa prépondérance à l'indépendance en 1960 : les régimes autoritaires et centralisés qui prennent le pouvoir permettent à la capitale de la nouvelle République de rassembler les fonctions politiques, administratives et culturelles.

Le District était, selon l'ordonnance n°78-32/CMLN (Comité Militaire de Libération Nationale) du 18 août 1978, à la fois une circonscription administrative de l'État, situé au même titre que la région, et une collectivité décentralisée dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. La ville de Bamako est divisée en 6 communes urbaines. La population du District a atteint 658 278 habitants en 1987 ; elle était estimée à 1016167 habitants et comptait 1 809 106 en 200919(*). Elle est jeune (plus de 50 % de la population a moins de 20 ans) et les familles sont nombreuses (plus de 7 personnes par famille). Par rapport à l'ensemble du pays, Bamako concentre 39 % de la population urbaine. Le district compte plus de 7,5 fois plus d'habitants que Ségou, la seconde ville du Mali. Le District de Bamako a rang de région au même titre que les sept autres du pays.

Les réformes de décentralisation de 1996 prévoient qu'un maire de district remplacera le gouverneur après les élections communales de 1998. A la veille de l'indépendance en 1958, la ville de Bamako ne comptait que 100 000 habitants.

Bamako compte aujourd'hui 73 quartiers. Avec ses 9 quartiers, la Commune I, qui s'étale sur 34 km². La Commune II qui se partage le centre ville de Bamako avec la Commune III, s'étend sur 16 km² avec 15 quartiers. La Commune III compte 23 quartiers, et s'étend sur 23 km². S'étendant sur 3768 ha, la Commune IV compte 8 quartiers. On compte 8 quartiers en commune V qui s'étend sur 41 km ². La Commune VI compte 10 quartiers et s'étend sur 8 882 ha (Essor quotidien, n°15212, 2004). En 2009 la population de Bamako comptait environ 1 809 106.

Le tableau 5 présente l'évolution de la population de Bamako par commune de 1976 à 2009.

communes

Population en 1976

Population en 1987

Population en 1998

Population en 2009

Commune I

51588

126 228

195 081

335 407

Commune II

90 895

109 352

126 353

159 805

Commune III

93 092

95 783

99 753

128 872

Commune IV

92 867

137 412

186 200

300 085

Commune V

58 608

107 383

187 567

414 668

Commune VI

32 189

82 117

221 342

470 269

Source : direction Nationale de la statistique et de l'Information(DNSI), 2011

Le tableau 5. Population de Bamako de 1976 à 2009 par commune.

Figure 10. Évolution de la population de 1976 à 2009 par Commune.

La figure 9 montre une évolution rapide de la population. Les communes I, V et VI sont celles qui connaissent le plus grand taux de croissance avec respectivement 5,1, 7,5, et 7,1. Les augmentations les plus importantes sont constatées dans les communes V et VI (respectivement plus 121% et plus 112%). Bamako se développe de façon contrastée sur les deux rives du fleuve Niger.

Sur la rive gauche, l'ancien quartier européen est le centre administratif et commercial. Les autres quartiers anciens complètent cette zone d'habitat en se déployant vers l'est et l'ouest, le long de la voie ferrée (KONE, 1988).

Sur la rive droite, des quartiers d'habitat ont surgi à partir de 1960, sans doute grâce à la construction du nouveau pont sur le Niger. Pendant longtemps, l'existence d'un seul pont reliant les deux rives a freiné l'extension sur la rive droite. L'ouverture d'un second pont en 1993 et la construction d'un troisième pont donnent une impulsion à l'extension urbaine au sud de l'agglomération et désenclavent cette rive du fleuve.

La rive droite représente 35 % de la population de Bamako. Elle accueille 60 % des nouvelles populations et sa croissance démographique annuelle a été de près de 10 % au cours des deux dernières décennies. La densité de la population reste cependant faible. L'état des routes semble en moins bon état et l'équipement en services collectifs est inférieur à celui de la rive gauche20(*).

Bamako est le principal carrefour malien aujourd'hui grâce à la convergence des principales voies routières du pays (Route Nationale 6 (RN6) vers Ségou, Mopti, Gao et ouvrant la voie vers le Burkina, RN7 vers Sikasso ouvrant la voie vers la Côte d' Ivoire, RN5 vers la Guinée, RN3 vers Kayes et Dakar). Ces routes qui traversent Bamako de part en part marquent d'ailleurs fortement la structure de l'urbanisation.

Capitale administrative et économique du Mali, Bamako est aussi la plus grande ville. Elle est le siège des grandes institutions administratives et financières.

On y trouve les grands hôpitaux ainsi que la plupart des grandes écoles du pays. Plus des 3/4 des entreprises industrielles et artisanales y sont localisées. Le potentiel de Bamako en tant que centre de diffusion des innovations et des résultats à la fois l'évolution des caractéristiques sociales et culturelles. Du point de vue social, l'augmentation de la population, la rapidité des évolutions économiques, et des infrastructures sociales sont combinés pour créer une synergie. Bamako a été considéré comme une ville hautement centralisée avec les populations urbaines et les fonctions industrielles concentrées dans un espace limité 21(*)(KELLERMAN, 1993).

Avec l'augmentation de la population, l'agrandissement de la superficie, la dynamique économique, plus les contraintes physiques, le téléphone mobile devient le compagnon le plus fidèle des bamakois.

De nombreux utilisateurs du téléphone mobile comprennent que son emploi n'est pas toujours approprié à toutes les situations. Certains répondants estiment que, la sonnerie d'un téléphone mobile peut provoquer un dérangement dans certaines situations. Les informateurs font état de plusieurs situations où ils ont senti qu'il ne convenait pas d'utiliser un téléphone mobile.

Selon Guindo A. (coordinateur de projet) : « au mois de décembre 2010, j'étais dans une conférence ou il y avait plusieurs dizaines de participants. Certainement tous les participants avaient au moins un téléphone mobile. Soudain, le téléphone du modérateur a sonné, lorsqu'il était en plein conversation. Cela constitue un fait qui coupe le fil de la parole et de l'attention des participants. Je n'aime pas l'usage du téléphone dans ce genre d'endroit, c'est pourquoi je l'éteins le mien quand je rentre dans une réunion. »

Pour Sanogo M. (administrateur civil) : « quant je partais au centre ville l'autre jour, sur le second pont, le téléphone du chauffeur a sonné. Pour la première fois il n'a pas pris, mais pour la seconde, juste à la sortie du pont il a essayé de répondre à l'appel. En se ralentissant, un grand embouteillage s'est créé derrière nous et les gens se sont mis à l'insulter partout. C'est vraiment ennuyant de se trouver dans une telle situation. »

Ces remarques montent que l'usage du téléphone mobile n'est pas approprié dans toutes les circonstances même le citadin a tendance à apporter partout son téléphone mobile. Ce qu'on appelle l'externalité dans l'usage du téléphone mobile. Cependant rien ne prouve que cette résistance ou mécontentement de gens qui sont contre va durer longtemps. Les lieux mentionnés dans les citations sont des espaces particuliers. Ce sont des lieux qui sont occupés le plus souvent momentanément par un groupe de personnes. Du coup, l'usage du téléphone constitue un mélange de l'espace réel et l'espace virtuel.

Chapitre 9: Organisation spatiale

Ce chapitre traite les rôles des télécommunications dans l'évolution des formes urbaines à partir de l'usage du téléphone mobile. Le travail sur la reconstruction de l'espace urbain nécessite une prise en compte de chaque unité (espace, temps et fonction). La ville se présente sous deux dimensions : une concrète et l'autre subjective.

D'une manière générale, les villes sont des réalités empiriques, dont la dimension concrète est fondamentale parce que c'est ainsi qu'elles se donnent à voir à travers certains styles architecturaux, certains modes de circulation, d'habitation, d'animation, et des populations plus ou moins hétérogènes. Elles se développent dans l'espace et imposent de restituer ses lois de distribution, de croissance, et de recomposition. Pour CASTELLS en 1996, « l'espace n'est pas le reflet de la société il est son expression.... l'espace n'est pas la photocopie de la société, il est la société ».

Aucune approche urbaine ne peut faire l'économie de cette caractéristique spatiale - les phénomènes sont désignés urbains parce qu'ils se manifestent dans la ville. Elles ne sont plus que la somme des parties qui la composent. Autrement dit, elle n'est pas seulement un ensemble de quartiers, mais un ensemble animé de dynamiques.

On constate que, dans la ville, il existe une concurrence entre différents opérateurs pour l'occupation de l'espace. Ce qui est frappant c'est que, convoitant les mêmes aires, les mêmes acteurs, ces opérateurs disposent apparemment de rapports de puissance disproportionnés.

Il est intéressant de comprendre comment le téléphone mobile contribue à aider les usagers dans la recomposition et l'alternance de l'espace urbain de Bamako. De ce fait, deux aspects, nous parait nécessaire : la relation interpersonnelle autour du téléphone mobile et son rapport avec l'espace. A titre de justification, APPADURAI, et CASTELLS (1996) nous rappellent que l'espace est structuré par les hommes qui l'occupent. La télécommunication défit et reconstruit l'espace. L'augmentation du nombre d'utilisateurs de téléphone mobile et l'arrivée de nouveaux opérateurs de télécommunications entraînent la multiplication des infrastructures de la téléphonie mobiles. Alors que les infrastructures des transports sont visibles dans l'espace, il n'en va pas de même pour les infrastructures de la télécommunication tout le temps.

L'observation de ces infrastructures passe inaperçu dans l'intégration de l'espace urbain (les pilonnes, les câbles sous la terre, les affiches des opérateurs dans les rues, aux bords des autoroutes, etc.). Cependant, aujourd'hui c'est le début de la recomposition de l'espace.

Avec un téléphone mobile, la réalité particulière spatiale se transforme en un autre espace plus virtuel. Il est potentiellement présent à l'environnement immédiat. Cela se produit certes déjà au domicile, au bureau, dans la rue, dans la famille dans les espaces publics, etc. Comme en témoigne cet informateur :

D.T. (un commerçant au marché de Badalabougou) « je n'ai pas besoin de me déplacer pour aller chercher telle ou telle information. Il me suffit d'appeler quelqu'un pour avoir l'information souhaitée. Le téléphone mobile est indispensable dans mes relations sociale et professionnelle. »

Le téléphone mobile permet à l'homme de transcender le milieu physique tout en le plaçant dans un autre contexte plus éloigné. De ce fait, le rôle du milieu où la communication s'effectue, se trouve neutraliser dans la notion de territoire. Dans cette mouvance, l'expression physique du milieu est appelé à se recomposer. En faisant allusion à ce propos, MITCHELL (1995) estime que:

« We are entering an era of electronically extended bodies living at the intersection points of the physical and virtual worlds, of occupation and interaction through telepresence as well as through physical presence» (p. 167).

La citation d'un de nos informateur corrobore cette assertion, en langue Bamanan « Ni telefoni konitè ne bolo, ntese ka hali nka baara kilancè kè. Nka kunafoniw bè kè a la ; Nka kiliyanw ben soro fènè a la » qui signifie que sans le téléphone je ne peux pas faire la moitié de mon travail. Je m'informe avec, mes clients me contactent avec. Disait M. K. un commerçant des pièces détachées au marché de Médine.

Dans cette interaction entre le spatial et le virtuel, les caractéristiques des réseaux humains reconnaissent les patchworks22(*) de l'usage du téléphone mobile.

Les effets sont susceptibles d'être une caractéristique importante de cette phase de la politique d'innovation et d'expérimentation en milieu urbain (GRAHAM, 1999:26).

En d'autres termes, on suppose que ni le déterminisme technologique, ni le point de vue socioconstructiviste sont suffisants pour expliquer la dynamique de l'infrastructure spatiale et de l'impact de la technologie comme l'ont souligné les différents auteurs tel que (GRAHAM et MARVIN, 1996; HEARN, MANDEVILLE et ANTHONY, 1998; GRAHAM, 1999.

Le cas Bamakois n'échappe pas à cette réalité. Parmi les composantes des espaces urbains, les espaces publics sont considérés comme des endroits où les gens se rencontrent et partagent des expériences communes (MOSS et TOWNSEND, 2000). Les grandes villes sont en cours de recomposition avec les infrastructures de télécommunications qui puissent intégrer les objectifs de développement et socio-économiques. La majeure partie des investissements est donnée pour la création d'espaces électroniques, le commerce en ligne et l'enseignement à distance ; les acteurs de la ville tentent de planifier, de réguler et de la former l'espace urbain (GRAHAM, 1999).

La photo 3 montre deux antennes des deux opérateurs (SOTELMA/Malitel et Orange Mali) à la limite entre le quartier de Kalaban-Coura et celui de Sabalibougou côte à côte.

Photo 3. Antenne de la téléphonie mobile sur le toit d'un immeuble au bord d'une auto route (Source : FOFANA, I., Mars 2011)

L'espace public et privé sont devenues des espace de réception et d'appel téléphonique Le téléphone mobile met son utilisateur dans une véritable situation d'acteur en action, lorsqu'il se trouve dans l'espace public (rue, marché, véhicule de transport en commun, restaurant, etc.) ou même privé (lieu de travail, famille, et même dans la toilette....), il est tenu de jouer un rôle devant des «spectateurs » qu'il ne connaît pas forcément-il baisse la voix, l'élève, improvise des réponses en situation.

«People talking on mobile phones seem wholly or partially unaware of their surroundings. The mobile phone seems to make us feel as if we are alone, even in public places where we are surrounded by many other people» disait PERSSON, 2001.

Cet aspect est soutenu par la théorie de GIDDENS Anthony en 1987 cité par DI MEO, 2001. Cette théorie explique la capacité de transformation des acteurs de pouvoir changer leur environnement à partir de leurs pratiques quotidiennes : « les êtres humains sont des agents compétents [...] tous les acteurs sociaux ont une connaissance remarquable des conditions et des conséquences de ce qu'ils ont dans la vie de tous les jours. » Il parle d'une compétence pratique des acteurs sociaux dans leur du territoire au quotidien.

Il convient de dire que lorsque l'on parle de téléphone mobile dans l'espace public, on transforme cet espace, ne fût-ce que momentanément, en espace privé (DIBAKANA, 2002). Finalement on se demande où se termine la vie dans un espace privé et où commence celle du publique ?

Dans le même esprit, HÖFLICH, 2005 dans son article a certain sense of place, note que tout le monde a un bon sens de l'orientation de l'espace. En répondant les appels téléphoniques dans un espace quelconque, l'usager peut être dérangeant ou pas. Par exemple une conversation téléphonique dans une mosquée n'est pas pareille à celle de la rue. Un de nos informateurs a dit que  « les usagers qui répondent les appels téléphoniques dans une mosquée ou une salle de réunion sont des ignorants. »

Le téléphone mobile a révolutionné la vie quotidienne de son usager en lui permettant de communiquer sans fil, partout où il y a un réseau de téléphonie mobile. En essence, il est considéré comme un simple outil de communication, mais de plus en plus il devient un outil d'identification de la personne (presque partout où l'usager du téléphone est possible), également une identification de l'espace privé et public dans l'espace urbain.

Les rues de la ville de Bamako sont remplies des vendeurs des accessoires de téléphone mobile, de cartes de recharge, de transfert de crédit, des plaques de la télécommunication, des antennes de relais et des plaques de publicité sur les toits des maisons, etc., des propriétaires de téléphone mobile et presque tout le temps on entend des sonneries de téléphone.

Des pôles de commerce et de réparation de téléphone mobile poussent un peu partout dans la ville de Bamako. Comme par exemple au centre ville devant le siège SOTELMA/Malitel, s'est constitué un véritable marché de téléphone mobile. Dans ce marché se trouvent les puces SOTELMA/Malitel et Orange Mali. C'est l'un des premiers pôles de commerce de téléphone mobile au Mali depuis l'avènement de ce moyen de communication. Avec l'augmentation du nombre d'usagers les agences et les pôles de commerce se multiplient.

Tous ceux-ci constituent des éléments de recomposition de l'espace et entrent en ligne droit de l'organisation de celui-ci. Ainsi CHOAY F. s'exprime en ce terme «  La dynamique des réseaux techniques tend à se substituer à la statique des lieux bâtis pour conditionner mentalités et comportements urbains » (CHOAY, 1994).

Photos 4 et 5. Exemples d'emplacement des plaques publicitaires des opérateurs dans la ville de Bamako (FOFANA, I., mars 2011).

Ce n'est pas n'importe où que les opérateurs implantent leurs plaques de publicité. Les toits des maisons et le bord des autoroutes sont des endroits stratégiques pour les publicités des opérateurs.

La morphologie urbaine et la mobilité23(*) poursuivent des finalités partiellement communes ; elles interagissent l'une sur l'autre, et sont complémentaires et concurrentes, et en tout état de cause jamais dissociables l'une de l'autre (WIEL, 2005).

Une nouvelle approche du numérique qui privilégie ses relations et interactions avec toutes les autres dimensions de la société. Comme le souligne RALLET 24(*):

« Avec le numérique, nous ne sommes donc pas dans l'invention d'un nouveau monde virtuel qui s'opposerait au monde réel, mais dans l'encastrement de relations virtuelles dans les réseaux sociaux. Il se pose la question de savoir comment la rencontre entre les réseaux sociaux et virtuels recomposent de nouvelles formes de socialité et ce qui en résultent en termes de lieux physiques, mais aussi de mobilités urbaines, de nouvelles circulations dans la ville ».

Il cherche à comprendre dans son article intitulé « la communication et la télécommunication et la centralité », le rôle de la télécommunication dans l'évolution des formes urbaines et la façon dont l'homme les utilise. Il montre que les automobiles dans les années 1960 ont recomposé les espaces urbains à travers le monde et de la même façon les téléphones mobiles sont du même ordre.

Cependant, le développement des chemins de fer a créé des ruptures, le voyage ne se compte plus en jours mais en heures. Cependant, d'autres ruptures, plus discrètes, ajustent la notion de temps à celle de l'espace. La gestion des lignes impose une coordination des horaires sur l'ensemble du territoire et les horloges deviennent, avec les armatures métalliques, les symboles des gares. Le progrès technologique qui s'était esquissé au 18ème siècle, l'ère des grands réseaux marque également la transformation progressive l'espace géographique en espace-temps. Avec les expérimentations du télégraphe en 1837 et celle du téléphone en 1880, la diffusion d'information va diminuer les décalages de temps que connait l'espace. Deux éléments entrent dorénavant contact permanent l'espace et le temps. Nous appréhendons ainsi les composants variés de l'espace géographique (GASTAMBIDE, 2008).

Dans les décennies 1920, 1930, le même phénomène a été constaté avec le progrès des automobiles. C'est ainsi que John H. MUELLER cité par LANNOY, développe à plusieurs reprises un raisonnement de type explicitement écologique (propre à Chicago), notamment pour analyser les dimensions spatiales ou géographiques du phénomène automobile.

Il consacre successivement trois chapitres à la place de l'automobile dans le développement de la mobilité individuelle (personal mobility), à ses effets en espace rural et en espace urbain. Il y envisage les déplacements automobiles non plus comme de simples mouvements physiques, mais comme des indicateurs d'évolution, - c'est-à-dire comme expressions d'un processus social - qui - selon les mots de Park25(*) que reprend MULLER, « ne dépend pas principalement d'un transport, mais d'une communication» (MUELLER, 1928:36), c'est-à-dire d'un processus ayant une influence sur le rapport des individus et des groupes à l'espace, sur leurs rapports aux institutions, sur leurs habitudes et leurs cultures (notamment leurs choix résidentiels), sur leur personnalité. MUELLER s'attache cependant à dégager la spécificité de l'automobile par rapport aux autres moyens de transport. Avec ses caractéristiques de flexibilité temporelle et spatiale, avec son caractère « permissif » (MUELLER, 1928:43), la voiture dessine un espace géographique et aussi une perception qui lui sont propres « c'est la possibilité d'un contact quotidien dans un espace plus large qui constitue la contribution significative de l'automobile » (ibid., p. 55). De la même manière la communication de la téléphonie mobile peut être envisagée comme moyen de réduction de la mobilité individuelle mais de réorganisation de l'espace avec ses infrastructures et une mise en relation entre les espaces réel et virtuel.

L'espace, ainsi vue se transforme en produit de l'activité sociale. En le mesurant, l'individu se laisse pénétrer par un environnement plus large et pénètre l'espace ainsi produit. Entre l'individu et son espace, il y a interpénétration. L'étude de la perception de l'espace urbain constitue un moyen important dans l'appréhension du rapport que l'individu avec son environnement. On fixe à peine l'heure. Le choix se fait dynamiquement, au cours de ses déplacements respectifs, en fonction du temps, d'un retard éventuel,.... Dans le même esprit cet informateur SAMAKE I., nous répond en langue bamanan, que « telefoni kèra ne sen ni ne kulo ye » ce qui veut dire que le téléphone est devenu son pied et son oreille. Cette idée renforce la dynamique de la communication. Même si le téléphone mobile réduit en général ses déplacements, l'espace physique est toujours présent. Cette dynamique favorise davantage l'usage le téléphone mobile virtuellement. Mais ce qui est important dans la logique de cet informateur, c'est qu'on peut retenir une multitude de lieux en interaction, l'espace dans lequel il se trouve et celui où l'information provient.

La photo 6 montre un usager en train d'utiliser son téléphone dans un restaurant.

Photo 6. Usager écrivant un SMS, FOFANA, I., (juin 2010).

L'utilisation croissante de cet outil participe à l'élaboration d'une territorialité nouvelle. Le caractère principal du téléphone mobile s'adresse plus à l'individu qu'à un groupe. Il a le pouvoir de regrouper en son sein ce qu'on appelle les médias de mass (la télévision, l'internet, la radio, etc.). Ainsi, la communication à distance se substitue à proximité interpersonnelle.

Le rôle central que joue aujourd'hui l'espace public est encore accentué par l'évolution permanente des modes d'interaction - recherche et développement de modes de transport moins polluant - des outils de communication - usage du téléphone mobile, internet -, des modes de travail - télé services et travail à domicile -, des nouveaux besoins et de nouveaux services - évolution des stations de transports en communs combinant des offres de déplacement, des offres de services et des micro-espaces publics.

Toutes ces évolutions modifient les besoins et les attentes des citoyens en espace affecté aux déplacements et transforment les modes d'échanges et de relations sur l'espace public.

Le constat est que l'esprit humain produit ses propres règles d'organisation et de réorganisation structurelle de l'espace qu'il habite. Les déplacements d'un quartier à un autre, d'une place à une autre sont désormais remplacés par les appels téléphoniques. Cela constitue des éléments constitutifs des images de l'espace urbain. Ces éléments s'inscrivent dans le rapport qui l'usager à son espace de vie.

Ainsi, la perception de l'espace s'accompagne toujours avec l'image du téléphone mobile. Bamako se tend son miroir, il se met en scène, se donnant à voir comme lieu d'expression. Cette perspective est à prendre en compte sur le plan collectif et individuel.

Dans cette perspective, la manière dont les différents espaces étaient imaginés et perçus par les individus sont en train de changer avec l'usage du téléphone mobile. Parmi ces espaces, il existe des espaces comme les lieux de cultes, les lieux de conférence, bref les lieux où le silence total était demandé, sont maintenant violés par les sonneries téléphoniques.

Tous les espaces (public et privé) sont concernés par ce phénomène. Du coup, téléphoner dans la rue par exemple en marchant ou entendre la sonnerie téléphonique lors d'une conférence où dans une mosquée semblait incongru il y a quelques années. On observe que les gens y compris ceux résistants à cette pratique finissent par l'adopter car elle est une conséquence quasi mécanique de ce que le téléphone mobile est désormais individualisé et un compagnon quotidiens de son propriétaire.

L'usage n'est pas bouleversant mais l'individu apprend à utiliser le téléphone dans une situation qui n'est pas «naturelle». Ainsi, une nouvelle norme sociale et de perception de communication se répand et ouvre la voie à des pratiques susceptibles de transformer la relation entre l'homme et l'espace à Bamako.

Le téléphone mobile renforce les interactions et les rend plus dynamiques dans le processus de transformation de l'espace. Le préfixe télé, à distance, évoque des répercussions importantes pour l'espace. Une citation recueillie au hasard en témoigne de façon éloquente : «La distance et les frontières n'existent plus, l'information circule donc librement et les communications sont instantanées» (LACROIX, 2000). Dans le même sens de l'instantanéité, le directeur de Marketing de Orange France, Selon Pascal THOMAS disait en 2004 que le téléphone mobile est nouveau média « d'autant plus puissant (...) qu'on l'a toujours avec soi, on ne s'en sépare jamais. C'est avec lequel on va jusque dans des endroits coupés du monde en termes de médias. C'est donc (...) un média chaud qui maîtrise l'immédiateté car il est le seul capable d'alerter l'utilisateur en temps réel. » (Propos tiré du Figaro du 7octobre 2004) cité par ALLEMAND et JOULLION en 2005. Les infrastructures des télécommunications supportent aujourd'hui de nombreuses applications qui offrent des possibilités de désenclavement de certaines zones et permettent d'envisager une décentralisation plus importante et plus efficace de l'administration.

Tout d'abord, la diffusion de la notion de téléphone mobile change les formes d'espaces géographiques. Du point de vue du comportement, cependant, il est révélé que les activités sociales fondées sur l'espace géographique n'ont pas disparu comme le montre l'examen de l'interaction spatiale. Les initiatives en milieu urbain ont abordé ces deux aspects par la promotion stratégique du développement physique des infrastructures de télécommunications avancées y compris le réseau à large bande et réseau de communications mobiles, et en même temps, en gardant les formes traditionnelles d'architectures urbaines et des espaces publics qui permettent des interactions humaines. L'augmentation de la mobilité implique que les gens ne sont pas statiques en un endroit, ils sont consultés par d'autres personnes.

Avec les téléphones mobiles, les messages peuvent être directement envoyés et reçus par les utilisateurs de façon synchrone et omniprésente partout et à tout moment (UIT, 2002), augmentant ainsi la connectivité de personnes.

En outre, le téléphone mobile est rapidement devenu, au travail, à la maison, dans les déplacements, pour une grande efficacité et le confort, un élément à part entière de la vie quotidienne, qui apparaît même indispensable pour beaucoup

Afin d'offrir une qualité de service à la hauteur de la demande de ses usagers les opérateurs ont déployé des réseaux de téléphonie mobile qui couvrent les différentes zones. Ces réseaux doivent permettre d'émettre ou de recevoir un appel presque partout avec une bonne qualité. L'installation large et rapide des antennes-relais doit susciter la question de recomposition de l'espace chez les acteurs de l'aménagement du territoire et une place de choix dans les schémas d'aménagement.

Bien que la ville constitue le centre de la culture, du commerce, des activités qui dépendent à la fois de la communication de face-à-face, et de l'électronique - remarquablement peu de recherches sont faites sur les moyens par lesquels les technologies de communication affectent la ville (BONNETT, 1996). Cependant, selon GRAHAM et MARVIN:

«Telecommunications remain far from being a central focus in urban studies or urban policymaking. The subject of telecommunications and cities is a curiously neglected and extremely immature field of policy and research.» (GRAHAM et MARVIN, 1996: 6)

Et pourtant, BELL, qui disait que :

«Communications infrastructure is the central infrastructure tying together a society.» (BELL, 1979:22)

Ces pensées montrent à quel point les études sur les télécommunications et l'espace urbain doivent être développées, pour bien appréhender les rapports entre les deux. Nous sommes dans un environnement qui change à cause de l'usage de la téléphonie mobile, ce qui est une des raisons principales à réorienter les recherches géographiques dans les villes et expliquer la recomposition spatiale qui en résultent. Les caractéristiques spatiales liées à l'usage du téléphone mobile sont importantes pour comprendre non seulement les interactions individuelles, mais aussi urbaines qui influent sur les acteurs individuels. Il est sans doute important de signaler la création des centres d'affaires par le téléphone mobile un peu partout dans le District de Bamako.

Conclusion

Comme moyen de communication de tous les jours, il est temps de ne pas considérer le téléphone mobile comme un simple outil de communication. Actuellement, il conduit toutes les actions individuelles et collectives des usagers d'un espace donné en général et celui de l'urbain en particulier. Les usagers se promènent toujours avec leur téléphone et ne veulent pas perdre un seul instant leurs contacts. Le téléphone mobile donne la possibilité d'être joint à tout moment. Il change l'attitude de son usager envers l'espace qui l'environne en termes de distance, de perception, d'organisation, etc. Les résultats du terrain, nous montrent que dans la ville de Bamako, nous assistons à une nouvelle dynamique, une nouvelle force qui est en train de se consolider à partir de l'usage du téléphone mobile. Ce qui engendre une nouvelle territorialisation de l'espace bamakois.

Par conséquent, pendant que le téléphone mobile est sollicité à cause de son renforcement des relations sociales entre les citadins, en même temps il change l'interaction entre ces personnes et leur milieu de vie.

L'augmentation du nombre des usagers du téléphone mobile entraine une multiplication des antennes afin de faire face à la demande. Il n'est plus étonnant de voir actuellement les antennes sur les toits des immeubles dans la ville de Bamako.

Pour avoir une idée sur la répartition des antennes dans le district de Bamako, nous avons été au CRT, et aux sièges des deux opérateurs pour avoir des données les concernant mais sans succès. Nous n'avons pas eu les données sur les antennes des opérateurs.

Quant à l'installation des antennes, chaque opérateur est libre de chercher un site pour implanter son antenne. En principe ils doivent passer par le CRT pour valider ce qui ne se fait pas comme il le faut.

Conclusion générale 

En définitive, la dernière décennie du siècle dernier a été marquée sur toute l'étendu du territoire du Mali par l'avènement du téléphone mobile. Le téléphone mobile révolutionne la vie quotidienne de ses usagers aujourd'hui. Il est sans doute plus qu'un moyen de communication. Son dynamisme dans la ville de Bamako a eu pour corollaire le changement tant sur le plan comportemental que spatial. L'augmentation du nombre des usagers témoigne cet engouement de communiquer avec cet outil. En effet, il est temps de prendre en compte la réorganisation de l'espace urbain dans le contexte de l'expansion du téléphone mobile et de se poser la question sur l'avenir de l'espace urbain. Parce que, c'est à partir de l'espace urbain de Bamako que l'expansion du téléphone mobile a commencé au Mali.

Cependant, cette expansion rapide du téléphone mobile a été favorisée par la réforme politique du secteur de la télécommunication par le gouvernement du Mali. Cette réforme qui répondait à des impératifs de communication dans un pays où l'accès au téléphone fixe est très limité par coût et le manque d'infrastructures, le téléphone mobile ne serait que le bienvenu. En plus de cette politique de réforme, la concurrence a aussi joué un rôle très important dans l'attirance de la clientèle avec une baisse du coût de la communication mobile.

Est-il possible de penser de l'espace urbain bamakois sans téléphone mobile aujourd'hui?

Dans la mesure où, le téléphone mobile est perçu comme un instrument important qui par son pouvoir à mettre en contact des individus à distance -- il recélerait dans ce cas une source de nouvelles formes d'interactions sociales et de recomposition de l'espace.

Ce mémoire est une opportunité de comprendre la relation entre la virtualisation de l'espace urbain et l'usage du téléphone mobile.

L'usage du téléphone mobile est un véritable pouvoir de réorganisation de l'espace. Dans la ville de Bamako, il est difficile de distinguer l'espace privé de l'espace public, tout espace est devenu un espace de réception, d'appel téléphonique. Ce pouvoir du téléphone mobile redynamise la ville. Comme la population continue à augmenter à Bamako, le téléphone mobile joue un rôle majeur dans la recomposition et le mode de vie des citadins. Non seulement il influence l'espace qu'habite l'usager, le travail mais aussi la relation entre les différents lieux d'intervention de ce dernier.

Ce mémoire soutien l'idée que le téléphone mobile ne détruit pas l'espace physique de la ville, mais plutôt une complémentarité qui aboutit à la recomposition de l'espace. L'histoire de la télécommunication nous enseigne que la technologie innove dans les comportements de l'usager envers son environnement. Un de ces comportements est bien évidemment la recomposition dudit espace.

La création des marchés de téléphone mobile, la multiplication des antennes, des boutiques, des plaques publicitaires, quel que soit l'image qu'on les donne, les formes de morphologie spatiale, etc. constituent un mode de réorganisation qui peut être prise en compte dans le cadre de l'aménagement du territoire. Cependant, l'espace urbain est à la fois l'expression du vécu et d'innovation par excellence. C'est un espace en constance recomposition depuis l'avènement de la téléphonie mobile. Cette expression de l'espace urbain montre combien de fois la ville est animée, elle est en perpétuel changement dont la géographie doit toujours tenir compte.

Les dynamiques territoriales imposent une nouvelle forme spatiale comme le dit RAFFESTIN, en 1980, le territoire est un produit qui est constamment retravaillé par les acteurs ou un groupe d'acteurs en interaction donc un produit social. Le territoire (les formes issues de cette production) peuvent être extrêmement divers (abstraits ou concrets, éphémères ou permanent, informels ou institutionnalisés, invisible ou tangible).

La dynamique d'insertion socio-spatiale du téléphone mobile s'accompagne d'une recomposition du territoire. L'urbanisation contemporaine doit accorder une importance aux modes, aux lieux, au temps de déplacement. Le développement du téléphone mobile ne se limite pas seulement à l'aspect télécommunicationnel, mais il suscite de nouvelles normes et contribue à la modification du contenu de la localisation et les formes de polarisation fonctionnelles et sociales.

L'espace au sens traditionnel du terme, le territoire ne disparait pas comme le pensent O'BRIEN en 1992 et CAIRNCROSS en 2001 qui disent respectivement : « les progrès des télécommunications diminuent considérablement l'importance des localisations géographiques à l'échelle du globe » ; « wireless is killing location, putting the world (...) in our pokects » (p2). Une ère de virtualisation commence où les différentes places sont en relation au sein de cet espace. Il se construit autour de la mise en relation des différentes places. L'espace physique est latent sous le virtuel. Ce dernier rend confus ce qui n'était pas très clair. Il est toujours en mouvement.

L'usage intensif du téléphone mobile ne fait qu'augmenter l'abstraction qui est de plus en plus difficile à saisir. Une bonne connaissance de cette celle-ci permet de faire la part entre l'espace réel et celui virtuel.

Le téléphone à la capacité de bousculer les règles longtemps établies par les usagers et les transforme dans la plupart des cas. Si la population était habituée à de nombreux déplacements pour la satisfaction de leurs problèmes avec tous les désagréments et des longues attentes, aujourd'hui le téléphone mobile change la donne. Avec le téléphone mobile c'est tout une nouvelle vision géographique qui se met en place à travers l'aménagement des antennes, des affiches, etc. Il a introduit dans l'espace urbain quotidien un certain nombre de sons nouveaux (sonneries téléphoniques) et donné de l'importance à l'instantané de la voix. Il ne tient pas compte des limites physiques de l'espace et du temps.

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OSLIN, George P., 1999. The story of telecommunications, Mercer University Press, 520 p.

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SYLLA, Ibrahima, 2003-2004. Approche géographique de l'appropriation des NTIC par les populations : l'exemple des télé-centres et des cybercafés dans le quartier Ouagou Niayes à Dakar, Mémoire de maîtrise, UCAD, 116 p.

VAZQUEZ, Howard, 2010. « Les dynamiques urbaines de Shanghai », EchoGéo, numéro 12, pp.1-19, http://echogeo.revues.org/11821, consulté le 12 novembre 2010.

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WIEL, Marc, 2005. Ville et mobilité : un couple infernal ?, Éditions de l'Aube, 90 p.

Table des matières :

Introduction générale 7

Chapitre 1: Problématique 11

1.2. Les objectifs de recherche 15

1.2.1. Objectif général 15

1.2.2. Objectifs spécifiques 15

1.3. Questions et hypothèses de recherche 16

1.3.1. Les questions de recherche 16

1.3.2. Les hypothèses 16

1.4. Intérêt et justification du thème 16

Chapitre 2 : Définition des concepts 21

2.1. Les acteurs dans le domaine de la téléphonie mobile à Bamako 21

2.2. La dynamique 22

2.3. L'Espace 22

2.4. L'Espace urbain 23

2.5. La téléphonie mobile 24

2.6. La recomposition 24

Chapitre 3 : Méthodologie 26

3.1. La recherche documentaire 26

3.2. L'étape de terrain 30

3.2.1. Le questionnaire 30

3.2.2. L'entretien 30

3.2.3. Les observations 31

3.2.4. La photographie 31

3.2.5. L'échantillonnage 31

3.3. Étape de traitement des données 31

Première partie: 33

La politique, les acteurs et les stratégies dans le domaine de la téléphonie mobile dans l'espace urbain de Bamako 33

Introduction 34

Chapitre 4: La politique de la télécommunication au Mali 35

Chapitre 4: La politique de la télécommunication au Mali 35

Chapitre 5 : Les opérateurs de la télécommunication au Mali 38

5-1. SOTELMA/Malitel 38

5-2. Orange Mali 40

5-3. La communication par le téléphone mobile 42

Chapitre 6: Les stratégies des opérateurs 46

6-1. SOTELMA/Malitel 47

6-2. Orange Mali 50

Conclusion 54

Deuxième partie: 56

Dynamique et recomposition de l'espace 56

Introduction 57

Chapitre 7: La concurrence entre les deux opérateurs 58

Chapitre 8: Dynamique urbaine de la ville de Bamako 61

Chapitre 9: Organisation spatiale 65

Conclusion 75

Conclusion générale 76

Bibliographie 79

Table des matières : 86

Annexes 88

ANNEXES

Annexe I : Abréviations

AGCS : Accord Général sur le Commerce des services.

BTS : Base Transceiver Station.

BSC : Base Station Controller.

CEDEAO : Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest.

CFA : Communauté Financière d'Afrique.

CMLN : Comité Militaire de Libération Nationale.

CRT : Comité des Télécommunications au Mali.

DNSI : Direction Nationale de la Statistique et de l'Information.

FLASH : Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines.

GSM: Global System for Mobile Communication.

HT : Hors taxe.

IFI : Institutions Financières Internationales.

ISFRA : Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée.

LP : Ligne Principale.

OIR : Offre Interconnexion de Référence.

OMC : Organisation Mondiale du Commerce.

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement.

ONP : Office Nation des Postes.

PMU : Pari Mutuel Urbain.

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement.

RMDH : Rapport Mondial sur le Développement Humain.

RNDH : Rapport National sur le Développement Humain.

RN: Route Nationale.

SIM: Subscriber Identity Module.

SMS : Short Message Service.

SOGETEL : Société de Gestion des Télécommunications.

SONATEL : Société Nationale des Télécommunications

SOTELMA : Société des Télécommunications du Mali.

TTC : Tout Taxe Comprise.

TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée.

TIC : Technologies de l''Information et de la Communication.

UIT : Union Internationale des Télécommunications.

USB : Universal Serial Bus.

Annexe II : Liste des tableaux

Tableau 1. Augmentation du nombre d'usagers de la puce SOTELMA/Malitel de 2001 à 2010.

Tableau 2. Evolution du parc de la téléphonie mobile de Orange Mali de 2003 à 2010.

Tableau 3. Tarif mobile SOTELMA/Malitel en CFA/mn TTC de 2003 à 2010.

Tableau 4. Tarif mobile Orange Mali en CFA/mn TTC.

Tableau 5. Population de Bamako de 1976 à 2009 par commune.

Annexe III : Liste des figures

Figure 1.Télé-densité de la téléphonie mobile du Mali de 2002 à 2009.

Figure 2. Principal axe de connexion de réseau téléphonique.

Figure 3. Carte de repérage de Bamako et des ses quartiers.

Figure 4. Carte des zones de présence de SOTELMA/Malitel.

Figure 5. Evolution du parc de la téléphonie mobile de SOTELMA/Malitel de 2001 à 2010.

Figure 6. Carte de la couverture du réseau Orange Mali de 2009.

Figure 7. Evolution du parc de la téléphonie mobile de Orange Mali de 2003 à 2010.

Figure 8. Tarifs des services téléphoniques de la SOTELMA/Malitel de 2003 à 2010.

Figure 9. Tarifs des services téléphoniques de Orange Mali de 2004 à 2010.

Figure 10. Évolution de la population de 1976 à 2009 par Commune.

Annexe IV : Liste des Photos

Photo 1. PAANI de Malitel.

Photo 2. Recherche de la clientèle par les deux opérateurs.

Photo 3. Antenne de la téléphonie mobile sur le toit d'un immeuble au bord d'une auto route.

Photos 4 et 5. Exemples d'emplacement des plaques publicitaires des opérateurs dans la ville de Bamako.

Photo 6. Usager écrivant un SMS.

Annexe V : Chronologie :

· 29 novembre 1960 : Création de l'Office des Postes et Télécommunications (OPT) par l'ordonnance n° 67/ PGB- RM du 29 novembre 1960 du gouvernement du Mali pour la gestion des services des postes et télécommunications.

· 9 octobre 1989 : Par l'Ordonnance n°89-32/P-RM du 09 Octobre 1989 ratifiée par la Loi n°90-018/AN-RM du 27 Février 1990, fut créée la SOTELMA (la Société des Télécommunications du Mali), opérateur historique.

· Du 19 au 24 déc. 1991 : Les journées nationales d'information, organisées avec la collaboration de l'institut PANOS, ont été l'occasion pour les journalistes et les communicateurs de proposer un ensemble de textes qui aujourd'hui, régissent, en grande partie, la communication au Mali.

· 31 décembre 1996 : Début de l'internet au Mali et des autres technologies de l'information et de la communication.

· juin 1998 : Déclaration de la politique sectorielle des télécommunications pour la libéralisation du secteur et la privatisation de l'opérateur historique.

· 10 mars 1999 : Création de Malitel filiale de la SOTELMA.

· Septembre 1999 : Création du Comité de Régulation des télécommunications au Mali.

· 21 juin 2001 : Décision du gouvernement du Mali d'attribuer une licence à Ikatel à l'issue d'un appel d'offre international par décret n°01-263/P-RM.

· 1er juillet 2002 : La SOTELMA a procédé à un changement du système de numérotation de téléphone, de six à sept chiffres, "pour permettre d'élargir le réseau téléphonique".

· 1er aout 2002 : Signature de l'arrêté interministériel 02-1628/MC-SG portant l'octroi d'une licence d'établissement et exploitation des réseaux et services de télécommunication à Ikatel.

· août 2002 : Le syndicat de la SOTELMA, en voie de privatisation, a réclamé une participation de l'ordre de 10 pourcent au capital de l'entreprise dont l'ouverture est d'actualité, depuis l'octroi en août 2002 d'une licence d'établissement à des privés dans le secteur des télécommunications.

· 21 février 2003 : Lancement officiel d'exploitation commerciale du réseau GSM Ikatel.

· 21 juin 2003 : Signature du contrat d'interconnexion des réseaux de la SOTELMA/Malitel et Orange Mali, le même jour les liaisons d'interconnexion étaient mises en services.

· juin 2004 : Dans le cadre de sa politique tarifaire, la SOTELMA avait procédé à une importante baisse des tarifs sur les communications internationales ; de 25 à 70%.

· juin 2005 : La politique nationale et le plan stratégique national des technologies de l'information et de la communication» ont été adoptés par le gouvernement du Mali. Cette baisse, la deuxième du genre en l'espace de 6 mois.

· 31 janvier 2006 : Lancement de la facturation à la seconde « faire payer le client juste ce qu'il consomme » par SOTELMA/Malitel ; elle a été suivie par Orange Mali le 27 février. Orange Mali a maintenu la facturation par cadence de 20 secondes.

· 30 novembre 2006 : Ikatel devient Orange-Mali.

· 2007 : Lancement de services de Orange-Mali : les Samedi Sugu un concept d'offres promotionnelles exclusives tous les 1er samedi du mois ; le recharge mugan-mugan...

· 01 novembre 2008 : Changement de numéro téléphonique de 7 à 8 chiffres et qui aura une capacité théorique de 100 millions de numéros, contrairement aux 7 chiffres qui n'en avaient que de 10 millions.

· Juin 2010 : Lancement de service de recharge PAANI de SOTELMA/Malitel.

· Septembre 2010 : Lancement de la carte de recharge 200f et 500f de SOTELMA/Malitel

Annexe VI. Ordonnance officielle délimitant le district de Bamako

Mme SANOGO

COMlTE MILITAIRE DE LIDERATION NATIONALE

REPUBLIQUE DU MALI

UN PEUPLE - UN BUT - UNE FOI

ORDONNANCE ND 78-33 /CMLN

Déterminant les limites du District de Bamako

LE COMlTE MILITAIRE DE LIBERATION NATIONALE

Vu la Constitution de la République du Mali du 2 Juin 1974 ;

VU l'Ordonnance ND 77-44/CMLN du 12 Juillet 1977 portant réorganisation territoriale et administrative de la République du Mali ;

VU l'Ordonnance ND 78-32 /CMLN du 18 Août 1978 fixant le Statut du District de Bamako

ORDONNE :

Article 1er : En application des dispositions de l'article 3 de l'Ordonnance W 78-39/CMLN du 18 Août 1978, les limites du District de Bamako sont fixées ainsi qu'il suit:

A l'est par:

- une ligne brisée partant du PK 18, de la route de Bamako - Bougouni et passant par le point de longitude 7°55' 13" Ouest et de latitude 12°314'00" Nord, sis sur la piste Sénou - Dyatoula ; les extrémités Sud-est du terrain délimité pour le compte de la Gendarmerie Nationale; le PK 15 de la route Bamako - Sénou, et aboutissant à l'embouchure du marigot Farakoba dans le fleuve Niger;

- le cours du marigot Farakoba de son embouchure dans le fleuve Niger jusqu'à sa rencontre avec le premier ruisseau venant de l'Ouest;

- le cours de ce ruisseau jusqu'à sa rencontre avec la piste Korofina - Fadnguila - Safo;

- une ligne droite d'orientation Nord-Ouest partant de ce point et aboutissant au point de longitude 7°56'47" Ouest et de latitude 12°42'47" Nord sis sur la crête située au Nord de Dioumazana.

Au nord par :

- une ligne brisée partant de l'extrémité Nord de la limite Est ci-dessus décrite et passant par :

le piton Ouest de la colline Sikoro-Koulou,

le point situé à 50 m du carrefour de la route Point-G-Kati et de la route Koulouba- Kati,

le barrage sur le marigot Sokonafing situé au Nord-Ouest du village de Mikoungo.

-cette ligne rencontre ensuite le pied de la colline Kouloumagni-Koulou, longe celui-ci et celui de la colline FaralaKoulou jusqu'à sa rencontre avec le parallèle de latitude 12°40'53" Nord, qu'elle suit vers l'Ouest pour aboutir au point du lit du marigot Farako correspondant au milieu du point situé à 100 m de la cascade.

A l'ouest par:

- une ligne brisée partant de l'extrémité Ouest de la limite Nord ci-dessous décrite passant par le sommet dit KankoNiele et aboutissant au PK 9 de la route Bamako-Siguiri; de ce point la piste de Samaya sur une distance de 2600 m.

Au sud par:

- la portion de droite comprise entre l'extrémité Sud de la limite Ouest ci-dessus décrite, et le lit du fleuve Niger, passant par le point situé sur la piste Kabalabougou- Kalabanbougou à 650 ID au Sud du carrefour de la piste Kalabanbougou-Sébénikoro;

- la portion du lit du fleuve Niger comprise entre ce point et l'embouchure du marigot passant entre Kalabancoro et Bako-Djikoroni;

-le cours de ce marigot jusqu'au point de longitude 8°0'45" Ouest et de latitude 12°34'40" Nord;

-une ligne brisée partant de ce point et aboutissant au PK 18,7 de la route Bamako-Bougouni, en passant par le point de longitude 7°59'28" Ouest et de latitude 12°31 '36" Nord.

ARTICLE 2. - Sont abrogées toutes dispositions contraires et notamment celles de l'Ordonnance N° 16/CMLN du 29 février 1972 portant délimitation du District de Bamako.

ARTICLE 3. - La présente Ordonnance sera exécutée comme Loi de l'État et publiée au Journal Officiel.

Bamako, le 18 août 1978

LE PRESIDENT DU COMITE MILITAIRE DE

LIBERATION NATIONALE,

COLONEL MOUSSA TRAORE

AMPLIATIONS/

Source: Journal Officiel de 1978 (Archives nationales)

Annexe VII. Questionnaire

Questionnaire:

Bonjour,

Je m'appelle Issa FOFANA, je suis inscrit en Master de géographie à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal. Je travaille sur le thème: «Utilisation de la téléphonie mobile au Mali: Dynamiques des acteurs et recomposition de l'espace urbain de Bamako ». Je compte sur votre compréhension et disponibilité pour remplir le questionnaire ci-dessous. Dans cette étude, je m'intéresse essentiellement à l'utilisation du téléphone portable et ses incidences spatiales et sociales sur l'espace urbain. Ce questionnaire est anonyme et répond exclusivement à des préoccupations de recherches, les réponses que vous aurez à donner resteront confidentielles. Elles ne seront pas divulguées à une tierce personne. Je vous remercie d'avance pour votre précieuse collaboration.

Thème 1. Identification sociologique de l'enquêté

1-Genre : sexe : Masculin ( ) féminin ( )

2-Age : ------------------------------------------

3-Situation matrimoniale :

Célibataire [ ] Marié (e) [ ]

4-Activité professionnelle :

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

5-Lieu de résidence :

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Thème 2. Information sur les opérateurs et les usages du téléphone mobile

6-Chez quel Opérateur êtes-vous abonnés ?

SOTELMA/Malitel

 

Orange Mali

 

Les deux

 

7-Depuis combien de temps êtes-vous abonnés ?

 

Moins de 3 mois

4 à 6 mois

Plus de 6 mois

1 à 2 ans

3 à 4 ans

5 ans et plus

SOTELAM/Malitel

 
 
 
 
 
 

Orange Mali

 
 
 
 
 
 

8-Quelle est votre puce préférée ?

Puce SOTELMA/Matlitel

Puce Orange

Les deux puces (Orange et SOTELMA/Malitel)

 
 
 

9-Quels sont les services Orange et SOTELMA/Malitel que vous connaissez ?

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------10-Parmi les services que vous n'avez pas cités, desquels avez-vous déjà entendu parler ?

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

11-Je vais vous présenter une échelle allant de 0 a 10 ou 0 signifie pas du tout satisfait et 10 tout à fait satisfait. Sur cette échelle, J'aimerais que vous me disiez votre niveau de satisfaction sur certains aspects concernant votre expérience avec l'operateur.

 

SOTELMA/Malitel

Orange Mali

Coût de la puce

 
 

Coût des appels

 
 

Coûts des cartes

 
 

Coûts de maintenance (réactivation, déblocage, etc.)

 
 

Condition de payement

 
 

Couverture réseau

 
 

Couverture internationale

 
 

Qualité du réseau

 
 

Qualité des services

 
 

Accès au réseau

 
 

La fiabilité des lignes

 
 

Diversité des produits et services

 
 

Innovation dans les services offerts

 
 

Durée de validité des recharges

 
 

Adéquation entre les produits et l'image de l'opérateur

 
 

La disponibilité des produits (cartes)

 
 

La relation avec les clients

 
 

L'image de la compagnie

 
 

La publicité

 
 

Les campagnes promotionnelles (Bonus...)

 
 

Satisfaction globale

 
 

12-Parmi les deux opérateurs que vous utilisez actuellement, quel est celui dont vous avez l'intention d'abandonner?

SOTELMA/Malitel

 

Orange Mali

 

Thème 3. Incidences sociales et spatiales de l'utilisation du téléphone mobile

13-Est-ce que le fait de ne pas avoir de téléphone portable vous pénalise ?

Oui, car c'est indispensable

 

Oui, car c'est pratique

 

Non car c'est inutile

 

Oui, c'est pour être comme les autres

 

Oui, car je me sens différent

 

Je l'utilise dans le cadre professionnel

 

14-Qu'est ce qui vous a poussé à disposer d'un téléphone mobile ?

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

15-Quelle utilisation faites-vous de votre téléphone portable ?

Je l'utilise pour avoir des conversations personnelles

 

Je l'utilise pour envoyer des SMS

 

Je l'utilise donner rendez-vous ou demander des renseignements

 

Je l'utilise pour éviter trop de déplacement

 

16-Comment vous utilisez votre appelle dans un public ?

Je me retire pour répondre

 

Je reste pour répondre

 

Je ne réponds pas

 

17-Y-a-t-il des moments où vous ne répondez aux appelles ?

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

18-A part appeler et recevoir utiliser vous votre téléphone pour autre chose ?

Oui [ ] Non [ ]

19-Vous l'utilisez davantage pour :

Appeler [ ] recevoir [ ]

Autres (à préciser) :

20-Quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit lorsqu'on évoque la téléphonie mobile ?

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

21-Pourquoi ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

22 Quelle appréciation faites-vous le téléphone mobile ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

23-Quelle est son utilité dans votre vie de tous les jours ?

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

24-Y-a-t-il des endroits où vous ne voulez pas répondre à un appelle téléphonique ?

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

25-Pourquoi ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

26-Quelle est la particularité du téléphone mobile pour vous ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

27-Souhaitez-vous que le téléphone mobile sonne dans un endroit comme, la moquée, l'église, le cimetière etc. ?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

28-Pourquoi?

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

29-Que pensez-vous de ceux qui répondent les appelles téléphoniques dans ces endroits ?

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

30-Qu'est ce que le téléphone mobile à change selon vous dans la vie quotidienne d'aujourd'hui ?

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31-Que pensez-vous des antennes-relais du téléphone mobile ?

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Annexe VIII: La certification ISO de Orange Mali :

Annexes IX : Décision portant publication du plan national de numérotation

* 1 Un SMS est une suite de caractères transmis d'un téléphone vers un ou plusieurs autres téléphones. La longueur d'un SMS est de 160 à 612 caractères, ponctuation et espaces compris, bien que maintenant certains opérateurs permettent parfois de dépasser cette limite moyennant un surcoût. Les premiers SMS datent de 1992, depuis un ordinateur vers un téléphone mobile. A partir de 1995 les terminaux peuvent envoyer des SMS au sein d'un même réseau et depuis 1999, l'envoi de SMS n'est plus limité aux abonnés d'un même opérateur. Le SMS est devenu un mode de communication très répandu particulièrement chez les jeunes comme les étudiants qui restent en contact avec leur groupe par SMS.

* 2 Le Backbone est un réseau généralement à haut débit réalisant l'interconnexion de plusieurs sous-réseaux.

Bien que le terme anglais soit le plus souvent utilisé, on peut trouver en français : réseau d'interconnexion.

* 3 Il est nécessaire de donner une donnée concernant la superficie de Bamako. Cependant, il faut souligner que les données ne sont pas partout les mêmes. C'est pourquoi dans certains documents on peut trouver les données comme : 12828 ha obtenu à partir des cartes et images dans la thèse de Balla Diarra ; 116 km² dans l'essor quotidien du Mali (Essor n°15212 du - 2004-05-28). Car les chiffres officiels sont rares et très souvent différents pour une même date.

* 4 Programme de Politiques de transport en Afrique Subsaharienne Banque Mondiale et Commission Économique Pour l'Afrique, 2000

* 5 L'espace physique est l'objet matériel de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. Il comprend, traditionnellement, les zones consacrées à des activités et des canaux de communication entre les zones, de l'habitat et de transport etc. DREWE, (1998). Cependant il ne fat pas oublier qu'il existe une distinction entre l'espace physique urbain et celui rural.

* 6 L'espace virtuel est après tout, un espace dans lequel sont transmissent les signaux électroniques, les codées comme information, la représentation et l'échange (Graham, 1998). L'espace virtuel n'est pas lié à une localisation fixe dans l'espace physique. Il fait partir des phénomènes récents qui a commence d'une manière générale dans les espace urbains.

* 7 Wikipedia, consulté le 23 décembre 2010

* 8 La théorie de « path dependency » a été initialement développée par les économistes pour expliquer les processus d'adoption des technologies et l'évolution de l'industrie. Les idées théoriques ont eu une forte influence sur l'économie évolutive.

* 9 C'est la norme européenne de téléphonie cellulaire numérique devenue mondiale grace au succès de constructeurs comme Nokia, Ericsson, Sagem ou Alcatel.

* 10 Le Roaming, par définition, est la possibilité d'utiliser son téléphone portable et son numéro à l'étranger pour joindre ses correspondants ou être joint. C'est ce que l'on appelle l'itinérance ou Roaming (en anglais). C'est un service utilisé le plus souvent lors des voyages. Avec le roaming national, l'abonné peut roamer d'un opérateur à un autre dans un même pays. Avec le Roaming International, l'abonné peut aller roamer sur un opérateur d'un pays étranger. Mais ce service demeure toujours cher, pour les usagers. Une situation qui amène souvent la plupart des voyageurs à acquérir des puces sur place.

* 11 Groupe formé par un ensemble de personnes unies par des liens socio-économiques ou professionnels clairs, préexistants à l'exploitation du service et qui sont plus larges que le simple besoin de communications réciproques.

* 12 Le taux de d'alphabétisation au Mali est de 46,4% en 2009, et celui du chômage est de 14,6% selon les sources the world factbook, CIA, ONU.

* 13 Centraux, 9 Base station Controller (BSC) et 135 Base transceiver station (BTS) composent le sous-système de station de base.

* 14 La certification est le processus de vérification qu'un produit ou un service est conforme à un référentiel (une norme, un standard) de gestion de la qualité, de sécurité.... Elle se traduit par la mise en oeuvre d'un système de management respectant les exigences d'un référentiel, puis par validation de ce système par un organisme externe accrédité (L'audit de certification).

* 15 Universal Serial Bus a été conçu au milieu des années 1990 afin de remplacer les nombreux ports externes de l'ordinateur lents et incompatibles. Une clé USB est petit support amovible qui branche sur le port universal serial bus d'un ordinateur.

* 16 Certains de nos informateurs pensent que le montant peut s'élever à 100 Milliards de FCFA.

* 17 Un ensemble hiérarchisé des pôles urbains au sein d'un espace donné.

* 18 Infrastructure de télécommunications: les installations nécessaires au déploiement d'un réseau de télécommunications telles que conduits, mats, pylônes, locaux.

* 19 Recensements généraux de la population, 1987, 1998, 2009.

* 20 Région Afrique et Banque Mondiale, 2000, Mobilité Urbaine, Étude régionale sur l'organisation, le financement et la rentabilité des micro-entreprises de transport urbain en Afrique subsaharienne Tome II : Le cas de Bamako

* 21 L'augmentation de la demande de l'habitat due à la démographie galopante est en train d'accentuer l'extension spatiale de la ville de Bamako.

* 22 Ensemble quelconque formé d'éléments hétérogènes, disparates

* 23 Téléphone mobile, le qualificatif mobile est attribué au téléphone parce que l'homme peut partir partout où il y a un réseau mobile. Ce fait accentue en partie la mobilité des citadins et les arrange parfois. Lorsque quelqu'un doit se rendre dans plusieurs endroits de la ville parfois opposés, il peut utiliser le téléphone mobile pour résoudre ses affaires le plus souvent.

* 24 RALLET, Alain est économiste à l'Université Paris-Sud, et spécialiste du commerce électronique.

* 25 Park écrit : « Les transports et les communications, les tramways et le téléphone, les journaux et la publicité, les édifices en acier et les ascenseurs - toutes choses, en fait, qui tendent à accentuer en même temps la concentration et la mobilité des populations urbaines - sont les facteurs principaux de l'organisation écologique de la ville. » (1925, p. 2).






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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon