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L'utilisation de téléphone mobile et dynamiques des acteurs dans l'espace urbain de Bamako

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par Issa FOFANA
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Master II 2010
  

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Chapitre 9: Organisation spatiale

Ce chapitre traite les rôles des télécommunications dans l'évolution des formes urbaines à partir de l'usage du téléphone mobile. Le travail sur la reconstruction de l'espace urbain nécessite une prise en compte de chaque unité (espace, temps et fonction). La ville se présente sous deux dimensions : une concrète et l'autre subjective.

D'une manière générale, les villes sont des réalités empiriques, dont la dimension concrète est fondamentale parce que c'est ainsi qu'elles se donnent à voir à travers certains styles architecturaux, certains modes de circulation, d'habitation, d'animation, et des populations plus ou moins hétérogènes. Elles se développent dans l'espace et imposent de restituer ses lois de distribution, de croissance, et de recomposition. Pour CASTELLS en 1996, « l'espace n'est pas le reflet de la société il est son expression.... l'espace n'est pas la photocopie de la société, il est la société ».

Aucune approche urbaine ne peut faire l'économie de cette caractéristique spatiale - les phénomènes sont désignés urbains parce qu'ils se manifestent dans la ville. Elles ne sont plus que la somme des parties qui la composent. Autrement dit, elle n'est pas seulement un ensemble de quartiers, mais un ensemble animé de dynamiques.

On constate que, dans la ville, il existe une concurrence entre différents opérateurs pour l'occupation de l'espace. Ce qui est frappant c'est que, convoitant les mêmes aires, les mêmes acteurs, ces opérateurs disposent apparemment de rapports de puissance disproportionnés.

Il est intéressant de comprendre comment le téléphone mobile contribue à aider les usagers dans la recomposition et l'alternance de l'espace urbain de Bamako. De ce fait, deux aspects, nous parait nécessaire : la relation interpersonnelle autour du téléphone mobile et son rapport avec l'espace. A titre de justification, APPADURAI, et CASTELLS (1996) nous rappellent que l'espace est structuré par les hommes qui l'occupent. La télécommunication défit et reconstruit l'espace. L'augmentation du nombre d'utilisateurs de téléphone mobile et l'arrivée de nouveaux opérateurs de télécommunications entraînent la multiplication des infrastructures de la téléphonie mobiles. Alors que les infrastructures des transports sont visibles dans l'espace, il n'en va pas de même pour les infrastructures de la télécommunication tout le temps.

L'observation de ces infrastructures passe inaperçu dans l'intégration de l'espace urbain (les pilonnes, les câbles sous la terre, les affiches des opérateurs dans les rues, aux bords des autoroutes, etc.). Cependant, aujourd'hui c'est le début de la recomposition de l'espace.

Avec un téléphone mobile, la réalité particulière spatiale se transforme en un autre espace plus virtuel. Il est potentiellement présent à l'environnement immédiat. Cela se produit certes déjà au domicile, au bureau, dans la rue, dans la famille dans les espaces publics, etc. Comme en témoigne cet informateur :

D.T. (un commerçant au marché de Badalabougou) « je n'ai pas besoin de me déplacer pour aller chercher telle ou telle information. Il me suffit d'appeler quelqu'un pour avoir l'information souhaitée. Le téléphone mobile est indispensable dans mes relations sociale et professionnelle. »

Le téléphone mobile permet à l'homme de transcender le milieu physique tout en le plaçant dans un autre contexte plus éloigné. De ce fait, le rôle du milieu où la communication s'effectue, se trouve neutraliser dans la notion de territoire. Dans cette mouvance, l'expression physique du milieu est appelé à se recomposer. En faisant allusion à ce propos, MITCHELL (1995) estime que:

« We are entering an era of electronically extended bodies living at the intersection points of the physical and virtual worlds, of occupation and interaction through telepresence as well as through physical presence» (p. 167).

La citation d'un de nos informateur corrobore cette assertion, en langue Bamanan « Ni telefoni konitè ne bolo, ntese ka hali nka baara kilancè kè. Nka kunafoniw bè kè a la ; Nka kiliyanw ben soro fènè a la » qui signifie que sans le téléphone je ne peux pas faire la moitié de mon travail. Je m'informe avec, mes clients me contactent avec. Disait M. K. un commerçant des pièces détachées au marché de Médine.

Dans cette interaction entre le spatial et le virtuel, les caractéristiques des réseaux humains reconnaissent les patchworks22(*) de l'usage du téléphone mobile.

Les effets sont susceptibles d'être une caractéristique importante de cette phase de la politique d'innovation et d'expérimentation en milieu urbain (GRAHAM, 1999:26).

En d'autres termes, on suppose que ni le déterminisme technologique, ni le point de vue socioconstructiviste sont suffisants pour expliquer la dynamique de l'infrastructure spatiale et de l'impact de la technologie comme l'ont souligné les différents auteurs tel que (GRAHAM et MARVIN, 1996; HEARN, MANDEVILLE et ANTHONY, 1998; GRAHAM, 1999.

Le cas Bamakois n'échappe pas à cette réalité. Parmi les composantes des espaces urbains, les espaces publics sont considérés comme des endroits où les gens se rencontrent et partagent des expériences communes (MOSS et TOWNSEND, 2000). Les grandes villes sont en cours de recomposition avec les infrastructures de télécommunications qui puissent intégrer les objectifs de développement et socio-économiques. La majeure partie des investissements est donnée pour la création d'espaces électroniques, le commerce en ligne et l'enseignement à distance ; les acteurs de la ville tentent de planifier, de réguler et de la former l'espace urbain (GRAHAM, 1999).

La photo 3 montre deux antennes des deux opérateurs (SOTELMA/Malitel et Orange Mali) à la limite entre le quartier de Kalaban-Coura et celui de Sabalibougou côte à côte.

Photo 3. Antenne de la téléphonie mobile sur le toit d'un immeuble au bord d'une auto route (Source : FOFANA, I., Mars 2011)

L'espace public et privé sont devenues des espace de réception et d'appel téléphonique Le téléphone mobile met son utilisateur dans une véritable situation d'acteur en action, lorsqu'il se trouve dans l'espace public (rue, marché, véhicule de transport en commun, restaurant, etc.) ou même privé (lieu de travail, famille, et même dans la toilette....), il est tenu de jouer un rôle devant des «spectateurs » qu'il ne connaît pas forcément-il baisse la voix, l'élève, improvise des réponses en situation.

«People talking on mobile phones seem wholly or partially unaware of their surroundings. The mobile phone seems to make us feel as if we are alone, even in public places where we are surrounded by many other people» disait PERSSON, 2001.

Cet aspect est soutenu par la théorie de GIDDENS Anthony en 1987 cité par DI MEO, 2001. Cette théorie explique la capacité de transformation des acteurs de pouvoir changer leur environnement à partir de leurs pratiques quotidiennes : « les êtres humains sont des agents compétents [...] tous les acteurs sociaux ont une connaissance remarquable des conditions et des conséquences de ce qu'ils ont dans la vie de tous les jours. » Il parle d'une compétence pratique des acteurs sociaux dans leur du territoire au quotidien.

Il convient de dire que lorsque l'on parle de téléphone mobile dans l'espace public, on transforme cet espace, ne fût-ce que momentanément, en espace privé (DIBAKANA, 2002). Finalement on se demande où se termine la vie dans un espace privé et où commence celle du publique ?

Dans le même esprit, HÖFLICH, 2005 dans son article a certain sense of place, note que tout le monde a un bon sens de l'orientation de l'espace. En répondant les appels téléphoniques dans un espace quelconque, l'usager peut être dérangeant ou pas. Par exemple une conversation téléphonique dans une mosquée n'est pas pareille à celle de la rue. Un de nos informateurs a dit que  « les usagers qui répondent les appels téléphoniques dans une mosquée ou une salle de réunion sont des ignorants. »

Le téléphone mobile a révolutionné la vie quotidienne de son usager en lui permettant de communiquer sans fil, partout où il y a un réseau de téléphonie mobile. En essence, il est considéré comme un simple outil de communication, mais de plus en plus il devient un outil d'identification de la personne (presque partout où l'usager du téléphone est possible), également une identification de l'espace privé et public dans l'espace urbain.

Les rues de la ville de Bamako sont remplies des vendeurs des accessoires de téléphone mobile, de cartes de recharge, de transfert de crédit, des plaques de la télécommunication, des antennes de relais et des plaques de publicité sur les toits des maisons, etc., des propriétaires de téléphone mobile et presque tout le temps on entend des sonneries de téléphone.

Des pôles de commerce et de réparation de téléphone mobile poussent un peu partout dans la ville de Bamako. Comme par exemple au centre ville devant le siège SOTELMA/Malitel, s'est constitué un véritable marché de téléphone mobile. Dans ce marché se trouvent les puces SOTELMA/Malitel et Orange Mali. C'est l'un des premiers pôles de commerce de téléphone mobile au Mali depuis l'avènement de ce moyen de communication. Avec l'augmentation du nombre d'usagers les agences et les pôles de commerce se multiplient.

Tous ceux-ci constituent des éléments de recomposition de l'espace et entrent en ligne droit de l'organisation de celui-ci. Ainsi CHOAY F. s'exprime en ce terme «  La dynamique des réseaux techniques tend à se substituer à la statique des lieux bâtis pour conditionner mentalités et comportements urbains » (CHOAY, 1994).

Photos 4 et 5. Exemples d'emplacement des plaques publicitaires des opérateurs dans la ville de Bamako (FOFANA, I., mars 2011).

Ce n'est pas n'importe où que les opérateurs implantent leurs plaques de publicité. Les toits des maisons et le bord des autoroutes sont des endroits stratégiques pour les publicités des opérateurs.

La morphologie urbaine et la mobilité23(*) poursuivent des finalités partiellement communes ; elles interagissent l'une sur l'autre, et sont complémentaires et concurrentes, et en tout état de cause jamais dissociables l'une de l'autre (WIEL, 2005).

Une nouvelle approche du numérique qui privilégie ses relations et interactions avec toutes les autres dimensions de la société. Comme le souligne RALLET 24(*):

« Avec le numérique, nous ne sommes donc pas dans l'invention d'un nouveau monde virtuel qui s'opposerait au monde réel, mais dans l'encastrement de relations virtuelles dans les réseaux sociaux. Il se pose la question de savoir comment la rencontre entre les réseaux sociaux et virtuels recomposent de nouvelles formes de socialité et ce qui en résultent en termes de lieux physiques, mais aussi de mobilités urbaines, de nouvelles circulations dans la ville ».

Il cherche à comprendre dans son article intitulé « la communication et la télécommunication et la centralité », le rôle de la télécommunication dans l'évolution des formes urbaines et la façon dont l'homme les utilise. Il montre que les automobiles dans les années 1960 ont recomposé les espaces urbains à travers le monde et de la même façon les téléphones mobiles sont du même ordre.

Cependant, le développement des chemins de fer a créé des ruptures, le voyage ne se compte plus en jours mais en heures. Cependant, d'autres ruptures, plus discrètes, ajustent la notion de temps à celle de l'espace. La gestion des lignes impose une coordination des horaires sur l'ensemble du territoire et les horloges deviennent, avec les armatures métalliques, les symboles des gares. Le progrès technologique qui s'était esquissé au 18ème siècle, l'ère des grands réseaux marque également la transformation progressive l'espace géographique en espace-temps. Avec les expérimentations du télégraphe en 1837 et celle du téléphone en 1880, la diffusion d'information va diminuer les décalages de temps que connait l'espace. Deux éléments entrent dorénavant contact permanent l'espace et le temps. Nous appréhendons ainsi les composants variés de l'espace géographique (GASTAMBIDE, 2008).

Dans les décennies 1920, 1930, le même phénomène a été constaté avec le progrès des automobiles. C'est ainsi que John H. MUELLER cité par LANNOY, développe à plusieurs reprises un raisonnement de type explicitement écologique (propre à Chicago), notamment pour analyser les dimensions spatiales ou géographiques du phénomène automobile.

Il consacre successivement trois chapitres à la place de l'automobile dans le développement de la mobilité individuelle (personal mobility), à ses effets en espace rural et en espace urbain. Il y envisage les déplacements automobiles non plus comme de simples mouvements physiques, mais comme des indicateurs d'évolution, - c'est-à-dire comme expressions d'un processus social - qui - selon les mots de Park25(*) que reprend MULLER, « ne dépend pas principalement d'un transport, mais d'une communication» (MUELLER, 1928:36), c'est-à-dire d'un processus ayant une influence sur le rapport des individus et des groupes à l'espace, sur leurs rapports aux institutions, sur leurs habitudes et leurs cultures (notamment leurs choix résidentiels), sur leur personnalité. MUELLER s'attache cependant à dégager la spécificité de l'automobile par rapport aux autres moyens de transport. Avec ses caractéristiques de flexibilité temporelle et spatiale, avec son caractère « permissif » (MUELLER, 1928:43), la voiture dessine un espace géographique et aussi une perception qui lui sont propres « c'est la possibilité d'un contact quotidien dans un espace plus large qui constitue la contribution significative de l'automobile » (ibid., p. 55). De la même manière la communication de la téléphonie mobile peut être envisagée comme moyen de réduction de la mobilité individuelle mais de réorganisation de l'espace avec ses infrastructures et une mise en relation entre les espaces réel et virtuel.

L'espace, ainsi vue se transforme en produit de l'activité sociale. En le mesurant, l'individu se laisse pénétrer par un environnement plus large et pénètre l'espace ainsi produit. Entre l'individu et son espace, il y a interpénétration. L'étude de la perception de l'espace urbain constitue un moyen important dans l'appréhension du rapport que l'individu avec son environnement. On fixe à peine l'heure. Le choix se fait dynamiquement, au cours de ses déplacements respectifs, en fonction du temps, d'un retard éventuel,.... Dans le même esprit cet informateur SAMAKE I., nous répond en langue bamanan, que « telefoni kèra ne sen ni ne kulo ye » ce qui veut dire que le téléphone est devenu son pied et son oreille. Cette idée renforce la dynamique de la communication. Même si le téléphone mobile réduit en général ses déplacements, l'espace physique est toujours présent. Cette dynamique favorise davantage l'usage le téléphone mobile virtuellement. Mais ce qui est important dans la logique de cet informateur, c'est qu'on peut retenir une multitude de lieux en interaction, l'espace dans lequel il se trouve et celui où l'information provient.

La photo 6 montre un usager en train d'utiliser son téléphone dans un restaurant.

Photo 6. Usager écrivant un SMS, FOFANA, I., (juin 2010).

L'utilisation croissante de cet outil participe à l'élaboration d'une territorialité nouvelle. Le caractère principal du téléphone mobile s'adresse plus à l'individu qu'à un groupe. Il a le pouvoir de regrouper en son sein ce qu'on appelle les médias de mass (la télévision, l'internet, la radio, etc.). Ainsi, la communication à distance se substitue à proximité interpersonnelle.

Le rôle central que joue aujourd'hui l'espace public est encore accentué par l'évolution permanente des modes d'interaction - recherche et développement de modes de transport moins polluant - des outils de communication - usage du téléphone mobile, internet -, des modes de travail - télé services et travail à domicile -, des nouveaux besoins et de nouveaux services - évolution des stations de transports en communs combinant des offres de déplacement, des offres de services et des micro-espaces publics.

Toutes ces évolutions modifient les besoins et les attentes des citoyens en espace affecté aux déplacements et transforment les modes d'échanges et de relations sur l'espace public.

Le constat est que l'esprit humain produit ses propres règles d'organisation et de réorganisation structurelle de l'espace qu'il habite. Les déplacements d'un quartier à un autre, d'une place à une autre sont désormais remplacés par les appels téléphoniques. Cela constitue des éléments constitutifs des images de l'espace urbain. Ces éléments s'inscrivent dans le rapport qui l'usager à son espace de vie.

Ainsi, la perception de l'espace s'accompagne toujours avec l'image du téléphone mobile. Bamako se tend son miroir, il se met en scène, se donnant à voir comme lieu d'expression. Cette perspective est à prendre en compte sur le plan collectif et individuel.

Dans cette perspective, la manière dont les différents espaces étaient imaginés et perçus par les individus sont en train de changer avec l'usage du téléphone mobile. Parmi ces espaces, il existe des espaces comme les lieux de cultes, les lieux de conférence, bref les lieux où le silence total était demandé, sont maintenant violés par les sonneries téléphoniques.

Tous les espaces (public et privé) sont concernés par ce phénomène. Du coup, téléphoner dans la rue par exemple en marchant ou entendre la sonnerie téléphonique lors d'une conférence où dans une mosquée semblait incongru il y a quelques années. On observe que les gens y compris ceux résistants à cette pratique finissent par l'adopter car elle est une conséquence quasi mécanique de ce que le téléphone mobile est désormais individualisé et un compagnon quotidiens de son propriétaire.

L'usage n'est pas bouleversant mais l'individu apprend à utiliser le téléphone dans une situation qui n'est pas «naturelle». Ainsi, une nouvelle norme sociale et de perception de communication se répand et ouvre la voie à des pratiques susceptibles de transformer la relation entre l'homme et l'espace à Bamako.

Le téléphone mobile renforce les interactions et les rend plus dynamiques dans le processus de transformation de l'espace. Le préfixe télé, à distance, évoque des répercussions importantes pour l'espace. Une citation recueillie au hasard en témoigne de façon éloquente : «La distance et les frontières n'existent plus, l'information circule donc librement et les communications sont instantanées» (LACROIX, 2000). Dans le même sens de l'instantanéité, le directeur de Marketing de Orange France, Selon Pascal THOMAS disait en 2004 que le téléphone mobile est nouveau média « d'autant plus puissant (...) qu'on l'a toujours avec soi, on ne s'en sépare jamais. C'est avec lequel on va jusque dans des endroits coupés du monde en termes de médias. C'est donc (...) un média chaud qui maîtrise l'immédiateté car il est le seul capable d'alerter l'utilisateur en temps réel. » (Propos tiré du Figaro du 7octobre 2004) cité par ALLEMAND et JOULLION en 2005. Les infrastructures des télécommunications supportent aujourd'hui de nombreuses applications qui offrent des possibilités de désenclavement de certaines zones et permettent d'envisager une décentralisation plus importante et plus efficace de l'administration.

Tout d'abord, la diffusion de la notion de téléphone mobile change les formes d'espaces géographiques. Du point de vue du comportement, cependant, il est révélé que les activités sociales fondées sur l'espace géographique n'ont pas disparu comme le montre l'examen de l'interaction spatiale. Les initiatives en milieu urbain ont abordé ces deux aspects par la promotion stratégique du développement physique des infrastructures de télécommunications avancées y compris le réseau à large bande et réseau de communications mobiles, et en même temps, en gardant les formes traditionnelles d'architectures urbaines et des espaces publics qui permettent des interactions humaines. L'augmentation de la mobilité implique que les gens ne sont pas statiques en un endroit, ils sont consultés par d'autres personnes.

Avec les téléphones mobiles, les messages peuvent être directement envoyés et reçus par les utilisateurs de façon synchrone et omniprésente partout et à tout moment (UIT, 2002), augmentant ainsi la connectivité de personnes.

En outre, le téléphone mobile est rapidement devenu, au travail, à la maison, dans les déplacements, pour une grande efficacité et le confort, un élément à part entière de la vie quotidienne, qui apparaît même indispensable pour beaucoup

Afin d'offrir une qualité de service à la hauteur de la demande de ses usagers les opérateurs ont déployé des réseaux de téléphonie mobile qui couvrent les différentes zones. Ces réseaux doivent permettre d'émettre ou de recevoir un appel presque partout avec une bonne qualité. L'installation large et rapide des antennes-relais doit susciter la question de recomposition de l'espace chez les acteurs de l'aménagement du territoire et une place de choix dans les schémas d'aménagement.

Bien que la ville constitue le centre de la culture, du commerce, des activités qui dépendent à la fois de la communication de face-à-face, et de l'électronique - remarquablement peu de recherches sont faites sur les moyens par lesquels les technologies de communication affectent la ville (BONNETT, 1996). Cependant, selon GRAHAM et MARVIN:

«Telecommunications remain far from being a central focus in urban studies or urban policymaking. The subject of telecommunications and cities is a curiously neglected and extremely immature field of policy and research.» (GRAHAM et MARVIN, 1996: 6)

Et pourtant, BELL, qui disait que :

«Communications infrastructure is the central infrastructure tying together a society.» (BELL, 1979:22)

Ces pensées montrent à quel point les études sur les télécommunications et l'espace urbain doivent être développées, pour bien appréhender les rapports entre les deux. Nous sommes dans un environnement qui change à cause de l'usage de la téléphonie mobile, ce qui est une des raisons principales à réorienter les recherches géographiques dans les villes et expliquer la recomposition spatiale qui en résultent. Les caractéristiques spatiales liées à l'usage du téléphone mobile sont importantes pour comprendre non seulement les interactions individuelles, mais aussi urbaines qui influent sur les acteurs individuels. Il est sans doute important de signaler la création des centres d'affaires par le téléphone mobile un peu partout dans le District de Bamako.

* 22 Ensemble quelconque formé d'éléments hétérogènes, disparates

* 23 Téléphone mobile, le qualificatif mobile est attribué au téléphone parce que l'homme peut partir partout où il y a un réseau mobile. Ce fait accentue en partie la mobilité des citadins et les arrange parfois. Lorsque quelqu'un doit se rendre dans plusieurs endroits de la ville parfois opposés, il peut utiliser le téléphone mobile pour résoudre ses affaires le plus souvent.

* 24 RALLET, Alain est économiste à l'Université Paris-Sud, et spécialiste du commerce électronique.

* 25 Park écrit : « Les transports et les communications, les tramways et le téléphone, les journaux et la publicité, les édifices en acier et les ascenseurs - toutes choses, en fait, qui tendent à accentuer en même temps la concentration et la mobilité des populations urbaines - sont les facteurs principaux de l'organisation écologique de la ville. » (1925, p. 2).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand