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Forces et faiblesses de la RDC en relations internationales africaines

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par Joseph APOLO MSAMBYA
Université officielle de Bukavu - Licence 2008
  

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II.3. De la puissance potentielle à la puissance réelle

A l'heure actuelle, la RDC dispose de beaucoup d'atouts qui lui permettraient d'occuper très vite une place de choix dans le concert des nations tant au niveau continental que mondial.

· La dignité et la maturité d'un peuple qui a réussi le pari de tenir dans le calme, l'ordre et la discipline les élections que d'aucuns qualifiaient d'élections de tous les dangers, et de se choisir ses dirigeants54 ;

· Le fonctionnement effectif des institutions issues des élections démocratiques (présidence de la République, sénat, assemblée

54 CENCO, « &EFngeons nos F urs. » in Appel à un engagement réel pour la reconstruction, Kinshasa, 09 février 2008, P.6

nationale et assemblées provinciales, gouvernement central et gouvernements provinciaux), constitue un cadre général juridique et administratif de référence pour une gestion responsable du pays ;

· La présence des ressources humaines de grande qualité qui n'attendent que d'être mises à contribution ;

· Les ressources naturelles d'une valeur insoupçonnée qui justifie le qualificatif de « scandale géologique » (ressources minières, forestières, hydriques, énergétiques...) ;

· L'intérêt de plus en plus manifeste dont jouit le pays à l'heure actuelle sur le plan international. Pour s'en convaincre, il suffirait de voir le nombre de missions de haut niveau venues non seulement présenter leurs civilités aux institutions qui ont été élues, mais aussi exprimer leur volonté de coopérer avec la RD Congo. L'on assiste depuis l'avènement de la 3èmeRépublique à des visites ininterrompues des investisseurs à la recherche de partenaires en RD Congo.

Ainsi nous pouvons nous demander, comment un pays qui a à sa portée autant d'atouts puisse rencontrer sur son chemin les obstacles qui l'empêcheraient d'assumer pleinement ses responsabilités à l'égard de ses habitants, des pays voisins, des ensembles sous régionaux dont il est membre, du continent, voire du monde ?

Quelques priorités incontournables sont proposées à cette question comme pistes de solution : la recherche hégémonique vise la création et la cristallisation d'un rapport de forces relativement stable entre les différents groupes dominants 55(...). Cette définition a pour seul mérite de désigner le triple enjeu auquel se réfère le processus de recherche hégémonique. Il s'agit tout d'abord de circonscrire, idéologiquement aussi bien que territorialement, l'espace neuf de la domination. La reconstruction de l'espace social apparaît donc indissociable d'un

55 J.- F. BAYART, L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Editions Fayard, 1989, Pp.146-147.

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deuxième enjeu : celui que représente l'opportunité, non pas simplement de l'enrichissement mais d'une vraie accumulation primitive consistant en la monopolisation des moyens de production. Le rapport intime de l'État à cette évolution indique le troisième terme de recherche hégémonique, le plus manifeste : la détention du pouvoir politique, c'est-à-dire de l'usage de la force légitime qui commande la « mise au travail » des groupes subordonnés et la maîtrise de l'économie.

Nos enquêtes sur le terrain ont débouché à des résultats tels que nos enquêtés ont proposé ce qui suit : refonder la politique de la nation ; le changement de mentalité ; la prise d'un bon sens moral national (en estimant qu'il vaut mieux être orphelin des père et mère, mais pas d'un pays) ; le développement au niveau interne favorisé par l'amélioration de la qualité des institutions (du ménage au niveau le plus haut) pour permettre un développement économique, lequel développement doit se fonder sur l'amélioration de l'agriculture pour permettre à la population de se suffire en aliments et en exportant le surplus ; la création d'une armée forte et bien formée pour la défense du territoire national ; la recherche de l'intérêt général ; création d'entreprises étatiques et paraétatiques avec un contrôle adéquat, création des infrastructures (écoles, routes, hôpitaux...) pouvant permettre le désenclavement des villages les plus lointains et la formation sur la bonne gouvernance ; veiller à l'égalité des chances et à la dignité pour tous les congolais ; poursuivre des tractations pour que le pays recouvre rapidement sa souveraineté vis-à-vis des voisins régionaux et de la communauté internationale dans le délai le meilleur possible ; que les parlementaires s'acquittent convenablement de leurs missions premières, à veiller au fonctionnement normal de l'État ; que les jeunes ne cèdent pas au désespoir qui les expose à toute sorte de manipulations, qu'ils saisissent toute occasion pour s'investir de toutes leurs forces et intelligence dans les travaux collectifs de développement en devenant créateurs d'emplois au lieu de demeurer éternellement demandeurs d'emploi...

Nous avons pu distinguer ces propositions et le situer sur chaque plan traité.

Au plan géostratégique, la RDC doit chercher à être un espace relais dans la défense des intérêts convergents avec ceux de l'occident en Afrique. Elle doit chercher à être un État leader sur la scène africaine en cherchant à devenir le centre de rayonnement pour toute l'Afrique.

Au plan politique, la nécessité d'un leadership plus visionnaire et dynamique, à tous les niveaux et dans tous les secteurs, capable d'anticiper sur les événements, de garantir l'unité du peuple congolais, d'assurer son développement harmonieux est l'une des priorités pour incarner le rêve d'un Congo fort au coeur de l'Afrique.

L'exigence de la probité morale est indispensable, en particulier pour la classe dirigeante, et la lutte contre la corruption et l'impunité sous toutes ses formes ainsi que la constitution d'une société civile responsable et bien organisée, capable d'influer sur les acteurs étatiques en vue de l'émergence d'un changement qualitatif au niveau des structures et des institutions de l'État sont autant des visées qui ne peuvent jamais être écartées pour un pays qui se voudrait puissant. Et d'ailleurs, cette dernière pourra contribuer à la consolidation de la démocratie, à l'amélioration de la gouvernance dans tous ses aspects politique, économique, social, culturel et à la défense des droits des citoyens. La RDC doit s'efforcer de jouer un rôle de médiation dans la résolution des conflits africains. Une telle ambition n'est envisageable que si elle est politiquement stable grace à des institutions issues des urnes, économiquement prospères et militairement puissantes, et donc cette recherche de contrôle calqué sur les autres États africains se fera par la quête d'une bonne gouvernance démocratique et la nécessité d'une armée nationale forte. Sur cette dimension politique, la fortune est l'attribut du vrai chef, parfois parce que l'on espère qu'elle le dissuadera d'abuser de sa charge.

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Au plan économique et financier, la reconstruction d'un État viable au Congo passe par la mise sur pied d'une économie tout aussi viable56. Il n'est pas superflu de rappeler que le destin de la RDC consiste, sur le plan interne, à exploiter ses ressources naturelles et toutes ses potentialités dans le but d'oeuvrer pour le mieux-être des populations. Au plan sous-régional, régional et continental, il est de son devoir de jouer seule et de concert avec les autres États, le rôle qui lui revient.

L'insistance actuelle pour l'adoption d'une stratégie globale de lutte contre la corruption, de transparence dans la passation des marchés publics, de publication d'un code de bonne conduite des agents et fonctionnaires de l'État sont là des nouvelles conditionnalités destinées à barrer la route au néo-patrimonialisme et au clientélisme qui ont longtemps gangrené l'État congolais.

L'exigence de la mise en oeuvre rapide d'un programme économique et social prenant en compte les besoins de la population : adduction et distribution de l'eau potable, alimentation en énergie électrique, assurance en soins de santé, encadrement de la jeunesse, politique claire d'orientation scolaire, création des emplois, paiement des salaires dignes, construction des infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires...constituent également un point de repère qui puisse relever le secteur économique longtemps resté taraudé. Les innombrables péripéties connues par le pays depuis le début des années 90 sont tout simplement l'expression d'un phénomène majeur dans son histoire. Ce qui se passe en réalité actuellement, depuis la mise en place des institutions de la « transition » en 2003, c'est que le pays est en train péniblement et de manière descente de vivre sa refondation.

Germain NGOIE TSHIBAMBE57 a envisagé quelques priorités économiques que la RDC doit se fixer dans sa politique africaine en proposant trois zones concentriques A, B et C (voir annexe n°II). La zone concentrique A est dite de haute sensibilité stratégique. Elle est celle qui regroupe les

56 S. MARYSSE et F. REYNTJENS, L'Afrique des grands lacs, Par1Y GiIIIWIII + mIP mttmprri, nS.i1I316.

57 G. NGOIE TSHIBAMBE, Op. Cit., P.2.

États frontaliers de la RDC. Dans cette zone, les priorités consistent pour la RDC à s'engager dans une coopération fructueuse et responsable avec les différents pays de cette aire en revitalisant des accords de coopération bilatérale pour relancer des échanges frontaliers. A cet effet, il serait mieux pour la RDC de constituer des commissions mixtes avec chacun des pays limitrophes pour le règlement, la facilitation et l'encadrement des échanges sur le plan économique. Et dans les zones concentriques B et C, il s'agit de la promotion de la coopération bi-et multilatérale entre la RDC et ses partenaires extérieurs. La zone B est la zone de rayonnement constituée du Soudan, Éthiopie, Somalie, Malawi, Mozambique, Zimbabwe, Namibie, Botswana, Gabon, Cameroun et le Nigeria alors que la zone C est composée de l'Afrique lointaine constituée du reste des pays. Toutefois cependant, la RDC doit éviter, dans ses relations bilatérales ou multilatérales, d'être conduite dans une dépendance réelle, à une aliénation vis-à-vis de l'État donateur. Tel fut (ou est encore) le cas entre les ex-colonies et leurs anciennes métropoles.

Sur le plan militaire et technologique, il est urgent que soit créée une armée républicaine avec comme mission principale de garantir la stabilité du pays car l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables58. La tenue des états généraux de l'armée et la possession des bases militaires s'avèrent aussi indispensables car la stabilité du pays en dépend. La possession des bases militaires implique la libre disposition de terrains, d'installations militaires, de facilités en matière de stationnement et de circulation des forces armées, le droit de survol aérien et d'escale dans les aéroports, c'est-à-dire autant de limitations à la souveraineté de l'État59. La RDC doit se présenter comme un État pouvant secourir militairement des régimes alliés qui rencontrent des difficultés de déstabilisation et éviter que le territoire d'un pays

58 CENCO, Op. Cit., P.37.

59 J. BARREA, Théories des relations internationales. De l' « idéalisme à la grande stratégie », Bruxelles, Erasme, 2002, P.90.

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limitrophe ne s'offre comme un sanctuaire aux opposants pour le déstabiliser.

Pour échapper au dilemme de sécurité, la puissance doit être moins concurrentielle. En termes clairs, GRIECO estime que les États peuvent maximiser leur puissance et leur sécurité, en coopération et non en compétition avec les autres États60. L'usage de la force n'est pas considéré comme une façon légitime pour un État de réaliser des gains sur la scène internationale. Le concept de puissance, dans son sens militaire, deviendra caduc, conclut John Mueller. En outre, dans un contexte où prédominent les conflits intra étatiques, la guerre sera causée davantage par la faiblesse que par la puissance des États, dit DELMAS61.

Dans un aspect culturel, il s'agit donc désormais de bien prendre conscience que l'époque coloniale et celle de la dictature appartiennent désormais et définitivement au passé, de convertir les mentalités en profondeur, de combattre la nostalgie du passé et de former la mentalité des gens à des ambitions nouvelles. Car, il ne s'agit ni de rafistoler ce qui s'est lentement dévitalisé ou a parfois été détruit dans des poussées de violence, ni même de reconstruire à nouveau et de manière identique ce qui existait à la fin des années 50.

D'entrée de jeu, il s'agit d'écarter une objection erronée : l'incapacité des congolais ! Il n'y a pas de problème de déficit de capacité même s'il y a bien sür çà et là des preuves manifestes d'incompétence, mais la compétence est quelque chose qu'il est possible d'acquérir.

L'éducation aux valeurs civiques et républicaines, pour un changement réel de mentalité, devrait être une préoccupation majeure au sein de la nation congolaise. L'État doit y apporter un appui déterminant en matière financière, logistique et thématique. Cette éducation porterait sur les connaissances élémentaires des institutions républicaines, sur l'initiation aux droits et devoirs des citoyens, aux valeurs qui les sous-tendent parmi lesquelles la cohabitation pacifique, la tolérance, la convivialité, la

60 Ch.-Philippe DAVID, Op. Cit., P.4.

61 Ibidem.

complémentarité, la capacité de prévenir ou de gérer les conflits, la justice, la réconciliation, l'esprit d'initiative et le sens du bien commun. Les medias doivent particulièrement être interpellés pour véhiculer ces valeurs car ils modifient ou éclairent sur la manière d'organiser la société et sur ses enjeux politiques.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein