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L'organisation des Nations Unies et l'Union Africaine dans la gestion des crises politiques en Afrique: cas des crises Libyenne et Ivoirienne

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par Mahougnou Emmanuel Odilon KOUKOUBOU
Université d'Abomey- Calavi Bénin - Diplôme de technicien supérieur (DTS ) 2008
  

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B- Etat des lieux de l'étude

Plusieurs organisations internationales interviennent dans le règlement des conflits en Afrique. En dehors des organisations sousrégionales2 qui n'ont de compétence que sur leurs Etats membres - donc

sur une partie du territoire africain -, il existe l'Union Africaine (UA) -organisation régionale --- et l'Organisation des Nations Unies (ONU) -organisation à caractère universelle - qui ont compétence pour intervenir

dans la gestion de toutes les crises sur le continent africain.

Chacune de ces organisations internationales a un mécanisme de règlement des conflits. Mais ce double emploi nécessite une collaboration entre les deux institutions pour éviter une situation de concurrence qui conduirait à des actions non coordonnées sur les terrains de conflits.

Ce problème est réglé par le chapitre VIII de la charte des Nations Unies, intitulé : ACCORDS REGIONAUX et réunissant les articles 52, 53 et 54. Dans ce chapitre, les Nations Unies ne s'opposent pas « aux accords et organismes régionaux destinés à régler les affaires qui, touchant au maintien de la paix et de la sécurité internationales, se prêtent à une action de caractère régional, pourvu que ces accords ou ces organismes et leurs activités soient compatibles avec les buts et les principes des Nations Unies » (Art.52 al.1). L'ONU « encourage le développement du règlement pacifique des différends par le moyen de ces accords ou de ces organismes régionaux, soit sur l'initiative des Etats intéressés, soit sur renvoi du Conseil de sécurité » (art.52 al.3). La charte précise même au premier point

2 CEDEAO, CEMAC, SADC par exemple

de l'article 53 que le Conseil de sécurité peut faire appliquer par ces organismes, des mesures coercitives prises sous son autorité. Toutefois, « aucune action coercitive ne sera entreprise en vertu d'accords régionaux ou par des organismes régionaux sans l'autorisation du Conseil de sécurité ». Cette disposition consacre la suprématie du Conseil de sécurité dans toute action de règlement de conflit.

Il est important de souligner que l'Union Africaine a reconnu cette suprématie du Conseil de sécurité en soulignant sans ambiguïté dans le Protocole créant le Conseil de Paix et de Sécurité que ce dernier « coopère et travaille en étroite collaboration avec le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité ».

L'analyse de ces dispositions nous permet de dégager deux règles :

- L'Union Africaine ne peut pas engager une action coercitive sur un terrain de conflit sans l'autorisation du Conseil de sécurité ;

- Le Conseil de sécurité devrait laisser l'UA égrener ses moyens de règlement pacifique des conflits avant d'intervenir, sur recours de cette dernière.

Toutefois, nonobstant l'existence de ces dispositions, nous avons constaté une divergence d'actions des deux organisations dans la crise libyenne.

Pour ce qui concerne la gestion de la crise qui a découlé des soulèvements populaires en Libye, la proposition de l'Union africaine se déclinait en cinq points importants : la cessation immédiate des hostilités, la mise en place d'un gouvernement d'union nationale destiné à préparer une constitution et les instruments nécessaires en vue de rendre la parole

aux Libyens pour la stabilisation de la situation, la promotion de la démocratie, l'Etat de droit et la justice.

A travers cette proposition, l'organisation régionale a privilégié le dialogue et la négociation dans le règlement de ce conflit. Pour preuve, l'organisation régionale a mis sur pied, un panel de Chefs d'Etats pour mener les négociations. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a ainsi été désigné pour diriger le groupe composé des présidents Jacob Zuma de l'Afrique du Sud, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazaville, Yoweri Museveni de l'Ouganda et Amadou Toumani Touré du Mali.

Le Conseil National de Transition a toujours refusé d'adhérer aux initiatives de l'UA tout en faisant du départ de Mouammar Kadhafi du pouvoir, un préalable à toute négociation. Pendant ce temps, des pays africains comme la Gambie et le Sénégal se désolidarisent tôt de la position de l'Union Africaine et reconnaissent le Conseil National de Transition. Ils seront suivis plus tard par d'autres pays dont le Nigeria.

Parallèlement à l'initiative africaine, le Conseil de Sécurité, sous la houlette de la France et de ses alliés de l'occident - qui ont intérêt à la chute du clan Khadafi - adopte le 17 mars 2011, la Résolution 1973, créant une zone d'exclusion aérienne et autorisant les pays membres à prendre "toutes mesures nécessaires" afin d'appliquer les sanctions et de protéger les civils libyens. L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) peut ainsi intervenir légalement et lance les premières attaques aériennes contre les forces libyennes. L'ONU fait ainsi l'option militaire contrairement à l'Union Africaine. Les deux institutions garderont ainsi leurs positions jusqu'à la fin du conflit où l'Union Africaine, face à la réalité, a été contrainte de reconnaître le Conseil National de Transition.

Quant à la crise postélectorale en Côte d'Ivoire, l'ONU a très vite reconnu la victoire d'Alassane Dramane OUATTARA. Pendant ce temps, l'Union Africaine s'est montrée silencieuse au départ avant de confier une médiation à l'ancien Président Sud Africain Thabo MBEKI. Mais soupçonné d'être trop proche de Laurent GBAGBO, Président sortant, il se verra retirer la mission qui sera confiée au Premier Ministre Kényan Raila Odinga, à qui il sera joint plus tard un panel de Chefs d'Etat dirigé par le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. Les émissaires de l'Union Africaine avaient pour mission de demander à Laurent GBAGBO de quitter le pouvoir. Suite au refus de ce dernier, l'UA demandera le concours de l'ONU pour le faire partir.

Au vu de ce qui précède, nous retenons que la collaboration entre l'UA et l'ONU présente des forces et atouts importants ; mais également des faiblesses et problèmes.

Au rang des atouts, nous pouvons noter :

- l'existence d'un cadre légal clair qui régit les relations devant exister entre les deux organisations ;

- l'acceptation par l'UA, de la suprématie du Conseil de sécurité dans les questions de maintien de la paix et de la sécurité ;

- le souci des deux organisations d'instaurer et de préserver la paix et la sécurité internationale ;

Sur le plan des problèmes, on peut citer :

- les initiatives parallèles de l'ONU et de l'UA en Libye ;

- la tendance des grandes puissances occidentales à gérer les crises selon leurs intérêts ;

- Le non respect scrupuleux des règles régissant la collaboration entre les deux organisations ;

- l'inaction du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA ;

- la marge de manoeuvre limitée du Président de la Commission de l'UA dans les questions de règlement des conflits ;

- la marginalisation de l'UA dans la gestion des crises en Afrique ;

- Diversité de positions au sein de l'UA.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams