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Types d'attachement parental et addictions aux drogues

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par Dzodzo Eli Ekploam KPELLY
Université de Lomé - Maà®trise 2010
  

Disponible en mode multipage

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Résumé

Les risques sociaux induits par les consommations de drogues, peuvent être ponctuels ou durables selon la quantité consommée et le niveau de dépendance. Cependant, la toxicomanie se propage comme une épidémie dans le monde entier. Et les raisons de l'augmentation des conduites addictives observées chez les jeunes adultes ne sont pas toujours très bien définies.

Pendant la période du 1er Juin au 03 Septembre 2010, nous avons mené une étude portant sur les types d'attachement parental et les addictions aux drogues observées chez les jeunes adultes au Centre Hospitalier National Spécialisé (anciennement Hôpital Psychiatrique de Zébé).

L'objectif de la présente étude est d'estimer l'indice de relation entre les types d'attachement et les conduites addictives et d'estimer l'indice de relation entre une catégorie d'attachement insécure et un profil d'addictions donné.

A partir d'une étude comparative réalisée sur 28 patients toxicomanes et 28 patients non toxicomanes et au moyen d'une grille d'observation et d'un questionnaire oral élaborés, nous sommes arrivé aux résultats suivants :

- les conduites addictives sont fortement corrélées avec les types d'attachement parental,

- les toxicomanes d'un attachement insécure détaché sont dirigés vers l'alcool, le tabac et le cannabis ; ceux de l'attachement insécure préoccupé touchent à la plupart des substances psychoactives et ceux de l'attachement insécure désorganisé sont conduits plus vers l'alcool et le tabac.

Ces résultats nous permettent de dire que toutes nos hypothèses sont confirmées.

Ainsi, il revient aux décideurs de réduire le phénomène de la toxicomanie en luttant contre le trafic et le commerce des drogues illicites sans toutefois oublier de créer des structures spécialisées de prise en charge des toxicomanes et de développer des politiques de soins et d'aides adaptés dans la prise en charge des toxicomanes.

Mots-clés : Attachement parental - Addictions aux drogues - Jeunes adultes.

INTRODUCTION

INTRODUCTION

Les conduites toxicomaniaques à l'instar des consommations de drogues illicites, d'alcool et du tabac sont aussi anciennes que l'humanité. Mais en quelques années, la toxicomanie est devenue l'un des principaux problèmes de santé publique et un enjeu majeur de société suite à une mondialisation favorisée par des facteurs socioéconomiques complexes.

En 2003, l'Organisation Mondiale de la Santé a estimé à 140 millions le nombre de personnes souffrant de dépendance à l'alcool à l'échelle mondiale pendant que la consommation du tabac était la première cause de décès évitable avec 4,9 millions de morts par an. Aucun autre produit n'est plus dangereux, ni ne tue autant que le tabac. Au total, le nombre de morts devrait dépasser les 10 millions par an d'ici 2020, soit 10 fois le nombre actuel de morts dû à l'alcoolisme (un peu moins d'un million de morts par an).

Au Togo, l'évolution du phénomène de la consommation des drogues semble concomitante avec leur progression sur le plan mondial et être en rapport avec la situation de crise sur les plans économique et social que traverse le pays.

Les intoxications et les conséquences directes ou indirectes, les états de sevrage, les complications à court terme, en particulier infectieuses, les prises en charge psychiatrique et psychosociale sont les problèmes médicaux aigus de la toxicomanie auxquels sont confrontés les services d'urgence et de prise en charge médico-psychosociale. Face à ces urgences, les services de recherche travaillent sur la

résolution de ces complications plus que sur les facteurs associés à ces conduites toxicomaniaques. Ce travail portera sur les conduites de consommations des jeunes adultes associées aux types d'attachement aux figures parentales.

Pour y parvenir, nous adopterons un plan en trois parties : d'abord, la première partie sera consacrée à la problématique et au cadre de références ; ensuite nous élaborerons la méthodologie dans la deuxième partie et enfin dans la troisième partie nous présenterons nos résultats suivis d'analyses, interprétations, discussions et quelques suggestions.

PREMIERE PARTIE

PROBLEMATIQUE ET CADRE DE REFERENCES

Chapitre I : ANALYSE DE LA SITUATION ET QUESTIONS PRELIMINAIRES

1.1. Analyse de la situation

Les statistiques des cinq dernières années ont montré que la toxicomanie représente l'une des cinq premières causes d'hospitalisation au Centre Hospitalier National Spécialisé en Santé Mentale d'Aného à côté de la schizophrénie, des psychoses hallucinatoires chroniques, des bouffées délirantes aiguës et de la dépression psychotique. La toxicomanie seule représente 20% des hospitalisations et elle constitue également avec tout ce qu'elle engendre comme troubles mentaux, l'un des plus fréquents motifs de réadmission (environ 30% sur un taux global de réadmission de 74%).

Au fil des jours de notre stage technique au Centre Hospitalier National Spécialisé en Santé Mentale d'Aného (anciennement appelé Hôpital Psychiatrique de Zébé - Aného) pendant la période du 1er Juin au 03 Septembre 2010, il nous a été donné de faire plusieurs constats pertinents.

D'abord, la majorité des patients toxicomanes sont amenés en consultation par les parents proches tels que les oncles, les tantes ou les grands parents. Et, nous avons observé aussi des conduites désagréables, désobligeantes quelque fois déconcertantes chez les parents géniteurs surtout les mères de certains toxicomanes quand ils sont conduits en consultation par celles-ci.

Ensuite, après entretien avec certains patients toxicomanes, nous avons constaté qu'un grand nombre de toxicomanes que nous avons

rencontrés durant notre séjour, présentaient une histoire personnelle marquée par des conflits familiaux, des problèmes de fratrie, ou des carences parentales physiques telles les séparations ou les décès. En exemple nous avons le cas d'un patient de 42 ans dépendant à l'alcool, au tabac et au cannabis. Né d'un père polygame (6 femmes), il est issu d'une fratrie de 22 enfants. Ses parents sont décédés la même année pendant qu'il avait 12 ans. De plus, il a une relation conflictuelle avec un de ses frères.

Et puis, nous avons noté chez certains toxicomanes une soucieuse disqualification des figures parentales surtout de la mère soit par des carences parentales physiques et / ou psychiques soit par des attitudes désagréables parentales. C'est l'exemple d'un jeune toxicomane de 20 ans qui a une mère sourde-muette. Cette infirmité disqualifie la mere par l'absence psychique totale qu'elle constitue pour son enfant.

Enfin, d'autres toxicomanes vivent dans les familles recomposées, monoparentales ou absolument en l'absence des deux géniteurs depuis le bas âge chez des parents proches comme les oncles, les tantes ou les grands parents.

1.2. Questions préliminaires

Au regard de ces constatations, nous nous interrogeons sur l'existence d'une relation entre les types d'attachement aux figures parentales et les conduites addictives observées chez les jeunes adultes.

Plus précisément nous nous posons ces questions :

- Le type d'attachement sécure protège-t-il contre les conduites addictives ?

- Le type d'attachement insécure favorise-t-il les conduites addictives observées chez les jeunes adultes ?

- Un type spécifique d'attachement insécure entraine-t-il un profil d'addictions donné ?

Chapitre II : ETAT DE LA QUESTION ET CADRE THEORIQUE

2.1. Définition des concepts

2.1.1. Attachement

Selon Le Petit Larousse Multimédia 2010, le mot « attachement » est défini comme un sentiment d'affection ou de sympathie éprouvé pour quelqu'un ou pour quelque chose.

Pour Piéron, (1994), le terme attachement signifie le lien réciproque établi entre la mere (ou la nourrice) et l'enfant, et qui a des conséquences importantes sur les comportements futurs de l'un comme de l'autre.

Sillamy, (2003) définit l'attachement par un ensemble des liens qui se sont établis entre un bébé et sa mère à partir des sensations et des perceptions du nourrisson vis-à-vis de cette dernière et, réciproquement, de la mere à l'égard de son enfant. Des le troisième jour après sa naissance, le nourrisson est capable de reconnaitre l'odeur du sein et du cou de sa mere, et de les différencier de celles d'une autre femme ayant un bébé du même age. De même, il est capable de distinguer sa voix, le goût de sa peau, la qualité de son toucher.

L'attachement est défini par Bowlby (1969) en tant que fonction biologique qui vise la survie de l'espèce. Il peut être décrit comme un lien affectif permanent, émotivement significatif, exclusif et provoquant la recherche de proximité. Ce lien est réciproque, entre la mere et l'enfant, et sera source de sécurité extérieure, mais d'abord intérieure. Quatre variables permettent généralement de mesurer le

type et le degré d'attachement chez l'enfant et l'adulte. Ce sont d'abord le besoin de proximité physique, comme base de sécurité ; ensuite la capacité d'exploration et d'autonomie ; puis l'existence d'un port d'attache en cas de stress ; et enfin la présence d'une réaction de protestation en cas de rupture.

L'attachement est un système comportemental par lequel un individu immature diminue ou s'efforce de diminuer les distances qui le séparent d'un autre, afin de maintenir la proximité avec cette personne. La cible des comportements d'attachement est spécifique. Le plus souvent, c'est un adulte qui donne des soins, telle la mère, le père ou la nourrice. L'objet d'attachement est dit spécifique car l'enfant n'a pas le même comportement avec toutes les personnes de son entourage.

2.1.1.1. Expression des comportements d'attachement

Ils s'expriment dans des communications qui varient quant à leur nature, et avec l'âge. Ces communications visent le même but, attirer l'attention de l'objet (figure maternelle), maintenir en éveil, faire en sorte qu'elle se rapproche si l'enfant ne le peut pas. N'importe quel comportement qui aura pu permettre le rapprochement passera au service de l'attachement. Le nouveau-né, malgré son manque de motricité, possède des moyens de communication efficaces.

> Evolution des comportements d'attachement

Trois phases d'attachement selon Ainsworth (1973):

- 0-3mois : phase de pré-attachement initial ; pas d'attachement préférentiel. Le nouveau-né communique ses besoins aux personnes de l'extérieur en adoptant des comportements comme la succion, l'agrippement, les pleurs et d'autres réactions involontaires. En fait, il en va de la survie de l'enfant que les parents soient réceptifs à ses signaux et répondent à ses besoins d'ordre biologique. Cette interaction mutuelle qui se crée dès la naissance du bébé sert de fondement à l'attachement.

- 3-6mois : phase d'émergence de l'attachement ; comportements d'attachement dirigés vers plusieurs personnes. Le bébé commence à privilégier certains fournisseurs de soins, habituellement la mère. La mère comprend mieux les besoins et les réactions de son bébé, tandis que ce dernier acquiert une certaine maîtrise de ses besoins biologiques et des signaux qu'il envoie à ses fournisseurs de soins. Le lien d'attachement s'approfondit au fur et à mesure que le nourrisson voit ses besoins comblés par le fournisseur de soins.

- 6mois : phase de l'attachement proprement dit ; l'enfant a déterminé son objet d'attachement. Le bébé doit pouvoir compter sur la protection du fournisseur de soins pour oser s'en éloigner. Soulignons également que les nourrissons expriment des préférences très marquées et protestent férocement lorsqu'ils sont séparés de leur fournisseur de soins. Les séparations prolongées ont des effets néfastes durant la très tendre enfance.

> Les comportements de signal

L'enfant va émettre des signaux auxquels la mère va répondre par un rapprochement. Les deux sont actifs, en interaction et en interrelation. Les cris, les pleurs sont typiquement différents selon que l'enfant a faim, a mal, a peur, et la mère apprend très rapidement à les reconnaître, grâce à cette maladie normale qu'est la << préoccupation maternelle primaire » : << aucun enseignement livresque ne peut remplacer ce sentiment qu'une mère éprouve à l'égard des besoins de son nourrisson, sentiment qui par moment, lui permet de s'adapter presque exactement à ces besoins ». Sourires, gazouillis, regards fixés vers la mère, élévation des deux bras, mouvement de la tête, grimaces sont autant de comportements manifestant et composant l'attachement.

> Les comportements d'approche

Même avant de pouvoir se déplacer seul vers sa mere, l'enfant dispose de << réflexes » capables de maintenir ce contact avec la mère : les comportements archaïques que sont l'agrippement, le fouissement et la succion. Puis la poursuite, d'abord par le regard, car le contact visuel diminue la distance, ensuite par la locomotion, prennent le relais.

2.1.1.2. Les différentes conceptions

2.1.1.2.1. Klein (1921), Lorenz (1931), Harlow (1940), Winnicott (1944), Spitz (1957), Bowlby (1969),

La Théorie de l'attachement est formulée par Bowlby après les travaux de plusieurs auteurs.

Selon Klein (1921), c'est l'existence d'un dualisme pulsion de vie/pulsion de mort dès la naissance qui organise les premiers stades du psychisme de l'enfant.

0-10,12mois : Position schizo-paranoïde ; Dès la naissance, le Moi partiellement constitué du bébé est capable :

- d'éprouver de l'angoisse suscitée par le conflit pulsion de vie/pulsion de mort,

- d'employer des mécanismes de défense,

- d'établir des relations primitives d'objets aussi bien dans les fantasmes que dans la réalité.

10-18mois : Position dépressive ; Fusion des bon et mauvais objets partiels, objet total : la mère.

Angoisse dépressive et culpabilité (manifestation d'un Surmoi naissant) car l'enfant prend conscience de ses propres aspects bons et mauvais ce qui provoque une angoisse, celle d'endommager la personne dont il a le plus besoin (la mère). Intervention de la fonction paternelle pour réparer l'objet interne maternel fantasmatiquement endommagé par l'agressivité.

La théorie du comportement instinctif a été formulée à partir des travaux de Lorenz (1931) - en éthologie - par le phénomène

d'empreinte. Il y a empreinte à un individu, pas à une espèce. << Le phénomène de l'empreinte (qui n'est pas vérifiable chez l'enfant humain pour des raisons d'éthique), démontre qu'au moins chez certaines espèces des liens peuvent se développer et persister entre individus sans que soient nécessairement satisfaites les tendances physiologiques habituellement prises en considération et malgré d'éventuelles punitions ». Le terme d'empreinte, utilisé dans le sens générique, implique toujours :

> le développement d'une préférence clairement définie qui s'instaure précocement, au cours d'une phase limitée du cycle de vie ou période critique ;

> une préférence qui, une fois établie, reste comparativement fixe. Exemple : Aussitôt après sa naissance, le caneton suit la première << Gestalt >> en mouvement qu'il aperçoit, va l'adopter comme objet d'amour et comme représentant de son espèce.

Harlow, éthologiste américain dans les années 1930-1940 présentait à des jeunes macaques rhésus deux mères substitutives : l'une faite de fil de fer mais pourvue d'un biberon de lait, l'autre sans biberon mais recouverte de fourrure. Les bébés singes se précipitaient vers cette dernière, préférant le contact et la chaleur du pelage au lait. Harlow parle de l'indépendance du besoin alimentaire et du besoin de contact physique. Il a démontré que le besoin de contact, la recherche de proximité avec la mère prime la faim, et ce contact avec la mère est le facteur essentiel du développement ultérieur. Harlow énumère des

variables favorisant l'attachement : le réconfort du contact, la température de la mère, l'allaitement et le mouvement.

Winnicott (1944) a développé le holding : manière dont l'enfant est porté par la mère, mais également soutenu, maintenu et contenu et le handling : manière dont il est traité, manipulé physiquement mais aussi psychiquement, manière dont il est pensé dans la tête de sa mère. Il a aussi parlé du rôle de pare-excitation de la << mère suffisamment bonne >> : en faisant en sorte << d'inclure en elle les pulsions instinctuelles puissantes >>, la mère apprend à son bébé que les expériences instinctuelles ne sont pas nécessairement destructrices. << Dans le fantasme du bébé, le corps de la mère est déchiré afin de pouvoir arriver aux bonnes choses et à leur incorporation>>. L'amour brut, l'attaque agressive, le souci, la tristesse, le désir de réparer, de construire et de donner, forment une séquence naturelle qui constitue une expérience essentielle de la petite enfance et de l'enfance. Cette séquence ne peut, pourtant, devenir réalité que si la mère, ou la personne qui la remplace, est capable de vivre ces phases avec le bébé, rendant possible l'intégration des divers éléments. C'est la mère qui << sépare, pour le bébé, la réalité du fantasme enrichissant >>.

Selon Spitz (1957), les organisateurs de la vie psychique sont :

- sourire (à 3 mois), les parents saisissent ce que le bébé vit

subjectivement et ce dernier ressent l'affection que ceux-ci

voudraient lui attribuer.

- Angoisse de l'étranger (8 mois), exprime le processus actif de séparation avec la mere dont l'image est intériorisée.

- Non (18 mois), signifie l'accession à la totale distinction d'avec la mère, réelle rentrée dans le monde des interactions sociales avec interlocuteur capable de s'opposer à l'autre.

L'établissement de la relation objectale selon Spitz se déroule en trois stades :

· Stade préobjectal (méconnaissance du monde extérieur, renforcement de la barrière protectrice contre les stimuli externes, seule nécessité étant la satisfaction des besoins instinctuels internes)

· Stade précurseur de l'objet (prise de conscience de la réalité externe, priorité à la perception de cette réalité)

· Stade de l'objet libidinal (objet externe reconnu comme différent et investi)

La théorie de l'attachement de Bowlby (1969) s'est progressivement enrichie ; actuellement, elle dépasse la dyade mère-enfant pour englober les relations avec les autres membres de son entourage. A mesure que l'enfant grandit, la gamme de son comportement s'enrichit : sourire, appel, tentative de contact, locomotion, qui ont pour but la recherche de proximité avec la figure d'attachement. Les manifestations de l'attachement s'observent non seulement chez les jeunes enfants mais aussi chez les adolescents autant que chez les adultes.

2.1.1.2.2. Etat actuel des connaissances

2.1.1.2.2.1. Séparations brèves

Avant 6 mois, la séparation breve n'entraîne aucune réaction visible. Mais cela ne veut pas dire que le bébé ne vit pas une détresse émotionnelle. Après 4 ans non plus, on n'observe pas de réactions vives à la séparation. En revanche, il y a une réponse immédiate entre 6 mois et 4 ans. Cette réaction peut se décomposer en 3 phases, qui ressemblent aux observations de Spitz, en 1957 :

- protestation : au bout de quelques heures, agitations, cris, pleurs de colère, protestation. Chez les plus âgés, on peut observer un comportement hostile, à l'égard des personnes qui s'approchent.

- désespoir : apathie, plus de relations avec l'extérieur, ne pleure plus, immobilité, sans réactions, ne s'alimente plus. Cet état reproduit la dépression de l'adulte.

- détachement : si la durée de séparation est trop importante, l'enfant se conduit avec la mère comme avec une étrangère et peut s'attacher à un étranger. Si au moment où l'enfant semble être détaché de sa mère, elle revient, on note ensuite un surcroît des comportements d'attachement : il anticipe les initiatives de séparation de sa mère retrouvée.

2.1.1.2.2.2. Les hospitalisations répétées et durables

Elles peuvent engendrer des difficultés d'adaptation à long terme. Il existe des différences interindividuelles marquées : certains supportent mieux que d'autres (en moyenne, les garçons supportent mieux que les filles).

Les hospitalisations commençant durant l'année préscolaire (avant 5-6 ans) sont susceptibles de constituer un facteur de risque psychologique. Ces problèmes se retrouvent chez les enfants issus de familles prédisposantes (familles déviantes, discordantes, conflictuelles, attitudes éducatives insécurisantes). Il faut également tenir compte des problèmes de santé justifiant la maladie, qui sont aussi la cause de la perturbation émotionnelle. On ne peut distinguer la séparation des autres facteurs environnementaux.

Le tableau suivant présente les types d'attachement, leur prévalence approximative et les réactions des enfants à ces situations. On peut constater, en se référant aux pourcentages du tableau, que la majorité des parents réussissent à créer un lien d'attachement sécure avec leurs enfants. Lorsque l'on parle d'attachement sécure, il ne faut pas oublier que ni les parents, ni les enfants ne sont parfaits et que, par conséquent, le lien d'attachement sécure ne peut l'être non plus. Mais si le parent répond la plupart du temps de manière adéquate aux besoins de son enfant, le lien d'attachement sécure pourra se développer.

Tableau I : Types d'attachement selon la prévalence à l'âge de 1 an

Type
d'attachement

Prévalence à
l'âge de un an

Description

Attachement
sécure

60-70 %

L'enfant est explorateur lorsque sa maman est dans la pièce. Il proteste lors de la séparation avec elle et accueille avec plaisir son retour, recherchant son contact physique et son réconfort et peut reprendre son exploration. Ce type d'attachement est associé à la disponibilité de la mère et à sa sensibilité envers les besoins de son bébé.

Attachement
insécure
évitant

15-20 %

L'enfant ignore la mère lorsqu'elle est présente et évite la proximité avec elle lors de son retour. Ce type d'attachement est associé à des interactions intrusives et rejetantes de la part de la mère, surtout lorsque l'enfant présente une vulnérabilité émotionnelle.

Attachement
insécure
ambivalent

10-15 %

L'enfant explore peu lorsque la mère est dans la pièce; il demeure proche d'elle et fait preuve de détresse lors de la séparation. Au retour de la mère, on assiste à un mélange de contacts physiques et de rejet de la part de l'enfant. Ce type d'attachement est souvent associé à une incohérence des réponses de la mère qui alternent entre disponibilité et rejet.

Attachement
insécure
désorganisé

5-10 %

Confusion quant à approcher ou à éviter la mère lors du retour de celle-ci; l'enfant a un comportement dépourvu de stratégie cohérente; il est débordé par l'angoisse et n'arrive pas à obtenir de soulagement à sa détresse. Ce type d'attachement est souvent associé à de la maltraitance.

 

2.1.2. Développement de la personnalité

2.1.2.1. Enfance

Wallon (1934) a organisé ses observations en présentant le développement de la personnalité de l'enfant comme une succession de stades. Certains de ces stades sont marqués par la prédominance de l'affectivité sur l'intelligence, alors que d'autres apparaissent plutôt caractérisés par la primauté de l'intelligence sur l'affectivité. Sa conception des stades fait apparaitre l'idée que la régression y est possible, contrairement au modèle de Piaget.

En voici les principales étapes :

> Le stade impulsif (de 0 à 3 mois). Ce qui domine dans la vie infantile, ce sont les sensations internes (introceptives) et les facteurs affectifs entretenus avec l'entourage. Sur le plan moteur, cette période est caractérisée par la faible maîtrise motrice et donc un désordre gestuel. C'est la qualité des réponses de l'entourage du nourrisson qui vont lui permettre de passer du désordre gestuel à des émotions différenciées.

> Le stade émotionnel (de 3 mois à 1 an). Émergence d'un commencement de reconnaissance de soi au travers du regard des autres. Apparition de quatre émotions : la joie, le chagrin, la colère et la douleur.

> Le stade sensori-moteur et projectif (de 1 à 3 ans). Ce qui prédomine alors pour l'enfant, c'est l'influence du monde extérieur. L'intégration de cette influence externe va favoriser l'éveil de deux types d'intelligence : l'une pratique, par la

manipulation des objets et du corps propre, l'autre « discursive », par l'imitation et l'appropriation du langage.

> Le stade du personnalisme (3 à 6 ans) est caractérisé par une prédominance, à nouveau, des fonctions affectives sur l'intelligence. Vers 3 ans l'enfant tend à s'opposer à l'adulte dans une sorte de crise négativiste, mais cette attitude est bientôt suivie d'une période d'imitation motrice et sociale. L'enfant exprime ainsi l'ambivalence qui le lie au modèle prestigieux que représente pour lui l'adulte.

> Le stade catégoriel (6 à 11 ans). Ici, ce sont les facultés intellectuelles qui semblent prendre le pas sur l'affectif. Pendant sa scolarité, l'enfant acquiert des capacités de mémoire volontaire et d'attention. Son intelligence accède à la formation des catégories mentales qui conduisent aux capacités d'abstraction.

> Le stade de l'adolescence commence après 11 ans et se caractérise par une primauté des préoccupations affectives.

Le développement psychoaffectif selon Freud

=>

De 18 mois à

Jusqu'à 18 mois 3 ans

Dès 7-8 ans Adolescence

Stade oral

Stade anal

(+ oral)

Stade
=> phallique =>

(+oral,
+anal)

De 3 ans à 7
ans
Situation
oedipienne

Période de latence =>

(+oral, +anal,
+phallique)

Stade
génital

Figure I : Les cinq stades du développement psychoaffectif selon Freud.

o La << phase orale » constitue l'organisation psychique du premier lien. La nourriture qui passe par la bouche est en effet la première origine de sensualité. Le plaisir produit par les zones érogènes s'étaye sur ce lien vital puis s'en éloigne, par exemple lors des préliminaires sexuels des adultes. On différencie la << phase orale de succion » de la << phase orale de morsure » qui inaugure une manifestation d'agressivité reposant sur l'ambivalence inhérente à la relation d'objet. Pour les kleiniens, le complexe d'OEdipe se manifeste déjà à cette phase orale et son déclin intervient lors de l'avènement de la position dépressive.

o La << phase anale », allant de 1 à 3 ans environ, est liée au plaisir de contrôler ses voies d'excrétion.

o La << phase phallique » (ou << génitale infantile »), de 3 à 6 ans environ, est liée à la masturbation. Elle connaît l'émergence puis le conflit oedipien dans sa phase la plus aiguë.

o La << phase de latence » s'étale ensuite de 6 ans à la préadolescence, et correspond au déclin du complexe d'OEdipe

par le refoulement des pulsions sexuelles qui sont mises au service de la connaissance qui dure jusqu'à l'adolescence et qui est permise par le processus de sublimation. Là encore, il faut considérer que ce déclin, cette << latence », est toute relative et peut varier selon les individus, les circonstances et les moments du développement.

o La << phase génitale » survient pendant l'adolescence et correspond à la reconnaissance de la << double différence, des sexes et des générations » et coïncide avec la seconde période de maturation sexuelle. Dès lors l'équilibre est trouvé, au sein d'une organisation génitale adulte et grâce aux changements d'objets devenus possibles : le désir sera donc adressé à une autre femme que la mère, à un autre homme que le père.

2.1.2.2. Puberté et Adolescence

La puberté est une étape du développement humain marquant la transition de l'enfance à l'adolescence. Elle se signale notamment par une croissance rapide due aux hormones de croissance et le développement des caractères sexuels primaires et secondaires dû aux hormones sexuelles, avec de notables changements comportementaux notamment un besoin accru de sommeil lié à un décalage de libération de la mélatonine. Le mot provient du latin pubertas, issu d'une famille de mots qui comporte à la fois des mots relatifs au passage à l'âge adulte et à la pousse du poil.

Ainsi, elle démarre plus tôt dans les régions tropicales et méditerranéennes (9-11 ans), et plus tard dans les régions nordiques

(14-17 ans) tandis que les régions tempérées la connaissent de 11 à 14 ans. Le processus pubertaire varie encore selon le sexe.

Pour la fille comme pour le garçon, la puberté se caractérise par l'apparition de la pilosité sur les jambes, le pubis et sous les aisselles.

La fille voit ses seins se développer. Cela occasionne le besoin de rééquilibrer sa démarche, qui se stabilise en moyenne vers 18 ans. Ses hanches se développent, afin de pouvoir accueillir le foetus, avec l'apparition de la cellulite. La vulve glisse du devant du corps vers l'entre-jambe. La transpiration de la future femme est équitablement répartie sur tout son corps.

Le garçon voit des poils apparaître encore sur son visage (duvet vers 12 ans, barbe vers 18 ans) ainsi que sur tout son corps. La répartition de la pilosité varie selon le génome. Sa musculature se développe, tandis que ses bras s'allongent. La verge et les testicules prennent du volume, et le garçon connaît des pertes blanches parfois gênantes. La transpiration du futur homme est localisée sur le front, le bas du dos et les pieds.

On le voit déjà avec le développement physique : la puberté inquiète, taraude et questionne le garçon et la fille.

La nouvelle envergure du jeune est bien sûr nécessaire, et déclenche spontanément les difficultés socioaffectives. Ces difficultés sont socioculturelles d'une part, et naturelles de l'autre.

Au plan socioculturel, puisque l'adulte est généralement indisposé par la maturité sexuelle du jeune, et d'autant plus que des phénomènes tels que le jeunisme prennent de l'ampleur. Cela brouille

les pistes entre générations, et le jeune s'interroge sur la maturité sociale du monde dans lequel il vit. Les réponses qu'il trouve successivement, ou qu'il affine, lui permettent de définir sa propre démarche sociale de futur adulte.

Au plan naturel, les difficultés socioaffectives sont notamment liées à la montée du désir. Le jeune doit nécessairement parvenir à se resituer dans son environnement social : famille, professeurs, petitami(e)s, ami(e)s, camarades, fréquentations.

Chez la fille, l'hormone oestrogène provoque la menstruation ou les règles. Selon qu'elle aura été informée ou pas, la première coulée de sang effraiera plus ou moins la future femme. La menstruation signale la maturité sexuelle de la fille, puisque ses ovaires produisent désormais les ovules nécessaires à sa fécondité dans un cycle de vingthuit jours généralement.

Chez le garçon, l'hormone testostérone provoque la sécrétion de spermatozoïdes dans les testicules, ce qui occasionne les pertes nocturnes pour commencer.

2.1.2.3. Le Complexe d'OEdipe

« Le complexe d'OEdipe est sans doute le mot le plus célèbre du vocabulaire psychanalytique, celui qui sert le plus sûrement à désigner le freudisme ». Issu de l'expérience pratique, Freud théorise le complexe d'OEdipe dans sa première topique. Celui-ci est défini comme le désir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé (inceste) et celui d'éliminer le parent rival du même sexe (parricide). Ainsi, le fait qu'un garçon tombe amoureux de

sa mère et désire tuer son père répond à l'impératif du complexe d'OEdipe. C'est dans la lettre à Wilhelm Fliess du 15 octobre 1897 que Freud évoque le complexe. Pour Freud, la structure de la personnalité se crée en rapport avec le complexe d'OEdipe et la fonction paternelle. Le complexe d'OEdipe intervient au moment du stade dit « phallique ». Cette période se termine par l'association entre la recherche du plaisir et une personne extérieure, la mère. Le père devient le rival de l'enfant ; ce dernier craint d'être puni, en conséquence de son désir pour la mere, par la castration par le père. L'enfant refoule donc ses désirs et alimente son Surmoi, avec la naissance en lui de la culpabilité et de la pudeur, entre autres et au moyen du complexe de castration.

2.1.3. Addictions aux drogues ou conduites addictives

L'étymologie du terme << addiction » dérive du latin << addictus » qui désignait la contrainte par corps. C'est en fait un vieux mot français, revenu dans sa pleine acception par le monde Anglo-Saxon : << lier une personne à une chose ou à quelque chose ». La notion de lien central se trouve dans le mot dépendance. La clé de cette dernière sera à chercher dans la source de ce sentiment de dette dans le vécu du sujet.

Selon, Le Petit Larousse Multimédia 2010, ce terme désigne un comportement répétitif plus ou moins incoercible et nuisible à la santé (toxicomanie, alcoolisme, tabagisme, boulimie, anorexie<).

Pour Bergeret (1982) il s'agit de considérer à la suite de quelles carences affectives, le sujet dépendant est amené à payer, par son corps, les engagements non tenus et contractés par ailleurs.

Goodman (1990) propose une définition conforme aux critères du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, 4ème Edition :

· Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement.

· Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.

· Plaisir ou soulagement pendant sa durée.

· Sensation de perte de contrôle pendant le comportement.

· Présence d'au moins cinq des neuf critères suivants :

- préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation.

- intensité et durée des épisodes plus importantes que souhaitées à l'origine.

- tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.

- temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre, ou à s'en remettre.

- survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales.

- activités sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du comportement.

- perpétuation du comportement bien que le sujet sache qu'il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent d'ordre social, financier, psychologique ou physique.

- tolérance marquée : besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence pour obtenir l'effet désiré, ou diminution de l'effet procuré par un comportement de même intensité.

- agitation ou irritabilité en cas d'impossibilité de s'adonner au comportement.

? Certains éléments du syndrome ont duré plus d'un mois ou se sont répétés pendant une période plus longue.

L'état d'addiction désigne un ensemble de phénomènes adaptatifs développés autour de la consommation répétée d'une ou plusieurs substances psychoactives et caractérisés par leur extrême robustesse dans le temps (évolution chronique et récidivante) ainsi que par l'induction de conséquences néfastes pour l'individu.

En fonction du type de substance, de ses modalités d'utilisation, du contexte de consommation et de facteurs individuels, la persistance de l'état d'addiction peut reposer sur l'installation :

d'une dépendance physique définie par :

tolérance : nécessité d'augmenter la dose pour obtenir les mêmes effets ou baisse progressive des effets avec la répétition des prises

syndrome de manque : apparition de troubles psychiques (anxiété) et/ou neurologiques (confusion, trémulations, convulsions) et/ou neurovégétatives à l'arrêt des prises d'une substance

et / ou d'une dépendance psychique (notion de perte de contrôle, et/ou de consommation impulsive, et/ou compulsive).

Par un abus de langage, on désigne par les termes de « conduites addictives » l'ensemble des comportements de consommations portant sur un groupe de substances très diverses sur le plan pharmacologique mais qui possèdent toute la propriété commune d'être capables d'induire un état d'addiction. A noter qu'il existe des conduites addictives sans drogues (boulimie, anorexie, jeu pathologique, sport, sexe) et que de nombreuses substances psychoactives peuvent induire des effets néfastes sans pour autant être à l'origine d'états d'addiction de manière régulière (antipsychotiques, antidépresseurs).

Dans notre étude, les conduites addictives sont ainsi définies par le besoin impérieux et répétitif d'utiliser une ou plusieurs substances psychotropes. Il s'agit de l'alcool, du tabac, du cannabis, de la cocaïne, du crack et de l'héroïne.

2.1.3.1. Addiction aux différentes drogues

On appelle drogue toute substance qui peut modifier la conscience et le comportement de l'utilisateur. En ce sens, tout médicament peut être désigné par le mot drogue. Selon l'usage qui en est fait, les

drogues peuvent être employées à des fins médicales ou des fins non médicales. Seules les substances susceptibles de modifier la fonction psychique peuvent être retenues comme drogues. Ce sont les drogues psychotropes, c'est-à-dire l'ensemble des substances d'origine naturelle ou synthétique qui peuvent, par leur action sur le système nerveux central, modifier l'activité mentale, les sensations et les comportements.

2.1.3.1.1. Addiction à l'Alcool

L'addiction à l'alcool (éthanol) contenu dans les boissons alcoolisées est l'alcoolisme. L'Organisation Mondiale de la Santé reconnaît l'alcoolisme comme une maladie et le définit comme des troubles mentaux et troubles du comportement liés à l'utilisation d'alcool. La progression dans le temps est l'une des caractéristiques majeures de cette addiction. L'usage sans dommage (appelé usage simple) précède l'usage à risque et l'usage nocif (sans dépendance), puis enfin la dépendance. L'alcool est une substance psychoactive à l'origine de cette dépendance mais elle est également une substance toxique induisant des effets néfastes sur la santé.

L'alcoolisme est classé selon la Classification Internationale des Maladies Mentales en deux types : la forme aiguë, l'alcoolisme aigu et l'alcoolisme chronique correspondant à une consommation régulière et chronique, plus ou moins excessive.

La forme aiguë se manifeste par une consommation occasionnelle, plus ou moins intense et ne comporte pas en règle générale de phénomène de dépendance, contrairement à l'alcoolisme chronique.

La forme chronique se manifeste par une consommation répétée (quotidienne, de façon générale) et habituelle, au-delà des seuils de toxicité (2 à 3 verres standards par jour), et n'a pas forcément comme objectif l'ivresse majeure.

L'alcool est obtenu par fermentation de végétaux riches en sucre ou par distillation et entrent dans la composition des boissons alcoolisées : vin, cidre, bière, rhum et alcools distillés, vodka et whisky, le sodabi.

Effets et dangers de l'alcool

A court terme et lorsqu'il est consommé à des doses importantes, l'alcool provoque un état d'ivresse et peut entraîner des troubles digestifs, des nausées, des vomissements, des pertes de contrôle de soi qui peuvent conduire à des comportements de violence, à des passages à l'acte, agressions sexuelles, suicide, homicide. La consommation régulière, quand elle est excessive (ou au-delà des seuils de 2 à 3 verres par jour), augmente le risque de nombreuses pathologies : cancers (notamment de la bouche, de la gorge, de l'oesophage, entre autres), maladies du foie (cirrhose) et du pancréas, troubles cardiovasculaires, hypertension artérielle, maladies du

système nerveux et troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement).

2.1.3.1.2. Addiction au Tabac

L'addiction au tabac est souvent appelé « tabagisme » Ce terme est à l'origine un terme médical désignant l'intoxication aiguë ou chronique provoquée par l'abus du tabac. L'usage du tabac étant réputé nocif par les autorités de santé, « tabagisme » est devenu synonyme de « consommation de tabac ».

Le tabagisme est parfois spécifié actif par opposition au tabagisme passif, qui découle de l'inhalation de la fumée du tabac contenue dans l'air environnant. Le tabagisme résiduel résulte de l'inhalation de dépôts potentiellement toxiques restant dans un local où l'on a fumé.

Le tabac est une plante cultivée dans le monde entier. C'est un produit manufacturé élaboré à partir de feuilles séchées de plantes appartenant à la famille des Solanacées et caractérisées par la présence de nicotine, substance alcaloïde psychotrope pouvant être à l'origine d'une dépendance durable.

Les tabacs en feuilles sont classés selon leur variété ou leur mode de séchage. Les tabacs bruns sont séchés à l'air et au feu ; les tabacs blonds sont séchés à l'air chaud ; les tabacs clairs (« goût américain ») sont séchés à l'air ou au soleil. Le tabac est consommé de plusieurs manières :


· fumé (cigarette, pipe, cigare, cigarillos, bidî, en vrac à rouler, en joint - c'est-à-dire mélangé à du cannabis), mélangé avec de la mélasse parfumée narguilé, etc. ;

· prisé (par inhalation) ;

· chiqué (par macération dans la bouche) : par « mâchage » ou en plaçant une boulette entre lèvre et gencive. Le snus suédois est un tabac fermenté présenté en petits sachets.

Effets et dangers du tabac

Le tabac contient de la nicotine, qui possède un effet « éveillant », anxiolytique et coupe-faim. Les produits du tabac (cigarettes, tabac à rouler, etc.) sont composés d'additifs (humectant, gout, saveur<). La combustion de ces produits crée de nouveaux composants (monoxyde de carbone, goudrons...) nocifs pour la santé. L'ensemble de ces composants agit en particulier sur la fonction cardiovasculaire, la fonction respiratoire, la fonction digestive. La dépendance au tabac est confirmée chez la plupart des fumeurs. Le fumeur régulier privé brutalement de sa consommation ressent une sensation de manque. Il est tendu, nerveux, irritable, angoissé, voire déprimé. Il peut trembler et avoir des sueurs ; il lui est difficile de réprimer l'envie de reprendre une cigarette.

2.1.3.1.3. Addiction au Cannabis

Le cannabis est une plante. Le principe actif du cannabis responsable des effets psychoactifs est le THC (tétrahydrocannabinol),

inscrit sur la liste des stupéfiants. Le cannabis se présente sous trois formes :

· l'herbe (marijuana, ganja, beuh, etc.)

Ce sont les feuilles, tiges et sommités fleuries, simplement séchées. Elles se fument généralement mélangées à du tabac, roulées en cigarette souvent de forme conique (« joint », « pétard »...)

· la résine (haschisch, hasch, shit, chichon, etc.)

Obtenue à partir des sommités fleuries de la plante. Se présente sous la forme de plaques compressées, barrettes de couleur verte, brune ou jaune selon les régions de production. Se fume généralement mélangée à du tabac : « le joint ». Le haschich peut être coupé avec du henné, du cirage, de la paraffine, ou d'autres substances plus ou moins toxiques.

· l'huile

Préparation plus concentrée en principe actif, consommée généralement au moyen d'une pipe. Son usage est peu répandu.

Effets et dangers du cannabis

Les consommateurs recherchent un état de détente, de bien-être et une modification des perceptions (par exemple, sensation de mieux entendre la musique). Mais les effets recherchés ne sont pas toujours obtenus. Les effets de la consommation de cannabis sont variables : légère euphorie accompagnée d'un sentiment d'apaisement, légère somnolence< Mais elle peut entraîner aussi parfois un malaise, une

intoxication aigüe qui peut se traduire par des tremblements, des vomissements, une impression de confusion, d'étouffement, une angoisse très forte. Selon la personne, la quantité consommée et la composition du produit, le cannabis peut avoir des effets physiques comme un gonflement des vaisseaux sanguins (yeux rouges), une augmentation de l'appétit (fringales), une augmentation du rythme du pouls (palpitations), une diminution de la sécrétion salivaire (bouche sèche), parfois une sensation de nausée.

2.1.3.1.4. Addiction à la Cocaïne

La cocaïne se présente généralement sous la forme d'une fine poudre blanche, cristalline et sans odeur. Elle est extraite des feuilles de cocaïer. Lorsqu'elle est « sniffée >>, elle est appelée « ligne de coke >> ; elle est aussi parfois injectée par voie intraveineuse ou fumée, principalement sous forme de crack (ou free base).

Effets et dangers de la cocaïne

L'usage de cocaïne provoque une euphorie immédiate, un sentiment de toute-puissance intellectuelle et physique et une indifférence à la douleur et à la fatigue. Ces effets laissent place ensuite à un état dépressif et à une anxiété que certains apaisent par une prise d'héroïne ou de médicaments psychoactifs.

La cocaïne provoque une contraction de la plupart des vaisseaux sanguins, des troubles du rythme cardiaque qui peuvent être à l'origine d'accidents cardiaques, notamment chez des personnes

fragiles et/ou qui consomment de fortes quantités de tabac. La consommation de la cocaïne induit également des troubles psychiques à l'instar d'une grande instabilité d'humeur, des délires paranoïdes ou des attaques de panique.

La prise de cocaïne entraine une augmentation de l'activité psychique et, par conséquent, des insomnies, des pertes de mémoire et des phases d'excitation. Une autre caractéristique de la cocaïne est de lever les inhibitions, ce qui peut conduire à des actes de violence, des agressions sexuelles, des dépenses compulsives, etc. La sensation de « toute-puissance » entraînée par la cocaïne peut engendrer des passages à l'acte. En cas d'injection, le matériel partagé entre plusieurs usagers peut transmettre le virus du sida et des hépatites B et C.

2.1.3.1.5. Addiction au crack

Le crack est un mélange de cocaïne, de bicarbonate de soude et/ou d'ammoniaque, qui se présente sous la forme de petits cailloux. L'usager en inhale la fumée après les avoir chauffés. Cette opération provoque des craquements, origine de son nom.

Effets et dangers du crack

Ce mode de consommation provoque des effets plus intenses et plus brefs que ceux de la cocaïne et l'état dépressif qui lui succède est encore plus marqué. L'usage régulier de crack peut provoquer des hallucinations et entraîner des comportements violents, paranoïaques ou suicidaires. L'usage régulier de crack peut provoquer des dommages rapides sur le cerveau, de graves altérations des voies

respiratoires, des arrêts respiratoires et/ou cardiaques, des états d'épuisement physique et psychique, des lésions cutanées (aux mains et aux lèvres).

2.1.3.1.6. Addiction à l'héroïne

L'héroïne est un opiacé puissant, obtenu par synthèse à partir de la morphine, extraite du pavot. L'héroïne se présente sous la forme d'une poudre ou de granulés à écraser. Longtemps injectée par voie intraveineuse, l'héroïne peut être aussi prisée (sniffée) ou fumée.

Effets et dangers de l'héroïne

L'héroïne provoque très rapidement l'apaisement, l'euphorie et une sensation d'extase. Cet effet immédiat de plaisir intense est suivi d'une sensation de somnolence, accompagnée parfois de nausées, de vertiges et d'un ralentissement du rythme cardiaque. L'héroïne agit ponctuellement comme anxiolytique puissant et comme antidépresseur. L'héroïnomane oscille alors entre des états de soulagement euphoriques (lorsqu'il est sous l'effet de l'héroïne) et des états de manque qui provoquent anxiété et agitation... Des troubles apparaissent très vite, dont l'anorexie et l'insomnie. La surdose (ou overdose) à l'héroïne provoque une dépression respiratoire souvent mortelle. Surtout, la mise en commun du matériel d'injection et des autres objets de préparation expose à des infections locales (abcès) mais aussi à un risque très élevé d'être contaminé par le virus du sida (VIH) ou de l'hépatite C.

2.2. Etat de la question

L'objectif du présent travail est d'étudier la relation qui pourrait exister entre les types d'attachement et les conduites addictives. Pour ce faire, nous passons en revue les travaux ayant un lien avec les types d'attachement aux figures parentales et / ou les conduites addictives en vue de la spécification de notre problème.

Bowlby (1954) expérimentait l'existence de liens entre les séparations précoces prolongées et les futurs comportements délinquants et agressifs avant la mise au point de sa théorie de l'attachement. Bowlby (1960) décrivait les peurs phobiques de l'enfant comme des conséquences possibles de l'angoisse de séparation. En 1969, plusieurs recherches effectuées sur certains échantillons psychiatriques montrèrent que la personnalité psychopathique et la dépression, suivies de délinquance accentuée et d'une propension au suicide, étaient associées à de fréquentes ruptures de liens affectifs durant l'enfance. Toutes les formes d'anxiété seraient d'après Bowlby (op.cit.) en relation avec l'attente de disponibilité de la figure d'attachement. En 1980, une étude (Bowlby, Spitz & Goldfarb) a démontré l'existence de lien entre psychopathologies de l'adulte et dysfonctionnements plus ou moins précoces de l'attachement.

Ces différents travaux montrent l'existence d'un lien entre les difficultés de l'attachement et les troubles de comportements mais ne déterminent pas la présence des addictions dans ces troubles de comportements.

Hall et coll. (1990) ont réalisé une étude prospective auprès des alcooliques. Dans leurs explications, les alcooliques ont associé leur rechute à un état de stress. Cette étude, s'intéressant également aux situations ou événements qui peuvent déclencher la rechute des alcooliques, relève la prudence avec laquelle il faut considérer les explications des toxicomanes. Cela signifie qu'il peut avoir d'autres variables intrinsèques à la personnalité du toxicomane que lui-même peut ignorer.

Il s'agit là d'une étude qui a établi une relation entre l'état de stress et la rechute dans l'alcoolisme. Nous voulons dans la présente étude prendre en compte les types d'attachement aux figures parentales et étendre les addictions aux différentes drogues.

Goldberg (1990) met en évidence que les nourrissons (suivis jusqu'à l'âge de huit ans), qui présentaient un lien sécurisant étaient plus compétents intellectuellement et socialement que ceux dont l'attachement était anxieux.

L'expérience de Goldberg conduit à admettre l'existence d'une relation entre la qualité de l'attachement en bas age et les problèmes de comportement à la période scolaire. Notre étude considère les conduites addictives comme étant les problèmes de comportements liés à la qualité de l'attachement contrairement aux difficultés scolaires.

Harris, Brown et Bifulco (1990) ont mené une étude auprès de femmes qui avaient perdu leur mere dans l'enfance. Le taux de dépression dans ce groupe était significativement plus élevé que dans

le groupe témoin : 30% au lieu de 10 %. Sur le plan social, ces femmes avaient eu une carence de soins dans l'enfance ; cela conduisait fréquemment à des grossesses qui survenaient hors mariage et à un choix de partenaire peu étayant, ainsi qu'à des conditions de vie défavorisées. La composante psychologique retrouvait un sentiment de désespoir (hopelessness) important, qui avait débuté dans l'enfance au moment de la perte, associé à un sentiment de manque de maîtrise. Harris, Brown et Bifulco (op.cit.) ont recherché, en plus de ces difficultés, l'existence de styles d'attachement vulnérables (vulnerable attachment styles), c'est-à-dire des difficultés dans les relations interpersonnelles. Ils ont trouvé que c'était ce dernier point qui était relié le plus au risque dépressif.

Il ressort de cette étude que le style d'attachement vulnérable est à l'origine de la dépression mais cette étude n'a pas révélé la possibilité de tomber dans les addictions face à ce style d'attachement vulnérable.

Marlatt et Larimer (1990) dans leur étude initiale sur les alcooliques, ont demandé aux personnes qui avaient rechuté de décrire les situations qui avaient déclenché cette rechute, au moment du suivi. Ils ont constaté que les situations relevées par les alcooliques pouvaient être classées en catégories et que près des trois quart des rechutes étaient associés à trois d'entre elles : les états émotifs désagréables, la pression sociale et les conflits interpersonnels.

Cette étude a bien pu noter certains facteurs psychologiques et psychosociaux provoquant la reprise des conduites de

consommations. Mais, elle n'a pas lié ces facteurs expliquant la reprise des consommations aux types d'attachement parental.

Loeber (1991) affirme qu'il existe une période critique durant l'enfance où des évènements comme la séparation d'avec la mere, une succession de figures maternelles ou une pauvre qualité des soins, font le lit de comportements antisociaux.

Carlson et coll. (1998) ont pu montrer les liens directs entre attachement désorganisé dans l'enfance et risque de troubles dissociatifs à la fin de l'adolescence. C'est dire la gravité d'un tel attachement qui pourrait à lui seul servir de critère de recherche dans ce domaine. Les troubles de l'attachement installés précocement peuvent générer des troubles irréversibles qui vont persister chez l'adolescent puis chez l'adulte sous la forme de difficultés d'adaptation aux évènements et au milieu de vie. En cas d'attachement insatisfait, l'enfant reste collé à sa mere, n'ose pas s'en éloigner, n'ose pas explorer le monde, ce qui altère ses capacités d'apprentissage et peut même dans certains cas entraîner une déficience intellectuelle.

Les études de Loeber et Carlson mettent en évidence une corrélation entre les types d'attachement parental et les comportements délinquants, les problèmes comportementaux de type « internalisation » (dépression, anxiété, incapacité à gérer le stress) mais n'explorent pas les conduites addictives dans les modes de vie des sujets.

Sur la base de leur méta-analyse, Van Izendoorn, Schuengel, Bakermans-Kranenberg, (1999) soulignent que les jeunes dont

l'attachement est insécure désorganisé / désorienté auraient beaucoup de difficultés à gérer le stress et courent un risque élevé de troubles du comportement externalisés.

Le travail de Van Ijzendoorn et coll. met en relation le type d'attachement parental et la vulnérabilité aux troubles de comportements externalisés mais n'extrapole pas ces troubles de comportements pour constater les conduites addictives dans lesquels affalent ces sujets.

En 2001, une étude (Nardeau & Bertrand) menée à Montréal dans le cadre d'un projet sur l'inadaptation grave et persistante chez les toxicomanes, a montré que pratiquement, les rechutes sont fréquentes et font partie intégrante du processus de rémission. Les auteurs ont ainsi pu identifier, suite aux entrevues de deux heures avec chacune de ces femmes toxicomanes, que ces rechutes sont dues aux mêmes facteurs associés que l'on retrouve dans la progression de la consommation, mais aussi au contexte qu'évoquent les situations de traumatisme dans l'enfance.

Il s'agit là d'une recherche qui met en relation les situations de traumatisme vécues et la toxicomanie, certes, mais qui ne s'attelle pas pour définir les types d'attachement parental liés à ces traumatismes vécus dans l'enfance.

Djassoa (1990) a travaillé sur le phénomène de la marginalité juvénile à Lomé. Il aborde l'importante question des conséquences à long terme de perturbations de l'attachement chez les jeunes. Il

illustre, l'insécurité affective que connaissent les jeunes qui ont subi des carences précoces.

En effet, il parvient à la conclusion selon laquelle toute perturbation du milieu familial n'est pas la cause directe ni nécessaire de la délinquance juvénile. C'est le bouleversement psychique qu'il est susceptible d'engendrer chez le jeune qui rend compte de la marginalité. Ainsi à partir de l'analyse de contenu d'un échantillon de dossiers de 20 mineurs au Centre d'Observation et de Réinsertion Sociale de Cacavelli à Lomé, il a isolé certains facteurs pouvant conduire à la marginalité juvénile à Lomé :

Les facteurs sociologiques tels que l'éclatement de la cellule familiale auxquels s'associent la désintégration de la cellule familiale traditionnelle et l'éveil du besoin d'argent par l'introduction de l'économie de marché, entraînant des conflits insurmontables entre la vie de famille et les activités financièrement rentables.

Les facteurs psychologiques : le milieu familial perturbé est vécu comme une situation d'insécurité affective. Une telle insécurité se traduit par divers processus psychologiques de manières diverses qui peuvent se combiner, s'intriquer : le sentiment d'abandon affectif, la carence d'objets identificatoires, l'angoisse de morcellement, l'intolérance à la frustration.

Les facteurs psychopathologiques : ils se résument à un trouble relationnel précoce qui serait de type abandonnique, et s'exprimant sous forme de carence affective.

Cette étude s'est résumée à évaluer le bouleversement psychique que peut engendrer la perturbation du milieu familial sur certains sujets et le phénomène de marginalité juvénile qui peut en résulter. Notre étude vise plutôt à estimer l'indice de relation entre les types d'attachement et les addictions aux drogues.

Sévon (2001), dans son étude sur « l'impact du climat affectif familial sur la personnalité de l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé », a montré que l'âge actuel, le type de famille et la position occupée dans la fratrie ne sont pas des facteurs déterminants dans l'explication de l'étiologie de la toxicomanie. Cependant, il ressort que le phénomène est essentiellement masculin, que la consommation se fait en groupe et la plupart des toxicomanes le sont devenus lorsqu'ils vivaient encore avec leurs parents géniteurs. D'après les facteurs subjectifs, le désir d'attirer l'attention des parents constitue un facteur déterminant. Enfin, parmi les facteurs psychologiques, la disqualification du père (absence physique et / ou psychique) et la surprotection maternelle sont les facteurs prépondérants entraînant le trouble de l'organisation de la personnalité pouvant déboucher sur la dépendance à la drogue.

Cette étude s'est particulièrement intéressée au climat affectif familial des toxicomanes. Nous voulons dans la présente étude nous intéresser aux types d'attachement parental que les jeunes toxicomanes ont connu suite à leur climat familial.

Hattah (2007), a fait ressortir les situations et les effets tirés des substances psychoactives qui maintiennent la conduite de

consommation, en dépit de la connaissance des conséquences néfastes que ces produits engendrent.

Son travail a porté sur les toxicomanes en détention et n'a pas identifié les types d'attachement de ces sujets. La présente recherche vise un cadre hospitalier pour mettre en exergue les différents types d'attachement parental des sujets addicts.

Allouky (2008) dans une étude portant sur 38 alcooliques au Centre Hospitalier Universitaire de Kara a relevé les conséquences organiques et psychologiques que peuvent entraîner l'alcoolisme. Il a trouvé que la dépendance à l'alcool conduit à des décompensations psychopathologiques (troubles anxieux, dépressifs et psychotiques). Il a également relevé que l'addiction à l'alcool est liée à des facteurs externes et internes et que les facteurs internes rendent compte de la vulnérabilité de l'individu. Il a en effet identifié les traits de personnalité associés à l'abus de l'alcool. Il a en outre identifié chez ces sujets de nombreuses complications neurologiques de l'alcoolisme chronique.

Ce travail s'est limité à l'alcoolisme et n'a pas identifié les catégories d'attachement comme facteurs internes rendant compte de la vulnérabilité des sujets.

Bohm (2008), a mené une étude prospective au Centre Hospitalier National Spécialisé d'Aného portant sur les toxicomanes présentant des troubles psychiatriques, et réadmis dans ledit centre. La présente étude portant sur 42 patients toxicomanes avait pour objectif d'identifier les facteurs psychologiques et / ou psychosociaux qui

provoquent la rechute. Il a également cherché l'impact de certaines faiblesses dans la prise en charge sur cette rechute. Ainsi, au terme de l'étude, les résultats suivants ont été obtenus : les difficultés relationnelles, d'adaptation et de réinsertion, les états émotionnels négatifs de même que certains traits de personnalités des toxicomanes sont autant de facteurs associés à la reprise des conduites addictives. A ces facteurs s'ajoute l'influence d'une prise en charge inadéquate.

Il s'agit d'une recherche qui a identifié que les traits de personnalité sous-jacents et les difficultés interpersonnelles étaient les facteurs associés à la reprise des conduites addictives et qui n'a pas tenu compte de l'attachement parental.

Yougbaré (2008) dans une étude prospective à propos de 38 cas de mineurs délinquants pris en charge par le Bureau International Catholique pour l'Enfance de Lomé, a montré que les catégories d'attachement dans leur modalité de « attachement insécure » étaient des facteurs associés aux troubles psychologiques observés chez les mineurs au Togo notamment la dépression, les troubles de la sexualité, les troubles de la mentalisation, les troubles du sommeil, les troubles des conduites et même la toxicomanie.

2.3. Cadre théorique ; Théories de référence : la théorie de l'Attachement de Bowlby

En psychologie, la notion d'attachement, se réfère généralement à la conceptualisation théorique de Bowlby. En 1948, Bowlby et

Robertson ont observé des enfants séjournant soit dans un hôpital soit dans une pouponnière. Ces enfants étaient éloignés de leurs parents pour une longue durée et n'avaient pas accès à un substitut maternel stable. Bowlby et Robertson ont observé que ces enfants (à partir de l'âge de six mois environ) vivaient de la détresse et que, plus le séjour s'allongeait, plus les troubles étaient considérables au retour dans le foyer d'origine. Ces troubles, étaient des réactions de protestation, de désespoir et de détachement. Ils en ont conclu que la perte de la figure parentale et surtout maternelle pendant la période de la petite enfance est un événement déterminant dans l'établissement de la personnalité. En 1950, Bowlby conclut alors, qu'il est d'une part essentiel que les enfants aient accès à une relation chaleureuse, intime et continue avec leurs parents ou avec un substitut parental stable. D'autre part, il est aussi important que cette relation apporte de la satisfaction et de la joie pour les parents principalement la mère et l'enfant. Par conséquent, Bowlby (1969) considère que la perte de la figure parentale est le principal agent pathogène. La santé mentale du nourrisson et de l'enfant repose sur la qualité des soins maternels, aussi essentiels selon Bowlby que les vitamines et les protéines pour la santé physique. Deux observations communes aux deux recherches précédentes sont:

- qu'il est important que les enfants aient accès à une figure parentale surtout maternelle stable;

- qu'une séparation prolongée est un agent pathogène de premier ordre.

Cependant, la présence d'une fratrie appropriée ou d'un substitut maternel peut réduire avec efficacité l'intensité de sa réaction. Un environnement étranger, l'état des parents et la qualité de la relation antérieure avec la mère sont d'autres variables qui jouent sur la réaction de l'enfant mais l'absence de la figure maternelle est de loin la principale variable.

Bowlby suggère l'existence d'une complémentarité adaptative entre divers systèmes de comportements, tels les comportements parentaux de soins, les comportements d'exploration de l'enfant, les comportements d'attachement du jeune aux parents et les comportements non liés aux soins, c'est-à-dire centrés sur d'autres composantes de la vie quotidienne des parents. Ces quatre systèmes serviraient une fonction double, du point de vue de l'adaptation : la protection du jeune et sa socialisation. Si ces systèmes comportementaux sont en quelque sorte programmés pour venir s'emboîter l'un dans l'autre sans heurts, la pratique clinique montre que dans la réalité tout ne se passe pas aussi facilement. En effet, s'il paraît primordial pour le développement de l'enfant que ses attentes soient satisfaites par des réponses parentales adéquates, ce n'est, à l'évidence, pas toujours le cas. L'observation précise des interrelations entre les systèmes de comportements de soins, de comportements d'exploration de l'enfant, de comportements d'attachement et de comportements non liés aux soins, est essentielle pour comprendre leurs implications sur le développement et les psychopathologies de l'enfant. En somme, pour grandir en développant son plein potentiel,

un enfant a besoin de la présence, de la disponibilité de ses parents surtout de sa mère et de l'exploration de son environnement. Dans une perspective où la mère répond adéquatement aux besoins de son enfant, c'est-à-dire qu'elle est disponible, celui-ci développe un modèle de représentations intériorisées à partir duquel il développe le sentiment d'être compétent et aimable. Ainsi, la disponibilité physique et affective de la mère sous-tend le sentiment de sécurité de son enfant. Le modèle de représentations intériorisées influence les représentations que l'enfant a de lui-même et des autres, ainsi que ses stratégies pour traiter les pensées et les émotions relatives à l'attachement. Ces stratégies bâties pas à pas peuvent être modifiées par des événements majeurs en rapport avec l'attachement, tels qu'une séparation, une perte ou une indisponibilité. Bowlby a suggéré que quand un individu développe au cours de l'enfance des représentations négatives de lui ou des autres où des stratégies pour traiter ses sentiments et pensées en rapport avec l'attachement l'éloignent du réel, il devient plus vulnérable sur un plan psychopathologique. A mesure que, l'enfant n'a pas connu la disponibilité affectueuse et physique de la figure parentale, il trouve plus tard un substitut, l'objet drogue. Cet objet réel, bien que ne possédant pas de symbole mental, est investie de toutes les capacités qu'aurait dii produire la figure parentale et doit être constamment présent.

Pour éclairer les liens entre attachement et addictions, Bowlby a comparé le système comportemental d'attachement au système immunitaire. La comparaison se justifie, non seulement parce que ces deux systèmes jouent un rôle dans l'intégrité et la sécurité du sujet, mais aussi parce que, dans les deux cas, peuvent exister des troubles spécifiques en rapport avec leur perturbation ; qu'ils peuvent contribuer à l'apparition de troubles variés ayant d'autres origines. Ainsi, la théorie de l'attachement suggère que les relations et leurs difficultés entre parents et enfants peuvent influencer la survenue de troubles psychologiques de trois façons (Holmes 1993). D'abord, Les ruptures ou les pertes peuvent être en elles-mêmes une cause de trouble. Ensuite, L'internalisation de patterns d'attachement précoces pathologiques peut influencer les relations ultérieures de façon à rendre une personne plus exposée ou plus vulnérable au stress et dépendant des drogues. Enfin, la perception qu'a une personne de ses relations actuelles et de l'usage qu'elle en fait la rend plus ou moins vulnérable à un effondrement dans les situations d'adversité.

Selon les conclusions des travaux sur les relations parents-enfants, les enfants ayant formé un attachement sécurisant sont plus autonomes et plus aptes à la résolution des problèmes que les autres enfants. Les personnes de cette catégorie d'attachement entretiennent des amitiés profondes, ont de bonnes compétences interpersonnelles et ressentent de l'empathie envers autrui. Ils valorisent la relation d'attachement et la décrivent de manière cohérente et constante.

Par rapport aux enfants sécures, les enfants ayant formé un attachement insécure ont moins confiance en eux, se fient davantage aux autres pour répondre à leurs besoins et courent un risque accru de dysfonctionnement psychosocial, comme les troubles somatiques, l'isolement social (Lewis et coll., 1984) et les troubles anxieux (Warren et coll., 1997). D'abord les adultes ayant un attachement insécure détaché se montrent souvent hostiles et agressifs et sont perçus comme des bagarreurs par leurs camarades (Troy et Sroufe, 1987). Ils éprouvent des difficultés à nouer les relations avec leurs pairs et sont plus dépendants. Ils sont portés soit à idéaliser leurs parents soit à dévaloriser la relation d'attachement. Ensuite, les adultes préoccupés décrivent leurs relations de manière incohérente et conservent des relents émotifs de leurs relations antérieures d'attachement. Enfin, selon les conclusions de Carlson, Chicchetti et leurs collaborateurs (1989), 82% des adultes ayant subi des mauvais traitements dans la tendre enfance avaient formé des liens d'attachement désorganisé ou désorienté. Ces personnes ont été victimes de violences et de négligence.

2.4. Synthèse et spécification du problème

Au terme de l'analyse des travaux, il ressort que les types d'attachement ont été abordés dans plusieurs études de même que les conduites addictives, mais à notre connaissance, ces recherches n'ont pas mis en relation les types d'attachement aux figures parentales et les conduites addictives. C'est ce qui nous a motivé à entreprendre cette étude sur le lien existant entre les types d'attachement aux

figures parentales et les conduites addictives observées chez les jeunes adultes.

2.5. Questions fondamentales de la recherche

Les types d'attachement aux figures parentales expliquent-ils les conduites addictives observées chez les jeunes adultes ?

- Le type d'attachement sécure protège-t-il contre les conduites addictives ?

- Le type d'attachement insécure favorise-t-il les conduites addictives observées chez les jeunes adultes ?

- Un type spécifique d'attachement insécure entraine-t-il un profil d'addictions donné ?

2.6. Hypothèses de la recherche

2.6.1. Hypothèse principale

Les types d'attachement aux figures parentales expliquent les conduites addictives observées chez les jeunes adultes.

2.6.2. Hypothèses spécifiques

1. L'attachement sécure protege les jeunes adultes contre les conduites addictives.

2. L'attachement insécure favorise les conduites addictives chez les jeunes adultes.

3. Un type spécifique d'attachement insécure entraine un profil d'addictions donné chez les jeunes adultes.

2.7. Objectifs de la recherche

2.7.1. Objectif général

L'étude des conduites addictives chez les jeunes adultes liées aux types d'attachement est une contribution à la compréhension des facteurs explicatifs des conduites de consommation.

2.7.2. Objectifs scientifiques

- Identifier les pratiques addictives observées chez les jeunes adultes.

- Estimer l'indice de relation entre les types d'attachement et les conduites addictives.

- Estimer l'indice de relation entre une catégorie d'attachement insécure et un profil d'addictions donné.

2.7.3. Objectifs d'application

- Contribuer à l'amélioration et à la précision des diagnostics des addictions.

- Offrir aux cliniciens les éléments essentiels sur les patients addicts pour une meilleure prise en charge psychologique et psychosociale.

- Concourir à une amélioration des conditions sanitaires et/ou sociales des patients toxicomanes.

- Faciliter les réinsertions sociales et professionnelles des patients toxicomanes.

DEUXIEME PARTIE

METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Chapitre III : CADRE ET POPULATION D'ETUDE

3.1. Description du site

Nous avons mené notre étude au Centre Hospitalier National Spécialisé anciennement appelé Hôpital Psychiatrique de Zébé - Aného. Ce centre est un établissement spécialisé dans la prise en charge des malades mentaux au Togo. Les malades qui y sont traités proviennent de toute l'étendue du territoire national et des pays avoisinants. Créé en 1904 et réorganisé en 1931, il est érigé en établissement autonome depuis 1996.

3.1.1. Présentation du centre

Le Centre Hospitalier National Spécialisé à l'origine se composait de six (06) cellules d'isolement servant d'hébergement aux malades. Le régime d'internement était rigoureux. En 1960 a été ébauchée la construction d'un pavillon de seize (16) nouvelles cellules qui ne seront fonctionnelles qu'à partir de 1964. Dans les années 1980, d'autres bâtiments verront le jour, conférant à l'établissement une capacité d'accueil de 120 lits. Jusque-là, le centre ressemblait à une maison d'arrêt. En 1995, grace aux apports de l'Etat, le centre s'est engagé dans un vaste programme de réaménagement dans le but de rendre les soins plus efficaces et le séjour plus agréable aux patients. De 2002 jusqu'à ce jour, le centre est structuré comme suit :

- Service administratif

- Cinq (05) Unités Fonctionnelles

- Unité Psychologique

- Unité de Pharmacie

- Unité de gestion et de dons de médicaments - Unité Sociale

- Centre Médico-Psychologique (à Lomé)

Les ressources

Les ressources humaines

Débuté avec 1 infirmier et 3 manoeuvres, le personnel soignant compte aujourd'hui : 1 Médecin psychiatre, 2 Psychologues cliniciens, 1 Assistant médical, 4 Infirmiers d'Etat, 3 Infirmiers auxiliaires, 1 Technicien de laboratoire, 1 Assistant social, 1 Agent de promotion sociale, 15 Aides-soignants.

Les ressources matérielles

Elles comprennent l'équipement d'une part et les consommables d'autre part.

Les ressources financières

Les caisses du centre sont alimentées par les ressources propres provenant des services vendus, de la session des médicaments essentiels et génériques et de la subvention d'exploitation de l'Etat.

Paquet des activités

Le centre s'occupe essentiellement de l'administration des soins curatifs aux malades mentaux à titre interne comme externe.

3.1.2. Problèmes

Les problèmes auxquels le centre est confronté sont essentiellement : l'insuffisance de locaux, d'équipements techniques et logistiques, et le manque de moyens pour la prise en charge des indigents stabilisés et non libérés pour cause d'abandon.

3.2. Population

3.2.1. Population cible

Notre population est constituée de tous les patients hospitalisés en milieu psychiatrique au Togo.

3.2.2. Population d'étude

Notre population d'étude est constituée de tous les patients de sexe masculin du Centre Hospitalier National Spécialisé et qui sont hospitalisés ou qui ont consulté pendant la période de 1er Juin au 03 Septembre 2010.

Les critères de sélection

Critères d'inclusion

Pour être sélectionné, le patient toxicomane doit pouvoir parler Français ou Ewé et doit être lucide et coopérant.

Pour être sélectionné, le patient non toxicomane doit pouvoir parler Français ou Ewé et doit être lucide et coopérant.

Critères de non inclusion

Les patients non lucides, non coopérants et ne parlant pas Français ni Ewé n'ont pas été pris en compte dans notre échantillon.

3.3. Technique d'échantillonnage et Echantillon d'étude

Nous avons utilisé la technique d'échantillonnage ad hoc c'est-àdire du tout-venant. Nous avons donc considéré tous les cas toxicomanes présents pendant notre période d'étude soit 32 cas, mais finalement nous n'avons pu retenir que 28 cas compte tenu des complications psychiatriques, du manque de lucidité et de collaboration de certains patients toxicomanes et 28 patients non toxicomanes lucides et ne présentant pas de complications psychiatriques. Leur nombre était de 56 cas.

 

Chapitre IV : VARIABLES ET METHODES

4.1. Variables et Indicateurs

4.1.1. Variable Indépendante

Variable indépendante : Types d'attachement (Pionné N, Atger, F. 2003)

Modalité 1: Type « Sécure » ou « autonome »

Indicateurs :

- Stratégies de résolution de conflits plus adéquates et efficaces ; - Peuvent dépendre de l'autre en cas de nécessité ;

- Personne qui valorise généralement les relations d'attachement ;

- Personne qui se souvient avec assez d'aisance de leurs premières relations parentales ;

- Personne qui perçoit les expériences, même à composante négative, comme significatives pour elle-même ;

- Se réfèrent aux figures d'attachement lorsque nécessaire.

Modalité 2: Type insécure « détaché » ou « évitant »

Indicateurs :

- Incapables de s'investir entièrement dans une relation, se sentent rejetés, isolés et abandonnés ;

- Font difficilement confiance aux autres et tendent à éviter les relations sociales ;

- Les événements de l'enfance qui sont remémorés ont fréquemment une connotation de rejet parental ;

- Se montrent indifférents, désengagés émotionnellement en ce qui concerne les expériences relationnelles ;

- Semblent n'avoir qu'un accès limité aux souvenirs ;

- Offrent un portrait « normalisé » - voire idéalisé - de ses parents ; - Se présentent comme indépendantes.

Modalité 3: Type insécure « préoccupé >> ou « ambivalent >>

Indicateurs :

- Privilégient la dépendance aux autres, craignent le rejet ;

- Très complaisants afin d'être acceptés ;

- Personnes confuses sur les expériences sociales ;

- Restitution d'une image incohérente de leur passé du point de vue des expériences sociales ;

- Ne parvient pas à contenir une colère encore très actuelle à l'égard de leurs parents ;

- Ambivalence qui dénote une dépendance relationnelle.

Modalité 4: Type « non résolu >> ou « désorganisé >>

Indicateurs :

- Fixation secondaire aux violences de l'enfance ou deuil non résolu ;

- Présence de désordres post-traumatiques ou dissociatifs (résolution

incomplète des conflits et affects négatifs relationnels et

traumatiques) ;

- Echec des comportements de résolution de problème ;

- Echec dans la gestion des événements stressants ;

- Souffrance de traumatismes << non résolus » ;

- Souffrance de mauvais traitements << non résolus » ;

- Deuils restés << non résolus » ;

- Difficulté à se concentrer sur une tâche ;

- Manque d'orientation dans l'environnement (désorienté) ;

- Intense souffrance et de la colère, baisse du rendement ou performance ;

- Peur des indices évoquant leur propre détresse, peur de l'impuissance.

4.1.2. Variable Dépendante

Variable dépendante : Conduites addictives

Modalité 1 : Addiction à l'Alcool. Modalité 2: Addiction au Tabac. Modalité 3 : Addiction au Cannabis. Modalité 4 : Addiction à la Cocaïne. Modalité 5 : Addiction au Crack. Modalité 6 : Addiction à l'Héroïne.

4.2. Méthodes de collecte des données

Parmi les méthodes de collecte des données distinguées par Mucchielli (1984), nous avons opté dans le cadre de notre étude pour la méthode d'enquête. Nous avons fait recours à la méthode d'enquête comme étant le meilleur moyen de recueillir les informations dont nous avons besoin.

4.2.1. La méthode d'enquête

L'enquête selon Grawitz (1993), est la « quête d'information orale », ceci de façon méthodique et rigoureuse.

L'enquête selon Lafon (1973), est un moyen d'investigation précieux sur les antécédents de l'individu, les conditions et cadres de vie, les manifestations de son comportement antérieur, les circonstances et les faits qui ont amené l'individu à adopter tel comportement. Elle est fondée sur les réponses orales ou écrites à des questions.

L'enquête doit permettre au chercheur d'aller recueillir des informations auprès de la population cible et sur le terrain, qui concernent directement son travail.

Elle consiste à susciter un ensemble de discours individuels ou collectifs qu'il faut interpréter, analyser et généraliser.

Réaliser une enquête, c'est interroger un certain nombre d'individus pour confirmer les hypotheses, c'est choisir sur le terrain approprié des personnes qui peuvent donner des informations appropriées. Les conclusions auxquelles l'enquêteur est parvenu sont

en général verbales pour toute la population d'individus cibles en vue d'une généralisation et par l'intermédiaire des moyens utilisés pour appréhender la réalité sociale à étudier. Parmi les moyens, nous avons opté pour l'observation et l'entretien.

La technique de l'observation

Il s'agit ici d'une technique basée sur la constatation directe des phénomènes à travers les sens (vue, audition, toucher<).

L'observation est donc l'étude des valeurs fonctionnelles du comportement, et des conduites d'un être humain, en tenant compte des éléments constitutifs de sa personnalité dynamique dans sa totalité et dans son environnement, selon Lafon (1973).

On distingue trois types d'observation : l'observation participante, l'observation indirecte et l'observation directe.

Nous nous sommes servis de l'observation directe qui consiste à capter les comportements au moment même où ils se produisent. Nous avons élaboré une grille d'observation (confère annexe).

La technique du questionnaire

Le questionnaire est un document comportant un certain nombre de questions que l'on élabore en vue de recueillir les informations, à partir des personnes interrogées.

L'enquête par questionnaire, selon Quivy et Champenhoud (1995), consiste à poser un ensemble de questions aux répondants, le plus souvent représentatifs d'une population, sociale, professionnelle ou familiale à leurs opinions à leurs attitudes à l'égard d'opinions d'enjeux humains et sociaux, à leur attente, à leur niveau de

connaissance ou de conscience d'un événement ou d'un problème ou encore sur tout autre point qui intéresse le chercheur.

Le questionnaire est donc l'intermédiaire entre le chercheur et l'enquêté. Il doit être rédigé dans un style clair, simple et précis. Il doit porter sur les variables des hypothèses de la recherche, la formulation des questions, son importance dans la compréhension et les réponses attendues. On y trouve des questions fermées, des questions ouvertes, des questions en éventail (ou questions aux choix multiples).

La rédaction du questionnaire est très importante puisque la manière dont les questions sont formulées ainsi que l'ordre des questions peuvent avoir une influence sur les enquêtés.

Nous avons élaboré un questionnaire oral.

4.3. Méthodes d'analyse des données

4.3.1. Méthodes qualitatives

C'est l'ensemble des techniques qui ont recourt à des indicateurs fréquentiels susceptibles d'autoriser des inférences par exemple la présence ou l'absence d'un facteur ou d'un trait peut être un indice aussi (ou plus) fluctueux que la fréquence d'apparition du trait. Ce sont des méthodes plus intuitives, plus souples, plus adaptables à des indices non prévus ou à l'évolution des hypotheses, l'analyse qualitative est surtout valable pour faire des déductions spécifiques à propos d'un évènement, d'une variable d'inférence précise et non à des inférences générales. Mais l'analyse qualitative ne rejette pas toute forme de quantification car ce sont les indices qui sont retenus de

manière non fréquentiels mais on peut faire appel à des tests quantitatifs par exemple l'apparition d'indices similaires dans des discours semblables.

4.3.1.1. L'analyse de contenu

Selon Mucchielli (1984), faire l'analyse de contenu d'un document ou d'une communication, c'est rechercher les informations qui s'y trouvent, dégager le sens de ce qui est présenté, formuler et classer tout ce que contient ce document et cette communication.

L'analyse de contenu se veut une méthode capable d'effectuer l'exploitation totale et objective des données informationnelles. C'est pourquoi, elle doit être objective, exhaustive, méthodologique et quantitative.

L'analyse de contenu s'applique sur trois types de matériels : le matériel donné à priori, le matériel créé par la recherche, le matériel rassemblé à des fins d'analyse avec des objectifs clairement formulés.

Il existe trois types de méthodes d'analyse de contenu selon Mucchielli, (1986) : les méthodes logico sémantiques, les méthodes logico esthétiques et formelles, les méthodes d'analyse sémantique et structurale.

Dans notre étude, nous avons choisi l'analyse de contenu dans sa forme logico sémantique.

Les méthodes logico sémantiques

Cette catégorie regroupe les méthodes qui peuvent être définies de trois façons :

· Définition par leur objet

Ces méthodes ne concernent pas la recherche du sens implicite, du second sens du texte, ni de la structure formelle. Elles s'en tiennent au contenu manifeste directement, et pour ainsi dire simplement.

· Définition par les applications les plus fréquentes

Elles s'appliquent aux analyses de textes divers depuis les indexes ou mots clés des divers concepts utilisés, la classification des éléments d'informations jusqu'à la recherche d'attitudes et des manières de présenter l'information et à l'analyse des tendances. On peut aussi comparer pour voir comment évoluent les tendances et les attitudes, mais à chaque fois en n'allant pas au-delà.

La rédaction d'une fiche ou d'un résumé dit analytique, les analyses de presse, les recherches de catégories ou de themes d'opinion sur un évènement, la catégorisation classification des réponses à une question ouverte utilisent les méthodes logico - sémantiques.

· Définition technique

Ces méthodes procèdent par inventaire, dénombrement, caractérisation, mais toujours et en même temps à partir de la << compréhension du sens » (sens des mots, sens des idées exprimées en mots), de la perception des << analogies de sens » (base de tous les regroupements, classements) et des << hiérarchies de sens » (valeurs

différentes des mots ou des idées en une hiérarchie allant du plus particulier au plus général).

4.3.2. Les méthodes quantitatives

C'est l'ensemble des techniques par lesquelles on exprime les données dans un langage quantitatif ou sous une forme numérique.

Les méthodes quantitatives sont les méthodes mathématiques et les méthodes statistiques.

Dans le cadre de notre étude, nous allons procéder à des analyses quantitatives avec des méthodes statistiques afin de calculer les fréquences, les pourcentages et estimer l'indice de relation entre les différentes variables de nos hypothèses. Ainsi, nous allons faire recours au khi deux et au coefficient de contingence.


·
· Les méthodes statistiques

Selon Cournot les statistiques permettent de « recueillir et ordonner des faits nombreux dans chaque espèce de manière à obtenir des rapports numériques sensiblement indépendants des anomalies du hasard et qui dénote de l'existence de causes régulières dont l'action s'est combinée avec celle des causes fortuites ».

Leur usage intervient ou devrait intervenir chaque fois que les faits nombreux sont résumés, chaque fois que les conséquences déduites d'une hypothèse sont comparées aux faits.

Nous avons choisi pour notre travail les méthodes statistiques car elles nous permettent de calculer les fréquences, les pourcentages

et les indices de relation entre les différentes variables de nos hypothèses. Nous avons utilisé de ce fait le khi deux (÷2) compatible avec nos données afin d'estimer les fréquences, les pourcentages, les valeurs globales, les différences entre fréquences ; ce qui nous permettra de calculer le coefficient de contingence (C). Pour y parvenir, nous nous sommes servi d'un logiciel de traitement et d'analyse des données appelé Le Sphinx Plus2.

Le khi deux ÷2

Le khi deux s'obtient par la formule : ( n1 - n1') 2 ( n2 - n2') 2

÷21 = +

n1' n2'

n1 = Effectif observé

n1'= Effectif de la norme

n2 = Effectif de l'échantillon - Echantillon observé
n2'= Effectif de l'échantillon - Effectif de la norme

Il peut se calculer aussi de la façon suivante : ×2ddl = ? ( ni - ni') 2

ni'

ni = effectif observé ni' = effectif théorique ddl = degré de liberté

Lorsque ni < 10 on utilise la correction de Yates : en remplaçant ( ni - ni')2 par (ni - ni'- 0,5)2

ni ni'

Nos résultats seront lus au seuil 0.05

L'hypothèse nulle (Ho) est celle d'indépendance entre les indicateurs de ces deux modalités si le khi deux calculé est inférieur au khi deux lu sur la table de ce test.

L'hypothèse alternative (Hl) qui suppose l'existence d'une liaison entre les caractères des deux modalités si le khi deux calculé est supérieur au khi deux lu sur la table.

Le coefficient de contingence : C

Il permet de voir si la relation est élevée ou faible entre les variables étudiées. Elle varie entre 0 et 1

Sa formule est : C = X2

X2 + n

n = Total de toutes les entrées du tableau

TROISIEME PARTIE

PRESENTATION, ANALYSE, INTERPRETATION ET
DISCUSSIONS DES RESULTATS

Chapitre V : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

5.1. Tableaux simples

Tableau II : Répartition des patients selon les tranches d'âge

 

Toxicomanes Non toxicomanes

Tranches

d'âge

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

18 - 28 ans

28 - 36 ans

36 - 50 ans

12

8

8

42,86%

28,57%

28,57%

6

14

8

21,43%

50,00%

28,57%

Total

28

100%

28

100%

Notre échantillon nous révèle que la plupart des toxicomanes soit 42,86% ont un âge compris entre 18 - 28 ans tandis que 50% des patients non addicts ont un âge compris entre 28 - 36 ans.

Tableau III : Répartition des patients selon la fratrie

Fratrie

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

2 - 6

4

14,29%

13

46,43%

6 - 12

15

53,57%

9

32,14%

12 - 22

9

32,14%

6

21,43%

Total

28

100%

28

100%

D'après ce tableau, 53,57% des toxicomanes ont une fratrie comprise entre 6 - 12 membres tandis que la majorité des patients non

addicts soit 46,43% ont une fratrie compris entre 2 - 6 suivi de 32,14% dont la fratrie est comprise entre 6 - 12 membres.

Tableau IV : Répartition des patients selon le type de famille

Type de

famille

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

Monogame

Polygame

Monoparentale

Recomposée

3

16

2

7

10,72%

57,14%

7,14%

25%

8

8

5

7

28,57%

28,57%

17,86%

25%

Total

28

100%

28

100%

Nous remarquons que plus de la moitié des toxicomanes de notre échantillon soit 57,14% vivent dans une famille polygame. Toujours selon ce tableau, 28,57% des non toxicomanes vivent dans une famille monogame comme polygame. Les non toxicomanes vivant dans une famille monoparentale représentent 17,86%.

Tableau V : Répartition des patients selon la situation des parents

Situation des parents

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

Vivent ensemble

7

25,00%

13

46,43%

Séparés/Divorcés

14

50,00%

8

28,57%

Décédés (1 et/ou 2)

7

25,00%

7

25%

Total

28

100%

28

100%

Le tableau sur la répartition selon la situation des parents, nous montre que 50% des toxicomanes ont leurs parents séparés ou divorcés pendant que 46,43% des non toxicomanes disposent des parents qui vivent ensemble. On constate également que 25% des toxicomanes et des non toxicomanes ont un et / ou les deux parents décédés.

Tableau VI : Répartition des patients selon la disposition des parents (qui vivent ensemble)

Disposition des
parents

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

Rarement à la maison

2

28,57%

2

15,38%

Présence désagréable

2

28,57%

2

15,38%

Contrôle parental

1

14,29%

7

53,86%

Maladif

2

28,57%

2

15,38%

Total

7

100%

13

100%

Nous remarquons dans ce tableau que sur les 7 toxicomanes dont les parents vivent ensemble, seulement 1 soit 14,29% de cet effectif est sous contrôle parental. Cependant, 7 non toxicomanes soit 53,86% sont sous contrôle parental sur les 13 dont les parents vivent ensemble.

Tableau VII : Répartition des patients selon le traitement infligé par les parents

Traitement infligé

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

Abandonné/rejeté

13

46,43%

4

14,28%

Maltraité/négligé

8

28,57%

4

14,28%

Affectif

1

3,57%

15

53,58%

Choyé

6

21,43%

5

17,86%

Total

28

100%

28

100%

Ce tableau nous révèle que 46,43% des toxicomanes bénéficient d'un traitement d'abandon ou de rejet ; 28,57% d'un traitement de maltraitance ou de négligence contre 53,58% des non toxicomanes qui bénéficient d'un traitement affectif et 14,28% d'un traitement d'abandon.

Tableau VIII : Répartition des patients selon le type d'attachement

Type
d'attachement

Toxicomanes

Non toxicomanes

Fréquence

Pourcentage

Fréquence

Pourcentage

Sécure
Insécure détaché
Insécure préoccupé
Insécure désorganisé

1
15

5

7

3,57% 53,57% 17,86% 25,00%

18

5

2

3

64,28% 17,86% 7,14% 10,72%

Total

28

100%

28

100%

D'après ce tableau, 53,57% des toxicomanes disposent d'un attachement parental insécure détaché contre 3,57% qui disposent

d'un attachement sécure. On constate également que 64,28% des non toxicomanes ont un attachement sécure contre 7,14% dont l'attachement est insécure préoccupé.

Tableau IX : Répartition selon les types de substances consommées

Substances consommées

Fréquence

Pourcentage

Alcool

26

31,71%

Tabac

25

30,48%

Cannabis

21

25,61%

Heroine

3

3,66%

Cocaine

5

6,10%

Crack

2

2,44%

Total

82

100%

Nous remarquons dans ce tableau que l'alcool est la substance psychoactive la plus consommée soit 31,71% suivi du tabac 30,48% et du cannabis 25,61%. Le crack est moins consommé avec un pourcentage de 2,44%.

5.2. Tableaux des corrélations

Tableau X : Relation entre addictions aux drogues et fratrie

Fratrie

Addictions aux

drogues

 
 
 
 
 
 

2 - 6

6 - 12

12 - 22

Total

 
 
 
 
 
 

Oui

Non

 

4

13

15

9

9

6

28

28

Total

 

17

24

15

56

ddl=2 X2cal=6,86 X2lu=5,99 DS(S.05) C=0,33

D'après ce tableau, 53,57% des toxicomanes soit 15 patients sont issus d'une fratrie composée de 6 à 12 membres alors que 46,42% des non toxicomanes proviennent d'une famille composée de 2 à 6 membres. Le coefficient de contingence C est égal 0,33 au seuil .05. Il existe une relation entre la taille de la fratrie et les conduites addictives observées chez les jeunes adultes.

Tableau XI : Relation entre addictions aux drogues et type de famille

Type de famille

Addictions
aux drogues

Monogame

Polygame

Monoparentale

Recomposée

Total

Oui

3

16

2

7

28

Non

8

8

5

7

28

Total

11

24

7

14

56

ddl= 3 X2cal=5,48 X2lu=7,82 DN(S.05)

Ce tableau montre qu'il n'existe pas de lien entre les conduites addictives et les types de famille. Néanmoins, on constate que plus de la moitié soit 57,14% des toxicomanes appartiennent à une famille polygame contre 10,71% qui sont issus d'une famille monogame.

Tableau XII : Relation entre addictions aux drogues et traitement infligé par les parents

Addictions
aux drogues

Traitement infligé

Abandonné
ou rejeté

Maltraité ou
négligé

Affectif

Choyé

Total

Oui

13

8

1

6

28

Non

4

4

15

5

28

Total

17

12

16

11

56

ddl= 3 X2cal=18,41 X2lu=7,82 DS(S.05) C=0,49

Le tableau qui précède montre que 53,57% des patients non addicts ont connu un traitement affectif contre 46,42% des toxicomanes qui ont connu un traitement d'abandon ou de rejet. Par ailleurs, le coefficient de contingence est C=0,49 au seuil .05. Il existe une relation forte entre le traitement infligé par les parents et les conduites addictives observées chez ses jeunes adultes.

Tableau XIII : Relation entre addictions aux drogues et type d'attachement

Types d'attachement

Addictions aux

drogues

 
 
 
 
 

Sécure

Insécure

Total

 
 
 
 
 

Oui

Non

 

1

18

27

10

28

28

Total

 

19

37

56

ddl=1 X2cal =23 X2lu=3,84 DS(S.05) C=0,53

C=0,53 au seuil .05. Il existe une relation assez forte entre les types d'attachement parental et les addictions aux drogues. Ce coefficient confirme l'hypothèse selon laquelle il existe une relation entre les types d'attachement et les conduites addictives.

Tableau XIV : Relation entre les types d'attachement et les substances consommées

Types d'attachement

Substances

consommées

Alcool

Tabac

Cannabis

Heroine

Cocaine

Crack

Sécure

0

1

0

0

0

0

Insécure

détaché

15

16

15

0

0

0

Insécure

préoccupé

3

2

3

2

1

2

Insécure

désorganisé

8

6

1

0

1

0

Nous ne pouvons pas estimer l'indice de relation à ce niveau, car le khi deux ne peut être calculé à cause de l'apparition du chiffre 0. Néanmoins, on constate que les toxicomanes d'un attachement insécure détaché sont dirigés vers l'alcool, le tabac et le cannabis ; ceux de l'attachement insécure préoccupé touchent à la plupart des substances et ceux de l'attachement insécure désorganisé sont conduits plus vers l'alcool et le tabac.

Chapitre VI : INTERPRETATION ET DISCUSSIONS DES RESULTATS

6.1 Interprétation des résultats

Dans cette partie de notre travail, nous allons donner une signification psychologique aux résultats obtenus en nous inspirant de la théorie de l'attachement de Bowlby.

La théorie de l'attachement stipule que tout au long de sa vie, l'être humain tente de développer des liens affectifs envers des personnes significatives et qu'il recherche des figures d'attachement afin de répondre à un besoin de sécurité. Bowlby sous-tend que le système comportemental d'attachement, qui a pour fonction biologique de promouvoir la sécurité d'un individu, est induit par les comportements d'attachement comme la recherche de soutien auprès des figures d'attachement.

Tout se passe selon un modèle de représentations intériorisées qui se construit à partir des interactions quotidiennes qu'un enfant entretient, d'abord avec sa mère, puis avec les autres personnes significatives qui gravitent autour de lui. Ainsi l'enfant se construit un modèle constitué de représentations internes de ce que sont les relations sociales en général et de ce qu'il peut s'attendre d'un lien affectif particulier. Idéalement, l'enfant se construit un modèle flexible et sécurisant qu'il généralise aux relations subséquentes. A partir de ces représentations qui résultent des premieres relations entre l'enfant et son environnement, un lien affectif s'établit avec les figures

parentales, l'attachement sécure. Cet attachement sécure se met en place lorsque l'enfant expérimente qu'il peut compter sur ses parents, quand il a besoin d'être consolé ou réconforté. Ainsi, se construit chez l'enfant l'image d'un Autre fiable, en même temps qu'une image valeureuse de lui-même. On trouve ici les prémices du lien entre estime de soi et estime de l'Autre. Dans ce cas, la capacité de se séparer et d'explorer l'environnement sera garantie par cette image de fiabilité. En effet, cet attachement sécure ou sécurisant résulte de l'établissement du lien affectif spécifique qui se forme entre deux ou plusieurs personnes, la mere et l'enfant par exemple. De plus, une personne peut être liée à plus d'une personne mais ne peut pas être attachée à plusieurs personnes spécifiques puisque ce lien l'engage dans le temps et dans l'espace et qu'il implique de l'affection. Bien que les sentiments puissent être complexes et qu'ils peuvent varier de temps en temps, les sentiments positifs dominent, et impliquent de l'affection et de l'amour. Et pour se sentir exister, chaque être humain particulièrement chaque enfant doit être assuré d'une estime de luimême suffisante. Cette estime de soi naît, se construit et se maintient dans le rapport à autrui, dans l'estime de l'autre. Les modalités d'interactions précoces, la valeur donnée par l'entourage aux comportements et les modes de réponse qui en découlent, ont un rôle essentiel dans la construction et le maintien de l'estime de soi. Or, tous les parents ne sont pas en état d'offrir à leur enfant une attention de tous les instants, la satisfaction immédiate et chaleureuse de ses besoins, des limites cohérentes, constantes et prévisibles.

C'est justement à ce niveau que se situe le problème du toxicomane. En effet, le toxicomane n'a pas connu cet attachement sécurisant auprès de ses figures parentales pour plusieurs raisons. Il peut s'agir de la perte ou l'absence de la figure maternelle, de la pauvreté de cette relation ou d'une fratrie non appropriée. Concrètement, l'enfant se forme un modèle de représentations intériorisées de lui comme n'étant pas digne d'être aimé ou accepté et de ses parents comme étant insensibles, rejetant, ridiculisant ou ignorant ses besoins. Face à ses représentations, les systèmes comportementaux de l'enfant se structurent avec le temps et cherchent constamment à s'ajuster en fonction du fait qu'ils ne parviennent pas à obtenir la proximité ou la communication essentielle à la sécurité recherchée. Ce modèle de représentations intériorisées traduit pour l'enfant le fait que le parent témoigne d'une certaine attention mais manque de disponibilité, varie dans ses réponses sans justification compréhensible pour l'enfant, présente des attitudes imprévisibles. L'enfant n'est pas sür de pouvoir toujours compter sur le parent, ni de compter sur lui-même. Il peut s'agir aussi du fait que le parent soit agressif et méprisant de façon régulière. Face à cette situation, l'enfant est sûr de ne pas pouvoir compter sur le parent, ni de compter sur luimême. L'enfant tente alors de s'organiser pour survivre face au modèle de rapport de force qui lui est offert en évitant d'exprimer ses émotions et ses besoins. Ce défaut d'attachement sécurisant conduit l'enfant à s'attacher à l'objet « drogue » bref à devenir toxicomane. Cet objet « drogue » garantit indubitablement pour le toxicomane toutes

les capacités nécessaires des figures d'attachement. L'objet « drogue >> remplace l'objet « figure d'attachement >>. La drogue prend une charge fantasmatique considérable et similaire à la charge des figures d'attachement. La drogue est investie de toutes les attentes et de tous les pouvoirs que l'enfant (toxicomane) aurait dû attribuer principalement à l'objet maternel et aux figures d'attachement environnants. En même temps, l'objet drogue n'a pas de représentation psychique et doit être perpétuellement présent et réel afin d'assurer les tâches essentielles que la figure d'attachement aurait manquées de garantir.

Dans l'exemple courant des adolescents qui fument afin de s'endormir le soir, le << joint >> ou le tabac est utilisé comme << objet transitionnel >>, remplaçant ainsi une présence parentale et surtout maternelle réconfortante permettant à l'adolescent de se relâcher suffisamment pour s'endormir. L'endormissement est provoqué chimiquement, mais entraîne une dépendance accrue rendant impossible toute autre moyen de s'endormir, et au final, entre autres symptômes, l'insomnie. Le but initial de faciliter l'endormissement est ainsi à terme un échec.

6.2 Discussions

6.2.1. Discussion de la méthodologie

Il s'agit d'une étude prospective et comparative portant sur les types d'attachement parental et les conduites addictives.

Suite à la technique d'échantillonnage ad-hoc que nous avons utilisé, notre échantillon d'étude est constitué de 56 patients répondant à nos critères de sélection soit 28 toxicomanes et 28 non toxicomanes. Pour collecter nos données, nous avons utilisé les méthodes d'entretien semi structuré et d'observation. L'analyse logicosémantique et l'inférence nous ont permis de comprendre le lien existant entre les types d'attachement et les conduites addictives. Mais il a fallu éliminer ce qui relève du délire de nos patients. Néanmoins, nous avons pu valider toutes nos hypothèses et atteindre presque tous nos objectifs. Toutefois, la petite taille et la masculinité de notre échantillon, la technique ad-hoc et le cadre d'étude limité au Centre Hospitalier National Spécialisé ne nous permet pas de faire des généralisations sans réserve.

6.2.2. Discussion des résultats

Dans cette partie de notre travail, il s'agit essentiellement d'exposer nos résultats en les comparant avec les résultats des travaux antérieurs.

Dans notre échantillon, la totalité des toxicomanes sont de sexe masculin. Bohm (2008), dans une étude portant sur la reprise des conduites addictives comme facteur expliquant la résurgence des

symptômes psychopathologiques chez les toxicomanes a trouvé que 85,71% des toxicomanes était de sexe masculin. Notre étude nous révèle également que l'âge actuel des toxicomanes se situe entre 18 - 50 ans avec une prédominance de la tranche d'âge de 18 - 28 ans soit 42,86%. Sans doute aucun, ceci prouve que le phénomène de la toxicomanie touche plus le sexe masculin et affecte beaucoup plus la population jeune.

Dans notre étude, l'alcool, le tabac et le cannabis sont de loin les drogues les plus consommées par les toxicomanes de notre échantillon. Toutefois, les autres substances comme la cocaïne, le crack et l'héroïne ne sont pas négligeables même si la plupart des études que nous avons parcourues dans la littérature n'ont pas porté sur la majorité des drogues.

Nos résultats concordent avec les travaux de Van Izendoorn (1997). En effet, le modèle développé par Van Yzendoorn stipule que les pratiques parentales à l'adolescence agissent comme variables médiatrices entre l'attachement parental et l'engagement dans des conduites déviantes.

Dans notre étude, nous avons trouvé que le type de famille des parents des toxicomanes n'est pas un facteur déterminant dans l'étiologie de la toxicomanie. Sévon (2001), a trouvé le même résultat dans son étude sur « l'impact du climat affectif familial sur la personnalité de l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé ».

Notre étude coïncide avec les travaux de Claes et Lacourse (2001). Leur étude s'est donnée comme principal objectif d'examiner

les liens entre les relations entretenues avec les parents et la présence de comportements déviants et développer un modèle qui puisse rendre compte de ces liens au moyen d'une analyse par équations structurales. Les indices d'ajustement des modèles de mesure ont conduit à entreprendre des analyses séparées pour les garçons et pour les filles. Le modèle structural s'ajuste adéquatement aux données pour les deux sexes et confirme un parcours qui associe l'attachement parental et les variables de supervision et de conflits, elles-mêmes associées aux comportements déviants et à la consommation d'alcool et de drogues. Pour les deux sexes, les faiblesses de l'attachement parental entraînent des conflits alors que la qualité de l'attachement garantit la présence de supervision ; la présence de conflits avec la mère contribue à l'engagement dans des comportements déviants alors que la supervision parentale entraîne une réduction de ces comportements.

Il ressort de notre travail qu'il existe une relation entre la toxicomanie et la fratrie. En effet, 53,57% des toxicomanes sont issus d'une fratrie comprise entre 6 - 12 membres tandis que 32,14% en sont issus d'une fratrie comprise entre 12 - 22 membres.

Il existe une forte relation entre le traitement infligé par les parents aux enfants et les conduites addictives observées chez ces enfants à l'âge adulte.

Nos résultats sont concordants avec ceux des auteurs Barnett, Miller - Perrin et Perrin. En effet, ces chercheurs ont réalisé un méta - analyse d'une étude s'appuyant sur le lien entre l'abus de drogues à

l'âge adulte et les mauvais traitements subis dans l'enfance. Leurs résultats résumaient que les adultes dépendant de l'alcool et d'autres drogues ont été visiblement plus souvent des victimes de mauvais traitements dans leur enfance dans un milieu utilisant notamment ces substances.

Plusieurs autres auteurs ont trouvé des résultats similaires aux nôtres. Il s'agit de Atger, Corcos, Perdereau, Jeammet (2003) qui affirment dans leur ouvrage que les conduites addictives peuvent être considérées comme des modalités de régulation de l'équilibre psychique du sujet face aux menaces de perte que représente la problématique de séparation-individuation qui se rejoue à partir de l'adolescence. Le recours au comportement survient lorsque les moyens habituels de régulation, ressources internes du sujet et étayage sur les objets externes, sont débordés. Les facteurs intervenant dans la genèse et la pérennisation des conduites addictives sont multiples. Ils sont biologiques, psychologiques, culturels et sociaux. La plupart des travaux fait ressortir l'importance de l'histoire événementielle du sujet dans son enfance, et en particulier de la qualité des premières interactions de l'enfant avec son environnement.

6.3. Suggestions

À l'endroit des autorités politiques et administratives

- Réduire le phénomène de la toxicomanie en luttant contre le trafic et le commerce des drogues illicites.

- Créer des structures spécialisées de prise en charge des toxicomanes.

- Développer des politiques de soins et d'aides adaptés dans la prise en charge des toxicomanes.

À l'endroit de la population

- Collaborer avec les spécialistes afin de mieux comprendre les situations que vos proches rencontrent pour abandonner la consommation des drogues.

- Eviter de stigmatiser les toxicomanes car les condamner les conduit davantage vers leurs amis usagers.

À l'endroit des toxicomanes

- Participer avec les spécialistes à vous aider à prendre conscience des conséquences que vous encourez et à abandonner ces pratiques.

- Faire appel aux spécialistes quand vous vous sentez menacés par l'envie irrépressible de prendre les produits.

CONCLUSION

CONCLUSION

Au terme de notre étude portant sur l'existence d'une relation entre les types d'attachement parental et les conduites addictives observées chez les jeunes adultes, nous avons trouvé les résultats suivants :

- la plupart des toxicomanes soit 42,86% ont un âge compris entre 18 - 28 ans tandis que 50% des patients non addicts ont un âge compris entre 28 - 36 ans,

- 53,57% des toxicomanes ont une fratrie comprise entre 6 - 12 membres contre 32,14% des non toxicomanes,

- 46,43% des toxicomanes bénéficient d'un traitement d'abandon ou de rejet ; 28,57% d'un traitement de maltraitance ou de négligence contre 53,58% des non toxicomanes qui bénéficient d'un traitement affectif et 14,28% d'un traitement d'abandon,

- 3,57% des toxicomanes ont un attachement sécure contre 64,28% des non toxicomanes,

- 53,57% des toxicomanes disposent d'un attachement parental

insécure détaché contre 17,86% des non toxicomanes,

- 17,86% des toxicomanes ont un attachement insécure préoccupé

contre 7,14% des non toxicomanes,

- 25,00% des toxicomanes disposent d'un attachement parental

insécure désorganisé contre 10,72% des non toxicomanes,

- l'alcool est la substance psychoactive la plus consommée soit

31,71% suivi du tabac 30,48% et du cannabis 25,61%.

- L'indice de relation entre les types d'attachement et les conduites addictives est C=0,53,

- les toxicomanes d'un attachement insécure détaché sont dirigés vers l'alcool, le tabac et le cannabis ; ceux de l'attachement insécure préoccupé touchent à la plupart des substances psychoactives et ceux de l'attachement insécure désorganisé sont conduits plus vers l'alcool et le tabac.

Les résultats obtenus à l'issu de cette recherche nous permettent de dire que nos hypothèses sont confirmées et avec ces résultats, nous estimons que nos objectifs sont presque atteints. Nous sommes conscients que notre travail n'est qu'une amorce et que le sujet mérite d'être approfondi pour découvrir tous les contours qu'ils cachent encore.

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