6.2 Discussions
6.2.1. Discussion de la méthodologie
Il s'agit d'une étude prospective et comparative
portant sur les types d'attachement parental et les conduites addictives.
Suite à la technique d'échantillonnage ad-hoc
que nous avons utilisé, notre échantillon d'étude est
constitué de 56 patients répondant à nos critères
de sélection soit 28 toxicomanes et 28 non toxicomanes. Pour collecter
nos données, nous avons utilisé les méthodes d'entretien
semi structuré et d'observation. L'analyse logicosémantique et
l'inférence nous ont permis de comprendre le lien existant entre les
types d'attachement et les conduites addictives. Mais il a fallu
éliminer ce qui relève du délire de nos patients.
Néanmoins, nous avons pu valider toutes nos hypothèses et
atteindre presque tous nos objectifs. Toutefois, la petite taille et la
masculinité de notre échantillon, la technique ad-hoc et le cadre
d'étude limité au Centre Hospitalier National
Spécialisé ne nous permet pas de faire des
généralisations sans réserve.
6.2.2. Discussion des résultats
Dans cette partie de notre travail, il s'agit essentiellement
d'exposer nos résultats en les comparant avec les résultats des
travaux antérieurs.
Dans notre échantillon, la totalité des
toxicomanes sont de sexe masculin. Bohm (2008), dans une
étude portant sur la reprise des conduites addictives comme facteur
expliquant la résurgence des
symptômes psychopathologiques chez les toxicomanes a
trouvé que 85,71% des toxicomanes était de sexe masculin. Notre
étude nous révèle également que l'âge actuel
des toxicomanes se situe entre 18 - 50 ans avec une prédominance de la
tranche d'âge de 18 - 28 ans soit 42,86%. Sans doute aucun, ceci prouve
que le phénomène de la toxicomanie touche plus le sexe masculin
et affecte beaucoup plus la population jeune.
Dans notre étude, l'alcool, le tabac et le cannabis
sont de loin les drogues les plus consommées par les toxicomanes de
notre échantillon. Toutefois, les autres substances comme la
cocaïne, le crack et l'héroïne ne sont pas négligeables
même si la plupart des études que nous avons parcourues dans la
littérature n'ont pas porté sur la majorité des
drogues.
Nos résultats concordent avec les travaux de
Van Izendoorn (1997). En effet, le modèle
développé par Van Yzendoorn stipule que les
pratiques parentales à l'adolescence agissent comme variables
médiatrices entre l'attachement parental et l'engagement dans des
conduites déviantes.
Dans notre étude, nous avons trouvé que le type
de famille des parents des toxicomanes n'est pas un facteur déterminant
dans l'étiologie de la toxicomanie. Sévon
(2001), a trouvé le même résultat dans son étude sur
« l'impact du climat affectif familial sur la personnalité de
l'enfant : cas des toxicomanes de Lomé ».
Notre étude coïncide avec les travaux de
Claes et Lacourse (2001). Leur étude s'est
donnée comme principal objectif d'examiner
les liens entre les relations entretenues avec les parents et
la présence de comportements déviants et développer un
modèle qui puisse rendre compte de ces liens au moyen d'une analyse par
équations structurales. Les indices d'ajustement des modèles de
mesure ont conduit à entreprendre des analyses séparées
pour les garçons et pour les filles. Le modèle structural
s'ajuste adéquatement aux données pour les deux sexes et confirme
un parcours qui associe l'attachement parental et les variables de supervision
et de conflits, elles-mêmes associées aux comportements
déviants et à la consommation d'alcool et de drogues. Pour les
deux sexes, les faiblesses de l'attachement parental entraînent des
conflits alors que la qualité de l'attachement garantit la
présence de supervision ; la présence de conflits avec la
mère contribue à l'engagement dans des comportements
déviants alors que la supervision parentale entraîne une
réduction de ces comportements.
Il ressort de notre travail qu'il existe une relation entre la
toxicomanie et la fratrie. En effet, 53,57% des toxicomanes sont issus d'une
fratrie comprise entre 6 - 12 membres tandis que 32,14% en sont issus d'une
fratrie comprise entre 12 - 22 membres.
Il existe une forte relation entre le traitement
infligé par les parents aux enfants et les conduites addictives
observées chez ces enfants à l'âge adulte.
Nos résultats sont concordants avec ceux des auteurs
Barnett, Miller - Perrin et Perrin. En effet, ces chercheurs
ont réalisé un méta - analyse d'une étude
s'appuyant sur le lien entre l'abus de drogues à
l'âge adulte et les mauvais traitements subis dans
l'enfance. Leurs résultats résumaient que les adultes
dépendant de l'alcool et d'autres drogues ont été
visiblement plus souvent des victimes de mauvais traitements dans leur enfance
dans un milieu utilisant notamment ces substances.
Plusieurs autres auteurs ont trouvé des
résultats similaires aux nôtres. Il s'agit de Atger,
Corcos, Perdereau, Jeammet (2003) qui affirment dans leur ouvrage que
les conduites addictives peuvent être considérées comme des
modalités de régulation de l'équilibre psychique du sujet
face aux menaces de perte que représente la problématique de
séparation-individuation qui se rejoue à partir de l'adolescence.
Le recours au comportement survient lorsque les moyens habituels de
régulation, ressources internes du sujet et étayage sur les
objets externes, sont débordés. Les facteurs intervenant dans la
genèse et la pérennisation des conduites addictives sont
multiples. Ils sont biologiques, psychologiques, culturels et sociaux. La
plupart des travaux fait ressortir l'importance de l'histoire
événementielle du sujet dans son enfance, et en particulier de la
qualité des premières interactions de l'enfant avec son
environnement.
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